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Dossier Joseph Lambert/Jean Rony Philippe<br />
Le casec Falante Bousiquot menacé !<br />
Martelly et Lamothe<br />
doivent partir !<br />
Par Marie Laurette Numa<br />
Quand la justice d’un pays est mise<br />
sous la coupe des mercenaires et des<br />
bandits, ces derniers se permettent d’agir<br />
à leur guise, kidnappant, assassinant des<br />
gens tout bonnement ; car ils savent déjà<br />
que rien ne pourra leur arriver.<br />
C’est le cas de l’ancien Sénateur<br />
du Sud’Est Joseph Lambert, actuellement<br />
l’un des conseillers politiques du<br />
président Joseph Michel Martelly, accusé<br />
d’être l’auteur intellectuel de la tentative<br />
d’assassinat sur Jean Rony Philippe.<br />
Rappelons que Philippe avait été attaqué<br />
et laissé pour mort le 4 avril <strong>2014</strong><br />
sur la Route des Rails à Carrefour par une<br />
bande de 13 malfaiteurs du Gang Kakos.<br />
(Voir HL Vol 7 # 44)<br />
Par la suite, Philippe avait bien déposé<br />
des plaintes au Service des Investigations<br />
du Commissariat et aux Parquets<br />
de Port-au-Prince et de Jacmel le 7 avril,<br />
20 et 21 août <strong>2014</strong> contre Lambert. Malheureusement,<br />
ces plaintes sont restées<br />
sans suite et même la Police Nationale<br />
qui avait conduit la victime à l’hôpital<br />
des Médecins Sans Frontières ce 4 avril,<br />
n’a fait aucun effort de suivi, d’enquête<br />
pour rechercher les bandits qui ont failli<br />
détruire sa vie. Est-ce cela l’Etat de droit<br />
et de Justice que prône ce gouvernement?<br />
Or, il arrive que Lambert, de son<br />
côté, a intenté une action en justice<br />
contre son accusateur pour diffamation.<br />
Et immédiatement, un jugement s’est<br />
soldé en sa faveur contre Philippe. Cette<br />
audience contre Philippe s’est déroulée<br />
au tribunal correctionnel de Jacmel, le<br />
mardi 21 octobre <strong>2014</strong>. Le verdict, prononcé<br />
par défaut, condamne Jean Rony<br />
Philippe à deux ans trois mois d’emprisonnement<br />
et quinze (15) millions de<br />
gourdes de dommages et intérêts au<br />
profit de Lambert et deux mille gourdes<br />
d’amende. Pour la Justice du gouvernement<br />
Martelly/Lamothe, la victime est<br />
transformée en agresseur et l’agresseur<br />
est devenu la victime.<br />
Cependant Mr Philippe par la<br />
filière de son avocat, Maitre Newton<br />
Louis Saint Juste, a cassé le faux jugement<br />
du juge Frantz Elmorin, inféodé à<br />
Joseph Lambert au cours de la séance du<br />
25 novembre <strong>2014</strong>. Ce jour là, le casec<br />
Falante Bousiquot qui est le responsable<br />
logistique de l’entreprise Philippe Supermarket,<br />
propriété de Jean Rony Philippe<br />
avait mobilisé près d’une centaine de<br />
personnes, venant en majorité de la première<br />
section communale de la Vallée de<br />
Jacmel, Muzac, en solidarité avec Jean<br />
Rony Philippe. Une façon de lancer un<br />
message au juge zafra de Lambert pour<br />
lui dire que Philippe n’est pas seul, la<br />
population est avec lui et son jugement<br />
par défaut est nul et non avenu. Ce fut<br />
aux cris scandés de « Justice pour Rony,<br />
Justice pour Rony » que certaines gens<br />
manifestaient au dehors du tribunal.<br />
Cette action en quelque sorte n’a pas aidé<br />
la justice assassine et criminelle de Lambert<br />
à faire son cours. Et c’est en réponse<br />
à cette mobilisation que les hommes<br />
de main du tout-puissant homme fort<br />
de Jacmel, Joseph Lambert, ont fait de<br />
Le Casec Falante Bousiquot<br />
Bousiquot, quant à présent, leur cible à<br />
abattre.<br />
Le casec, Falante Bousiquot a<br />
été élu aux élections de 2006 sous le<br />
chapeau du Parti Social Renouvelable<br />
qui avait pour candidat à la présidence<br />
Bonivert Claude. Il vient de recevoir sur<br />
son portable une pléiade de messages,<br />
le menaçant, juste après l’événement<br />
populaire du 25 novembre. Voici en<br />
quelque sorte certains messages venant<br />
du numéro de téléphone 4760-4980 en<br />
créole tel quel, et que nous avons traduit<br />
Falante Bousiquot rentrant à la salle du Tribunal de Jacmel où l’attendaient<br />
les gens venus en solidarité avec la victime Jean Rony Philippe<br />
en français.<br />
Le 4 décembre <strong>2014</strong>, Falante a<br />
reçu ce message: « PAtizan ou atake<br />
move dosye ki pap bon pou ou avanyè<br />
ou monte l’avale w al chèche moun vin<br />
mobilize moun kont papa avan desanm<br />
nan fini nap ba w kado Noel ou paske<br />
menm patizan nou ou te envite avan<br />
desanm nan fini n ap di sa n ap di avè<br />
w la »<br />
« Individu, vous êtes rentré dans<br />
un dossier qui ne vous sera guère profitable.<br />
Avant hier, vous avez été à Lavale<br />
chercher des citoyens pour une mobilisation<br />
contre papa. Avant la fin du mois de<br />
décembre, vous recevrez de nous votre<br />
cadeau de Noel et même nos partisans<br />
qui ont participé à votre rassemblement,<br />
avant le mois de décembre nous leur<br />
avons signalé ce que nous entretenons<br />
avec vous »<br />
Le même jour un second message<br />
« W ap tonbe par lontan desanm nan pap<br />
pase paske si nou pa fè w pe ye Frekan<br />
site sa w fè la w ap konnen se yon afè ou<br />
ye gade ou pap janm fè sa nan vi pa w<br />
ankò, fòk ou mouri kanmèm<br />
« Vous tomberez prochainement,<br />
le mois de Décembre ne passera pas.<br />
Parce que si nous ne vous faisons pas<br />
payer pour cette impertinence, vous allez<br />
croire que vous représentez une force,<br />
quand en réalité, vous n’êtes rien. Par<br />
conséquent vous allez mourir de toute<br />
façon »<br />
Peu de jours après, soit le 7 du<br />
même mois, il a reçu un autre message<br />
disant : « w ap mache pale lambert mal<br />
desanm nan pap pase pou n pa disparet<br />
ou sa w te fe nan tribinal pap rete konsa<br />
nou te monte al vizite kay ou, ou rete bò<br />
wout la, n ap panse pou avan desanm<br />
nan fini met gason sou ou, ou met vole<br />
ponpe wap mouri kanmem .<br />
Vous dites du mal de Lambert partout.<br />
Donc, le mois de décembre ne passera<br />
que vous ne soyez pas mort. Ce que<br />
vous avez fait au tribunal ne restera pas<br />
ainsi. Nous avons visité votre maison,<br />
vous habitez au bord de la route. Donc,<br />
mettez votre ceinture à votre taille, avant<br />
la fin du mois de Décembre. Quoique vous<br />
fassiez, vous mourrez quand même !<br />
Le même 7 Décembre un autre<br />
message arrive sur le portable de Falante<br />
« Lanmò w planifye deja paske w frekan<br />
patron w kite w pou panike nou, n ap<br />
disparet ou kanmem pou kaka biznis<br />
makèt la fèmen n ap fin touye w apre n<br />
ap fout boule kaka makèt la »<br />
Tout est planifié pour votre assassinat,<br />
parce que vous êtes un arrogant.<br />
Votre patron vous a laissé pour nous<br />
paniquer. Nous allons vous éliminer et<br />
puis fermer le supermarket. Nous vous<br />
tuerons puis nous brulerons le market ».<br />
Ces messages envoyés à Boursiquot<br />
ne devraient pas être pris à la légère<br />
comme dans le cadre d’une quelconque<br />
intimidation. C’est un acte criminel qui<br />
doit soulever l’indignation de tout le<br />
monde. Vu que ce n’est pas pour la première<br />
fois que le nom de Joseph Lambert<br />
fait la une des actualités, soit dans le trafic<br />
de la drogue, le kidnapping ou l’assassinat.<br />
Nous ne pouvons pas oublier les<br />
déclarations avec des données spécifiques<br />
de Sherlson Sanon faites au Cabinet<br />
d’Instruction le 3 juillet 2013, révélant<br />
qu’il travaillait à un certain moment<br />
pour un gang dirigé par l’actuel ministre<br />
de la Justice Jean Renel Sanon, Joseph<br />
Lambert et l’actuel sénateur Edo Zenny.<br />
Tout récemment, Joseph Lambert<br />
affirmait sur les ondes avoir distribué 500<br />
téléphones mobiles à ses hommes, leur<br />
confiant la tâche d’espionner toutes celles<br />
et tous ceux qui osent dire du mal de lui,<br />
afin qu’il puisse les trainer en justice. Les<br />
organismes de promotion et de défense<br />
des droits humains assimilent cette déclaration<br />
à une violation flagrante des droits<br />
garantis par la Constitution haïtienne,<br />
et à une menace à la liberté d’expression,<br />
qui méritent d’être rigoureusement<br />
condamnées. « Nous devons prendre<br />
très au sérieux cette déclaration, venant<br />
surtout d’un proche du pouvoir en place.<br />
C’est une intolérance qui frise la dictature<br />
», déclare Me Rameau Colin, responsable<br />
de la section des droits humains au sein<br />
de l’Organisation des jeunes pour le développement<br />
du Sud-Est (Ojedese).<br />
Malgré tout, Lambert est encore<br />
sain et sauf car la justice haïtienne est<br />
sous son contrôle. C’est son actuel allié<br />
au sein du gouvernement Martelly/<br />
Lamothe, Stanley Lucas qui, le 28 Juillet<br />
2011, sur son site, publiait un article<br />
titré « Joseph Lambert Sénateur impliqué<br />
dans la drogue et la corruption » dans<br />
lequel il soulignait : « La police a arrêté<br />
un bateau rempli de cocaïne à Tiburon.<br />
Selon le rapport du juge d’instruction<br />
Jacques Saint Jean préparé le 6 Septembre<br />
2007, le bateau de cocaïne appartenait à<br />
Joseph Lambert. Il ajouta : « Le sénateur<br />
Lambert est aussi impliqué dans l’assassinat<br />
de Monique Pierre, une femme qui<br />
vivait dans des milieux de la drogue et<br />
qui s‘apprêtait à faire des révélations sur<br />
Lambert » [Tout <strong>Haiti</strong> 8 juillet 2013].<br />
Un employé travaillant chez Monique<br />
Pierre a noté l’immatriculation du<br />
véhicule transportant les criminels ayant<br />
assassiné cette dame. Avec cette information<br />
l’enquête de la police a révélé que<br />
ce véhicule immatriculé OF 0032 appartient<br />
au Sénateur Joseph Lambert. Pour<br />
se défendre Lambert déclara « des religieux,<br />
de nombreux citoyens et des personnalités<br />
de Jacmel peuvent témoigner<br />
qu’il se trouvait à bord du véhicule dans<br />
le sud est et non à Port-au-Prince. Samedi<br />
matin j’ai utilisé le véhicule en question<br />
pour me rendre à Peredo et Zoranger<br />
afin de distribuer des semences et de la<br />
nourriture aux paysans » Sur ce dossier<br />
« Lambert se dit inquiet ; mais ne craint<br />
aucun mal dans le cadre de l’enquête sur<br />
l’assassinat de Monique Pierre » (Radio<br />
Métropole 2 décembre 2008)<br />
Sera-t-il toujours ainsi, puisque<br />
Lambert ne craint aucunement d’être<br />
appréhendé par la Justice. Entretemps, la<br />
vie du Casec Falante Bousiquot est menacée<br />
! On dit que c’est par la tête que pourrit<br />
le poisson. Aussi comprend-on pourquoi<br />
les proches de Martelly échappent à<br />
la Justice, car à la tête de l’État trône un<br />
président corrompu, purulent, qui laisse<br />
pourrir le corps non moins putride. Il faut<br />
à tout prix une excision chirurgicale de<br />
l’abcès rose.<br />
Daniel Tercier/<strong>Haiti</strong> Liberté<br />
Daniel Tercier/<strong>Haiti</strong> Liberté<br />
Des centaines de milliers de personnes sont descendues dans les rues pour<br />
dire aux puissances coloniales et impérialistes que le peuple haïtien en a<br />
assez, de venir enlever les deux colis encombrants : Michel Joseph Martelly<br />
et Laurent Salvador Lamothe<br />
Par Isabelle L. Papillon<br />
Lors des deux dernières manifestations<br />
du vendredi 5 et du samedi<br />
6 décembre <strong>2014</strong>, lancées par<br />
l’Opposition, un peu partout à travers<br />
le pays, le départ de l’occupant du Palais<br />
national, Michel Joseph Martelly<br />
a fait l’unanimité. Des centaines de<br />
milliers de personnes, venues de tous<br />
les secteurs de la vie nationale et de<br />
tous les quartiers populeux, sont descendues<br />
dans les rues pour dire aux<br />
puissances coloniales et impérialistes<br />
que le peuple haïtien en a assez, de venir<br />
enlever les deux colis encombrants :<br />
Laurent Salvador Lamothe et Michel<br />
Joseph Martelly, imposé à la tête de la<br />
première République noire du monde<br />
par des élections frauduleuses en 2011.<br />
Après l’ambassade des Etats-<br />
Unis, le 29 novembre dernier, les manifestants<br />
se sont rendus devant l’ambassade<br />
de France et du Canada, puis<br />
devant le Palais national pour sommer<br />
Martelly de partir. C’était le même son<br />
de cloche de la population du Nord du<br />
pays, le samedi 6 décembre. Dans le<br />
sud du pays en commémorant le 85 e<br />
anniversaire du massacre des paysans<br />
à Marche-à-Terre par des soldats yankee,<br />
le 6 décembre 1929, la population<br />
réclamait également le départ de<br />
l’équipe tètkale du pouvoir.<br />
A Port-au-Prince, c’est avec ces<br />
cris que les manifestants démarrent<br />
chaque journée de mobilisation par devant<br />
l’église de St-Jean Bosco : « Martelly<br />
doit partir ! Martelly doit partir !<br />
Martelly doit partir ! A bas Martelly !<br />
Martelly dehors du Palais ! Nous restons<br />
dans les rues jusqu’à ce que Martelly<br />
et Lamothe partent. Nous ne voulons<br />
pas de ce régime. Martelly divise<br />
nos familles, détruit notre système<br />
éducatif, détruit les institutions républicaines,<br />
persécute notre leader, Dr.<br />
Jean Bertrand Aristide, emprisonne nos<br />
frères pour leur conviction politique,<br />
tue nos camarades de combats…. »<br />
Après avoir parcouru le quartier<br />
populeux de la Saline, l’un des bastions<br />
de Lavalas, la foule surchauffée s’est<br />
dirigée en direction de la rue Saint-Martin<br />
pour se rendre au Bel Air où une<br />
branche de la manifestation se réunit.<br />
Partis du Bel Air, les manifestants anti-<br />
Martelly ont sillonné la rue St-Martin,<br />
le quartier Solino, les rues Sans-Fil et<br />
Borgella, la rue des Miracles se rendant<br />
devant le Parlement haïtien, pour<br />
dire aux parlementaires que leur mandat<br />
arrive à échéance et qu’ils doivent<br />
partir. Ils se sont ensuite dirigés vers la<br />
Primature pour sommer le Premier ministre<br />
corrupteur, maffieux, racketteur,<br />
minable, Laurent Lamothe de vider les<br />
lieux. En scandant « Arrêtez Lamothe !<br />
A bas Lamothe ! Lamothe doit partir.<br />
Lamothe est en train de faire business<br />
avec l’Etat. Lamothe vole 5 milliards de<br />
gourde. Lamothe transfère 700 millions<br />
de dollars US en République Dominicaine,<br />
Lamothe vend à l’Etat des lampadaires<br />
à 3000 $ US l’unité, Lamothe<br />
est un fieffé menteur. »<br />
En passant devant les tribunaux<br />
du Palais de justice, au Bicentenaire,<br />
les manifestants scandaient : « Arrêtez<br />
Lamarre Bélizaire ! Lamarre Bélizaire<br />
est un vendeur de justice. Lamarre Bélizaire<br />
est un corrompu. Le peuple va juger<br />
Lamarre Bélizaire. Lamothe a donné<br />
à Céant 40 millions de dollars pour<br />
démolir les maisons de 63 familles au<br />
centre-ville. Lamothe est un criminel !<br />
Me Céant est un criminel. Nous les attendons<br />
aux élections. On va les sanctionner.<br />
» Ils ont ensuite parcouru plusieurs<br />
rues de la capitale avant d’arriver<br />
devant l’ambassade de France en Haïti,<br />
à la rue Capois. Et là, les manifestants<br />
ont dit « Non à l’ingérence étrangère. La<br />
France doit restituer à Haïti les 90 millions<br />
de franc or escroqués de la jeune<br />
République des Nègres. Cette somme<br />
est évaluée à plus de 21 milliard de dollars<br />
US depuis l’année 2003. Laissez le<br />
peuple haïtien prendre son destin en<br />
main. Cessez de violer le doit à l’autodétermination<br />
du peuple haïtien. » Des<br />
manifestants ont brandi des photos du<br />
président de la Russie, Vladimir Poutine<br />
pour montrer au monde qu’on veut se<br />
libérer du joug impérialiste étasunien et<br />
colonialiste français.<br />
Après avoir délivré le message<br />
de circonstance à la France, la foule a<br />
pris tête droite la direction du Palais<br />
national en passant devant la Faculté<br />
d’Ethnologie. Les mains en l’air, les<br />
manifestants sont arrivés à pénétrer<br />
Suite à la page (15)<br />
4 <strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times<br />
Vol. 8 • No. 22 • du <strong>10</strong> au 16 décembre <strong>2014</strong>