Lire du LatiNpar les latinistes de 1 èresOvide, L’Art d’aimerArs Amatoria (L’Art d’Aimer) est un long poème d’Ovide, écrit en l’an 1. Véritable guide de la séduction, cette œuvre immoraleservira de prétexte à l’empereur Auguste pour condamner le poète à l’exil. Cet extrait s’adresse aux hommes : Ovide fait un élogede la patience en matière de relation amoureuse. Mieux vaut prendre sur soi que de se risquer à perdre la complaisance de sapartenaire. Persévérer ! C’est le mot d’ordre…Haec mihi quam multos abstulit ira dies !Nec puto, nec sensi tunicam laniasse; sed ipsaDixerat, et pretio est illa redempta meo.At vos, si sapitis, vestri peccata magistriEffugite, et culpae damna timete meae.Proelia cum Parthis, cum culta pax sit amica,Et iocus, et causas quicquid amoris habet.Si nec blanda satis, nec erit tibi comis amanti,Perfer et obdura : postmodo mitis erit.Flectitur obsequio curvatus ab arbore ramus :Frangis, si vires experiere tuas.Obsequio tranantur aqua e : nec vincere possisFlumina, si contra, quam rapit unda, nates.Obsequium tigresque domat Numidasque leones ;Rustica paulatim taurus aratra subit.Quid fuit asperius Nonacrina Atalanta?Succubuit meritis trux tamen illa viri.Saepe suos casus nec mitia facta puellaeFlesse sub arboribus Milaniona ferunt ;Saepe tulit iusso fallacia retia collo,Saepe fera torvos cuspide fixit apros :Sensit et Hylaei contentum saucius arcum :Sed tamen hoc arcu notior alter erat.Non te Maenalias armatum scandere silvas,Nec iubeo collo retia ferre tuo :Pectora nec missis iubeo praebere sagittis ;Artis erunt cauto mollia iussa meae.Cede repugnanti : cedendo victor abibis :Fac modo, quas partes illa iubebit, agas.Combien cet emportement m'enleva de beaux jours ! Je ne croispas, et je ne m'aperçus point que j'eusse déchiré sa robe ; mais ellele prétendit, et je fus obligé de la remplacer à mes frais. O vous,plus sages que votre maître, évitez ses fautes, ou craignez commelui d'en porter la peine. Faites la guerre aux Parthes, mais soyez enpaix avec votre amie ; ayez recours à l'agréable badinage et à toutce qui peut exciter l'amour. Si ta maîtresse se montre peu traitable etpeu gracieuse pour toi, souffre-le avec patience ; et bientôt elles'adoucira. Si l'on courbe une branche avec précaution, elle plie ;elle rompt, si l'on fait tout d'abord sur elle l'essai de toutes sesforces. En suivant avec précaution le fil de l'eau, on traversa unfleuve à la nage ; mais si l'on veut lutter contre le courant,impossible d'en venir à bout. La patience triomphe des tigres et deslions de Numidie ; le taureau s'accoutume peu à peu au joug de lacharrue. Quelle femme fut jamais plus farouche qu'Atalantel'Arcadienne ? Et pourtant, toute fière qu'elle était, elle se renditenfin aux tendres soins de son amant. On dit que Milanion pleurasouvent à l'ombre des forêts son malheur et les rigueurs de sacruelle maîtresse ; que souvent, par son ordre, il porta sur sesépaules des filets trompeurs ; que souvent il perça de ses traits lesanglier menaçant. Il fut même atteint par les flèches d'Hylée ; maisd'autres flèches, hélas! trop connues, l'avaient déjà blessé. Je ne teprescris point de gravir, l'arc en main, comme lui, les bois escarpésdu Ménale, ni de charger tes épaules de lourds filets ; je net'ordonne point d'offrir ta poitrine aux flèches d'un ennemi. Si tusais être prudent, tu verras que les préceptes de mon art sont plusfaciles à suivre. Ta maîtresse résiste : eh bien, cède ; c'est en cédantque tu triompheras. Quel que soit le rôle qu'elle t'impose, sois prêt à leremplir.Ovide, en latin Publius Ovidius Naso, né le 20 mars 43 av. J.-C. à Sulmona, dans le centre de l'Italie et morten 17 ap. J.-C., en exil à Tomis (l'actuelle Constanţa en Roumanie), est un poète latin qui vécut durant lapériode de la naissance de l'Empire romain. Son surnom Naso lui vient de son nez proéminent (tout commeCicéron, dont le surnom signifie pois chiche, qu'il devait à la verrue d'un de ses ancêtres). Il naît un an aprèsl'assassinat de Jules César, est adolescent lorsque Auguste s'empare du pouvoir pour transformer laRépublique en Empire, et meurt trois ans après ce premier empereur.OvideArachné, Gustave Doré, illustrationpour La Divine Comédie de Dante,édition de 1861.Après l'âge de quarante ans, Ovide écrivit aussi les Métamorphoses,un long poème épique. L'œuvre comprend quinze livres (près dedouze mille vers) écrits en hexamètres dactyliques et décrit lanaissance et l'histoire du monde gréco-romain jusqu'à l'époque del'empereur Auguste.Les auteurs dont s'inspire Ovide sont des poètes de l'époquehellénistique qui songèrent à regrouper les légendes grecquesprésentant les métamorphoses des dieux ou des mortels de lamythologie. Les plus connues sont celles de Narcisse, Arachné,Scylla, Dryopé ou encore Philémon et Baucis.Au LFS, les élèves de 6 èmes étudient d’ailleurs cette œuvre entraduction !La Métamorphose deNarcisse, Salvador Dali,1937, The Tate Gallery,Londres.Numerus V
Panem et circenses ! Mains à la pâte !Patellam tirotaricam ex quocumque salso volverisPatella de fromage et de stockfisch (Apicius, De l’art culinaire, IV, II, 17)Patellam tirotaricam ex quocumque salso volveris :Coques ex oleo, exossabis, et cerebella cocta, pulpaspiscium, jocuscula pullorum, ova dura, caseum mollemexcaldatum, haec omnia calefacies in patella. Terespiper, ligusticum, origanum, rutae bacam, vinum,mulsum, oleum. In patella ad lentum ignem pones utcoquatur. Ovis crudis obligabis, adordinabis, cuminumminutum asparges et inferes.Prenez le stockfisch qu’il vous plaira, cuisez-le à l’huile etenlevez les arêtes. Prenez des cervelles cuites, de la chair depoissons, des foies de poulets, des œufs durs et du fromagefrais ébouillanté et faites chauffer le tout dans un plat. Pilez dupoivre, de la livèche, de l’origan, des fruits de rue, du vin, duvin miellé et de l’huile, mettez dans le plat et cuisez à feudoux. Liez avec des œufs crus, présentez votre mets avec art,saupoudrez de cumin en poudre et servez.Le stockfish : mot d'origine allemande construit avec les termes bâton et poisson, utilisé pour désigner des filets decabillaud (gadus morhua) séchés à l’air libre.La livèche, ou ache des montagnes : plante herbacée de la famille des Apiaceae, cultivée pour ses feuilles et ses grainesutilisées comme condiments alimentaires. Elle est aujourd’hui très utilisée dans la cuisine roumaine.L’origan : le mot est issu du grec ὀρίγανον / origanon, signifiant « qui se plaît sur la montagne », composé de ὄρος / oros« montagne » et γάνος / ganos « éclat, aspect riant ».C’est une plante connue et reconnue par les peuples de l'Antiquité pour son goût prononcé et ses vertus médicinales.Il servait aussi à composer des philtres d'amour : juste quelques feuilles dans le repas de l'élu(e) de son cœur !Bonum appetitum !Citation latineOmnia vincit amor.L’amour triomphe de tout. Dans Astérix légionnaire, Obélix tombe amoureux de Falbala, fiancée à Tragicomix qui est engagé de force dans lesarmées de César. Partant à sa recherche, Astérix et Obélix s'engagent également. Ils le retrouvent en Afrique et à leur retour,Falbala donne un baiser sur le nez d'Astérix qui en est ému au point de ne pas participer au banquet final. On retrouve le jeunefemme dans les albums La Galère d'Obélix, Astérix et Latraviata et dans Astérix et la rentrée gauloise.Cette citation est extraite d’un poème des Bucoliques de Virgile, églogue X, Gallus, v. 69. Le verscomplet est « Omnia vincit amor et nos cedamus amori » : « L'Amour vainc tout et nous aussi, cédons àl'amour ». Il fut illustré en 1602 par l'artiste italien Michelangelo Merisi da Caravaggio, dit Le Caravage,dans son huile sur toile Amor Vincit Omnia, généralement traduit par L'Amour victorieux, actuellementexposée à la Gemäldegalerie de Berlin.Le Caravage a peint cette œuvre sur une commande de Vincenzo Giustiniani, aristocrate et richebanquier de Rome. À partir de cette époque, le peintre a concentré son travail sur des œuvres religieusescommandées par le clergé, et c'est donc là l'une de ses dernières œuvres pour un commanditaire privé.Numerus V