Titre de la thèse Contexte et Problématique - Montpellier SupAgro

Proposition de thèse à l’Unité INRA SAD Ecodéveloppement AvignonMars 2012Titre de la thèseApprentissages lors du passage à l’Agriculture Biologique: Analyse des expérimentations de systèmesde culture mises en place par les agriculteurs sur leurs exploitations.Contexte et ProblématiqueDans le contexte actuel de forte pression économique et sociétale sur l’agriculture, les agriculteursdoivent faire évoluer leurs systèmes techniques de façon importante et parfois dans des délais assezcourts. De nombreux freins ou leviers au développement de l’Agriculture Biologique (AB) et de laproduction intégrée (PI) ont été identifiés, d’ordre économique, sociologique et technique (Lamine etBellon, 2008; Geniaux et al. 2011; Lamine 2011). En effet le développement de modes de productionmoins demandeurs en intrants impacte de multiples aspects du fonctionnement de l’exploitation,que ce soit au niveau des pratiques culturales, de l’organisation des systèmes de culture, de lacommercialisation ou encore de l’organisation du travail. Cette thèse s’intègre dans le champ desrecherches en agronomie sur le lien entre changement technique et apprentissage des agriculteurs.Nous faisons l’hypothèse que l’amélioration des conditions d’apprentissage des maraîchers autour dela gestion technique des cultures pourrait être un des leviers pour favoriser un développement à plusgrande échelle de la production intégrée et biologique.En effet, en maraîchage, le passage de systèmes très intensifs 1 à des systèmes économes en intrantsou biologiques nécessite des innovations techniques importantes. En particulier, pour la protectiondes cultures, il s’agit de remplacer l’usage de traitements chimiques ponctuels par des combinaisonsde techniques alternatives dont l’efficacité est variable et dépend des interactions avec de multiplesautres facteurs techniques (Ricci et al, 2011; Collange et al, 2011). La thèse traitera des changementstechniques visant à contrôler les pathogènes et ravageurs, à travers le choix de rotations (plus oumoins diversifiées), de modalités de gestion de l’interculture (engrais vert, solarisation) et du sol(travail du sol, amendements organiques…), notamment les techniques mobilisant les régulationsnaturelles (Altieri, 1999).Il s’agira plus précisément de comprendre comment les agriculteurs produisent de nouvellesconnaissances techniques par le test de pratiques ou de systèmes de culture sur leursexploitations. On s’interrogera sur la part des apprentissages autonomes (produits par l’agriculteuren analysant la situation sur sa propre exploitation agricole) et collectifs (produits par une discussionde la situation avec d’autres agriculteurs ou un conseiller agricole) et la façon dont les uns et lesautres se complètent. En effet, s’il s’avère que la dimension collective est importante dans lesapprentissages techniques, cela peut devenir un moyen, pour une collectivité territoriale ou unestructure de conseil, pour encourager le développement de l’AB à l’échelle d’un territoire. Lechangement technique et les apprentissages associés ont été l’objet d’études pour les sociologues,qui ont notamment mis en évidence le poids des réseaux sociaux dans les trajectoires desagriculteurs et l’acquisition de nouveaux savoirs (Darré et al., 2004 ; Compagnone et al, 2011).1 Les systèmes maraîchers sont basés sur une forte utilisation d’intrants (4.7% de la consommation nationale de pesticidespour 0.8% de la SAU nationale, Ecophyto R&D, 2010).1

L’approche proposée ici vise à approfondir l’étude du changement technique par des analysesspécifiques sur les pratiques et le fonctionnement technique des cultures, en s’appuyant sur lesconcepts et outils des agronomes. Elle doit permettre, en retour, d’évaluer en quoi desconnaissances expertes peuvent être sources de connaissances pour les scientifiques: une desquestions particulièrement importante est la façon dont une connaissance située (Suchman, 1990)peut aboutir, par des comparaisons intra exploitation et/ou avec des pairs, à une connaissance plusgénérique et donc réutilisable par des agronomes (Faugère et al., 2010).Démarche et méthodesLa démarche reposera sur une combinaison d’enquêtes auprès des maraichers etd’observations/suivis de leurs cultures et de leurs activités. Une enquête diachronique sur leschangements et apprentissages passés sera également réalisée, pour situer les observations autemps t par rapport à des évolutions passées. On s’appuiera pour cette analyse sur les connaissancesdes agronomes maraîchers sur le fonctionnement biotechnique des cultures (Collange et al 2011) etles décisions des agriculteurs (Navarrete et Le Bail 2007), mais aussi sur des outils de sciencessociales (par ex les styles d’apprentissage de Chantre (2011) adaptés de la didactique professionnelle,le cycle expérientiel de Kolb (1984)), qui devront être adaptés au cas du maraîchage.Le dispositif reposera sur une comparaison de situations où les maraîchers expérimentent denouveaux systèmes de culture ou pratiques, dans des exploitations maraîchères qui diffèrentnotamment par la trajectoire passée de l’agriculteur et par son degré d’engagement dans uncollectif. Ainsi, on étudiera:- Les cas de maraîchers qui se sont convertis à l’AB après une longue expérience en agricultureconventionnelle et de maraîchers nouvellement installés avec peu d’expérience de terrain =>Comment les connaissances acquises antérieurement jouent sur la façon de tester destechniques et d’apprendre ?- Les cas de maraîchers relativement isolés techniquement et d’autres qui sont insérés dansdes collectifs, soit centrés sur des questions techniques (un groupe animé par un conseillertechnique par exemple), soit indirectement par un objectif commun de commercialisation =>en quoi les apprentissages collectifs et individuels diffèrent-ils? Comment sont-ils combinés?Le terrain d’étude est la Drôme, premier département en nombre de producteurs et part de la SAUcertifiée en AB. La production en AB occupe 13% de la SAU (données 2010), valeur très supérieure àla moyenne nationale (3.1% sur la même période) et en plein essor. Les structures de développementet les collectivités territoriales s’interrogent sur la façon de favoriser ces évolutions, d’une part enincitant de nouveaux agriculteurs à convertir leur exploitation en AB, et d’autre part en aidant ceuxqui ont franchi le pas à pérenniser leur passage en AB.Résultats attendusConnaissances scientifiques :- Participer à la compréhension des dynamiques de changement technique, les raisons de ceschangements, et le rôle des connaissances (ou défaut de connaissances) commemoteur/freins aux changements2

- Identifier différentes formes d’expérimentation de systèmes par les agriculteurs, quipourraient interroger les agronomes impliqués dans des démarches de co-conception desystèmes innovants avec les acteurs.- Produire des outils/méthodes sur la validation de connaissances agronomiques en parcelled’agriculteur.Connaissances opérationnelles à destination des structures de développement de la zone d’étude- Outils pour l’aide à l’acquisition de connaissances (par ex à destination des conseillerstechniques / agriculteurs pour capitaliser des expériences qui sont souvent disparates etindividuellement peu puissantes)- Contribuer aux réflexions en cours dans les structures de développement sur lacomplémentarité de différentes formes d’expérimentation de systèmes de culture (enstation, en exploitation… Cf Réseaux de ferme Ecophyto).Déroulement de la thèse (démarrage prévu à l’automne 2012)1. Etude bibliographique et définition de la problématique (M0 à M6)2. Enquête préliminaire : identifier la diversité des apprentissages impliqués lors du passage à l’AB, eten particulier du rôle de l’expérimentation en ferme (M3 à M6) : enquête auprès d’un échantillonlarge d’exploitations, mais aussi de conseillers techniques et d’acteurs de la zone d’étude.Identification d’exploitations et de situations d’expérimentations et à suivre plus particulièrement.3a. Enquête sur un échantillon réduit sur la façon dont les maraîchers expérimentent, acquièrent denouveaux savoirs techniques (M7 à M24). D’où viennent les idées de systèmes techniques à tester ?Quels sont leurs critères d’évaluation des pratiques ? Quels sont les témoins dans les comparaisons ?Comment les agriculteurs passent-ils d’une connaissance très contextualisée (constat à un momentet sur une parcelle donnée) à une connaissance plus générique ?3b. Suivi régulier sur certaines exploitations enquêtées (M7 à M24). Suivi agronomique de quelquesparcelles (état du milieu/de la culture ; pratiques ; performances agronomiques), pour confronter lesdiscours à l’état des parcelles ; suivi « ethnographique » des pratiques d’expérimentation, deséchanges avec des pairs.4. Analyse des données ; rédaction du mémoire et publications scientifiques ; valorisation (M25 àM36) : L’étude donnera lieu à des publications scientifiques dans des revues agronomiquesinternationales et à des valorisations à visée opérationnelle.Laboratoire d’accueil et EncadrementL’Unité INRA Ecodéveloppement 2 d’Avignon (département SAD) étudie les transitions de l‘agriculturevers des systèmes plus écologisés et l’Agriculture Biologique. Unité très pluridisciplinaire, elle associesciences sociales, sciences biotechniques et sciences de la nature.La thèse sera encadrée par Mireille Navarrete (Ecodéveloppement), et dirigée par M. Tchamitchian(HDR, Ecodéveloppement). Le(a) doctorant(e) sera inscrit à l’école doctorale Agrosciences del’Université d’Avignon, dont l’Unité Ecodéveloppement est laboratoire d’accueil.2 Cf site de l’Unité : https://www4.paca.inra.fr/ecodeveloppement/Programme-Scientifique3

La thèse sera réalisée en concertation avec les sociologues de l’Unité, en particulier avec S. Bui qui adémarré en 2011 une thèse sur les dynamiques territoriales de transitions vers l’AB sur le mêmeterritoire.Financement : Bourse CIFRE portée par le Conseil général de la Drome (CG26)Salaire de 23 484€ brut annuel selon les conditions CIFRE 3 , CDD de 3 ans.Débouchés professionnels :La thèse vise à produire à la fois des connaissances scientifiques en agronomie et des connaissancesopérationnelles, comme en atteste l’engagement du CG26 avec une bourse CIFRE. L’implication departenaires professionnels dans le comité de suivi, outre le rôle d’orientation des recherches,permettra au doctorant de construire un projet professionnel à la suite de sa thèse, s’il ne continuepas dans une démarche de recherche.Profil recherché :- titulaire d’un master en agronomie / agroécologie depuis moins de 3 ans (conditions CIFRE)- connaissances en agronomie systémique et intérêt pour les recherches pluridisciplinaires àl’interface avec les sciences sociales- compétences dans la réalisation d'enquêtes, les observations en exploitation et goût pour leséchanges avec les professionnels agricoles- des connaissances sur les systèmes de culture maraîchers seront appréciés mais nonobligatoiresModalités de candidature : Envoyer CV + lettre de motivation à Mireille NavarreteEmail : mireille.navarrete@avignon.inra.frTel : 04 32 72 25 86Références bibliographiques récentes des encadrants de la thèse :Collange B., Navarrete M., Peyre G., Mateille T., Tchamitchian M., 2011. Root-knot nematode (Meloidogyne)management in vegetable crop production: The challenge of an agronomic system analysis. Crop Protection30(10), 1251-1262.Navarrete M., Lecompte F., Tchamitchian M., 2010, Systèmes de culture et qualité de la laitue. Commentrepenser les systèmes de culture pour réduire l’usage de pesticides et les risques de résidus ? Innovationsagronomiques 9, 67-84Navarrete M., Tchamitchian M., Aissa-Madani C., Collange B., Taussig C., 2010. Elaborating innovative solutionswith experts using a multicriteria evaluation tool The case of soilborne disease control in market-gardeningcropping systems, International symposium . Innovation and Sustainable Development in Agriculture andfood, Montpellier, June 28 / July 1, 2010 (communication orale et texte 10p) : http://hal.archivesouvertes.fr/hal-00512273/fr/.Faugère E., Navarrete M., Charles M., Étienne M., Fauriel J., Lasseur J., Lécrivain É, Napoléone M., Paratte R.2010. Les savoirs professionnels dans la fabrique des savoirs scientifiques, Démarches comparées, NatureSciences et Sociétés 18, 395-403Tchamitchian M., Collange B., Navarrete M., Peyre G. (2009). Multicriteria evaluation of the pathologicalresilience of in-soil protected cropping systems. Greensys 2009, international symposium on hightechnology for greenhouse systems, 14 th -19 th June, Quebec, Canada, 8p3 cf informations sur les bourses CIFRE sur le site de l’ANRT : http://www.anrt.asso.fr/4