30.07.2015 Views

le journal du réseau cancer de l'université libre de bruxelles le ...

le journal du réseau cancer de l'université libre de bruxelles le ...

le journal du réseau cancer de l'université libre de bruxelles le ...

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

D O S S I E RN E U R O - O N C O L O G I EDiagnostic <strong>de</strong>s tumeurs cérébra<strong>le</strong>s:rô<strong>le</strong> <strong>de</strong> la neuroradiologie en 2009Philippe David, Niloufar Sa<strong>de</strong>ghi et Daniel<strong>le</strong> Balériaux, Clinique <strong>de</strong> Neuroradiologie,Hôpital Erasme, pdavid@ulb.ac.beimagerie est utilisée à <strong>de</strong>s fins diagnostiques dès que <strong>de</strong>sL’ symptômes et signes cliniques font suspecter <strong>le</strong> diagnostic<strong>de</strong> tumeur cérébra<strong>le</strong>. Le CT scanner et l’imagerie par résonancemagnétique (IRM) sont <strong>le</strong>s outils utilisés en première intention,permettant une visualisation directe <strong>du</strong> parenchyme cérébral.L’imagerie apporte <strong>de</strong>s informations morphologiques précieusespermettant d’i<strong>de</strong>ntifier la (ou <strong>le</strong>s) lésion(s) tumora<strong>le</strong>(s) et <strong>de</strong> déterminerses rapports avec <strong>le</strong>s structures cérébra<strong>le</strong>s et <strong>le</strong>s complicationséventuel<strong>le</strong>s (engagements cérébraux, hydrocéphalie…).Le CT scanner permet d’i<strong>de</strong>ntifier avec une gran<strong>de</strong> sensibilité <strong>le</strong>scalcifications et <strong>le</strong>s lésions hémorragiques aigües et s’avère précieuxen cas d’intervention chirurgica<strong>le</strong> urgente.L’IRM offre <strong>de</strong>s images d’une plus haute résolution tissulaire etsera pratiquée dans tous <strong>le</strong>s cas si l’état clinique <strong>du</strong> patient <strong>le</strong>permet. L’imagerie pondérée T1 (bi et tridimensionnel<strong>le</strong>) et T2suivies d’une injection <strong>de</strong> pro<strong>du</strong>it <strong>de</strong> contraste (chélates <strong>de</strong>gadolinium) permettent d’obtenir une information morphologiqueprécise. Des critères sémiologiques permettent d’orienter <strong>le</strong>diagnostic et d’ai<strong>de</strong>r <strong>le</strong> neurochirurgien à planifier <strong>le</strong> traitementou la biopsie.Toutefois, ces éléments sémiologiques, s’ils sont précieux pourétablir <strong>de</strong>s hypothèses quant à la nature histologique <strong>de</strong> latumeur, souffrent <strong>de</strong> limitations par manque <strong>de</strong> spécificité dans<strong>de</strong> nombreux cas.De nouveaux progrès technologiques ont permis d’obtenir parIRM <strong>de</strong>s informations supplémentaires <strong>de</strong> nature métabolique(spectroscopie protonique, imagerie <strong>de</strong> diffusion) et hémodynamiques(imagerie <strong>de</strong> perfusion), permettant d’améliorer l’hypothèsediagnostique et <strong>de</strong> mieux prédire <strong>le</strong> gra<strong>de</strong> tumoral etdonc <strong>le</strong> <strong>de</strong>gré <strong>de</strong> malignité 1 .Le suivi et l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> la réponse thérapeutique bénéficient éga<strong>le</strong>ment<strong>de</strong> ces progrès.De nouvel<strong>le</strong>s avancées technologiques permettent <strong>de</strong> localiser<strong>de</strong>s zones fonctionnel<strong>le</strong>s (motrices, sensitives, visuel<strong>le</strong>s, …) et<strong>de</strong> déterminer <strong>le</strong>urs rapports avec la lésion tumora<strong>le</strong> (IRMfonctionnel<strong>le</strong>). Une visualisation <strong>de</strong> faisceaux d’axones importants(faisceaux pyramidaux par exemp<strong>le</strong>) est <strong>de</strong>venue possib<strong>le</strong>avec l’imagerie par tenseur <strong>de</strong> diffusion. Ces progrès permettentainsi aux neurochirurgiens d’être plus audacieux touten diminuant la morbidité post-opératoire.La spectroscopie apporte <strong>de</strong>s informations complémentaireset non invasives sur <strong>le</strong> gra<strong>de</strong> <strong>de</strong> malignité tumora<strong>le</strong> (Fig 1). Desrapports <strong>de</strong> choline sur N-acétyl-aspartate é<strong>le</strong>vés sont ainsitrouvés dans <strong>le</strong>s gliomes <strong>de</strong> haut gra<strong>de</strong> 2 . Les techniques <strong>de</strong>spectroscopie multi-voxels ren<strong>de</strong>nt compte <strong>de</strong> l’hétérogénéitétumora<strong>le</strong> et permettent d’i<strong>de</strong>ntifier <strong>de</strong>s zones <strong>de</strong> haute malignitétant avant <strong>le</strong> traitement que dans <strong>le</strong> cadre <strong>de</strong> la réponse autraitement 3 . La possibilité d’étudier par ce biais l’efficacité <strong>de</strong> nouveauxagents tumoraux est utilisée dans certains protoco<strong>le</strong>sexpérimentaux.Enfin, <strong>le</strong> diagnostic différentiel entre récidive tumora<strong>le</strong> (élévation<strong>de</strong> la choline) et radionécrose (pic <strong>de</strong> lactates) est obtenupar cette technique.L’imagerie <strong>de</strong> diffusion permet aisément certains diagnostics <strong>de</strong>lésions extra-axia<strong>le</strong>s comme celui <strong>de</strong> kystes épi<strong>de</strong>rmoï<strong>de</strong>s quiprésentent <strong>le</strong> même signal en pondération T1 et T2 que <strong>le</strong>skystes arachnoïdiens, mais qui se différencient <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>rniers par<strong>le</strong> fait que <strong>le</strong>s coefficients <strong>de</strong> diffusion apparents sont abaissés 4 .Philippe DavidFigure1: L’IRM met en évi<strong>de</strong>nce la présence <strong>de</strong> lésions plurifoca<strong>le</strong>sfronta<strong>le</strong>s et temporo-occipita<strong>le</strong>s gauches, partiel<strong>le</strong>ment intraventriculaires,hyposignal en pondération T1 avant injection <strong>de</strong> Gadolinium,en coupes axia<strong>le</strong>s (A) et corona<strong>le</strong>s (D), discrètement hypersigna<strong>le</strong>n pondération T2 (B) et FLAIR (C).Un discret réhaussement est observé après injection IV <strong>de</strong> Gadoliniumen coupes axia<strong>le</strong>s pondérées T1 (E) et corona<strong>le</strong>s (F).Figures 1 et 2: Patient <strong>de</strong> 43 ans présentant <strong>de</strong>s céphalées et unehémianopsie droite.Les tumeurs intra-axia<strong>le</strong>s ont <strong>de</strong>s coefficients <strong>de</strong> diffusion plusé<strong>le</strong>vés que <strong>le</strong> parenchyme cérébral sain et <strong>de</strong>s coefficients <strong>de</strong>diffusion extrêmement é<strong>le</strong>vés au sein <strong>de</strong> <strong>le</strong>urs composantesnécrotico-kystiques 5 . Toutefois, certaines tumeurs à cellularitéextrêmement é<strong>le</strong>vée comme <strong>le</strong>s lymphomes (Fig. 2) ont <strong>de</strong>scoefficients <strong>de</strong> diffusion diminués.L’imagerie par tenseur <strong>de</strong> diffusion permet d’i<strong>de</strong>ntifier <strong>de</strong>s faisceauxaxonaux dans la substance blanche et d’en déterminer<strong>le</strong>s rapports à la tumeur. Cette technique permet <strong>de</strong> mieuxorienter la trajectoire d’une biopsie et d’adapter la stratégieneurochirurgica<strong>le</strong> 6 .L’imagerie <strong>de</strong> perfusion permet <strong>de</strong> différencier <strong>le</strong>s gliomes <strong>de</strong> hautgra<strong>de</strong> (en démontrant un volume sanguin cérébral é<strong>le</strong>vé au sein<strong>de</strong> la tumeur) et peut précé<strong>de</strong>r d’un an la prise <strong>de</strong> contrasteen cas d’évolution vers un haut gra<strong>de</strong> <strong>de</strong> malignité 7-9 .L’imagerie fonctionnel<strong>le</strong> permet d’i<strong>de</strong>ntifier <strong>de</strong>s zones fonctionnel<strong>le</strong>séloquentes qui apparaissent souvent déplacées parl’effet <strong>de</strong> masse tumoral ou voire même déplacées dans d’autreszones, en raison <strong>de</strong> la plasticité cérébra<strong>le</strong> 10 .En conclusion, <strong>le</strong>s développements mo<strong>de</strong>rnes <strong>de</strong> l’IRM ont permisd’évoluer d’une imagerie strictement morphologique versune imagerie plus physiologique et fonctionnel<strong>le</strong>, permettantune approche thérapeutique chirurgica<strong>le</strong> plus audacieuse etun suivi thérapeutique plus sensib<strong>le</strong> et spécifique. ■GlossairePondération T1: Le signal RMN d'un tissu varie donc selon ses caractéristiquesT1, T2 et sa <strong>de</strong>nsité protonique (Rho) (l’air n'a pas <strong>de</strong> signal RMNcar la <strong>de</strong>nsité protonique y est trop faib<strong>le</strong>). Le T1 correspond au tempsnécessaire pour que l’aimantation longitudina<strong>le</strong> ait retrouvé 63% <strong>de</strong> sonamplitu<strong>de</strong> initia<strong>le</strong>, après avoir été basculée <strong>de</strong> 90°.On obtient un contraste d’image pondérée en T1 si on utilise un temps <strong>de</strong>répétition court et un temps d’écho court (neutralise <strong>le</strong>s différences <strong>de</strong>temps T2), pondération dite «anatomique»: en pondération T1 sur <strong>le</strong> cerveau,la substance blanche apparaît plus claire que la substance grise. Leliqui<strong>de</strong> céphalo-rachidien, situé entre la substance grise et l’os apparaît,lui, nettement plus «foncé» (hyposignal).Pondération T2: On obtient un contraste d’image dite pondérée en T2,dite aussi pondération «tissulaire» en utilisant un temps <strong>de</strong> répétition longet un temps d’écho long. La pondération «T2» est fonction <strong>du</strong> temps d’enregistrementd’un signal différent entre <strong>de</strong>ux tissus, dû à la différence d’aimantationtransversa<strong>le</strong>. L’eau et l’œdème apparaissent «claires» (hypersignal).Pro<strong>du</strong>it <strong>de</strong> contraste: Chélates <strong>de</strong> gadolinium: aux doses cliniques habituel<strong>le</strong>mentutilisées, <strong>le</strong>s chélates paramagnétiques <strong>de</strong> gadolinium donnentprincipa<strong>le</strong>ment un effet T1: la prise <strong>de</strong> contraste se tra<strong>du</strong>it par un hypersigna<strong>le</strong>n pondération T1.Spectroscopie (SRM): La spectroscopie utilise <strong>le</strong>s propriétés <strong>de</strong> résonance<strong>de</strong>s atomes placés dans un champ magnétique: el<strong>le</strong> repose sur l’étu<strong>de</strong><strong>de</strong>s signaux <strong>de</strong> résonance <strong>de</strong> molécu<strong>le</strong>s situées dans <strong>le</strong>s tissus ou <strong>le</strong>s cellu<strong>le</strong>s.En spectroscopie protonique (HSRM) <strong>le</strong> noyau étudié est l’hydrogène(1H) présent dans <strong>le</strong>s molécu<strong>le</strong>s biologiques. Une accumulation successive<strong>de</strong> spectres indivi<strong>du</strong>els est obtenue; ceux-ci sont en suite moyennésafin d’améliorer <strong>le</strong> rapport signal/bruit. Cette métho<strong>de</strong> permet d'obtenir <strong>de</strong>sspectres valab<strong>le</strong>s avec <strong>de</strong> faib<strong>le</strong>s quantités d'échantillons. Le spectrecontient un certain nombre <strong>de</strong> signaux correspondant aux différents protons<strong>de</strong> la molécu<strong>le</strong> et il convient alors <strong>de</strong> l'interpréter. Dans un champmagnétique é<strong>le</strong>vé <strong>le</strong>s protons résonnent à une fréquence spécifique àchaque molécu<strong>le</strong>. Selon <strong>le</strong>ur environnement, <strong>le</strong>s protons diffèrent et ilsrésonneront à cette fréquence spécifique. On exprimera cette différence(très faib<strong>le</strong>) en ppm <strong>du</strong> champ Bo.La HSRM permet ainsi l'étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> la présence et concentration <strong>de</strong> certainsmétabolites (par exemp<strong>le</strong>, choline, créatine,N-acétyl aspartate, lactates,lipi<strong>de</strong>s). Son application <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong>s IRM <strong>de</strong> haut-champ (1,5 Tesla minimumet 3 Tesla pour obtenir <strong>de</strong>s pics bien différenciés). Il existe <strong>de</strong>s techniquesdifférentes: la sing<strong>le</strong> voxel spectroscopy, qui n’étudie qu’un seulvoxel d’à peu près 1 cm 3 , la technique multivoxel ou CSI (chemical shiftimaging) qui peut alors être bidimensionnel<strong>le</strong> si el<strong>le</strong> utilise plusieurs voxels(une trentaine) sur une seu<strong>le</strong> coupe ou tridimensionnel<strong>le</strong> pour couvrir pratiquementtoute la tumeur (plus <strong>de</strong> 100 voxels) sur plusieures coupes.Imagerie <strong>de</strong> perfusion: L’imagerie <strong>de</strong> perfusion permet d’accé<strong>de</strong>r à <strong>de</strong>sinformations hémodynamiques concernant <strong>le</strong> Volume Sanguin CérébralRégional, grâce à l'utilisation <strong>de</strong> pro<strong>du</strong>it <strong>de</strong> contraste présentant une fortesusceptibilité magnétique, tels que <strong>le</strong>s chélates <strong>de</strong> Gadolinium. Cettemétho<strong>de</strong> permet <strong>de</strong> calcu<strong>le</strong>r <strong>de</strong>s volumes sanguins cérébraux, <strong>de</strong>s débitssanguins régionaux et <strong>le</strong> temps moyen <strong>de</strong> transit sanguin cérébral régional.Ses principa<strong>le</strong>s indications sont la pathologie tumora<strong>le</strong> et la détermination<strong>de</strong>s territoires ischémiés et <strong>le</strong>ur réversibilité. Le rCBV (CerebralBlood Volume) désigne la quantité <strong>de</strong> sang (en ml) qui passe par unité <strong>de</strong>temps pour 100 g <strong>de</strong> tissu cérébral.IRM fonctionnel<strong>le</strong>: L’IRMf permet la localisation <strong>de</strong>s zones cérébra<strong>le</strong>s activéesbasée sur l'effet BOLD (Blood Oxygen Level Dependant), lié à l’aimantation<strong>de</strong> l’hémoglobine contenue dans <strong>le</strong>s globu<strong>le</strong>s rouges <strong>du</strong> sang.Une secon<strong>de</strong> environ après <strong>le</strong> début <strong>de</strong> l’activité neurona<strong>le</strong>, une réponsehémodynamique apparaît avec une augmentation très importante <strong>du</strong>débit sanguin cérébral régional.L’augmentation importante <strong>de</strong>s apports en oxygène entraîne une hyperoxygénation<strong>du</strong> sang veineux reflétée par une augmentation <strong>de</strong> la concentrationen oxyhémoglobine et une diminution <strong>de</strong> la concentration endéoxyhémoglobine. Or la déoxyhémoglobine est paramagnétique. En altérantl’homogénéité <strong>du</strong> champ magnétique intra et périvasculaire, la déoxyhémoglobinediminue l’intensité <strong>du</strong> signal <strong>de</strong> précession émis (T2*) etconstitue un véritab<strong>le</strong> agent <strong>de</strong> contraste endogène. Ainsi, en réponse àune activité neurona<strong>le</strong>, la diminution <strong>de</strong> la concentration en déoxyhémoglobines’accompagne d’une augmentation <strong>de</strong> signal qui peut atteindrejusqu’à quelques pourcents. Pour que ces faib<strong>le</strong>s variations <strong>de</strong> signalsoient mesurab<strong>le</strong>s, il faut répéter <strong>de</strong> nombreuses fois <strong>le</strong>s tâches d’activationet <strong>de</strong> repos.Pour obtenir cette information, on <strong>de</strong>man<strong>de</strong> au patient d’alterner <strong>de</strong>s pério<strong>de</strong>sd’activité (par exemp<strong>le</strong> bouger <strong>le</strong>s doigts <strong>de</strong> la main droite) avec <strong>de</strong>spério<strong>de</strong>s <strong>de</strong> repos, tout en acquérant <strong>de</strong>s images <strong>de</strong> l'intégralité <strong>du</strong> cerveautoutes <strong>le</strong>s 1,5 à 6 secon<strong>de</strong>s (correspondant à la résolution temporel<strong>le</strong>moyenne classiquement utilisée en recherche). On obtient ainsi unecartographie <strong>de</strong>s zones cérébra<strong>le</strong>s fonctionnel<strong>le</strong>s <strong>du</strong> patient.Imagerie <strong>de</strong> diffusion: L’IRM <strong>de</strong> diffusion explore <strong>le</strong>s micro-mouvements<strong>de</strong>s molécu<strong>le</strong>s d’eau. La diffusion <strong>de</strong> ces molécu<strong>le</strong>s peut être <strong>libre</strong> (commedans <strong>le</strong> LCR) ou restreinte (par <strong>le</strong>s membranes cellulaires, <strong>le</strong>s macromolécu<strong>le</strong>s,<strong>le</strong>s fibres…). El<strong>le</strong> peut s’effectuer dans toutes <strong>le</strong>s directions <strong>de</strong> l’espace(diffusion isotrope) ou <strong>de</strong> façon préférentiel<strong>le</strong> dans une direction donnée(diffusion anisotrope) comme dans <strong>le</strong>s fibres nerveuses. L’acquisition doitêtre répétée avec <strong>de</strong>s gradients orientés dans chacune <strong>de</strong>s 3 directions<strong>de</strong> l’espace.La technique d'imagerie <strong>du</strong> tenseur <strong>de</strong> diffusion est une extension <strong>de</strong>l'IRM <strong>de</strong> diffusion, qui permet <strong>de</strong> quantifier ces mouvements à l’échel<strong>le</strong>microscopique. Cette technique permet <strong>de</strong> visualiser la position, l’orientationet l’anisotropie <strong>de</strong>s faisceaux <strong>de</strong> matière blanche <strong>du</strong> cerveau.En associant une cou<strong>le</strong>ur à chacune <strong>de</strong>s 3 directions <strong>de</strong> l’espace (rouge:gauche-droite; b<strong>le</strong>u: cranio-cauda<strong>le</strong>; vert: antéro-postérieure), on peutcréer une cartographie <strong>de</strong>s faisceaux indiquant <strong>le</strong>urs positions, directionset anisotropies. Des algorithmes <strong>de</strong> «fiber tracking» permettent <strong>de</strong> suivre<strong>le</strong> faisceau sur toute sa longueur, par exemp<strong>le</strong> <strong>du</strong> cortex moteur à lamoel<strong>le</strong> épinière pour <strong>le</strong> faisceau cortico-spinal (qui transmet l’informationmotrice). La localisation <strong>de</strong> tumeurs par rapport aux faisceaux <strong>de</strong> matièreblanche environnants (infiltration, déf<strong>le</strong>ction) est ainsi ren<strong>du</strong>e possib<strong>le</strong>.Références1. Al-Okaili et al., Radiology, 2007; 243 (2):539-550.2. Burtscher IM et al., Am J Neuroradiol, 2000; 21(1):84-93..3. Dowling C. et al., Am J Neuroradiol, 2001; 22:604-6124. Tsuruda et al., Am J Neuroradiol, 1990; 11:925-931.5. Tien R. et al., Am J Roentenol, 1994; 162:671-67.6. Arfanakis et al., Oncol Rep, 2006; 15:1061-1064.7. Law M. et al., Am J Neuroradiol 2003, 24 :1989-1998.8. Spampinato et al., Am J Roentgenol, 2007; 188:204-212.9. Danchaivijitr N. et al., Radiology, 2008; 247:170-178.10.Sunaert et al., Clin N Am, 2001;11:221-236.Figure 2: L’imagerie <strong>de</strong> diffusion Trace (A) montre <strong>le</strong> caractère hypersignal <strong>de</strong> ces lésions correspondant à une diminution <strong>de</strong>s coefficients <strong>de</strong>diffusion, comme <strong>le</strong> confirme la cartographie <strong>de</strong>s coefficients <strong>de</strong> diffusion apparents (B). La cartographie <strong>du</strong> volume sanguin cérébral (rCBV)ne met pas en évi<strong>de</strong>nce d’augmentation <strong>de</strong> rCBV <strong>de</strong>s lésions tumora<strong>le</strong>s par rapport à la substance blanche norma<strong>le</strong> contralatéra<strong>le</strong> (C,D).La courbe <strong>de</strong> signal d’imagerie <strong>de</strong> perfusion T2* en fonction <strong>du</strong> temps démontre une surélévation <strong>de</strong> la ligne <strong>de</strong> base (courbe b<strong>le</strong>ue) au sein <strong>du</strong>tissu tumoral, par rapport à la courbe obtenue au sein <strong>de</strong> la substance blanche norma<strong>le</strong> <strong>du</strong> côté contralatéral (courbe jaune), signant une importanterupture <strong>de</strong> la barrière hémato-encéphalique (E). Cette sémiologie plai<strong>de</strong> en faveur <strong>du</strong> diagnostic <strong>de</strong> lymphome, confirmé par biopsie.N°14 – OCTOBRE-NOVEMBRE-DÉCEMBRE 200945N°14 – OCTOBRE-NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2009


D O S S I E RN E U R O - O N C O L O G I E>>>La chirurgie <strong>de</strong>s tumeurs cérébra<strong>le</strong>sCristo Chaskis, Service <strong>de</strong> Neurochirurgie, CHU <strong>de</strong> Char<strong>le</strong>roicristo.chaskis@chu-char<strong>le</strong>roi.beLa Neurochirurgie constitue la pierre angulaire <strong>du</strong> traitement<strong>de</strong>s tumeurs cérébra<strong>le</strong>s. Sur <strong>le</strong> plan chirurgical, on distingue<strong>le</strong>s tumeurs sur base <strong>de</strong> <strong>le</strong>ur localisation anatomique, intra- ouextra cérébra<strong>le</strong>, communément désignée comme intra- ou extraaxia<strong>le</strong>,et <strong>de</strong> <strong>le</strong>urs caractéristiques anatomopathologiques.Figure 1: Tumeur cérébra<strong>le</strong>primitive intra-axia<strong>le</strong>:Globlastome (OMS gra<strong>de</strong> IV)Figure 2: Tumeur intra-axia<strong>le</strong>:métastases multip<strong>le</strong>s<strong>de</strong> mélanome.Les tumeurs intra-axia<strong>le</strong>s sont représentées principa<strong>le</strong>ment par<strong>le</strong>s gliomes (astrocytomes et oligo<strong>de</strong>ndrogliomes) qui sont <strong>le</strong>stumeurs cérébra<strong>le</strong>s primitives <strong>le</strong>s plus fréquentes; <strong>le</strong>s métastases,<strong>le</strong>s épendymomes, <strong>le</strong>s papillomes <strong>de</strong>s p<strong>le</strong>xus choroï<strong>de</strong>s,<strong>le</strong>s PNET et <strong>le</strong>s neurocytomes centraux sont nettement plusrares. Dans <strong>le</strong>s gliomes, la chirurgie joue un rô<strong>le</strong> fondamentaldans l’établissement d’un diagnostic anatomopathologique etbiomoléculaire précis par la biopsie <strong>de</strong>s zones <strong>le</strong>s plus suspectesen imagerie par résonance et/ou PET scan, et d’autrepart dans l’exérèse la plus complète possib<strong>le</strong> sans in<strong>du</strong>ire toutefois<strong>de</strong> morbidité neurologique supplémentaire. En ré<strong>du</strong>isant<strong>le</strong> volume tumoral, la chirurgie vise à ré<strong>du</strong>ire ou supprimer <strong>le</strong>ssignes neurologiques associés à l’effet <strong>de</strong> masse.En cas <strong>de</strong> lésion profon<strong>de</strong>, on se limite à la biopsie stéréotactiqueguidée par IRM, éventuel<strong>le</strong>ment couplée au PET scan.Figure 4: Principe <strong>de</strong> la biopsie stéréotactique: IRM en conditions stéréotactiqueset fusion <strong>de</strong> l’imagerie par IRM et PET scan pour déterminer la zone <strong>de</strong> biopsieet <strong>le</strong>s coordonnées <strong>de</strong> cel<strong>le</strong>-ci; intervention sous anesthésie loca<strong>le</strong>.La neuronavigation permet la planification virtuel<strong>le</strong> <strong>du</strong> geste chirurgica<strong>le</strong>t <strong>le</strong> guidage opératoire, en intégrant <strong>le</strong>s paramètres neuroanatomiques<strong>de</strong> l’IRM morphologique et <strong>le</strong>s données <strong>de</strong> l’IRMfonctionnel<strong>le</strong> et/ou <strong>du</strong> PET scan. L’exérèse chirurgica<strong>le</strong> influence<strong>de</strong> manière significative <strong>le</strong> pronostic <strong>de</strong>s patients lorsqu’el<strong>le</strong> permetd’en<strong>le</strong>ver plus <strong>de</strong> 95% <strong>de</strong>la tumeur (figure 5).La radicalité <strong>de</strong> l’exérèse peutêtre améliorée par l’administrationd’aci<strong>de</strong> amino-lévulinique(5-ALA) qui in<strong>du</strong>it au niveau <strong>de</strong>scellu<strong>le</strong>s glia<strong>le</strong>s malignes la synthèseet l’accumulation <strong>de</strong>porphyrines, présentant <strong>de</strong> lafluorescence lors <strong>de</strong> l’utilisationd’une source lumineuse ultravio<strong>le</strong>tte.L’imagerie peropératoire parrésonance magnétique nucléairepeut éga<strong>le</strong>ment améliorerFigure 3: Tumeur extra-axia<strong>le</strong>:Méningiome<strong>le</strong> geste chirurgical mais ne peutré<strong>du</strong>ire <strong>le</strong>s risques <strong>de</strong> morbiditéneurologique dans <strong>le</strong>s zones fonctionnel<strong>le</strong>s. Dans <strong>le</strong>s lésionssituées au sein ou à proximité <strong>de</strong> zones éloquentes, seul <strong>le</strong>recours à la chirurgie éveillée avec mapping cortical peropératoirepermet <strong>de</strong> réaliser l’exérèse chirurgica<strong>le</strong> tout en contrôlantl’état neurologique <strong>du</strong>patient.Figure 6: Mapping corticalperopératoire lors d’unechirurgie éveillée:dans <strong>le</strong> cadre d’unastrocytome OMS gra<strong>de</strong> IIfrontal gauche, en avant<strong>de</strong> l’aire <strong>de</strong> Broca.Dans la majorité <strong>de</strong>s cas, l’infiltration tumora<strong>le</strong> microscopiquepersiste sur une profon<strong>de</strong>ur d’environ 2 cm <strong>du</strong> parenchyme cérébralpéri-tumoral. Pour contrô<strong>le</strong>r cette source <strong>de</strong> récidive tumora<strong>le</strong>,diverses techniques sont actuel<strong>le</strong>ment en cours d’investigation.La mise en place d’implants libérant progressivement un agentchimiothérapeutique, la lomustine, n’a pas démontré d’améliorationsignificative <strong>de</strong> la survie <strong>de</strong>s patients. Un traitement par thérapiegénique a démontré <strong>de</strong>s résultats prometteurs en phase IIet fait actuel<strong>le</strong>ment l’objet d’une étu<strong>de</strong> en phase III avec utilisationd’un vecteur adénoviral administré par injection <strong>de</strong>s parois <strong>de</strong> lacavité opératoire en fin d’intervention et visant à infecter <strong>le</strong>s cellu<strong>le</strong>stumora<strong>le</strong>s rési<strong>du</strong>el<strong>le</strong>s, <strong>de</strong> manière à <strong>le</strong>ur transmettre un gène(transfection) afin <strong>de</strong> <strong>le</strong>s rendre sensib<strong>le</strong>s à <strong>de</strong>s substances médicamenteusescomme <strong>le</strong>s antiviraux. Les résultats sont actuel<strong>le</strong>menten attente. Un traitement <strong>de</strong> la récidive loca<strong>le</strong> éga<strong>le</strong>mentévalué <strong>de</strong> manière prospective dans une étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> phase II estla vaccination par cellu<strong>le</strong>s <strong>de</strong>ndritiques pro<strong>du</strong>ites au départ <strong>de</strong>globu<strong>le</strong>s blancs <strong>du</strong> patient et mises en contact avec <strong>le</strong>s cellu<strong>le</strong>s<strong>de</strong> sa tumeur cérébra<strong>le</strong> afin <strong>de</strong> <strong>le</strong>s sensibiliser.La place <strong>de</strong> la chirurgie dans <strong>le</strong>s gliomes récidivants est limitéepar <strong>le</strong> caractère infiltrant et parfois multifocal <strong>de</strong> la récidivetumora<strong>le</strong>, rendant l’exérèse souvent impossib<strong>le</strong>. De plus, lachirurgie seu<strong>le</strong> s’avère toujours insuffisante vu la haute malignité<strong>de</strong>s lésions, avec une survie moyenne <strong>de</strong> 2 mois aprèsla ré-intervention. L’intervention chirurgica<strong>le</strong> n’est donc envisageab<strong>le</strong>que dans <strong>le</strong> cadre <strong>de</strong> protoco<strong>le</strong>s associant éga<strong>le</strong>ment<strong>de</strong>s traitements adjuvants <strong>de</strong> 2 e ou 3 e ligne.Figure 7: Image <strong>de</strong> récidivetumora<strong>le</strong> dans un glioblastomeavec infiltration cérébra<strong>le</strong> diffuse.Les tumeurs extra-cérébra<strong>le</strong>sou extra-axia<strong>le</strong>s sontconstituées principa<strong>le</strong>mentpar <strong>le</strong>s méningiomes, <strong>le</strong>sschwannomes, <strong>le</strong>s adénomeshypophysaires et <strong>le</strong>s métastases.La majorité <strong>de</strong>s méningiomesest localisée au niveau<strong>de</strong> la convexité crânienne maisceux-ci affectent éga<strong>le</strong>mentla base <strong>du</strong> crâne, où ils peuventprésenter un caractèreinfiltrant éga<strong>le</strong>ment dénommé«en plaque». Le traitement <strong>de</strong>ces tumeurs est chirurgical,Figure 5: Principe <strong>du</strong> guidage peropératoirepar neuronavigation: dans <strong>le</strong> cadre d’un astrocytomeanaplasique (OMS III) pariétal gauche attenant à l’aire<strong>de</strong> Wernicke.visant l’exérèse complète dans la majorité <strong>de</strong>s cas, à l’exception<strong>de</strong> certaines lésions infiltrant <strong>le</strong>s parois <strong>de</strong>s sinus veineux ou <strong>de</strong>la base <strong>du</strong> crâne.Figure 8: Images <strong>de</strong> méningiomes respectivement localisésà la base avec hyperostose sévère (a), <strong>de</strong> la convexité pariéta<strong>le</strong> (b),sphéno-temporal avec invasion <strong>du</strong> sinus caverneux gauche (c) et<strong>de</strong> la faulx avec infiltration <strong>du</strong> sinus sagittal supérieur (d).Dans <strong>le</strong>s lésions évolutives, <strong>le</strong> geste chirurgical doit être accompagnéd’un traitement par radiochirurgie (irradiation foca<strong>le</strong> stéréotactiqueen dose unique) ou par radiothérapie foca<strong>le</strong> fractionnée,selon <strong>le</strong> volume à traiter (figure 9).Les schwannomes, tumeurs développées au départ <strong>de</strong>s cellu<strong>le</strong>sassurant l’isolation <strong>de</strong>s nerfs crâniens, concernent principa<strong>le</strong>mentla branche vestibulaire <strong>du</strong> nerf acoustique, et plus rarement<strong>le</strong> nerf trijumeau et <strong>le</strong>s nerfs mixtes. Actuel<strong>le</strong>ment, <strong>le</strong>slésions <strong>de</strong> tail<strong>le</strong> inférieure à 3 cm et n’occasionnant pas d’effet<strong>de</strong> masse sur <strong>le</strong> tronc cérébral sont traitées préférentiel<strong>le</strong>mentpar radiochirurgie, seu<strong>le</strong>s <strong>le</strong>s lésions présentant un volumetumoral plus important étant abordées chirurgica<strong>le</strong>ment.>>>N°14 – OCTOBRE-NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2009 67N°14 – OCTOBRE-NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2009


D O S S I E RN E U R O - O N C O L O G I E>>>PTEN intact 17 . De nouveaux inhibiteurs <strong>de</strong> l’EGFR, plus efficaces,utilisés en combinaison avec <strong>de</strong>s agents ciblés, agissant auniveau d'autres molécu<strong>le</strong>s importantes dans la biologie <strong>de</strong>sgliomes (tels que <strong>le</strong> PI3K, mTOR, oncogène MET) seront étudiésdans un futur proche.Les stratégies <strong>de</strong> vaccination, par cellu<strong>le</strong>s <strong>de</strong>ndritiques autologuesou par vaccin par pepti<strong>de</strong> anti-EGFRvIII, restent encoreau sta<strong>de</strong> expérimental, tout comme la thérapie génique maissont toutes <strong>de</strong>ux porteuses d’espoir pour <strong>le</strong> traitement <strong>de</strong>spatients souffrant <strong>de</strong> gliomes.■RéférencesA<strong>le</strong>x Michotte, Services <strong>de</strong> Neurologie et d’Anatomie pathologique(Neuropathologie), UZ BrusselA<strong>le</strong>x.michotte@uzbrussel.beLa classification <strong>de</strong>s tumeurs <strong>du</strong> système nerveux central(SNC) selon <strong>le</strong>s critères <strong>de</strong> l’Organisation Mondia<strong>le</strong> <strong>de</strong> laSanté (OMS) a comme principal mérite d’être acceptée et utiliséeuniversel<strong>le</strong>ment. Cette classification distingue <strong>le</strong>s tumeursselon <strong>le</strong>ur(s) cellu<strong>le</strong>(s) d’origine supposée(s). Le diagnostic histologiqueprécis d’une tumeur <strong>du</strong> SNC constitue en effet l’élémentessentiel permettant <strong>de</strong> formu<strong>le</strong>r un pronostic et <strong>de</strong> choisirl’option thérapeutique la plus appropriée. Des critères histopathologiquesclairs sont nécessaires pour réaliser <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>sépidémiologiques et <strong>de</strong>s essais thérapeutiques multicentriques.Les gliomes représentent <strong>le</strong> groupe <strong>le</strong> plus important, comprenant<strong>le</strong>s astrocytomes, <strong>le</strong>s oligo<strong>de</strong>ndrogliomes, <strong>le</strong>s oligo-astrocytomes,<strong>le</strong>s épendymomes, <strong>le</strong>s tumeurs <strong>du</strong> p<strong>le</strong>xus choroï<strong>de</strong>, <strong>le</strong>stumeurs neurona<strong>le</strong>s et embryonnaires (entre autre <strong>le</strong> mé<strong>du</strong>lloblastome).El<strong>le</strong> comprend éga<strong>le</strong>ment <strong>le</strong>s tumeurs issues <strong>de</strong>sméninges (méningiomes), <strong>de</strong>s nerfs crâniens et racines nerveuses(neurinomes, neurofibromes), <strong>le</strong>s tumeurs <strong>de</strong> la région sellaire,<strong>le</strong>s tumeurs germinatives, <strong>le</strong>s lymphomes primitifs <strong>du</strong> SNC et <strong>le</strong>stumeurs secondaires (métastases).Cette classification attribue aux tumeurs un gra<strong>de</strong> <strong>de</strong> malignité(grading) permettant <strong>de</strong> se prononcer sur <strong>le</strong> comportementbiologique <strong>de</strong> la tumeur. Quatre gra<strong>de</strong>s sont définis selon <strong>de</strong>scritères histopathologiques simp<strong>le</strong>s.Les tumeurs <strong>de</strong> gra<strong>de</strong>s 1 et 2, dites <strong>de</strong> bas gra<strong>de</strong> sont <strong>de</strong>stumeurs bien différenciées à croissance <strong>le</strong>nte. Cel<strong>le</strong>s <strong>de</strong> gra<strong>de</strong> 1sont généra<strong>le</strong>ment bien circonscrites et <strong>le</strong>ur traitement chirurgicalpeut dans certains cas être curatif.Les lésions <strong>de</strong> gra<strong>de</strong> 2 sont diffuses, rendant souvent une exérèsetota<strong>le</strong> impossib<strong>le</strong>, avec risque <strong>de</strong> récidive. Une autre <strong>de</strong><strong>le</strong>urs caractéristiques est <strong>le</strong>ur transformation en lésion <strong>de</strong> hautgra<strong>de</strong> (3 ou 4).Les lésions <strong>de</strong> gra<strong>de</strong> 3-4 se caractérisent histologiquement par<strong>de</strong>s foyers d’anaplasie présentant une activité mitotique plusé<strong>le</strong>vée et donc une croissance plus rapi<strong>de</strong>, avec présence au sein1. Brada M. et al., Ann Oncol, 2001. 12(2): p. 259-66.2. Yung W.K. et al., Br J Cancer, 2000. 83(5): p. 588-93.3. Yung W.K. et al., J Clin Oncol, 1999. 17(9): p. 2762-71.4. Bran<strong>de</strong>s A.A. et al., Ann Oncol, 2001. 12(2): p. 255-7.5. Osoba D. et al., J Clin Oncol, 2000. 18(7): p. 1481-91.6. Jenkins R.B et al., Cancer Res, 2006. 66(20): p. 9852-61.7. Cairncross G. et al., J Clin Oncol, 2006. 24(18): p. 2707-14.8. van <strong>de</strong>n Bent M.J. et al., J Clin Oncol, 2006. 24(18): p. 2715-22.9. Stupp et al., The Lancet Oncology, 2009: 459-66.10.Sadones J. et al., Eur J Cancer, 2008.11.Neyns B. et al., Cancer Invest, 2008. 26(3): p. 26.12.Bran<strong>de</strong>s A.A. et al., Br J Cancer, 2006. 95(9): p. 1155-60.13.Hegi M.E. et al., J Clin Oncol, 2008. 26(25): p. 4189-99.14.Vre<strong>de</strong>nburgh J.J. et al., Clin Cancer Res, 2007. 13(4): p. 1253-9.15.Batchelor, T.T. et al., Cancer Cell, 2007. 11(1): p. 83-95.16.Reardon D.A. et al., Expert Opin Investig Drugs, 2008. 17(8): p. 1225-35,17.Mellinghoff I.K. et al., N Engl J Med, 2005. 353(19): p. 2012-24.<strong>de</strong>s lésions <strong>de</strong> gra<strong>de</strong> 4 <strong>de</strong> foyers <strong>de</strong> nécrose et d’une proliférationendothélia<strong>le</strong>. Ces <strong>de</strong>ux <strong>de</strong>rniers critères histologiques neconstituent cependant pas <strong>de</strong>s marqueurs absolus <strong>de</strong> malignitéet peuvent se rencontrer occasionnel<strong>le</strong>ment au sein <strong>de</strong> tumeurs<strong>de</strong> bas gra<strong>de</strong> tels <strong>le</strong>s astrocytomes pilocytiques ou <strong>le</strong>s méningiomes.Le prototype <strong>de</strong> la tumeur glia<strong>le</strong> <strong>de</strong> gra<strong>de</strong> 4 est <strong>le</strong> glioblastome,constituant environ 20% <strong>de</strong>s tumeurs cérébra<strong>le</strong>s primaires, avecune survie moyenne d’un an. Les tumeurs <strong>de</strong> gra<strong>de</strong> 3 peuventprésenter un caractère anaplasique d’emblée ou être issues<strong>de</strong> la transformation anaplasique d’une tumeur <strong>de</strong> bas gra<strong>de</strong>.Certains critères cliniques et thérapeutiques peuvent éga<strong>le</strong>mentinfluencer la survie tels l’âge <strong>du</strong> patient, l’état clinique au moment<strong>du</strong> diagnostic, certaines caractéristiques radiologiques, l’éten<strong>du</strong>e<strong>de</strong> la résection chirurgica<strong>le</strong> et l’effet <strong>de</strong>s traitements complémentaires(radiothérapie, chimiothérapie).Au fil <strong>du</strong> temps et <strong>de</strong>s éditions successives, la classification <strong>de</strong>l’OMS a incorporé <strong>de</strong> nouvel<strong>le</strong>s entités histologiques et <strong>de</strong> nouvel<strong>le</strong>svariantes, comme <strong>le</strong> gliome angiocentrique, la tumeur glioneurona<strong>le</strong>papillaire, la tumeur glioneurona<strong>le</strong> <strong>du</strong> 4 e ventricu<strong>le</strong>formant <strong>de</strong>s rosettes, <strong>le</strong> pituicytome et <strong>le</strong> «spind<strong>le</strong> cell» oncocytome<strong>de</strong> l’adénohypophyse (gra<strong>de</strong> 1), <strong>le</strong> neurocytome extraventriculaireet la forme atypique <strong>du</strong> papillome <strong>du</strong> p<strong>le</strong>xus choroï<strong>de</strong>(gra<strong>de</strong> 2), la tumeur papillaire <strong>de</strong> la région pinéa<strong>le</strong> (gra<strong>de</strong> 2-3).Malgré <strong>le</strong> fait que la classification histologique et <strong>le</strong> grading reposentsur <strong>de</strong>s critères définis, l’établissement d’un diagnostic précispeut s’avérer diffici<strong>le</strong>, même pour <strong>de</strong>s neuropathologistesexpérimentés, <strong>du</strong> fait <strong>du</strong> caractère qualitatif et non quantitatif<strong>de</strong>s critères proposés. Le diagnostic présente un caractère subjectifet donc variab<strong>le</strong> d’un pathologiste à l’autre, classiquementillustré par <strong>le</strong>s problèmes <strong>de</strong> distinction entre une tumeur glia<strong>le</strong>diffuse <strong>de</strong> gra<strong>de</strong> 2 et la transition vers une forme anaplasique(gra<strong>de</strong> 3). La présence <strong>de</strong> mitoses reste déterminante pourdépartager <strong>le</strong>s gra<strong>de</strong>s 2 et 3, mais <strong>le</strong> nombre minimal néces-saire n’est pas clairement défini. Un autre exemp<strong>le</strong> est celuid’une tumeur oligo<strong>de</strong>ndroglia<strong>le</strong> présentant <strong>de</strong> nombreusesmitoses, <strong>de</strong>s foyers <strong>de</strong> nécrose et <strong>de</strong>s signes <strong>de</strong> proliférationendothélia<strong>le</strong> marquée qui sera considéré par certains pathologistescomme un oligo<strong>de</strong>ndrogliome anaplasique (gra<strong>de</strong> 3)et par d’autres comme un glioblastome avec différentiationoligo<strong>de</strong>ndroglia<strong>le</strong> (gra<strong>de</strong> 4) (Figures 1, 2, 3).On a i<strong>de</strong>ntifié au cours <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>rnières années l’impact <strong>de</strong>certaines altérations génétiques sur <strong>le</strong> pronostic. La biologiemoléculaire s’avère d’une importance croissante pouvantai<strong>de</strong>r au meil<strong>le</strong>ur classement <strong>de</strong> certains cas. De nombreusesFigure 1: Astrocytome fibrillaire <strong>de</strong> gra<strong>de</strong> 2. Trichrome <strong>de</strong> Massonx 100: <strong>de</strong>nsité cellulaire faib<strong>le</strong>, atypies nucléaires, pas <strong>de</strong> mitoses,petite calcification (flêche).Figure 2: Astrocytome anaplasique (gra<strong>de</strong> 3). HE x 200.Foyer anaplasique: <strong>de</strong>nsité cellulaire et in<strong>de</strong>x mitotique é<strong>le</strong>vé.Figure 3: Glioblastome (gra<strong>de</strong> 4). HE x 200. Tumeur hypercellulaire,polymorphisme cellulaire et nucléaire, activité mitotique é<strong>le</strong>vée,nécrose (N) avec pseudopallissa<strong>de</strong> périnécrotique (PP), proliférationendothélia<strong>le</strong> (PE).altérations génétiques, tel<strong>le</strong>s <strong>de</strong>s amplifications et <strong>de</strong>s délétions,ont été i<strong>de</strong>ntifiées, dans la genèse <strong>de</strong> certaines tumeurset dans la transformation maligne <strong>de</strong> certaines d’entre el<strong>le</strong>s.Certains marqueurs génétiques se sont révélés uti<strong>le</strong>s tant sur<strong>le</strong> plan diagnostique que pronostique. L’amplification <strong>du</strong> gèneEGFR est observée dans 40 à 50% <strong>de</strong>s glioblastomes et dans10% <strong>de</strong>s astrocytomes anaplasiques. Des mutations <strong>de</strong> l’EGFRsont rencontrées dans environ 40% <strong>de</strong>s glioblastomes, lavariante III étant la plus fréquente retrouvée dans 20 à 50%<strong>de</strong>s glioblastomes associés à une amplification <strong>du</strong> gène EGFR.Ces mutations ne possè<strong>de</strong>nt toutefois pas <strong>de</strong> va<strong>le</strong>ur pronostiquedans <strong>le</strong>s glioblastomes mais laissent présager un mauvaispronostic dans <strong>le</strong>s astrocytomes anaplasiques, comparab<strong>le</strong> àcelui <strong>de</strong>s glioblastomes. La recherche d’une amplification EGFRpeut donc ai<strong>de</strong>r à différencier <strong>le</strong>s astrocytomes anaplasiques<strong>de</strong>s glioblastomes.Dans <strong>le</strong>s oligo<strong>de</strong>ndrogliomes, une codélétion <strong>de</strong>s chromosomes1p et 19q causée par une translocation 19p-1q est l’altérationgénétique la plus fréquente, contrairement aux astrocytomes quisont fréquemment <strong>le</strong> siège <strong>de</strong> mutations <strong>du</strong> gène p53. Il a étéclairement démontré que tous <strong>le</strong>s patients atteints d’un oligo<strong>de</strong>ndrogliome<strong>de</strong> gra<strong>de</strong> 2 ou 3 présentant une codélétion 1p/19qrépon<strong>de</strong>nt favorab<strong>le</strong>ment tant à la chimiothérapie par PCV (procarbazine,lomustine et vincristine) et temozolomi<strong>de</strong> qu’à la radiothérapie.En revanche, la réponse à la chimiothérapie ne dépassepas <strong>le</strong>s 25% chez <strong>le</strong>s patients sans cette altération génétique.La recherche d’une codélétion 1p/19q peut donc ai<strong>de</strong>r à i<strong>de</strong>ntifier<strong>le</strong>s patients sensib<strong>le</strong>s à la chimiothérapie. Un autre marqueurprometteur est <strong>le</strong> MGMT (O6-methyl-guanidine-DNA-methyltransferase),une enzyme réparatrice assurant <strong>le</strong> maintien <strong>de</strong>l’intégrité <strong>de</strong> l’ADN. El<strong>le</strong> protège <strong>le</strong>s cellu<strong>le</strong>s tumora<strong>le</strong>s contrel’effet d’agents alkylants (BCNU) et méthylants (TMZ, procarbazine).Selon une étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’EORTC, cette protection décou<strong>le</strong><strong>de</strong> la présence <strong>de</strong> la forme non méthylée <strong>de</strong> l’enzyme. Lespatients porteurs d’un gène promoteur <strong>de</strong> la MGMT méthylé,semb<strong>le</strong>nt mieux bénéficier <strong>de</strong> l’effet combiné <strong>de</strong> la radiothérapieet <strong>de</strong> la chimiothérapie. En cas <strong>de</strong> confirmation par d’autresétu<strong>de</strong>s, l’intro<strong>du</strong>ction <strong>du</strong> test dans la routine clinique permettrait<strong>de</strong> sé<strong>le</strong>ctionner parmi <strong>le</strong>s patients atteints d’un glioblastome ceuxqui pourraient bénéficier d’une radiothérapie avec chimiothérapiecombinée. Un autre exemp<strong>le</strong> d’application pratique <strong>de</strong> la biologiemoléculaire est l’examen immuno histochimique démontrantl’inactivation <strong>du</strong> gène suppresseur <strong>de</strong> tumeursINI-1 (locushSNF5/SMARCB1 sur <strong>le</strong> chromosome 22q11.2) permettantd’appuyer <strong>le</strong> diagnostic d’une tumeur rhabdoï<strong>de</strong>/tératoï<strong>de</strong> atypique,tumeur maligne rare <strong>de</strong> l’enfant.Il est clair que <strong>le</strong>s progrès récents en biologie moléculaire et <strong>le</strong>savancées à prévoir dans un avenir proche joueront un rô<strong>le</strong> <strong>de</strong>plus en plus important dans la classification <strong>de</strong>s tumeurs cérébra<strong>le</strong>set dans <strong>le</strong>ur traitement.■RéférencesLouis DN et al., Acta Neuropathol 2007, 114: 97-109.Van <strong>de</strong>n Bent MJ et al., J Neuropathol Exp Neurol 2007, 66 (12): 1074-1081.Scheithauer BW et al., Brain Pathology 2008, 18: 307-316.The WHO classification of tumours of the central nervous system4 th Edition, edited by Louis DN, Ohgaki H, Wiest<strong>le</strong>r OD, Cavenee WK.IARC, Lyon, 2007.N°14 – OCTOBRE-NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2009 1011N°14 – OCTOBRE-NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2009


D O S S I E RN E U R O - O N C O L O G I ELe rô<strong>le</strong> <strong>de</strong> la radiothérapiedans <strong>le</strong> traitement <strong>de</strong>s tumeursintracrâniennesDaniel Devriendt, Service <strong>de</strong> Radiothérapie, Institut Ju<strong>le</strong>s Bor<strong>de</strong>t;Centre Gamma Knife <strong>de</strong> l’ULB, Hopital Erasmedaniel.<strong>de</strong>vriendt@ulb.ac.beLes tumeurs intracrâniennes (TI) se composent 1° <strong>de</strong>s tumeursprimitives <strong>du</strong> cerveau qui forment un ensemb<strong>le</strong> hétérogènedécrit par ail<strong>le</strong>urs dans ce numéro <strong>de</strong> JCancer et 2° <strong>de</strong>s métastasescérébra<strong>le</strong>s.Les tumeurs primitivesVu <strong>le</strong>urs gran<strong>de</strong>s hétérogénéités, un même algorithme thérapeutiquene peut être appliqué à l’ensemb<strong>le</strong> <strong>de</strong>s TI. Les traitements<strong>de</strong>vront tenir compte <strong>du</strong> rapport bénéfices/effets secondairesà court et à moyen terme. Classiquement, <strong>le</strong>s traitements reposentsur la chirurgie, la chimiothérapie et la radiothérapie.La chirurgie et la chimiothérapie ont été exposées par ChristoChaskis et Bart Neyns pages 6 et 9 respectivement <strong>de</strong> ce dossierNeuro-oncologie.La radiothérapie (RT) est <strong>le</strong> troisième pilier thérapeutique. El<strong>le</strong>s’adresse à la plupart <strong>de</strong>s tumeurs malignes ainsi qu’aux tumeursbénignes évolutives après une chirurgie optima<strong>le</strong> ou résistantesaux anti-épi<strong>le</strong>ptiques.Lorsque la décision d’une radiothérapie est prise, sa mise en applicationcomprend plusieurs étapes. La prise en charge au simulateur,<strong>de</strong>stinée à confectionner un masque <strong>de</strong> contention, a pourbut <strong>de</strong> mettre <strong>le</strong>s repères correspondant aux volumes à irradieret <strong>de</strong> permettre la repro<strong>du</strong>ctibilité <strong>de</strong>s divers champs d’irradiation;el<strong>le</strong> est suivie <strong>de</strong> la délimitation, sur <strong>le</strong> scanner <strong>de</strong> dosimétrie, <strong>de</strong>svolumes à irradier ainsi que <strong>de</strong>s volumes à protéger (<strong>le</strong>s voiesoptiques, <strong>le</strong> tronc cérébral, <strong>le</strong>s glan<strong>de</strong>s paroti<strong>de</strong>s, <strong>le</strong>s yeux…).Figure 1: Exemp<strong>le</strong> d’une radiothérapie cérébra<strong>le</strong> in toto (RTC).Le volume rouge correspond au cerveau <strong>du</strong> patient qui est traité.Le contour jaune en escalier correspond aux lames qui ont pour but<strong>de</strong> bloquer <strong>le</strong>s rayons et <strong>de</strong> protéger <strong>de</strong>s structures comme<strong>le</strong>s yeux (volume vert).Les volumes irradiés prennent en compte <strong>le</strong> volume macroscopique(Gross Tumor Volume-GTV) pour couvrir <strong>le</strong> bourgeon tumoralainsi qu’une couronne <strong>de</strong> 2 à 3 cm pour couvrir <strong>le</strong>s cellu<strong>le</strong>stumora<strong>le</strong>s isolées, invasives (Clinical Tumor Volume-CTV) etenfin 5 à 7 mm pour l’imprécision <strong>de</strong>s placements. On par<strong>le</strong> alorsd’une radiothérapie «focalisée» sur <strong>le</strong> processus tumoral et doncd’une radiothérapie «partiel<strong>le</strong>» <strong>du</strong> cerveau.Ce volume peut s’étendre à l’encépha<strong>le</strong> dans sa totalité pour <strong>le</strong>smétastases cérébra<strong>le</strong>s ainsi qu’à «l’axe crânio-spinal» qui englobel’encépha<strong>le</strong> in toto et tout l’axe mé<strong>du</strong>llaire (couvrant ainsi tout<strong>le</strong> liqui<strong>de</strong> céphalo-rachidien) pour <strong>le</strong>s tumeurs à haut potentielmétastatique comme <strong>le</strong>s mé<strong>du</strong>lloblastomes et <strong>le</strong>s épendymomesanaplasiques (surtout <strong>du</strong> cerve<strong>le</strong>t).La dose varie selon <strong>le</strong>s pathologies traitées. Par exemp<strong>le</strong>, dans<strong>le</strong>s gliomes <strong>de</strong> haut gra<strong>de</strong> <strong>de</strong> malignité, la dose tota<strong>le</strong> est <strong>de</strong>60 Gy avec <strong>de</strong>s fractions <strong>de</strong> 1,8 à 2 Gy quotidiennes étalées surune pério<strong>de</strong> tota<strong>le</strong> <strong>de</strong> 6 à 6,5 semaines (30 x 2 ou 33 x 1,8 Gy).Pour <strong>le</strong>s métastases cérébra<strong>le</strong>s, <strong>le</strong> schéma <strong>le</strong> plus répan<strong>du</strong> est<strong>de</strong> 30 Gy avec <strong>de</strong>s fractions quotidiennes <strong>de</strong> 3 Gy étalées sur2 semaines (10 x 3 Gy).La RT a pour but <strong>de</strong> traiter <strong>de</strong> manière optima<strong>le</strong> <strong>le</strong> volume tumoralmais aussi <strong>de</strong> limiter au mieux <strong>le</strong>s doses aux divers tissussains <strong>de</strong> voisinage: <strong>le</strong>s isodoses <strong>de</strong> rayons vont prendre la forme<strong>de</strong> la tumeur qui est définie comme une RT conformationnel<strong>le</strong>(dosimétrie en 3 dimensions). Grâce aux progrès <strong>de</strong> l’imagerie(IRM, Pet scan…), aux possibilités <strong>de</strong> <strong>le</strong>s fusionner, aux algorithmes<strong>de</strong> calcul <strong>de</strong>s plannings <strong>de</strong> dosimétrie, il est possib<strong>le</strong>d’éviter au mieux <strong>le</strong> tissu sain. La radiothérapie en mo<strong>du</strong>lationd’intensité permet éga<strong>le</strong>ment d’atteindre cet objectif.Ces techniques <strong>de</strong> traitement peuvent être réalisées par <strong>de</strong>saccélérateurs linéaires classiques munis <strong>de</strong> multilames qui permettent<strong>de</strong> s’adapter à la forme <strong>de</strong> la cib<strong>le</strong> (GTV) en incluant unvolume <strong>de</strong> sécurité pour la maladie microscopique (CTV).D’autres appareils permettent <strong>de</strong> réaliser ce type <strong>de</strong> radiothérapie:<strong>le</strong> «Novalis» qui est accélérateur linéaire modifié; la Tomothérapiehélicoïda<strong>le</strong> et <strong>le</strong> Cyberknife.Dans <strong>le</strong>s gliomes malins, la RT suit généra<strong>le</strong>ment la chirurgie etest généra<strong>le</strong>ment focalisée. Le schéma <strong>le</strong> plus classique délivreune dose quotidienne à raison <strong>de</strong> 5 séances par semaine <strong>du</strong>rant5 à 6 semaines. La dose tota<strong>le</strong> nécessaire varie généra<strong>le</strong>ment <strong>de</strong>45 à 54 Gy pour <strong>le</strong>s tumeurs bénignes (bas gra<strong>de</strong>) et <strong>de</strong> 60 Gypour <strong>le</strong>s tumeurs malignes (haut gra<strong>de</strong>). À ces doses, <strong>le</strong> risque<strong>de</strong> radionécrose est très faib<strong>le</strong>.Plusieurs étu<strong>de</strong>s cliniques ont démontré que la chirurgie suivied’une RT peut être considérée comme <strong>le</strong> traitement standard<strong>de</strong>s gliomes malins. Les résultats obtenus après RT seu<strong>le</strong> sontmo<strong>de</strong>stes et l’association RT et chimiothérapie a été testée dansplusieurs étu<strong>de</strong>s. Une seu<strong>le</strong> a démontré que, dans <strong>le</strong>s glioblastomes(et probab<strong>le</strong>ment dans <strong>le</strong>s astrocytomes anaplasiques), <strong>le</strong>traitement concomitant associant la RT et <strong>le</strong> témozolomi<strong>de</strong> estsupérieur à la RT seu<strong>le</strong> en termes <strong>de</strong> survie médiane et <strong>de</strong> survieà 1 et 2 ans. Un sous-groupe <strong>de</strong> patients, dont <strong>le</strong> gène MGMTest méthylé,est plus sensib<strong>le</strong> au témozolomi<strong>de</strong>.Pour <strong>le</strong>s tumeurs au potentiel métastatique connu comme <strong>le</strong>smé<strong>du</strong>lloblastomes, <strong>le</strong>s épendymomes anaplasiques (surtout <strong>de</strong>la fosse postérieure) et pour certaines tumeurs germina<strong>le</strong>s, laRT est parfois éten<strong>du</strong>e à tout l’axe crânio-spinal.La prise en charge <strong>de</strong>s tumeurs bénignes est moins codifiée etla RT n’est indiquée que si <strong>le</strong>s signes neurologiques et <strong>le</strong>s symptômesne sont pas améliorés après chirurgie et/ou traitementmédicamenteux. Une chimiothérapie est indiquée pour <strong>le</strong>s oligo<strong>de</strong>ndrogliomessurtout si une délétion <strong>de</strong>s chromosomes 1p/19qest mise en évi<strong>de</strong>nce sur la pièce opératoire.La radiochirurgie (RC) est une technique d’irradiation où laconvergence <strong>de</strong> multip<strong>le</strong>s faisceaux concentre la dose dans<strong>de</strong> petits volumes (idéa<strong>le</strong>ment < 3 cm) bien circonscrits. La RCest délivrée en une seu<strong>le</strong> séance, en condition stéréotaxique,permettant <strong>de</strong> définir la position d'une structure grâce à un système<strong>de</strong> coordonnées dans l'espace. Son objectif est la protectionmaxima<strong>le</strong> <strong>du</strong> tissu <strong>de</strong> voisinage.La plupart <strong>de</strong>s lésions traitées sont bénignes et, parmi <strong>le</strong>s tumeursmalignes, la métastase cérébra<strong>le</strong> constitue la cib<strong>le</strong> idéa<strong>le</strong>.Les métastases cérébra<strong>le</strong>sLa fréquence <strong>de</strong>s métastases céré’'un <strong>cancer</strong> généralisé. Ils’agit <strong>le</strong> plus souvent <strong>de</strong> <strong>cancer</strong>s pulmonaires (40-50%), <strong>de</strong> <strong>cancer</strong>smammaires (~15 %) et <strong>de</strong> mélanomes (~10%),Le traitement <strong>de</strong>s MC repose sur la chirurgie, la RT, la radiochirurgieet la chimiothérapie. En l’absence <strong>de</strong> traitement, lasurvie médiane est <strong>de</strong> 1 mois; el<strong>le</strong> doub<strong>le</strong> avec un traitementaux corticoï<strong>de</strong>s. La RT conventionnel<strong>le</strong>, quel que soit <strong>le</strong> fractionnementutilisé, permet <strong>de</strong>s survies médianes <strong>de</strong> 4 à 6 mois etl’association chirurgie et RT doub<strong>le</strong> cette survie avec une médiane<strong>de</strong> l’ordre <strong>de</strong> 10 à 12 mois.La RT seu<strong>le</strong> s’adresse généra<strong>le</strong>ment aux patients avec <strong>de</strong> multip<strong>le</strong>sMC surtout si la maladie systémique est évolutive. Lefractionnement <strong>le</strong> plus utilisé est <strong>de</strong> 30 Gy répartis sur 10 séanceset 2 semaines <strong>de</strong> traitementLa radiochirurgie est particulièrement indiquée dans <strong>le</strong>s métastasescérébra<strong>le</strong>s, on peut l’administrer en cas <strong>de</strong> récidive postradiothérapieconventionnel<strong>le</strong>, l’associer d’emblée à la RT (boost),ou encore la donner directement en première ligne. El<strong>le</strong> peutmême être proposée à <strong>de</strong>s patients qui ont été préalab<strong>le</strong>mentirradiés et répétée plusieurs fois.Cette technique offre <strong>le</strong>s avantages d’une courte <strong>du</strong>rée d’hospitalisation,<strong>de</strong> pouvoir traiter plusieurs MC <strong>le</strong> même jour, d’avoirun taux <strong>de</strong> complication très faib<strong>le</strong> et une efficacité équiva<strong>le</strong>nte àune chirurgie suivi <strong>de</strong> RT.Le Basic Score of Brain Metastases, dérivé <strong>de</strong> la présence <strong>de</strong> troisfacteurs pronostiques favorab<strong>le</strong>s, a montré, sur 263 patients avecplus <strong>de</strong> 700 MC traitées par Gamma Knife, que <strong>le</strong>s survies médianesvarient selon la va<strong>le</strong>ur <strong>du</strong> score <strong>de</strong> 20 mois (3 facteursprésents) vs 11 mois (2 facteurs) vs 6 mois (1 facteur) et enfin 3mois dans <strong>le</strong> plus mauvais groupe sans facteur <strong>de</strong> bon pronostic.Les patients présentant une tumeur cérébra<strong>le</strong> ont un pronosticsombre. Leur seu<strong>le</strong> chance <strong>de</strong> meil<strong>le</strong>ure survie est une approchestructurée en terme <strong>de</strong> diagnostic et <strong>de</strong>s traitement <strong>le</strong>s plus appropriésà <strong>le</strong>ur pathologie et délivrés selon <strong>le</strong>s meil<strong>le</strong>urs standards. ■Les données cliniques <strong>de</strong> cet artic<strong>le</strong> sont, en partie, fondées sur<strong>le</strong>s références bibliographiques suivantes:Walker MD. et al., J Neurosurg,1978; 49:333-43.Keine-Guibert F et al., N Engl J Med, 2007; 356:1527-35.Roa W et al., J Clin Oncol, 2004; 22:1583-8.Stupp R et al., N Engl J Med, 2005; 352:987-96.Mirimanoff RO et al., J Clin Oncol, 2006; 24:2563-9.Andrews DW et al., The Lancet, 2004; 363:1665-72.Aoyama H et al., JAMA, 2006; 295:2483-91.Figure 2: Illustration d’un traitement par Gamma Knife<strong>de</strong> MC multip<strong>le</strong>s (6 flèches blanches visib<strong>le</strong>s en vue sagitta<strong>le</strong>)<strong>du</strong>rant la même séance <strong>de</strong> RC.Figure 3: Illustration d’une MC (encadré rouge) d’un <strong>cancer</strong> pulmonaireprésentant une radionécrose asymptomatique à 6 mois <strong>du</strong> GammaKnife, d’évolution spontanément favorab<strong>le</strong> à 16 mois <strong>du</strong> traitement.Figure 4: Exemp<strong>le</strong> d’une métastase cérébra<strong>le</strong> (flèche rouge)d’un mélanome traité par Gamma Knife. Par la suite, il y a unedisparition <strong>de</strong> la prise contraste qui persiste sur <strong>le</strong> <strong>de</strong>rnier contrô<strong>le</strong>réalisé à 100 mois (> 9 ans) <strong>du</strong> traitement radiochirurgical illustrantun excel<strong>le</strong>nt contrô<strong>le</strong> local à très long terme.N°14 – OCTOBRE-NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2009 1213N°14 – OCTOBRE-NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2009


R E C H E R C H EF O N D A M E N T A L ELes fon<strong>de</strong>ments<strong>de</strong> la cancérisation:quelques implicationspour <strong>le</strong>s traitementsBassam Badran, Arsène Burny, Laboratoire d’Hématologie expérimenta<strong>le</strong>et Céline Mascaux, Service d’Oncologie thoracique, Institut Ju<strong>le</strong>s Bor<strong>de</strong>tbbadran@ulb.ac.beLes différentes cellu<strong>le</strong>s <strong>de</strong> nos organes se développent à partir<strong>de</strong> cellu<strong>le</strong>s mères peu différenciées (cellu<strong>le</strong>s souches) qui subissent<strong>de</strong>s modifications successives pour acquérir <strong>le</strong>s caractéristiquesspécifiques <strong>de</strong> <strong>le</strong>ur fonction <strong>de</strong> cellu<strong>le</strong>s différenciées:constituer <strong>de</strong>s vaisseaux, pro<strong>du</strong>ire <strong>de</strong>s molécu<strong>le</strong>s d’anticorps,phagocyter <strong>de</strong>s bactéries, … Après une pério<strong>de</strong> d’activité <strong>de</strong>longueur variab<strong>le</strong> d’après <strong>le</strong> type cellulaire, <strong>de</strong>s heures, <strong>de</strong>s jours,<strong>de</strong>s années, … la cellu<strong>le</strong> <strong>du</strong> bout <strong>de</strong> lignage, cel<strong>le</strong> qui travail<strong>le</strong>,cesse son activité et entre en sénescence. La sénescence, pério<strong>de</strong><strong>de</strong> transition, précè<strong>de</strong> la mort cellulaire, el<strong>le</strong> peut <strong>du</strong>rer plusieursmois et se caractérise par l’absence <strong>de</strong> nouvel<strong>le</strong>s divisionscellulaires.Les cellu<strong>le</strong>s cancéreuses n’entrent pas en sénescence, el<strong>le</strong>s bifurquentvers l’immortalité et peuvent être cancéreuses dès <strong>le</strong> sta<strong>de</strong><strong>de</strong> cellu<strong>le</strong>s souches. Les cellu<strong>le</strong>s cancéreuses sont immortel<strong>le</strong>s.De nombreuses altérations <strong>du</strong> matériel génétique ou <strong>de</strong> sa régulationd’expression peuvent con<strong>du</strong>ire à l’état cancéreux. L’immortalisationest la première étape vers la cancérisation.Les cellu<strong>le</strong>s sénescentes expriment <strong>le</strong>s marqueurs β-galactosidaseà pH6. D’autres marqueurs <strong>de</strong> la sénescence incluent<strong>le</strong>s inhibiteurs <strong>de</strong> kinases p16 et p21 (kinases importantes dansla progression <strong>du</strong> cyc<strong>le</strong> cellulaire; dans <strong>le</strong> cadre <strong>de</strong> cet artic<strong>le</strong>,<strong>le</strong>s kinases sont <strong>de</strong>s enzymes qui phosphory<strong>le</strong>nt certains aci<strong>de</strong>saminés sur la protéine substrat), l’inhibiteur <strong>de</strong> l’activateur <strong>du</strong>plasminogène (PAI-1), l’histone H2A phosphorylée, et <strong>le</strong>s kinasesCHK1 (pour checkpoint 1 kinase, agissant sur une protéine<strong>de</strong> la phase G2) et CHK2 (pour checkpoint 2 kinase, agissantsur une protéine <strong>de</strong> la phase G1) activées, bloquant <strong>le</strong> cyc<strong>le</strong>Bassam BadranArsène Burnycellulaire en <strong>de</strong>ux points <strong>de</strong> contrô<strong>le</strong>. Les cellu<strong>le</strong>s immortel<strong>le</strong>scroissent en culture, ce qui n’est évi<strong>de</strong>mment pas <strong>le</strong> cas <strong>de</strong>scellu<strong>le</strong>s sénescentes.De nombreuses kinases et phosphatases régu<strong>le</strong>nt <strong>le</strong> dérou<strong>le</strong>ment<strong>du</strong> cyc<strong>le</strong> cellulaire. Les cellu<strong>le</strong>s malignes qui ont presquetoujours per<strong>du</strong> un ou plusieurs systèmes <strong>de</strong> réparation <strong>de</strong>l’ADN et qui, en plus, subissent un traitement qui altère efficacementla régulation <strong>du</strong> cyc<strong>le</strong> cellulaire, per<strong>de</strong>nt un ou plusieursverrous <strong>du</strong> cyc<strong>le</strong> cellulaire, se mettent à répliquer un génometrès anormal et vont tout droit à la mort. Au moins 4 inhibiteursdirigés contre <strong>de</strong>s régulateurs <strong>du</strong> cyc<strong>le</strong> cellulaire sont en essais<strong>de</strong> phase 1. Ils ont donné <strong>de</strong>s résultats prometteurs en étu<strong>de</strong>sprécliniques. Ce genre d’approche pourrait être fort uti<strong>le</strong> lorsqu’un<strong>cancer</strong> est <strong>de</strong>venu résistant à la chimio- ou la radiothérapie.Éviter la sénescence et acquérir l’immortalité est un prérequisdans <strong>le</strong> processus <strong>de</strong> transformation maligne. Il importe donc<strong>de</strong> mener une vaste étu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s profils d’expression <strong>de</strong> gènes<strong>de</strong>s divers types cellulaires normaux, sénescents et cancéreux<strong>de</strong> manière à i<strong>de</strong>ntifier <strong>le</strong>s voies métaboliques impliquéeset <strong>le</strong>s cib<strong>le</strong>s que <strong>de</strong>vraient viser <strong>le</strong>s traitements.Six voies métaboliques principa<strong>le</strong>s mais interconnectées, jouantun rô<strong>le</strong> dans <strong>le</strong> choix <strong>de</strong> la cellu<strong>le</strong> entre la sénescence et la cancérisation,sont connues. Ces voies concernent:• <strong>de</strong>s éléments régulateurs <strong>du</strong> cyc<strong>le</strong> cellulaire comme <strong>le</strong>sprotéines p16, p21, pRB et p53. Les protéines p16 et p21sont inhibitrices <strong>de</strong> kinases. P16 inhibe la phase G1, doncl’entrée dans <strong>le</strong> cyc<strong>le</strong> <strong>de</strong> réplication <strong>de</strong> la cellu<strong>le</strong>. P21 inhibela progression <strong>du</strong> cyc<strong>le</strong> au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> la phase G1. La protéineRB est <strong>le</strong> verrou majeur au dérou<strong>le</strong>ment <strong>du</strong> cyc<strong>le</strong>; el<strong>le</strong> estlargement phosphorylée et cesse d’être active une fois <strong>le</strong>point <strong>de</strong> contrô<strong>le</strong> <strong>de</strong> la phase G1 franchi. P53 est <strong>le</strong> gardien<strong>du</strong> génome et met en route la machinerie <strong>de</strong> suici<strong>de</strong> cellulairesi <strong>le</strong> génome n’est pas intact ou correctement répliqué.• <strong>de</strong>s gènes intervenant dans la formation et <strong>le</strong>s remaniements<strong>du</strong> cytosque<strong>le</strong>tte comme <strong>le</strong>s gènes <strong>de</strong> la vimentine,<strong>de</strong> la fibronectine et <strong>de</strong> l’inhibiteur <strong>du</strong> plasminogène (ce <strong>de</strong>rnierinhibe <strong>le</strong> clivage <strong>de</strong>s adhérences foca<strong>le</strong>s). L’implication <strong>de</strong>cette famil<strong>le</strong> <strong>de</strong> gènes et <strong>de</strong> <strong>le</strong>urs pro<strong>du</strong>its protéiques n’est pasétonnante étant donné <strong>le</strong>s remaniements morphologiquesqui accompagnent soit la sénescence, soit la transformationmaligne.• <strong>de</strong>s gènes dépendant <strong>de</strong> l’interféron γ. C’est une découverteinatten<strong>du</strong>e. Dans une lignée cellulaire immortalisée où 85gènes sont ren<strong>du</strong>s si<strong>le</strong>ncieux par la méthylation <strong>de</strong> l’ADN,39 d’entre eux appartiennent à la casca<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’interféron γ.• <strong>de</strong>s gènes <strong>de</strong> la voie IGF (Insulin-like Growth Factor). LesIGFs, <strong>le</strong>urs récepteurs et <strong>le</strong>s IGFBPs (IGF binding proteins,qui interagissent avec <strong>le</strong>s IGFs et <strong>le</strong>s empêchent d’interagiravec <strong>le</strong>s récepteurs, ce qui bloque <strong>le</strong>urs effets). IGFBP5 in<strong>du</strong>itune sénescence prématurée quand el<strong>le</strong> est surexprimée dans<strong>le</strong>s cellu<strong>le</strong>s endothélia<strong>le</strong>s <strong>de</strong> cordon ombilical; cette in<strong>du</strong>ctiondépendrait <strong>de</strong> p53. En outre, cette même IGFBP5 semb<strong>le</strong>inhibitrice <strong>de</strong> PAI 1 (Plasminogen Activator Inhibitor 1), ce quipousserait vers l’immortalisation. Une même molécu<strong>le</strong> a donc<strong>de</strong>s effets différents d’après sa concentration, sa localisationcellulaire, ses modifications post-tra<strong>du</strong>ctionnel<strong>le</strong>s, …• <strong>de</strong>s gènes <strong>de</strong> la voie <strong>de</strong>s MAP kinases (Mitogen ActivatedProtein kinases). Chose étonnante ici, <strong>de</strong>s signaux envoyéspar la protéine oncogène ras in<strong>du</strong>isent, chez <strong>de</strong>s fibroblastes,un arrêt <strong>de</strong> croissance qui ressemb<strong>le</strong> à la sénescence. Cet effetest associé à une augmentation <strong>de</strong>s concentrations <strong>de</strong>s protéinesp53 et p16 ou p21.• <strong>de</strong>s gènes <strong>de</strong> la voie <strong>du</strong> stress oxydatif. On sait <strong>de</strong>puislongtemps que <strong>le</strong>s dommages à l’ADN contribuent à in<strong>du</strong>irela sénescence <strong>de</strong> fibroblastes en culture. Il semb<strong>le</strong> bien quela protéine p53 puisse accroître <strong>le</strong> niveau <strong>de</strong>s formes réactives<strong>de</strong> l’oxygène (ROS: Reactive Oxygen Species). Inhiberces ROS via <strong>de</strong>s antioxydants ne suffit pas pour empêcher lasénescence: p53, gardien <strong>du</strong> génome, est nécessaire pourpermettre la réparation <strong>de</strong>s lésions. Si <strong>le</strong>s <strong>de</strong>ux copies <strong>du</strong>gène p53 sont mutées, la cellu<strong>le</strong> évolue spontanément versl’immortalisation. Il est curieux <strong>de</strong> constater que l’évolution aitmis tel<strong>le</strong>ment <strong>de</strong> poids sur la seu<strong>le</strong> p53 (surtout que cel<strong>le</strong>-cimo<strong>du</strong><strong>le</strong> aussi la pro<strong>du</strong>ction <strong>de</strong>s microARNs, petits ARNs quibloquent la tra<strong>du</strong>ction <strong>de</strong> certains ARN messagers ou en in<strong>du</strong>isentla dégradation).En conclusion, tous <strong>le</strong>s systèmes <strong>de</strong> sénescence/immortalisationétudiés jusqu’ici montrent que <strong>de</strong>s gènes repris dans <strong>le</strong>svoies énumérées ci-<strong>de</strong>ssus sont impliqués. Les altérations con<strong>du</strong>isantà l’immortalisation sont <strong>le</strong> résultat d’un allongement (ounon raccourcissement) <strong>de</strong>s télomères, <strong>de</strong> l’instabilité <strong>du</strong> génome,<strong>de</strong> mutations ponctuel<strong>le</strong>s, <strong>de</strong> répressions épigénétiques… I<strong>le</strong>st clair que <strong>le</strong>s voies <strong>de</strong> signalisation, impliquées dans <strong>le</strong> choix<strong>du</strong> chemin que prend une cellu<strong>le</strong> à la bifurcation sénescence/immortalisation, sont <strong>de</strong>s voies fortement interpénétrées. Desanalyses rigoureuses <strong>de</strong>s gènes exprimés et <strong>de</strong> <strong>le</strong>ur régulationéventuel<strong>le</strong> par <strong>de</strong>s modifications <strong>de</strong> l’ADN, <strong>de</strong>s protéineschromatiniennes et autres, <strong>de</strong>s microARNs, permettront d’i<strong>de</strong>ntifier<strong>le</strong>s acteurs-clés <strong>de</strong> l’immortalisation, première étape versla malignité.Un exemp<strong>le</strong> <strong>du</strong> rô<strong>le</strong> <strong>de</strong> l’environnement cellulaire est fourni par<strong>le</strong> myélome. Norma<strong>le</strong>ment, <strong>le</strong>s cellu<strong>le</strong>s B stimulées par un antigènese différencient en plasmocytes, sécréteurs d’anticorps, unprocessus dépendant partiel<strong>le</strong>ment <strong>de</strong> IRF4 (Interferon RegulatoryFactor 4), molécu<strong>le</strong> sécrétée par ces mêmes lymphocytesB. Les cellu<strong>le</strong>s <strong>de</strong> myélome secrètent aussi IRF4 et ce <strong>de</strong>rnier estun facteur <strong>de</strong> transcription, stimulant dans ces cellu<strong>le</strong>s la pro<strong>du</strong>ction<strong>de</strong> la protéine oncogène MYC. À son tour, cel<strong>le</strong>-ci stimu<strong>le</strong> lapro<strong>du</strong>ction d’IRF4, <strong>le</strong> tout formant une bouc<strong>le</strong> d’autorégulation.Outre cet effet d’IRF4, l’instabilité génomique et <strong>le</strong>s mutationsd’oncogènes qui initient <strong>le</strong> processus <strong>de</strong> cancérisation (mutationsprimaires) ainsi que <strong>le</strong>s mutations secondaires participentà la genèse <strong>du</strong> myélome. De manière intéressante, la déplétiond’IRF4 diminue l’expression <strong>de</strong> nombreux gènes y compris <strong>de</strong>l’oncogène MYC, allant jusqu’à la mort cellulaire. Ces résultatssuggèrent qu’IRF4 pourrait s’avérer une cib<strong>le</strong> <strong>de</strong> choix dans <strong>le</strong>straitements anti-myélomes. On pense évi<strong>de</strong>mment aux micro-ARNs anti IRF4, vu que <strong>le</strong>s cellu<strong>le</strong>s B norma<strong>le</strong>s sont insensib<strong>le</strong>sà IRF4.■BibliographieAshwell S. et al., Nature, 2009, 460, 529-533.Fridman AL et al., Oncogene, 2008, 27, 5975-87.Kuilman T. et al., Cell, 2008,133, 1019-1031.Acosta JC et al., Cell, 2008, 133, 1006-1018.Shaffer AL et al., Nature, 2008, 454, 226-31.14N°14 – OCTOBRE-NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2009 N°14 – OCTOBRE-NOVEMBRE-DÉCEMBRE 200915


SÉMINAIRE DU PROGRAMME DE SOINS EN ONCOLOGIE MULTISITEIRIS-BORDET-ERASME (PSOM)Intro<strong>du</strong>ctionDans <strong>le</strong> cadre <strong>du</strong> Programme <strong>de</strong> Soins en Oncologie Multisite Iris-Bor<strong>de</strong>t-Erasme (PSOM), <strong>le</strong> Bureau Commun a proposé, en2008, d’organiser un cyc<strong>le</strong> <strong>de</strong> 3 à 4 séminaires par année académique, sur <strong>le</strong> site <strong>de</strong>s différents hôpitaux membres. L’objectifpoursuivi est <strong>de</strong> stimu<strong>le</strong>r <strong>le</strong>s échanges scientifiques et <strong>de</strong> développer <strong>le</strong>s collaborations <strong>de</strong> recherche clinique au sein <strong>du</strong>Réseau Cancer <strong>de</strong> l’ULB. Ces séminaires, annoncés dans ce <strong>journal</strong>, s’adressent tant au mé<strong>de</strong>cin spécialiste qu’au mé<strong>de</strong>cingénéraliste, et <strong>de</strong>vraient permettre à chacun <strong>de</strong> répondre à une question importante pour <strong>le</strong> développement <strong>de</strong> soins <strong>de</strong> qualité enoncologie: «que puis-je retirer <strong>de</strong>s progrès actuels <strong>de</strong> la recherche scientifique et comment <strong>le</strong>s intégrer à ma pratique quotidienneen oncologie?» Les questions d’ordre éthique, clinique, ou psychologique ont éga<strong>le</strong>ment <strong>le</strong>ur place dans ce cyc<strong>le</strong>. Lesséminaires sont tous accrédités, notamment, en rubrique «économie et éthique». Les sujets choisis sont d’intérêt général et<strong>le</strong>s exposés se veu<strong>le</strong>nt didactiques et accessib<strong>le</strong>s aux non spécialistes <strong>du</strong> domaine. Après un sondage auprès <strong>de</strong>s mé<strong>de</strong>cins,ces séminaires sont organisés <strong>le</strong> jeudi soir. Une collation, servie avant <strong>le</strong> séminaire, permet <strong>de</strong>s échanges informels entre participants,dans une atmosphère déten<strong>du</strong>e et convivia<strong>le</strong>.Année académique 2008-2009Un 1 er symposium, organisé par A. Awada en novembre 2008, «Integration of mo<strong>le</strong>culary biology advances into oncology clinicalpractice» a été intégré à ce cyc<strong>le</strong> <strong>de</strong> séminaires et a rencontré un vif succès.Le <strong>de</strong>uxième a eu lieu à l’Hôpital Erasme en février 2009 (organisatrice: M. Marchand). Nous remercions <strong>le</strong>s orateurs, qui ontbien voulu résumer ici <strong>le</strong>ur présentation: Pierre Heimann, «Cancers tyrosine-kinase dépendants» et Marc Abramowicz, «Cancershéréditaires», dans <strong>le</strong> présent numéro <strong>de</strong> JCancer (n°14) et Isabel<strong>le</strong> Demeestere, «Fertilité et <strong>cancer</strong>» et Joël<strong>le</strong> Nortier,«Néphrotoxicité <strong>de</strong>s agents anti tumoraux», dans <strong>le</strong> numéro suivant (n°15).Un troisième séminaire a été organisé à l'Hôpital Brugmann en mai 2009, sur <strong>le</strong> thème «Aspects supportifs et traitementsoncologiques» (organisateur: A. Efira).Année académique 2009-2010:Devant <strong>le</strong> succès rencontré par ces séminaires, <strong>le</strong> Bureau Commun <strong>du</strong> PSOM propose <strong>de</strong> poursuivre ce cyc<strong>le</strong> en 2009-2010,et présentera d’ici peu <strong>le</strong> programme, qui débutera par un séminaire au CHU Tivoli (organisatrice: A. Le<strong>le</strong>ux).Nous souhaitons que ces séminaires permettent <strong>de</strong> renforcer <strong>le</strong>s collaborations déjà existantes et <strong>de</strong>viennent <strong>le</strong> creuset <strong>de</strong>nouveaux projets <strong>de</strong> recherche, originaux et fédérateurs.Professeur Jean KLASTERSKYCoordinateur <strong>du</strong> Programme <strong>de</strong> Soins Oncologiques Iris-Bor<strong>de</strong>t-ErasmeDocteur Marie MARCHANDCoordinateur <strong>du</strong> Programme <strong>de</strong> Soins Oncologiques ErasmeLes <strong>cancer</strong>s tyrosines kinasesdépendantsPierre Heimann, Clinique <strong>de</strong> Génétique Oncologique, Service <strong>de</strong> Génétique médica<strong>le</strong>,CUB-Erasme et Laboratoire <strong>de</strong> Cytogénétique Hémato-Oncologique, Institut Ju<strong>le</strong>s Bor<strong>de</strong>tpheimann@ulb.ac.beEn tant que médiateurs-clé dans la voie <strong>de</strong> signalisationcellulaire, <strong>le</strong>s protéines tyrosines kinases (TK) jouent unrô<strong>le</strong> déterminant dans <strong>le</strong> contrô<strong>le</strong> <strong>de</strong> la prolifération cellulaireen participant à la transmission <strong>de</strong>s signaux mitogènes ainsique dans la survie (blocage <strong>de</strong> l’apoptose), l’intégrité et la migrationcellulaire. Ces TK sont en position transmembranaire, constituant<strong>de</strong>s récepteurs à <strong>de</strong>s facteurs <strong>de</strong> croissance tels que <strong>le</strong>récepteur au facteur <strong>de</strong> croissance épi<strong>de</strong>rmique (EGFR) ou aufacteur <strong>de</strong> croissance plaquettaire (PDGFR), ou bien en positionintracytoplasmique comme <strong>le</strong>s protéines ABL ou JAK2 parexemp<strong>le</strong>. Leur activation est associée au transfert d’un groupementphosphate d’une molécu<strong>le</strong> d’ATP vers <strong>de</strong>s rési<strong>du</strong>styrosine situés dans <strong>le</strong>ur domaine catalytique (appelé «domainekinase»). Cette phosphorylation déc<strong>le</strong>nche un programmecomp<strong>le</strong>xe <strong>de</strong> signaux dits <strong>de</strong> «trans<strong>du</strong>ction intracellulaire», sedéplaçant <strong>du</strong> cytoplasme vers <strong>le</strong> noyau et entraînant la synthèsed’ADN et la croissance cellulaire par la voie <strong>de</strong>s MAP-kinasesainsi que l’activation <strong>de</strong> la survie cellulaire et l’inhibition <strong>de</strong>l’apoptose par <strong>le</strong>s voies d’activation d’AKT.Bien que l’activité <strong>de</strong>s TK soit étroitement contrôlée dans la cellu<strong>le</strong>norma<strong>le</strong>, el<strong>le</strong>s peuvent être la cib<strong>le</strong> d’altérations génétiques –surexpression d’étiologie encore indéterminée, amplificationgénique ou mutation activatrice – con<strong>du</strong>isant à <strong>le</strong>ur stimulationpersistante et à la promotion <strong>de</strong> maladies prolifératives. La listeSyndromes myéloprolifératifsLeucémie myéloï<strong>de</strong> chroniqueBCR-ABLPolyglobulie vraieThrombocythémie essentiel<strong>le</strong>Myélofibrose primitiveJAK2 V617FLeucémie chronique à éosinophi<strong>le</strong>sCancers avec altérationsgénétiques <strong>de</strong> l’EGFRCarcinome bronchique nonà petites cellu<strong>le</strong>sCarcinome colorectalCarcinome tête et couCarcinome pancréatiqueGliome malin<strong>de</strong>s pathologies tumora<strong>le</strong>s associées à ces altérations génétiquess’accroît d’année en année, et concerne aussi bien <strong>le</strong>ssyndromes myéloprolifératifs (SMP) que <strong>le</strong>s carcinomes <strong>de</strong>l’a<strong>du</strong>lte ou certains <strong>cancer</strong>s pédiatriques et tumeurs sarcomateuses(Tab<strong>le</strong> I).À l’heure actuel<strong>le</strong>, <strong>le</strong>s SMP font l’objet d’une véritab<strong>le</strong> classificationmoléculaire, complémentaire à la morphologie et baséesur <strong>le</strong>s altérations génétiques affectant certaines protéines TK(voir Tab<strong>le</strong> I et sa légen<strong>de</strong>).En <strong>de</strong>hors <strong>de</strong> <strong>le</strong>ur intérêt diagnostique, <strong>le</strong>s altérations <strong>de</strong>s TKdans <strong>le</strong>s pathologies néoplasiques constituent tout naturel<strong>le</strong>ment<strong>de</strong>s cib<strong>le</strong>s thérapeutiques privilégiées 1 , <strong>le</strong>ur pouvoir oncogéniqueayant été démontré in vitro en culture cellulaire et in vivochez l’animal. Parmi <strong>le</strong>s molécu<strong>le</strong>s capab<strong>le</strong>s <strong>de</strong> bloquer sé<strong>le</strong>ctivementcette activation oncogénique, on distingue <strong>le</strong>s anticorpsmonoclonaux (mAc) (Trastuzumab, Cetuximab, Panitumumab,etc.) <strong>de</strong>s petites molécu<strong>le</strong>s inhibitrices <strong>de</strong>s tyrosines kinases(ITK) (Imatinib, Erlotinib, gefinitib, etc). Les premiers viennent bloquer<strong>le</strong> domaine extracellulaire <strong>de</strong>s récepteurs tyrosine kinase,prévenant <strong>le</strong>ur liaison aux facteurs <strong>de</strong> croissance tandis que<strong>le</strong>s seconds cib<strong>le</strong>nt <strong>le</strong> domaine kinase <strong>de</strong>s TK en empêchant<strong>le</strong>ur phosporylation par compétition avec l’ATP. L’action <strong>de</strong> ces<strong>de</strong>ux types <strong>de</strong> molécu<strong>le</strong>s a pour conséquence potentiel<strong>le</strong> <strong>de</strong>SarcomesTumeurs Stroma<strong>le</strong>s Gastro-intestina<strong>le</strong>sCKIT ou PDGFRαDermatofibrosarcome protuberantCOL1- PDGFRα>>>FIPIL1-PDGFRLeucémie myélomonocytaire chroniqueTEL-PDGFRßMastocytose systémiqueCKITD 816VPlan <strong>de</strong> la nouvel<strong>le</strong> construction <strong>de</strong> l’Institut Ju<strong>le</strong>s Bor<strong>de</strong>t, prévue pour 2015 sur <strong>le</strong> Campus universitaire d'An<strong>de</strong>r<strong>le</strong>cht.Tab<strong>le</strong> 1: liste <strong>de</strong>s principa<strong>le</strong>s pathologies tumora<strong>le</strong>s associées à <strong>de</strong>s altérations génétiques affectant <strong>de</strong>s protéines tyrosines kinases.La colonne <strong>de</strong> droite reprend <strong>le</strong>s SMP dont <strong>le</strong> classement se base actuel<strong>le</strong>ment sur <strong>le</strong>s altérations génétiques affectant différentes TK.L’i<strong>de</strong>ntification <strong>de</strong> ces marqueurs moléculaires constitue un outil diagnostique indispensab<strong>le</strong> avec, comme exemp<strong>le</strong> illustratif, la <strong>le</strong>ucémiemyéloï<strong>de</strong> chronique dont <strong>le</strong> diagnostic formel ne peut être établi qu’avec l’i<strong>de</strong>ntification <strong>de</strong> l’oncogène chimérique BCR-ABL.La colonne centra<strong>le</strong> reprend <strong>le</strong>s carcinomes associés <strong>le</strong> plus fréquemment à <strong>de</strong>s altérations génétiques d’EGFR, que ce soit sous la formed’une surexpression protéique, d’une amplification génique ou d’une mutation activatrice. Les gliomes malins sont cités comme tumeurscérébra<strong>le</strong>s démontrant une mutation d’EGFR et pouvant bénéficier d’une thérapie ciblant ce récepteur.La colonne <strong>de</strong> gauche reprend quelques tumeurs sarcomateuses sensib<strong>le</strong>s à l’Imatinib Mésylate grâce à l’existence <strong>de</strong> mutations ponctuel<strong>le</strong>saffectant CKIT ou PDGFRα ou bien à la formation d’un gène chimérique activant PDGFRα.N°14 – OCTOBRE-NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2009 1617N°14 – OCTOBRE-NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2009


SÉMINAIRE DU PROGRAMME DE SOINS EN ONCOLOGIE MULTISITE IRIS-BORDET-ERASME (PSOM)>>>bloquer la trans<strong>du</strong>ction <strong>du</strong> signal <strong>de</strong> prolifération avec arrêtconsécutif <strong>du</strong> cyc<strong>le</strong> cellulaire en phase G1, inhibition <strong>de</strong>s propriétésangiogéniques et invasives <strong>de</strong>s cellu<strong>le</strong>s cancéreuses, etdéc<strong>le</strong>nchement <strong>de</strong>s mécanismes apoptotiques. Ces molécu<strong>le</strong>spotentialisent par ail<strong>le</strong>urs l’action <strong>de</strong>s agents chimio et radiothérapeutiqueslors <strong>de</strong> traitements combinés. Certains mAccomme <strong>le</strong> Cetuximab peuvent éga<strong>le</strong>ment accentuer <strong>le</strong>ur effetthérapeutique en in<strong>du</strong>isant une réponse immunitaire antitumora<strong>le</strong>ainsi qu’une internalisation et une dégradation <strong>de</strong>s récepteurstyrosine kinases ciblés.L’Imatinib Mésylate (Glivec®), ITK dirigée contre l’oncoprotéineBCR-ABL, a révolutionné la prise en charge <strong>de</strong>s patients atteints<strong>de</strong> LMC2. La réponse thérapeutique est d’emblée excel<strong>le</strong>ntepour plus <strong>de</strong> 80% <strong>de</strong>s patients et si l’Imatinib ne guérit pas lamaladie, il permet néanmoins <strong>de</strong> la contrô<strong>le</strong>r et <strong>de</strong> la maintenir à<strong>de</strong> très faib<strong>le</strong>s taux rési<strong>du</strong>els chez plus <strong>de</strong> 50% d’entre eux etce pendant plus <strong>de</strong> 5 ans.Un tel succès n’a pas été obtenu avec <strong>le</strong>s traitements ciblantl’EGFR dans <strong>le</strong>s carcinomes <strong>de</strong> l’a<strong>du</strong>lte, et ce sont <strong>de</strong>s paramètresgénétiques qui ren<strong>de</strong>nt partiel<strong>le</strong>ment compte <strong>de</strong> cettedifférence d’efficacité. En effet, l’émergence d’une LMC en phasechronique dépend essentiel<strong>le</strong>ment <strong>de</strong> l’oncogène chimériqueBCR-ABL dont la forte activité tyrosine kinase peut être efficacementannihilée par <strong>le</strong> G<strong>le</strong>evec. À l’opposé, <strong>le</strong> développementd’une tumeur carcinomateuse fait appel à un ensemb<strong>le</strong> comp<strong>le</strong>xed’altérations génétiques pouvant, pour un même type morphologique,varier d’un patient à l’autre. En raison <strong>de</strong> cette hétérogénéitégénétique, l’efficacité d’une thérapie ciblant une voiemétabolique régulée par <strong>de</strong>s protéines tyrosines kinases seravariab<strong>le</strong> parmi <strong>le</strong>s patients traités, voire absente. La recherched’un profil d’altération génétique indivi<strong>du</strong>el et prédictif d’uneréponse tumora<strong>le</strong> aux agents anti-TK serait donc uti<strong>le</strong> à réaliserchez tout patient susceptib<strong>le</strong> <strong>de</strong> bénéficier <strong>de</strong> ces traitementscompte tenu <strong>de</strong> <strong>le</strong>urs coût et effets secondaires non négligeab<strong>le</strong>s.Cette nécessité est particulièrement bien illustrée par <strong>le</strong>carcinome bronchique non à petites cellu<strong>le</strong>s (NSCLC) et <strong>le</strong>carcinome colorectal (CCR).La surexpression <strong>de</strong> l’EGFR dans 50% <strong>de</strong>s NSCLC fait <strong>de</strong> cerécepteur une cib<strong>le</strong> thérapeutique idéa<strong>le</strong> chez <strong>le</strong>s patients présentantune tumeur au sta<strong>de</strong> avancé et réfractaire à la chimiothérapie.Des réponses objectives aux ITK ciblant l’EGFR (<strong>le</strong>gefinitib et l’erlotinib) ne surviennent cependant que chez 10%<strong>de</strong>s patients, mais ces réponses s’observent essentiel<strong>le</strong>ment chez<strong>de</strong>s patients non fumeurs, <strong>de</strong> sexe féminin, d’origine asiatique etatteints d’un adénocarcinome <strong>de</strong> sous-type bronchioalvéolaire 3 .L’étu<strong>de</strong> moléculaire <strong>de</strong> ces tumeurs bronchiques a ensuiterévélé que la gran<strong>de</strong> majorité <strong>de</strong>s répon<strong>de</strong>urs exhibent <strong>de</strong>smutations activatrices <strong>du</strong> site catalytique <strong>de</strong> l’EGFR au niveau<strong>de</strong>s exons 18 à 21 (mutation ponctuel<strong>le</strong>, délétion ou insertionnucléotidiques observées chez environ 80% <strong>de</strong>s patients répon<strong>de</strong>urs),faisant <strong>de</strong> ce profil mutationnel un facteur prédictif <strong>de</strong>la réponse aux ITK. Cette bonne réponse peut s’expliquer parune meil<strong>le</strong>ure sensibilité <strong>de</strong> l’EGFR muté aux ITK; l'inhibitionétant atteinte avec <strong>de</strong>s doses thérapeutiques 10 à 100 fois inférieuresà cel<strong>le</strong>s nécessaires pour <strong>le</strong> récepteur normal. El<strong>le</strong> estéga<strong>le</strong>ment liée à la «dépendance oncogénique», phénomène par<strong>le</strong>quel la prolifération, mais surtout la survie d’une cellu<strong>le</strong> tumora<strong>le</strong>vont entièrement dépendre <strong>de</strong> la seu<strong>le</strong> voie activée par la mutationoncogénique, et <strong>le</strong> simp<strong>le</strong> blocage <strong>de</strong> cette voie déc<strong>le</strong>ncheraune apoptose tumora<strong>le</strong> marquée.À l’opposé, l’absence <strong>de</strong> réponse tumora<strong>le</strong> aux ITK est associéeà la présence d’une mutation <strong>du</strong> gène K-RAS observée chezà peu près 20% <strong>de</strong>s patients fumeurs 4 . K-RAS constitue uneprotéine intermédiaire dans la voie <strong>de</strong> signalisation initiée enamont par l’EGFR et agit comme «commutateur moléculaire»dans <strong>le</strong> recrutement et l’activation <strong>de</strong>s protéines MAP kinasesnécessaires à la propagation <strong>de</strong>s signaux <strong>de</strong> prolifération <strong>du</strong>cytoplasme vers <strong>le</strong> noyau. Une mutation activatrice <strong>de</strong> K-RAS(mutation ponctuel<strong>le</strong> au niveau <strong>de</strong>s codons 12, 13 ou plus rarement61 <strong>de</strong> l’exon 2) in<strong>du</strong>ira une stimulation permanente <strong>de</strong>sMAP-kinases, court-circuitant la fonction <strong>de</strong> l’EGFR et rendantinefficace toute thérapie ciblant ce récepteur.Son inci<strong>de</strong>nce é<strong>le</strong>vée dans <strong>le</strong> CCR métastatique (environ 50%<strong>de</strong>s cas) contribue au faib<strong>le</strong> succès <strong>de</strong>s mAC comme <strong>le</strong> Cetuximabou <strong>le</strong> Panitumumab dans <strong>le</strong> traitement d’un <strong>cancer</strong> connupour surexprimer l’EGFR. La mutation K-RAS constitue donc unpuissant paramètre moléculaire prédictif d’une résistance <strong>de</strong>novo à la thérapie anti-EGFR, et son i<strong>de</strong>ntification au sein <strong>de</strong> latumeur est <strong>de</strong>venue une pratique obligatoire chez tout patientpouvant potentiel<strong>le</strong>ment bénéficier <strong>de</strong> cette thérapie 5 .En conclusion, <strong>le</strong>s altérations génétiques <strong>de</strong>s TK dans <strong>le</strong>s <strong>cancer</strong>sconstituent <strong>de</strong>s marqueurs diagnostiques mais éga<strong>le</strong>ment<strong>de</strong>s cib<strong>le</strong>s thérapeutiques privilégiées. Compte tenu <strong>de</strong> <strong>le</strong>urscoût et effets secondaires non négligeab<strong>le</strong>s, l’optimalisation <strong>de</strong>straitements ciblant <strong>le</strong>s TK passe néanmoins par l’étu<strong>de</strong> <strong>du</strong> profild’altération génétique indivi<strong>du</strong>el et prédictif <strong>de</strong> la réponse tumora<strong>le</strong>chez tout patient susceptib<strong>le</strong> d’en bénéficier. ■Références1. Ciar<strong>de</strong>llo F, Tortora G., N Engl J Med 2008;358 (11):1160-74.2. Druker BJ et al., N Engl J Med. 2006; Dec 7;355 (23):2408-17.3. Sharma SV et al., Nat Rev Cancer 2007;7 (3):169-81.4. Linardou H et al., Lancet Oncol. 2008; Oct 9 (10):962-72.5. van Krieken JH et al., Virchows Arch. 2009; Feb;454(2):233-5.La liaison d’un ligand (facteur <strong>de</strong> croissance) à son récepteur transmembranaire (EGFR dans l’illustration) in<strong>du</strong>it une activation <strong>de</strong> ce récepteurpar homo- ou hétéro-dimérisation. Cette activation est associée au transfert d’un groupement phosphate d’une molécu<strong>le</strong> d’ATP vers<strong>de</strong>s rési<strong>du</strong>s tyrosine ( pY) situés dans <strong>le</strong> domaine catalytique intracytoplasmique (appelé «domaine kinase») <strong>de</strong> ce récepteur (EGFR-TK).Cette phosphorylation déc<strong>le</strong>nche un programme comp<strong>le</strong>xe <strong>de</strong> signaux dits <strong>de</strong> «trans<strong>du</strong>ction intracellulaire» incluant <strong>le</strong>s voies <strong>de</strong>s MAPkinases(voie RAS/RAF-MEK-MAPK), d’AKT (PI3K-AKT) et <strong>de</strong> STAT. L’activation <strong>de</strong> ces voies con<strong>du</strong>it in fine à la survie cellulaire par inhibition<strong>de</strong> l’apoptose, à la prolifération cellulaire et à d’autres effets associés à la carcinogenèse (néo-angiogenèse, invasion et processusmétastatique, etc).Les ITK dirigées contre l’EGFR cib<strong>le</strong>nt son domaine kinase (indiqué par un rectang<strong>le</strong> blanc).Figure tirée <strong>de</strong> Herbst et al.: «Gefitinib – a novel targeted approach to treating <strong>cancer</strong>» in Nature review <strong>cancer</strong> 2004 Dec;4(2): 956-965.N°14 – OCTOBRE-NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2009 1819N°14 – OCTOBRE-NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2009


SÉMINAIRE DU PROGRAMME DE SOINS EN ONCOLOGIE MULTISITE IRIS-BORDET-ERASME (PSOM)Cancers héréditairesMarc Abramowicz, Génétique médica<strong>le</strong>, Hôpital Erasme et Institut Bor<strong>de</strong>tmarcabra@ulb.ac.beLes analyses d’ADN permettent <strong>de</strong> déterminer, chez certainssujets asymptomatiques, <strong>le</strong> risque (cumulé sur la vie entière)<strong>de</strong> développer un <strong>cancer</strong> particulier, par exemp<strong>le</strong> un <strong>cancer</strong> <strong>du</strong>côlon. De tels tests génétiques pré-symptomatiques, c’est-à-direpratiqués avant l’apparition <strong>de</strong>s symptômes, ne se réalisent pas(encore) d’emblée dans <strong>le</strong> cadre d’un dépistage général. Il fautau préalab<strong>le</strong> évaluer, sur base clinique, la probabilité d’une formehéréditaire <strong>de</strong> <strong>cancer</strong> dans la famil<strong>le</strong> <strong>du</strong> sujet consultant, en sebasant sur l’histoire familia<strong>le</strong> éten<strong>du</strong>e et la nature <strong>de</strong>s tumeurschez <strong>le</strong>s mala<strong>de</strong>s <strong>de</strong> la famil<strong>le</strong> <strong>du</strong> consultant, et surtout i<strong>de</strong>ntifierla mutation responsab<strong>le</strong> chez un apparenté mala<strong>de</strong>.Voici quelques données généra<strong>le</strong>s relatives aux prédispositionsgénétiques <strong>de</strong>s <strong>cancer</strong>s. Il faut distinguer <strong>le</strong> sous-groupe <strong>de</strong><strong>cancer</strong>s véritab<strong>le</strong>ment héréditaires parmi l’ensemb<strong>le</strong> <strong>de</strong>s <strong>cancer</strong>sfamiliaux. Les premiers ne représentent qu’une minorité <strong>de</strong>scas familiaux. On estime que 5-10% <strong>de</strong>s <strong>cancer</strong>s <strong>du</strong> sein, comme5-10% <strong>de</strong>s <strong>cancer</strong>s colorectaux, et probab<strong>le</strong>ment une fractionsimilaire d’autres types <strong>de</strong> <strong>cancer</strong> (plus pour certains, moins pourd’autres), sont héréditaires, c’est-à-dire qu'ils résultent d’uneprédisposition génétique monofactoriel<strong>le</strong>, autrement dit monogénique,c’est-à-dire causée par la mutation d’un seul gène.L’hérédité d’une tel<strong>le</strong> prédisposition sera donc simp<strong>le</strong>, typiquementdominante autosomique. Les exemp<strong>le</strong>s classiques <strong>du</strong>rétinoblastome ou <strong>de</strong> la polypose adénomateuse colique illustrentbien ce concept. Un sujet porteur d’une mutation héréditaire<strong>du</strong> gène APC (A<strong>de</strong>nomatous Polyposis Coli), responsab<strong>le</strong><strong>de</strong> la polypose adénomateuse, présentera un risque <strong>de</strong> <strong>cancer</strong>colorectal >99%, avec un âge médian au début <strong>de</strong>s symptômesd’environ 40 ans. Les enfants d’un tel patient auront chacun50% <strong>de</strong> risque <strong>de</strong> porter la même mutation. Le test génétiquepré-symptomatique peut être pratiqué chez chacun d’eux àcondition que la mutation familia<strong>le</strong> soit préalab<strong>le</strong>ment i<strong>de</strong>ntifiéechez <strong>le</strong> sujet mala<strong>de</strong>. La moitié <strong>de</strong>s sujets apparentés, nonporteurs <strong>de</strong> la mutation, pourront ainsi éviter <strong>de</strong>s colonoscopies<strong>de</strong> surveillance itératives. L’autre moitié pourra bénéficierd’une chirurgie prophylactique. Il semb<strong>le</strong> que <strong>de</strong>s sujets dont<strong>le</strong> risque est a priori <strong>de</strong> 50% pourraient être réticents à sesoumettre à une surveillance colonoscopique annuel<strong>le</strong> ou bisannuel<strong>le</strong>,alors qu’ils l’accepteraient p<strong>le</strong>inement s’ils se savaientà risque >99% <strong>de</strong> <strong>cancer</strong> colorectal précoce, même si cettequestion n’a pas fait l’objet d’une étu<strong>de</strong> ciblée.La polypose colique héréditaire (présence <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> 100 polypesadénomateux synchrones) est assez faci<strong>le</strong> à reconnaître, etl’immense majorité <strong>de</strong>s cas résulte <strong>de</strong> la mutation <strong>du</strong> mêmegène APC. Chaque famil<strong>le</strong> cependant portera une mutation différente<strong>de</strong> ce gène, et la mise en évi<strong>de</strong>nce <strong>de</strong> cette mutation<strong>de</strong>man<strong>de</strong>ra une étu<strong>de</strong> systématique <strong>du</strong> gène, qui est longueet coûteuse. Une fraction encore importante <strong>de</strong>s mutations(20-30%) échappe aux techniques d’analyse <strong>de</strong> l’ADN: ceciexplique pourquoi la mutation familia<strong>le</strong> doit d’abord être recherchéeet i<strong>de</strong>ntifiée chez <strong>le</strong> mala<strong>de</strong> avant <strong>de</strong> pouvoir proposerun conseil génétique avec test génétique pré-symptomatiqueà ses enfants et neveux, sous peine <strong>de</strong> résultats faussementnégatifs. Des faux positifs existent éga<strong>le</strong>ment: l’analyse génétiquepeut mettre en évi<strong>de</strong>nce un polymorphisme génétiquesans conséquence clinique, parfois impossib<strong>le</strong> à distinguerd’une véritab<strong>le</strong> mutation prédisposant au <strong>cancer</strong>.Toujours dans l’exemp<strong>le</strong> <strong>du</strong> <strong>cancer</strong> colorectal, la polypose n’enreprésente qu’1% <strong>de</strong>s cas. La forme dite non polyposique <strong>de</strong><strong>cancer</strong> colorectal héréditaire, HNPCC (Hereditary Non-PolyposisColorectal Cancer), ou syndrome <strong>de</strong> Lynch, en représente5-10%. La difficulté sera <strong>de</strong> reconnaître <strong>de</strong> tels cas. En effet,l’aspect <strong>du</strong> côlon et l’histologie <strong>de</strong>s tumeurs sont banals.Contrairement à la polypose, qui est presque toujours causéepar <strong>le</strong> même gène APC, trois gènes différents peuvent causerl’HNPCC. De très nombreuses mutations familia<strong>le</strong>s différentesont été rapportées dans ces grands gènes, et il y a presqueautant <strong>de</strong> mutations différentes que <strong>de</strong> famil<strong>le</strong>s présentant uneprédisposition héréditaire HNPCC. De plus, la pénétrance <strong>de</strong>l'HNPCC est incomplète, c’est-à-dire qu’une fraction <strong>de</strong>ssujets porteurs <strong>de</strong> la mutation ne développera pas <strong>le</strong> <strong>cancer</strong>,ce qui peut masquer l’hérédité familia<strong>le</strong> <strong>de</strong> la mutation.Certains porteurs <strong>de</strong> la mutation familia<strong>le</strong> développeront aucontraire <strong>de</strong>s <strong>cancer</strong>s d’autres sites (endomètre, ovaire, bassinetrénal, cerveau)… Vu <strong>le</strong> coût et la <strong>du</strong>rée <strong>de</strong>s analyse génétiques,qui sont encore alourdies ici par <strong>le</strong> fait que n’importe<strong>le</strong>quel <strong>de</strong>s 3 gènes peut causer cette prédisposition (donc troisanalyses génétiques indépendantes à pratiquer), il est impossib<strong>le</strong><strong>de</strong> proposer l’analyse d’emblée à tout nouveau cas <strong>de</strong><strong>cancer</strong> colorectal.En pratique, <strong>de</strong>ux types <strong>de</strong> critères peuvent gui<strong>de</strong>r l’indication<strong>de</strong> l’analyse génétique. Les critères cliniques, dits d’Amsterdam,évaluent la probabilité d’une forme héréditaire dans la famil<strong>le</strong>:au moins trois apparentés atteints, sur au moins <strong>de</strong>ux générations,dont au moins 1 âgé <strong>de</strong> moins <strong>de</strong> 50 ans au moment <strong>du</strong>diagnostic <strong>de</strong> <strong>cancer</strong> invasif. D’autres critères cliniques ont étésproposés. Une fois ces critères présents, il sera justifié <strong>de</strong> pratiquerune prise <strong>de</strong> sang pour recherche d’une mutation héréditairechez un sujet atteint <strong>de</strong> la famil<strong>le</strong> considérée. Les critères <strong>de</strong>Bethesda impliquent une anomalie biochimique qui se recherchedans la tumeur el<strong>le</strong>-même. Cette anomalie se caractérise parun type particulier d’instabilité globa<strong>le</strong> <strong>du</strong> génome, qui reflètela voie <strong>de</strong> tumorigenèse typique <strong>de</strong>s tumeurs résultant <strong>de</strong> laprédisposition HNPCC: l’instabilité <strong>de</strong>s microsatellites. L’analyseconsiste à extraire l’ADN <strong>de</strong> la tumeur (prélèvement frais <strong>de</strong>type ‘extemporané’) et à <strong>le</strong> comparer à l’ADN constitutif (<strong>le</strong>ucocytaire)<strong>du</strong> patient. Une approche immunohistochimique <strong>de</strong>la tumeur est éga<strong>le</strong>ment possib<strong>le</strong> mais est moins sensib<strong>le</strong> etmoins spécifique que l’analyse génétique <strong>de</strong> l'instabilité <strong>de</strong>smicrosatellites.De nombreux autres types <strong>de</strong> prédispositions héréditaires monogéniques<strong>du</strong> <strong>cancer</strong> sont reconnaissab<strong>le</strong>s: <strong>cancer</strong> héréditaire<strong>du</strong> sein et <strong>de</strong> l’ovaire (gènes BRCA1 ou BRCA2), syndrome <strong>de</strong> néoplasieshéréditaires multip<strong>le</strong>s (Multip<strong>le</strong> Endocrine Neoplasia; MEN),syndromes <strong>de</strong> Li-Fraumeni, <strong>de</strong> Cow<strong>de</strong>n, <strong>de</strong> Peutz-Jeghers, …En pratique, la consultation d’oncogénétique permettra <strong>de</strong> poserou <strong>de</strong> confirmer <strong>le</strong> diagnostic <strong>de</strong> tels syndromes héréditaires et<strong>de</strong> lancer l’analyse d’ADN adéquate chez <strong>le</strong>s mala<strong>de</strong>s. Dansun second temps, la même unité d’oncogénétique pratiquera<strong>le</strong> conseil génétique chez <strong>le</strong>s apparentés asymptomatiques àrisque, préalab<strong>le</strong>ment au test génétique pré-symptomatique.Tout ceci se fera souvent, comme expliqué plus haut, au départ<strong>de</strong> la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> d’un sujet en bonne santé mais qui se sait àrisque en raison <strong>de</strong> ses antécé<strong>de</strong>nts familiaux.Les autres cas, nombreux, <strong>de</strong> <strong>cancer</strong>s familiaux mais non héréditairesrésultent d’une prédisposition génétique réel<strong>le</strong> mais plusmo<strong>de</strong>ste, et comp<strong>le</strong>xe car multigénique. Dans <strong>de</strong> tels cas, <strong>le</strong>srisques pour la <strong>de</strong>scendance <strong>de</strong>s mala<strong>de</strong>s sont nettement moindresque dans <strong>le</strong>s formes véritab<strong>le</strong>ment héréditaires, et serontabordés <strong>de</strong> façon empirique car <strong>le</strong>s causes multigéniques nesont pas encore accessib<strong>le</strong>s aux analyses génétiques <strong>de</strong> routine.La consultation <strong>de</strong> génétique (hérédo-oncologie) <strong>de</strong>vrabien enten<strong>du</strong> ai<strong>de</strong>r à distinguer ces formes familia<strong>le</strong>s <strong>de</strong>s formeshéréditaires.Patient asymptomatique avec antécé<strong>de</strong>nts familiaux <strong>de</strong> <strong>cancer</strong>s:étapes <strong>de</strong> l’approche génétique:1. Évaluer la probabilité <strong>de</strong> <strong>cancer</strong> héréditaire (histoire familia<strong>le</strong>,histologie <strong>de</strong>s tumeurs, …) en consultation d’oncogénétique.2. Si <strong>le</strong> <strong>cancer</strong> paraît héréditaire: recherche <strong>de</strong> la mutation causa<strong>le</strong>chez un apparenté mala<strong>de</strong>, si possib<strong>le</strong> après conseil génétiquechez ce <strong>de</strong>rnier, et avec son consentement éclairé.3. Quand la mutation est i<strong>de</strong>ntifiée: revoir la personne asymptomatiqueen consultation <strong>de</strong> génétique. Anticiper <strong>le</strong> résultat d’untest génétique pré-symptomatique chez lui. Confirmer sa<strong>de</strong>man<strong>de</strong>, recueillir son consentement éclairé. Deman<strong>de</strong>r unprélèvement sanguin (en <strong>du</strong>plicat). Assurer <strong>le</strong> suivi psychologiquead hoc.4. Revoir <strong>le</strong> patient en consultation <strong>de</strong> génétique pour lui annoncer<strong>le</strong> résultat. Si la mutation est présente, <strong>le</strong> référer aux consultationsadéquates pour établir une stratégie <strong>de</strong> surveillance<strong>du</strong> <strong>cancer</strong> à risque. Assurer <strong>le</strong> suivi psychologique.Ceci est un exemp<strong>le</strong> d’une famil<strong>le</strong> atteinte <strong>de</strong> polypose adénomateuse.Les symbo<strong>le</strong>s barrés représentent <strong>le</strong>s sujets décédés. La flècheindique <strong>le</strong> cas in<strong>de</strong>x (proband), un homme admis pour <strong>cancer</strong>colique invasif à 48 ans, sur fond d'innombrab<strong>le</strong>s adénomescoliques. La consultante (c) est sa fil<strong>le</strong> (25 ans), qui a 50% <strong>de</strong>risque <strong>de</strong> porter la mutation prédisposante <strong>du</strong> gène APC. Sesfrère et sœur ont éga<strong>le</strong>ment 50% <strong>de</strong> risque. L’analyse <strong>de</strong> l’ADN<strong>le</strong>ucocytaire <strong>du</strong> proband montre la mutation Glu893stop <strong>du</strong>gène APC. Cette mutation tronquante est clairement la cause<strong>de</strong> la polypose. Un test génétique présymptomatique est doncà présent possib<strong>le</strong> chez la consultante et <strong>le</strong>s autres apparentésà risque, afin <strong>de</strong> préciser si <strong>le</strong>ur risque <strong>de</strong> polypose est>99.9% ou


A C C È S A U X N O U V E A U X M É D I C A M E N T SL’accès précoce aux nouveauxmédicaments: usage compassionnelou programme médical d’urgenceGenevieve Decoster, auditeur en recherche clinique, IT & GCP Consulting sprlgenevieve.<strong>de</strong>coster@it-gcp.comIntro<strong>du</strong>ctionObtenir un nouveau médicament pour un usage compassionne<strong>le</strong>n-<strong>de</strong>hors d’un essai clinique peut être un vrai parcours<strong>du</strong> combattant.L’usage compassionnel (CU) d’une nouvel<strong>le</strong> molécu<strong>le</strong> ou <strong>le</strong> recoursà un programme médical d’urgence (MNP) pour l’accèsà une nouvel<strong>le</strong> molécu<strong>le</strong> (c’est-à-dire en-<strong>de</strong>hors d’une autorisation<strong>de</strong> mise sur <strong>le</strong> marché (AMM) ou d’un essai clinique) estun événement fréquent en oncologie. Il se justifie lorsque lanouvel<strong>le</strong> molécu<strong>le</strong> a déjà fait la preuve d’une activité dans <strong>de</strong>sessais cliniques, afin d’en faire bénéficier précocément <strong>de</strong>spatients qui sont dans une impasse thérapeutique.Aujourd’hui <strong>le</strong> CU et <strong>le</strong> MNP sont régis par <strong>de</strong>s rég<strong>le</strong>mentationseuropéennes et belges 1, 4 . Cet artic<strong>le</strong> résume <strong>le</strong>s <strong>de</strong>man<strong>de</strong>srég<strong>le</strong>mentaires belges.Cadre législatifLa législation belge concernant <strong>le</strong> CU (Compassionnate Use)et <strong>le</strong> MNP (Medical Need Program) d’un médicament est applicab<strong>le</strong><strong>de</strong>puis <strong>le</strong> 1 er janvier 2007 1, 4 .Procé<strong>du</strong>re d’obtention d’un usagecompassionnel et d’un programmemédical d’urgenceÀ la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> d’un mé<strong>de</strong>cin ou <strong>de</strong> sa propre initiative, <strong>le</strong> titulaired’un brevet ou <strong>de</strong> l’AMM d’un médicament (ci-après dénommél’in<strong>du</strong>strie pharmaceutique) peut mettre en place un CU ou un MNP.La <strong>de</strong>man<strong>de</strong> par l’in<strong>du</strong>strie pharmaceutique <strong>de</strong> mise à dispositiond’une nouvel<strong>le</strong> molécu<strong>le</strong> en vue d’un CU et d’un MNP doitêtre adressée à la Direction Généra<strong>le</strong> <strong>du</strong> Médicament (DGM),et accompagnée <strong>de</strong> l’avis (pour un CU) ou la notification (pourun MNP) d’un comité d’éthique central.La <strong>de</strong>man<strong>de</strong> doit décrire l’indication <strong>de</strong> traitement, <strong>le</strong>s critèresd’inclusion, la pério<strong>de</strong> pendant laquel<strong>le</strong> <strong>le</strong> programme aura lieu,la ventilation <strong>de</strong>s frais <strong>de</strong> transport et d’administration, ainsi que<strong>le</strong>s modalités selon <strong>le</strong>squel<strong>le</strong>s <strong>le</strong>s médicaments non utilisésseront gérés. L’in<strong>du</strong>strie pharmaceutique établit un formulaire<strong>de</strong> consentement éclairé qui sera soumis par <strong>le</strong> mé<strong>de</strong>cin auxpatients.Sauf objections dans <strong>le</strong>s 2 semaines qui suivent cette notification,soit <strong>de</strong> la part <strong>du</strong> comité d’éthique, soit <strong>de</strong> la part <strong>de</strong> la DGM,l’in<strong>du</strong>strie pharmaceutique peut réaliser son CU ou son MNP.Dans <strong>le</strong> cas d’un CU uniquement, la DGM transmet la <strong>de</strong>man<strong>de</strong>au Bureau européen et requiert, <strong>le</strong> cas échéant, en concertationavec <strong>le</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong>ur et l’Agence européenne (EMEA), l’avis <strong>du</strong>CHMP (Committee for Medicinal Pro<strong>du</strong>cts for Human Use).Dans <strong>le</strong> cas où un avis <strong>du</strong> CHMP a été <strong>de</strong>mandé, l’in<strong>du</strong>striepharmaceutique ne peut mettre <strong>le</strong> médicament à dispositionen vue d’un CU que si <strong>le</strong> CHMP a fourni un avis positif et quela mise à disposition est conforme aux conditions <strong>de</strong> cet avis.À titre exceptionnel, en cas d’urgence motivée par <strong>le</strong> fait que,sans un traitement adapté, on peut estimer que <strong>le</strong> décès <strong>du</strong>patient aura lieu à brève échéance ou que <strong>le</strong> risque <strong>de</strong> séquel<strong>le</strong>ssuite à l’absence <strong>de</strong> traitement sera plus important que <strong>le</strong> risque<strong>de</strong> séquel<strong>le</strong>s suite à l’initiation d’un traitement dans <strong>le</strong> cadre d’unCU, il peut être dérogé aux règ<strong>le</strong>s mentionnées ci-<strong>de</strong>ssus.Dans tous ces cas, l’in<strong>du</strong>strie pharmaceutique notifie la DGM etun comité d’éthique central <strong>de</strong> la mise à disposition <strong>de</strong>s médicamentsdans <strong>le</strong> cadre d’un CU ou d’un MNP. Cette notificationest accompagnée <strong>de</strong>s éléments motivant l’urgence.L’in<strong>du</strong>strie pharmaceutique <strong>de</strong>vient l’exécutant <strong>du</strong> programmeet informe <strong>le</strong> mé<strong>de</strong>cin <strong>de</strong> la mise en place d’un CU ou d’un MNP.Lorsqu’un CU ou un MNP a été mis en place, un mé<strong>de</strong>cin peutintro<strong>du</strong>ire une <strong>de</strong>man<strong>de</strong> auprès <strong>de</strong> l’exécutant <strong>du</strong> programmeafin d’y laisser entrer un ou plusieurs <strong>de</strong> ses patients.Le mé<strong>de</strong>cin adresse une <strong>de</strong>man<strong>de</strong> écrite, par patient, danslaquel<strong>le</strong> il déclare:– être conscient qu’il est personnel<strong>le</strong>ment responsab<strong>le</strong> <strong>de</strong> l’utilisationd’un médicament non (encore) autorisé;– que la maladie pour laquel<strong>le</strong> <strong>le</strong> médicament sera administréest soit une maladie chronique, soit une maladie qui affaiblitgravement la santé, soit une maladie constituant une menacepour la vie, et que la maladie ne peut être traitée <strong>de</strong> manièresatisfaisante au moyen d’un médicament qui se trouve sur <strong>le</strong>marché en Belgique;– qu’il informera <strong>le</strong> patient <strong>de</strong> manière claire et complète <strong>de</strong>smodalités <strong>du</strong> CU/MNP;– qu’il <strong>de</strong>man<strong>de</strong>ra <strong>le</strong> plus tôt possib<strong>le</strong>, et au plus tard avant <strong>le</strong>début <strong>du</strong> traitement, <strong>le</strong> consentement <strong>du</strong> patient à participerà ce programme, et ce à l’ai<strong>de</strong> <strong>du</strong> formulaire <strong>de</strong> consentementéclairé soumis au comité d’éthique central.L’exécutant <strong>du</strong> programme vérifie la conformité <strong>de</strong> chaque<strong>de</strong>man<strong>de</strong>. Il informe <strong>le</strong> plus tôt possib<strong>le</strong> <strong>le</strong> mé<strong>de</strong>cin <strong>de</strong> sa décisiond’accepter ou non <strong>le</strong> patient dans <strong>le</strong> cadre <strong>du</strong> CU/MNP. Encas <strong>de</strong> refus, <strong>le</strong>s raisons doivent être données. Si la décisionest positive, il met <strong>le</strong> médicament à la disposition <strong>du</strong> mé<strong>de</strong>cin.Le patient sera traité une fois qu’il aura signé et daté <strong>le</strong> formulaire<strong>de</strong> consentement éclairé.Le médicament utilisé dans un CU ou <strong>le</strong> MNP ne peut être ven<strong>du</strong>aux patients et ce pendant toute la <strong>du</strong>rée <strong>du</strong> programme.Cadre législatifLa gran<strong>de</strong> différence entre un programme CU et un MNP estque <strong>le</strong> médicament utilisé en CU n’a jamais été enregistré tandisque <strong>le</strong> médicament utilisé dans un MNP possè<strong>de</strong> déjà uneAMM pour au moins une indication.Pour <strong>le</strong>s patients en impasse thérapeutique, faute <strong>de</strong> traitement,<strong>le</strong> seul espoir est d’avoir accès précocement à <strong>de</strong> nouveaux médicaments.C’est à la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> écrite d’un mé<strong>de</strong>cin que l’in<strong>du</strong>striepharmaceutique peut mettre un médicament à disposition 2-3 .Mais l’ouverture d’un CU ou d’un MNP dépend exclusivement<strong>du</strong> bon vouloir <strong>de</strong>s firmes pharmaceutiques qui ne veu<strong>le</strong>nt/peuvent pas toujours tenir compte <strong>de</strong>s besoins <strong>de</strong>s patientsen impasse thérapeutique.Aujourd’hui, l’accès précoce aux médicaments est rég<strong>le</strong>menté,mais <strong>le</strong>s autorités sanitaires ne se donnent malheureusementpas <strong>le</strong>s moyens <strong>de</strong> définir avec <strong>le</strong>s firmes et <strong>le</strong>s mé<strong>de</strong>cins <strong>le</strong>sLa survie et la qualité<strong>de</strong> vie <strong>de</strong> votre mala<strong>de</strong>atteint d’un <strong>cancer</strong>peuvent dépendre<strong>de</strong> traitements disponib<strong>le</strong>sdans <strong>le</strong>s programmes<strong>de</strong> recherche…POUR TOUT RENSEIGNEMENT:conditions <strong>de</strong> mise à disposition <strong>de</strong>s médicaments qui pourraientrépondre à une urgence <strong>de</strong> santé publique. ■Références1. Loi sur <strong>le</strong>s médicaments <strong>du</strong> 25 mars 1964. Dernière mise à jourdécembre 2007 Art 6 quater, §1, 1°-3°.2. Loi <strong>du</strong> 1 er mai 2006 portant sur la révision <strong>de</strong> la législationpharmaceutique.3. Arrêté Royal <strong>du</strong> 14 décembre 2006, Art 106-109 concernant<strong>le</strong>s médicaments à usage humain et vétérinaire.4. Artic<strong>le</strong> 83 <strong>du</strong> Règ<strong>le</strong>ment européen 726/2004.HÔPITAL ERASME: Dr Marie Marchand: 02/555 41 93 – marie.marchand@erasme.ulb.ac.beBORDET-IRIS: Dr Tatiana Besse-Hammer: 02/541 31 48 – tatiana.besse-hammer@bor<strong>de</strong>t.beN°14 – OCTOBRE-NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2009 2223N°14 – OCTOBRE-NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2009


L ’ O N C O L O G I E D A N S L A S O C I É T ÉLa Fondation contre <strong>le</strong> Cancer:partenaire <strong>de</strong>s chercheurs,<strong>de</strong>s mala<strong>de</strong>s et <strong>du</strong> grand publicDidier Van<strong>de</strong>r Steichel, Directeur médical et scientifique <strong>de</strong> la Fondation Contre <strong>le</strong> Cancerdvan<strong>de</strong>rsteichel@<strong>cancer</strong>.beLa seu<strong>le</strong> raison d’être <strong>de</strong> la Fondation contre <strong>le</strong> Cancer est<strong>de</strong> contribuer à un maximum <strong>de</strong> progrès pour <strong>le</strong> plus grandbénéfice <strong>de</strong>s patients. Cet objectif se décline en trois domainesd’action: <strong>le</strong> financement <strong>de</strong> la recherche, l’accompagnementsocial et la promotion d’un mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> vie sain et <strong>du</strong> dépistage.Soutien financier <strong>de</strong> la recherche cancérologiqueen BelgiqueSans recherche, pas <strong>de</strong> progrès ! Partant <strong>de</strong> ce constat laFondation fait <strong>du</strong> financement <strong>de</strong> la recherche fondamenta<strong>le</strong>,translationnel<strong>le</strong> et clinique sa principa<strong>le</strong> priorité. La sé<strong>le</strong>ction <strong>de</strong>slauréats a lieu tous <strong>le</strong>s <strong>de</strong>ux ans. El<strong>le</strong> est assurée par <strong>de</strong>ux jurysscientifiques composés <strong>de</strong> scientifiques belges <strong>de</strong> premier plan,sous la prési<strong>de</strong>nce <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux personnalités étrangères. Chaque<strong>de</strong>man<strong>de</strong> est évaluée par plusieurs experts étrangers et <strong>le</strong>ursévaluations, communiquées aux membres <strong>du</strong> jury, contribuent àla sé<strong>le</strong>ction fina<strong>le</strong> <strong>de</strong>s lauréats. Seu<strong>le</strong> la qualité <strong>de</strong>s projets estprise en compte. Les financements octroyés couvrent <strong>de</strong>s pério<strong>de</strong>s<strong>de</strong> 1 à 4 ans. Un nouvel appel à candidatures est organisétous <strong>le</strong>s 2 ans. Au cours <strong>de</strong>s 20 <strong>de</strong>rnières années, plus <strong>de</strong> 600projets ont été soutenus, pour un total dépassant <strong>le</strong>s 60 millionsd’Euros. Cet effort considérab<strong>le</strong> est ren<strong>du</strong> possib<strong>le</strong> par la seu<strong>le</strong>générosité <strong>de</strong> nos donateurs! Grâce à eux, la Fondation est<strong>de</strong>venue l’un <strong>de</strong>s – sinon <strong>le</strong> principal– financeurs privés <strong>de</strong> larecherche cancérologique dans notre pays.Lors <strong>de</strong> la <strong>de</strong>rnière sé<strong>le</strong>ction (fin 2008), 4 équipes issues <strong>du</strong>réseau ULB (2 en recherche fondamenta<strong>le</strong>, 2 en rechercheclinique et translationnel<strong>le</strong> dont une travaillant en collaborationavec la KULeuven) ont été retenues. El<strong>le</strong>s se sont partagéun montant global <strong>de</strong> près d’un million d’euros.Le prochain appel à projets sera lancé au premier semestre 2010.Outre la recherche proprement dite, la Fondation soutient éga<strong>le</strong>mentd’autres initiatives médico-scientifiques sous la forme d’interventionsfinancières ponctuel<strong>le</strong>s ou récurrentes (par exemp<strong>le</strong>:financement <strong>du</strong> réseau belge <strong>de</strong> biobanques <strong>de</strong> substancesbiologiques, tels l’ADN, <strong>le</strong>s cellu<strong>le</strong>s, <strong>le</strong> sang, ainsi que <strong>de</strong> donnéesaccompagnant chaque échantillon, soutien structurel auRegistre national <strong>du</strong> Cancer et au registre hospitalier <strong>de</strong> l’InstitutBor<strong>de</strong>t, etc.).Actions en faveur <strong>de</strong>s patients et <strong>de</strong> <strong>le</strong>urs prochesOutre <strong>le</strong>urs conséquences médica<strong>le</strong>s, <strong>le</strong>s <strong>cancer</strong>s bouscu<strong>le</strong>ntéga<strong>le</strong>ment la vie familia<strong>le</strong> et socia<strong>le</strong>. Ils s’accompagnent parfoisd’une gran<strong>de</strong> détresse mora<strong>le</strong> et, malgré un système performant<strong>de</strong> sécurité socia<strong>le</strong>, <strong>le</strong>urs répercussions financières peuvent êtreimportantes. Voilà pourquoi la Fondation apporte <strong>de</strong> l’ai<strong>de</strong> auxpatients et à <strong>le</strong>urs famil<strong>le</strong>s, tant pendant qu’immédiatement aprèsla maladie. Veillant toujours à ne pas faire doub<strong>le</strong> emploi, el<strong>le</strong>complète <strong>le</strong>s services déjà existants ou crée <strong>de</strong>s activitésqu’aucune autre structure ne propose.– Ai<strong>de</strong> aux déplacements: la Fondation organise un serviced’accompagnement vers <strong>le</strong>s centres <strong>de</strong> soins. Il est <strong>de</strong>stinéaux mala<strong>de</strong>s vali<strong>de</strong>s, mais incapab<strong>le</strong>s <strong>de</strong> se déplacer par <strong>le</strong>urspropres moyens, seuls ou avec l’ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> <strong>le</strong>ur entourage. Lestrajets al<strong>le</strong>r et retour sont assurés par <strong>de</strong>s bénévo<strong>le</strong>s en voitureprivée. Ces bénévo<strong>le</strong>s sont encadrés par la Fondation etont reçu une formation à l’écoute. Numéro d’appel <strong>du</strong> service:0800 15 803.– Soutien psychologique indivi<strong>du</strong>el en-<strong>de</strong>hors <strong>de</strong>s pério<strong>de</strong>sd’hospitalisation. Ai<strong>de</strong> ponctuel<strong>le</strong> et limitée dans <strong>le</strong> temps, entièrementprise en charge par la Fondation et confiée à <strong>de</strong>spsychologues formés à cet effet. Tant <strong>le</strong> mala<strong>de</strong> que sonentourage proche (famil<strong>le</strong>, conjoint) peuvent en bénéficier.– Ai<strong>de</strong> financière ponctuel<strong>le</strong> aux plus démunis, sur base d’undossier intro<strong>du</strong>it par <strong>le</strong> service social <strong>de</strong> l’hôpital, <strong>de</strong> la mutuel<strong>le</strong>ou <strong>du</strong> CPAS.– Soins esthétiques pour améliorer l’image <strong>de</strong> soi et se sentirmieux, malgré la maladie. La Fondation propose <strong>de</strong>s soinsesthétiques gratuits à l’hôpital et organise, en <strong>de</strong>hors <strong>du</strong>«cocon hospitalier», <strong>de</strong>s programmes <strong>de</strong> détente et <strong>de</strong> remiseen forme.– Activité physique: <strong>le</strong> programme RAVIVA propose une pa<strong>le</strong>tted’activités physiques adaptées, <strong>de</strong>stinées à <strong>de</strong>s mala<strong>de</strong>s enfin <strong>de</strong> traitement ou ayant terminé <strong>le</strong>ur traitement <strong>de</strong>puis peu.Le but est trip<strong>le</strong>: ai<strong>de</strong>r ces personnes à combattre la fatigue,améliorer progressivement <strong>le</strong>ur condition physique et <strong>le</strong>urpermettre <strong>de</strong> reprendre <strong>de</strong>s activités norma<strong>le</strong>s.– Bien-être: pour permettre au patient, comme à son entourage,<strong>de</strong> s’éva<strong>de</strong>r <strong>du</strong> quotidien <strong>de</strong> la maladie, <strong>de</strong> s’octroyer<strong>de</strong>s moments <strong>de</strong> détente, la Fondation organise diversesactivités où bien-être et délassement sont <strong>le</strong>s maîtres mots.Au programme: vacances à la mer, journée familia<strong>le</strong>, campenfants, distraction <strong>de</strong>s jeunes a<strong>du</strong>ltes pendant <strong>le</strong>ur hospitalisation(bénévo<strong>le</strong>s Yello présents à Bor<strong>de</strong>t, Erasme etSaint Luc).– Cancerphone: l’information et l’écoute peuvent ai<strong>de</strong>r àpasser un cap diffici<strong>le</strong> et contribuent à améliorer la communicationavec <strong>le</strong>s soignants. C’est pourquoi la Fondationpropose aux mala<strong>de</strong>s et à <strong>le</strong>urs proches la permanencetéléphonique Cancerphone 0800 15 801. Ce service, gratuitet anonyme, est assuré par <strong>de</strong>s professionnels <strong>de</strong> lasanté. Il est accessib<strong>le</strong> tous <strong>le</strong>s jours ouvrab<strong>le</strong>s <strong>de</strong> 9h à 13het <strong>le</strong> lundi jusqu’à 19h.– Brochures et site Internet: la Fondation réalise <strong>de</strong> nombreuxdocuments d’information sur <strong>le</strong>s <strong>cancer</strong>s <strong>le</strong>s plus fréquents,<strong>le</strong>s principaux traitements, l’alimentation pendant ou après lamaladie, <strong>le</strong> sevrage tabagique, etc. Ceux-ci sont mis gratuitementà la disposition <strong>du</strong> public dans <strong>de</strong> nombreux hôpitaux,grâce à <strong>de</strong>s «Infokiosques». Cette information est éga<strong>le</strong>mentdisponib<strong>le</strong> sur notre site www.<strong>cancer</strong>.beTous <strong>le</strong>s services proposés par la Fondation sont validés, assurésou supervisés par <strong>de</strong>s professionnels. Ils tiennent compte<strong>de</strong>s spécificités et <strong>de</strong>s contraintes liées à la maladie.Promotion <strong>de</strong> la prévention parun mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> vie sain et <strong>du</strong> dépistageLe financement <strong>de</strong> la recherche et l’ai<strong>de</strong> aux mala<strong>de</strong>s ne nousfont pas oublier l’importance <strong>de</strong> la prévention et <strong>du</strong> dépistage.La Fondation diffuse largement informations et conseils pratiquespour permettre à chacun <strong>de</strong> ré<strong>du</strong>ire ses risques <strong>de</strong> développerun <strong>cancer</strong> et d’augmenter, <strong>le</strong> cas échéant, ses chances <strong>de</strong> guérison.La Fondation base ses actions et sa communication sur<strong>de</strong>s données validées scientifiquement pour permettre au public<strong>de</strong> se retrouver dans la masse <strong>de</strong>s informations – pas toujoursfiab<strong>le</strong>s – qui circu<strong>le</strong>nt à ce sujet.Nos actions en la matière incluent éga<strong>le</strong>ment un lobbying auprès<strong>de</strong>s pouvoirs publics (vaccination anti HPV, législation antitabac,etc.).–RÉSEAUCANCER– WALLONIEEn savoir plus?N’hésitez pas à nous contacter au 02 736 99 99 pour entrer encontact avec notre service d’accompagnement social ou<strong>de</strong>man<strong>de</strong>r brochures, dépliants d’information et rapportannuel. Vous pouvez éga<strong>le</strong>ment consulter notre site Internetwww.<strong>cancer</strong>.be et consulter ou comman<strong>de</strong>r ces documentsen ligne.■Envie <strong>de</strong> soutenir <strong>le</strong>s actions <strong>de</strong> la Fondation contre <strong>le</strong> Cancer?Vous pouvez verser la somme <strong>de</strong> votre choix au compte000-0000089-89LE JOURNAL DU RÉSEAU CANCER DE L’UNIVERSITÉ LIBRE DE BRUXELLESERASMEBORDET-IRISJCancer est <strong>le</strong> premier <strong>journal</strong> centré sur <strong>le</strong> <strong>cancer</strong> à avoir été publié en Belgique.JCancer est écrit par <strong>de</strong>s mé<strong>de</strong>cins pour <strong>de</strong>s mé<strong>de</strong>cins, il est <strong>le</strong> seul à par<strong>le</strong>r <strong>du</strong> <strong>cancer</strong>sous tous ses aspects: nouveaux traitements, soins supportifs, recherche, psychooncologie, éthique, politique, économie, statistique. Chacun <strong>de</strong> ces secteurs estabordé par <strong>de</strong>s scientifiques expérimentés, connus en Belgique et dans <strong>le</strong> mon<strong>de</strong>.JCancer est écrit en français mais aussi en anglais par <strong>de</strong>s mé<strong>de</strong>cins en provenanced’horizons divers, distribué à 3200 spécialistes oncologues et non oncologues enWallonie, aux oncologues en Flandre, à <strong>de</strong>s oncologues sé<strong>le</strong>ctionnés par nos liensd’amitié et <strong>de</strong> collaboration partout dans <strong>le</strong> mon<strong>de</strong> et à la presse francophone belge.–Mieux soutenir JCancer c’est mieux assurer la promotion <strong>de</strong> vos objectifs!CONTACTEZ-NOUS à J<strong>cancer</strong>.ulb@bor<strong>de</strong>t.beN°14 – OCTOBRE-NOVEMBRE-DÉCEMBRE 20092425 N°13 – AVRIL-MAI-JUIN 2009


Sorj Chalandon: «La légen<strong>de</strong> <strong>de</strong>s pères»*Emmanuel Hollan<strong>de</strong>rChroniqueur, ancien membre <strong>du</strong> Conseil Supérieur <strong>de</strong> la Langue FrançaiseA U - D E L À D E L A M É D E C I N EOn l’a beaucoup souligné avec une pointe d’incré<strong>du</strong>lité:659 nouveaux romans ont été publiés en France lors <strong>de</strong>la rentrée littéraire <strong>de</strong> septembre. Autant dire que la plupartd’entre eux auront <strong>du</strong> mal à trouver <strong>de</strong>s <strong>le</strong>cteurs. Par contre,pour notre compatriote Amélie Nothomb qui sort chaque automneun récit atten<strong>du</strong> par <strong>de</strong>s centaines <strong>de</strong> milliers <strong>de</strong> fans, <strong>le</strong> crû2009 – «Le voyage d’Hiver»– occupe une <strong>de</strong>s premières positiondans l’enviab<strong>le</strong> classement <strong>de</strong>s dix best sel<strong>le</strong>rs. Pourtant,<strong>le</strong> thème <strong>de</strong> cette saison est particulièrement mince et la <strong>le</strong>cture<strong>de</strong> ces 133 pages largement aérées ne prendra guère <strong>de</strong>temps. Vite lu, vite oublié, dira-t-on, paraphrasant la formu<strong>le</strong>«vite bu, vite pissé» que <strong>le</strong>s viticulteurs ont l’habitu<strong>de</strong> d’adresserau beaujolais nouveau.Les mé<strong>de</strong>cins sont-ils <strong>de</strong>s aficionados <strong>de</strong> la littérature? De cequ’ils me disent, la plupart lisent peu <strong>de</strong> romans. En cause <strong>le</strong>manque <strong>de</strong> temps, la fatigue qui suit <strong>le</strong>s journées stressantes,<strong>le</strong> besoin <strong>de</strong> décompresser que satisfont la télé, <strong>le</strong>s DVD,l‘Internet. Il reste cependant parmi nos interlocuteurs <strong>le</strong> regret<strong>du</strong> plaisir <strong>de</strong> lire qu’ils éprouvèrent lorsqu’ils étaient plus disponib<strong>le</strong>s.Un plaisir qui stimulait <strong>le</strong>ur sensibilité, <strong>le</strong>ur imaginaire,<strong>le</strong>ur compréhension <strong>de</strong>s ressorts <strong>de</strong> l’âme humaine.C’est un peu tout cela qu’apporte Sorj Chalandon avec l’un<strong>de</strong>s meil<strong>le</strong>urs romans <strong>de</strong> la <strong>de</strong>rnière récolte: «La légen<strong>de</strong> <strong>de</strong> nospères». Grand reporter à Libération <strong>du</strong>rant 34 ans, aujourd’huiau «Canard Enchaîné», Sorj Chalandon avait 53 ans lorsqu’i<strong>le</strong>st venu à la littérature. L’année suivante, en 2006, son <strong>de</strong>uxièmelivre («Une Promesse») se voyait attribuer <strong>le</strong> Prix Médicis.Sorti il y a peu, son quatrième roman traite avec un rare sens<strong>de</strong> la nuance <strong>de</strong> ce qui nousest essentiel: la perte d’unpère, la vérité et <strong>le</strong> mensongedans l’existence, la place <strong>de</strong>l’imposture, <strong>le</strong> courage et lalâcheté. Le livre est né <strong>de</strong> latristesse qu’éprouve <strong>le</strong> narrateurd’avoir laissé partir sonpère sans lui avoir donné <strong>le</strong>temps <strong>de</strong> raconter <strong>le</strong> jeunehéros qu’il fut à la tête d’unréseau <strong>de</strong> résistance. Il estvrai qu’après son retour <strong>de</strong>s camps<strong>de</strong> concentration, cet homme, indifférentaux honneurs, avait tourné lapage et s’était toujours tenu éloigné<strong>de</strong>s micros et <strong>de</strong>s estra<strong>de</strong>s.Le narrateur, sujet majeur <strong>du</strong> livre, n’est pas sans ressemblanceavec l’auteur: ancien <strong>journal</strong>iste, il est <strong>de</strong>venu biographe familialà Lil<strong>le</strong>. Il écrit désormais sur comman<strong>de</strong> la vie <strong>de</strong> gens simp<strong>le</strong>s –jamais <strong>de</strong> stars ni <strong>de</strong> notab<strong>le</strong>s –, car «toute vie mérite d’êtreracontée». Relatant <strong>le</strong>s épiso<strong>de</strong>s <strong>de</strong> ces existences, il emprunteaux techniques <strong>du</strong> <strong>journal</strong>isme pour la récolte <strong>de</strong>s faits objectifset à la construction romanesque pour l’émotion et la mise enlumière <strong>de</strong> ce que <strong>le</strong>s faits ne livrent pas. Les pages consacrées àce travail, qui est aussi pour lui une quête <strong>de</strong> la vérité profon<strong>de</strong><strong>de</strong>s êtres, sont d’autant plus captivantes que <strong>le</strong> biographeexerce son métier sans flagornerie, quitte à refuser <strong>le</strong>s contrats.Faut-il préciser qu’il n’entame une tel<strong>le</strong> collaboration qu’avec<strong>de</strong>s sujets ouverts à une démarche probe et non à un exercice<strong>de</strong> public relations? Alors que cela se passe généra<strong>le</strong>ment bien,<strong>le</strong> biographe va être amené à un affrontement terrib<strong>le</strong> au fil <strong>de</strong>ses entretiens multip<strong>le</strong>s avec un personnage central <strong>du</strong> roman,un octogénaire, père dont la fil<strong>le</strong> chirurgienne qui a été marquéedès l’enfance par <strong>le</strong>s récits quotidiens <strong>de</strong>s actes <strong>de</strong> couragedans la résistance <strong>du</strong> futur auteur <strong>de</strong> ses jours. En dépit <strong>de</strong>l’opposition <strong>de</strong> ce <strong>de</strong>rnier, el<strong>le</strong> comman<strong>de</strong> au biographe l’écritured’un ouvrage <strong>de</strong>stiné à laisser une trace <strong>de</strong> cet engagementhéroïque. «J’ai accepté d’écrire son histoire sans imaginerqu’el<strong>le</strong> allait nous précipiter, lui et moi, en enfer». N’en disonspas ici davantage afin <strong>de</strong> laisser au <strong>le</strong>cteur <strong>le</strong> privilège <strong>de</strong>découvrir une histoire pudique, sombre et en même tempsp<strong>le</strong>ine d’humanité.André Gi<strong>de</strong> considérait qu’on ne faisait pas <strong>de</strong> bonne littératureavec <strong>de</strong> bons sentiments. Ce superbe roman montre qu’il n’enest rien. Il réchauffera <strong>le</strong> <strong>le</strong>cteur à la façon ténue mais têtue d’unpâ<strong>le</strong> so<strong>le</strong>il d’hiver. En cette saison <strong>de</strong> grisail<strong>le</strong>, ce n’est pas rien. ■* Paru aux Éditions Grasset27N°14 – OCTOBRE-NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2009


A U - D E L À D E L A M É D E C I N EL’Art Ensor ou <strong>le</strong> Hareng SaurPierre Sterckx, Critique d’artouvre à Paris, au Musée d’Orsay une importante exposition<strong>de</strong> James Ensor. L’événement est rare. Ensor neS’jouit pas d’une notoriété éga<strong>le</strong> à cel<strong>le</strong> <strong>de</strong> Monet, Renoir, Gauguin,ses contemporains. Il fut <strong>le</strong> grand solitaire d’Osten<strong>de</strong>, l’impertinent,l’inclassab<strong>le</strong>. D’abord honni (il manque d’être exclu <strong>du</strong> Cerc<strong>le</strong><strong>de</strong>s XX) il fut tardivement honoré (nommé baron par <strong>le</strong> Roi Albert I er )Picasso, Kandinsky, Malraux viennent <strong>le</strong> voir. Et cela enchantera<strong>le</strong> dandy qu’il était. Un dandy s’avance masqué (travesti,maquillé) pour subti<strong>le</strong>ment démasquer <strong>le</strong>s hypocrisies aupouvoir. C’est un révolté mondain (Bau<strong>de</strong>laire, Warhol). Undésespéré <strong>de</strong> la révolte. Les masques d’Ensor sont très souventplaqués sur <strong>de</strong>s marionnettes, <strong>le</strong>squel<strong>le</strong>s choient au sol.El<strong>le</strong>s disent qu’el<strong>le</strong>s n’ont pas <strong>le</strong> pouvoir… ou qu’el<strong>le</strong>s <strong>le</strong> per<strong>de</strong>nt.Comment affronter la gran<strong>de</strong> bourgeoisie, <strong>le</strong> capitalisme<strong>du</strong>r <strong>de</strong>s années 1900? Par une «Entrée <strong>du</strong> Christ à Bruxel<strong>le</strong>s»où une déferlante populaire associe Jésus et <strong>le</strong> socialisme.Ensor s’i<strong>de</strong>ntifie à un Jésus-Sauveur marxiste. C’est son utopie,mais la mort vaincra. Obsédant <strong>le</strong> peintre <strong>de</strong>puis sa jeunesse,el<strong>le</strong> ricane et grimace son pouvoir absolu. Alors que faire,sinon une peinture <strong>de</strong> la cou<strong>le</strong>ur aci<strong>de</strong>, avec <strong>de</strong>s contrastes<strong>du</strong> vert et <strong>du</strong> rouge. Une peinture qui bruisse, insaisissab<strong>le</strong>comme <strong>le</strong> ciel d’Osten<strong>de</strong>. Quelquechose comme un carnaval permanentoù règnent <strong>le</strong>s masques <strong>de</strong> labestialité, et pour <strong>le</strong> dire en termesscientifiques: un art «fractal 1) .Par «fractalités» il faut entendre la théorie <strong>de</strong> Man<strong>de</strong>lbrot ausujet <strong>de</strong>s bords <strong>de</strong> toutes formes se fractalisant à l’infini. Nonplus regar<strong>de</strong>r la côte <strong>de</strong> Bretagne en cartographe aérien, maisazu travers <strong>de</strong> l’œil d’un crabe.On <strong>de</strong>manda à Man<strong>de</strong>lbrot <strong>de</strong> donner un exemp<strong>le</strong> simp<strong>le</strong> <strong>de</strong>sa théorie et il répondit: un chou frisé. C’est l’un <strong>de</strong>s motifsfavoris d’Ensor. La mort y perd son latin car tout contour luiéchappe.■1) On nomme fracta<strong>le</strong> ou fractal, une courbe ou surface <strong>de</strong> forme irrégulièreou morcelée qui se crée en suivant <strong>de</strong>s règ<strong>le</strong>s mathématiques très compliquée.Le terme «fracta<strong>le</strong>» est un néologisme créé par Benoît Man<strong>de</strong>lbroten 1974 à partir <strong>de</strong> la racine latine fractus, qui signifie brisé, irrégulier(fracta<strong>le</strong>s n.f). Pour avoir une idée plus précises <strong>de</strong>s fracta<strong>le</strong>s <strong>de</strong> Ma<strong>de</strong>lbrotconsultez <strong>le</strong> site suivant:http://pagesperso-orange. fr/char<strong>le</strong>s.vassallo/fr/art/art_1a.htmlJames Ensor, Les Masques et la Mort (1888 Museum of Mo<strong>de</strong>rn Art <strong>de</strong> New York).© SABAM Belgium 2009Page <strong>de</strong> couverture <strong>de</strong> la brochure historique<strong>de</strong> l’Institut Ju<strong>le</strong>s Bor<strong>de</strong>t.Pour info et acquisition: M. Hazard, j<strong>cancer</strong>.ulb@bor<strong>de</strong>t.be© Photo: Bérengère Bor<strong>de</strong>t/2009N°14 – OCTOBRE-NOVEMBRE-DÉCEMBRE 200928

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!