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Editorial<br />
Une déclaration scélérate d’une rare gravité!<br />
Par Berthony Dupont<br />
Les griffes de l’aigle viennent une fois de plus blesser les racines<br />
profondes de notre histoire en tant que peuple dont les<br />
ancêtres avaient combattu le colonialisme. L’impérialisme est<br />
sorti de sa cachette et vient de nous montrer son hideux visage à<br />
travers les ordres de l’ambassadrice des Etats-Unis Pamela White<br />
à savoir que: «Martelly doit terminer son mandat. Nous croyons<br />
qu’il était élu pour une période de temps. Il doit rester jusqu’à<br />
ce que son mandat prenne fin ». Ce n’est pas une surprise.<br />
C’était déjà inscrit dans la logique des faits depuis le coup d’état<br />
électoral de l’impérialisme en 2011 pour nous imposer Martelly.<br />
Ce n’est pas un incident ou un accident diplomatique, mais bien<br />
une énième provocation américaine justifiant leur domination,<br />
leur oppression et leur volonté d’établir la terreur dans le pays.<br />
Pourtant, Mme White, le gouvernement américain en<br />
1991 et en 2004 n’avait-il pas empêché qu’un président haïtien<br />
démocratiquement élu par son peuple finisse son mandat en<br />
appuyant deux coups d’état violents et sanglants ? On ne saurait<br />
encore moins oublier le coup d’état raté au Venezuela contre<br />
Hugo Chavez en 2002. Au Honduras, sous l’administration<br />
d’Obama, le président Manuel Zelaya n’a-t-il pas été destitué<br />
sous les applaudissements des Etats-Unis le 28 juin 2009 ? «<br />
C’est peut-être un salaud, mais c’est notre salaud », disait Roosevelt<br />
de Somoza père. À propos de Saddam Hussein : « c’est un<br />
fils de pute, mais c’est notre fils de pute » avait déclaré Ronald<br />
Reagan. Martelly est votre laquais, vous revendiquez donc<br />
qu’il finisse son mandat ! Bravo !<br />
Mouillé jusqu’au cou dans cette crise sordide, paniqué par<br />
le vent de changement en cours, Washington ne sait plus comment<br />
s’en sortir pour désamorcer la bombe populaire. Ainsi, par<br />
cette déclaration de Mme White, l’impérialisme américain ne fait<br />
que battre le tambour de la guerre contre le peuple haïtien. Justement,<br />
c’est verser de l’huile sur le feu. L’administration d’Obama<br />
à l’instar de toutes les autres montre qu’elle reste toujours<br />
tolérante à l’égard de ses restavèk sans influence réelle et qu’elle<br />
protège. Par contre, elle est intransigeante et acharnée à l’égard<br />
des nationalistes, des progressistes qu’elle juge irréductibles et<br />
dangereux, sans doute à juste titre. N’est ce pas là une preuve<br />
tangible d’un terrorisme psychologique que l’impérialisme veut<br />
à tout prix entretenir dans le pays !<br />
C’est vraiment se ficher de notre intelligence quand Pamela<br />
White ose déclarer « ce n’est pas du tout la position des Etats-<br />
Unis si le premier ministre reste ou s’il s’en va, c’est une question<br />
qui concerne complètement les Haïtiens ». Mais pourquoi<br />
faut-il alors que ce soit aux Etats-Unis de décider que Martelly<br />
doit rester ? Le statut de Martelly tout comme celui de Lamothe<br />
ne concerne-t-il pas les Haïtiens ? L’attitude de l’impérialisme<br />
américain ne peut avoir qu’une simple explication : Washington<br />
a peur qu’un soulèvement populaire ne vienne détruire ses intérêts<br />
et ne soit un exemple contagieux qui stimulerait d’autres<br />
peuples en lutte contre leur domination hégémonique. En vérité,<br />
c’est la situation du sultan aux abois qui craint pour son trône et<br />
est prêt à tout pour le conserver.<br />
Conscient ou non de cette situation de crise grave et multiforme<br />
que traverse le pays, le régime Martelly/Lamothe ne fait<br />
rien pour la surmonter ; sauf l’aggraver, surtout avec cette commission<br />
présidentielle de consultation qui lui a remis un rapport<br />
que le Parlement ne saurait agréer, mais qui va envenimer beaucoup<br />
plus les choses. Il faut en passant souligner l’incapacité des<br />
forces occupantes et de l’ambassade des Etats-Unis à formuler<br />
pour le régime en place, le leur, une ligne de conduite et des<br />
objectifs susceptibles de mieux répondre même à leurs propres<br />
affaires. Aussi, se prenant pour un habile manœuvrier, Martelly<br />
sous les diktats de l’impérialisme est pris à son propre piège.<br />
Les acrobaties de Pamela White disant « s’il y a des manifestations<br />
devant nos ambassades, c’est le droit des manifestants,<br />
c’est la démocratie » ne trompent guère et ne peuvent<br />
plus cacher le pourquoi de la formation de la Commission présidentielle.<br />
Martelly et Lamothe n’étant plus sûrs de leurs arrières,<br />
depuis le déclenchement de l’opération « Burkina Faso »,<br />
les inquiétudes étant grandes dans le camp du régime et également<br />
dans celui qui les ont propulsés au pouvoir, l’impérialisme<br />
a voulu à tout prix sauver sa marionnette Micky.<br />
Les récentes déclarations de Pamela White sont révélatrices<br />
et elles ont été mal perçues, suscitant des protestations sur<br />
les réseaux sociaux. Un compatriote concerné a réagi ainsi, et<br />
c’est la pure vérité : « Madame White, pourquoi ne pas dire tout<br />
simplement : C’est moi la gouverneure d’<strong>Haiti</strong>. Ç’aurait été plus<br />
simple. Cependant, c’est une honte de voir un ambassadeur<br />
étranger décider qui sera président et qui sera limogé ; quand<br />
un ambassadeur haïtien aux USA n’a même pas le droit de<br />
franchir les escaliers du Sénat, voire la Maison Blanche, sans<br />
une invitation formelle et protocolaire. Si cela devait arriver, il<br />
serait arrêté, et vu les tendances actuelles aux USA, il serait<br />
peut être battu à mort ou flingué par les membres du service<br />
secret ».<br />
Dans cette perspective, aucune moitié solution à la crise<br />
haïtienne n’est concevable. Que Lamothe démissionne ou pas,<br />
la crise reste entière ! La situation ne changera pas tant que<br />
Martelly et Lamothe resteront au pouvoir. Avec leur présence, la<br />
situation demeure figée. La position populaire étant irréversible,<br />
les deux compères doivent partir, c’est la stricte vérité !<br />
Le secrétaire d’état américain John Kerry visitera le pays, le<br />
12 décembre prochain, sans doute pour renforcer les ordres de<br />
Pamela White. Qu’il soit accueilli avec la manifestation la plus<br />
militante, la plus révolutionnaire qui exprimera la véritable volonté<br />
des masses populaires : Martelly et Lamothe doivent partir !<br />
Il s’agit de sauver la patrie en danger en bousculant le néo-colonialisme<br />
américain et ses suppôts locaux. Non à Martelly ! Non à<br />
Lamothe ! Non à Clinton ! Non à Kerry et à Pamela White ! Cette<br />
lutte est nôtre…C’est tout ou rien pour sauvegarder la dignité du<br />
peuple haïtien.<br />
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2 <strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times<br />
Vol. 8 • No. 22 • du <strong>10</strong> au 16 décembre <strong>2014</strong>