OCS HAITI

Bien que non apparents, il existe des clivages profondément enracinés qui exacerbent la
pauvreté dans les zones rurales, tout en rendant l’infrastructure de base mise en place pour
la combattre dans les centres urbains presque dépassée. Les politiques de salaire minimum
sont souvent inadéquates pour couvrir les frais de transport des individus à l’aller et au
retour de leurs lieux de travail, contrecarrant leurs efforts d’intégrer l’économie formelle et
aggravés par la carence de mobilité sociale. La plus forte partie de la population s’adonne
aux travaux de la terre, mais elle n’a aucun titre couvrant les lopins de terre qu’elle exploite.
Bien que la grande majorité des femmes vivent en « union » avec un homme, moins d’une
sur cinq d’entre elles détient un contrat de mariage comportant des obligations financiѐres
réciproques. L’héritage est sans doute vu de maniѐre plus crue dans la situation des
‘restavek’, un quart de million d’enfants en servitude domestique n’ayant aucun droit, portant
des échos d’un passé sombre à une culture de lutte pour se soustraire de l’étranglement de
son héritage colonial.
Au cours du dernier demi-siѐcle, la dichotomie urbain-rural s’est réduite, particuliѐrement
dans les villes, due à la forte migration non réglementée (bien que souventes fois
provoquée) des provinces vers les centres urbains, sans la planification d’accompagnement
en termes d’infrastructure, d’emplois et de provision de services sociaux de base. Ainsi, les
‘pauvres urbains’ d’aujourd’hui sont généralement des descendants de migrants ruraux
coincés dans un cycle de pauvreté qui est à la fois situationnel, de localisation et structurel.
Elles avaient disparu ces structures communautaires qui gouvernaient la moralité, les prises
de décision et même l’allocation des ressources entre les membres de la communauté. Par
exemple, dans le monde rural d’Haïti, Atribisyon’s, Sosyete’s et Gwoupman’s 5 sont tous des
espaces organisationnels communautaires où la transparence, la reddition de comptes et la
solidarité sont des traits marquants de fonctionnement interactif entre les individus et les
groupes. Pourtant, ils ne sont prescrits dans aucun document national (légal, politique ou
autre), ni référencés par les processus institutionnels qui généralement gouvernent la
planification du développement dans les sphѐres civiles et/ou gouvernementales. Il n’est
donc pas surprenant que la perception soit celle d’exclusion systémique et de
marginalisation, conduisant à ce qui souvent est évoqué comme étant le développement
d’un ‘lumpen prolétariat’ à la merci des caprices d’acteurs politiques et d’intérêts
économiques de la capitale et d’autres villes importantes. Jeter un pont sur l’écart entre les
édifices institutionnels et les réalités sociales est essentiel à la résolution des problѐmes en
Haïti.
Les Femmes
En Haïti, la pauvreté frappe les femmes encore plus durement que les hommes, Tout
d’abord la question de leur participation au systѐme de gouvernance demeure un défi de
taille. Un amendement constitutionnel adopté le 19 juin 2012 établit le principe d’un quota de
30% pour les femmes à tous les niveaux du secteur public. Dans l’immédiat, cette mesure
eut l’effet fugace d’un accroissement nominal du nombre de postes du gouvernement
occupés par des femmes. Mais, bien que ces chiffres aient fluctué de 2009 à 2014, des
changements successifs de gouvernements n’y ont pas imprimé un effet positif, étant donné
que les changements de postes ministériels ne sont pas nécessairement effectués de
5 Réf: Tiré de “When the Hands are Many” Community Organization & Social Change in Rural Haiti: Jenny
Smith; Chapitre 4; Imprimerie de Cornell University; 2002
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