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Haiti Liberte 10 Decembre 2014

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Dossier Joseph Lambert/Jean Rony Philippe<br />

Le casec Falante Bousiquot menacé !<br />

Martelly et Lamothe<br />

doivent partir !<br />

Par Marie Laurette Numa<br />

Quand la justice d’un pays est mise<br />

sous la coupe des mercenaires et des<br />

bandits, ces derniers se permettent d’agir<br />

à leur guise, kidnappant, assassinant des<br />

gens tout bonnement ; car ils savent déjà<br />

que rien ne pourra leur arriver.<br />

C’est le cas de l’ancien Sénateur<br />

du Sud’Est Joseph Lambert, actuellement<br />

l’un des conseillers politiques du<br />

président Joseph Michel Martelly, accusé<br />

d’être l’auteur intellectuel de la tentative<br />

d’assassinat sur Jean Rony Philippe.<br />

Rappelons que Philippe avait été attaqué<br />

et laissé pour mort le 4 avril <strong>2014</strong><br />

sur la Route des Rails à Carrefour par une<br />

bande de 13 malfaiteurs du Gang Kakos.<br />

(Voir HL Vol 7 # 44)<br />

Par la suite, Philippe avait bien déposé<br />

des plaintes au Service des Investigations<br />

du Commissariat et aux Parquets<br />

de Port-au-Prince et de Jacmel le 7 avril,<br />

20 et 21 août <strong>2014</strong> contre Lambert. Malheureusement,<br />

ces plaintes sont restées<br />

sans suite et même la Police Nationale<br />

qui avait conduit la victime à l’hôpital<br />

des Médecins Sans Frontières ce 4 avril,<br />

n’a fait aucun effort de suivi, d’enquête<br />

pour rechercher les bandits qui ont failli<br />

détruire sa vie. Est-ce cela l’Etat de droit<br />

et de Justice que prône ce gouvernement?<br />

Or, il arrive que Lambert, de son<br />

côté, a intenté une action en justice<br />

contre son accusateur pour diffamation.<br />

Et immédiatement, un jugement s’est<br />

soldé en sa faveur contre Philippe. Cette<br />

audience contre Philippe s’est déroulée<br />

au tribunal correctionnel de Jacmel, le<br />

mardi 21 octobre <strong>2014</strong>. Le verdict, prononcé<br />

par défaut, condamne Jean Rony<br />

Philippe à deux ans trois mois d’emprisonnement<br />

et quinze (15) millions de<br />

gourdes de dommages et intérêts au<br />

profit de Lambert et deux mille gourdes<br />

d’amende. Pour la Justice du gouvernement<br />

Martelly/Lamothe, la victime est<br />

transformée en agresseur et l’agresseur<br />

est devenu la victime.<br />

Cependant Mr Philippe par la<br />

filière de son avocat, Maitre Newton<br />

Louis Saint Juste, a cassé le faux jugement<br />

du juge Frantz Elmorin, inféodé à<br />

Joseph Lambert au cours de la séance du<br />

25 novembre <strong>2014</strong>. Ce jour là, le casec<br />

Falante Bousiquot qui est le responsable<br />

logistique de l’entreprise Philippe Supermarket,<br />

propriété de Jean Rony Philippe<br />

avait mobilisé près d’une centaine de<br />

personnes, venant en majorité de la première<br />

section communale de la Vallée de<br />

Jacmel, Muzac, en solidarité avec Jean<br />

Rony Philippe. Une façon de lancer un<br />

message au juge zafra de Lambert pour<br />

lui dire que Philippe n’est pas seul, la<br />

population est avec lui et son jugement<br />

par défaut est nul et non avenu. Ce fut<br />

aux cris scandés de « Justice pour Rony,<br />

Justice pour Rony » que certaines gens<br />

manifestaient au dehors du tribunal.<br />

Cette action en quelque sorte n’a pas aidé<br />

la justice assassine et criminelle de Lambert<br />

à faire son cours. Et c’est en réponse<br />

à cette mobilisation que les hommes<br />

de main du tout-puissant homme fort<br />

de Jacmel, Joseph Lambert, ont fait de<br />

Le Casec Falante Bousiquot<br />

Bousiquot, quant à présent, leur cible à<br />

abattre.<br />

Le casec, Falante Bousiquot a<br />

été élu aux élections de 2006 sous le<br />

chapeau du Parti Social Renouvelable<br />

qui avait pour candidat à la présidence<br />

Bonivert Claude. Il vient de recevoir sur<br />

son portable une pléiade de messages,<br />

le menaçant, juste après l’événement<br />

populaire du 25 novembre. Voici en<br />

quelque sorte certains messages venant<br />

du numéro de téléphone 4760-4980 en<br />

créole tel quel, et que nous avons traduit<br />

Falante Bousiquot rentrant à la salle du Tribunal de Jacmel où l’attendaient<br />

les gens venus en solidarité avec la victime Jean Rony Philippe<br />

en français.<br />

Le 4 décembre <strong>2014</strong>, Falante a<br />

reçu ce message: « PAtizan ou atake<br />

move dosye ki pap bon pou ou avanyè<br />

ou monte l’avale w al chèche moun vin<br />

mobilize moun kont papa avan desanm<br />

nan fini nap ba w kado Noel ou paske<br />

menm patizan nou ou te envite avan<br />

desanm nan fini n ap di sa n ap di avè<br />

w la »<br />

« Individu, vous êtes rentré dans<br />

un dossier qui ne vous sera guère profitable.<br />

Avant hier, vous avez été à Lavale<br />

chercher des citoyens pour une mobilisation<br />

contre papa. Avant la fin du mois de<br />

décembre, vous recevrez de nous votre<br />

cadeau de Noel et même nos partisans<br />

qui ont participé à votre rassemblement,<br />

avant le mois de décembre nous leur<br />

avons signalé ce que nous entretenons<br />

avec vous »<br />

Le même jour un second message<br />

« W ap tonbe par lontan desanm nan pap<br />

pase paske si nou pa fè w pe ye Frekan<br />

site sa w fè la w ap konnen se yon afè ou<br />

ye gade ou pap janm fè sa nan vi pa w<br />

ankò, fòk ou mouri kanmèm<br />

« Vous tomberez prochainement,<br />

le mois de Décembre ne passera pas.<br />

Parce que si nous ne vous faisons pas<br />

payer pour cette impertinence, vous allez<br />

croire que vous représentez une force,<br />

quand en réalité, vous n’êtes rien. Par<br />

conséquent vous allez mourir de toute<br />

façon »<br />

Peu de jours après, soit le 7 du<br />

même mois, il a reçu un autre message<br />

disant : « w ap mache pale lambert mal<br />

desanm nan pap pase pou n pa disparet<br />

ou sa w te fe nan tribinal pap rete konsa<br />

nou te monte al vizite kay ou, ou rete bò<br />

wout la, n ap panse pou avan desanm<br />

nan fini met gason sou ou, ou met vole<br />

ponpe wap mouri kanmem .<br />

Vous dites du mal de Lambert partout.<br />

Donc, le mois de décembre ne passera<br />

que vous ne soyez pas mort. Ce que<br />

vous avez fait au tribunal ne restera pas<br />

ainsi. Nous avons visité votre maison,<br />

vous habitez au bord de la route. Donc,<br />

mettez votre ceinture à votre taille, avant<br />

la fin du mois de Décembre. Quoique vous<br />

fassiez, vous mourrez quand même !<br />

Le même 7 Décembre un autre<br />

message arrive sur le portable de Falante<br />

« Lanmò w planifye deja paske w frekan<br />

patron w kite w pou panike nou, n ap<br />

disparet ou kanmem pou kaka biznis<br />

makèt la fèmen n ap fin touye w apre n<br />

ap fout boule kaka makèt la »<br />

Tout est planifié pour votre assassinat,<br />

parce que vous êtes un arrogant.<br />

Votre patron vous a laissé pour nous<br />

paniquer. Nous allons vous éliminer et<br />

puis fermer le supermarket. Nous vous<br />

tuerons puis nous brulerons le market ».<br />

Ces messages envoyés à Boursiquot<br />

ne devraient pas être pris à la légère<br />

comme dans le cadre d’une quelconque<br />

intimidation. C’est un acte criminel qui<br />

doit soulever l’indignation de tout le<br />

monde. Vu que ce n’est pas pour la première<br />

fois que le nom de Joseph Lambert<br />

fait la une des actualités, soit dans le trafic<br />

de la drogue, le kidnapping ou l’assassinat.<br />

Nous ne pouvons pas oublier les<br />

déclarations avec des données spécifiques<br />

de Sherlson Sanon faites au Cabinet<br />

d’Instruction le 3 juillet 2013, révélant<br />

qu’il travaillait à un certain moment<br />

pour un gang dirigé par l’actuel ministre<br />

de la Justice Jean Renel Sanon, Joseph<br />

Lambert et l’actuel sénateur Edo Zenny.<br />

Tout récemment, Joseph Lambert<br />

affirmait sur les ondes avoir distribué 500<br />

téléphones mobiles à ses hommes, leur<br />

confiant la tâche d’espionner toutes celles<br />

et tous ceux qui osent dire du mal de lui,<br />

afin qu’il puisse les trainer en justice. Les<br />

organismes de promotion et de défense<br />

des droits humains assimilent cette déclaration<br />

à une violation flagrante des droits<br />

garantis par la Constitution haïtienne,<br />

et à une menace à la liberté d’expression,<br />

qui méritent d’être rigoureusement<br />

condamnées. « Nous devons prendre<br />

très au sérieux cette déclaration, venant<br />

surtout d’un proche du pouvoir en place.<br />

C’est une intolérance qui frise la dictature<br />

», déclare Me Rameau Colin, responsable<br />

de la section des droits humains au sein<br />

de l’Organisation des jeunes pour le développement<br />

du Sud-Est (Ojedese).<br />

Malgré tout, Lambert est encore<br />

sain et sauf car la justice haïtienne est<br />

sous son contrôle. C’est son actuel allié<br />

au sein du gouvernement Martelly/<br />

Lamothe, Stanley Lucas qui, le 28 Juillet<br />

2011, sur son site, publiait un article<br />

titré « Joseph Lambert Sénateur impliqué<br />

dans la drogue et la corruption » dans<br />

lequel il soulignait : « La police a arrêté<br />

un bateau rempli de cocaïne à Tiburon.<br />

Selon le rapport du juge d’instruction<br />

Jacques Saint Jean préparé le 6 Septembre<br />

2007, le bateau de cocaïne appartenait à<br />

Joseph Lambert. Il ajouta : « Le sénateur<br />

Lambert est aussi impliqué dans l’assassinat<br />

de Monique Pierre, une femme qui<br />

vivait dans des milieux de la drogue et<br />

qui s‘apprêtait à faire des révélations sur<br />

Lambert » [Tout <strong>Haiti</strong> 8 juillet 2013].<br />

Un employé travaillant chez Monique<br />

Pierre a noté l’immatriculation du<br />

véhicule transportant les criminels ayant<br />

assassiné cette dame. Avec cette information<br />

l’enquête de la police a révélé que<br />

ce véhicule immatriculé OF 0032 appartient<br />

au Sénateur Joseph Lambert. Pour<br />

se défendre Lambert déclara « des religieux,<br />

de nombreux citoyens et des personnalités<br />

de Jacmel peuvent témoigner<br />

qu’il se trouvait à bord du véhicule dans<br />

le sud est et non à Port-au-Prince. Samedi<br />

matin j’ai utilisé le véhicule en question<br />

pour me rendre à Peredo et Zoranger<br />

afin de distribuer des semences et de la<br />

nourriture aux paysans » Sur ce dossier<br />

« Lambert se dit inquiet ; mais ne craint<br />

aucun mal dans le cadre de l’enquête sur<br />

l’assassinat de Monique Pierre » (Radio<br />

Métropole 2 décembre 2008)<br />

Sera-t-il toujours ainsi, puisque<br />

Lambert ne craint aucunement d’être<br />

appréhendé par la Justice. Entretemps, la<br />

vie du Casec Falante Bousiquot est menacée<br />

! On dit que c’est par la tête que pourrit<br />

le poisson. Aussi comprend-on pourquoi<br />

les proches de Martelly échappent à<br />

la Justice, car à la tête de l’État trône un<br />

président corrompu, purulent, qui laisse<br />

pourrir le corps non moins putride. Il faut<br />

à tout prix une excision chirurgicale de<br />

l’abcès rose.<br />

Daniel Tercier/<strong>Haiti</strong> Liberté<br />

Daniel Tercier/<strong>Haiti</strong> Liberté<br />

Des centaines de milliers de personnes sont descendues dans les rues pour<br />

dire aux puissances coloniales et impérialistes que le peuple haïtien en a<br />

assez, de venir enlever les deux colis encombrants : Michel Joseph Martelly<br />

et Laurent Salvador Lamothe<br />

Par Isabelle L. Papillon<br />

Lors des deux dernières manifestations<br />

du vendredi 5 et du samedi<br />

6 décembre <strong>2014</strong>, lancées par<br />

l’Opposition, un peu partout à travers<br />

le pays, le départ de l’occupant du Palais<br />

national, Michel Joseph Martelly<br />

a fait l’unanimité. Des centaines de<br />

milliers de personnes, venues de tous<br />

les secteurs de la vie nationale et de<br />

tous les quartiers populeux, sont descendues<br />

dans les rues pour dire aux<br />

puissances coloniales et impérialistes<br />

que le peuple haïtien en a assez, de venir<br />

enlever les deux colis encombrants :<br />

Laurent Salvador Lamothe et Michel<br />

Joseph Martelly, imposé à la tête de la<br />

première République noire du monde<br />

par des élections frauduleuses en 2011.<br />

Après l’ambassade des Etats-<br />

Unis, le 29 novembre dernier, les manifestants<br />

se sont rendus devant l’ambassade<br />

de France et du Canada, puis<br />

devant le Palais national pour sommer<br />

Martelly de partir. C’était le même son<br />

de cloche de la population du Nord du<br />

pays, le samedi 6 décembre. Dans le<br />

sud du pays en commémorant le 85 e<br />

anniversaire du massacre des paysans<br />

à Marche-à-Terre par des soldats yankee,<br />

le 6 décembre 1929, la population<br />

réclamait également le départ de<br />

l’équipe tètkale du pouvoir.<br />

A Port-au-Prince, c’est avec ces<br />

cris que les manifestants démarrent<br />

chaque journée de mobilisation par devant<br />

l’église de St-Jean Bosco : « Martelly<br />

doit partir ! Martelly doit partir !<br />

Martelly doit partir ! A bas Martelly !<br />

Martelly dehors du Palais ! Nous restons<br />

dans les rues jusqu’à ce que Martelly<br />

et Lamothe partent. Nous ne voulons<br />

pas de ce régime. Martelly divise<br />

nos familles, détruit notre système<br />

éducatif, détruit les institutions républicaines,<br />

persécute notre leader, Dr.<br />

Jean Bertrand Aristide, emprisonne nos<br />

frères pour leur conviction politique,<br />

tue nos camarades de combats…. »<br />

Après avoir parcouru le quartier<br />

populeux de la Saline, l’un des bastions<br />

de Lavalas, la foule surchauffée s’est<br />

dirigée en direction de la rue Saint-Martin<br />

pour se rendre au Bel Air où une<br />

branche de la manifestation se réunit.<br />

Partis du Bel Air, les manifestants anti-<br />

Martelly ont sillonné la rue St-Martin,<br />

le quartier Solino, les rues Sans-Fil et<br />

Borgella, la rue des Miracles se rendant<br />

devant le Parlement haïtien, pour<br />

dire aux parlementaires que leur mandat<br />

arrive à échéance et qu’ils doivent<br />

partir. Ils se sont ensuite dirigés vers la<br />

Primature pour sommer le Premier ministre<br />

corrupteur, maffieux, racketteur,<br />

minable, Laurent Lamothe de vider les<br />

lieux. En scandant « Arrêtez Lamothe !<br />

A bas Lamothe ! Lamothe doit partir.<br />

Lamothe est en train de faire business<br />

avec l’Etat. Lamothe vole 5 milliards de<br />

gourde. Lamothe transfère 700 millions<br />

de dollars US en République Dominicaine,<br />

Lamothe vend à l’Etat des lampadaires<br />

à 3000 $ US l’unité, Lamothe<br />

est un fieffé menteur. »<br />

En passant devant les tribunaux<br />

du Palais de justice, au Bicentenaire,<br />

les manifestants scandaient : « Arrêtez<br />

Lamarre Bélizaire ! Lamarre Bélizaire<br />

est un vendeur de justice. Lamarre Bélizaire<br />

est un corrompu. Le peuple va juger<br />

Lamarre Bélizaire. Lamothe a donné<br />

à Céant 40 millions de dollars pour<br />

démolir les maisons de 63 familles au<br />

centre-ville. Lamothe est un criminel !<br />

Me Céant est un criminel. Nous les attendons<br />

aux élections. On va les sanctionner.<br />

» Ils ont ensuite parcouru plusieurs<br />

rues de la capitale avant d’arriver<br />

devant l’ambassade de France en Haïti,<br />

à la rue Capois. Et là, les manifestants<br />

ont dit « Non à l’ingérence étrangère. La<br />

France doit restituer à Haïti les 90 millions<br />

de franc or escroqués de la jeune<br />

République des Nègres. Cette somme<br />

est évaluée à plus de 21 milliard de dollars<br />

US depuis l’année 2003. Laissez le<br />

peuple haïtien prendre son destin en<br />

main. Cessez de violer le doit à l’autodétermination<br />

du peuple haïtien. » Des<br />

manifestants ont brandi des photos du<br />

président de la Russie, Vladimir Poutine<br />

pour montrer au monde qu’on veut se<br />

libérer du joug impérialiste étasunien et<br />

colonialiste français.<br />

Après avoir délivré le message<br />

de circonstance à la France, la foule a<br />

pris tête droite la direction du Palais<br />

national en passant devant la Faculté<br />

d’Ethnologie. Les mains en l’air, les<br />

manifestants sont arrivés à pénétrer<br />

Suite à la page (15)<br />

4 <strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times<br />

Vol. 8 • No. 22 • du <strong>10</strong> au 16 décembre <strong>2014</strong>

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