JOBNAME: No Job Name PAGE: 32 SESS: 12 OUTPUT: Thu Feb 21 16:12:45 2008 SUM: 26B69599/antiopa/eco−b−afri/239527J/rap−2007/09−chap04158 Rapport <strong>sur</strong> le développement en Afrique 2007Graphique 4.10 : Ressources <strong>naturelles</strong> <strong>et</strong> conflitsSaharaOccidentalMarocAlgérieLibyeÉgypteMauritanieSénégalGambie CasamanceGuinée-Bissau GuinéeSierraLeoneLiberiaRoutesprincipalesCapitalesCabindaRessources énergétiquesAngolaPétroles <strong>et</strong> Uranium Charbongaz naturelPrincipales <strong>ressources</strong> minéralesDiamantCobaltÉtainFerOrPlatineCuivre Manganèse PlombChromite Nickel <strong>et</strong> zincZones « productives » d'AfriqueProduction pétrolièreProduction minièreMaliBurkina fasoBéninGhanaTogoCôted'ivoireOcéanAtlantiqueZones « instables » d'Afrique en 2000Conflits en cours en 2000Tension sensible ou instabilité politiqueSituation politique relativement stableNigerNigeriaCamerounTchadRépubliqueCentrafricaineSoudanMerRougeÉrythréeGuinéeRépublique OugandaÉquatorialeKenyaCongo DémocratiqueGabondu Congo RwandaBurundiTanzanieAngolaNamibieZimbabweBostwanaAfriquedu SudZambie<strong>Les</strong>othoMalawiSwazilandÉthiopieMozambiqueDjiboutiSomalieOcéanIndienMadagascarSource : Department for International Development (2006)Selon d’autres études 39 , le facteur quiinflue le plus <strong>sur</strong> le risque de conflit est leniveau de dépendance du pays vis-à-vis desexportations de produits primaires, <strong>et</strong> l’eff<strong>et</strong>n’est pas linéaire. Ainsi, un pays qui ne disposed’aucune ressource naturelle a une probabilitéde connaître un conflit civil de seulement0,5 pour cent, tandis que, pour un paysdont les <strong>ressources</strong> <strong>naturelles</strong> comptent pourplus de 25 pour cent dans le PIB, la probabilitépasse à 23 pour cent. C<strong>et</strong>te comparaisonlaisse à penser que la majorité des conflitss’explique davantage par l’avidité que par desgriefs. À partir de ces résultats, les différentesm 39. Collier <strong>et</strong> Hoeffler (2004) ; (2005)variantes de la théorie de la « malédiction des<strong>ressources</strong> » attribuent la piètre exploitationdes <strong>ressources</strong> <strong>naturelles</strong> dans les pays dépendantde ces <strong>ressources</strong> soit aux penchants« prédateurs » de l’État, soit à l’« avidité » desrebelles. Si l’on laisse de côté des résultatsempiriques qui tendent à indiquer lecontraire, c<strong>et</strong>te conceptualisation laisse percevoirun comportement irrationnel desprincipaux acteurs participant au contrôle <strong>et</strong>à la gestion des <strong>ressources</strong> <strong>naturelles</strong>.Néanmoins, les explications ci-dessusnégligent un point crucial : le gaspillage <strong>et</strong> ladégradation des <strong>ressources</strong> <strong>naturelles</strong> dans lespays suj<strong>et</strong>s à conflits sont, la plupart dutemps, imputables à des dysfonctionnements
JOBNAME: No Job Name PAGE: 33 SESS: 12 OUTPUT: Thu Feb 21 16:12:45 2008 SUM: 5643B4BF/antiopa/eco−b−afri/239527J/rap−2007/09−chap04L’Afrique <strong>et</strong> <strong>ses</strong> <strong>ressources</strong> <strong>naturelles</strong> : le paradoxe de l’abondance 159de l’État. Parfois, les responsables politiquesimpulsent une exploitation irraisonnée des<strong>ressources</strong> <strong>naturelles</strong> ou s’engagent dans c<strong>et</strong>tevoie, cherchant à atteindre des objectifs économiquesou politiques qui sont, en théorie,sans rapport avec le secteur des <strong>ressources</strong><strong>naturelles</strong>. Même certains groupes rebelles,selon la puissance de leur structure organisationnelle,peuvent tendre vers divers objectifspolitiques ou programmatiques plus vastes 40 .Comme indiqué plus haut, les donnéesempiriques suggèrent également avec forcequ’un conflit <strong>sur</strong>gira plus vraisemblablementdans des pays dont le PIB par habitant <strong>et</strong> lacroissance sont faibles. <strong>Les</strong> trois facteurs quidéterminent le déclenchement d’un conflitarmé (<strong>ressources</strong> <strong>naturelles</strong>, bas revenu parhabitant <strong>et</strong> faible croissance) sont prédominantsdans de vastes parties du continent. Lalittérature 41 m<strong>et</strong> en lumière d’autres élémentsqui peuvent être significatifs, tels que la religion<strong>et</strong> l’inégalité verticale <strong>et</strong> horizontale. <strong>Les</strong>conflits au Rwanda <strong>et</strong> au Burundi, parexemple, n’ont pas été, en premier lieu,motivés par des facteurs économiques.L’eff<strong>et</strong> des <strong>ressources</strong> <strong>naturelles</strong> <strong>sur</strong> l’incidence<strong>et</strong> la durée des guerres civiles figureégalement en bonne place dans la littératurede science politique 42 . Dans des pays divisés,de nombreux groupes rivaux qui luttent pours’arroger les <strong>ressources</strong> <strong>naturelles</strong> risquentfort de porter atteinte à la qualité du systèmejuridique <strong>et</strong> donc de comprom<strong>et</strong>tre les droitsde propriété. Le manque à gagner qui enrésulte en termes de production <strong>sur</strong>passel’accroissement de la production dû au boomdes <strong>ressources</strong>. <strong>Les</strong> dissensions <strong>et</strong> les luttespour les <strong>ressources</strong> <strong>naturelles</strong> peuvent ainsiconduire à la dissipation de rentes. Lorsqueles <strong>ressources</strong> <strong>naturelles</strong> sont abondantes,l’érosion des droits de propriété peut aisémentdéclencher une malédiction des <strong>ressources</strong>,<strong>sur</strong>tout si les groupes rivaux sontnombreux 43 . En eff<strong>et</strong>, chacun d’entre euxcherche à s’approprier le plus de <strong>ressources</strong><strong>naturelles</strong> en se battant davantage, <strong>et</strong> commele système juridique n’est pas solide, ilsrem<strong>et</strong>tent en cause les droits de propriétéeffectifs. Des données observées <strong>sur</strong> plusieurspays indiquent que la malédiction des <strong>ressources</strong><strong>naturelles</strong> est plus aiguë dans les paysqui comptent de multiples groupes <strong>et</strong>hniquesou religieux <strong>et</strong> de nombreu<strong>ses</strong> langues.La présence de <strong>ressources</strong> faciles à piller,telles que les pierres précieu<strong>ses</strong>, a tendance àprolonger les conflits, notamment lorsque lesgroupes rebelles se battent contre les dirigeants<strong>et</strong> leurs partisans pour le contrôle desources ponctuelles de <strong>ressources</strong> <strong>naturelles</strong>.Ainsi, hormis en Afrique du Sud, auBotswana <strong>et</strong> en Namibie, l’abondance de diamants<strong>sur</strong> le continent africain a généralementconduit à un recul de la croissance, leplus souvent dans des pays aux institutionspeu solides 44 .Gestion de la richess<strong>et</strong>irée des <strong>ressources</strong> <strong>naturelles</strong>dans les États fragiles africainsEn Afrique, le nombre d’États fragiles estconsidérable, de loin le plus élevé par rapportaux autres continents. Si l’on trouve plusieursdéfinitions d’un État fragile, le plus imporm40. Weinstein (2005)m 41. Voir, par exemple, Stewart (2000 ; 2002)m 42. Voir, par exemple, Ross (2004) ; Fearon <strong>et</strong> Laitin (2003)m 43. Hodler (2006)m 44. Ollson (2007)