54Loulou Djine"Zapad"(Life live)Ceci n’est pas un disque,c’est une échappée belle !« Zapad », c’est l’ouest enserbo-croate. Pour des milliersd’Européens, l’Ouest, c’est legrand ailleurs, où l’herbe serapeut être plus verte. C’estdonc sur cette route, celle desmigrants, de l’exil, de l’espoir etdes illusions, que Loulou Djinenous embarque, en prenant soinde charger ses valises de toutce qu’il croise. Un peu de violontzigane par ici, de clarinettebalkano-orientale par là, unejeune pousse de musiquesactuelles, et roule, ma poule !C’est pour ce bagage-là, si richeen influences et en émotionsfortes que Loulou Djine vaut sonpesant d’or.E.C.17 Hippies"El Dorado"(Buda Musique)17 Hippies, 13 musiciens,14 années, 1500 concerts,20 pays, 11 cds et unemultitude d’instruments… On enperd ses comptes ! El Dorado,dernier opus des infatigableshippies berlinois, abonde derichesses comme la contréeimaginaire du même nom.Il s’ouvre sur un morceau cajunscat-speedqui, tel un flacon depotion magique orientale, faitfrétiller les pieds une nuit entière.Revanche contre les préjugés:l’Allemand n’a jamais semblési doux que dans Adieu, tandisque la nostalgie atteint sonapogée avec la ballade Boundfor Morning … ou l’histoire decelui qui attend son amourqui n’existe pas. Citons aussila révérence à la comptineanglaise Ten Green Bottles surdes airs roumains. Les mamiesbritish risquent de se retournerdans leurs tombes.G.W.Ferran Savall"Mireu El nostre mar"(Alia Vox/Naïve)Fils du compositeur et joueurde viole de gambe Jordi Savallet de la soprano MontserratFigueras, Ferran a grandit dansl'amour de la musique et de ladiversité. Comme ses parents,il s'intéresse à des répertoiresanciens et prend à cœur deles restaurer ou de les raviver.On trouve principalementici des chansons catalanesréarrangées, parfois dotées denouveaux textes, mais aussiune berceuse hébraïque Noumi,Noumi, une mise en musique depoèmes de Rilke ou d'auteursd'Amérique du sud. Le parti-prismusical est clair : des cordes(guitares à 6 ou 12 cordes,chitarra battente italienne,luths arxillaüt ou bandúrria,piano) et des cordes vocalesen harmonie. Un voyage inéditentre une certaine musiqueprécieuse espagnole et du folkcalifornien à la Crosby, Stills,Nash & Young.B.M.Pennoù Skoulm"Trinkan"(Innacor /L’Autre Distribution)Trinkan est né des retrouvaillesentre l’univers de PennoùSkoulm et les connaissancesdu répertoire traditionnel dusonneur Patrick Molard. Issu,au début des années 80, dela fusion des groupes Kornozet Gwerz (dans lequel a officiéPatrick Molard), Pennoù Skoulma vite dépassé les frontières dufest-noz.Le groupe, très créatif, trancheavec la morosité post-revivaldes années 70. Pourtant, il n’asorti qu’une cassette en 1989,remixée sur CD en 1994. Quinzeans plus tard, voici leur secondalbum où s’entremêlent descompositions, des adaptationsd’airs traditionnels du répertoirechanté, des suites et despolkas, souvent collectéesauprès des anciens sonneurset chanteurs du Pays Vannetais(Morbihan) ou du Pays Gallo(Haute-Bretagne).Pointu.E.C.Renaud García-Fons"La línea del Sur"(Enja Records)Créer un Sud imaginaireaux couleurs bariolées, telleest l’idée du contrebassisteRenaud García-Fons qui achoisi d’explorer les nuancesmusicales de son enfance pourson nouvel album. Kiko Ruiz,déjà présent sur le précédentopus Arcoluz, patine sa guitared’une note flamenca tandis queDavid Venitucci ébauche endemi-teintes l’Amérique latine auson d’un accordéon vagabond.Les percussions de PascalRollando imitent ce parcoursavec une palette d’instruments :cajón, djembé et autres bongos.L’archet du maestro prend alorsdes allures d’illusionniste tant ceSud semble vaste. Une ovationparticulière à la chanteuseEsperanza Fernández, invitéesur trois morceaux, qui entrainele jazz vers le flamenco et élargitencore l’horizon.N.A.Miss Platnum"Chefa"(Because)Révélation Berlinoise de 2008,Ruth Maria Renner,alias Miss Platnum a aussi faitsensation chez nous lors desdernières Transmusicales.Cette jeune chanteuseopulente est née à Timisoaraet se distingue de toutesles vocalistes de R'n'B enrevendiquant haut et fortet ses origines roumaineset sa surcharge pondérale.Concrètement, sur un tapisde beats hip-hop et de fanfarebalkanique, elle déclame sonamour pour le beurre ou lesMercedes Benz et réclamequ'on lui donne de la nourriturecomme preuve d'amour.Clip à l'appui, l'univers estdrôle et cohérent, la Miss nemanque ni de coffre ni d'aplombet devrait pouvoir en amuserquelques uns jusqu’à l’été.B.M.n°33 mars/AVRIL 2009
chroniques 6 ème continentmondomix.com55InspirationInformation"Mulatu Astatke &The Heliocentrics""Horace Andy & Ashley Beedle "(Strut records/Pias)Après la première rencontre trèsréussie entre le chanteur américainAmp Fiddler et les monuments jamaïcainsSly and Robbie, deuxnouvelles collaborations viennentenrichir la collection « InspirationInformation » du label Strut.Né en 1999 à Londres, StrutRecords réédite des trésors oubliésdes années 1970, du compas audisco italien en passant par la souldes Caraïbes, des vieux mixes deKid Creole ou ceux du mythiqueGrandmaster <strong>Flash</strong>. « InspirationInformation » repose sur un conceptsimple : réunir en studio deuxunivers artistiques, l’un installé, incontournable,et l’autre plus jeune,encore peu connu. Puis observerce qu’il se passe…La première des deux nouvelles galettes à paraître confrontel’exceptionnelle voix du Jamaïcain Horace Andy àl’électronique fantaisiste de l’Anglais Ashley Beedle. DJacide house, remixeur acharné, élevé aux sound systemslondoniens des années 1980, il fait ses classes avec lesgroupes X-Press 2 ou Black Science Orchestra. Leur rencontredonne naissance à des dubs aux sons improbables,des rythmiques électroniques soutenues sur lesquellesHorace Andy pose son flow légendaire. Un heureux accidentqui pourra peut-être diviser sur la reprise d’Angie desStones, mais qui procure une bonne bouffée d’air frais.La deuxième sortie célèbre la rencontre entre le grand vibraphonistemulti-instrumentiste éthiopien Mulatu Astatke,père de l’Ethio-jazz, et le groupe The Heliocentrics : desartistes du label Stones Throw qui produit entre autres desmusiciens hip-hop de qualité (Madlib, MF Doom ou Percee P)avec lesquels ils collaborent. The Heliocentrics ont aussijoué le rôle du backing band de DJ Shadow durant sa tournée.Avec Mulatu Astatke, ils nous offrent un abstract hip-hoptrès haut de gamme, un jazz coltranien aux finesses éthiopienneset aux rythmiques telluriques parfois drum’n’bass.Ni l’intensité, ni la qualité ne faiblissent une seconde. Cettetroisième pression des sessions « Inspiration Information »est indispensable à toutes les bonnes discothèques !A.C.Jimi Tenor &Kabu Kabu"4th Dimension"(Sähkö-Puu Rcords/Differ-ant)Depuis sa rencontre avec legroupe berlinois Kabu Kabuet la parution de Joystone en2007, on savait que Jimi Tenor,Finlandais foutraque et toucheà-tout,possédait dans sabibliothèque un exemplaire du« petit afrobeat illustré ».Une base qu’il mixait alors àtoutes sortes d’influences avecplus ou moins de bonheur.4 th Dimension démontre qu’il arepris son ouvrage et le connaîtaujourd’hui sur le bout desdoigts. Beaucoup plus « roots »que le précédent opus, il est prispar instant de pulsions tribalesoù synthé « string machine »et pédale d’effet Noise boxs’en donnent à cœur joie. Lessonorités flirtent avec un jazzfusion gentiment « free », lasoul et le funk, agrémentées dechœurs que ne renierait pas RoyAyers. Très agréable.A.C.2009 MARS/AVRIL n°33