56Evan Christopher"Django à la Créole"(Lejazzetal/ Frémeaux & Associés)Accordez Django aux déhanchéscubains, aux épices brésiliennes,hantez son Manoir de mes rêvesde pas de boléro, suspendezses Nuages au ciel de LaHavane : imaginée par l’excellentclarinettiste néo-orléanais EvanChristopher exilé à Paris, cetteséduisante relecture créole nesaurait trahir l’héritage du génie.En 1939, Django enregistrait avecdeux sidemen de Duke Ellington,le cornettiste Rex Stewart et leclarinettiste Barney Bigard, quiinsufflaient à son art de lumineusesinflexions NO.Christopher apporte ici unsupplément d’âme : une « SpanishTinge » (« touche espagnole »)comme l’appelait Jelly Roll Morton.Une réinterprétation en quartet,virtuose, originale et swinguée, quirafraîchit la liste parfois ronflantedes interminables hommages aumaître. All"Take A Ride"(Yotanka/Discograph)Plutôt qu'un groupe, Meï Teï Shôest avant tout l'association dedeux hommes. Depuis plus d'unedizaine d'années, le bassiste BorisKulenovic et le batteur GermainSamba déclinent leur imaginairemusical commun.Take A Ride voit défiler desvignettes sonores où trip-hop,funk, électro, rock et hip-hop,sont mis en orbite par un grooveimpérial. Avec ses harmonies entrebleu et noir, le Fender Rhodesd'Eric Teruel renforce la qualitéhypnotique des morceaux, surlesquels déferlent les scansionsdu rappeur Bruce Sherfield, outournoient des voix féminines,celles de Sandra Nkaké, JessicaMartin Maresco ou AmelMathlouthi. La scène électrodubfrançaise n'a pas fini de seréinventer.B.B.Molecule"Climax"(Aktarus/Underdog/La Baleine)Malgré quelques featuringsdéconcertants voire agaçants,Arielle Dombasle et CharlélieCouture en tête, cet album offred’excitants moments de dub madein France. L’Intro abstract suiviedu tubesque et addictif morceauFaluja, toasté par le MC suédoisPromoe arrachent l’enthousiasme.On retrouve aussi avec plaisir l'exSaïan Supa Crew Leeroy, dontMolecule a mixé le dernier albumAfrican Trip, chroniqué dans cespages ou encore Nemo et ZigZag, déjà présents sur l'épisodeprécédent du producteur. Avec cetroisième album, le précautionneuxchimiste parisien devrait asseoir laréputation de son dub mélodiqueet ouvert.B.M.Don Cherry& Latif Khan"Music / Sangam"(Heavenly Sweetness/Differ-Ant)Enregistrée en juin 1978,cette rencontre entre Don Cherry(trompette, claviers, gong, flûte,doussou n’goni…) et Latif Khan(tablas) ne remplit qu’un demiCD (35min), mais offre bienplus qu’un demi-plaisir, tant lesconstructions de ces deux orfèvresqui ne s’étaient jamais rencontrésauparavant sont rythmiquementciselées et délicieusementinspirées.Si le premier était familier destechniques de studio, le tablistedécouvre ici les possibilités de« re-re » et autres « overdubs »,enrichissant par là même son jeutentaculaire. Entre jazz fraternel etworld balbutiante, ces cinq plages,produites par Martin Meissonnier,et Pierre Lattès donnent une idéeprécise de ce « point de rencontre »(Sangam en sanskrit) que sait être lamusique. SQ'n°33 mars/AVRIL 2009
57ne va pas remettre l’ordre du mondeen cause : il va juste familiariser lesnight-clubbers occidentaux avec lalangue de Fairouz. B.M.Y.A.S.Produced by Mirwais(AZ/universal)Leeroy"African Trip"(Aktarus-Cantos/PIAS)Zong"Fractures + Fonker Espress"(Bi-Pole/Rue Stendhal)Producteur passé en classeinternationale depuis qu'il a remodeléle son de Madonna en 2000(l’album Music), Mirwais a choisipour son retour sur le devant de lascène, de se faire accompagnerpar Yasmine Hamdan. La vamplibanaise, chanteuse du duo électropopSoap Kills, possède une voixgrave et sexy, agile a se placersur des beats mid-tempo et desambiances synthétiques. Si l'onentend quelques accords de violonsorientaux dans l'instrumental d'introet une dominance de la langue arabedans le chant, Y.A.S. est avant toutune œuvre de pop internationale quise plie aux canons, up to date, dugenre. Le son est largement orientéannées 1980, époque ou entre newwave et disco, Mirwais inventaitl'électro-pop à la française au sein deTaxi Girl. Il termine d'ailleurs l'albumsur une variation autour d'un thèmede Kraftwerk (The Man Machine),héraut toute catégorie du sonsynthétique.Ce disque à fort potentiel commercialGhalia Benali & BertCornelis"Al Palna"(Music & Words/Zimbraz)Al Palna est le fruit du mariageimprobable des musiques arabeset indiennes, plus précisément dusitar de Bert Cornelis et de la voixde la chanteuse tunisienne GhaliaBenali. Ils sont accompagnés par lejoueur de djozé (vièle à pique) irakienAnwar Abudragh, le joueur de tablasPrabhu Edouard et le percussionnistemarocain Azzedine Jazouli.Si l’évocation du mélange peutsurprendre sur papier, le résultat estnovateur et parfaitement réussi.Autour des textes de Ghalia etde quelques poèmes de Rabiaal Adawiyya, figure ancestrale dusoufisme irakien, la création estspontanée et l’inspiration portevers l’infini. Une véritable invocationde l’Orient en 53 minutes de purbonheur. Mehdi El KindiProlongeant son expérience indienne(Bollywood Trip – 2006), Leeroys’aventure sur commande en terreafricaine et défriche avec légèreté lespistes du label Cantos. Ces musiquesde l’aire francophone subsahariennesont réarrangées par l’ex-SaïanSupa Crew avec la complicité dufidèle scratcher DJ Karve, du dubberMolecule et de Gloumi, un jeuneproducteur fraîchement recruté.Quelques belles escales comme ceSpace Carnival qui s’enroule autourdu son d’un violon mandingue, cetHôtel Zombie ou ce Manioc Academyqui asservissent les foisonnantesguitares des musiques d’Afriquecentrale sans trop les contraindre,attirent l’oreille. Malheureusement,les autres souvenirs pour ne pasdire clichés, manquent souvent deprofondeur de « chants ».SQ'Téléchargersur mp3.mondomix.com24351Un an et demi après la sortie deFractures, son dernier opus, Zongrevient les bras chargés de cadeaux.Le trio réunionnais et son labelmétropolitain soutenu pour cetteopération par Pardon ! (une marquede tee-shirts made in la Réunion)propose façon filet garni, unenouvelle version remasterisée de sonFractures, un CD Rar’té bourré deprises inédites, de live ou de remixesainsi que Fonker Espress, un petitlivre relatant en photos colorisées parFever et en bribes de textes de Dreanleurs concerts dans une vingtaine depays. Témoignages souriants auxpaysages changeants, souvenirs detournées où se lit parfois la fatigue,ce Fonker Espress pose un regardcomplice sur ce trio en mouvement,et donne à entendre leurs concertsd’un autre œil.SQ'2009 MARS/AVRIL n°33