L'Afrique et ses ressources naturelles - Les Journées Annuelles sur ...
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JOBNAME: No Job Name PAGE: 36 SESS: 12 OUTPUT: Thu Feb 21 16:12:45 2008 SUM: 565B103B/antiopa/eco−b−afri/239527J/rap−2007/09−chap04162 Rapport <strong>sur</strong> le développement en Afrique 2007les <strong>ressources</strong> <strong>naturelles</strong> <strong>et</strong> la gestion desrec<strong>et</strong>tes dans la plupart des États fragiles. Premièrement,l’accès au pouvoir équivaut àl’accès à la richesse <strong>et</strong> aux sources de richesse àvenir. Deuxièmement, le soutien politique seconstruit <strong>sur</strong> le clientélisme, qui m<strong>et</strong> en relationles détenteurs du pouvoir <strong>et</strong> certains segmentsde la population. La préoccupation desdiver<strong>ses</strong> élites, qui ont, au final, des liens avecle somm<strong>et</strong> de l’État, est de savoir comments’allier le soutien de leur base de clientèle <strong>et</strong> laconsolider, tout en optimisant la quantité de<strong>ressources</strong> nécessaire pour obtenir ce soutien.Ces réseaux sont constitués selon des axes<strong>et</strong>hniques, régionaux, territoriaux, religieux<strong>et</strong> économiques 47 .<strong>Les</strong> États prédateurs recourent à différentesstratégies, violentes ou non, pour gérerles <strong>ressources</strong> minérales, en particulier pétrolières,<strong>et</strong> pour s’approprier les rec<strong>et</strong>tes tiréesde leur exploitation <strong>et</strong> de leur vente. Puisqueles minéraux sont extraits <strong>sur</strong> des sitesenclavés, qui parfois ne sont pas situés <strong>sur</strong> laterre ferme, la stratégie habituelle consiste ànégocier des redevances <strong>et</strong> d’autres accordsdirectement avec les entrepri<strong>ses</strong> étrangères.Ces transactions sont souvent opaques, desorte qu’il est difficile, si ce n’est impossible,de <strong>sur</strong>veiller les montants générés <strong>et</strong> l’utilisationqui en est faite. D’après les spécialistes del’industrie pétrolière, les pays de l’OPEP(Organisation des pays exportateurs depétrole), consacrent, en moyenne, environ75 pour cent de leurs rec<strong>et</strong>tes pétrolières aubudg<strong>et</strong> de l’État, pour les charges d’exploitation.Dans le cas des producteurs de pétroleafricains, c<strong>et</strong>te proportion, même dans lemeilleur des cas, s’établit entre 55 <strong>et</strong> 70 pourcent. La différence représente la part de profitssupplémentaire que se partagent les compagniespétrolières <strong>et</strong> les élites africaines. Despratiques analogues ont pu être observéesdans la gestion des mines d’uranium auNiger, de phosphates au Togo <strong>et</strong> de bauxite<strong>et</strong> d’aluminium en Guinée. Seules de maigresrec<strong>et</strong>tes arrivent jusque dans les cais<strong>ses</strong> publiques,si tant est qu’elles y parviennent. <strong>Les</strong>véritables redevances sont versées directement<strong>sur</strong> les comptes bancaires, à l’étranger,des dirigeants politiques 48 .Intérêts acquis des acteursinternationaux <strong>et</strong> régionauxLe pillage des <strong>ressources</strong> <strong>naturelles</strong> n’est pastoujours le fait des seuls groupes en lutte àl’intérieur d’un État fragile donné, mais quelquefoisaussi de pays voisins. <strong>Les</strong> acteursrégionaux participent désormais à l’exploitationdes <strong>ressources</strong> <strong>naturelles</strong> d’un État voisinvia (1) les processus interdépendants de proliférationd’« économies de guerre » <strong>et</strong> desconflits régionaux, <strong>et</strong> (2) l’intervention militairedirecte en soutien au gouvernement enplace ou aux in<strong>sur</strong>gés armés.La fragilité de l’État ou <strong>ses</strong> dysfonctionnementssont à l’origine d’un certain nombred’eff<strong>et</strong>s que ressentent, par ricoch<strong>et</strong>, d’autresÉtats de la région. Économies de guerre ouéconomies parallèles en sont les conséquencesdirectes. Au Liberia <strong>et</strong> en Sierra Leone, parexemple, du fait de ces interdépendances,d’immen<strong>ses</strong> quantités de diamants <strong>et</strong> de boisont été sorties en contrebande par desmineurs ou des entrepreneurs opérant dansl’économie parallèle 49 . Un aspect importantdes <strong>ressources</strong> <strong>et</strong> des conflits a trait au rôle dem47. Ibid.m 48. Hibou (1999)m 49. Humphreys (2005)