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Haiti Liberte 10 Decembre 2014

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Vol. 8 • No. 22 • du <strong>10</strong> au 16 décembre <strong>2014</strong> <strong>Haiti</strong> 20 gdes/ USA $1.50/ France 2 euros/ Canada $2.00<br />

HAÏTI LIBERTÉ<br />

JUSTICE • VÉRITÉ • INDÉPENDANCE<br />

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MARTELLY ET LAMOTHE DOIVENT<br />

PARTIR !<br />

Nou pap dòmi bliye<br />

85yèm anivèsè<br />

masak Machatè a,<br />

pandan n ap make<br />

<strong>10</strong>0 lane depi<br />

peyi a anba bòt<br />

okipasyon !<br />

Page 6<br />

English<br />

Page 9<br />

Martelly doit partir ! Lamothe doit partir !Nous restons dans les rues jusqu’à ce que Martelly et Lamothe partent. C’est avec ces cris que les<br />

manifestants démarrent chaque journée de mobilisation par devant l’église de St-Jean Bosco<br />

DOSSIER JOSEPH LAMBERT/JEAN RONY PHILIPPE<br />

LE CASEC FALANTE BOUSIQUOT<br />

MENACÉ !<br />

Voir page 4<br />

Crise politique:<br />

Quand le peuple<br />

haitien prendra<br />

t-il son destin en<br />

main?<br />

Page 7<br />

Discours de<br />

Vladimir Poutine<br />

devant l’Assemblée<br />

Fédérale de Russie!<br />

Page <strong>10</strong><br />

Voir page 4<br />

Jean Rony Philippe lors de son hospitalisation, il avait été attaqué et laissé pour mort le 4 avril <strong>2014</strong> sur la Route des Rails à Carrefour<br />

Ferguson, New<br />

York, Berkeley... :<br />

« Nous ne pouvons<br />

pas respirer »<br />

Page 17


Editorial<br />

Une déclaration scélérate d’une rare gravité!<br />

Par Berthony Dupont<br />

Les griffes de l’aigle viennent une fois de plus blesser les racines<br />

profondes de notre histoire en tant que peuple dont les<br />

ancêtres avaient combattu le colonialisme. L’impérialisme est<br />

sorti de sa cachette et vient de nous montrer son hideux visage à<br />

travers les ordres de l’ambassadrice des Etats-Unis Pamela White<br />

à savoir que: «Martelly doit terminer son mandat. Nous croyons<br />

qu’il était élu pour une période de temps. Il doit rester jusqu’à<br />

ce que son mandat prenne fin ». Ce n’est pas une surprise.<br />

C’était déjà inscrit dans la logique des faits depuis le coup d’état<br />

électoral de l’impérialisme en 2011 pour nous imposer Martelly.<br />

Ce n’est pas un incident ou un accident diplomatique, mais bien<br />

une énième provocation américaine justifiant leur domination,<br />

leur oppression et leur volonté d’établir la terreur dans le pays.<br />

Pourtant, Mme White, le gouvernement américain en<br />

1991 et en 2004 n’avait-il pas empêché qu’un président haïtien<br />

démocratiquement élu par son peuple finisse son mandat en<br />

appuyant deux coups d’état violents et sanglants ? On ne saurait<br />

encore moins oublier le coup d’état raté au Venezuela contre<br />

Hugo Chavez en 2002. Au Honduras, sous l’administration<br />

d’Obama, le président Manuel Zelaya n’a-t-il pas été destitué<br />

sous les applaudissements des Etats-Unis le 28 juin 2009 ? «<br />

C’est peut-être un salaud, mais c’est notre salaud », disait Roosevelt<br />

de Somoza père. À propos de Saddam Hussein : « c’est un<br />

fils de pute, mais c’est notre fils de pute » avait déclaré Ronald<br />

Reagan. Martelly est votre laquais, vous revendiquez donc<br />

qu’il finisse son mandat ! Bravo !<br />

Mouillé jusqu’au cou dans cette crise sordide, paniqué par<br />

le vent de changement en cours, Washington ne sait plus comment<br />

s’en sortir pour désamorcer la bombe populaire. Ainsi, par<br />

cette déclaration de Mme White, l’impérialisme américain ne fait<br />

que battre le tambour de la guerre contre le peuple haïtien. Justement,<br />

c’est verser de l’huile sur le feu. L’administration d’Obama<br />

à l’instar de toutes les autres montre qu’elle reste toujours<br />

tolérante à l’égard de ses restavèk sans influence réelle et qu’elle<br />

protège. Par contre, elle est intransigeante et acharnée à l’égard<br />

des nationalistes, des progressistes qu’elle juge irréductibles et<br />

dangereux, sans doute à juste titre. N’est ce pas là une preuve<br />

tangible d’un terrorisme psychologique que l’impérialisme veut<br />

à tout prix entretenir dans le pays !<br />

C’est vraiment se ficher de notre intelligence quand Pamela<br />

White ose déclarer « ce n’est pas du tout la position des Etats-<br />

Unis si le premier ministre reste ou s’il s’en va, c’est une question<br />

qui concerne complètement les Haïtiens ». Mais pourquoi<br />

faut-il alors que ce soit aux Etats-Unis de décider que Martelly<br />

doit rester ? Le statut de Martelly tout comme celui de Lamothe<br />

ne concerne-t-il pas les Haïtiens ? L’attitude de l’impérialisme<br />

américain ne peut avoir qu’une simple explication : Washington<br />

a peur qu’un soulèvement populaire ne vienne détruire ses intérêts<br />

et ne soit un exemple contagieux qui stimulerait d’autres<br />

peuples en lutte contre leur domination hégémonique. En vérité,<br />

c’est la situation du sultan aux abois qui craint pour son trône et<br />

est prêt à tout pour le conserver.<br />

Conscient ou non de cette situation de crise grave et multiforme<br />

que traverse le pays, le régime Martelly/Lamothe ne fait<br />

rien pour la surmonter ; sauf l’aggraver, surtout avec cette commission<br />

présidentielle de consultation qui lui a remis un rapport<br />

que le Parlement ne saurait agréer, mais qui va envenimer beaucoup<br />

plus les choses. Il faut en passant souligner l’incapacité des<br />

forces occupantes et de l’ambassade des Etats-Unis à formuler<br />

pour le régime en place, le leur, une ligne de conduite et des<br />

objectifs susceptibles de mieux répondre même à leurs propres<br />

affaires. Aussi, se prenant pour un habile manœuvrier, Martelly<br />

sous les diktats de l’impérialisme est pris à son propre piège.<br />

Les acrobaties de Pamela White disant « s’il y a des manifestations<br />

devant nos ambassades, c’est le droit des manifestants,<br />

c’est la démocratie » ne trompent guère et ne peuvent<br />

plus cacher le pourquoi de la formation de la Commission présidentielle.<br />

Martelly et Lamothe n’étant plus sûrs de leurs arrières,<br />

depuis le déclenchement de l’opération « Burkina Faso »,<br />

les inquiétudes étant grandes dans le camp du régime et également<br />

dans celui qui les ont propulsés au pouvoir, l’impérialisme<br />

a voulu à tout prix sauver sa marionnette Micky.<br />

Les récentes déclarations de Pamela White sont révélatrices<br />

et elles ont été mal perçues, suscitant des protestations sur<br />

les réseaux sociaux. Un compatriote concerné a réagi ainsi, et<br />

c’est la pure vérité : « Madame White, pourquoi ne pas dire tout<br />

simplement : C’est moi la gouverneure d’<strong>Haiti</strong>. Ç’aurait été plus<br />

simple. Cependant, c’est une honte de voir un ambassadeur<br />

étranger décider qui sera président et qui sera limogé ; quand<br />

un ambassadeur haïtien aux USA n’a même pas le droit de<br />

franchir les escaliers du Sénat, voire la Maison Blanche, sans<br />

une invitation formelle et protocolaire. Si cela devait arriver, il<br />

serait arrêté, et vu les tendances actuelles aux USA, il serait<br />

peut être battu à mort ou flingué par les membres du service<br />

secret ».<br />

Dans cette perspective, aucune moitié solution à la crise<br />

haïtienne n’est concevable. Que Lamothe démissionne ou pas,<br />

la crise reste entière ! La situation ne changera pas tant que<br />

Martelly et Lamothe resteront au pouvoir. Avec leur présence, la<br />

situation demeure figée. La position populaire étant irréversible,<br />

les deux compères doivent partir, c’est la stricte vérité !<br />

Le secrétaire d’état américain John Kerry visitera le pays, le<br />

12 décembre prochain, sans doute pour renforcer les ordres de<br />

Pamela White. Qu’il soit accueilli avec la manifestation la plus<br />

militante, la plus révolutionnaire qui exprimera la véritable volonté<br />

des masses populaires : Martelly et Lamothe doivent partir !<br />

Il s’agit de sauver la patrie en danger en bousculant le néo-colonialisme<br />

américain et ses suppôts locaux. Non à Martelly ! Non à<br />

Lamothe ! Non à Clinton ! Non à Kerry et à Pamela White ! Cette<br />

lutte est nôtre…C’est tout ou rien pour sauvegarder la dignité du<br />

peuple haïtien.<br />

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2 <strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times<br />

Vol. 8 • No. 22 • du <strong>10</strong> au 16 décembre <strong>2014</strong>


A Travers <strong>Haiti</strong><br />

Haïti chronique d’une crise électorale (30)<br />

Quand l’internationale entre en scène<br />

Par Catherine Charlemagne<br />

L’ambassadrice des Etats-Unis Pamela White et la Responsable de la<br />

MINUSTAH, Sandra Honoré, ont pris une position qui annonçait le<br />

changement de cap de la Communauté internationale<br />

Du jamais vu en trois années de pouvoir. Des opposants manifestent et<br />

crient à bas Martelly/Lamothe en face des ruines de la résidence officielle<br />

du chef de l’Etat<br />

Que se passe-t-il à Port-au-Prince<br />

ces jours-ci sur le plan diplomatique<br />

? Cette question mérite<br />

d’avoir des réponses. Une succession<br />

de signes très significatifs ne<br />

peut qu’intriguer les observateurs<br />

politiques de ce pays tout au moins,<br />

ceux ayant une connaissance des<br />

jeux et intrigues politiques en Haïti.<br />

Depuis plus de trois ans, un conflit<br />

oppose le gouvernement, plus précisément<br />

le Président Michel Martelly<br />

et l’opposition. Avant il s’agissait<br />

d’une question d’élections et au fil<br />

des mois, cela devient une opposition<br />

globale. Les revendications ne<br />

ciblent plus seulement la composition<br />

de l’organisme électoral, le CEP, mais<br />

la gouvernance même du pouvoir «<br />

Tèt Kale ». Pendant toute cette période,<br />

l’affaire semblait rester une crise<br />

haïtiano-haïtienne loin d’intéresser la<br />

Communauté internationale, particulièrement<br />

les Etats-Unis d’Amérique,<br />

sans qui, apparemment rien, ne peut<br />

être possible au pays de Dessalines<br />

depuis tantôt un siècle (1915).<br />

L’on s’inquiétait même de<br />

l’indifférence à laquelle cette crise était<br />

traitée dans la capitale américaine.<br />

Pour certains politiques et observateurs<br />

locaux, le soutien des diplomates<br />

de l’ambassade des Etats-Unis<br />

à Port-au-Prince au Président haïtien<br />

a en quelque sorte fait aggraver le<br />

conflit qui aurait pu trouver son épilogue<br />

longtemps avant que les choses<br />

ne s’enveniment. Indifférence à<br />

Washington, déclarations de soutien<br />

à Port-au-Prince des dirigeants de la<br />

Mission des Nations Unies pour la<br />

Stabilisation en Haïti (MINUSTAH),<br />

appui ouvert de la Communauté internationale,<br />

l’Administration de Martelly/Lamothe<br />

se prenait à rêver d’une<br />

fin paisible, voire une succession en<br />

douceur entre les frères siamois. Du<br />

coup, le pouvoir ne s’intéressait point<br />

à négocier avec l’opposition traitée<br />

avec mépris et dédain tant l’assurance<br />

du coté de la Communauté internationale<br />

était forte et certaine. Du coté<br />

de la police nationale d’Haïti, c’est<br />

comme si l’ordre avait été donné pour<br />

mater toutes manifestations anti-<br />

Martelly. La PNH se transforme en<br />

police politique.<br />

Pendant une longue période,<br />

pas une manifestation n’a été dispersée<br />

à coup de gaz lacrymogène,<br />

de matraques et de tirs à hauteur<br />

d’homme dans une brutalité que la<br />

société haïtienne croyait révolue.<br />

L’arrestation et l’emprisonnement des<br />

militants politiques se faisaient avec<br />

une célérité et sévérité déroutantes.<br />

Des militants et manifestants ont été<br />

appréhendés de manière préventive<br />

le jour des manifestations sous prétexte<br />

qu’ils étaient recherchés par la<br />

justice. Les prisons se remplissent de<br />

prisonniers politiques comme pour<br />

dissuader la population de manifester<br />

contre le pouvoir. Bref, le gouvernement<br />

Martelly/Lamothe donnait<br />

l’impression qu’il n’a peur de rien<br />

et agit comme s’il exécutait un plan<br />

parfaitement défini en accord avec<br />

ses supports internationaux. Mais<br />

l’opposition n’en démord pas. Le<br />

Groupe des six multiplie les manifestations<br />

contre le pouvoir un peu partout<br />

dans le pays. Du Cap-Haïtien à<br />

Petit-Goâve en passant des Cayes aux<br />

Gonaïves, partout, les manifestations<br />

s’amplifient avec l’objectif de pousser<br />

le pouvoir à la faute.<br />

Surtout pour démontrer à<br />

la Communauté internationale et<br />

à l’ambassade américaine en Haïti<br />

qu’elle ne désarme pas et que<br />

l’impopularité du Président de la République<br />

va en grandissant.<br />

En refusant toutes négociations<br />

avec l’opposition tout en choisissant<br />

de faire passer le temps à travers des<br />

consultations qui ne conduisent nulle<br />

part, la Communauté internationale<br />

a fini par comprendre la manœuvre.<br />

Elle fait évoluer ses points de vue sur<br />

la situation et finit par s’apercevoir<br />

que cette crise préélectorale est sur le<br />

point de se transformer en une crise<br />

politique et institutionnelle, si elle ne<br />

change pas son attitude vis-à-vis du<br />

locataire du Palais national. Le premier<br />

signe est arrivé des dirigeants de<br />

la force multinationale de l’ONU en<br />

Haïti. La Responsable de la MINUS-<br />

TAH, madame Sandra Honoré, a pris<br />

une position qui annonçait le changement<br />

de cap de la Communauté internationale.<br />

Dans un communiqué, la<br />

Représentante du Secrétaire général<br />

de l’ONU en Haïti émet le souhait que<br />

la population puisse manifester librement<br />

selon la Constitution haïtienne.<br />

Elle évoque la liberté et le droit<br />

de chaque citoyen de pouvoir exprimer<br />

son opinion politique sans être<br />

menacé et inquiété. Enfin, madame<br />

Sandra Honoré appelle la police haïtienne<br />

à se comporter en professionnel.<br />

Tout le monde, et les médias haïtiens<br />

en particulier, avaient souligné ce<br />

changement de ton de la part des supports<br />

étrangers du pouvoir. Quelques<br />

jours après ce fameux rappel à l’ordre,<br />

une batterie de journalistes étrangers<br />

était invitée dans la capitale haïtienne<br />

pour couvrir les manifestations<br />

anti-gouvernementales et rencontrer<br />

les leaders de l’opposition. Assez curieusement,<br />

toutes les manifestations<br />

qui s’ensuivaient ont été fort bien<br />

passées. L’on n’a enregistré aucun<br />

incident majeur du coté des manifestations.<br />

La police nationale ellemême<br />

s’est exprimée par la bouche<br />

de son Directeur général pour dire que<br />

l’institution est là pour accompagner<br />

la population dans ses revendications<br />

tout en faisant respecter la loi. Tandis<br />

que, les partis politiques d’opposition<br />

continuent de sillonner les rues du<br />

pays et se radicalisent davantage<br />

dans la lutte contre le chef de l’Etat<br />

sans qu’aucun incident ne vienne les<br />

perturber.<br />

C’est comme si soudain, le<br />

droit de manifester et de s’opposer à<br />

la politique du pouvoir devient une<br />

réalité. Il y a aussi cette rencontre<br />

de l’opposition avec l’ambassadrice<br />

américaine à Port-au-Prince, Pamela<br />

White, à sa demande, au siège d’un<br />

des partis de l’opposition, la FU-<br />

SION. Là encore, c’est une première,<br />

en tout cas officiellement. Or, il n’y<br />

a pas longtemps cette ambassadrice<br />

était considérée comme étant l’un des<br />

meilleurs supports diplomatiques du<br />

Président Martelly dans son projet de<br />

passer en force sur l’opposition pour<br />

court-circuiter la Constitution avec la<br />

caducité du Parlement le deuxième<br />

lundi de janvier 2015. Aujourd’hui,<br />

le vent semble tourner. Cette rencontre<br />

avec l’opposition au moment où<br />

elle est de plus en plus affirmée sur<br />

le terrain, a certainement un sens<br />

politique dans la mesure où en Haïti,<br />

on a l’habitude de ce genre de retournement<br />

d’alliance et de situation<br />

dans les crises politiques. Les signes<br />

avant-coureurs ne manquent pas ces<br />

temps-ci à Port-au-Prince sur le plan<br />

diplomatique et politique.<br />

Le Président Martelly lui-même<br />

montre des signes de faiblesse. Alors<br />

qu’il avait tous les éléments en main<br />

pour prendre sa décision après des<br />

mois de consultations, l’intéressé se<br />

ravise en préférant sans raison apparente<br />

monter une Commission consultative<br />

dont la mission revient à<br />

Insécurité:<br />

Un Etasunien d’origine<br />

haïtienne assassiné<br />

Après avoir passé 28 ans aux Etats-<br />

Unis, Elande Candio accompagné<br />

de sa femme Myrtha Beaugé à peine<br />

rentrée à Port-au-Prince le samedi 6<br />

décembre dernier a été assassiné au<br />

niveau de Carrefour-Marassa, sis à la<br />

commune de la Croix-de-Bouquets,<br />

à quelques kilomètres de l’aéroport<br />

international Toussaint Louverture,<br />

selon le député de Chansolme/Bassin-<br />

Bleu, Pierre Martin Tatoute. Les victimes<br />

de la montée de l’insécurité<br />

en Haïti ces derniers temps sont<br />

originaires du département du Nord-<br />

Ouest. L’Etasunien d’origine haïtienne,<br />

Elande Candio a reçu 3 balles et<br />

il est passé de vie à trépas, tandis que<br />

sa femme, elle aussi, a reçu 5 balles,<br />

mais elle n’est pas morte, elle se fait<br />

soigner à l’hôpital.<br />

Deux autres personnes, Guerda<br />

Beaugé et Adolph Tillus qui accompagnaient<br />

les victimes dans un véhicule<br />

de location basé à l’aéroport, piloté par<br />

un chauffeur guide ont fait savoir que<br />

les malfrats étaient lourdement armés<br />

au moment de commettre ce forfait.<br />

Le député Pierre Martin Tatoute exige<br />

l’ouverture d’une enquête pour que la<br />

lumière soit faite sur ce crime et qu’on<br />

mette la main au collet des bandits.<br />

Donc, c’est dans l’insécurité<br />

« Ayiti ap vanse ». Ayiti ap vanse<br />

nan diktati. Ayiti ap vanse nan<br />

Kòripsyon. Ayiti ap vanse nan bay<br />

manti.<br />

EXTRAIT DES MINUTES DU GREFFE DU TRIBUNAL<br />

DE PREMIÈRE INSTANCE D’AQUIN<br />

AU NOM DE LA RÉPUBLIQUE<br />

Le Tribunal, sur les conclusions conformes du Ministère public, maintient le défaut<br />

déjà octroyé contre la défenderesse à l’audience du jeudi vingt huit novembre deux<br />

mille treize, pour le profit accueille la demande en divorce intentée par la dame<br />

Guerline Calixte pour être conforme tant à la forme qu’au fond, en conséquence,<br />

prononce la dissolution des liens matrimoniaux existant entre les Epoux, la femme<br />

née Guerline Calixte et Emile Jean Pierre pour les causes sus-énoncées en outre,<br />

renvoie la requérante par devant l’officier de l’Etat Civil de Saint Louis du Sud<br />

pour la rédaction de l’acte du divorce et la transcription dispositive de cette décision<br />

sur les registres destinés à cet effet; compense les dépens, commet l’huissier Jean<br />

Mousson Plaisir, de ce siège pour la<br />

signification du présent jugement. Ainsi jugé et prononcé par nous, Me.Louis Fils<br />

Joseph juge, en présence de Me Claude Dorfeuille S/commissaire du gouvernement<br />

de ce ressort, avec l’assistance du citoyen Jean Claude Novembre, greffier du siège,<br />

en audience publique extraordinaire et en ses attributions civiles et de divorce de ce<br />

jour vingt décembre deux mille treize, An 2<strong>10</strong>ème de l’Indépendance.<br />

Il est ordonné à tous huissiers sur ce requis de mettre le présent jugement à<br />

exécution, aux officiers du ministère public d’y tenir la main, à tous commandants et<br />

autres officiers de la force publique d’y prêter main forte lorsqu’ils en seront<br />

légalement requis. En foi de quoi la minute du présent jugement est signée du juge<br />

et du greffier susdits avec deux renvois en marge et trois mots rayés.<br />

Collationnée pour expédition conforme à la minute ; avec neuf mots rayés, mille et<br />

quarante cinq mots retouchés bons dans la présente.<br />

Me Makansley Anglade<br />

Jean-Claude Novembre, greffier<br />

lui conseiller sur ce qu’il doit décider.<br />

Certains voient dans cette reculade<br />

présidentielle non pas un signe de<br />

sagesse, mais de fortes pressions qui<br />

arrivent de Washington, de New York<br />

et de Paris lui enjoignant de trouver<br />

une sortie de crise plus ou moins<br />

consensuelle sans risque d’explosion<br />

populaire. D’ailleurs, pour faire<br />

monter davantage la pression sur<br />

l’Administration Martelly/Lamothe,<br />

un appel à la prudence a été lancé<br />

aux citoyens américains résidents ou<br />

voyageant en Haïti. Le Département<br />

d’Etat américain croit qu’il y a plusieurs<br />

risques majeurs pour les ressortissants<br />

américains surtout pour<br />

le manque d’installations médicales<br />

d’urgence et pour les manifestations<br />

imprévisibles et spontanées, etc. Si<br />

pour les spécialistes ces conseils à la<br />

prudence n’ont rien de nouveau, c’est<br />

le timing qui devait inquiéter le pouvoir<br />

en place.<br />

Ces histoires de risques de vols,<br />

de manque d’installations médicales<br />

adéquates ou encore de faiblesse des<br />

structures d’intervention d’urgence<br />

ne sont que des prétextes pour mettre<br />

le Président Martelly dos au mur à<br />

l’approche de la date fatidique du 12<br />

janvier et surtout aux recommandations<br />

que la Commission consultative<br />

doit lui présenter. Enfin, pour bien<br />

comprendre que les choses évoluent<br />

très vite en Haïti ces jours-ci, qu’un<br />

consigne a bel et bien été passé aux<br />

autorités haïtiennes et à la police, il<br />

faut prendre en compte ce qui s’est<br />

passé le vendredi 5 décembre dernier<br />

à Port-au-Prince, lors de la manifestation<br />

de l’opposition. En effet, pour la<br />

première fois depuis l’investiture à la<br />

présidence de la République de Michel<br />

Martelly, une manifestation hostile au<br />

pouvoir a pu atteindre les grilles du<br />

Palais national.<br />

Du jamais vu en trois années de<br />

pouvoir. Des opposants manifestent<br />

et crient à bas Martelly/Lamothe en<br />

face des ruines de la résidence officielle<br />

du chef de l’Etat. En plus, tout<br />

s’est passé sans qu’il y ait eu des arrestations<br />

ou d’interpellations. Dire<br />

que la police et ses forces spécialisées<br />

anti-émeutes ont été prises de<br />

court ou dépassées, c’est nier que le<br />

gouvernement a changé de tactique<br />

dans sa gestion de manifestations<br />

hostiles au pouvoir. Pour le moment,<br />

qu’importe de la façon dont les uns<br />

et les autres voient ce changement de<br />

cap, il ne reste pas moins que depuis<br />

le communiqué de la Responsable de<br />

la MINUSTAH, c’est une évidence<br />

pour tout le monde, le ton de part<br />

et d’autre a nettement changé. D’un<br />

côté l’opposition continue de montrer<br />

sa force, de l’autre le pouvoir tente de<br />

donner des gages de souplesse et enfin<br />

une Communauté internationale<br />

qui, semble-t-il, ne veut plus servir<br />

de caution à une équipe qu’elle croit<br />

finie ou qui a fait son temps. Les recommandations<br />

de la Commission<br />

consultative d’ici la fin de la semaine<br />

pourraient être soit le signal de la<br />

prolongation d’un conflit inutile, soit<br />

l’épilogue d’une crise qui a trop duré<br />

et fait trop de mal au pays.<br />

C.C<br />

Vol. 8 • No. 22 • du <strong>10</strong> au 16 décembre <strong>2014</strong><br />

<strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times<br />

3


Dossier Joseph Lambert/Jean Rony Philippe<br />

Le casec Falante Bousiquot menacé !<br />

Martelly et Lamothe<br />

doivent partir !<br />

Par Marie Laurette Numa<br />

Quand la justice d’un pays est mise<br />

sous la coupe des mercenaires et des<br />

bandits, ces derniers se permettent d’agir<br />

à leur guise, kidnappant, assassinant des<br />

gens tout bonnement ; car ils savent déjà<br />

que rien ne pourra leur arriver.<br />

C’est le cas de l’ancien Sénateur<br />

du Sud’Est Joseph Lambert, actuellement<br />

l’un des conseillers politiques du<br />

président Joseph Michel Martelly, accusé<br />

d’être l’auteur intellectuel de la tentative<br />

d’assassinat sur Jean Rony Philippe.<br />

Rappelons que Philippe avait été attaqué<br />

et laissé pour mort le 4 avril <strong>2014</strong><br />

sur la Route des Rails à Carrefour par une<br />

bande de 13 malfaiteurs du Gang Kakos.<br />

(Voir HL Vol 7 # 44)<br />

Par la suite, Philippe avait bien déposé<br />

des plaintes au Service des Investigations<br />

du Commissariat et aux Parquets<br />

de Port-au-Prince et de Jacmel le 7 avril,<br />

20 et 21 août <strong>2014</strong> contre Lambert. Malheureusement,<br />

ces plaintes sont restées<br />

sans suite et même la Police Nationale<br />

qui avait conduit la victime à l’hôpital<br />

des Médecins Sans Frontières ce 4 avril,<br />

n’a fait aucun effort de suivi, d’enquête<br />

pour rechercher les bandits qui ont failli<br />

détruire sa vie. Est-ce cela l’Etat de droit<br />

et de Justice que prône ce gouvernement?<br />

Or, il arrive que Lambert, de son<br />

côté, a intenté une action en justice<br />

contre son accusateur pour diffamation.<br />

Et immédiatement, un jugement s’est<br />

soldé en sa faveur contre Philippe. Cette<br />

audience contre Philippe s’est déroulée<br />

au tribunal correctionnel de Jacmel, le<br />

mardi 21 octobre <strong>2014</strong>. Le verdict, prononcé<br />

par défaut, condamne Jean Rony<br />

Philippe à deux ans trois mois d’emprisonnement<br />

et quinze (15) millions de<br />

gourdes de dommages et intérêts au<br />

profit de Lambert et deux mille gourdes<br />

d’amende. Pour la Justice du gouvernement<br />

Martelly/Lamothe, la victime est<br />

transformée en agresseur et l’agresseur<br />

est devenu la victime.<br />

Cependant Mr Philippe par la<br />

filière de son avocat, Maitre Newton<br />

Louis Saint Juste, a cassé le faux jugement<br />

du juge Frantz Elmorin, inféodé à<br />

Joseph Lambert au cours de la séance du<br />

25 novembre <strong>2014</strong>. Ce jour là, le casec<br />

Falante Bousiquot qui est le responsable<br />

logistique de l’entreprise Philippe Supermarket,<br />

propriété de Jean Rony Philippe<br />

avait mobilisé près d’une centaine de<br />

personnes, venant en majorité de la première<br />

section communale de la Vallée de<br />

Jacmel, Muzac, en solidarité avec Jean<br />

Rony Philippe. Une façon de lancer un<br />

message au juge zafra de Lambert pour<br />

lui dire que Philippe n’est pas seul, la<br />

population est avec lui et son jugement<br />

par défaut est nul et non avenu. Ce fut<br />

aux cris scandés de « Justice pour Rony,<br />

Justice pour Rony » que certaines gens<br />

manifestaient au dehors du tribunal.<br />

Cette action en quelque sorte n’a pas aidé<br />

la justice assassine et criminelle de Lambert<br />

à faire son cours. Et c’est en réponse<br />

à cette mobilisation que les hommes<br />

de main du tout-puissant homme fort<br />

de Jacmel, Joseph Lambert, ont fait de<br />

Le Casec Falante Bousiquot<br />

Bousiquot, quant à présent, leur cible à<br />

abattre.<br />

Le casec, Falante Bousiquot a<br />

été élu aux élections de 2006 sous le<br />

chapeau du Parti Social Renouvelable<br />

qui avait pour candidat à la présidence<br />

Bonivert Claude. Il vient de recevoir sur<br />

son portable une pléiade de messages,<br />

le menaçant, juste après l’événement<br />

populaire du 25 novembre. Voici en<br />

quelque sorte certains messages venant<br />

du numéro de téléphone 4760-4980 en<br />

créole tel quel, et que nous avons traduit<br />

Falante Bousiquot rentrant à la salle du Tribunal de Jacmel où l’attendaient<br />

les gens venus en solidarité avec la victime Jean Rony Philippe<br />

en français.<br />

Le 4 décembre <strong>2014</strong>, Falante a<br />

reçu ce message: « PAtizan ou atake<br />

move dosye ki pap bon pou ou avanyè<br />

ou monte l’avale w al chèche moun vin<br />

mobilize moun kont papa avan desanm<br />

nan fini nap ba w kado Noel ou paske<br />

menm patizan nou ou te envite avan<br />

desanm nan fini n ap di sa n ap di avè<br />

w la »<br />

« Individu, vous êtes rentré dans<br />

un dossier qui ne vous sera guère profitable.<br />

Avant hier, vous avez été à Lavale<br />

chercher des citoyens pour une mobilisation<br />

contre papa. Avant la fin du mois de<br />

décembre, vous recevrez de nous votre<br />

cadeau de Noel et même nos partisans<br />

qui ont participé à votre rassemblement,<br />

avant le mois de décembre nous leur<br />

avons signalé ce que nous entretenons<br />

avec vous »<br />

Le même jour un second message<br />

« W ap tonbe par lontan desanm nan pap<br />

pase paske si nou pa fè w pe ye Frekan<br />

site sa w fè la w ap konnen se yon afè ou<br />

ye gade ou pap janm fè sa nan vi pa w<br />

ankò, fòk ou mouri kanmèm<br />

« Vous tomberez prochainement,<br />

le mois de Décembre ne passera pas.<br />

Parce que si nous ne vous faisons pas<br />

payer pour cette impertinence, vous allez<br />

croire que vous représentez une force,<br />

quand en réalité, vous n’êtes rien. Par<br />

conséquent vous allez mourir de toute<br />

façon »<br />

Peu de jours après, soit le 7 du<br />

même mois, il a reçu un autre message<br />

disant : « w ap mache pale lambert mal<br />

desanm nan pap pase pou n pa disparet<br />

ou sa w te fe nan tribinal pap rete konsa<br />

nou te monte al vizite kay ou, ou rete bò<br />

wout la, n ap panse pou avan desanm<br />

nan fini met gason sou ou, ou met vole<br />

ponpe wap mouri kanmem .<br />

Vous dites du mal de Lambert partout.<br />

Donc, le mois de décembre ne passera<br />

que vous ne soyez pas mort. Ce que<br />

vous avez fait au tribunal ne restera pas<br />

ainsi. Nous avons visité votre maison,<br />

vous habitez au bord de la route. Donc,<br />

mettez votre ceinture à votre taille, avant<br />

la fin du mois de Décembre. Quoique vous<br />

fassiez, vous mourrez quand même !<br />

Le même 7 Décembre un autre<br />

message arrive sur le portable de Falante<br />

« Lanmò w planifye deja paske w frekan<br />

patron w kite w pou panike nou, n ap<br />

disparet ou kanmem pou kaka biznis<br />

makèt la fèmen n ap fin touye w apre n<br />

ap fout boule kaka makèt la »<br />

Tout est planifié pour votre assassinat,<br />

parce que vous êtes un arrogant.<br />

Votre patron vous a laissé pour nous<br />

paniquer. Nous allons vous éliminer et<br />

puis fermer le supermarket. Nous vous<br />

tuerons puis nous brulerons le market ».<br />

Ces messages envoyés à Boursiquot<br />

ne devraient pas être pris à la légère<br />

comme dans le cadre d’une quelconque<br />

intimidation. C’est un acte criminel qui<br />

doit soulever l’indignation de tout le<br />

monde. Vu que ce n’est pas pour la première<br />

fois que le nom de Joseph Lambert<br />

fait la une des actualités, soit dans le trafic<br />

de la drogue, le kidnapping ou l’assassinat.<br />

Nous ne pouvons pas oublier les<br />

déclarations avec des données spécifiques<br />

de Sherlson Sanon faites au Cabinet<br />

d’Instruction le 3 juillet 2013, révélant<br />

qu’il travaillait à un certain moment<br />

pour un gang dirigé par l’actuel ministre<br />

de la Justice Jean Renel Sanon, Joseph<br />

Lambert et l’actuel sénateur Edo Zenny.<br />

Tout récemment, Joseph Lambert<br />

affirmait sur les ondes avoir distribué 500<br />

téléphones mobiles à ses hommes, leur<br />

confiant la tâche d’espionner toutes celles<br />

et tous ceux qui osent dire du mal de lui,<br />

afin qu’il puisse les trainer en justice. Les<br />

organismes de promotion et de défense<br />

des droits humains assimilent cette déclaration<br />

à une violation flagrante des droits<br />

garantis par la Constitution haïtienne,<br />

et à une menace à la liberté d’expression,<br />

qui méritent d’être rigoureusement<br />

condamnées. « Nous devons prendre<br />

très au sérieux cette déclaration, venant<br />

surtout d’un proche du pouvoir en place.<br />

C’est une intolérance qui frise la dictature<br />

», déclare Me Rameau Colin, responsable<br />

de la section des droits humains au sein<br />

de l’Organisation des jeunes pour le développement<br />

du Sud-Est (Ojedese).<br />

Malgré tout, Lambert est encore<br />

sain et sauf car la justice haïtienne est<br />

sous son contrôle. C’est son actuel allié<br />

au sein du gouvernement Martelly/<br />

Lamothe, Stanley Lucas qui, le 28 Juillet<br />

2011, sur son site, publiait un article<br />

titré « Joseph Lambert Sénateur impliqué<br />

dans la drogue et la corruption » dans<br />

lequel il soulignait : « La police a arrêté<br />

un bateau rempli de cocaïne à Tiburon.<br />

Selon le rapport du juge d’instruction<br />

Jacques Saint Jean préparé le 6 Septembre<br />

2007, le bateau de cocaïne appartenait à<br />

Joseph Lambert. Il ajouta : « Le sénateur<br />

Lambert est aussi impliqué dans l’assassinat<br />

de Monique Pierre, une femme qui<br />

vivait dans des milieux de la drogue et<br />

qui s‘apprêtait à faire des révélations sur<br />

Lambert » [Tout <strong>Haiti</strong> 8 juillet 2013].<br />

Un employé travaillant chez Monique<br />

Pierre a noté l’immatriculation du<br />

véhicule transportant les criminels ayant<br />

assassiné cette dame. Avec cette information<br />

l’enquête de la police a révélé que<br />

ce véhicule immatriculé OF 0032 appartient<br />

au Sénateur Joseph Lambert. Pour<br />

se défendre Lambert déclara « des religieux,<br />

de nombreux citoyens et des personnalités<br />

de Jacmel peuvent témoigner<br />

qu’il se trouvait à bord du véhicule dans<br />

le sud est et non à Port-au-Prince. Samedi<br />

matin j’ai utilisé le véhicule en question<br />

pour me rendre à Peredo et Zoranger<br />

afin de distribuer des semences et de la<br />

nourriture aux paysans » Sur ce dossier<br />

« Lambert se dit inquiet ; mais ne craint<br />

aucun mal dans le cadre de l’enquête sur<br />

l’assassinat de Monique Pierre » (Radio<br />

Métropole 2 décembre 2008)<br />

Sera-t-il toujours ainsi, puisque<br />

Lambert ne craint aucunement d’être<br />

appréhendé par la Justice. Entretemps, la<br />

vie du Casec Falante Bousiquot est menacée<br />

! On dit que c’est par la tête que pourrit<br />

le poisson. Aussi comprend-on pourquoi<br />

les proches de Martelly échappent à<br />

la Justice, car à la tête de l’État trône un<br />

président corrompu, purulent, qui laisse<br />

pourrir le corps non moins putride. Il faut<br />

à tout prix une excision chirurgicale de<br />

l’abcès rose.<br />

Daniel Tercier/<strong>Haiti</strong> Liberté<br />

Daniel Tercier/<strong>Haiti</strong> Liberté<br />

Des centaines de milliers de personnes sont descendues dans les rues pour<br />

dire aux puissances coloniales et impérialistes que le peuple haïtien en a<br />

assez, de venir enlever les deux colis encombrants : Michel Joseph Martelly<br />

et Laurent Salvador Lamothe<br />

Par Isabelle L. Papillon<br />

Lors des deux dernières manifestations<br />

du vendredi 5 et du samedi<br />

6 décembre <strong>2014</strong>, lancées par<br />

l’Opposition, un peu partout à travers<br />

le pays, le départ de l’occupant du Palais<br />

national, Michel Joseph Martelly<br />

a fait l’unanimité. Des centaines de<br />

milliers de personnes, venues de tous<br />

les secteurs de la vie nationale et de<br />

tous les quartiers populeux, sont descendues<br />

dans les rues pour dire aux<br />

puissances coloniales et impérialistes<br />

que le peuple haïtien en a assez, de venir<br />

enlever les deux colis encombrants :<br />

Laurent Salvador Lamothe et Michel<br />

Joseph Martelly, imposé à la tête de la<br />

première République noire du monde<br />

par des élections frauduleuses en 2011.<br />

Après l’ambassade des Etats-<br />

Unis, le 29 novembre dernier, les manifestants<br />

se sont rendus devant l’ambassade<br />

de France et du Canada, puis<br />

devant le Palais national pour sommer<br />

Martelly de partir. C’était le même son<br />

de cloche de la population du Nord du<br />

pays, le samedi 6 décembre. Dans le<br />

sud du pays en commémorant le 85 e<br />

anniversaire du massacre des paysans<br />

à Marche-à-Terre par des soldats yankee,<br />

le 6 décembre 1929, la population<br />

réclamait également le départ de<br />

l’équipe tètkale du pouvoir.<br />

A Port-au-Prince, c’est avec ces<br />

cris que les manifestants démarrent<br />

chaque journée de mobilisation par devant<br />

l’église de St-Jean Bosco : « Martelly<br />

doit partir ! Martelly doit partir !<br />

Martelly doit partir ! A bas Martelly !<br />

Martelly dehors du Palais ! Nous restons<br />

dans les rues jusqu’à ce que Martelly<br />

et Lamothe partent. Nous ne voulons<br />

pas de ce régime. Martelly divise<br />

nos familles, détruit notre système<br />

éducatif, détruit les institutions républicaines,<br />

persécute notre leader, Dr.<br />

Jean Bertrand Aristide, emprisonne nos<br />

frères pour leur conviction politique,<br />

tue nos camarades de combats…. »<br />

Après avoir parcouru le quartier<br />

populeux de la Saline, l’un des bastions<br />

de Lavalas, la foule surchauffée s’est<br />

dirigée en direction de la rue Saint-Martin<br />

pour se rendre au Bel Air où une<br />

branche de la manifestation se réunit.<br />

Partis du Bel Air, les manifestants anti-<br />

Martelly ont sillonné la rue St-Martin,<br />

le quartier Solino, les rues Sans-Fil et<br />

Borgella, la rue des Miracles se rendant<br />

devant le Parlement haïtien, pour<br />

dire aux parlementaires que leur mandat<br />

arrive à échéance et qu’ils doivent<br />

partir. Ils se sont ensuite dirigés vers la<br />

Primature pour sommer le Premier ministre<br />

corrupteur, maffieux, racketteur,<br />

minable, Laurent Lamothe de vider les<br />

lieux. En scandant « Arrêtez Lamothe !<br />

A bas Lamothe ! Lamothe doit partir.<br />

Lamothe est en train de faire business<br />

avec l’Etat. Lamothe vole 5 milliards de<br />

gourde. Lamothe transfère 700 millions<br />

de dollars US en République Dominicaine,<br />

Lamothe vend à l’Etat des lampadaires<br />

à 3000 $ US l’unité, Lamothe<br />

est un fieffé menteur. »<br />

En passant devant les tribunaux<br />

du Palais de justice, au Bicentenaire,<br />

les manifestants scandaient : « Arrêtez<br />

Lamarre Bélizaire ! Lamarre Bélizaire<br />

est un vendeur de justice. Lamarre Bélizaire<br />

est un corrompu. Le peuple va juger<br />

Lamarre Bélizaire. Lamothe a donné<br />

à Céant 40 millions de dollars pour<br />

démolir les maisons de 63 familles au<br />

centre-ville. Lamothe est un criminel !<br />

Me Céant est un criminel. Nous les attendons<br />

aux élections. On va les sanctionner.<br />

» Ils ont ensuite parcouru plusieurs<br />

rues de la capitale avant d’arriver<br />

devant l’ambassade de France en Haïti,<br />

à la rue Capois. Et là, les manifestants<br />

ont dit « Non à l’ingérence étrangère. La<br />

France doit restituer à Haïti les 90 millions<br />

de franc or escroqués de la jeune<br />

République des Nègres. Cette somme<br />

est évaluée à plus de 21 milliard de dollars<br />

US depuis l’année 2003. Laissez le<br />

peuple haïtien prendre son destin en<br />

main. Cessez de violer le doit à l’autodétermination<br />

du peuple haïtien. » Des<br />

manifestants ont brandi des photos du<br />

président de la Russie, Vladimir Poutine<br />

pour montrer au monde qu’on veut se<br />

libérer du joug impérialiste étasunien et<br />

colonialiste français.<br />

Après avoir délivré le message<br />

de circonstance à la France, la foule a<br />

pris tête droite la direction du Palais<br />

national en passant devant la Faculté<br />

d’Ethnologie. Les mains en l’air, les<br />

manifestants sont arrivés à pénétrer<br />

Suite à la page (15)<br />

4 <strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times<br />

Vol. 8 • No. 22 • du <strong>10</strong> au 16 décembre <strong>2014</strong>


Twa Fèy, Twa Rasin O!<br />

Un gouvernement, un État à vau-l’eau<br />

Par Fanfan la Tulipe<br />

Aller à val l’eau est un ancêtre,<br />

pour ainsi dire, de la locution<br />

à vau-l’eau. Jusqu’au milieu du<br />

XVI e siècle, on disait encore aller à<br />

val ou aller à vau. C’était pour dire<br />

« en descendant le long, en suivant<br />

la pente de ». Bien entendu on a à<br />

l’esprit qu’un vau est une vallée. Par<br />

la suite, Rabelais aidant, l’expression<br />

aller à vau, à vau-l’eau vint à<br />

signifier concrètement: suivant le<br />

courant, suivant le cours de l’eau. Or<br />

un cours d’eau se perd irrémédiablement<br />

quelque part. Petit à petit à vaul’eau<br />

venait à signifier, de façon plus<br />

abstraite, partir à la dérive, aller sans<br />

contrôle, péricliter, aller en se dégradant,<br />

et même aller au désastre.<br />

Dans cet ordre d’idées, on peut<br />

se rappeler qu’en 2005 l’ouragan Katrina<br />

avait causé d’apocalyptiques dégâts<br />

dans le sud des Etats-Unis, avec<br />

de sombres et tragiques retombées<br />

sociales et politiques. La catastrophe<br />

climatique avait frappé en particulier<br />

la Nouvelle Orléans. Les digues de la<br />

ville s’étaient rompues. L’administration<br />

du président d’alors, George W.<br />

Bush, avait laissé comprendre que les<br />

digues une fois réparées résisteraient<br />

aux assauts de la nature. Un an plus<br />

tard, le journaliste Laurent Mauriac<br />

avait parlé de «digues à vau-l’eau».<br />

Selon lui, «Il n’y a guère que le gouvernement<br />

américain pour penser que<br />

les digues de La Nouvelle-Orléans<br />

sont ‘‘prêtes’’ à affronter un nouveau<br />

cyclone» (Libération, 29 août 2006).<br />

Depuis assez longtemps, manifestement,<br />

les digues de la Nouvelle<br />

Orléans périclitaient, se dégradaient,<br />

partaient à la dérive. Elles étaient<br />

sans contrôle, les instances responsables<br />

de leur maintien en bon état<br />

ayant failli à la tâche. Sous la poussée<br />

de la colossale quantité d’eau<br />

apportée par Katrina, rien ne pouvait<br />

retenir la furie du «cours de l’eau». Le<br />

pays tout entier se réveilla abasourdi,<br />

noyé voudrait-on dire, assommé,<br />

effaré, hébété de constater les cruels<br />

manquements et limites du système.<br />

L’administration Bush ne put rester<br />

que «saisie par ce cimetière d’eaux<br />

mortes, par ce vau-l’eau poignant<br />

d’une ville à son suprême échouage»,<br />

pour reprendre cette saisissante<br />

image empruntée à Julien Gracq dans<br />

son célèbre roman Le Rivage des<br />

Syrtes.<br />

Mais ne nous laissons ni porter<br />

ni emporter par «le cours de l’eau»,<br />

le «courant» de références littéraires,<br />

climatiques, hydrauliques, mécaniques,<br />

électriques, apocalyptiques,<br />

historiques. Laissons reposer en<br />

paix, sur le rivage du dernier voyage,<br />

l’âme de François Rabelais et celle de<br />

Gracq rejointe par celle des milliers<br />

de victimes de Katrina la folle et du<br />

système capitaliste fou et violent. En<br />

Haïti, bien des choses, depuis plus de<br />

trois ans déjà, s’en vont à vau-l’eau.<br />

On a aussi l’impression qu’une katrinisation<br />

des forces populaires est en<br />

cours. Elle suit le cours inexorable<br />

d’une dynamique politique menaçant<br />

de rompre les digues du pouvoir,<br />

malgré les menées ténébreuses d’endiguement<br />

de l’ambassadrice étatsunienne<br />

Pamela White.<br />

Depuis ce fatidique deuxième<br />

tour «clintonien», lequel en 2011 a<br />

imposé un saltimbanque vulgaire et<br />

obscène au peuple haïtien, le pays<br />

suit un bien mauvais «courant». En<br />

effet la pente d’une dégringolade<br />

politique et surtout morale avait été<br />

amorcée. Sauf l’entourage immédiat<br />

de Martelly, personne ne se doutait du<br />

degré d’immoralité et de malfaisance<br />

du pouvoir. Personne ne pouvait<br />

s’imaginer des gouvernants enfoncés<br />

Se manmnan, se pitit : deux faces d’un même médaille de corruption.<br />

Martelly souriant, «vainqueur», roublard, avec devant lui ses huit<br />

passeports dont les journalistes n’ont pas pu vérifier l’entière authenticité.<br />

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aussi profondément dans le vice sous<br />

toutes ses formes: la drogue, les kidnappings,<br />

l’argent sale, le mensonge<br />

éculé, une corruption à ciel ouvert.<br />

En septembre 2013, un proche<br />

du pouvoir, en l’occurrence le citoyen<br />

Evinx Daniel se faisait pincer par le<br />

commissaire du gouvernement des<br />

Cayes, Me Jean Marie Salomon pour<br />

trafic présumé de drogue. Daniel prétendait<br />

avoir découvert par hasard,<br />

en haute mer, 33 paquets de marijuana<br />

qu’il avait honnêtement gardés<br />

chez lui (sic) avant de les livrer,<br />

dans un élan citoyen, aux autorités<br />

concernées. Le lendemain, Daniel<br />

était libéré. Quarante-huit heures<br />

plus tard, le commissaire Jean-Marie<br />

Salomon était «mis en disponibilité»,<br />

révoqué quoi, pour avoir agi de «manière<br />

fantaisiste et précipitée». Imparable<br />

et tortueuse parade politicienne<br />

d’un ministère de la Justice immoral<br />

et aux abois.<br />

Dans l’impossibilité de prouver<br />

qu’il n’avait jamais renoncé à sa<br />

nationalité haïtienne, dans l’impossibilité<br />

de présenter à la commission<br />

parlementaire chargée de faire<br />

la lumière sur l’affaire, le président<br />

Martelly mystifie, soudoie peut-être<br />

un groupe de responsables religieux,<br />

naïfs ou consentants, réunis au sein<br />

de l’organisation «Religion pour la<br />

paix». Il présente donc huit passeports<br />

dont l’un conçu sans doute en<br />

vitesse et frauduleusement présente<br />

une page en plus d’un passeport ordinaire.<br />

Pour ajouter au grotesque de<br />

la bouffonnerie des huit documents,<br />

l’ambassadeur meriken en Haïti est<br />

intervenu pour déclarer : « Avec la<br />

permission que le Président vient de<br />

me donner je peux vous informer<br />

que le Président Martelly n’est pas<br />

un Américain, c’est un Haïtien». Et<br />

flatteurs, sousou, bakoulou, nigauds,<br />

lourdauds, koyo, tous d’applaudir à<br />

tout casser. Dans ce parterre de flagorneurs<br />

fieffés figurait la francolâtre<br />

Michaëlle Jean qui perdit alors le peu<br />

de respect qu’on pouvait avoir pour<br />

elle. On s’imagine mal un président<br />

d’Haïti, supposé haïtien, recourant<br />

au subterfuge d’une commission religieuse<br />

et à la duplicité d’un ambassadeur<br />

coquin pour prouver sa nationalité<br />

haïtienne. Signe assuré d’un<br />

gouvernement, d’un système rose à<br />

vau-l’eau.<br />

Le «courant» continuait son<br />

inexorable dérive. La femme du président<br />

et son fils aîné allaient être<br />

l’objet d’une poursuite judiciaire<br />

pour « usurpation de fonction ».<br />

Madame pour sa part devait comparaître<br />

au tribunal pour répondre de<br />

l’accusation. Cette humiliation devait<br />

accélérer le «courant». Le président<br />

Martelly irrité, indisposé et exaspéré<br />

par l’audace et la témérité de deux<br />

«petits avocats pòv» allait devoir<br />

sniffer une «prise calmante» avant<br />

de faire venir, de force, le juge Serge<br />

Joseph au cabinet de son avocat Me<br />

Gary Lissade. La rencontre, violente,<br />

s’était tenue en présence du premier<br />

ministre Lamothe et du ministre de<br />

la Justice Jean Renel Sanon. Sous<br />

le choc du caractère intempestif,<br />

brutal et illégal de cette réunion, le<br />

juge Joseph avait été victime d’une<br />

poussée hypertensive conduisant à<br />

Dr. Kesler Dalmacy<br />

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Le docteur de la<br />

Communauté Haïtienne<br />

à New York<br />

une hémorragie cérébrale mortelle.<br />

Pour contrer une opposition<br />

tenace face à ses velléités non voilées<br />

de gouverner par décret à partir du<br />

12 janvier 2015 et pour se donner le<br />

beau rôle à appliquer le fameux article<br />

16 de la constitution, le président<br />

Martelly monte un autre scénario<br />

digne du comédien qu’il est, assuré<br />

du soutien inconditionnel de partis<br />

bidon qu’il vient de mettre sur pied<br />

à cet effet. Un show médiatique à El<br />

Rancho sous la houlette apparente<br />

d’un évêque mystifié sinon consentant<br />

tient les nigauds en haleine. Il<br />

en sort un bouyivide politique dont<br />

bénéficient de nouveaux profiteurs de<br />

la vache à lait gouvernementale, particulièrement<br />

deux politiciens fieffés,<br />

le rusé Himmler Rébu et le sans-gêne<br />

Rudy Hériveaux, transfuge lavalassien<br />

dont on ne savait pas qu’il était<br />

friand de ravèt (et d’immondices).<br />

La force du «courant» s’est accrue<br />

avec trois événements majeurs<br />

ces derniers jours : la mise sur pied<br />

par le président d’une commission<br />

consultative de onze membres dont<br />

au moins deux sont presque centenaires,<br />

la mobilisation croissante<br />

et puissante de l’opposition toutes<br />

tendances confondues, et la parade<br />

de l’ambassadrice Pamela White qui<br />

s’est réunie avec des représentants de<br />

six partis de l’opposition au local de<br />

la Fusion. Le fait de ces trois événements<br />

survenant de façon simultanée<br />

en dit long sur une dynamique politique<br />

à vau-l’eau.<br />

En passant, le mot vau est<br />

aussi employé dans l’expression à<br />

vau-de-route, dans le sens de précipitamment<br />

et en désordre. Ainsi, la<br />

cavalerie s’en allait à vau-de-route.<br />

On a l’impression que la cavalerie<br />

rose menace de s’en aller, de fuir à<br />

vau-de-route. Le «courant» coule vite<br />

suivant la pente très marquée d’une<br />

dégringolade morale et politique accélérée<br />

du pouvoir. Le vent ne souffle<br />

pas dans la bonne direction pour lui.<br />

En fait, l’expression à vau-vent ou à<br />

vau-le-vent (signifiant dans la direction<br />

du vent) est une parente de à<br />

vau-l’eau. Elle vient à point nommé<br />

pour illustrer mon propos. Le vent<br />

semble souffler dans la direction d’un<br />

départ de Martelly, arrangé ou spontané,<br />

mais preseprese.<br />

Pour finir, l’expression à vaul’eau,<br />

en Espagne, se rend par ir de<br />

culo, aller du cul. Une formulation qui<br />

sied parfaitement au sulfureux et vulgaire<br />

Micky Martelly.<br />

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Vol. 8 • No. 22 • du <strong>10</strong> au 16 décembre <strong>2014</strong><br />

<strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times<br />

5


Kwonik Kreyòl<br />

Ansèyman syans sosyal an<br />

Ayiti ki ansèyman? pou<br />

ki kalite sitwayen?<br />

Nou pap dòmi bliye 85yèm anivèsè masak<br />

Machatè a, pandan n ap make <strong>10</strong>0 lane depi<br />

peyi a anba bòt lokipasyon !<br />

Yon moun pa bezwen espesyalis<br />

nan domèn edikasyon pou li konnen<br />

ansèyman an Ayiti ap mache sou<br />

beki. Depi Minis Joseph C. Bernard (1)<br />

te bay siyal pou refòm sistèm edikatif la<br />

derape nan mwa janvye 1980, Ministè<br />

Edikasyon Nasyonal poko janm ka fini<br />

tabli nouvo kourikoukoum nan. Apre<br />

twa deseni nouvo segondè a (ki pou<br />

ofri yon bakaloreya teknik) ap tann<br />

pou li tounen reyalite. Epi antretan san<br />

okenn evaliyasyon refòm Bernard la,<br />

de lòt Minis Edikasyon vini: youn avèk<br />

yon Plan Nasyonal Edikasyon (2), lòt<br />

la ak yon Plan Nasyonal Edikasyon ak<br />

Fòmasyon (3) Sanble nou tounen ekspè<br />

nan lanbinen sou chimen pèdi tan,<br />

jan powèt la ta di. Annatandan dènye<br />

rezilta egzamen ofisyèl klas tèminal yo<br />

se yon katastwòf (4).<br />

Plan etid syans sosyal nan Plan<br />

kad Pwogram pedagojik operasyonèl<br />

ministè a mete ansanm: Istwa Ayiti,<br />

Istwa jeneral, Jewografi Ayiti ak Istwa<br />

jeneral nan kourikouloum 3èm sik lekòl<br />

fondamantal jis rive nan klas filozofi.<br />

Pedagoji aprantisaj anseyan yo<br />

itilize se sitou metòd dediktif ki chita<br />

sou memorizasyon ekstrèm, olye<br />

metòd endiktif ki favorize eksperimantasyon.<br />

Pwogram Istwa Ayiti a konsidere<br />

peryòd ki soti depi 1492 pou rive<br />

nan lane 1986 ak yon prezantasyon<br />

kwonolojik evennman istorik ki se zèv<br />

yon bann gwo gason yo venere tankou<br />

ewo. Se menm epòk la 1 e ak 2èm sik<br />

la kouvri lan yon vèsyon abreje e ki pi<br />

senp. Lan nivo segondè a disètasyon<br />

ak analiz istorik te sipoze jwenn yon<br />

atansyon patikilye. Men elèv yo pa rive<br />

metrize de aspè sa yo akòz pwofesè yo<br />

pito dikte yo tèks pou yo aprann pa kè.<br />

Istwa jeneral, yon matyè elèv yo etidye<br />

nan 3èm sik, se sitou istwa Lafrans nan<br />

epòk medyeval pwofesè ap rabache ak<br />

lekti fatigan epi kòmantè ki pa adapte.<br />

\Lè nou konsidere ansèyman<br />

matyè yo rele jewografi a ki sa nou<br />

konstate ? Etid jewografi fizik peyi d<br />

Ayiti se yon priyorite pou de premye<br />

sik lekòl fondamantal la. Anseyan yo<br />

met aksan sou relyèf, sètadi: mòn,<br />

plenn, platon, vale elatriye ansanm ak<br />

flèv, rivyè, letan eksetera. San konte<br />

limit teritoryal ak zile ki tou pre yo.Depi<br />

timoun yo piti y ap fè yo repete : <strong>Haiti</strong><br />

est un pays essentiellement agricole.<br />

Men yo pa janm fè yo chita reflechi<br />

sou enpòtans espas jewogafik la ak<br />

potansyalite ekonomik li. Kanta pou<br />

klas segondè yo afè jewografi d Ayiti a,<br />

yo pa wè sa. Jewografi jeneral la repoze<br />

sitou sou reprezantasyon fizik lemonn<br />

ak yon ti lòsyè sou jewografi imèn kote<br />

yo pa pè repete zafè twa ras blan, nwa<br />

,wouj la. Pa yon jefò pou montre orijin<br />

lèzòm, dinamik devlopman popilasyon<br />

yo ak pwosesis evolisyon ras yo.<br />

Analiz Evelyne Trouillot (5) te<br />

pibliye nan revi Lire Haïti an septanm<br />

2001 an vin ranfòse apresyasyon<br />

anpirik sa a sou sistèm edikatif ayisyen<br />

an. Tit analiz la se : De la survivance<br />

de la colonisation dansles manuels<br />

d’histoire. Se yon atik enteresan ki<br />

fouye manyèl istwa d Ayiti soti 1912<br />

pou rive 1995 ak non otè ki fè pati<br />

entelijennsya ayisyen an tankou : J.<br />

B. ak J. C. Dorsainvil, Stephen Alexis,<br />

Dantès Bellegarde ak Stenio Vincent,<br />

Justin Lhérisson, Odette Roy-Fombrun,<br />

René Piquion elatriye. Konsiderasyon<br />

ak konklizyon otè atik la fè anpil sans.<br />

Daprè Evelyne Trouillot, reprezantasyon<br />

diferan pwotagonis nan sosyete<br />

Ispayola ak Sendomeng la konfòm<br />

ak diskou dominan ki travèse sosyete<br />

ayisyen an k ap repwodui pèsepsyon<br />

kolonizatè yo sou wòl ak rapò ki dwe<br />

egziste ant diferan aktè lan pwosesis<br />

repwodiksyon mòd pwodiksyon yo.<br />

Yon ideyoloji ki ap fè apoloji opresè ak<br />

eksplwatè yo yon bò e yon lòt bò ap<br />

kilpabilize fòs pwodiktif anba dominasyon<br />

yo. Adjektif ki karakterize swadizan<br />

endyen yo se endolan, parese ki<br />

renmen plezire; epitèt yo jwenn pou<br />

afriken yo mete nan esklavaj nan koloni<br />

karibeyen an se sovaj, san santiman<br />

ki pi andiran. Yo fè nou konprann<br />

tout espayòl yo pa t mechan ak endyen<br />

yo. Dayè èske youn lan otè manyèl yo<br />

pa mande : Ki sa nou fè ak mèvèy sa<br />

a yo te rele Ayiti a ? Sa pa raple nou<br />

pawòl yon ansyen diktatè ki te mande<br />

kisa nou fè ak peyi l ? Nou konprann<br />

poukisa anpil ayisyen kondisyone pou<br />

regrèt Haïti, la perle des antilles. Sèl<br />

bagay, yo bliye se syè ak san nèg ki te<br />

mare nan chenn esklavaj ki te pwodui<br />

byen materyèl Sendomeng yo. Yo pa<br />

sonje sa k fè Ayiti/Kiskeya/Boyo te yon<br />

mèvèy nan zye wa ak renn Lespay se<br />

valè lò anba tè a espayòl yo t ap bwote<br />

ba yo. Depi nou piti y ap fè nou repete :<br />

Le 6 décembre 1492 Christophe Colomb<br />

découvrit Haïti. Mo dekouvèt la<br />

pa inosan. Li la pou fè nou konprann<br />

nou kòmanse egziste lemoman Kristòf<br />

Kolon debake sou zile a. Se blan an, se<br />

etranje a ki pou ba nou rekonesans. Li<br />

nòmal pou jounen jodi a se kominote<br />

entènasyonal anpil moun ap tann pou<br />

di nou kisa pou n fè.<br />

Pwofesè Trouillot remake nan<br />

atik li a dilèm lelit la konfwonte nan<br />

reprezantasyon ewo lendepandans yo.<br />

Lelit la bezwen valorize aksyon ewoyik<br />

yo epi kapitalize sou fyète patriyotik yo<br />

charye, an menm tan l ap voye toya<br />

sou gran tèt nwa yo. Se swa evennman<br />

ki montre valè yo mèveye, swa yo fèt<br />

ak mechanste. Yon bò yo rekonèt entelijans<br />

Tousen Louvèti, talan estratèj<br />

li ak estim menm lennmi l te gen pou<br />

li ; yon lòt bò yo di li te rize, vyolan,<br />

ipokrit. Apre lanmò Desalin yo mande<br />

pou nou venere anprè a malgre fot li te<br />

komèt. Se pa yon aza si pou yon faksyon<br />

nan klas dominan yo Aleksann<br />

Petyon te yon nonm bonas, yon bon<br />

papa alòske Desalin ak Kristòf te sanginè<br />

ak kriyèl. Ofèt pwojè kont revolisyonè<br />

Petyon ak Bwaye te met kanpe<br />

avèk sasinay fondatè nasyon an toujou<br />

anplas jounen jodi a. Senbolis yo pa<br />

twonpe. Se pa yon zak inosan lè chèf<br />

Leta a deside abiye nenpòt jan, yon<br />

lane, pou l patisipe nan seremoni ofisyèl<br />

pou medite sou lanmò Desalin. (6)<br />

Se pa yon zak inosan lè menm dirijan<br />

sa a, lane apre a, òganize banbòch pou<br />

selebre lanmò anprè a (7). Se pa yon<br />

zak inosan lè de pi gwo dirijan peyi a<br />

chwazi pou yo pa nan peyi a pou selebre<br />

anivèsè batay Vètyè a. (8) Alòske<br />

yon sitwayen franse ap raple kijan 18<br />

novanm se yon gran jou ak kijan Vètyè<br />

Samdi 6 desanm <strong>2014</strong> la fè 85 lane<br />

depi militè fòs okipasyon amerikèn<br />

te fè koule san peyizan yo yon lòt fwa<br />

ankò nan yon masak nan Machatè<br />

nan antre nò vil Okay. Nan yon moman<br />

kote peyizan nan plenn Okay t<br />

ap manifeste, yo t ap pwoteste kont<br />

yon lwa 28 dawout 1928, fòs okipasyon<br />

an te pran pou ogmante taks<br />

sou kleren ak tabak. Ogmantasyon<br />

taks sa yo te lakòz peyizan yo te oblije<br />

malgre yo, fèmen yon bann gildiv<br />

ki te prensipal pwodiksyon ki ba yo<br />

mwayen antre lajan. Desizyon sa a te<br />

detwi ekonomi peyizan yo, epi lage yo<br />

nan lamizè. Se konsa, jou 6 desanm<br />

lan, pandan plizyè milye peyizan t ap<br />

manifeste nan Machatè, kote yo t ap<br />

rele « aba enpo, aba okipasyon, aba<br />

lamizè » militè ameriken yo louvri<br />

kout zam sou yo. Sou plas, fòs okipasyon<br />

an touye 22 peyizan epi blese<br />

51 lòt. Alòske, se te yon manifestasyon<br />

pasifik. Divès lòt zak tankou :<br />

fè kadejak sou fanm ak tifi, mete dife<br />

nan kay peyizan yo, te montre nivo<br />

babari ak karaktè fachis militè okipan<br />

yo.<br />

N ap raple, nan peryòd sa a,<br />

grèv etidyan Damyen yo te jwenn<br />

anpil solidarite nan peyi a. Men aprè<br />

masak Machatè a, manifestasyon te<br />

gaye nan yon bann vil tankou : Jakmèl,<br />

Jeremi, Gonayiv, Pòdepè, Kap<br />

Ayisyen, Leyogàn, Tigwàv, Senmak<br />

elatriye… Pèp la te revòlte kont ni fòs<br />

okipasyon an, ni gouvènman Bòno a.<br />

Malerezman, 85 lane aprè, nou<br />

gen yon fòs okipasyon MINISTA nan<br />

peyi a, ki kontinye fè egzaksyon sou<br />

pèp la. Men sa k pi grav la, nou gen<br />

yon polis ki tounen lame woz gouvènman<br />

Mateli Lamòt la k ap touye<br />

KOMEMORASYON 16 DESANM 1990<br />

16 Desanm 1990 - 16 Desanm <strong>2014</strong>, 24 lane depi Pèp Ayisyen an te<br />

chwazi yon prezidan nan yon eleksyon lib ak demokratik.<br />

Nan lespri pou kontinye kenbe diyite memwa nou toujou toulimen<br />

ak drapo rezistans lan pi djanm, Konbit Ayisyen pou Kore Lakay<br />

(KAKOLA) ak Ayiti Libète ap envite n nan komemorasyon<br />

dat sila jou kap dimanch 14 desanm <strong>2014</strong>.<br />

N ap envite tout konpatriyòt pwogresis, tout nasyonalis, nan yon sware<br />

refleksyon alokazyon konkèt istorik pèp Ayisyen an nan eleksyon 16<br />

Desanm 1990 yo. N ap pwofite okazyon sa a, pou nou foubi je nou sou<br />

dènye konplo (komisyon konsiltatif, demisyon Lamothe, vizit<br />

Kerry, elatriye) enperyalis yo pou toufe demokrasi pèp la.<br />

Solidarite ak mouvman demokratik popilè a k<br />

ap mande demisyon Martelly ak Lamothe !<br />

Aba Okipasyon ! Non ak tout eleksyon malachong anba okipasyon<br />

Dimanch14 desanm <strong>2014</strong>, 7 è p.m.<br />

Nan sal Harry Numa<br />

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Osnon E-mail konbitla@yahoo.com<br />

Moniman an sa a te fèt 6 desanm<br />

1988 nan memwa lit peyizan<br />

Machatè yo ; Malerezman yo te<br />

kraze l nan lane 1991/1994 nan<br />

peryòd koudeta jeneral Cedras<br />

Crédits -copyrigts: PI-IHAM-CHRD<br />

moun nan manifestasyon, k ap touye<br />

tibebe 3 mwa ki kouche sou kabann<br />

anndan lakay li.<br />

Pati Kan Pèp La, pwofite okazyon<br />

sa a, pou kondane zak represyon,<br />

arestasyon ak ansasinay lapolis<br />

ap fè kont popilasyon an k ap manifeste<br />

pandan l ap pwoteje patizan<br />

gouvènman an. Pati a voye senpati<br />

ak solidarite l bay tout moun ki viktim<br />

nan popilasyon an k ap manifeste<br />

espesyalman nan vil Wanament, Fò<br />

libète ak Kabarè pou revandike sèvis<br />

tankou : dlo potab, elektrisite elatriye…<br />

se yon gwo evennman nan listwa limanite<br />

(9). Se pa yon zak inosan lè yon<br />

minis edikasyon bay yon peyi etranje<br />

bati kalandriye eskolè Ayiti epi nou<br />

sezi wè 17 oktòb pa jou ferye ankò.<br />

(<strong>10</strong>) Anpil sitwayen te fè tande vwa yo<br />

anvan yo te sètoblije korije erè a. Se pa<br />

yon zak inosan lè nou remake depi kèk<br />

tan peyi a pa komemore ankò envazyon<br />

1915 la ak rezistans ewoyik kako<br />

yo sou kòmannman Chalmay Peral ak<br />

Benwa Batravil. Non, listwa pa inosan.<br />

Se pa yon aza si apre 1986 dirijan yo<br />

chwazi retounen ak drapo Petyon an<br />

olye yo adopte drapo Desalin ak Kristòf<br />

la.<br />

Nan De la survivance de la colonisation<br />

dans les manuels d’histoire<br />

Evelyne Trouillot raple nou : menm<br />

jan apwopriyasyon diskou kolonizatè<br />

yo non sèlman pwodui konpòtman<br />

kouto famasi/woule m de bò apati yon<br />

pèsepsyon byeze ki chita sou prejije<br />

ak mepri, yo pwodui silans tou kòm<br />

rezilta. Se konsa nouvo edisyon laplipa<br />

manyèl yo pa mansyonnen Makandal<br />

ankò ni fanm vanyan tankou Henriette<br />

St Marc, Marie-Jeanne ak Toya. W ap<br />

wè yo pale de bonte ak tandrès Claire<br />

Heureuse ki te sove anpil viktim inosan<br />

pandan masak franse yo. Yo pase<br />

konplètman sou silans diferan fòm<br />

batay fanm nan esklavaj yo te mennen<br />

kont kondisyon denigran sa a.<br />

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PA NOU<br />

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Fòk nou kontinye mobilize pou<br />

fòse Leta pèpè sa a respekte dwa nou<br />

e bay sèvis. Nou pa ka aksepte yo<br />

konstwi izin elektrik pou bay envestisè<br />

faktori kouran sèlman nan yon<br />

peyi kote EDH genyen 300.000 abone<br />

sou <strong>10</strong> milyon abitan. Se ak lajan<br />

Pèp ayisyen yo bati ni pak endistriyèl<br />

Karakòl la, ni izin elektrik sa a.<br />

Nou pa ka aksepte pou yon antrepriz<br />

prive ki ap jere izin elektrik Karakòl<br />

la ap ranmase lajan epi li derefize bay<br />

popilasyon an sèvis. N ap raple tout<br />

moun yon bon valè nan 446 milyon<br />

dola vèt ki envesti nan Karakòl se<br />

lajan ki te rive nan peyi a pou ede viktim<br />

tranbleman tè 12 janvier 20<strong>10</strong> la.<br />

Pati a ankouraje tout viktim yo<br />

pote plent lajistis kont polisye yo. Lè<br />

gouvènman sa a pa la ankò, depi nou<br />

te fè plent, nou kapab pouswiv yo<br />

devan lajistis. Yon lòt fwa ankò, Pati<br />

RASIN Kan Pèp La mande pou lajistis<br />

libere tout prizonye politik yo.<br />

Pati a salwe manifestasyon ki<br />

te fèt nan Kriswa 3 desanm kont anbasadè<br />

ameriken an kote popilasyon<br />

an t ap denonse wòl enperyalis la nan<br />

kriz peyi nou an. Nou wè kijan Gouvènman<br />

Mateli Lamòt la kouri sòti<br />

yon kominike pou mete ajenou pou<br />

mande madan White padon alòske<br />

okenn moun nan pouvwa a poko di<br />

yon mo sou lanmò tibebe 3 mwa polis<br />

nasyonal la ansasinen nan Wanament.<br />

Aba tout enperyalis yo, Aba<br />

Leta restavèk, Aba okipasyon, viv<br />

yon Ayiti granmoun<br />

Pou Sekretarya Ekzekitif<br />

Nasyonal Pati a<br />

Marc Athur Fils Aimé<br />

Liv yo pa trete non plis ni kesyon<br />

lang kreyòl la ni kesyon vodou an ki<br />

se de eleman fondamantal nan idantite<br />

nouvo abitan koloni Sendomeng<br />

yo. Genyen liv Karitas yo ki ekri nèt<br />

an kreyòl ; ou pa twouve yo nan lekòl<br />

ki pa lekòl Karitas. E se pa yon<br />

aza, si yon manyèl ki rele Syans Sosyal<br />

Ayiti Dantan, Ayiti Kounyeya, yon<br />

ekip elaboratè te pwodui pou IPN (11)<br />

an 1987 disparèt san kite tras. Malgre<br />

tou sa nou di la a, nou dwe admèt<br />

yon lè konsa ou ka jwenn yon manyèl<br />

ki eksprime yon lide kòrèk parapò ak<br />

kontèks eksplwatasyon ak opresyon ki<br />

egziste nan koloni a.<br />

Suite à la page (15)<br />

6 <strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times<br />

Vol. 8 • No. 22 • du <strong>10</strong> au 16 décembre <strong>2014</strong>


Perspectives<br />

Crise politique:<br />

Quand le peuple haitien prendra t-il son destin en main?<br />

Par Thomas Péralte<br />

La crise politique profonde qu’Haïti<br />

connait actuellement était prévisible<br />

depuis l’arrivée à la tête de l’Etat<br />

d’Haïti de cet imposteur, de ce fossoyeur<br />

de la République en la personne<br />

de Michel Joseph Martelly. Cette crise a<br />

atteint une dimension insupportable,<br />

intolérable depuis le refus systématique<br />

de l’occupant du Palais national<br />

d’organiser des élections, l’arrestation<br />

arbitraire et la détention illégale des<br />

militants politiques pour leur conviction<br />

politique, l’assassinat des opposants<br />

politiques, la persécution des dirigeants<br />

politiques, la violation systématique<br />

des droits civils et politiques des citoyens,<br />

la violation de la Constitution<br />

haïtienne de 1987, la vassalisation<br />

des institutions républicaines, autant<br />

de viols de la légalité qui soulèvent la<br />

colère populaire.<br />

Pour essayer de calmer cette<br />

colère populaire, l’occupant du Palais<br />

national sur l’injonction de ses patrons<br />

de l’international a mis sur pied une<br />

commission consultative présidentielle<br />

composée des ennemis traditionnels<br />

du peuple haïtiens et des corrompus<br />

de grand chemin tels : Me. Gérard<br />

Gourgue, Mgr. Patrick Aris, Evans<br />

Paul, Paul Loulou Chéry, Odette Roy<br />

Fonbrun, Réginald Boulos, Gabriel<br />

Fortuné, Rony Mondestin, Mgr Ogé<br />

Beauvoir, Charles Suffrard, Chavannes<br />

Jeune. Le peuple se souvient encore du<br />

boycottage de la célébration, le premier<br />

janvier 2004, du bicentenaire de l’indépendance<br />

de la première République<br />

des Nègres d’<strong>Haiti</strong> par ces personnages.<br />

Il garde encore à l’esprit les massacres<br />

du 29 novembre 1987, notamment à<br />

la Ruelle vaillant. Cette commission<br />

qui disposait de 8 jours pour produire<br />

son rapport visant à apporter une<br />

éventuelle solution à la crise politique<br />

a remis ledit rapport à Michel Martelly<br />

ce mardi 9 décembre <strong>2014</strong>, lors d’une<br />

cérémonie organisée au Palais national.<br />

Dans ce rapport, il est question<br />

du renvoi du Premier ministre, Laurent<br />

Salvador Lamothe, le limogeage de Me<br />

Anel Alexis Joseph à la tête de la Cour<br />

de Cassation et du Conseil Supérieur du<br />

Pouvoir Judiciaire (CSPJ), la démission<br />

des membres du Conseil Electoral Provisoire<br />

(CEP) et la libération de tous les<br />

prisonniers politiques. Dans la foulée,<br />

le commissionnaire Gabriel Fortuné a<br />

fait savoir qu’il ne va pas signer le rapport<br />

si tous les prisonniers politiques ne<br />

sont pas libérés immédiatement. Il avait<br />

fait une sortie fracassante le dimanche<br />

7 décembre dernier contre le coordonnateur<br />

de la commission bidon, selon<br />

plus d’un, Reginald Boulos. Ce dernier<br />

refusait que soit insérée dans les débats<br />

la question de reddition de comptes sur<br />

le Fonds National de l’Education (FNE)<br />

et le fonds Petro Caribe. A la surprise de<br />

plus d’un, on apprend néammoins que<br />

tous les commissionnaires ont paraphé<br />

le rapport lundi soir à l’hôtel Ritz Kinam,<br />

suite à une rencontre avec le président<br />

du Senat, Desras Simon Dieuseul<br />

et monsieur Michel Martelly. Cela démontre<br />

très clairement que ladite commission<br />

était constituée de magouilleurs<br />

professionnels qui cherchaient par<br />

tous les moyens et en toutes occasions<br />

de tirer profit de leur présence au sein<br />

de la Commission pour se constituer un<br />

capital politique au mépris des revendications<br />

populaires et au détriment de<br />

Le peuple haïtien rejette donc le rapport de ladite commission comme il a rejeté l’accord d’El Rancho<br />

l’intérêt supérieur de la Nation.<br />

En dépit de petites divergences<br />

entre deux commissionnaires pro-tètkale<br />

pour jeter de la poudre aux yeux<br />

de la population, ils se sont entendus<br />

pour renvoyer le Premier ministre Lamothe<br />

sans rien dire sur la véritable revendication<br />

du peuple haïtien qui n’est<br />

autre que le départ de Michel Joseph<br />

Martelly. Aucune solution à cette crise<br />

politique n’est possible sans le départ<br />

de Martelly, selon certains observateurs<br />

très avisés. Martelly est un cancer pour<br />

le peuple haïtien, déclarent les manifestants,<br />

il doit partir. Il n’a jamais bénéficié<br />

de légitimé populaire, puisqu’il n’a<br />

été imposé que par la Communauté<br />

internationale. Le peuple haïtien rejette<br />

donc le rapport de ladite commission<br />

comme il a rejeté l’accord d’El Rancho.<br />

C’est pourquoi le peuple haïtien<br />

doit renouveler sa détermination à lutter<br />

pour prendre son destin en main. Tous<br />

les Haïtiens conséquents, les fils de<br />

Dessalines, qui ne veulent pas qu’Haïti<br />

reste agenouillée devant les bottes des<br />

forces étrangères et prise en otage par<br />

un petit groupe de l’oligarchie traditionnelle,<br />

sont attendus dans les rues du<br />

pays, lors de la prochaine manifestation<br />

fixée pour le vendredi 12 décembre<br />

devant coïncider avec une éventuelle<br />

visite du Secrétaire d’Etat des Etats-<br />

Unis en Haïti. La rue va parler et dire<br />

NON à toute forme d’ingérence étrangère.<br />

La rue va demander à Pamela<br />

Ann Withe de respecter les dispositions<br />

de la Convention de Vienne sur les relations<br />

diplomatiques et consulaires. Un<br />

principe démocratique enseigne que<br />

lorsque les institutions échouent, le<br />

peuple doit prendre en main son destin.<br />

Il ne doit pas laisser les autres agir à<br />

sa place.<br />

C’est dans cet ordre d’idées que le<br />

peuple déterminé, on ne peut plus doit<br />

continuer à gagner les rues pour exiger<br />

le départ inconditionnel de Martelly<br />

et de Lamothe afin que des élections<br />

générales soient organisées en toute<br />

souveraineté.<br />

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Vol. 8 • No. 22 • du <strong>10</strong> au 16 décembre <strong>2014</strong><br />

<strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times<br />

7


Perspectives<br />

La désignation de Michaëlle Jean à la<br />

tête de l’OIF et les attentes d’Haïti<br />

Par Jacques NESI<br />

Michaëlle Jean vient de réussir un<br />

excellent pari en passant de son<br />

statut de journaliste de télévision, d’ex<br />

gouverneur général du Canada, à celui<br />

de secrétaire général de l’Organisation<br />

internationale de la francophonie. C’est<br />

un beau parcours qui laisse plus d’un<br />

admiratif et songeur. Il est salué par<br />

la presse occidentale et haïtienne. Les<br />

deux traitements, différenciés, jouent<br />

sur les mots, choisis selon la face que<br />

l’on souhaite valoriser, déconstruire,<br />

sans se départir de l’intention voilée<br />

de la récupération. C’est d’abord « une<br />

victoire à l’arraché » pour le Canada qui<br />

a soutenu sa candidature dans toutes<br />

les capitales importantes de la francophonie.<br />

Au nom de son passé de Chef<br />

de l’Etat du Commonwealth, le premier<br />

ministre Canadien a battu la grosse<br />

caisse, aidé de la stratégie brouillonne<br />

des chefs d’Etat africains. La France de<br />

son côté y voit l’une de ses représentantes,<br />

française de surcroit, orpheline<br />

de son candidat Blaise Compaoré. Elle<br />

s’est ralliée au symbolisme et à une<br />

rupture, dans les pratiques à rechercher<br />

dans la francophonie un asile doré pour<br />

d’anciens chefs d’Etat aux mains entachées<br />

de sang, ayant un goût prononcé<br />

pour le vol des élections et le détournement<br />

de fonds publics.<br />

Derrière le choix de Michaëlle Jean,<br />

le président français François Hollande<br />

a réussi une révolution en douceur empreinte<br />

de réalisme et d’ouverture. Dans<br />

ce jeu souterrain où les intérêts sournois<br />

se cachent derrière la rhétorique<br />

diplomatique, les évocations à la patrie<br />

de Dessalines qui a viré de main d’un<br />

Chef, deux cent ans de cela, les français<br />

sur l’ile sont peu présentes dans les esprits.<br />

La « jacmélienne » pour peu qu’on<br />

s’en souvienne, n’est rappelée que par<br />

la presse haïtienne. On y découvre, à<br />

bien réfléchir, l’ambivalence de l’élite<br />

de la diaspora haïtienne, au service de<br />

toutes les bannières, sans qu’on y dessine<br />

une quelconque plaidoirie. La fierté<br />

haïtienne est incolore, inodore : passepartout,<br />

elle défendait la couronne britannique<br />

hier, aujourd’hui elle défend<br />

la France, d’autres ont vendu leur âme<br />

aux américains, aux forces onusiennes.<br />

Des fonctionnaires onusiens au service<br />

d’organisations des droits de l’homme,<br />

des organisations para-onusiennes,<br />

brillants, deviennent des pèlerins du<br />

développement, des faiseurs de paix,<br />

alors qu’Haïti se laisse conduire par un<br />

ignare avoué de la gestion politique.<br />

Une élite brillante à l’extérieur en état<br />

de formol à l’intérieur ! Une élite démissionnaire,<br />

réfugiée permanente dans les<br />

prix littéraires et les essais lumineux,<br />

mais qui abandonne son pays aux cancres,<br />

aux noceurs d’expédients, et aux<br />

marchands du crack ! De la désignation<br />

de Michaëlle Jean, elle attend un «<br />

phare d’espérances et de concorde, de<br />

solidarité et d’humanisme » comme l’a<br />

dit l’ancien président sénégalais Abdou<br />

Diouf, secrétaire général sortant<br />

au sommet de l’OIF. Plus qu’un phare,<br />

Haïti attend de Michaëlle Jean un chemin,<br />

un cap.<br />

D’abord, Michaëlle Jean a été désignée<br />

par consensus. Ce qui annonce<br />

un style de commandement consensuel,<br />

et obère en même temps son mandat<br />

parce qu’elle doit composer avec des<br />

réseaux et des nombreuses structures<br />

animateurs de la francophonie. Ensuite,<br />

elle doit travailler davantage sa vision,<br />

son projet pour la francophonie qui<br />

devient aujourd’hui un espace diplomatique<br />

de pouvoirs, rivalisant avec la<br />

structure de l’Organisation des nations<br />

Unies. En effet, elle est composée de 80<br />

pays ou régions (57 membres et 23<br />

observateurs), convoitée par d’autres<br />

pays qui n’ont pas la langue française<br />

en commun (le Mexique, le Costa Rica,<br />

le Kosovo). Michaëlle Jean doit tenter<br />

de résoudre la quadrature du cercle en<br />

De la désignation de Michaëlle Jean, <strong>Haiti</strong> attend un « phare d’espérances<br />

et de concorde, de solidarité et d’humanisme » comme l’a dit l’ancien<br />

président sénégalais Abdou Diouf, secrétaire général sortant au sommet de<br />

l’OIF. Plus qu’un phare, Haïti attend de Michaëlle Jean un chemin, un cap.<br />

rénovant ce cénacle de vieux crocodiles<br />

africains cooptés par la France qui investit<br />

les sommets de l’OIF comme de<br />

véritables espaces de recyclage pour des<br />

apprentis- démocrates maternés ,déçus<br />

par une politique de petits pas vers la<br />

démocratie. Enfin, elle doit être amenée<br />

à convaincre la France, notamment<br />

ses élites qui considèrent que la culture<br />

anglo-saxonne est déjà victorieuse, et<br />

quoiqu’elle fasse, l’espace francophone<br />

ne sera qu’un nain rabougri, recroquevillé<br />

autour de lui, répétant sans<br />

y croire la vulgate de l’économie de<br />

marché condamnant les plus pauvres,<br />

les plus fragiles à se soumettre aux effets<br />

désastreux de la globalisation des<br />

marchés , à la société de consommation<br />

des biens futiles. La France réduit de<br />

moitié ses crédits et s’oriente de façon<br />

résignée vers la définition d’une politique<br />

francophone aux ambitions tièdes<br />

et aux ectoplasmes émollients.<br />

La mission de Michaëlle Jean est<br />

d’accomplir trois missions : convaincre<br />

la France qu’investir dans la francophonie<br />

est un formidable retour de<br />

celle-ci dans l’imaginaire des peuples du<br />

Sud, à commencer par associer le développement<br />

de la langue aux échanges<br />

économiques. Les pratiques culturelles<br />

résultant de la langue ne sont pas<br />

antinomiques à la construction d’un<br />

vaste marché régional qui s’organisera<br />

autour des pôles de compétitivité des<br />

pays émergents de l’Afrique, et une<br />

compréhension des réseaux vétustes<br />

africains dépendants de l’extraversion,<br />

de la rente, de la politique du ventre .<br />

A ce point de vue, la pénétration d’une<br />

figure nord-américaine (le Canada la<br />

revendique), frottée à la culture anglosaxonne,<br />

exigeant moins de palabres<br />

que de résultats tangibles, peut être<br />

une source de remises en question<br />

pour le modèle africain. Haïti a besoin<br />

de l’Afrique, de ses exemples saints,<br />

de ses trajectoires aux résultats prometteurs<br />

pour recomposer son destin. Le<br />

modèle africain qui offre le spectacle<br />

de chefs d’Etat kleptocrates sourds à la<br />

distribution des revenus aux catégories<br />

les plus faibles, aux calamités, aux pandémies<br />

porteuses de repli sur soi et de<br />

décimation, doit être battu en brèche et<br />

contré par une Afrique conquérante. A<br />

ce niveau, la troisième mission de Michaëlle<br />

Jean est de concevoir la francophonie,<br />

en rupture avec l’afro-pessimisme<br />

occidental, mais plutôt comme<br />

un vaste marché d’échanges commerciaux,<br />

technologiques , culturels entre<br />

les Etats qui ont des revenus notables<br />

et d’autres qui trainent leurs pieds conduisant<br />

des stratégies de pérennisation<br />

du pouvoir en allumant des brasiers<br />

tribaux, et attendant des solutions messianiques<br />

de la France.<br />

Le mandat de Michaëlle Jean peut<br />

être un formidable élan à la poursuite<br />

du sommet de Cotonou de 1995 où<br />

Jacques Chirac insistait sur la promotion<br />

de l’entreprise privée et du partenariat<br />

d’entreprises et les actions favorisant<br />

la mobilisation de l’épargne. En effet,<br />

plus que jamais le mot de Nicéphore<br />

Dieudonné Soglo, en 1991, ancien<br />

président du Bénin, est d’actualité et<br />

Michaëlle Jean pourrait s’en inspirer :<br />

« Quant à l’Afrique francophone, elle<br />

n’aura de chance de se pérenniser que si<br />

cette Afrique au Sud du Sahara devient<br />

un partenaire économiquement fort.<br />

»La petite ONU francophone ne deviendra<br />

forte que si la pauvreté sera combattue<br />

avec la dernière énergie, la gouvernance<br />

sera débarrassée des complexes<br />

hérités de l’histoire, et les élites formées<br />

assumeront leurs responsabilités.<br />

Suite à la page (15)<br />

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Soutenance de thèse de Jacques<br />

Nesi pour l’obtention du grade<br />

de docteur en science politique<br />

Conduits sous la direction du professeur<br />

Justin DANIEL, professeur<br />

en science politique à l’université<br />

des Antilles – Guyane, les travaux<br />

de Jacques NESI seront présentés en<br />

public le samedi 13 Décembre prochain.<br />

Ils portent sur des thèmes<br />

majeurs dans l’histoire politique haïtienne<br />

des trente dernières années :la<br />

démocratisation, l’Etat, l’intervention<br />

de la communauté internationale,<br />

la reconstruction de l’Etat. Le titre<br />

de la recherche est : « HAITI A<br />

L’EPREUVE DE LA DEMOCRATISA-<br />

TION : FAIBLESSE, RECONSTRUC-<br />

TION ET REINVENTION DE L’ETAT<br />

(1986-2004).<br />

En voici le résumé :<br />

Qu’est ce qui explique la<br />

faiblesse d’un Etat qui s’est engagé<br />

depuis plus de vingt ans à rompre<br />

avec les pratiques de l’autoritarisme<br />

et du néo-patrimonialisme ? Pourquoi<br />

les promesses d’une démocratisation<br />

réussie, malgré le soutien massif des<br />

acteurs de la « société internationale »<br />

ont paradoxalement débouché sur la<br />

déstabilisation de l’Etat dans un contexte<br />

de crises récurrentes ? Ce sont<br />

les interrogations principales qui orientent<br />

cette recherche qui se donne<br />

pour ambition d’étudier les processus<br />

par lesquels les élites et les masses haïtiennes<br />

s’approprient la démocratie.<br />

De ce point de vue, la démocratisation<br />

s’analyse comme une ressource politique<br />

et institutionnelle revendiquée<br />

par ces dernières comme élément<br />

probant de leur adhésion à la grammaire<br />

démocratique. Dès lors, il s’agit<br />

de scruter les routes sinueuses et<br />

chaotiques empruntées par la démocratisation<br />

en Haïti, en interrogeant les<br />

diverses séquences marquantes de<br />

l’histoire politique haïtienne. L’accent<br />

est mis sur l’importation des technologies<br />

institutionnelles d’origine<br />

occidentale, notamment durant la<br />

période ouverte en 1994 avec la réinstallation<br />

de Jean-Bertrand Aristide<br />

dans ses fonctions de président et<br />

celle qui commence en 2004 avec<br />

son départ forcé du pouvoir. Ces deux<br />

séquences historiques, sous-tendues<br />

par des plans de reconstruction de<br />

l’Etat, sont marquées par la mobilisation<br />

de ressources diverses, en vue de<br />

jeter les bases d’une nouvelle gouvernance<br />

politique et économique. Elles<br />

circonscrivent également un champ<br />

de représentations conflictuelles, caractérisé<br />

par la compétition entre les<br />

Etats occidentaux et la lutte pour la<br />

répartition des enjeux de puissance<br />

entre les organisations internationales<br />

et les élites locales.<br />

L’analyse du processus de<br />

démocratisation conduit à des observations<br />

paradoxales : l’exacerbation<br />

de la violence, l’actualisation de<br />

l’autoritarisme, la multiplication des<br />

situations déviantes découlant des<br />

stratégies des acteurs locaux. Ces<br />

derniers tentent d’échapper aux contraintes<br />

imposées par des acteurs externes<br />

qui interviennent afin de sanctionner,<br />

d’arbitrer et d’imposer des<br />

décisions aux factions en luttes pour<br />

le pouvoir. Ainsi, la démocratisation<br />

passe par des crises d’adaptation, des<br />

phases contradictoires de recomposition,<br />

d’hybridation des institutions<br />

importées et parfois de contournement<br />

des normes et procédures. Entre les<br />

acteurs internes et externes s’établit<br />

et s’organise une dynamique interactive<br />

qui influence l’Etat dont la configuration<br />

finale est loin de correspondre<br />

aux objectifs affichés à travers les<br />

réformes engagées. Afin de mieux<br />

mettre en évidence les traits distinctifs<br />

de cet Etat forgé dans l’incertitude et<br />

l’imprécision, la thèse propose de restituer<br />

les dynamiques et l’historicité<br />

propres à la société haïtienne, en<br />

privilégiant l’hypothèse de la réinvention<br />

de l’Etat. Paradoxalement, l’État<br />

peut être le produit de processus de<br />

violence et la part chaotique que comporte<br />

la situation en Haïti peut recéler<br />

les prémices de sa construction.<br />

Le jury examinateur est<br />

ainsi composé :M. Christian<br />

GIRAULT,Directeur de recherche<br />

émérite en géographie , CREDA-CNRS<br />

, M.RAMOS Aaron G., professeur des<br />

sciences sociales de l’Université de<br />

Porto-Rico, M. Jean-Marie THEODAT,<br />

Maitre de Conférences de géographie<br />

du Campus Henri Christophe de Limonade<br />

Université d’Etat d’<strong>Haiti</strong>, et<br />

de M.WILLIAM Jean-Claude, professeur<br />

émérite de science politique de<br />

l’Université Antilles Guyane.<br />

Nous invitons tous ceux qui<br />

peuvent faire le déplacement à assister<br />

à la soutenance de cette thèse<br />

qui propose de nouvelles approches<br />

sur les questions liées à la captation<br />

du pouvoir , à sa distribution aux<br />

logiques multiples qui inspirent les<br />

stratégies des acteurs.<br />

Joel H. Poliard<br />

M.D., M.P.H.<br />

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8 <strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times<br />

Vol. 8 • No. 22 • du <strong>10</strong> au 16 décembre <strong>2014</strong>


This Week in <strong>Haiti</strong><br />

As PM’s Removal is Proposed:<br />

Martelly’s Government Totters on Eve of Kerry Visit<br />

By Kim Ives<br />

<strong>Haiti</strong>’s political crisis deepened on<br />

Tue., Dec. 9 as an 11-member<br />

presidential “advisory commission”<br />

proposed that Prime Minister Laurent<br />

Lamothe step down, a recommendation<br />

which will swell the ranks<br />

of thousands of demonstrators nationwide<br />

calling for President Michel<br />

Martelly’s resignation. The capital’s<br />

next major demonstration, planned<br />

for Dec. 12 when U.S. Secretary of<br />

State John Kerry visits <strong>Haiti</strong>, is expected<br />

to be massive.<br />

The advisory commission’s <strong>10</strong>-<br />

page report also recommended the<br />

sacking of Martelly-pawn Anel Alexis<br />

Joseph, who heads the Supreme<br />

Court and the Superior Council of the<br />

Judiciary Power (CSPJ), the resignation<br />

of the Electoral Council, and the<br />

release of all political prisoners.<br />

“The country is facing an economic<br />

and structural crisis,” says the<br />

report, according to the Miami Herald.<br />

“To avoid a worsening of the<br />

Le Nouvelliste<br />

U.S. Ambassador to <strong>Haiti</strong> Pamela<br />

White said that President Martelly<br />

“must stay” but said that PM<br />

Lamothe’s departure was “not a<br />

U.S. decision.”<br />

current situation, ‘the most credible<br />

solution to the crisis’ should allow a<br />

return, in a reasonable time, to constitutional<br />

normalcy and well-functioning<br />

institutions.”<br />

“This is a rescue operation by<br />

the international community aimed<br />

at saving the mandate of President<br />

Martelly while Martelly is primarily<br />

responsible for the crisis,” said outspoken<br />

lawyer Andre Michel, a leader<br />

of the Patriotic Movement of the<br />

Democratic Opposition (MOPOD),<br />

the Miami Herald reported.<br />

In its eight days of existence,<br />

the advisory commission had some<br />

clashes. On Sun., Dec. 7, former Sen.<br />

Gabriel Fortuné, who was expelled<br />

from the anti-Martelly Dessalines<br />

Children platform for taking part in<br />

the commission, made headlines<br />

when he said that commission coordinator<br />

Reginald Boulos refused<br />

to allow investigation into the unaccounted<br />

funds of the National Education<br />

Fund (opaquely filled with and<br />

emptied of millions of dollars in illegal<br />

taxes of $1.50 on every international<br />

money transfer and 5 cents<br />

on every minute of <strong>Haiti</strong>’s overseas<br />

phone calls over the past three years)<br />

and the PetroCaribe account (which<br />

holds about 40% of the revenues<br />

from <strong>Haiti</strong>’s Venezuelan oil sales).<br />

Fortuné also said he would not sign<br />

the report unless all <strong>10</strong> prominent<br />

political prisoners were immediately<br />

released.<br />

To the surprise of many, all the<br />

commissioners signed the report on<br />

the evening of Mon., Dec. 8 at the<br />

Ritz Kinam Hotel in Pétionville following<br />

a meeting with Senate President<br />

Simon Desras Dieuseul and<br />

President Martelly. The commission<br />

then handed the report to Martelly in<br />

an official ceremony at the National<br />

Palace on Dec. 9.<br />

In the run-up to Kerry’s muchawaited<br />

visit, U.S. Ambassador to<br />

<strong>Haiti</strong> Pamela White reiterated Washington’s<br />

support for Martelly. “We<br />

believe he was elected for a certain<br />

period of time,” she told Le Nouvelliste<br />

in an interview. “He must stay<br />

until his mandate ends” on May 14,<br />

2016.<br />

But the tens of thousands expected<br />

to march on Dec. 12 disagree<br />

and are calling for Martelly’s immediate<br />

resignation, as they have in many<br />

demonstrations, each larger than the<br />

last, over the past two months.<br />

Asked by Le Nouvelliste about<br />

Lamothe, White responded that “it is<br />

not at all the decision of the United<br />

States if the Prime Minister stays or<br />

goes.” But she added that she felt he<br />

“has done many good things for the<br />

country.”<br />

Lamothe is expected to run for<br />

President of <strong>Haiti</strong> at the end of 2015.<br />

On Dec. 5 and 6, Port-au-<br />

Prince saw giant marches calling for<br />

both Martelly and Lamothe to step<br />

down. Demonstrators hurled epithets<br />

RINCHER<br />

Daniel Tercier/Haïti Liberté<br />

Tens of thousands marched through Port-au-Prince again on Dec. 6 to demand Martelly’s resignation, the sixth<br />

huge demonstration in the capital in three weeks.<br />

in front of the French and Canadian<br />

embassies, as they had on Nov. 29 in<br />

front of the U.S.’s, and held up pictures<br />

of Russian President Vladimir<br />

Putin as a way to express their rejection<br />

of U.S. and French imperialist<br />

meddling in <strong>Haiti</strong>.<br />

On Dec. 6, thousands also<br />

marched for Martelly’s resignation<br />

in Cap Haïtien, <strong>Haiti</strong>’s second largest<br />

city, and in the southern city of Aux<br />

Cayes, where protestors were also<br />

marking the 85 th anniversary of the<br />

1929 massacre by U.S. Marines of a<br />

dozen demonstrating <strong>Haiti</strong>an peasants<br />

in Marche-à-Terre during the<br />

first U.S. military occupation of <strong>Haiti</strong><br />

(1915-1924).<br />

From Dec. 3-5, 11 of <strong>Haiti</strong>’s remaining<br />

20 senators, most of them<br />

pro-Martelly, held a desperate conclave<br />

at the fancy Club Indigo resort<br />

in Montrouis near St. Marc to “find<br />

a way to save state institutions” and<br />

to “avoid disruption, dislocation, and<br />

chaos.” Their final pathetic resolution<br />

called on President Martelly to<br />

“urgently convoke all the major powers<br />

of the State to take all necessary<br />

measures to safeguard the Nation-<br />

State of <strong>Haiti</strong>,” and all that before<br />

Christmas. Needless to say, the six<br />

senators who have opposed Martelly’s<br />

efforts to ram through a rigged<br />

electoral law and electoral council did<br />

not sign the final document.<br />

Martelly plans to begin ruling<br />

by decree on Jan. 12, 2015 if no<br />

agreement is reached and Parliament<br />

is allowed to expire. But demonstrators<br />

want Martelly to step down and<br />

to have a provisional government set<br />

up a new electoral council that will<br />

hold elections now delayed for over<br />

three years. It is a high-stakes game<br />

of chicken into the middle of which<br />

Kerry will be stepping.<br />

“We are definitely witnessing<br />

the final days of the regime,” said<br />

Sen. Moïse Jean-Charles, who has<br />

been at the forefront of the anti-<br />

Martelly protests. “We do not expect<br />

to celebrate <strong>Haiti</strong>’s independence on<br />

New Years 2015 with Martelly still in<br />

power. We are not going to negotiate<br />

now with Martelly. We simply want<br />

Martelly and Lamothe to go.”<br />

The cholera epidemic in <strong>Haiti</strong> has devastated the country for over four years.<br />

It has killed over 8,600 and infected more than 711,000.<br />

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reflect and lift up in prayer our brothers and sisters in <strong>Haiti</strong><br />

who have been affected by the devastating cholera epidemic.<br />

Together we will demonstrate solidarity, pray for healing and<br />

call upon the United Nations to adequately address the<br />

epidemic.<br />

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Vol. 8 • No. 22 • du <strong>10</strong> au 16 décembre <strong>2014</strong><br />

<strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times<br />

9


DISCOURS DE VLADIMIR POUTINE DEVAN<br />

Chers membres du Conseil de la Fédération,<br />

Députés de la Douma,<br />

Citoyens de Russie !<br />

Le discours d’aujourd’hui sera<br />

consacré, bien entendu, à la situation<br />

et aux conditions actuelles du<br />

monde dans lequel nous vivons,<br />

ainsi qu’aux défis auxquels nous<br />

sommes confrontés. Mais je tiens<br />

tout d’abord à vous remercier tous<br />

pour le soutien, l’unité et la solidarité<br />

dont vous avez fait preuve<br />

au cours des récents événements<br />

historiques et cruciaux qui vont<br />

sérieusement influencer l’avenir de<br />

notre pays.<br />

Cette année, nous avons été<br />

confrontés à des épreuves auxquelles<br />

seule une nation unie et<br />

mature et un Etat véritablement<br />

souverain et fort peuvent résister.<br />

La Russie a prouvé qu’elle peut<br />

protéger ses compatriotes et défendre<br />

l’honneur, la vérité et la justice.<br />

La Russie a pu accomplir<br />

cela, grâce à vous, les citoyens<br />

de la Russie [Applaudissements],<br />

grâce à votre travail et aux résultats<br />

que nous avons obtenus ensemble,<br />

et grâce à notre profonde<br />

compréhension de l’essence et de<br />

l’importance des intérêts nationaux.<br />

Nous avons pris conscience<br />

de l’indivisibilité et de l’intégrité<br />

de la longue histoire millénaire de<br />

notre patrie. Nous sommes venus<br />

à croire en nous-mêmes, à croire<br />

que nous pouvions faire beaucoup<br />

de choses et atteindre tous nos objectifs.<br />

Aujourd’hui, nous ne pouvons<br />

bien évidemment pas ne pas<br />

évoquer les événements historiques<br />

qui ont eu lieu cette année. Comme<br />

vous le savez, un référendum a été<br />

organisé en Crimée en mars, dans<br />

lequel les habitants de la péninsule<br />

ont clairement exprimé leur désir<br />

de rejoindre la Russie. Après cela,<br />

le Parlement de Crimée – il convient<br />

de souligner que c’était un<br />

parlement tout à fait légitime, qui<br />

avait été élu en 20<strong>10</strong> – a adopté<br />

une résolution d’indépendance.<br />

Et enfin, nous avons assisté à<br />

la réunification historique de la<br />

Crimée et de Sébastopol avec la<br />

Russie. [Applaudissements]<br />

Ce fut un événement d’une<br />

importance particulière pour notre<br />

pays et notre peuple, parce que la<br />

Crimée est une terre où vivent nos<br />

compatriotes, et que son territoire<br />

est d’une importance stratégique<br />

pour la Russie, car c’est là que se<br />

trouvent les racines spirituelles de<br />

la Nation russe, diverse mais solidement<br />

unie, et de l’Etat russe<br />

centralisé. C’est en Crimée, dans<br />

l’ancienne ville de Chersonèse ou<br />

Korsun, comme les anciens chroniqueurs<br />

russes appelaient, que le<br />

Grand Prince Vladimir a été baptisé<br />

avant d’apporter le christianisme<br />

aux Rus.<br />

En plus de la similitude ethnique,<br />

de la langue commune, des<br />

éléments communs de leur culture<br />

matérielle, d’un territoire commun<br />

– même si ses frontières n’étaient<br />

pas tracées et stables –, d’échanges<br />

économiques émergents et d’un<br />

gouvernement naissant, le christianisme<br />

fut une puissante force<br />

unificatrice spirituelle qui a contribué<br />

à impliquer dans la création<br />

de la Nation russe et de l’Etat russe<br />

les diverses tribus et alliances tribales<br />

du vaste monde slave oriental.<br />

C’est grâce à cette unité spirituelle<br />

que nos ancêtres, pour la première<br />

fois et pour toujours, se considérèrent<br />

comme une nation unie.<br />

[Applaudissements] Tout cela nous<br />

amène à affirmer que la Crimée,<br />

l’ancienne Korsun ou Chersonèse,<br />

et Sébastopol, ont une importance<br />

civilisationnelle et même sacrée inestimable<br />

pour la Russie, comme le<br />

Mont du Temple à Jérusalem pour<br />

les adeptes de l’Islam et du Judaïsme.<br />

Et c’est ainsi que nous les<br />

considèrerons toujours. [Applaudissements]<br />

Chers amis,<br />

Aujourd’hui, il est impossible<br />

de ne pas revenir sur notre point de<br />

vue au sujet des développements<br />

en Ukraine et de la façon dont nous<br />

avons l’intention de travailler avec<br />

nos partenaires à travers le monde.<br />

Il est bien connu que la Russie a<br />

non seulement soutenu l’Ukraine<br />

et d’autres républiques frères de<br />

l’ancienne Union soviétique dans<br />

leurs aspirations à la souveraineté,<br />

mais qu’elle a aussi grandement<br />

facilité ce processus dans les années<br />

1990. Depuis lors, notre position<br />

n’a pas changé.<br />

Chaque nation a le droit souverain<br />

et inaliénable de déterminer<br />

sa propre voie de développement,<br />

de choisir ses alliés, son régime<br />

politique et la forme d’organisation<br />

de sa société, de créer une économie<br />

et d’assurer sa sécurité. La Russie<br />

a toujours respecté ces droits et les<br />

respectera toujours. Ils s’appliquent<br />

pleinement à l’Ukraine et au peuple<br />

ukrainien frère. Il est vrai que nous<br />

avons condamné le coup d’Etat et<br />

la prise violente du pouvoir à Kiev<br />

Le président Russe Vladimir Poutine s’adressant aux citoyens de son pays<br />

en février dernier. Les développements<br />

auxquels nous assistons<br />

actuellement en Ukraine et la tragédie<br />

qui se déroule dans le sud-est<br />

du pays confirment pleinement la<br />

justesse de notre position.<br />

Comment tout cela a-t-il commencé<br />

? Je vais devoir vous rappeler<br />

ce qui s’est alors passé. Il est<br />

difficile de croire que tout a commencé<br />

avec la décision technique<br />

par le Président Ianoukovitch de<br />

reporter la signature de l’accord<br />

d’association entre l’Ukraine et<br />

l’Union européenne. Ne vous méprenez<br />

pas sur ce point, il n’a pas<br />

refusé de signer le document ; mais<br />

il a seulement reporté la finalisation<br />

de cet accord en vue d’y faire<br />

quelques ajustements. Comme<br />

vous le savez, cette décision a été<br />

prise en pleine conformité avec le<br />

mandat constitutionnel d’un chef<br />

d’Etat tout à fait légitime et internationalement<br />

reconnu.<br />

Dans un tel contexte, il n’était<br />

pas question pour nous de soutenir<br />

le coup de force, la violence et les<br />

meurtres. Il suffit de considérer les<br />

événements sanglants à Odessa,<br />

où des gens ont été brûlés vifs.<br />

Comment les tentatives ultérieures<br />

de répression des populations du<br />

sud de l’Ukraine, qui s’opposent<br />

à ce carnage, pourraient-elles être<br />

soutenues ? Je répète qu’il nous<br />

était absolument impossible de<br />

cautionner ces développements.<br />

Qui plus est, ils ont été suivis par<br />

des déclarations hypocrites sur la<br />

protection du droit international<br />

et des droits humains. C’est du<br />

cynisme à l’état pur. Je crois fermement<br />

que le temps viendra où<br />

le peuple ukrainien fera une juste<br />

évaluation de ces événements.<br />

Comment le dialogue sur cette<br />

question a-t-il commencé entre la<br />

Hommage à l’Armée rouge et à sa victoire sur les nazis en novembre 1941-Février 1942.<br />

Russie et ses partenaires américains<br />

et européens ? Je mentionne<br />

nos amis américains à dessein, car<br />

ils influencent continuellement les<br />

relations de la Russie avec ses voisins,<br />

ouvertement ou en coulisses.<br />

Parfois, nous ne savons pas même<br />

avec qui parler : avec les gouvernements<br />

de certains pays ou directement<br />

avec leurs mécènes et<br />

sponsors américains ?<br />

Comme je l’ai mentionné,<br />

dans le cas de l’accord d’association<br />

UE-Ukraine, il n’y eut absolument<br />

pas de dialogue. On nous a dit que<br />

ce n’était pas notre affaire, ou,<br />

pour le dire simplement, on nous a<br />

dit « où » aller.<br />

Tous les arguments rappelant<br />

que la Russie et l’Ukraine sont<br />

des membres de la zone de libreéchange<br />

de la CEI, que nous avons<br />

historiquement établi une coopération<br />

profonde dans l’industrie et<br />

l’agriculture, et que nous partageons<br />

essentiellement la même infrastructure<br />

– personne ne voulait<br />

entendre ces arguments, et encore<br />

moins en tenir compte.<br />

Notre réponse a été de dire<br />

: très bien, si vous ne voulez pas<br />

avoir de dialogue avec nous, nous<br />

allons devoir protéger nos intérêts<br />

légitimes unilatéralement et nous<br />

ne paierons pas pour ce que nous<br />

considérons comme une politique<br />

erronée.<br />

Quel a donc été le résultat de<br />

tout cela ? L’accord entre l’Ukraine<br />

et l’Union européenne a été signé<br />

et ratifié ; mais la mise en œuvre<br />

des dispositions concernant le<br />

commerce et l’économie a été reportée<br />

jusqu’à la fin de l’année<br />

prochaine. Cela ne prouve-t-il pas<br />

que c’est nous qui avions raison ?<br />

Il faut aussi poser la question des<br />

raisons pour lesquelles tout cela<br />

a été fait en Ukraine. Quel était le<br />

but du coup d’Etat contre le gouvernement<br />

? Pourquoi tirer et continuer<br />

à tirer et à tuer des gens ?<br />

De fait, l’économie, la finance et le<br />

secteur social ont été détruits et le<br />

pays a été ravagé et ruiné. Ce dont<br />

l’Ukraine a besoin actuellement est<br />

d’une aide économique pour mener<br />

des réformes, pas de politique de<br />

bas étage et de promesses pompeuses,<br />

mais vides. Toutefois, nos<br />

collègues occidentaux ne semblent<br />

pas désireux de fournir une telle<br />

assistance ; tandis que les autorités<br />

de Kiev ne sont pas prêtes à résoudre<br />

les problèmes de leurs citoyens.<br />

A ce propos, la Russie a déjà<br />

apporté une contribution énorme<br />

en aide à l’Ukraine. Permettez-moi<br />

de rappeler que les banques russes<br />

ont déjà investi 25 milliards de dollars<br />

en Ukraine. L’année dernière,<br />

le ministère russe des Finances a<br />

accordé un prêt de 3 milliards de<br />

dollars. Gazprom a encore fourni<br />

5,5 milliards de dollars à l’Ukraine<br />

et a même offert un rabais qui<br />

n’était pas prévu, en exigeant du<br />

pays qu’il ne rembourse que 4,5<br />

milliards. Additionnez le tout et<br />

vous obtenez de 32,5 à 33,5 milliards<br />

de dollars récemment fournis.<br />

Bien sûr, nous avons le<br />

droit de poser des questions. Pour<br />

quelles raisons cette tragédie a-telle<br />

été menée en Ukraine ? N’étaitil<br />

pas possible de régler toutes les<br />

questions, même les questions litigieuses,<br />

par le dialogue, dans un<br />

cadre légal et légitime ? Mais maintenant,<br />

on nous dit qu’il s’agissait<br />

de mesures politiques équilibrées<br />

et compétentes auxquelles nous<br />

devrions nous soumettre sans discussion<br />

et les yeux bandés. Cela<br />

n’arrivera jamais. [Applaudissements]<br />

Si pour certains pays européens,<br />

la fierté nationale est un<br />

concept oublié depuis longtemps<br />

et que la souveraineté est trop de<br />

luxe, pour la Russie, une véritable<br />

souveraineté est absolument<br />

nécessaire pour la survie.<br />

Principalement, nous devrions<br />

prendre conscience de cela en<br />

tant que Nation. Je tiens à souligner<br />

ceci : soit nous restons une<br />

Nation souveraine, soit nous nous<br />

dissolvons sans laisser de trace et<br />

perdons notre identité. Bien sûr,<br />

d’autres pays doivent comprendre<br />

cela aussi. Tous les acteurs de<br />

la vie internationale doivent être<br />

conscients de cela. Et ils devraient<br />

utiliser cette compréhension pour<br />

renforcer le rôle et l’importance<br />

du droit international, dont nous<br />

avons tellement parlé ces derniers<br />

temps, plutôt que d’en plier<br />

les normes en fonction d’intérêts<br />

<strong>10</strong> <strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times<br />

Vol. 8 • No. 22 • du <strong>10</strong> au 16 décembre <strong>2014</strong>


T L’ASSEMBLÉE FÉDÉRALE DE RUSSIE !<br />

stratégiques tiers, contraires aux<br />

principes fondamentaux du droit<br />

et au bon sens, considérant tout le<br />

monde comme des gens peu instruits<br />

qui ne savent ni lire ni écrire.<br />

Il est impératif de respecter les<br />

intérêts légitimes de tous les participants<br />

au dialogue international.<br />

Alors seulement, non pas avec des<br />

mitraillettes, des missiles ou des<br />

avions de combat ; mais précisément<br />

avec la primauté du droit,<br />

pourrons-nous efficacement protéger<br />

le monde d’un conflit sanglant.<br />

Alors seulement, il n’y aura pas<br />

besoin d’essayer d’effrayer quiconque<br />

avec la menace d’un isolement<br />

imaginaire et trompeur, ou de<br />

sanctions qui sont, bien sûr, dommageables,<br />

mais dommageables<br />

pour tout le monde, y compris ceux<br />

qui les initient.<br />

En parlant des sanctions,<br />

elles ne sont pas seulement une<br />

réaction impulsive de la part des<br />

États-Unis ou de leurs alliés à notre<br />

position concernant le coup d’Etat<br />

ou les événements en Ukraine, ou<br />

même au soi-disant « printemps de<br />

Crimée ». Je suis sûr que si ces événements<br />

ne s’étaient pas produits<br />

– je tiens à le souligner, chers collègues,<br />

spécialement pour vous,<br />

politiciens, présents dans cet auditorium<br />

–, même si rien de tout cela<br />

ne s’était passé, ils auraient trouvé<br />

une autre excuse pour tenter<br />

d’endiguer les capacités croissantes<br />

de la Russie, de nuire à notre pays<br />

d’une quelconque manière, ou d’en<br />

tirer quelque avantage ou profit.<br />

La politique d’endiguement<br />

n’a pas été inventée hier. Elle a été<br />

menée contre notre pays depuis<br />

de nombreuses années, toujours,<br />

depuis des décennies, sinon des<br />

siècles. En bref, chaque fois que<br />

quelqu’un pense que la Russie est<br />

devenue trop forte ou indépendante,<br />

ces mesures sont immédiatement<br />

déployées contre elle.<br />

Cependant, parler à la Russie<br />

d’une position de force est un exercice<br />

futile, même quand elle est<br />

confrontée à des difficultés internes,<br />

comme ce fut le cas dans<br />

les années 1990 et au début des<br />

années 2000.<br />

Nous nous souvenons bien<br />

de l’identité et des procédés de<br />

ceux qui, presque ouvertement,<br />

ont à l’époque soutenu le séparatisme<br />

et même le terrorisme pur et<br />

simple en Russie, et ont désigné<br />

des meurtriers, dont les mains<br />

étaient tachées de sang, comme<br />

des « rebelles », et ont organisé<br />

des réceptions de haut niveau pour<br />

eux. Ces « rebelles » se sont encore<br />

manifestés en Tchétchénie. Je<br />

suis sûr que les gens sur place, les<br />

forces de l’ordre locales, s’en occuperont<br />

de la manière appropriée.<br />

Ils œuvrent en ce moment même à<br />

stopper un autre raid de terroristes<br />

et à les éliminer. Donnons-leur<br />

tout notre soutien. [Applaudissements]<br />

Permettez-moi de le répéter,<br />

nous nous souvenons des réceptions<br />

de haut niveau organisées<br />

pour des terroristes présentés comme<br />

des combattants pour la liberté<br />

et la démocratie. Nous avons alors<br />

réalisé que plus nous cédions du<br />

terrain, plus nos adversaires devenaient<br />

impudents et leur comportement<br />

se faisait de plus en plus cynique<br />

et agressif.<br />

Malgré notre ouverture sans<br />

précédent alors, et notre volonté de<br />

coopérer sur tous les points, même<br />

sur les questions les plus sensibles,<br />

malgré le fait que nous considérions<br />

– et vous êtes tous conscients<br />

de cela, vous en avez tous le souvenir<br />

– nos anciens adversaires<br />

comme des amis proches et même<br />

des alliés, le soutien occidental au<br />

Une habitante de Stravropol, dans le sud-est de la Russie, regarde le président russe Vladimir Poutine<br />

prononcer son discours annuel devant l'Assemblée ...<br />

séparatisme en Russie, incluant un<br />

soutien informationnel, politique<br />

et financier, en plus du soutien des<br />

services spéciaux, était absolument<br />

évident et ne laissait aucun doute<br />

sur le fait qu’ils seraient heureux<br />

de laisser la Russie suivre le scénario<br />

yougoslave de désintégration<br />

et de démantèlement, avec toutes<br />

les retombées tragiques que cela<br />

entraînerait pour le peuple russe.<br />

Cela n’a pas fonctionné. Nous<br />

n’avons pas permis que cela se<br />

produise. [Applaudissements]<br />

Tout comme cela n’a pas<br />

fonctionné pour Hitler avec ses<br />

idées de haine des peuples, qui a<br />

entrepris de détruire la Russie et de<br />

nous repousser au-delà de l’Oural.<br />

Tout le monde devrait se rappeler<br />

comment cela a fini. [Applaudissements]<br />

L’année prochaine, nous<br />

allons marquer le 70e anniversaire<br />

de la Victoire dans la Grande<br />

Guerre patriotique. Notre armée a<br />

écrasé l’ennemi et a libéré l’Europe.<br />

Cependant, nous ne devons pas<br />

oublier les défaites amères en 1941<br />

et 1942 afin de ne pas répéter les<br />

erreurs à l’avenir.<br />

Dans ce contexte, je vais<br />

aborder une question de sécurité<br />

internationale. Il y a beaucoup de<br />

questions liées à ce sujet. Elles incluent<br />

notamment la lutte contre le<br />

terrorisme. Nous assistons encore<br />

à ses manifestations, et bien sûr,<br />

nous participerons aux efforts conjoints<br />

pour lutter contre le terrorisme<br />

sur le plan international. Bien<br />

sûr, nous allons travailler ensemble<br />

pour faire face à d’autres défis, tels<br />

que la propagation des maladies<br />

infectieuses.<br />

Cependant, à ce propos,<br />

j’aimerais parler de la question<br />

la plus grave et la plus sensible :<br />

Une vue de l’Assemblée Fédérale de Russie<br />

la sécurité internationale. Depuis<br />

2002, après que les États-Unis se<br />

soient unilatéralement retirés du<br />

Traité ABM, qui était une pierre<br />

angulaire absolue de la sécurité<br />

internationale, un équilibre stratégique<br />

des forces et de la stabilité,<br />

les États-Unis ont travaillé sans<br />

relâche à la création d’un système<br />

planétaire de défense antimissile, y<br />

compris en Europe. Ceci constitue<br />

une menace non seulement pour la<br />

sécurité de la Russie, mais pour le<br />

monde dans son ensemble – précisément<br />

en raison de la perturbation<br />

possible de l’équilibre stratégique<br />

des forces.<br />

Je considère que ce projet est<br />

également mauvais pour les Etats-<br />

Unis, car il crée une dangereuse illusion<br />

d’invulnérabilité. Il renforce<br />

la tension vers des décisions qui<br />

sont souvent, comme nous pouvons<br />

le constater, irréfléchies et<br />

unilatérales, et amènent des risques<br />

supplémentaires.<br />

Nous avons beaucoup<br />

parlé de cela. Je ne vais pas entrer<br />

dans les détails maintenant. Je dirai<br />

seulement ceci – peut-être que<br />

je me répète : nous n’avons nullement<br />

l’intention de nous engager<br />

dans une course aux armements<br />

coûteuse ; mais en même temps,<br />

nous allons garantir de manière fiable<br />

et efficace la défense de notre<br />

pays dans ces nouvelles conditions.[Applaudissements]<br />

Il n’y a<br />

absolument aucun doute à ce sujet.<br />

Cela sera fait. La Russie a à la fois<br />

la capacité et les solutions innovantes<br />

pour cela.<br />

Personne ne pourra jamais<br />

parvenir à une supériorité militaire<br />

sur la Russie. Nous avons une armée<br />

moderne et prête au combat.<br />

Comme on dit actuellement, une<br />

armée courtoise, mais redoutable.<br />

Nous avons la force, la volonté et<br />

le courage de protéger notre liberté.<br />

[Applaudissements]<br />

Nous allons protéger la diversité<br />

du monde. Nous dirons la<br />

vérité aux peuples à l’étranger, de<br />

sorte que tout le monde puisse voir<br />

l’image réelle et non déformée et<br />

fausse de la Russie. Nous allons<br />

promouvoir activement les affaires<br />

et les échanges humanitaires, ainsi<br />

que les relations scientifiques, éducatives<br />

et culturelles. Nous le<br />

ferons même si certains gouvernements<br />

tentent de créer un nouveau<br />

rideau de fer autour de la Russie.<br />

Nous n’entrerons jamais dans<br />

la voie de l’auto-isolement, de la<br />

xénophobie, de la suspicion et de<br />

la recherche d’ennemis. Ce sont là<br />

des manifestations de faiblesse, alors<br />

que nous sommes forts et confiants.<br />

Notre objectif est d’avoir autant<br />

de partenaires égaux que possible,<br />

à la fois à l’Ouest et à l’Est.<br />

Nous allons étendre notre présence<br />

dans ces régions où l’intégration<br />

est à la hausse, où la politique n’est<br />

pas mélangée avec l’économie,<br />

et où les obstacles au commerce,<br />

aux échanges de technologies et<br />

d’investissements et à la libre circulation<br />

des personnes sont levés.<br />

En aucun cas, nous n’allons<br />

limiter nos relations avec l’Europe<br />

ou l’Amérique. Dans le même<br />

temps, nous allons restaurer et<br />

étendre nos liens traditionnels avec<br />

l’Amérique du Sud. Nous allons<br />

poursuivre notre coopération avec<br />

l’Afrique et le Moyen-Orient. Nous<br />

voyons à quelle vitesse l’Asie-<br />

Pacifique s’est développée au cours<br />

des dernières décennies. En tant<br />

que puissance du Pacifique, la<br />

Russie tirera pleinement parti de ce<br />

potentiel énorme.<br />

Tout le monde connaît les dirigeants<br />

et les « locomotives » du<br />

développement économique mondial.<br />

Beaucoup d’entre eux sont<br />

nos amis sincères et des partenaires<br />

stratégiques.<br />

L’Union économique eurasienne<br />

va commencer à être pleinement<br />

opérationnelle le 1er Janvier<br />

2015. J’aimerais vous rappeler<br />

ses principes fondamentaux. Les<br />

principes majeurs sont l’égalité,<br />

le pragmatisme et le respect mutuel,<br />

ainsi que la préservation de<br />

l’identité nationale et de la souveraineté<br />

de l’Etat de tous les pays<br />

membres. Je suis convaincu qu’une<br />

coopération étroite sera une puissante<br />

source de développement<br />

pour tous les membres de l’Union<br />

économique eurasienne.<br />

Pour conclure cette partie de<br />

mon discours, j’aimerais dire encore<br />

une fois que nos priorités sont<br />

d’avoir des familles saines et une<br />

nation saine ; ce sont les valeurs<br />

traditionnelles que nous avons<br />

héritées de nos ancêtres, combinées<br />

avec un accent sur l’avenir,<br />

la stabilité comme une condition<br />

essentielle du développement et du<br />

progrès, le respect des autres nations<br />

et États, et la sécurité garantie<br />

de la Russie et la protection de<br />

ses intérêts légitimes. Telles sont<br />

nos priorités. [Applaudissements]<br />

[…]<br />

Chers amis, Chers concitoyens<br />

de Russie,<br />

Je vais conclure mon adresse<br />

par où je l’ai commencée. Cette année,<br />

comme cela a été le cas à plusieurs<br />

reprises lors des moments<br />

cruciaux de l’histoire, notre peuple<br />

a clairement démontré la vitalité de<br />

son enthousiasme national, de sa<br />

résistance et de son patriotisme.<br />

Les difficultés auxquelles nous<br />

sommes confrontés aujourd’hui<br />

créent également de nouvelles opportunités<br />

pour nous. Nous sommes<br />

prêts à relever tous les défis<br />

avec succès.<br />

Je vous remercie. [Applaudissements]<br />

Kremlin, Moscou,<br />

4 décembre <strong>2014</strong><br />

LGS 6 décembre <strong>2014</strong><br />

Vol. 8 • No. 22 • du <strong>10</strong> au 16 décembre <strong>2014</strong><br />

<strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times<br />

11


Perspectives<br />

Entretien avec Edward Snowden<br />

(1ère partie)<br />

Par Katrina Vanden Heuvel et Stephen F. Cohen<br />

« Les révélations sur la surveillance de<br />

masse ont indiqué que nos droits sont<br />

en train d’être redéfinis en secret »<br />

Le 28 octobre <strong>2014</strong>, l’hebdomadaire<br />

américain The Nation a publié un<br />

grand entretien réalisé avec le lanceur<br />

d’alerte Edward Snowden [1]. Mémoire<br />

des luttes propose une version<br />

exclusive de ce document en français.<br />

Notre rédaction a enrichi le texte, qui<br />

est ici présenté dans sa quasi-intégralité,<br />

de plusieurs notes.<br />

Lundi 6 octobre <strong>2014</strong>, les journalistes<br />

Katrina vanden Heuvel et Stephen F.<br />

Cohen se sont entretenus à Moscou,<br />

pendant près de quatre heures, avec<br />

l’ancien consultant des services secrets.<br />

Dans cet échange, Edward<br />

Snowden évoque sa situation et ses<br />

rapports avec les autorités russes. Il<br />

rappelle que ce sont les Etats-Unis<br />

qui l’empêchent de sortir de son «<br />

exil ». L’ancien employé de la CIA et<br />

de la NSA (Agence nationale de sécurité)<br />

aborde plusieurs sujets centraux :<br />

est-il possible de renforcer le contrôle<br />

démocratique des actions des gouvernements<br />

et des entreprises sur Internet<br />

? Si oui, de quelle manière ? Pourquoi<br />

est-il nécessaire de s’engager pour de<br />

nouvelles formes de « désobéissance<br />

civile » et de se battre pour défendre<br />

nos droits fondamentaux ? Faut-il saluer<br />

les initiatives des pays qui prônent<br />

le renforcement de leur souveraineté<br />

digitale ? De quelle manière Internet<br />

recompose-t-il les relations sociales<br />

et les pratiques politiques au niveau<br />

planétaire ? Pourquoi faut-il élaborer<br />

une Magna Carta (Grande Charte des<br />

libertés) pour Internet ? Quels seraient<br />

les contours de nos nouveaux « droits<br />

numériques » ?<br />

Enfin, Edward Snowden expose pourquoi,<br />

selon lui, l’organisation de la<br />

production mondiale et la robotisation<br />

progressive des économies imposent<br />

la mise en place d’un revenu garanti<br />

pour tous.<br />

1ère partie : De la nécessaire<br />

désobéissance civile<br />

The Nation : Nous sommes très heureux<br />

d’être ici avec vous. Nous venons<br />

souvent à Moscou pour notre travail<br />

et pour voir de vieux amis ; mais, de<br />

votre côté, vous n’avez pas choisi de<br />

venir vivre en Russie. Arrivez-vous à<br />

travailler ici, à sortir et à rencontrer des<br />

gens ? Ou vous sentez-vous enfermé et<br />

vous ennuyez-vous ?<br />

Edward Snowden (ES) : Je suis<br />

plutôt casanier, parce que je suis accro<br />

à l’ordinateur et je l’ai toujours été. Je<br />

ne sors pas ou je ne joue pas au football<br />

ou ce genre de choses — ce n’est<br />

pas mon truc. Je veux réfléchir, je veux<br />

construire, je veux parler, je veux créer.<br />

Aussi, depuis que je suis ici, ma vie est<br />

entièrement prise par mon travail, ce<br />

qui me satisfait pleinement.<br />

The Nation : Avez-vous tout ce<br />

qu’il faut pour continuer à travailler ?<br />

ES : Oui [mais n’oubliez pas que]<br />

je suis en exil. Mon gouvernement m’a<br />

confisqué mon passeport intentionnellement<br />

pour que je reste en exil. S’il<br />

voulait réellement me capturer, il me<br />

permettrait de voyager en Amérique latine<br />

parce que là-bas, la CIA peut opérer<br />

impunément. Ce n’est pas ce que voulait<br />

mon gouvernement : il a choisi de<br />

m’obliger à rester en Russie.<br />

The Nation : Nous voyons que<br />

vous êtes une personne qui n’accordez<br />

pas une grande importance à la<br />

vie sociale, mais avez-vous quelques<br />

contacts et amis ici à Moscou ?<br />

ES : Oui. Disons, assez pour satisfaire<br />

mes besoins.<br />

The Nation : Si vous voulez<br />

juste rencontrer des gens pour discuter<br />

Edward Joseph Snowden<br />

avec eux, pouvez-vous le faire ?<br />

ES : Oui. Et je sors. On me reconnaît<br />

ici ou là. C’est toujours dans les<br />

magasins d’informatique. C’est comme<br />

une association par la pensée, parce<br />

que dans les épiceries, on ne me reconnaît<br />

pas. Même avec mes lunettes,<br />

j’ai beau ressembler exactement à ma<br />

photo, personne ne me reconnaît. Mais,<br />

même si je me rase, que je mets un chapeau<br />

et ne me ressemble plus du tout,<br />

dans les boutiques d’informatique, on<br />

me dit : « Snowden ? »<br />

The Nation : Est-ce que ces<br />

gens se montrent amicaux ? Est-ce que<br />

ce sont en général des jeunes ?<br />

ES : Oui. Oui.<br />

The Nation : Parlons de la question<br />

de votre vidéo à la grande conférence<br />

de presse de Poutine cette année…<br />

ES : Oui ça a été terrible. Ca s’est<br />

retourné contre moi ! J’espérais prendre<br />

Poutine en train de mentir, comme<br />

c’est arrivé avec James Clapper, le directeur<br />

de l’Agence nationale de renseignement<br />

(lorsqu’il a témoigné devant<br />

le Congrès). Aussi, j’ai posé la même<br />

question à Poutine sur la surveillance<br />

de masse en Russie. Je savais qu’il en<br />

fait autant, mais il a nié. Si une seule<br />

source russe sortait, il serait dans de<br />

beaux draps. Et aux États-Unis, ce que<br />

j’ai fait en apparaissant à la conférence<br />

de presse de Poutine ne valait pas le<br />

coup.<br />

The Nation : Alors, vous ne<br />

vous sentez pas prisonnier ici ?<br />

ES : Non, par exemple, je suis<br />

allé à Saint-Pétersbourg — c’est une<br />

ville abominable.<br />

The Nation : Vous regardez la<br />

télévision ?<br />

ES : Je fais tout sur ordinateur.<br />

Pour moi, la télé est une technologie<br />

dépassée.<br />

The Nation : Vous regardez des<br />

chaînes américaines ?<br />

ES : Oui, récemment j’ai regardé<br />

la série The Wire.<br />

The Nation : Alors vous avez<br />

toujours des contacts avec les États-<br />

Unis via Internet ? Vous vous intéressez<br />

à la culture populaire ?<br />

ES : [petits rires] Oui, mais je déteste<br />

ces questions — je déteste parler<br />

de ça, c’est tellement… pour moi, c’est<br />

tellement banal.<br />

The Nation : Mais ça prouve<br />

que vous êtes un Américain qui regarde<br />

les séries que nous regardons tous aux<br />

Etats-Unis.<br />

ES : Oui, je regarde tout ça, Game<br />

of Thrones et toutes les autres séries. Si<br />

je regarde House of Cards ? Pour Boardwalk<br />

Empire— c’est une autre période<br />

de gouvernement tentaculaire ; mais<br />

au moins ils ont recours au processus<br />

d’amendements ! Dans la vie réelle,<br />

l’exécutif, en violant la Constitution,<br />

utilise des lois au lieu d’amendements<br />

constitutionnels pour réduire nos libertés.<br />

The Nation : Comment faitesvous<br />

pour vos entretiens par Internet ?<br />

ES : J’ai construit mon propre<br />

studio. Je ne connais pas les termes<br />

techniques pour décrire ça parce que<br />

je ne suis pas un professionnel de la<br />

vidéo. Mais je suis un technicien. J’ai<br />

une caméra, tout le matériel qui permet<br />

de transférer ce que je filme sur<br />

l’ordinateur. J’ai mis au point une session<br />

« live » (séance en direct), et j’en<br />

assure la sécurité : j’ai mis un fond<br />

d’écran, aussi je peux le supprimer à<br />

partir de mon clavier, comme le font les<br />

présentateurs de nouvelles, et le remplacer<br />

par ce que je veux — et je peux<br />

être partout où il faut que je sois.<br />

The Nation : Ceci nous conduit<br />

à vous demander : comment vos connaissances<br />

de « technicien » — comme<br />

vous vous qualifiez — ont-elles commencé<br />

à affecter votre manière de<br />

penser politiquement ?<br />

ES : Ce qui m’intéressait lorsque<br />

je travaillais au sein des services de<br />

renseignement — en étant une personne<br />

qui avait un plus large accès que<br />

les individus ordinaires à des rapports,<br />

qui avait une meilleure compréhension<br />

de la situation globale — c’est<br />

que, après la seconde guerre mondiale,<br />

après la guerre froide, les sociétés sont<br />

allées dans deux directions : soit en<br />

gros autoritaire, soit [en gros] libérale<br />

ou libertarienne. Le modèle de société<br />

autoritaire considérait que les droits<br />

individuels étaient essentiellement octroyés<br />

par les gouvernements et déterminés<br />

par les États. L’autre modèle, le<br />

nôtre, tendait à penser qu’une grande<br />

partie de nos droits étaient des droits<br />

fondamentaux et qu’ils ne pouvaient<br />

pas être abrogés par les gouvernements,<br />

même si cela paraissait nécessaire.<br />

Et la question qui se pose, surtout<br />

après les attentats du 11 septembre, est<br />

de savoir si les sociétés deviennent plus<br />

libérales ou plus autoritaires. Nos concurrents<br />

— par exemple la Chine, qui<br />

est un pays profondément autoritaire<br />

—, deviennent-ils plus autoritaires ou<br />

plus libéraux avec le temps ? Le centre<br />

de gravité s’est-il déplacé à ce point<br />

que tous les gouvernements ont plus de<br />

pouvoirs et moins de restrictions que jamais<br />

auparavant ? Et qu’ils voient leurs<br />

pouvoirs renforcés par la technologie<br />

comme jamais auparavant ? Comment<br />

faire pour préserver nos droits civiques,<br />

nos traditions en tant que démocratie<br />

libérale, à une époque où le pouvoir du<br />

gouvernement s’étend et est de plus en<br />

plus difficile à contrôler ? Voulons-nous<br />

faire concurrence à la Chine de la même<br />

manière qu’elle veut faire concurrence<br />

à l’Occident ? Je crois que la majorité<br />

des Américains répondraient non à<br />

cette question.<br />

The Nation : Vos révélations<br />

ont ouvert un débat et provoqué<br />

l’indignation dans le monde politique<br />

(…). Comment voyez-vous le système<br />

politique, pas seulement aux Etats-Unis<br />

? De façon plus générale, quel système<br />

politique serait nécessaire pour réaliser<br />

les réformes que réclame l’ampleur de<br />

vos révélations ?<br />

ES : Il y a des pays où les choses<br />

bougent plus. L’Allemagne a lancé une<br />

très sérieuse enquête qui révèle tous les<br />

jours de nouvelles découvertes. Ils viennent<br />

de découvrir une importante violation<br />

de la Constitution allemande qui<br />

a été cachée au Parlement. Aux Etats-<br />

Unis, il n’y a pas eu de grands changements<br />

législatifs sur la question de la<br />

surveillance, même s’il y a quelques<br />

propositions sans grande portée.<br />

The Nation : Le dernier article<br />

écrit par Jonathan Schell pour The Nation<br />

— il est décédé en mars dernier —<br />

vous présentait comme un dissident,<br />

comme un perturbateur et un défenseur<br />

radical de la vie privée. Jonathan posait<br />

une question fondamentale : « Que<br />

font les Américains quand les canaux<br />

officiels dysfonctionnent ou ne répondent<br />

plus ? » Le changement exige-til<br />

qu’il y ait des gens comme vous qui<br />

Suite à la page (16 )<br />

« Google nous espionne et en<br />

informe les Etats-Unis »<br />

Entretien exclusif avec Julian Assange<br />

Par Ignacio Ramonet<br />

Julian Assange et Ignacio Ramonet<br />

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(1ère partie)<br />

Depuis trente mois, Julian Assange,<br />

héros de la lutte pour une information<br />

libre, vit à Londres, refugié dans les<br />

locaux de l’Ambassade de l’Equateur.<br />

Ce pays latino-américain a eu le courage<br />

de lui offrir l’asile diplomatique<br />

quand le fondateur de WikiLeaks était<br />

persécuté par les gouvernements des<br />

Etats-Unis et de plusieurs de ses alliés<br />

(Royaume-Uni, Suède). Le seul<br />

crime de Julian Assange est d’avoir<br />

dit la vérité et d’avoir divulgué, via<br />

WikiLeaks, des révélations sur les<br />

sinistres réalités cachées des guerres<br />

d’Iraq et d’Afghanistan, et sur les<br />

manigances de la diplomatie américaine.<br />

Julian Assange, au même titre<br />

qu’Edward Snowden, Chelsea Manning<br />

et Glenn Greenwald, fait partie<br />

d’un nouveau groupe de dissidents<br />

qui, pour avoir révélé des vérités, sont<br />

désormais traqués et pourchassés non<br />

pas par des régimes autoritaires, mais<br />

par des Etats qui prétendent être des «<br />

démocraties exemplaires ».<br />

Dans son nouveau livre, « Quand<br />

Google rencontra WikiLeaks »<br />

(Clave intelectual, Madrid, <strong>2014</strong>)<br />

dont l’édition espagnole est en librairie<br />

depuis le 1er décembre [1], Julian Assange<br />

va plus loin dans ses révélations,<br />

comme toujours formidablement documentées.<br />

Tout part d’une longue conversation<br />

d’Assange avec Eric Schmidt,<br />

le président exécutif de Google, en juin<br />

2011. Ce dernier était venu interviewer<br />

le créateur de WikiLeaks pour un essai<br />

qu’il préparait alors sur l’avenir de l’âge<br />

numérique.<br />

Lorsque ce livre, intitulé « The<br />

New Digital Era » (2013), fut publié,<br />

Assange constata que ses déclarations<br />

avaient été changées et que les<br />

thèses soutenues par Schmidt étaient<br />

passablement délirantes et mégalomaniaques.<br />

Le nouvel ouvrage du créateur<br />

de WikiLeaks est donc sa réponse aux<br />

élucubrations du patron de Google.<br />

Parmi d’autres révélations, Assange<br />

raconte ici comment Google — et<br />

Facebook, Amazon, etc., — nous espionnent,<br />

nous surveillent et comment<br />

ces firmes transmettent ces informations<br />

aux agences d’espionnage des<br />

Etats-Unis. Il montre aussi comment<br />

la principale entreprise de technologie<br />

numérique est étroitement liée, de façon<br />

presque structurelle, au Département<br />

d’Etat. Assange affirme aussi que<br />

les grandes entreprises de la galaxie<br />

numérique nous surveillent et nous<br />

contrôlent bien plus que les Etats euxmêmes.<br />

« Quand Google rencontra<br />

WikiLeaks » est une œuvre intelligente,<br />

stimulante et nécessaire. Un régal pour<br />

l’esprit. Le livre nous ouvre les yeux<br />

sur nos propres pratiques de communication<br />

quotidiennes, quand nous<br />

nous servons d’un téléphone intelligent<br />

(« smartphone »), d’une tablette,<br />

d’un ordinateur ou tout simplement<br />

Suite à la page (16 )<br />

12 <strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times<br />

Vol. 8 • No. 22 • du <strong>10</strong> au 16 décembre <strong>2014</strong>


Perspectives<br />

L’extraordinaire bilan médical global de Cuba fait honte<br />

au blocus des États-Unis<br />

Par Seumas MILNE<br />

De Ebola aux tremblements de terre,<br />

les médecins de La Havane ont sauvé<br />

des millions de vies. Obama doit lever<br />

l’embargo !<br />

Quatre mois après la déclaration<br />

internationale de situation<br />

d’urgence contre Ebola qui a dévasté<br />

Afrique de l’Ouest, Cuba mène le<br />

monde dans l’appui médical de lutte<br />

contre l’épidémie. Les États-Unis et la<br />

Grande-Bretagne ont envoyé des milliers<br />

de soldats et, avec d’autres pays,<br />

ont promis de l’aide - dont la plupart ne<br />

se sont pas encore matérialisées. Mais,<br />

comme l’Organisation Mondiale de la<br />

Santé l’a souligné, ce qui est nécessaire<br />

de toute urgence ce sont des travailleurs<br />

de la santé. L’île des Caraïbes,<br />

avec une population de seulement 11<br />

millions et un revenu par habitant officiel<br />

de $ 6,000, a répondu à l’appel<br />

avant même qu’il ne soit lancé. Elle<br />

était la première sur la ligne de front<br />

et a envoyé le plus gros contingent de<br />

médecins et d’infirmières - 256 sont<br />

déjà sur le terrain, et 200 autres volontaires<br />

sont en route.<br />

Alors que l’intérêt des médias occidentaux<br />

a disparu avec le recul de la<br />

menace d’une épidémie mondiale, des<br />

centaines de travailleurs des services<br />

de santé britanniques se sont portés<br />

volontaires pour se joindre à eux. Les<br />

30 premiers sont arrivés à Sierra Leone<br />

la semaine dernière, pendant que<br />

les soldats construisaient des cliniques.<br />

Mais les médecins cubains sont en<br />

force sur le terrain depuis octobre et ne<br />

sont pas près de partir.<br />

La nécessité ne pouvait être<br />

plus urgente. Plus de 6000 personnes<br />

sont déjà mortes. L’humiliation de<br />

l’opération cubaine a été telle que les<br />

politiciens britanniques et américains<br />

se sont sentis obligés d’offrir leurs félicitations.<br />

John Kerry a décrit la contribution<br />

de l’État que les États-Unis<br />

tentent de renverser depuis un demisiècle<br />

d’ « impressionnante ». Le premier<br />

médecin cubain à contracter le virus<br />

Ebola a été traité par des médecins<br />

britanniques et les responsables américains<br />

ont promis de « collaborer » avec<br />

Cuba pour lutter contre Ebola.<br />

Mais ce n’est pas la première<br />

fois que Cuba fournit la part du lion de<br />

l’aide médicale, suite à une catastrophe<br />

humanitaire. Il y a quatre ans, après le<br />

séisme dévastateur à la pauvre Haïti,<br />

Cuba a envoyé le plus gros contingent<br />

médical et pris en charge 40% des victimes.<br />

Au lendemain du tremblement<br />

de terre de 2005 au Cachemire, Cuba<br />

a envoyé 2400 travailleurs médicaux<br />

au Pakistan et a traité plus de 70% des<br />

personnes touchées ; Les Cubains ont<br />

également laissé derrière eux 32 hôpitaux<br />

de campagne et Cuba a fait don<br />

d’un millier de bourses médicales.<br />

Cette tradition des secours<br />

d’urgence remonte aux premières années<br />

de la révolution cubaine. Mais ce<br />

n’est qu’une partie d’un internationalisme<br />

médical global extraordinaire<br />

qui se développe à grande vitesse. Il<br />

y a maintenant 50000 médecins et<br />

infirmières cubains dans 60 pays en<br />

voie de développement. Comme le dit<br />

le professeur canadien John Kirk : «<br />

l’internationalisme médical cubain a<br />

sauvé des millions de vies. » Mais cette<br />

solidarité sans précédent a à peine été<br />

mentionnée dans les médias occidentaux.<br />

Les médecins cubains ont effectué<br />

3 millions d’interventions chirurgicales<br />

oculaires gratuitement dans<br />

33 pays, principalement en Amérique<br />

latine et dans les Caraïbes, en grande<br />

partie financées par le Venezuela révolutionnaire.<br />

C’est ainsi que Mario Teran,<br />

le sergent bolivien qui a tué Che<br />

Guevara sur les ordres de la CIA en<br />

1967, a retrouvé la vue 40 ans plus<br />

tard grâce à des médecins cubains et<br />

une intervention financée par le Venezuela<br />

dans la Bolivie radicale d’Evo<br />

Morales.<br />

Alors que l’aide d’urgence a<br />

souvent été financée par Cuba ellemême,<br />

les services médicaux globaux<br />

du pays sont généralement payés<br />

par les gouvernements bénéficiaires<br />

et sont devenus de loin la plus importante<br />

exportation de Cuba, reliant<br />

idéaux révolutionnaires avec le<br />

développement économique. Cela<br />

grâce au rôle central de la santé publique<br />

et de l’éducation à Cuba ; alors<br />

que La Havane a construit une industrie<br />

de la biotechnologie à faible coût<br />

et des programmes d’infrastructure<br />

médicaux et d’alphabétisation dans<br />

les pays en voie de développement où<br />

elle intervient - plutôt que d’organiser<br />

la fuite de cerveaux du personnel<br />

médical, sur le modèle occidental.<br />

L’Internationalisme fait partie de l’ADN<br />

de Cuba. Comme dit la fille de Guevara,<br />

Aleida, elle-même médecin qui a servi<br />

Il y a quatre ans, après le séisme dévastateur à la pauvre Haïti, Cuba<br />

a envoyé le plus gros contingent médical et pris en charge 40% des<br />

victimes<br />

en Afrique : « Nous sommes Afro-Latino-Américains<br />

et nous apporterons<br />

notre solidarité aux enfants de ce continent.<br />

» Mais ce qui a commencé comme<br />

une tentative d’étendre la révolution<br />

cubaine dans les années 60 pour<br />

devenir l’intervention militaire décisive<br />

d’appui à l’Angola contre l’apartheid<br />

dans les années 80, s’est maintenant<br />

transformée dans le projet de solidarité<br />

médicale la plus ambitieuse au monde.<br />

Son succès a reposé sur la marée<br />

progressiste qui a balayé l’Amérique<br />

latine au cours de la dernière décennie,<br />

inspirée par l’exemple de Cuba<br />

socialiste pendant les années de dictatures<br />

militaires de droite. Les gouvernements<br />

de gauche et de centre-gauche<br />

continuent d’être élus et réélus dans la<br />

région, permettant de Cuba à se réinventer<br />

comme phare de l’humanitaire<br />

international.<br />

Mais l’île est toujours étouffée<br />

par l’embargo commercial américain<br />

qui a maintenu un étau économique et<br />

politique depuis plus d’un demi-siècle.<br />

Si Barack Obama veut faire quelque<br />

chose de valable pendant ses dernières<br />

années de présidence, il pourrait utiliser<br />

le rôle de Cuba dans la crise de<br />

l’Ébola comme une ouverture pour<br />

commencer à lever ce blocus et réduire<br />

progressivement la guerre de déstabilisation<br />

des États-Unis.<br />

Les signes ne manquent pas.<br />

Dans ce qui a ressemblé à une opération<br />

de pression contre l’administration,<br />

le New York Times a publié six éditoriaux<br />

en cinq semaines, en Octobre et<br />

Novembre, louant le bilan médical de<br />

Cuba, exigeant la fin de l’embargo, attaquant<br />

les efforts états-uniens pour<br />

inciter les médecins cubains à faire<br />

défection, et appelant à un échange de<br />

prisonniers.<br />

La campagne du journal a été<br />

publiée alors que l’Assemblée générale<br />

des Nations Unies votait pour la 23e<br />

fois, par 188 voix contre 2 (États-Unis<br />

et Israël), pour exiger la levée du blocus<br />

des États-Unis, imposé à l’origine<br />

en guise de représailles à la nationalisation<br />

des entreprises américaines et<br />

maintenant justifié au motif d’atteintes<br />

aux droits de l’homme - par un État<br />

allié à certains des régimes les plus répressifs<br />

du monde. L’embargo ne peut<br />

être levé que par le Congrès, lui-même<br />

entravé par les héritiers de la dictature<br />

corrompue soutenue par les Etats-Unis<br />

et renversée par Fidel Castro et Guevara.<br />

Mais le président américain a des<br />

pouvoirs exécutifs, lui permettant de le<br />

desserrer sensiblement et de restaurer<br />

des relations diplomatiques. Il pourrait<br />

commencer par libérer les trois agents<br />

cubains restants des « Cinq de Miami »<br />

emprisonnés il y a 13 ans pour espionnage<br />

sur les groupes d’activistes anti-<br />

Cubains liés au terrorisme.<br />

Le moment évident pour Obama<br />

pour appeler à la fin de la campagne<br />

américaine de 50 ans contre<br />

l’indépendance cubaine serait pendant<br />

le Sommet des Amériques au mois<br />

d’avril prochain – que les gouvernements<br />

latino-américains ont menacé<br />

de boycotter , si Cuba n’était pas invitée.<br />

La plus grande contribution de<br />

ceux qui sont vraiment préoccupés par<br />

les libertés démocratiques à Cuba serait<br />

d’obtenir que les États-Unis lui fichent<br />

la paix.<br />

Si le blocus était démantelé, ce<br />

ne serait pas seulement une reconnaissance<br />

du bilan remarquable de Cuba<br />

en matière de justice sociale et de solidarité<br />

sur l’île ; mais aussi à l’étranger,<br />

soutenue par la confiance croissante<br />

d’une Amérique latine indépendante.<br />

Ce serait également une aubaine<br />

pour les millions de personnes dans le<br />

monde qui pourraient bénéficier d’une<br />

Cuba sans entraves - et une démonstration<br />

de ce qui peut être accompli<br />

lorsque les gens sont placés avant le<br />

profit.<br />

The Guardian 3 Décembre <strong>2014</strong><br />

Traduction par VD pour le<br />

Grand Soir<br />

LGS 4 décembre <strong>2014</strong><br />

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Vol. 8 • No. 22 • du <strong>10</strong> au 16 décembre <strong>2014</strong><br />

<strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times<br />

13


Perspectives<br />

Comment Vladimir Poutine a renversé la stratégie de l’Otan<br />

par Thierry Meyssan<br />

La Russie réagit dans la guerre<br />

économique que lui livre l’Otan à la<br />

manière dont elle l’aurait fait dans<br />

une guerre classique. Elle s’est laissée<br />

atteindre par les sanctions unilatérales<br />

pour mieux emmener son<br />

adversaire sur le terrain qu’elle a<br />

choisi. Simultanément, elle a conclu<br />

des accords avec la Chine pour<br />

préserver son avenir, puis avec la<br />

Turquie pour désorganiser l’Otan.<br />

Comme jadis, face à la France ou<br />

à l’Allemagne, sa défaite initiale<br />

pourrait être la garantie de sa victoire<br />

finale.<br />

Lors du sommet annuel sur la<br />

sécurité, organisé par la Fondation<br />

Bertelsmann et l’Otan à Munich,<br />

en 2007, le président Vladimir<br />

Poutine avait souligné que l’intérêt<br />

des Européens de l’Ouest n’était<br />

plus uniquement outre-Atlantique,<br />

mais aussi et surtout avec la Russie.<br />

Depuis cette date, il n’a cessé<br />

de tenter de nouer des relations<br />

économiques, dont la construction<br />

du gazoduc North Stream sous la<br />

direction de l’ancien chancelier allemand<br />

Gerhard Schröder. De leur<br />

côté, les États-Unis ont tout fait<br />

pour empêcher ce rapprochement,<br />

dont l’organisation du coup d’État<br />

de Kiev et le sabotage du gazoduc<br />

South Stream.<br />

Selon la presse atlantiste, la<br />

Russie aurait été gravement impactée<br />

par les « sanctions » unilatérales<br />

—en réalité des actes de guerre<br />

économique— prises à l’occasion<br />

du rattachement de la Crimée à la<br />

Fédération ou de la destruction du<br />

Boeing de la Malaysia Airlines et<br />

par la baisse du prix du pétrole. Le<br />

rouble a perdu 40 % de sa valeur,<br />

les investissements inutiles dans<br />

le gazoduc South Stream ont coûté<br />

4,5 milliards de dollars, et l’embargo<br />

alimentaire a coûté 8,7 milliards<br />

de dollars. En définitive, assure la<br />

presse atlantiste, la Russie est aujourd’hui<br />

ruinée et isolée politiquement.<br />

La presse atlantiste fait par<br />

contre l’impasse sur les conséquences<br />

de cette guerre économique<br />

dans l’Union européenne. Outre que<br />

l’interdiction des exportations alimentaires<br />

est susceptible de détruire<br />

des pans entiers de son agriculture,<br />

le renoncement à South Stream<br />

pèsera très gravement sur l’avenir<br />

de l’Union en renchérissant le prix<br />

de l’énergie.<br />

Il semble que les « sanctions »<br />

unilatérales aient eu comme conséquence<br />

imprévue la chute des cours<br />

du pétrole. En effet, ceux-ci ont débuté<br />

le 20 juin ; mais ils ne sont sortis<br />

des variations habituelles qu’à la<br />

fin juillet, lors des premières « sanctions<br />

» économiques. Le prix du pétrole<br />

n’ayant aucun rapport avec la<br />

loi de l’offre et de la demande, mais<br />

comme pour tout marché spéculatif,<br />

avec le volume des capitaux qui y<br />

spéculent, le déplacement des capitaux<br />

russes à l’annonce des sanctions<br />

ont accéléré le mouvement.<br />

Dans un premier temps, on avait<br />

attribué la baisse du prix du pétrole<br />

à un effort de l’Arabie saoudite pour<br />

plomber les investissements étatsuniens<br />

dans le gaz de schiste et les<br />

pétroles non-conventionnels. Mais,<br />

lors de la réunion de l’Opep, il s’est<br />

avéré que les Saoudiens n’y étaient<br />

probablement pour rien. Au demeurant,<br />

il semblait impossible que<br />

l’Arabie saoudite spécule contre son<br />

suzerain états-unien.<br />

Quoi qu’il en soit, la Russie a<br />

surpris Washington en renversant<br />

l’échiquier diplomatique : Vladimir<br />

Poutine s’est rendu en Turquie,<br />

États membre de l’Otan, juste après<br />

le vice-président états-unien Joe<br />

Biden, pour y conclure de gigantesques<br />

accords économiques. Non<br />

seulement, ils contournent les sanctions<br />

unilatérales de l’Alliance, mais<br />

ils la désorganisent profondément.<br />

La Turquie actuelle est un<br />

État en passe de redevenir une<br />

terrible dictature. Selon le département<br />

d’État —pourtant complaisant<br />

vis-à-vis d’un membre de l’Otan—<br />

l’internet est censuré ; le gouvernement<br />

a abusé de son pouvoir pour<br />

stopper les enquêtes de corruption<br />

conduites contre ses membres et<br />

leurs familles ; il a sanctionné les<br />

policiers et les magistrats qui ont<br />

conduit ces enquêtes ; les minorités<br />

n’ont aucun droit, à l’exception<br />

des trois minorités désignées dans<br />

le Traité de Lausanne en 1923 ;<br />

l’administration Erdoğan détient des<br />

centaines de prisonniers politiques<br />

(principalement des officiers supérieurs<br />

coupables d’avoir pris contact<br />

avec l’Armée chinoise, des responsables<br />

politiques d’opposition, des<br />

journalistes et des avocats) ; la torture<br />

est généralisée, les détentions<br />

arbitraires et les assassinats extrajudiciaires<br />

sont légions<br />

Le président Erdoğan s’est<br />

fait construire le plus grand palais<br />

du monde. Il l’a fait dans un parc<br />

naturel, alors que la Justice le lui<br />

avait interdit. Il en a coûté 615<br />

millions de dollars à ses contribuables.<br />

La dérive criminelle de l’administration<br />

Erdoğan est devenue un<br />

grave sujet de préoccupation au sein<br />

de l’Otan. D’autant que la Turquie<br />

s’avère devenir aussi un allié récalcitrant.<br />

Ainsi, elle persiste à aider<br />

les jihadistes dans leur lutte contre<br />

le peuple kurde (pourtant très majoritairement<br />

sunnite) au lieu de<br />

rejoindre activement la coalition<br />

états-unienne contre l’Émirat islamique.<br />

C’est pourquoi le vice-président<br />

Joe Biden s’est rendu le 22<br />

novembre à Ankara, manifestement<br />

pour menacer le président Erdoğan<br />

s’il ne rentrait pas dans l’ordre<br />

états-unien.<br />

Or, le 1er décembre, Vladimir<br />

Poutine se rendait également à<br />

Ankara. Distinguant les questions<br />

économiques des politiques, il présentait<br />

une offre longuement préparée<br />

: une alliance économique sans<br />

précédent entre les deux nations.<br />

Comprenant que cette offre inattendue<br />

était sa seule issue face à Washington,<br />

le président Erdoğan signait<br />

tous les documents qui avaient été<br />

rédigés par les Russes. Il acceptait le<br />

renforcement du gazoduc sous-marin<br />

reliant son pays à la Russie via<br />

la Mer Noire ; il achetait à bon prix<br />

du gaz russe et même des centrales<br />

nucléaires civiles pour alimenter<br />

son industrie ; il livrait ses produits<br />

agricoles à la Russie malgré l’embargo<br />

de tous les autres États atlantiques<br />

; etc.<br />

Pour l’Otan, le problème turc<br />

vire au cauchemar.<br />

Vladimir Poutine n’a certes pas<br />

changé d’avis sur Recep Tayyip<br />

Erdoğan. C’est un petit criminel qui<br />

a rejoint les Frères musulmans, a été<br />

propulsé au pouvoir avec l’aide de la<br />

CIA, et qui se comporte aujourd’hui<br />

comme un vrai chef mafieux. Mais<br />

le président russe a l’habitude de<br />

traiter avec des oligarques ou des<br />

chefs d’État d’Asie centrale qui ne<br />

valent pas mieux. Lui-même est<br />

parvenu au Kremlin en s’infiltrant<br />

dans le cercle de Boris Elstine et de<br />

Boris Berezovski.<br />

De son côté, Recep Tayyip<br />

Erdoğan sait qu’il doit son pouvoir<br />

à l’Otan, et qu’aujourd’hui elle lui<br />

demande des comptes. Il n’a aucune<br />

difficulté à faire le grand écart : allié<br />

de Washington en politique<br />

et de Moscou en économie. Il sait<br />

qu’aucun État n’a jamais pu sortir<br />

de l’Alliance, mais il imagine se<br />

maintenir au pouvoir par ce double<br />

jeu.<br />

Maintenant observons la<br />

stratégie de Vladimir Poutine.<br />

La puissance des États-Unis réside<br />

à la fois dans leur monnaie, qu’ils<br />

imposent au reste du monde via le<br />

contrôle du marché du pétrole, et<br />

dans leur armée.<br />

L’Otan vient de lancer une<br />

guerre économique contre la Russie.<br />

Pour les besoins de la propagande,<br />

elle masque ses attaques sous le vocable<br />

de « sanctions ». Pourtant des<br />

sanctions supposeraient une mise<br />

en examen, un procès et un verdict.<br />

Pas dans ce cas. Les « sanctions »<br />

les plus importantes ont même été<br />

décidées après la destruction d’un<br />

avion civil en Ukraine alors que,<br />

selon toute probabilité, il a été<br />

abattu par les nouvelles autorités<br />

de Kiev.<br />

Pour y répondre, Vladimir<br />

Poutine a d’abord fait basculer<br />

l’avenir de son pays de l’Europe occidentale<br />

vers l’Extrême-Orient en<br />

signant les plus importants contrats<br />

de l’histoire avec ses partenaires<br />

chinois. Puis, il a utilisé la Turquie<br />

contre l’Otan pour contourner les<br />

« sanctions » commerciales occidentales.<br />

Que ce soit avec la Chine ou<br />

avec la Turquie, la Russie vend son<br />

énergie en monnaies locales ou en<br />

troc, jamais en dollars.<br />

Les experts russes ont calculé<br />

que Washington interviendrait si le<br />

cours du pétrole se maintenait plus<br />

de six mois à un cours inférieur à<br />

60 dollars le baril. Il y a deux mois,<br />

le gouverneur de la Banque centrale<br />

russe, Elvira S. Nabiullina, attestait<br />

devant la Douma être prête pour ce<br />

scénario, son institution détenant<br />

suffisamment de réserves.<br />

Par conséquent, si pour le<br />

moment la Russie est gravement<br />

touchée par l’attaque économique<br />

de l’Otan, la situation pourrait<br />

s’inverser dans six mois. Pour<br />

maintenir sa domination sur le reste<br />

du monde, Washington serait alors<br />

contraint d’intervenir pour faire remonter<br />

les prix du pétrole. Mais entre<br />

temps, cette guerre aura plombé<br />

l’Union européenne et l’Otan, tandis<br />

que la Russie aura muté son économie<br />

vers son allié chinois.<br />

En définitive, la Russie agit ici<br />

comme elle l’a toujours fait. Jadis,<br />

elle pratiquait la « stratégie de la<br />

terre brûlée » lorsque la France de<br />

Napoléon ou l’Allemagne d’Adolf<br />

Hitler l’envahissait. Elle détruisait<br />

elle-même ses propres richesses à<br />

la place des troupes ennemies et ne<br />

cessait de reculer vers l’Extrême-<br />

Orient. Puis elle refluait contre les<br />

envahisseurs exténués par leur trop<br />

longue pénétration.<br />

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14 <strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times<br />

Vol. 8 • No. 22 • du <strong>10</strong> au 16 décembre <strong>2014</strong>


Suite de la page (8)<br />

Suite de la page (4)<br />

Haïti attend beaucoup de Michaelle<br />

Jean. Le succès de sa mission sera un<br />

atout d’abord pour elle, et aussi pour<br />

Haïti. Ses échecs un désavantage pour<br />

celle-ci. Le vrai gagnant reste le Canada<br />

qui doit un tribut de reconnaissance à<br />

Danny Lafferrière et à Michaëlle Jean<br />

: ils représentent une chance pour le<br />

Canada qui tout en maintenant la confusion<br />

de son statut de bilinguiste conserve<br />

son identité canadienne « dans<br />

un monde confronté à la globalisation<br />

des cultures ».Cette fois, il ne s’agit pas<br />

pour Michaëlle Jean d’inaugurer des<br />

chrysanthèmes ; elle doit frapper les esprits<br />

par une gouvernance rigoureuse et<br />

révolutionnaire, traduire dans la réalité<br />

les aspirations des Etats membres. Elle<br />

a l’avantage d’être un sous-produit de<br />

la culture nord-américaine, de ne pas<br />

être issu du réseau de chefs d’Etats et<br />

de dirigeants africains en retraite. Ainsi,<br />

elle doit avoir des stratégies propres<br />

pour rompre les résistances naturelles<br />

et renoncer aux relents du corporatisme<br />

africain.<br />

En Haïti, il revient aux élites<br />

de clarifier leurs ambiguïtés, face à<br />

la langue française, de sortir de leur<br />

schizophrénie. Ses figures brillent à<br />

l’extérieur, alors que les usagers du<br />

français, face à la politique agressive<br />

des Etats-Unis d’Amérique, ne cessent<br />

de décliner. Ses élites ne vont plus se<br />

former en France ; alors que les textes<br />

de lois, les référents institutionnels sont<br />

d’inspiration française. Le pays est<br />

sous-scolarisé, les dépenses d’éducation<br />

sont faibles, alors que le système éducatif<br />

continue à préparer des cadres en<br />

fuite pour l’Amérique du Nord. Boudée<br />

par la jeunesse, la langue française<br />

Suite de la page (6)<br />

Syans sosyal se yon disiplin ki gen pou<br />

domèn etid egzistans moun sou planèt la<br />

ak rapò yo devlope youn ak lòt apati enterè<br />

diferan gwoup sosyal yo atravè tan<br />

ak espas. Kòm objè etid syans sosyal la<br />

tan reprezante sou fòm peryòd e teritwa<br />

popilasyon yo okipe reprezante espas.<br />

Li nòmal pou rapò sosyal lèzòm ap devlope<br />

pandan y ap evolye pa fouti ann<br />

amoni tout tan. Rapò sa yo devlope nan<br />

mitan kontradiksyon tou. Ositou metòd<br />

ki pi daplon pou analize, konprann epi<br />

transmèt konesans an rapò ak lavi ak<br />

evolisyon lèzom se materyalis istorik ak<br />

materyalis dyalektik la. Yon ansèyman<br />

syans sosyal ki djanm dwe baze sou :<br />

metriz konsèp yo, rapò sosyal yo, pwosesis<br />

pwodiksyon byen yo, nati lagè ant<br />

nasyon ak pèp yo, enterè dèyè konkèt yo.<br />

Fòk nou pa bliye lekòl, menm jan ak legliz<br />

fè pati aparèy ideyolojik leta, ki li menm<br />

osèvis klas dominan yo. Kalite sosyete ou<br />

genyen detèminen kalite lekòl ou genyen.<br />

Jodi a, malgre moun ap klewonnen<br />

tout jounen : yon sèl lekòl, yon sèl drapo,<br />

yon sèl Ayiti, pa gen yon kourikouloum<br />

inifòm tout moun ap suiv nan diferan nivo<br />

sistèm edikatif la. Ansèyman syans sosyal<br />

fèt nan lekòl yo sivan oryantasyon ideyolojik<br />

pwofesè yo. Anfennkont, inivèsite<br />

a, ki gen pou misyon fòme entelektyèl ki<br />

dwe pwodui panse k ap defini politik pou<br />

oryente nasyon an, se espas natirèl pou<br />

s’est confondue avec les survivances<br />

du colonialisme, vécue comme l’un<br />

des facteurs explicatifs du sous-développement<br />

; elle est reléguée au rang<br />

de langue élitaire et discriminante. Elle<br />

est concurrencée par les succès des<br />

rappeurs américains dont la trajectoire<br />

donne le tournis aux jeunes haïtiens<br />

devenus créolophones par rejet de la<br />

culture française et anglophones par attraction<br />

du modèle américain.<br />

Or la France n’a plus les moyens<br />

de financer la politique culturelle qui<br />

a fait son succès en Haïti vers les années<br />

70 et 80, quand les coupes sombres<br />

et les réformes structurelles ont<br />

fini d’achever l’effondrement en cours<br />

du royaume jadis prospère. La jeunesse<br />

haïtienne, du moins la fraction<br />

la plus réduite croit à une francophonie<br />

qui au-delà de tous complexes associe<br />

l’économie à la diversité d’une langue<br />

dynamique, qui combat les injustices,<br />

les inégalités ; construit la démocratie<br />

et rend aux peuples qui y croient leur<br />

dignité. Pour mener ces combats-là,<br />

les exemples des femmes qui ont laissé<br />

leur empreinte parce qu’elles furent<br />

courageuses et obstinées, peuvent inspirer<br />

Michaëlle Jean : Louise Michel*,<br />

Ségolène Royal, Catherine de Médicis,<br />

Catherine Flon. Alors la presse occidentale<br />

finira par reconnaitre la petite jacméliénne<br />

originaire d’un pays « où l’on<br />

ne renonce à rien ».<br />

Jacques NESI<br />

Ndlr. * Louise Michel, fut une<br />

institutrice, militante anarchiste, francmaçonne,<br />

aux idées féministes et l’une<br />

des figures majeures de la Commune de<br />

Paris. Morte le 9 janvier 1905 d’une<br />

pneumonie, à l’âge de 74 ans.<br />

ouvè deba sou ansèyman syans sosyal<br />

epi elabore yon dokiman syantifik, ki ka<br />

sèvi referans pou yon refòm kourikouloum<br />

nan domèn nan.<br />

Guy-Gérald MÉNARD<br />

Akademisyen<br />

Pwofesè Ekspresyon Kreyòl<br />

Inivèsite Leta d Ayiti<br />

Notes<br />

Minis Edikasyon Nasyonal soti 20 avril<br />

1979 rive 12 jiyè 1982.<br />

2<br />

Charles Tardieu soti 16 me 1990 pou rive<br />

24 dawou 1990.<br />

3<br />

Victor Benoit soti 1 septanm 1993 pou<br />

rive 16 me 1994.<br />

4<br />

Pousantaj reyisit global: 28.42%<br />

(www.communication.gouv.ht/archives/6347).<br />

5<br />

Evelyne Trouillot, “De la survivance<br />

de la colonisation dans les manuels<br />

d’Histoire”, Lire <strong>Haiti</strong>, vol. 1, no 2.<br />

6<br />

Roberson Alphonse, nan Le Nouvelliste<br />

18 oktòb 2012.<br />

7<br />

Thomas Péralte, « Dessalines assassiné<br />

une ènième fois Jean-Jacques Dessalines<br />

», Haïti Liberté vol. 8, no 15, du 22<br />

au 28 octobre <strong>2014</strong>.<br />

8<br />

“Les chefs de l’exécutif absents du pays<br />

à l’occasion du 209ème anniversaire de la<br />

bataille de Vertières”, Alter Presse 19 novembre<br />

2012, (http://www.alterpresse.<br />

org/spip.php?article 1369#. VHoeNySt-<br />

DIU).<br />

9<br />

Jean-Pierre Le Glaunec, <strong>2014</strong>, L’armée<br />

indigène. La défaite de Napoléon en Haïti.<br />

Éditions de l’Université d’État / Ateliers<br />

Jeudi Soir.<br />

Les Manifestants au Champ de Mars<br />

le périmètre du Palais national, restant<br />

jusqu’à date un véritable défi pour les<br />

protestataires anti-Martelly : « Nous<br />

y arrivons aujourd’hui. Nous sommes<br />

devant le Palais national, pour dire à<br />

monsieur Martelly, vous n’êtes plus le<br />

président, vous devez partir. Le peuple<br />

est souverain, la voix du peuple, c’est<br />

la voix de Dieu. Le peuple a décidé, c’en<br />

est fait. Nous sommes plus de 4 millions<br />

Haïtiens dans les rues à travers le pays<br />

qui revendiquent votre départ. Alors que<br />

seulement 700 mille personnes vous<br />

ont approuvé après avoir été sélectionné<br />

par l’OEA et l’ONU et le Premier ministre<br />

d’alors, Jean Max Bellerive. La Communauté<br />

internationale a échoué avec Martelly.<br />

Elle doit se ressaisir, » déclaraient<br />

les manifestants.<br />

Le lendemain samedi 6 décembre<br />

<strong>2014</strong>, c’était la même chose, à la différence<br />

qu’ ils se sont rendus devant<br />

l’ambassade du Canada à Delmas 75<br />

pour dire NON à l’ingérence étrangère<br />

dans les affaires internes d’Haïti. « Nous<br />

voulons la coopération avec toutes les<br />

Nations du monde, mais pas qu’on s’immisce<br />

dans les affaires d’un autre Etat<br />

indépendant et souverain. Les Etats-<br />

Unis, la France et la Canada symbolisent<br />

le triangle de la mort pour le peuple haïtien,<br />

» déclaraient les protestataires.<br />

De l’ambassade du Canada étant,<br />

ils prennent la direction de la route de<br />

Bourdon vers le Palais national la tête<br />

droite. Arrivés au Champ-de-Mars les<br />

agents des unités de la Police Nationale<br />

leur en ont interdit l’accès. Les manifestants<br />

ont essayé de contourner les cordons<br />

de policiers, ils ont pénétré l’aire<br />

du Champ-de-Mars par petits groupes,<br />

ils ont débarrassé les places publiques<br />

entourées de tôles rouges. « Regarde<br />

le peuple haïtien, Martelly et Lamothe<br />

sont des bluffeurs. Il n’y a aucun travail<br />

à l’intérieur des tôles rouges. Ils ont empêché<br />

à la population l’accès aux places<br />

publiques pour rien.<br />

Martelly doit partir ! Lamothe doit<br />

partir ! Ils prônent l’école gratuite, nous<br />

ne le voyons pas, les élèves n’ont pas de<br />

professeurs, les professeurs manifestent<br />

dans les rues pour exiger leur dû. » Les<br />

manifestants ont mis à nu le régime<br />

constitué de bluffeurs, de menteurs,<br />

ayant à sa tête Martelly et Lamothe.<br />

Au Cap-Haïtien, la deuxième ville<br />

du pays, des milliers de personnes ont<br />

également gagné les rues le samedi<br />

6 décembre à l’appel de l’Opposition<br />

constituée du Collectif des militants pour<br />

la libération d’Haïti, branche MOPOD et<br />

Fanmi Lavalas. Rassemblées au rondpoint<br />

Samari, dès dix heures du matin,<br />

les manifestants parcourent diverses<br />

rues de la ville dont, shada, lòtbò pon,<br />

Barrière Bouteille, Vertières. Des militants<br />

sont venus des 19 communes du<br />

département du Nord, des communes du<br />

département du Nord ’Est et de l’Artibonite<br />

pour participer à la grande mobilisation<br />

anti-Martelly. Les manifestants<br />

vêtus tout de noir, disent venir chanter<br />

l’enterrement du régime tètkale. « Nous<br />

ne voulons pas négocier avec un dictateur,<br />

comme Martelly. Nous n’envoyons<br />

personne négocier avec Martelly et les<br />

représentants yankee en Haïti. Nous<br />

réclamons le départ de Martelly et ceci<br />

sans condition. Nous ne reconnaissons<br />

pas la commission consultative présidentielle<br />

constituée de GNBistes et putschistes.<br />

Son rapport sera rejeté par le<br />

peuple comme il l’a fait pour El Rancho.<br />

En 2003-2004 Martelly participait<br />

au côté du groupe des 184 d’André<br />

Apaid, Charles Henry Baker, Réginald<br />

Boulos, Rosny Desroches et consorts,<br />

représentants l’oligarchie haïtienne,<br />

pour kidnapper le président Aristide. En<br />

<strong>2014</strong>, c’est le peuple tout en entier qui<br />

se soulève contre Martelly. Le sénateur<br />

Moïse Jean Charles, farouche opposant<br />

au régime tètkale, présent à la manifestation,<br />

continue d’exiger, lui aussi, le<br />

départ de Martelly. « C’est définitivement<br />

la fin du régime. Nous ne comptons<br />

pas les fêtes de fin d’année <strong>2014</strong><br />

avec Martelly au pouvoir. Nous ne<br />

sommes pas dans la négociation avec<br />

Martelly. Nous ne voulons que le départ<br />

de Martelly et de Lamothe, » a-t-il déclaré<br />

en substance.<br />

En somme, ces trois dernières<br />

manifestations à Port-au-Prince et au<br />

Cap-Haïtien, sans oublier Petit-Goâve<br />

qui manifeste quotidiennement contre<br />

Martelly, réveillent la conscience collective<br />

contre Martelly. Toutes les<br />

couches de la population ont pris part<br />

aux manifestations : des gens des<br />

quartiers populeux, des chômeurs, des<br />

ouvriers et responsables syndicaux,<br />

des artistes, des hommes aux cheveux<br />

tressés, protestent contre la violation de<br />

leurs droits ; des femmes qui subissent<br />

des harcèlements sexuels de la part des<br />

proches du pouvoir tètkale, des professeurs,<br />

des écoliers, des étudiants à<br />

l’UEH, des chauffeurs de taxis moto,<br />

des petits commerçants brandissant<br />

des pancartes « Aba SGS sansi woz !».<br />

Des entrepreneurs et ingénieurs de la<br />

classe moyenne décapitalisés, des travailleurs<br />

de profession manuelle tels :<br />

des contremaîtres, des maçons, des<br />

charpentiers, ferrailleurs, plombiers,<br />

électriciens et autres se plaignent d’être<br />

abandonnés par le pouvoir tètkale au<br />

profit des compagnies dominicaines.<br />

Pour eux, le pouvoir tètkale ne dirige<br />

que dans l’intérêt de ses amis et des<br />

étrangers. Les nationaux sont livrés<br />

à eux-mêmes, victimes de l’insécurité<br />

récurrente.<br />

Pour preuve, 5 personnes sont<br />

mortes lundi premier décembre <strong>2014</strong><br />

à Cité Soleil, lors de l’affrontement de<br />

deux groupes de gangs constitués par<br />

les bras armés du pouvoir rose tètkale.<br />

Ce même jour, un employé de l’Autorité<br />

Portuaire Nationale (APN), l’étudiant à<br />

l’INAGHEI, Frantz Compère, âgé de 35<br />

ans a été victime d’une attaque armée<br />

à la Saline en sortant de son travail. Il<br />

a reçu 5 balles des bandits armés, alors<br />

qu’il circulait à bord d’une moto. Il a<br />

rendu l’âme sur le champ.<br />

Fanmi Lavalas appelle tous ses<br />

membres, partisans sympathisants, travailleurs,<br />

paysans, chômeurs étudiants,<br />

ouvriers, professeurs, les victimes du<br />

goudougoudou Lamothe-Céant au<br />

centre-ville à rester mobilisés contre le<br />

pouvoir. Le prochain rendez-vous sur le<br />

béton est fixé pour le vendredi 12 décembre<br />

en prévision de l’éventuelle visite<br />

du secrétaire des Etats-Unis en Haïti.<br />

En attendant d’autres manifestations<br />

se poursuivent pour des revendications<br />

spécifiques telles : eau potable, électricité,<br />

le paiement des arriérés de salaire des<br />

professeurs, des employés des mairies<br />

de la zone métropolitaines contre l’augmentation<br />

des taxes sur les petits entrepreneurs,<br />

contre la violation des droits<br />

humains à l’approche de la célébration<br />

du 66 e anniversaire de la Déclaration<br />

Universelle des Droits l’Homme, le <strong>10</strong><br />

décembre <strong>2014</strong>. Le peuple haïtien doit<br />

continuer à revendiquer le respect de ses<br />

droits à la souveraineté et à l’autodétermination.<br />

<strong>10</strong><br />

Jacques Édouard Alexis (juin 1997).<br />

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15


Suite de la page (12)Entriten... Suite de la page (12)Google..<br />

lancent des alertes ?<br />

ES : Nous sommes une démocratie<br />

représentative. Mais comment sommes-nous<br />

arrivés à ce résultat ? Nous y<br />

sommes parvenus par l’action directe.<br />

Et cela est inscrit au plus profond de<br />

notre Constitution et de nos valeurs.<br />

Nous avons le droit de nous révolter,<br />

de faire la révolution. La révolution ne<br />

se fait pas nécessairement toujours par<br />

les armes et la lutte armée. Elle a aussi<br />

à voir avec les idées révolutionnaires.<br />

Elle a à voir avec les principes que<br />

nous estimons être représentatifs du<br />

type de monde dans lequel nous voulons<br />

vivre. Un ordre politique donné<br />

peut, à un moment donné, ne plus être<br />

capable de représenter ces valeurs, et<br />

même travailler contre elles. Je pense<br />

que c’est la dynamique à laquelle nous<br />

assistons aujourd’hui. Nous sommes<br />

face à des partis politiques traditionnels<br />

qui répondent de moins en moins<br />

aux besoins de la population ; c’est<br />

pourquoi les gens sont à la recherche<br />

de leurs propres valeurs. Si le gouvernement<br />

ou les partis n’apportent<br />

plus de réponses à nos demandes, alors<br />

c’est ce que nous ferons. Ce sera<br />

l’action directe ou même la désobéissance<br />

civile. De son côté l’État nous<br />

dit : « Bien, pour que nous puissions<br />

légitimer l’idée de désobéissance civile,<br />

alors vous devez suivre par ailleurs<br />

ces règles ». Il découpe notre<br />

liberté d’expression en « zones contrôlées<br />

». Il nous dit : « Vous ne pouvez<br />

la pratiquer qu’à tel moment et<br />

que de cette façon, et vous ne pouvez<br />

pas interrompre le fonctionnement du<br />

gouvernement ». Il restreint l’impact<br />

que peut avoir la désobéissance civile.<br />

Nous devons nous rappeler que<br />

la désobéissance civile doit être une<br />

désobéissance si on veut qu’elle ait<br />

quelque efficacité. Si nous nous contentons<br />

de suivre les règles que nous<br />

impose un État lorsque cet État agit<br />

à l’encontre de l’intérêt général, nous<br />

ne faisons pas vraiment progresser les<br />

choses. Nous ne changeons rien.<br />

The Nation : Quelle est la<br />

dernière fois où la désobéissance civile<br />

a engendré un changement ?<br />

ES : Occupy Wall Street.<br />

The Nation : L’un de nous<br />

pourrait ne pas être d’accord. On peut<br />

dire qu’Occupy a été une initiative très<br />

importante, mais elle est vite retombée.<br />

Es : Je suis intimement persuadé<br />

qu’Occupy Wall Street s’est retrouvé<br />

confronté à ces limites parce que les<br />

autorités ont été capables d’imposer<br />

à notre imagination une image de<br />

ce qu’est la désobéissance civile —<br />

une forme de désobéissance qui est<br />

tout simplement inefficace. Tous ces<br />

gens qui sont descendus dans la rue<br />

n’avaient pas de travail, ne touchaient<br />

pas de salaire. C’étaient des hommes<br />

et des femmes qui étaient déjà victimes<br />

des effets de l’inégalité ; aussi<br />

n’avaient-ils pas grand-chose à perdre.<br />

Et alors, ceux qui criaient plus<br />

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fort, qui étaient davantage perturbateurs<br />

et, très souvent, parvenaient<br />

plus efficacement à attirer l’attention<br />

sur leurs problèmes ont été immédiatement<br />

réprimés par les autorités. Ils ont<br />

été encerclés par la police, dispersés au<br />

gaz lacrymogène, jetés en prison.<br />

The Nation : Mais pensez-vous<br />

quand même qu’Occupy a eu un impact<br />

?<br />

ES : Occupy a eu un impact<br />

sur la prise de conscience. Il n’a pas<br />

réussi, en revanche, à devenir un<br />

acteur opérationnel du changement.<br />

Mais trop souvent, on oublie que les<br />

mouvements politiques et sociaux ne<br />

se réalisent pas du jour au lendemain.<br />

Ils n’apportent pas tout de suite le<br />

changement — il faut d’abord susciter<br />

une prise de conscience critique des<br />

problèmes et des enjeux. Mais rendre<br />

les gens conscients des inégalités<br />

a été une chose importante. Tous les<br />

ténors de la politique qui évoquent<br />

aujourd’hui des élections de <strong>2014</strong> et<br />

de 2016 parlent des inégalités.<br />

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The Nation : Vous avez parlé<br />

ailleurs de l’obligation de rendre des<br />

comptes. Sommes-nous face à la fin<br />

de cette obligation dans notre pays ?<br />

Ceux qui ont causé la crise financière<br />

sont à nouveau aux commandes.<br />

Ceux qui nous ont apporté le désastre<br />

de la guerre d’Irak sont les mêmes qui<br />

aujourd’hui conseillent Washington et<br />

influencent l’opinion publique sur la<br />

politique étrangère américaine. Autre<br />

illustration : comme vous l’avez souligné,<br />

James Clapper ment au Congrès<br />

sans même se faire taper sur les doigts.<br />

ES : Les révélations sur la surveillance<br />

de masse sont absolument<br />

fondamentales parce qu’elles ont indiqué<br />

que nos droits sont en train d’être<br />

redéfinis en secret par des institutions<br />

secrètes dont ce n’est pas la vocation.<br />

Cela se fait de surcroît sans le<br />

consentement du peuple, sans même<br />

que la majorité de nos élus soit au<br />

courant. Cependant, même si cela est<br />

très important, je ne crois pas que ce<br />

soit là l’essentiel. Je crois que le point<br />

majeur est le fait que le directeur des<br />

services de renseignement de la nation<br />

ait fait devant le Congrès — et sous<br />

serment — une fausse déclaration,<br />

ce qui est un crime (contre l’État). Si<br />

nous permettons à nos dirigeants officiels<br />

de bafouer sciemment et publiquement<br />

la loi, nous instaurons une<br />

culture de l’impunité. Pour moi, c’est<br />

ce point qui sera considéré, au regard<br />

de l’histoire, comme la plus grave déception<br />

des années de l’administration<br />

Obama. Je ne pense pas que ce seront<br />

les politiques sociales ou économiques<br />

qui produiront le plus cette déception.<br />

Ce qui sera en cause, c’est le fait qu’il<br />

aura dit : il faut aller de l’avant, ne pas<br />

retourner en arrière sur les violations<br />

de la loi qui se sont produites sous<br />

l’administration Bush. Il y avait un<br />

vrai choix à faire lorsqu’il est devenu<br />

président. C’était un choix très difficile<br />

: soit dire « Nous n’allons pas demander<br />

aux hauts responsables politiques<br />

de rendre des comptes en leur<br />

appliquant les mêmes lois que celles<br />

auxquelles sont soumis tous les autres<br />

citoyens de ce pays » ou « Nous sommes<br />

une nation qui croit en l’État de<br />

droit ». Et l’État de droit signifie que<br />

c’est à la police de le garantir, mais<br />

que nous sommes tous assujettis aux<br />

mêmes lois.<br />

The Nation : Pensez-vous que<br />

ceux qui faisaient partie des commissions<br />

chargées des services de<br />

renseignement au Congrès [il y a 2<br />

commissions : une au Sénat et une<br />

à la Chambre des représentants] en<br />

savaient plus que d’autres élus au Sénat<br />

ou à la Chambre des représentants<br />

? Qu’ils savaient qu’on leur mentait et<br />

qu’ils se sont tus ?<br />

ES : Les présidents des commissions<br />

le savaient à coup sûr. Ils font<br />

partie du « Gang des huit » (Gang of<br />

Eight » [2]). Ils sont informés de tout<br />

programme d’action secrète et autres<br />

opérations de ce genre. Ils savent<br />

où tous les cadavres sont enterrés…<br />

Ils reçoivent aussi beaucoup plus de<br />

fonds pour leurs campagnes électorales<br />

que tous les autres candidats de<br />

la part des entreprises qui travaillent<br />

pour la défense, des firmes du renseignement<br />

et des entreprises militaires<br />

privées [qui procurent à l’État des services<br />

de sécurité armée].<br />

Notes<br />

[1] Edward Joseph Snowden est<br />

né le 21 juin 1983. Cet ancien consultant<br />

des services secrets américains a<br />

été l’employé de la CIA et de la National<br />

Security Agency (NSA) — Agence<br />

nationale de sécurité —. Il a révélé les<br />

détails de plusieurs programmes de<br />

surveillance de masse américains et<br />

britanniques. A la suite de ses révélations,<br />

Edward Snowden est inculpé<br />

le 22 juin 2013 par le gouvernement<br />

américain sous les chefs d’accusation<br />

d’espionnage, de vol et d’utilisation<br />

illégale de biens gouvernementaux.<br />

Exilé à Hong Kong en juin 2013, puis<br />

à Moscou, Edward Snowden a obtenu<br />

le 31 juillet 2013 l’asile temporaire en<br />

Russie. Le 1er août <strong>2014</strong>, il obtient le<br />

droit de résidence pour trois ans dans<br />

ce pays. (Source : Wikipédia). Sur le<br />

sujet, lire Christophe Ventura, « La bataille<br />

du cyberespace ».<br />

[2] Le gang des huit (Gang of<br />

Eight) est un groupe au sein du Congrès<br />

de huit responsables qui sont tenus<br />

informés des dossiers classés du<br />

renseignement par l’exécutif (conformément<br />

à l’article 50 §413-1) de la<br />

Constitution). Il comprend : les dirigeants<br />

des deux partis au Sénat et à<br />

la Chambre des représentants et les<br />

présidents et représentants des partis<br />

minoritaires des commissions du renseignement<br />

du Sénat et de la Chambre<br />

des représentants (source : Wikipédia).<br />

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croit plus libre que jamais. Attention<br />

!, nous dit Assange, Comme le Petit<br />

Poucet, vous laissez derrière vous des<br />

traces de votre vie privée que certaines<br />

firmes, comme Google, recueillent avec<br />

le plus grand soin et archivent secrètement.<br />

Un jour, elles s’en serviront contre<br />

vous…<br />

Pour nous entretenir de tout cela<br />

et de bien d’autres sujets, nous avons<br />

rencontré Julian Assange, lucide et fatigué,<br />

à Londres, le 24 octobre dernier,<br />

dans un petit salon accueillant de<br />

l’Ambassade de l’Equateur. Il est arrivé,<br />

pâle et souriant, avec une barbe blonde<br />

de plusieurs jours, avec sa tête d’ange<br />

préraphaélite, de longs cheveux, des<br />

traits fins, des yeux clairs… Il est grand<br />

et mince ; parle d’une voix basse et<br />

lente. Ce qu’il dit est profond et pensé,<br />

on sent que cela lui vient du fond<br />

de lui-même. Il a quelque chose d’un<br />

gourou… Nous avions prévu parler une<br />

demi-heure, pour ne pas le fatiguer,<br />

mais la conversation devenant de plus<br />

en plus intéressante, nous avons finalement<br />

conversé pendant plus de deux<br />

heures et demie…<br />

Ignacio Ramonet (IR) : Le<br />

cœur de ton nouveau livre — « Quand<br />

Google rencontra WikiLeaks » — est<br />

ta rencontre, en juin 2011, avec Eric<br />

Schmidt, le président exécutif de<br />

Google. A un certain moment tu dis : «<br />

Google est la société la plus influente du<br />

monde ». Qu’entends-tu par « la plus<br />

influente » ?<br />

Julian Assange (JA) : Ce que<br />

j’essaie de dire est que le monde vit<br />

actuellement un changement très profond,<br />

et que Google est l’entité qui a<br />

le plus d’influence sur l’essence de ce<br />

changement et peut-être aussi sur sa<br />

vitesse. Nous pouvons même nous demander<br />

si Google n’est pas, en termes<br />

absolus, l’entreprise la plus influente. Je<br />

n’en suis pas sûr. Il y a plusieurs mégaentreprises<br />

qui pourraient occuper cette<br />

position, celle d’être la plus influente en<br />

termes absolus.<br />

Mais au moins parmi les entreprises<br />

de communication, oui, Google<br />

est, absolument, la plus influente. Il y<br />

en a d’autres qui peuvent avoir aussi<br />

une très grande influence, comme General<br />

Electric, ou Raytheon, ou Booz<br />

Allen Hamilton, ou Exxon Mobil, ou<br />

Chevron, mais elles répondent toutes<br />

plus ou moins à un modèle d’affaires<br />

stabilisé et le genre d’influence qu’elles<br />

peuvent exercer n’est pas si évident.<br />

Elles sont très grandes, c’est sûr, mais<br />

elles sont statiques. Google, en revanche,<br />

est en constante évolution ;<br />

elle a doublé sa valeur en Bourse entre<br />

2011 et aujourd’hui, passant de 200<br />

milliards de dollars à 400 milliards… Et<br />

sa pénétration dans la société globale,<br />

en termes d’interaction avec les individus,<br />

a augmenté plus que toute autre<br />

entreprise de même envergure.<br />

IR : Plus que les firmes financières…<br />

?<br />

JA : Oui, sans aucun doute.<br />

IR : Tu écris que « le progrès de la<br />

technologie de l’information, incarnée<br />

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par Google, annonce la mort de la vie<br />

privée pour la plupart des personnes et<br />

ramène le monde vers l’autoritarisme ».<br />

N’es-tu pas trop pessimiste ?<br />

JA : Je ne crois pas que l’on<br />

puisse regarder le monde et décider si<br />

nous voulons des faits optimistes ou<br />

pessimistes. Les faits sont ce qu’ils<br />

sont. D’autres phénomènes sont en<br />

cours et nous pouvons considérer qu’ils<br />

sont optimistes, mais pas ce que Google<br />

est en train de faire. Il s’agit d’autres<br />

processus en cours.<br />

IR : Nous en parlerons plus tard.<br />

Maintenant je voudrais te demander :<br />

sur quoi te fondes-tu pour affirmer que<br />

« les technologies de la Silicon Valley<br />

sont un instrument au service de la<br />

politique étrangère des Etats-Unis ? ».<br />

JA : Sur plusieurs données que je<br />

décris dans le livre. En premier lieu, la<br />

longue histoire de collaboration entre le<br />

complexe militaro-industriel des Forces<br />

Armées des Etats-Unis et la Silicon<br />

Valley. Toute personne ayant fait des<br />

recherches sur la Silicon Valley le sait.<br />

Noam Chomsky a dénoncé avec force<br />

ce qui s’y est passé dans les décennies<br />

de 1970 et 1980 [2]. En fait, si nous<br />

regardons en arrière et songeons à la<br />

conception que l’on avait à l’époque<br />

des ordinateurs, c’étaient des machines<br />

énormes que les militaires mettaient au<br />

service des grandes entreprises américaines.<br />

L’idée que les gens se faisaient<br />

du superpouvoir des ordinateurs se<br />

reflète dans des films comme, par exemple,<br />

Colossus [3]. En tout cas, à<br />

l’époque c’étaient les militaires qui pilotaient<br />

le développement de l’Etat : en<br />

aidant à aller sur la Lune, à construire<br />

des armes atomiques, à dessiner des<br />

missiles ICBM [4], à accélérer la vitesse<br />

des sous-marins nucléaires, en aidant<br />

le Service des Impôts à surveiller la fiscalité<br />

de chaque personne… Tout cela a<br />

changé dans les années 1990, quand<br />

la Silicon Valley a commencé à développer<br />

un marché de consommation, à<br />

mettre les progrès de la technologie informatique<br />

à la portée du grand public.<br />

C’est à ce moment là que commença à<br />

se créer ce qu’on pourrait appeler une «<br />

bulle de perception » qui présentait les<br />

entreprises de la Silicon Valley comme<br />

« amies » des gens, « amies » des consommateurs.<br />

Apple, Google, Amazon<br />

et plus récemment Facebook, ont encouragé<br />

cette vision et en ont profité.<br />

Et tout cela a créé une illusion… qui a<br />

permis d’oblitérer la vision précédente,<br />

négative, celle que la plupart des universitaires<br />

avaient de la Silicon Valley,<br />

une Sillicon Valey qui collaborait avec<br />

les militaires.<br />

En deuxième lieu, ces nouvelles<br />

sociétés, comme Google, que je décris<br />

dans mon livre, ont établi des liens<br />

étroits avec l’appareil d’Etat, à Washington,<br />

en particulier avec les responsables<br />

de la politique étrangère. Cette<br />

relation est devenue une évidence.<br />

C’est celle des dirigeants de Google, Eric<br />

Schmidt [5], Jared Cohen [6]... Ils ont<br />

les mêmes idées politiques et partagent<br />

une vision du monde identique. Et, au<br />

bout du compte, les liens étroits et la<br />

vision du monde commune de Google<br />

Suite à la page (19)<br />

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16 <strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times<br />

Vol. 8 • No. 22 • du <strong>10</strong> au 16 décembre <strong>2014</strong>


A travers le monde<br />

Ferguson, New York, Berkeley... :« Nous ne pouvons pas respirer »<br />

Par David Brooks *<br />

Dans les rues de New York, comme dans les autres des grandes villes,<br />

des jeunes afro-américains et anglo-saxons marchent ensemble pour<br />

dénoncer la brutalité policière (photo Tony Savino/<strong>Haiti</strong> Liberté)<br />

« Je ne peux pas respirer » on<br />

l’écoute, on le crie, on l’écrit dans les<br />

rues de New York et d’autres villes.<br />

C’étaient les derniers mots d’Eric Garner,<br />

afro-américain, avant de mourir entre les<br />

mains – littéralement, par une clef appliquée<br />

par un policier qui l’a étouffé – des<br />

autorités.<br />

Ce slogan se combine avec « mains<br />

en haut, ne tirez pas », « les vies noires<br />

valent », « Eric Garner, Michael Brown /<br />

Shut it down (stoppez cela) », et « arrêtez<br />

de nous tuer », les slogans qui jaillissent<br />

pas seulement pour les morts et les abus<br />

des autorités contre des minorités, surtout<br />

contre des hommes et des jeunes afroaméricains<br />

désarmés, mais aussi pour<br />

l’impunité qui prévaut dans presque tous<br />

les cas.<br />

La vague de manifestations dans<br />

des dizaines de villes avec des milliers de<br />

participants (qui se sont soldés par des<br />

centaines de détentions) est un chœur<br />

in crescendo d’indignation contre l’abus<br />

des autorités contre les minorités tant<br />

aux mains de la police que du système<br />

judiciaire.<br />

Presque deux fois par semaine<br />

un policier blanc tue un noir aux États-<br />

Unis d’Amérique, comme l’explique USA<br />

Today en se basant sur des données officielles<br />

du FBI. On ne sait pas combien<br />

de ces homicides commis par des policiers<br />

ont été « justifiables » – il n’y a pas de<br />

données précises sur combien de gens la<br />

police aux USA a tués– mais oui, on sait<br />

que dans les cas où tout indique un homicide<br />

non justifiable, l’impunité règne.<br />

Le problème n’est pas tout à fait<br />

nouveau, mais le mouvement suscité,<br />

oui. Tout d’abord, il ne s’agit pas d’une<br />

demande d’une seule communauté minoritaire<br />

ou d’un secteur racial, car les<br />

marches, les actions de désobéissance civile,<br />

les veilles et les manifestations sont<br />

maintenant multiraciales et multi générationnelles.<br />

Dans les rues de New York,<br />

comme dans les autres des grandes villes,<br />

des jeunes afro-américains et anglo-saxons<br />

marchent ensemble, avec des vétérans<br />

de la lutte pour les droits civiques d’il<br />

y a un demi-siècle, avec des vétérans de<br />

mouvements très récents comme Occupy<br />

Wall Street. Syndicalistes, religieux et militants<br />

communautaires marchent ensemble<br />

avec des jeunes lycéens et ajoutent<br />

leur première expérience en participant à<br />

un acte politique.<br />

Jeudi dernier deux groupes<br />

de milliers de personnes ont marché sur<br />

deux routes, l’un pour occuper le Pont de<br />

Brooklyn, l’autre qui s’est dirigé au milieu<br />

du trafic de l’artère centrale de Broadway,<br />

avançant entre les coups de klaxons au<br />

milieu des véhicules bloqués par la mobilisation,<br />

avec des banderoles et des pancartes<br />

; certaines en espagnol, et mêmes<br />

plusieurs en hébreu, et qui après avoir<br />

traversé un coin de Chinatown, à la hauteur<br />

du Canal, ont été salués par quelques<br />

chinois qui ont levé le poing en signe de<br />

soutien.<br />

Ces jours ci, des groupes de manifestants<br />

se sont couchés par terre au principal<br />

étage du grand magasin de Macy’s,<br />

du magasin Apple dans la Cinquième Avenue<br />

et plusieurs fois à la gare de Grand<br />

Central Terminal. De la même façon, des<br />

actes de protestation ont été menés dans<br />

des collèges publics, comme Harvest Collegiate<br />

à New York, ainsi que dans les<br />

universités. Ces scènes se répètent dans<br />

d’autres grandes et petites villes partout<br />

dans le pays.<br />

Certains disent que c’est la naissance<br />

du nouveau « mouvement de<br />

droits civiques », juste 50 ans après que<br />

se fêtent les principaux succès du premier<br />

mouvement de droits civiques,<br />

mais avec des différences remarquables.<br />

Et de souligner que ce n’est pas seulement<br />

une manifestation contre des abus<br />

; mais aussi une affirmation de droits de<br />

l’homme fondamentaux. D’un autre côté,<br />

l’usage des réseaux sociaux, où information,<br />

images et sons sont partagés depuis<br />

un endroit où la colère éclate quelque part<br />

dans le pays avec tous les autres endroits,<br />

permet un dialogue constant qui est en<br />

quelque sorte une narration collective in<br />

live de ces expressions ; même si parfois<br />

cela devient seulement une cacophonie<br />

de colère partagée.<br />

Une autre caractéristique attire<br />

l’attention : il n’y a pas de leaders, pour<br />

l’instant. Il est clair qu’il y a des vieilles<br />

organisations qui participent, mais il n’y a<br />

pas de leaders politiques ou religieux dans<br />

la conduite de ces expressions. « La diffusion<br />

virale des manifestations –et la large<br />

gamme des étatsuniens qui les organisent<br />

et y participent– démontrent que ce qui se<br />

percevait à un moment comme un sujet<br />

afro-américain est en train d’être perçu<br />

comme un problème central usaméricain<br />

», affirme un éditorial du New York Times.<br />

Il remarque que « la question du moment<br />

est si le leadership politique du pays a la<br />

volonté de freiner les pratiques de police<br />

La vague de manifestations dans des dizaines de villes avec des milliers<br />

de participants (qui se sont soldés par des centaines de détentions) est<br />

un chœur in crescendo d’indignation contre l’abus des autorités contre<br />

les minorités tant aux mains de la police que du système judiciaire.<br />

abusives et discriminatoires … »<br />

Le président, les parlementaires, les<br />

maires et les chefs de police promettent<br />

des changements, reconnaissent qu’il<br />

faut réparer le « manque de confiance »<br />

entre les communautés de couleur et la<br />

police, proposent une formation des policiers<br />

et plus d’investigations. Les manifestants<br />

semblent être peu convaincus<br />

et, pour l’instant, les manifestations ne<br />

cessent pas parce que ce qu’ils dénoncent<br />

ne s’arrange pas.<br />

Ce week-end ont eu lieu les obsèques<br />

d’Akai Gurley, jeune afro-américain de<br />

28 ans mort aux mains d’un policier le<br />

mois dernier dans un ensemble de logements<br />

publics à Brooklyn. Les autorités<br />

affirment que c’était « un accident ». C’est<br />

un nom de plus dans la liste des homicides<br />

récents : Garner, Michael Brown à<br />

Ferguson, l’enfant de 12 ans à Cleveland,<br />

l’homme qui revenait avec le dîner pour<br />

sa famille à Phoenix la semaine dernière.<br />

Rien de cela n’est tout à fait nouveau :<br />

dans la mémoire collective il y a des cas<br />

comme celui d’Amadou Diallo, abattu à<br />

l’entrée d’un immeuble par des policiers<br />

qui ont tiré 41 fois (sujet de la chanson<br />

de Bruce Springsteen American Skin-41<br />

Shots) en 1999 et Patrick Dorismond en<br />

2000, un autre noir désarmé, parmi des<br />

centaines d’autres. Mais la douleur des<br />

familles et des communautés « de couleur<br />

» devient, enfin, une douleur partagée,<br />

et cela s’est traduit par une colère collective<br />

; le message se transforme de « je ne<br />

peux pas respirer » en « nous ne pouvons<br />

pas respirer ». Certains rappellent ici que<br />

Frantz Fanon a dit, en faisant référence<br />

aux peuples opprimés qui se soulèvent :<br />

« nous nous rebellons simplement parce<br />

que, pour plusieurs raisons, nous ne pouvons<br />

déjà plus respirer ».<br />

* David Brooks est journaliste et<br />

correspondant aux USA pour le<br />

quotidien mexicain La Jornada<br />

La Jornada. Mexique,<br />

8 décembre <strong>2014</strong>.<br />

Traduit de l’espagnol par :<br />

Estelle et Carlos Debiasi.<br />

El Correo. Paris, 8 décembre <strong>2014</strong>.<br />

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Vol. 8 • No. 22 • du <strong>10</strong> au 16 décembre <strong>2014</strong><br />

<strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times<br />

17


Fenêtre ouverte sur la communauté haïtienne de New York (IX)<br />

Le succès peu visible de certains restaurants traditionnels<br />

Par Lesly Eustache<br />

Récemment dans cette rubrique,<br />

nous avons souligné les progrès<br />

réalisés par les Haïtiens dans l’industrie<br />

de la restauration à New York. Nous<br />

avons mis l’accent sur les nouveaux<br />

venus sur la scène tels que les restaurants<br />

de style cafeteria, les fritures, et<br />

les traiteurs pour toutes les occasions<br />

à cause de leur multiplication. Nous<br />

avons également remarqué que les restaurants<br />

traditionnels, c’est-à-dire ceux<br />

dans lesquels les clients sont accueillis<br />

par une serveuse qui prend charge de<br />

la table, reçoit les commandes, et apporte<br />

la nourriture, vu les circonstances<br />

et les conditions de fonctionnement de<br />

ses clients sont de moins en moins<br />

fréquentés.<br />

A présent, ces restaurants sont<br />

censés être au second plan pour de<br />

nombreuses raisons. Il y a la qualité<br />

du service qui souvent n’est pas la<br />

meilleure, le manque de compétence<br />

de la majorité des serveuses en service<br />

à la clientèle, le prix élevé des repas,<br />

une barrière linguistique qui empêche<br />

les étrangers de fréquenter ces restaurants,<br />

enfin et surtout, la prolifération<br />

des restaurants de type cafétéria dans<br />

la communauté.<br />

En dépit de la tendance à la<br />

baisse dans l’ensemble des restaurants<br />

traditionnels, nous ne pouvons nier<br />

qu’ils jouent un rôle important dans<br />

notre communauté. Tout d’abord, ils<br />

restent les restaurants préférés des<br />

gens qui aiment la gastronomie haïtienne,<br />

car ils offrent une plus grande<br />

variété de plats typiques dans leurs<br />

menus. Ainsi, ils sont fréquentés par<br />

de nombreuses familles.<br />

D’une part, il y a des familles<br />

dans notre communauté qui choisissent<br />

de prendre un répit dans la cuisine<br />

familiale et d’aller manger dans<br />

un restaurant, parfois, le dimanche en<br />

particulier. Quand elles le font, elles<br />

choisissent les restaurants traditionnels<br />

parce que la grande majorité des<br />

restaurants de style cafeteria et des<br />

fritures ne prévoient pas de salle à<br />

manger pour leurs clients. Il y a aussi<br />

des couples, des amants, des amis, ou<br />

même des individus qui ne veulent pas<br />

manger chez eux parfois et qui choisissent<br />

ces restaurants pour les raisons<br />

susmentionnées.<br />

D’autre part, il y a ceux qui travaillent<br />

dans le secteur du transport,<br />

en particulier les chauffeurs de taxi,<br />

indépendamment du statut. Ils représentent<br />

les pierres angulaires de ces<br />

restaurants parce qu’ils constituent le<br />

gros de leurs clients. Ils préfèrent manger<br />

dans ces restaurants parce que c’est<br />

là que les genres de repas auxquels ils<br />

sont habitués en Haïti sont servis pour<br />

le déjeuner, le dîner aussi bien que pour<br />

le souper. C’est là aussi qu’ils peuvent<br />

s’asseoir et avoir une conversation<br />

avec un ami ou un associé.<br />

La majorité des clients des restaurants<br />

traditionnels est de sexe masculin.<br />

Beaucoup d’entre ces hommes<br />

sont célibataires ou ont quitté leurs<br />

femmes en Haïti. Dû au fait que, traditionnellement,<br />

les hommes ne cuisent<br />

pas en Haïti, la plupart d’entre eux ne<br />

savent même pas comment faire cuire,<br />

ce qui signifie qu’ils dépendent de ces<br />

restaurants pour leur survie.<br />

Ainsi la prolifération des nouveaux<br />

types de restaurants ne veut<br />

pas dire que les restaurants traditionnels<br />

vont disparaître, car ils jouent<br />

un rôle important dans notre communauté.<br />

Beaucoup ont fermé leur porte<br />

pour céder la place à d’autres. Il y en a<br />

plusieurs qui existent depuis de nombreuses<br />

années tels que : Venus Restaurant,<br />

Ambiance Restaurant, Katou<br />

Restaurant, Kreyòl Flavour, Immaculée<br />

Restaurant ; pour ne citer que ceuxlà.<br />

Ils ont passé l’épreuve du temps<br />

et continuent de nourrir beaucoup de<br />

compatriotes.<br />

La plupart de ceux-là qui ont<br />

survécu ont construit une clientèle,<br />

composée surtout d’hommes, qui reste<br />

fidele pour de nombreuses raisons. Certains<br />

ont employé des cuisiniers dont<br />

les talents culinaires sont exceptionnels.<br />

Ainsi, ces restaurants sont connus<br />

pour leur bonne cuisine, ce qui est un<br />

atout majeur pour leur longévité. Certains<br />

fournissent des divertissements<br />

en plus de la nourriture. Certains de<br />

ces propriétaires ont de bonnes compétences<br />

en relations publiques. Ils ont pu<br />

établir et maintenir de bonnes relations<br />

avec leurs clients au fil des ans, ce qui<br />

est un facteur important qui leur permet<br />

de poursuivre leurs activités même<br />

quand la compétition bat son plein.<br />

En plus de fournir un service qui<br />

permet à de nombreux compatriotes de<br />

satisfaire un besoin fondamental en<br />

cette terre étrangère, ces restaurants<br />

devraient participer aux activités communautaires<br />

en apportant un soutien à<br />

de nombreuses organisations de base<br />

en leurs fournissant de la nourriture<br />

gratuitement pour des événements<br />

culturels et sociopolitiques de petite<br />

échelle.<br />

Si des changements positifs dans<br />

la taille et la valeur économique d’une<br />

entreprise étaient les seuls facteurs déterminants<br />

de son succès, ces restaurants<br />

seraient considérés comme des<br />

échecs. Mais c’est plus compliqué que<br />

cela. Le fait que malgré les compétitions<br />

et les obstacles qu’ils rencontrent,<br />

ils continuent de fournir leurs services<br />

après de nombreuses années d’existence,<br />

c’est la preuve qu’ils ont réussi.<br />

Bravo pour ces institutions !<br />

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collecte de fonds, Samedi 20 et Dimanche 21 décembre <strong>2014</strong>.<br />

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Supporter <strong>Haiti</strong> Liberté est un acte patriotique et révolutionnaire.<br />

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Si vous habitez en dehors de New York, vous pouvez nous envoyer votre contribution<br />

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18 <strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times<br />

Vol. 8 • No. 22 • du <strong>10</strong> au 16 décembre <strong>2014</strong>


Suite de la page (16)<br />

et de l’Administration américaine<br />

sont au service des objectifs de la<br />

politique étrangère des Etats-Unis.<br />

IR : Précisément, sur ce<br />

même sujet, tu écris que quand<br />

Eric Schmidt a visité la Chine, la<br />

Corée du Nord et la Birmanie en<br />

2013, il était clair qu’il menait une<br />

opération de « diplomatie occulte<br />

» pour Washington. En as-tu des<br />

preuves ?<br />

JA : Je me fonde sur mon<br />

expérience. Nous avons pu prouver<br />

que quand il y avait un flux<br />

d’information entre Eric Schmidt<br />

et moi, cette information arrivait<br />

immédiatement au plus haut<br />

niveau du Département d’Etat [7].<br />

Et quand Eric Schmidt me contactait<br />

à travers Lisa Shields [8],<br />

le flux d’information se produisait<br />

auparavant, dans le sens<br />

contraire, du Département d’Etat<br />

à Eric Schmidt… En ce qui concerne<br />

la diplomatie occulte avec la<br />

Corée du Nord et autres pays avec<br />

lesquels Washington ne veut pas<br />

que l’on sache qu’il communique<br />

directement, ce n’est pas moi qui<br />

l’affirme, je me limite à répéter<br />

et à reproduire les affirmations<br />

d’autres personnes expertes. Mais<br />

comme je viens de te le dire, j’ai eu<br />

l’expérience concrète du rôle d’Eric<br />

Schmidt d’informateur du Département<br />

d’Etat ; d’autres experts<br />

ont su également évaluer ce que<br />

Schmidt a fait en Corée du Nord et<br />

dans d’autres pays.<br />

A suivre<br />

Notes<br />

[1] L’ouvrage n’est pas encore<br />

traduit en français.<br />

[2] Lire l’entretien avec<br />

Noam Chomsky (réalisé le 15 août<br />

2012 par Jegan Vincent de Paul),<br />

« Noam Chomsky on Government,<br />

Silicon Valley and the Internet ».<br />

[3] Colossus : The Forbin<br />

Project (Colossus : le projet Forbin),<br />

1970, Dir : Joseph Sargent. Film de<br />

science fiction qui raconte comment<br />

le gouvernement des Etats-<br />

Unis cède la défense du pays à un<br />

super-ordinateur qui contacte le<br />

super-ordinateur des soviétiques,<br />

appelé Guardian, pour former<br />

un hyper-ordinateur qui prenant<br />

conscience de son pouvoir, prend<br />

le contrôle de la planète.<br />

[4] Missile Balistique Intercontinental.<br />

[5] Après avoir été de 2001<br />

à avril 2011, directeur exécutif<br />

(conseiller délégué) de Google, Eric<br />

Schmidt est, depuis le 4 avril 2011,<br />

président exécutif du Conseil d’administration<br />

de Google.<br />

[6] Jared Cohen est le directeur<br />

de Google Ideas, un think tank<br />

sponsorisé par Google dans le but<br />

d’« identifier les défis globaux et de<br />

définir les solutions technologiques<br />

qui pourraient y répondre ». Il a été<br />

conseillerdeCondoleeza Rice et de<br />

Hillary Clinton, Secrétaires d’Etat<br />

(ministres des affaires étrangères)<br />

de George W. Bush et de Barack<br />

Obama, respectivement.<br />

[7] Ministère des affaires<br />

étrangères des Etats-Unis.<br />

[8] Lisa Shields, directrice<br />

des communications du Council<br />

on Foreign Relations (Conseil<br />

des affaires étrangères), le plus<br />

important think tank de relations<br />

extérieures, lié aux démocrates du<br />

Département d’Etat ; fiancée d’Eric<br />

Schmidt.<br />

(Londres, le 24 octobre <strong>2014</strong>.<br />

Le texte de l’interview a été<br />

revu par Julian Assange)<br />

Mémoire des luttes<br />

4 décembre <strong>2014</strong><br />

Suite de la page (20)<br />

nous avons consolidée dans<br />

la Patrie que Chavez nous a<br />

léguée et qui nous permettra<br />

d’arriver à l’irréversibilité de<br />

notre construction Socialiste.<br />

Evidemment, nous<br />

devons apprendre à surmonter<br />

la culture du gaspillage,<br />

nous devrons être plus<br />

efficaces et nous habituer à<br />

épargner, nous devons finir<br />

de surmonter la mentalité du<br />

«Venezuela Saoudite» et du<br />

«Ta’Barato» (Bon marché)<br />

pour devenir un peuple créatif,<br />

inventif, enthousiaste et<br />

entreprenant qui continuera<br />

à transformer le modèle<br />

hérité de la IV° République<br />

et voir la «crise» comme ce<br />

qu’elle est: une opportunité<br />

pour commencer à dépasser<br />

une fois pour toutes le rentisme<br />

pétrolier.<br />

Comme l’a dit une fois<br />

notre Commandant Eternel,<br />

le 25 octobre 20<strong>10</strong>, en rentrant<br />

d’une tournée historique<br />

en Europe, en Asie, en<br />

Afrique, une croisade pour<br />

renforcer l’OPEP: «nous<br />

donnerons des détails sur les<br />

69 accords que nous avons<br />

signés avec ces pays frères,<br />

pour des logements, des logements<br />

pour le peuple, un<br />

commerce pour nos produits<br />

pour rompre avec le modèle<br />

pervers qu’ils nous ont imposé,<br />

le modèle de la monoproduction<br />

pétrolière. La<br />

dépendance pétrolière, nous<br />

devons la rompre». Et nous<br />

y arriverons, Commandant<br />

Eternel, que personne n’en<br />

doute! Nous continuerons à<br />

vaincre!<br />

Vive Chavez!<br />

Vive la souveraineté Pétrolière!<br />

Vive la Patrie Productive!<br />

Vive le Socialisme Bolivarien!<br />

Barinas,<br />

30 novembre <strong>2014</strong><br />

Traduction Françoise Lopez<br />

Viva Venezuela<br />

3 Décembre <strong>2014</strong><br />

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<strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times<br />

19


Venezuela: pétrole et socialisme<br />

Par Adan Chavez Frias<br />

Avec la baisse des prix du baril de<br />

pétrole, l’extrême-droite vénézuélienne<br />

a lancé une offensive de<br />

propagande pour essayer d’effrayer le<br />

peuple. Il est certain que la grande majorité<br />

de la population ne maîtrise pas<br />

encore complètement certains termes<br />

et certains concepts comme fracking,<br />

réduction de quotas, volatilité des marchés<br />

; et pour cette raison, certains<br />

pourraient être une proie facile de soidisant<br />

«analystes», d’acteurs politiques<br />

des secteurs putschistes qui promettent<br />

une sorte «d’apocalypse» dans les prochains<br />

mois. Rien n’est plus loin de la<br />

réalité ; mais pour combattre ces mensonges,<br />

il faut que nous étudiions plus<br />

et que chacun de nous devienne sans<br />

aucun doute un expert en pétrole.<br />

Il est primordial de rappeler que<br />

quand, en 1998, le Commandant Eternel<br />

Hugo Chavez est arrivé à la Présidence,<br />

le prix du pétrole vénézuélien<br />

était à environ 8 dollars le baril. Notre<br />

pétrole ne valait pratiquement rien.<br />

C’était une partie de la politique impérialiste<br />

qui avait transformé l’Organisation<br />

des Pays Exportateurs de Pétrole<br />

(OPEP) en garde-fou au service des<br />

grandes puissances. Et avec ce prix<br />

du baril, a commencé la Révolution<br />

Bolivarienne. Mais, cela n’a pas empêché<br />

le président Chavez de réaliser la<br />

promesse qu’il avait faite au peuple et<br />

il appela à une Assemblée Constituante.<br />

Mais le plus problématique n’était<br />

pas le prix bas ; mais la politique mise<br />

en place par la IV° République avec<br />

la néfaste Ouverture Pétrolière. A ce<br />

moment-là, l’économie nationale perdait<br />

avec n’importe quel prix parce que<br />

les bénéfices, les transnationales les<br />

emmenaient. Les entreprises payaient<br />

seulement 1% de ce cadeau à l’Etat<br />

et gardaient le reste. Dit d’une autre<br />

manière, pour chaque <strong>10</strong>0 barils qu’ils<br />

extrayaient, ils en payaient seulement<br />

1 et ils gardaient le bénéfice que produi-<br />

Le Commandant Eternel Hugo<br />

Chavez Frias<br />

saient les 99 autres. Ils ne payaient pas<br />

non plus d’impôts et PDVSA avait une<br />

participation minoritaire bien que le pétrole<br />

soit dans le sol vénézuélien. Sans<br />

compter la maltraitance de la classe<br />

ouvrière, les dégâts écologiques et les<br />

pratiques d’exploitation irrationnelle.<br />

Au Venezuela de AD et de COPEI,<br />

les entreprises transnationales gardaient<br />

la majorité des ressources de<br />

l’entreprise pétrolière. Le peu d’argent<br />

qui entrait dans les coffres de la nation<br />

enrichissait de plus en plus la bourgeoisie<br />

créole et remplissait les bourses des<br />

fonctionnaires corrompus ; c’est pourquoi,<br />

dans les dernières décennies de la<br />

IV° République, la faim et la pauvreté<br />

atteignirent dans le pays des niveaux<br />

encore jamais vus auparavant. Cela fut<br />

une des causes du Caracazo, en 1989,<br />

et des rébellions civico-militaires du 4<br />

février et du 27 novembre 1992.<br />

Le Commandant Chavez a démonté<br />

l’Ouverture Pétrolière. Pour<br />

cela, il était indispensable que le peuple<br />

prenne le contrôle de l’industrie. Quand<br />

Chavez a commencé à récupérer PDV-<br />

SA, il a été la cible d’un coup d’Etat en<br />

2002. Et depuis ce moment, la droite et<br />

les secteurs conservateurs et fascistes<br />

n’ont pas cessé de faire une guerre économique<br />

pour remettre la main sur la<br />

rente pétrolière.<br />

Chavez a promulgué la Loi Organique<br />

sur les Hydrocarbures qui a<br />

établi une taxe de 30%, le sabotage<br />

pétrolier a été vaincu, les conventions<br />

d’exploitation qui portaient atteinte aux<br />

intérêts de la Patrie ont été démontées.<br />

On a réformé la Loi Fiscale sur la Rente<br />

en même temps qu’on nationalisait la<br />

Bande Pétrolifère de l’Orénoque (FPO).<br />

Sous la IV° République, ils disaient<br />

que nos réserves pétrolières<br />

étaient de 78 000 millions de barils<br />

de pétrole et ils ne comptaient pas la<br />

Bande qu’ils s’étaient déjà répartie<br />

entre les transnationales pour l’exploiter<br />

à 4 dollars le baril, parce que, selon<br />

eux, ce n’était pas du pétrole mais du<br />

bitume. Le Commandant Chavez, avec<br />

Le camarade président<br />

Nicolas Maduro<br />

le Plan Semence Pétrolière a informé<br />

sur nos réserves attestées qui avaient<br />

augmenté de 282% pour atteindre 294<br />

770 millions de barils de pétrole. Cela<br />

faisait de nous la plus grande réserve<br />

de pétrole de la planète.<br />

L’héritage de Chavez est une<br />

industrie pétrolière du peuple et pour<br />

le peuple. La Révolution Bolivarienne<br />

a le contrôle strict du négoce pétrolier<br />

et sur les recettes brutes par baril, 94%<br />

restent à l’Etat. Grâce à Chavez, nous<br />

avons la Pleine Souveraineté Pétrolière<br />

et nous avons utilisé ces recettes<br />

pour commencer la construction d’un<br />

modèle économique de production<br />

d’orientation socialiste qui nous permet<br />

de dépasser le capitalisme rentier.<br />

Nous avons utilisé et nous allons<br />

utiliser toute cette richesse pétrolière<br />

Quand Chavez a commencé à récupérer PDVSA, il a été la cible d'un coup<br />

d'Etat en 2002<br />

non seulement pour donner au peuple<br />

l’alimentation, la santé, l’éducation la<br />

qualité de la vie ; mais aussi pour élargir<br />

toutes nos capacités industrielles et<br />

toutes nos forces productives.<br />

Les changements actuels sur le<br />

marché pétrolier international, produits<br />

par l’anarchie capitaliste, ne vont pas<br />

nous faire reculer. Ce n’est pas la première<br />

fois que nous vivons une situation<br />

semblable. En 2008, à cause de<br />

la catastrophe financière mondiale, le<br />

pétrole est tombé de 140 dollars à 35<br />

dollars le baril. Et la Révolution Bolivarienne<br />

est là, invaincue.<br />

Adan Chavez Frias<br />

Le marché se stabilisera tôt ou<br />

tard. Un prix à la baisse est insoutenable<br />

pendant longtemps pour l’industrie<br />

pétrolière mondiale parce que le<br />

prix juste du baril est celui qu’a signalé<br />

le Gouvernement Bolivarien, quelques<br />

<strong>10</strong>0 dollars. De plus, nous continuerons<br />

à faire les démarches internationales<br />

nécessaires pour atteindre cette<br />

stabilisation en un temps raisonnable.<br />

Il est certain que cette conjoncture<br />

nous affectera ; mais comme l’a dit<br />

le camarade président Nicolas Maduro,<br />

les ressources pour couvrir les besoins<br />

de base et le bien vivre de notre population<br />

sont garanties.<br />

Pour ceux qui se frottent les<br />

mains en prédisant la chute de la Révolution<br />

avec les prix du baril de pétrole,<br />

nous leur disons de ne pas se presser. Le<br />

soubresaut de ce déséquilibre des prix<br />

met seulement en évidence la rapidité<br />

avec laquelle diminuent les dépenses<br />

du consommateur mondial à cause de<br />

la crise systémique du capitalisme.<br />

C’est à dire que dans le monde<br />

capitalisme, augmenteront la faim, la<br />

pauvreté, le chômage, la perte des prestations<br />

et des retraites, le manque de<br />

combustible. Mais au Venezuela Bolivarien<br />

et Chaviste, il n’y a pas de faim<br />

actuellement et nous avons fait un long<br />

chemin pour surmonter la pauvreté.<br />

Il est possible que nous voyions avec<br />

tristesse la façon dont la misère augmente<br />

dans les pays du nord alors que<br />

nous restons avec des difficultés mais<br />

stables et nous verrons la force que<br />

Suite à la page (19)<br />

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