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Au féminin singulier
L’association Elles ouvrent la porte a mené un
important travail avec les enfants des écoles autour
des quatre femmes qui ont donné leur nom à une
école gennevilloise. Retour sur des vies admirables.
Refaire l’histoire de Gennevilliers
du côté des femmes. C’est avec
cette idée en tête que Ginette
Francequin, militante féministe depuis
des décennies et membre de l’association
Elles ouvrent la porte, a organisé en 2013
une déambulation contée dans les rues
des Grésillons portant des noms de
femmes, entre l’école Louise-Michel et
l’école Berthe-Morisot. L’idée a poursuivi
son chemin jusqu’à devenir en mars dernier
« Femmes d’exception pour l’éducation
», une exposition et une série de
quatre fascicules, rédigés par Ginette et
illustrés par Ghislaine
Valadou, avec des dessins
d’enfants des différentes
écoles. À
l’honneur, les quatre
femmes qui ont donné
leur nom à une école
gennevilloise : Pauline
Kergomard, Berthe
Morisot, Louise Michel
et Lucie Aubrac. Qui
sont-elles et pourquoi
notre ville a-t-elle tenu
à leur rendre ainsi
hommage ?
Pauline
Kergomard
Waldeck L’Huillier est
maire de Gennevilliers
lorsque l’école Pauline-Kergomard
(1838-
1925) est inaugurée en
septembre 1970.
« Pauline Kergomard, explique-t-il dans
son discours d’inauguration, fut cette
femme remarquable qui a tracé les grandes
lignes de l’école moderne et qui, aujourd’hui
encore, président à l’organisation de nos
écoles maternelles. La première, elle a préconisé
le jeu non pas comme une détente,
mais comme une forme essentielle de
l’activité enfantine. » Institutrice à 18 ans,
Pauline Kergomard prépare pendant une
vingtaine d’années son Éducation nouvelle
des maternelles. Ce sont les fondements
de l’école maternelle à la française
favorisant le « développement naturel »
de l’enfant. Elle est nommée inspectrice
générale des écoles maternelles en 1881
Berthe Morisot. cache-cache,1873.
par Jules Ferry, ministre de l’Instruction
publique. Elle publie sa méthode d’enseignement
et participe à la rédaction du
Nouveau dictionnaire pédagogique.
Berthe Morisot
À la rentrée 1974, c’est Berthe Morisot
(1841-1895) qui donne son nom à une
école. « Nous avons donné à cette école
maternelle le nom de Berthe Morisot,
indique le maire Lucien Lanternier, parce
que 1974 est l’année du centième anniversaire
de cette révolution dans les arts que
marque l’impressionnisme et que Berthe
Morisot fut une jeune femme qui, comme
peintre, prit une part active dans l’éclosion
de cette nouvelle façon de peindre. Parce
qu’aussi Berthe Morisot fut élève, modèle,
amie et compagne de lutte, puis belle-sœur
d’Édouard Manet. Parce qu’encore, Berthe
Morisot fut pour toutes ces raisons liée à la
famille Manet et donc à la bourgade champêtre
de Gennevilliers dont Clément Manet
fut le maire. »
Le maire de 1974 n’oublie pas non plus
de saluer en Berthe Morisot « une femme
passionnée, vivante, travailleuse. » N’oublions
pas que Berthe Morisot a peint
aussi plusieurs tableaux de Gennevilliers
vers 1875.
Louise Michel
Institutrice et écrivain, communarde et
révolutionnaire, déportée en Nouvelle-
Calédonie, figure légendaire du mouvement
ouvrier, Louise Michel (1830-1905)
donne son nom à une école gennevilloise
en septembre 2005 à l’occasion du centenaire
de sa mort. Le maire, Jacques
Bourgoin, explique ainsi le choix du
conseil municipal : « Libre, militante, travailleuse
acharnée, Louise Michel a combattu
sans relâche pour l’émancipation des
consciences. Quelle personnalité pouvait
mieux incarner ces combats pour l’instruction
de tous et pour l’émancipation des
femmes ? » Difficile de résumer la longue
vie militante et aventureuse de Louise
Michel. « Sa vie, écrit Ginette Francequin,
est un exemple de lutte sans compromission
avec les règles d’une république bourgeoise.
»
Lucie Aubrac
Lucie (1912-2007) et Raymond
Aubrac (1914-2012) sont rarement
séparés, dans leur vie
comme dans leur action. Le
nom du couple légendaire a
été donné au nouveau groupe
scolaire de l’écoquartier à la
rentrée 2014. Pour justifier ce
choix, le conseil municipal
rappelle leurs qualités de
« résistants à l’occupation et au
régime de Vichy, ardents défenseurs
des valeurs de solidarité,
de liberté et de démocratie. »
Concernant Lucie, on n’oubliera
pas les stratagèmes
dont elle usa pour faire libérer
plusieurs fois son mari des
prisons de la Gestapo. Pendant
cette période de l’occupation
et de la résistance, les
époux Aubrac se lient à Marie-
Louise et Waldeck L’Huillier, maire de
Gennevilliers à partir de 1945. Ce qui
explique aussi ce qui lie Lucie Aubrac à
notre ville.
• Jean-Michel Masqué
Septembre 1970
Pauline Kergomard
est la première femme
à donner son nom
à une école gennevilloise.
AVRIL 2016 k 43