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DURABLE

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ISOLATION THERMIQUE<br />

ALUMINIUM ET CRÉATIVITÉ<br />

RURBAINS<br />

L'EMPREINTE QUÉBÉCOISE<br />

ALUMINIUM<br />

<strong>DURABLE</strong><br />

POSTE PUBLICATION 41060025<br />

6,96 $ CAN<br />

V12 N2.16


DURABILITÉ<br />

mot de l’éditeur<br />

Dans ce numéro, un grand dossier<br />

sur l’aluminium signé par Valérie<br />

Levée. Présente à la journéeconférences<br />

Aluminium et villes<br />

durables, Valérie s’est imprégnée des discussions,<br />

notamment des propos de l’architecte<br />

britannique Michael Stacey, pour brosser le<br />

portrait de l’aluminium québécois. Autre<br />

grande ligne directrice de ce dossier étoffé,<br />

la volonté clairement exprimée par le gouvernement<br />

du Québec de stimuler la transformation<br />

de ce métal par la mise en œuvre<br />

par AluQuébec de la Stratégie québécoise<br />

de développement de l’aluminium.<br />

Le secteur de l’aluminium est confronté à<br />

de grands enjeux en raison, entre autres, de<br />

la déprime du prix des ressources et du jeu<br />

atypique de l’offre et de la demande. Mais<br />

par ailleurs, l’aluminium vert, sujet largement<br />

mis de l’avant dans le papier de Valérie,<br />

révèle un avantage fort concurrentiel du<br />

Québec en raison de la production hydroélectrique.<br />

À ce propos, Gervais Jacques,<br />

chef des Affaires commerciales de Rio<br />

Tinto Aluminium (RTA), exprimait en mai<br />

dernier lors d’une présentation au Conseil<br />

des relations internationales de Montréal<br />

(CORIM) que le marché répondait positivement<br />

au branding de l’aluminium vert de<br />

RTA. Les acheteurs, affirme-t-il, sont prêts à<br />

débourser une prime pour un produit fabriqué<br />

avec de l’énergie renouvelable.<br />

Toujours sur le plan environnemental, la<br />

déclaration environnementale de produit<br />

(DEP) constitue un autre facteur déterminant<br />

favorable aux façons de faire innovantes<br />

et durables, nous apprend Valérie.<br />

Et les extrudeurs nord-américains y sont<br />

sensibles, ayant développé la DEP pour tous<br />

leurs produits. Par ailleurs, l’industrie primaire<br />

est active dans le développement de<br />

la certification ASI (Aluminium Stewardship<br />

Initiative). Lancé en 2012, l’ASI fait la<br />

promotion de la durabilité et de la transparence<br />

au sein de l’industrie de l’aluminium.<br />

Durabilité, autre trait de l’aluminium largement<br />

traité dans ce dossier et exprimé en<br />

titre par Valérie par l’équation : Longévité +<br />

Recyclage = Durabilité.<br />

Cela dit, le marché mondial est aux prises<br />

depuis 2008 avec diverses contraintes. Notons,<br />

notamment, les surplus d’aluminium<br />

en provenance de la Chine qui plombent<br />

le retour à l’équilibre. Dans ce contexte,<br />

expriment des acteurs de l’industrie, l’avenir<br />

de la filière québécoise de l’aluminium<br />

est de plus en plus dans les produits à haute<br />

valeur ajoutée, dont la plus significative est<br />

l’empreinte carbone de notre aluminium<br />

produit à partir d’hydroélectricité. Le Québec<br />

est dans le peloton de tête d’une longue<br />

course qui ne fait que commencer. Espérons<br />

que l’on saura durer.<br />

Autre sujet de ce numéro, mais dans<br />

une tangente durable similaire, le dernier<br />

colloque du Conseil de l’enveloppe du bâtiment<br />

du Québec s’est largement entretenu<br />

d’efficacité énergétique. Marie Dallaire, qui<br />

a couvert l’événement, en est revenue avec<br />

un topo qu’elle introduit sur la note d’un<br />

ultimatum : le réchauffement climatique.<br />

Pour sa part, notre collaborateur Stéphane<br />

Gagné a assisté au congrès de l’Association<br />

des architectes paysagistes du Québec.<br />

Ses textes appuient aussi la sensibilité<br />

environnementale, cette fois-ci en s’articulant<br />

sur la notion de paysage en lien avec le<br />

thème du congrès : Les Rurbains.<br />

Ce numéro est également l’occasion de<br />

découvrir les participants de la deuxième<br />

cohorte de L’empreinte québécoise et de<br />

discuter des enjeux du meuble du Québec.<br />

Marie Gagnon nous fait part de ses<br />

échanges avec le designer multidisciplinaire<br />

Jean-Claude Poitras et Pierre Richard, président-directeur<br />

général de l’Association<br />

des fabricants de meubles du Québec. Dans<br />

ce sillon du meuble, Marie nous entretient<br />

également de la troisième édition des Prix<br />

Habitat Design.<br />

Bonne lecture!<br />

Claude Paquin<br />

Éditeur<br />

collaborateurs<br />

Docteure en biotechnologie<br />

végétale, Valérie<br />

Levée s’est convertie<br />

au journalisme et<br />

écrit pour FORMES<br />

depuis 2008. Elle a<br />

gardé de sa formation<br />

scientifique un goût<br />

pour les questions<br />

techniques et un esprit<br />

de synthèse qu’elle met<br />

à profit pour explorer<br />

l’architecture et l’urbanisme.<br />

Dans ce numéro, elle s’attaque au matériau<br />

aluminium. S’inspirant des échanges<br />

présentés lors de la journée-conférences Aluminium<br />

et villes durables tenue en novembre<br />

dernier, elle propose ici un tour d’horizon<br />

de ce matériau. Partant des propriétés physico-chimiques<br />

de l’aluminium, des alliages<br />

et des transformations secondaires du matériau,<br />

elle présente les multiples possibilités<br />

architecturales. La question du recyclage lui<br />

permet d’aborder le volet environnemental<br />

de l’aluminium, un thème récurrent dans<br />

ses écrits. Elle l’approfondit en décortiquant<br />

l’analyse de cycle de vie de l’aluminium. Elle<br />

aborde également le volet économique par le<br />

biais de la grappe industrielle AluQuébec et<br />

la Stratégie québécoise de développement de<br />

l’aluminium. Le tout converge vers la contribution<br />

de l’aluminium au développement<br />

durable, point focal de l’économie et de l’environnement.<br />

Journaliste indépendant<br />

depuis 1992,<br />

Stéphane Gagné s’est<br />

spécialisé au fil des<br />

années en habitation,<br />

immobilier, habitation<br />

écologique, design et<br />

architecture. Diplômé<br />

au baccalauréat<br />

en études urbaines<br />

et détenteur d’une<br />

maîtrise en sciences<br />

de l’environnement,<br />

il a une grande sensibilité pour tout ce qui<br />

touche aux enjeux urbains. Il collabore à plusieurs<br />

publications dont Le Devoir, FORMES,<br />

La Maison du XXI e siècle et Québec Habitation.<br />

Il est aussi un grand adepte d’agriculture<br />

urbaine et membre depuis vingt ans<br />

d’un jardin communautaire, où il cultive<br />

un petit lopin de terre. Enfin, c’est aussi un<br />

grand sportif qui a déjà traversé le Canada<br />

à vélo en 1984. Dans ce numéro, Stéphane<br />

nous apprend la définition de « Rurbains »,<br />

le thème du dernier congrès de l’Association<br />

des architectes paysagistes du Québec.<br />

Une série de quatre textes sur diverses initiatives<br />

qui, chacune à leur façon, contribueront<br />

à préserver et mettre en valeur les<br />

paysages québécois et certains d’outre-mer.<br />

formes - v12 n2 - 2016<br />

3


PISCINES SPAS FONTAINES CASCADES JEUX D’EAU PARC AQUATIQUE<br />

PISCINES<br />

PISCINES<br />

SPAS<br />

SPAS<br />

FONTAINES<br />

FONTAINES<br />

CASCADES<br />

CASCADES<br />

JEUX D’EAU<br />

JEUX D’EAU<br />

PARC AQUATIQUE<br />

PARC AQUATIQUE<br />

RÉSIDENTIEL, COMMERCIAL ET INSTITUTIONNELS DEPUIS PLUS DE 60 ANS<br />

RÉSIDENTIEL, COMMERCIAL ET INSTITUTIONNELS DEPUIS PLUS DE 60 ANS<br />

RÉSIDENTIEL, COMMERCIAL ET INSTITUTIONNELS DEPUIS PLUS DE 60 ANS<br />

LUNCH & LEARN<br />

1/ Ingénierie, automation et procédé de traitement<br />

1/ Ingénierie, automation et procédé de traitement<br />

1/ Ingénierie, 2/ Architecture automation et techniques et procédé de construction<br />

de traitement<br />

2/ Architecture et techniques de construction<br />

2/ Architecture 3/ Diminution et techniques de l’empreinte de construction<br />

carbone<br />

3/ Diminution de l’empreinte carbone<br />

3/ Diminution de l’empreinte carbone<br />

VOL.12 Nº2 2016<br />

ÉDITEUR<br />

Claude Paquin<br />

CHIRURGIEN DE L’IMAGE<br />

Gabriel-Thomas Leclerc<br />

RÉDACTRICE EN CHEF<br />

Marie Dallaire<br />

PRODUCTION<br />

Design : ADICC<br />

Impression : Lithochic<br />

POSTE PUBLICATION<br />

N 0 41060025<br />

FORMES est une pu bli cation<br />

objective et indépendante,<br />

libre de tout lien avec quelque<br />

association, organisme ou<br />

regroupement sectoriel que<br />

ce soit, associés de près ou de<br />

loin à l’industrie. Sa mission :<br />

informer par des sujets d’actualité,<br />

débattre des enjeux de<br />

l’industrie, conseiller sur des<br />

techniques et des produits,<br />

cerner les tendances.<br />

FORMES appuie toute<br />

initiative favorisant le développement<br />

durable et une saine<br />

gestion de l’environnement.<br />

Le magazine utilise une encre<br />

écologique et est imprimé sur<br />

du papier recyclé.<br />

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514 736-7637, poste 5<br />

ADMINISTRATION<br />

Magazine FORMES<br />

6718, rue Chambord,<br />

Montréal (Québec)<br />

H2G 3C3 Canada<br />

COUVERTURE<br />

Place Ville-Marie<br />

Photo: Hugues Rivest<br />

(concours de photos Alumia)<br />

Adresse de retour :<br />

Magazine FORMES<br />

6718, rue Chambord,<br />

Montréal (Québec)<br />

H2G 3C3 Canada<br />

ISSN 1911-8333<br />

ABONNEMENT<br />

(Taxes incluses) $CA<br />

Canada<br />

1 an : 27 $, 2 ans : 50 $<br />

Amérique<br />

1 an : 50 $, 2 ans : 85 $<br />

Outre-mer<br />

1 an : 90 $, 2 ans : 155 $<br />

Étudiant -15 %<br />

info@formes.ca<br />

www.formes.ca<br />

Toute demande de reproduction<br />

des textes et des illustrations<br />

doit être acheminée par<br />

écrit à l’éditeur en expliquant<br />

le but de cette demande.<br />

L’éditeur se réserve le droit<br />

de refuser toute demande de<br />

reproduction.<br />

Tél. : 514- 256-1230<br />

1 877 FORMES 9<br />

Télécopieur :<br />

514-736-7637<br />

COLLABORATEURS<br />

Tony Colantonio,<br />

Stéphane Gagné,<br />

Marie Gagnon,<br />

Mario D. Gonçalves,<br />

Sylvie Lallier,<br />

Valérie Levée.<br />

index<br />

Organismes et entreprises<br />

3RMCDQ......................................40<br />

AHMM..........................................42<br />

ADICC..........................................43<br />

AIM................................................40<br />

Aluminium Association.......38, 40<br />

AluQuébec..C-2, 24,25, 28, 34, 45<br />

APDIQ........................................... 50<br />

Artopex.......................................... 50<br />

Arup...............................................42<br />

Association d’isolation du<br />

Québec........................................... 10<br />

Association de l’aluminium du<br />

Canada.... 24, 25, 29, 31, 38, 40, 45<br />

Association des architectes<br />

paysagistes du Québec..........18, 20<br />

Association des fabricants de<br />

meubles du Québec............. 46, 49<br />

Association européenne de<br />

l’aluminium.................................. 41<br />

Banque de terres agricoles du<br />

Québec...........................................20<br />

Bicyclable...................................... 21<br />

BONE Structure..................... 4, 5<br />

Bourassa Maillé Architectes.39, 50<br />

BSG.................................................46<br />

Buckman......................................12<br />

Canam...........................................19<br />

Canal Lachine.............................. 21<br />

Canards Illimités........................... 2<br />

Casa................................................ 50<br />

Individus<br />

Barbeau Jean.................................. 50<br />

Bélec Marie-France...................... 38<br />

Bernardin Gilles............................ 40<br />

Bherer Marc................................... 50<br />

Bilodeau Marc............................... 38<br />

Bolduc Claire................................. 18<br />

Bouchard Jacques......................... 48<br />

Bourassa André......................38, 50<br />

Bradley Jennifer............................ 20<br />

Charron-Doucet François........... 41<br />

Chayer Julie-Anne........................ 34<br />

Clermont Jennifer-Bianka........... 50<br />

PROCHAIN<br />

NUMÉRO<br />

CBDcan – Québec....................... 36<br />

CCQ.............................................C-3<br />

Centre de l'escalier .....................46<br />

Centre de recherche sur<br />

l’aluminium -<br />

REGAL.................25, 28, 36, 40, 45<br />

Chaire en paysage et<br />

environnement............................. 18<br />

CLEB.............................................. 38<br />

Conseil de l’enveloppe du<br />

bâtiment du Québec...... 10, 16, 24<br />

CPCI..............................................13<br />

Demilec.................................... 11<br />

Desjardins Bherer........................ 50<br />

Entreprises Marchand...............39<br />

Extrudex........................................ 28<br />

Fonds imm. de solidarité FTQ.37<br />

FORMES..................................24, 50<br />

Génilus..........................................44<br />

GRAPP..........................................20<br />

Groupe AGECO.....................34, 41<br />

Groupe des sept......................29, 30<br />

Héritage Terrebonne...................20<br />

Industries Panfab.....26,29, 36, 42<br />

INÉDI............................................46<br />

International Aluminium<br />

Institute......................................... 24<br />

Jardins de Métis...........................20<br />

JLP Architectes............................ 30<br />

Kawneer........................................35<br />

Comeau Benoit.................26, 29, 42<br />

D’Auteuil Jean-Pierre..............26, 45<br />

de la Chevrotière Alexandre...........<br />

............................................27, 29, 44<br />

Domon Gérald.............................. 18<br />

Drouin Sylvie................................ 50<br />

Dumas Réjean............................... 20<br />

Fafard Mario.................................. 26<br />

Giasson Isabelle............................ 21<br />

Gonçalves Mario........................... 10<br />

Guillot Michel.............25, 28, 40, 45<br />

Harvey Philippe............................ 50<br />

Les annonceurs apparaissent en caractères gras<br />

L’Empreinte québécoise..............46<br />

Lemay et Associés..................30, 44<br />

MAADI Group.........26, 29, 44, 45<br />

MAISON&OBJET PARIS........23<br />

MDDELCC...................................20<br />

MESI...............................26, 45, C-4<br />

Metra Aluminium....................... 28<br />

Michael Stacey Architects.......... 24<br />

Ministère de l’Éducation............ 26<br />

Ministère des Transports..... 27, 45<br />

Mobican .......................................46<br />

MRC Brome-Missisquoi.............20<br />

MSDL.......................................29, 30<br />

NFOE et Associés .................30, 44<br />

Ordre des architectes<br />

du Québec..................................... 10<br />

Owens Corning...........................15<br />

Parc linéaire de la rivière Saint-<br />

Charles........................................... 21<br />

Parkin Architects........................ 30<br />

Penoyre et Prasad........................42<br />

Pexal Tecalum.............................. 28<br />

Prix Habitat Design............47, 50<br />

Promenade Fleuve-Montagne... 21<br />

Promenade Samuel-de-<br />

Champlain.................................... 21<br />

Provencher_Roy........................... 32<br />

Rendez-vous<br />

des éco-matériaux........................ 8<br />

Renzo Piano Building<br />

Kieran Timberlake....................... 44<br />

Lalancette Stéphane...................... 10<br />

Lalumière Michèle........................ 50<br />

Lamer Jean-Pierre........................ 10<br />

Lefèvre Patricia............................. 20<br />

LeTourneux Jean-Pierre.........29, 30<br />

Lung Stanley.................................. 22<br />

Martineau Francine...................... 50<br />

Massé Kevin............................29, 30<br />

Nagan Deborah............................. 20<br />

Paradis Véronique........................ 46<br />

Partouche Maxime....................... 50<br />

ÉCOMATÉRIAUX, LA NOUVELLE FILIÈRE<br />

TECHNOLOGIE NUMÉRIQUE ET CONSTRUCTION:<br />

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LES OCCASIONS DE DÉVELOPPEMENT<br />

Workshop...................................... 30<br />

RHO ..............................................46<br />

Société d’habitation du Québec.. 26<br />

Société québécoise des<br />

infrastructures.........................26, 38<br />

Solidarité rurale du Québec........ 18<br />

Soprema......................................... 17<br />

Snoc................................................ 44<br />

Stefano Domenici Architecte...... 32<br />

Stratégie québécoise<br />

de développement<br />

de l’aluminium........................25, 45<br />

Turenscape..................................... 22<br />

Union des municipalités du<br />

Québec........................................... 20<br />

Université de Nottingham........... 24<br />

Université de Waterloo................ 36<br />

Université Laval... 25, 28, 36, 40, 45<br />

UQAC............................................ 26<br />

Urbana........................................... 44<br />

Unisson Structures....................... 44<br />

Val-Mar........................................... 6<br />

Valmont......................................... 44<br />

Vanico-Maronyx ..........................46<br />

Ville de Gaspé............................... 20<br />

Ville de Terrebonne...................... 20<br />

Vitreco............................................ 38<br />

Vortex ............................................46<br />

Yelle Maillé et associés<br />

architectes...................................... 10<br />

Poitras Jean-Claude................46, 50<br />

Prouvé Jean.................................... 44<br />

Richard Pierre............................... 46<br />

Reford Alexander......................... 20<br />

Simard Jean.......... 25, 29, 38, 40, 45<br />

Stacey Michael..................................<br />

...................24, 29, 30, 34, 36, 40, 42<br />

Trahan Jean-Luc...............25, 28, 34<br />

Tremblay Jacques....................26, 38<br />

Trillaud-Doppia Camille............. 20<br />

Tubbs Ralph.................................. 44<br />

val-mar.ca/diner-conference<br />

val-mar.ca/diner-conference<br />

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formes - v12 n2 - 2016<br />

7


ISOLATION THERMIQUE<br />

10<br />

matériaux<br />

THERMOGRAPHIE<br />

14<br />

sommaire<br />

Agenda<br />

Index<br />

7<br />

LES RURBAINS<br />

FRONTIÈRE RURAL-URBAIN<br />

18<br />

en couverture<br />

ALUMINIUM POUR<br />

CONSTRUIRE <strong>DURABLE</strong><br />

STRATÉGIE ET GRAPPE<br />

INDUSTRIELLES<br />

ALUMINIUM 101<br />

24<br />

25<br />

28<br />

PROJETS D’AMÉNAGEMENT<br />

20<br />

L’ALUMINIUM<br />

POLYVALENT<br />

30<br />

PARCS LINÉAIRES<br />

21<br />

DU BON USAGE DE<br />

L’ALUMINIUM<br />

34<br />

perspectives<br />

VILLES ÉPONGES<br />

22<br />

LONGÉVITÉ<br />

+ RECYCLAGE<br />

= DURABILITÉ<br />

DU BÂTIMENT À<br />

LA VILLE <strong>DURABLE</strong><br />

40<br />

42<br />

LE MEUBLE DU QUÉBEC<br />

46<br />

réalisations<br />

PRIX HABITAT DESIGN<br />

50<br />

formes - v12 n2 - 2016<br />

9


7 E COLLOQUE SUR L’ENVELOPPE DU BÂTIMENT<br />

UN GESTE FORT ET À PORTÉE – FACE À L’URGENCE D’AGIR<br />

matériaux<br />

Marie Dallaire<br />

SOLUTION<br />

RADON<br />

EN UNE APPLICATION!<br />

formes - v12 n2 - 2016<br />

10<br />

Mario Gonçalves est<br />

ingénieur professionnel et<br />

consultant senior dans le<br />

domaine de l’enveloppe<br />

du bâtiment depuis vingtcinq<br />

ans. À la fois président<br />

du Conseil de l’enveloppe<br />

du bâtiment du Québec<br />

(CEBQ) à Montréal et<br />

codirecteur du Conseil<br />

national de l’enveloppe<br />

du bâtiment du Canada<br />

(NBEC), il agit également<br />

à titre de président du<br />

Conseil et laboratoire en<br />

enveloppe du bâtiment<br />

(CLEB), dont la mission<br />

est d’offrir des services de<br />

consultation et d’essais<br />

exclusivement dédiés au<br />

domaine de la science du<br />

bâtiment, partout dans<br />

l’est du Canada et le nordest<br />

des États-Unis grâce<br />

à cinq bureaux situés à<br />

Montréal, Québec, Ottawa,<br />

Truro et New York.<br />

un ultimatum. Le réchauffement<br />

climatique semble irrémédiable.<br />

Pour y faire face, les avancées liées<br />

C’est<br />

au domaine de la construction se<br />

multiplient tandis que les normes se resserrent<br />

comme des étaux. De nombreux secteurs d’activité<br />

doivent prendre le train en marche et revoir<br />

leurs pratiques de fond en comble. Dans ce sens,<br />

le colloque sur « La nouvelle “R” de l’isolation<br />

thermique » qui s’est tenu au Palais des congrès les<br />

30 et 31 mars dernier a constitué l’un de ces gestes<br />

forts pour l’industrie québécoise du bâtiment.<br />

C’est la septième année que le Conseil de l’enveloppe<br />

du bâtiment du Québec (CEBQ) réunit<br />

des architectes, ingénieurs, technologues et représentants<br />

de l’industrie autour d’un forum traitant<br />

des plus récentes percées scientifiques et technologiques<br />

en science du bâtiment. Cette année, le<br />

CEBQ a organisé son événement en collaboration<br />

avec l’Association d’isolation du Québec (AIQ).<br />

Président du CEBQ depuis 2006, Mario Gonçalves<br />

se dit très satisfait du déroulement de l’événement<br />

: « Le contenu des présentations était très<br />

ciblé, mais malgré ce côté technique très poussé,<br />

on est arrivé à rejoindre les gens des différents<br />

secteurs de l’industrie. Une bonne part du succès<br />

de l’événement vient de la qualité des participants,<br />

qui ont des besoins précis, et du sérieux des partenaires.<br />

Ce n’est pas un lieu pour faire de la vente,<br />

mais pour échanger de l’information. Un bon<br />

exemple de ça, c’est la conférence sur les différents<br />

types d’isolants qui réunissait des représentants de<br />

l’industrie. D’habitude, ces gens-là se font compétition,<br />

mais ici ils ont travaillé ensemble et ont<br />

développé un contenu technique très pertinent.<br />

Ils ont mis de côté l’aspect commercial de leurs<br />

produits, ils sont restés très neutres. »<br />

Depuis 2009, le CEBQ organise son colloque<br />

annuel en partenariat avec l’Ordre des architectes<br />

du Québec (OAQ). L’organisme s’assure ainsi que<br />

les contenus offerts répondent aux exigences de<br />

formation continue obligatoire de l’OAQ. Jean-<br />

Pierre Lamer et Stéphane Lalancette, architectes<br />

associés chez Yelle Maillé et associés architectes,<br />

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formes - v12 n2 - 2016<br />

12<br />

Jean-Pierre Lamer,<br />

architecte senior principal<br />

associé, évolue au sein<br />

de la firme Yelle Maillé<br />

et associés architectes<br />

(YMa) depuis seize ans<br />

et cumule plus de trente<br />

ans d’expérience. Fondée<br />

en 1994, la firme dispose<br />

de 33 professionnels<br />

expérimentés œuvrant<br />

dans le secteur public<br />

et plus particulièrement<br />

dans les domaines de la<br />

santé, de la recherche et<br />

de l’éducation. Ses services<br />

englobent également<br />

les volets résidentiel,<br />

commercial et industriel.<br />

sont au nombre de ceux qui ont renouvelé encore<br />

cette année leur participation au colloque du<br />

CEBQ. « Pour qui veut se tenir au courant des derniers<br />

développements technologiques en matière<br />

de produits, d’assemblage de systèmes et de recherche<br />

en général, le concept de colloque sur l’enveloppe<br />

du bâtiment est très important et stimulant,<br />

affirme Jean-Pierre Lamer. Les conférences<br />

sont de haut niveau et les sujets pertinents. Malgré<br />

le caractère très théorique de certains contenus,<br />

les exposés sont bien rendus et exprimés en appui<br />

avec des exemples très concrets dans la réalité de<br />

la construction. Assister à des présentations de<br />

projets de résidences écoénergétiques; découvrir<br />

de nouveaux logiciels capables de mettre en<br />

application des calculs très complexes; passer à<br />

une activité “table ronde” qui donne lieu à des<br />

échanges musclés et porteurs de réflexion entre<br />

acteurs du milieu de la construction provenant<br />

de divers horizons; c’est très formateur pour nous.<br />

Autre aspect non négligeable : notre présence ici<br />

assure le rayonnement de notre firme auprès de la<br />

communauté. Il en va de même du contact avec<br />

les représentants de l’industrie, qui peut conduire<br />

à des développements futurs. Bref, ce colloque est<br />

le genre d’événement qui nous stimule à toujours<br />

mieux performer en nous proposant des moyens<br />

d’atteindre nos objectifs techniques plus facilement<br />

et de façon rigoureuse. »<br />

L’enveloppe du bâtiment étant un domaine<br />

d’une grande précision, le défi de varier l’angle<br />

pour en parler est toujours présent année après<br />

année. Pour leur septième événement, les<br />

membres du comité organisateur ont choisi d’offrir<br />

des contenus de pointe : nouvelle cote « R »<br />

d’isolation thermique, types d’isolants et leurs<br />

propriétés physiques, ponts thermiques, nouveautés<br />

dans les programmes Novoclimat, tendance<br />

des bâtiments à énergie nette zéro, charrette<br />

de conception… Également, ils ont eu l’idée<br />

de conclure ces deux jours de grande technicité<br />

par une table ronde plus terre à terre, visant à<br />

mettre en lumière les différentes réalités de chantier<br />

avec lesquelles entrepreneurs et professionnels<br />

doivent composer. Pour Mario Gonçalves<br />

comme pour bon nombre de participantes et de<br />

participants, cette dernière conférence a été un<br />

coup de cœur : « Voir cette proximité d’acteurs de<br />

tous horizons témoigner d’une nécessaire harmonisation<br />

des relations entre les différents intervenants<br />

d’un chantier pour améliorer la gestion des<br />

projets a été une belle façon de terminer notre colloque.<br />

Pour faire le poids face aux exigences des<br />

clients, aux réglementations, aux délais serrés et<br />

aux budgets réduits, tout en maintenant une qualité<br />

d’exécution irréprochable, il faut absolument<br />

développer un esprit collaboratif sur les chantiers.<br />

Le défi est de taille. C’est au prix d’un maintien<br />

du niveau de CERTIFIED<br />

connaissance élevé, mais aussi d’une<br />

conception intégrée PLANT que toutes les fonctions d’un<br />

bâtiment peuvent être optimisées, selon des standards<br />

de performance sans compromis. En plus,<br />

ce que les conférenciers nous ont dit, c’est qu’en<br />

cette matière, il faut passer de la théorie à la pratique.<br />

L’expertise multidisciplinaire et collaborative,<br />

ça ne s’improvise pas. Il faut des plateformes<br />

d’échange pour la mettre en œuvre. C’est ça pour<br />

moi le message fort du colloque. »<br />

L’Institut canadien du béton préfabriqué/précontraint (CPCI), la National Precast Concrete Association (NPCA)<br />

et le Precast/Prestressed Concrete Institute (PCI) ont récemment publié les « Déclarations environnementales de<br />

produits » (DEP) de trois importantes catégories de produits préfabriqués en béton. Les DEP permettront aux<br />

architectes, aux ingénieurs, aux propriétaires d’immeubles et autres spécialistes de mieux comprendre les impacts<br />

environnementaux des produits de béton préfabriqué et précontraint.<br />

La DEP, c’est un outil complet, normalisé, internationalement reconnu, conforme aux normes ISO et vérifié par une<br />

tierce- partie, et qui a pour objectif de fournir des informations sur l’impact environnemental d’un produit.<br />

La DEP à l’échelle de l’industrie est maintenant disponible pour les panneaux architecturaux, les panneaux muraux<br />

isolés, les produits structuraux ainsi que les produits souterrains en béton préfabriqué.<br />

Téléchargez les DEP pour les produits en béton préfabriqué : sustainableprecast.ca | precast.org | pci.org<br />

Les membres du CPCI, de la NPCA et du PCI sont fiers d’être les partenaires de ces deux initiatives de<br />

développement durable de l’industrie nord-américaine :<br />

DÉCLARATION ENVIRONNEMENTALE DE PRODUITS EN BÉTON PRÉFABRIQUÉ<br />

PROGRAMME NORD-AMÉRICAIN D’USINE DE BÉTON PRÉFABRIQUÉ EN DÉVELOPPEMENT <strong>DURABLE</strong><br />

Member<br />

.ca<br />

CPCI – Canadian Precast/Prestressed Concrete Institute @CPCI_Canada CPCI_Canada<br />

.ca<br />

.ca<br />

.ca


perspectives matériaux<br />

formes - v12 n2 - 2016<br />

14<br />

THERMOGRAPHIE INFRAROUGE<br />

ET AUTRES OUTILS DE DIAGNOSTIC<br />

1 2 3 4 5 6 7<br />

8<br />

9<br />

10<br />

11<br />

Mario D. Gonçalves, CLEB<br />

et Tony Colantonio, TPSGC<br />

La<br />

thermographie infrarouge utilisée<br />

pour des bâtiments de<br />

grande envergure est un excellent<br />

outil pour aider à identifier<br />

et à localiser les fuites d’air et la présence d’humidité<br />

dans les assemblages de murs extérieurs. Par<br />

contre, la thermographie infrarouge, à elle seule,<br />

ne peut pas identifier la cause ou la source d’une<br />

anomalie donnée. En fait, ce qui apparaît comme<br />

une anomalie, si l’on se base uniquement sur une<br />

image infrarouge, peut ne pas nécessairement<br />

être un problème (tel qu’illustré aux figures 1, 2 et<br />

3 – l’anomalie notée à l’extérieur provient en fait<br />

d’une source de chaleur intérieure). Une interprétation<br />

appropriée fondée sur une évaluation<br />

approfondie de l’immeuble en cours d’étude, ainsi<br />

qu’une solide compréhension des principes de la<br />

science du bâtiment et des forces dynamiques qui<br />

agissent sur l’enveloppe du bâtiment, sont d’une<br />

importance capitale.<br />

La thermographie infrarouge est une technologie<br />

qui permet aux infrarouges ou au rayonnement<br />

thermique d’être traduits en une image visible.<br />

Combinée à d’autres outils de diagnostic, la<br />

thermographie infrarouge peut être utilisée pour<br />

évaluer les fuites d’air et la performance thermique<br />

d’une enveloppe de bâtiment. Les pertes<br />

de chaleur par conduction (figure 4), convection<br />

(figure 5) et fuites d’air (figure 6), ainsi que<br />

la présence d’humidité dans un assemblage de<br />

mur extérieur peuvent être détectées par l’utilisation<br />

de la thermographie infrarouge. Chacun<br />

de ces différents modes de transfert de chaleur<br />

et d’humidité se traduit en différentes expressions<br />

thermiques qui doivent être interprétées<br />

en conséquence. Le respect des conditions ambiantes<br />

nécessaires pour chaque type d’inspection<br />

de bâtiment est indispensable pour s’assurer que<br />

l’inspection thermographique produise des résultats<br />

appropriés. Une inspection effectuée dans des<br />

conditions ambiantes inappropriées ne fournira,<br />

au mieux, aucun résultat, et fournira, au pire, des<br />

résultats erronés.<br />

Les caméras à infrarouges utilisées dans le<br />

domaine du bâtiment sont offertes en une variété<br />

de modèles et de prix. Outre l’utilisation d’une<br />

caméra et d’une lentille appropriées pour une<br />

situation donnée, la compétence de la personne<br />

opérant l’appareil et effectuant l’inspection est le<br />

facteur le plus déterminant dans l’obtention d’une<br />

évaluation précise de la performance de l’enveloppe<br />

du bâtiment. Une excellente caméra utilisée<br />

selon les mauvais paramètres et dans des conditions<br />

ambiantes inappropriées va inévitablement<br />

fournir des résultats trompeurs et erronés. Fournir<br />

des résultats basés sur une évaluation inexacte<br />

aura ultérieurement un impact important sur le<br />

processus de prise de décision. Dans certains cas,<br />

ce qui semble être une anomalie peut en fait ne<br />

pas être un problème du tout, et une évaluation<br />

inexacte peut entraîner la recommandation inutile<br />

de mesures correctives considérables. Dans<br />

d’autres cas, une évaluation inexacte peut faire en<br />

sorte que des anomalies importantes passent inaperçues.<br />

Lorsque le bâtiment visé est de grande<br />

envergure, l’évaluation inexacte d’une déficience<br />

donnée peut se répéter plusieurs fois à travers<br />

l’ensemble du bâtiment et peut, comme résultat,<br />

mener à de graves conséquences.<br />

Une condition préalable pour tout thermographe<br />

spécialisé en bâtiment, particulièrement<br />

de grande envergure, est une compréhension<br />

approfondie de la science du bâtiment et de la<br />

construction. Le niveau d’expertise d’un thermographe<br />

varie considérablement selon ses champs<br />

d’application. Un thermographe en toiture expérimenté,<br />

par exemple, n’a pas forcément l’expérience<br />

nécessaire pour entreprendre une évaluation<br />

thermographique en enveloppe du bâtiment,<br />

tout comme un thermographe en bâtiment n’a<br />

pas toujours les qualifications requises pour procéder<br />

à des inspections électriques. Une autre distinction<br />

est la différence entre les inspections de<br />

domiciles et celles de bâtiments de grande envergure,<br />

lesquelles exigent des compétences différentes<br />

et, souvent, de l’équipement et des outils de<br />

diagnostic différents.<br />

VOICI UN SYSTÈME<br />

COMPLET D’ENVELOPPES<br />

DE BÂTIMENT À HAUTE<br />

PERFORMANCE<br />

Système de toiture à haute performance<br />

• Bardeaux Duration ® TruDefi nition ®<br />

• Sous-couche Deck Defense ®<br />

• Pare-eau et pare-glace WeatherLock ®<br />

• Isolant en vrac PROPINK ®<br />

• Évents d’entretoit raft-R-mate ®<br />

Système pare-air et pare-humidité<br />

extérieur CodeBord ®<br />

• Isolant de polystyrène extrudé rigide<br />

FOAMULAR ® CodeBord ® et joints scellés avec<br />

du ruban (ruban JointSealR MC )<br />

• Ruban pour solins FlashSealR ®<br />

• Isolant ROSE FIBERGLAS ® EcoTouch ®<br />

(R-20/22/24)<br />

Système d’isolation et de gestion<br />

de l’humidité à haute performance<br />

pour sous-sols<br />

• FOAMULAR ® CodeBord ®<br />

• Isolant ROSE FIBERGLAS ® EcoTouch ®<br />

Système à haute performance<br />

pour dalles de sous-sol<br />

• Isolant de polystyrène extrudé rigide FOAMULAR ®<br />

CodeBord ® et joints scellés avec du ruban<br />

(ruban JointSealR MC )<br />

Le Système complet d’enveloppes de bâtiment à haute performance<br />

ComfortSHIELD MC d’Owens Corning est un système complet de gestion de la<br />

chaleur, de l’air et de l’humidité pour les enveloppes de bâtiment à haute performance.<br />

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MINIMUM 73 % CONTENU RECYCLÉ<br />

64 % APRÈS CONSOMMATION<br />

9 % AVANT CONSOMMATION<br />

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MINIMUM 20 % CONTENU RECYCLÉ<br />

AVANT CONSOMMATION<br />

LA PANTHÈRE ROSE MC & © 1964-2015 Metro-Goldwyn-Mayer Studios Inc. Tous droits réservés. La couleur ROSE est une marque déposée de Owens Corning.<br />

© 2015 Owens Corning. Tous droits réservés. Le contenu de 73 % de matières recyclées est basé sur le contenu moyen en verre recyclé de tous les isolants en<br />

fibre de verre en matelas, en rouleau et en vrac sans liant de Owens Corning fabriqués au Canada. Minimum 20 % de matières recyclées. Certifié par SCS.


12<br />

13<br />

14<br />

15<br />

Pour conclure, une liste non exhaustive de<br />

quelques notions de base élémentaires doivent<br />

s’appliquer à l’évaluation de l’enveloppe de bâtiments<br />

de grande envergure, notamment :<br />

Les réglages de la caméra – des photographies<br />

réelles des zones inspectées devraient également<br />

être enregistrées et mises en référence<br />

aux thermogrammes (figures 8 et 9).<br />

Les conditions ambiantes extérieures.<br />

Les conditions ambiantes intérieures – la mise<br />

sous pression du bâtiment est de loin le<br />

facteur le plus important et le plus crucial<br />

à surveiller et contrôler au moment d’entreprendre<br />

une évaluation thermographique<br />

de l’enveloppe d’un bâtiment. Un équipement<br />

portatif de pressurisation à haute<br />

puissance est requise pour créer les conditions<br />

de pression nécessaires (figures 10 et<br />

11).<br />

Le processus d’inspection fait en conformité<br />

avec les normes reconnues de l’industrie.<br />

Les principales références étant : CAN/<br />

CGSB 149-GP-2MP: Manual for Thermographic<br />

Analysis of Building Enclosures;<br />

ASTM C1060: Standard Practice for Thermographic<br />

Inspection of Insulation Installations<br />

in Envelope Cavities of Frame Buildings;<br />

ANSI-ASHRAE 101: Application of<br />

Infrared Sensing Devices to the Assessment<br />

of Building Heat Loss Characteristics; ASTM<br />

E1186: Standard Practice for Air Leakage<br />

Site Detection in Building Envelopes and Air<br />

Barrier Systems; ASTM E779: Standard Test<br />

Method for Determining Air Leakage Rate by<br />

Fan Pressurization. En plus des références<br />

citées ci-dessus, un ensemble de spécifications<br />

génériques développé au Canada par<br />

le Devis directeur national (DDN) introduira<br />

quatre nouvelles sections relatives à<br />

la spécification de services d’inspection de<br />

l’enveloppe de bâtiments, de toitures et de<br />

systèmes électriques et mécaniques.<br />

La validation des causes des observations<br />

notées avec la caméra infrarouge. L’explication<br />

de certaines anomalies devrait, au<br />

minimum, être appuyée par des dessins<br />

de détails (figure 12). Lorsqu’une analyse<br />

complémentaire est nécessaire, un démantèlement<br />

extérieur ou intérieur (figure 13)<br />

et/ou des essais de fumée devraient être<br />

entrepris (figures 14 et 15). Également, une<br />

formation technique ou professionnelle en<br />

conception d’enveloppe de bâtiment et en<br />

performance hygrothermique, combinée à<br />

de l’expérience pertinente de chantiers de<br />

grands bâtiments, est essentielle.<br />

25 ANS DE CONFÉRENCES, D’ÉCHANGES ET D’AVANCEMENT<br />

SUR L’ENVELOPPE DU BÂTIMENT<br />

www.cebq.org<br />

COMMENT CHOISIR LE<br />

BON PARE-AIR PERMÉABLE ?<br />

par Jean-François Côté, directeur, affaires scientifiques et normalisation, SOPREMA<br />

Lors de la conception de murs, plusieurs éléments doivent être pris en considération, dont la sélection du pare-air. Le but<br />

principal d’un pare-air est de prévenir les fuites d’air au travers de l’enveloppe du bâtiment. En effet, une circulation d’air<br />

non maîtrisée peut entraîner une perte de chaleur et des coûts énergétiques élevés, sans parler des risques de<br />

condensation et d’apparition de moisissures dans l’assemblage.<br />

DIFFÉRENTS TYPES DE PARE-AIR,<br />

DIFFÉRENTS BESOINS<br />

Les pare-air sont catégorisés selon leur perméance à la vapeur d’eau. Par conséquent, la quantité de vapeur d’eau qui traverse un mur est également<br />

propre à chaque type de pare-air. Le schéma ci-dessous présente les effets de la diffusion de la vapeur d’eau par type de pare-air en été lorsqu’il fait chaud<br />

et à l’automne lorsque les températures deviennent plus froides.<br />

De plus, la dynamique de séchage de tout assemblage de mur sera dictée par le matériau qui présente la plus faible perméance à la vapeur d’eau. Les<br />

bénéfices potentiels d’un pare-air hautement perméable seront bien souvent réduits parce qu’un autre matériau régira le séchage de l’assemblage.<br />

PARE-AIR<br />

PARE-AIR<br />

< 1 US PERMS PARE-VAPEUR<br />

± 10 US PERMS PARE-VAPEUR<br />

< 0.1 US PERMS < 0.1 US PERMS<br />

EXTÉRIEUR<br />

INTÉRIEUR<br />

EXTÉRIEUR<br />

INTÉRIEUR<br />

EXTÉRIEUR<br />

ÉTÉ<br />

Diffusion<br />

de la vapeur<br />

vers l’intérieur<br />

AUTOMNE<br />

Diffusion<br />

de la vapeur<br />

vers l’extérieur<br />

ÉTÉ<br />

Diffusion<br />

de la vapeur<br />

vers l’intérieur<br />

AUTOMNE<br />

Diffusion<br />

de la vapeur<br />

vers l’extérieur<br />

COMMENT FAUT-IL CHOISIR UN PARE-AIR ?<br />

En plus des critères mentionnés précédemment, d’autres facteurs sont<br />

également pris en compte :<br />

• Présence d’isolant dans la cavité,<br />

• Présence d’isolant à l’extérieur de l’enveloppe,<br />

• Capacité de stockage d’eau par le revêtement.<br />

ÉTÉ<br />

Diffusion<br />

de la vapeur<br />

vers l’intérieur<br />

AUTOMNE<br />

Diffusion<br />

de la vapeur<br />

vers l’extérieur<br />

PARE-AIR<br />

> 30 US PERMS PARE-VAPEUR<br />

< 0.1 US PERMS<br />

INTÉRIEUR<br />

IL EST À NOTER QUE<br />

PLUS UN PARE-AIR EST<br />

PERMÉABLE, PLUS IL<br />

LAISSE ENTRER LA<br />

VAPEUR D’EAU.<br />

TOUS CES ÉLÉMENTS VIENNENT COMPLIQUER LE SÉCHAGE<br />

D’UN MUR HUMIDE. BREF, IL EST PRIMORDIAL DE FAIRE LE<br />

CHOIX DE LA MEMBRANE EN CONSIDÉRANT LE TYPE DE<br />

MUR DANS LEQUEL LA MEMBRANE SERA INSTALLÉE ET<br />

PAS SEULEMENT LA PERMÉANCE DE CELLE-CI.<br />

formes - v12 n2 - 2016<br />

16<br />

TOITS MURS FONDATIONS STATIONNEMENTS PONTS AUTRES SPÉCIALITÉS<br />

ÉTANCHÉITÉ ISOLATION VÉGÉTALISATION INSONORISATION COMPLÉMENTS<br />

SOPREMA est une entreprise manufacturière d’envergure internationale qui se spécialise dans la fabrication<br />

de produits d’étanchéité, d’isolation, de végétalisation et d’insonorisation pour la construction et le génie civil.<br />

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SOPRASEAL ®<br />

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MEMBRANE PARE-AIR PERMÉABLE À LA VAPEUR D’EAU


perspectives<br />

LES RURBAINS OU LA MINCE FRONTIÈRE ENTRE<br />

LE RURAL ET L’URBAIN<br />

conception<br />

sur mesure.<br />

rÉALisAtion<br />

HAute Vitesse.<br />

formes - v12 n2 - 2016<br />

Paysage agricole,<br />

L'Isle-aux-Coudres<br />

Maillage villégiature<br />

et agriculture, Glen<br />

Sutton<br />

Parmi les éléments<br />

qui exercent une<br />

grande influence sur<br />

les paysages ruraux, il<br />

y a la villégiature. Un<br />

exemple, les développements<br />

immobiliers<br />

qui grugent les flancs<br />

de montagne<br />

Photos : FORMES<br />

Au<br />

début avril, sous le thème « Les Rurbains :<br />

réimaginer les frontières du paysage », le<br />

congrès de l’Association des architectes<br />

paysagistes du Québec explorait la frontière<br />

de plus en plus floue qui existe entre l’urbain et le rural.<br />

Grâce au télétravail, de nombreuses personnes sont indépendantes<br />

des grands centres et se sont installées en milieu rural.<br />

Ces gens, appelés les rurbains, redéfinissent les frontières entre<br />

l’urbanité et la ruralité. L’industrialisation a elle aussi eu ses<br />

effets sur le paysage. Claire Bolduc, présidente de Solidarité<br />

rurale du Québec et Gérald Domon, professeur titulaire et<br />

directeur scientifique associé à la Chaire en paysage et environnement<br />

(Université de Montréal), ont discuté de cette<br />

question lors du congrès.<br />

Depuis le milieu des années 1970, la loi sur la protection du<br />

territoire agricole protège les terres cultivables du développement<br />

urbain. Mais cela n’a pas pour autant freiné l’étalement<br />

urbain au Québec (une récente étude a démontré que l’étalement<br />

urbain était encore très important ici) et cela n’a pas<br />

assuré une protection des paysages, et encore moins une harmonisation<br />

du cadre bâti.<br />

Industrialisation = uniformisation<br />

Au fil des années, l’industrialisation croissante de l’agriculture<br />

a aussi eu des impacts sur le paysage. En se promenant<br />

dans divers milieux ruraux, on peut constater ces effets pervers.<br />

Cela a notamment amené une certaine uniformisation du bâti<br />

et des espaces ruraux. Gérald Domon donne deux exemples de<br />

cette réalité. Autour de Saint-Hyacinthe, on trouve d’immenses<br />

champs de blé d’Inde où il n’y a rien d’autre que cette culture,<br />

plus de boisés ou autres végétations. Même chose du côté de<br />

Weedon, en Estrie, où cette fois-ci, c’est la culture du sapin de<br />

Noël qui domine. Côté bâti, c’est le modèle d’étable du MAPAQ<br />

qui s’est imposé alors qu’auparavant, les granges avaient une<br />

architecture diversifiée.<br />

Claire Bolduc, qui déplore aussi cette uniformisation des<br />

paysages, croit qu’elle est en partie attribuable à la tendance<br />

actuelle à centraliser les décisions à Québec. Une centralisation<br />

qui tend à uniformiser à outrance.<br />

Conserver l’identité du rural<br />

Autre constat fait par nos intervenants : la tendance à transposer<br />

le modèle urbain dans les milieux ruraux. Exemple : les<br />

centres commerciaux de type power center que l’on retrouve en<br />

grand nombre en périphérie des centres urbains. Pourquoi, se<br />

demande les intervenants, transposer ce modèle en campagne,<br />

qui a pour effet de dénaturer son caractère distinct?<br />

Il y a plusieurs années, des citoyens de l’île d’Orléans, menacée<br />

par un projet de centre commercial, avaient réussi à protéger<br />

leur territoire contre cette intrusion. Plus récemment, les<br />

citoyens de Val-David ont empêché avec succès le déménagement<br />

de leur supermarché Metro (situé au cœur du village)<br />

le long de la route 117. Ce genre de victoire contre l’envahissement<br />

du modèle urbain est encore trop peu fréquent, selon<br />

eux.<br />

« Le problème, c’est que les urbains s’installent en campagne<br />

avec leurs valeurs urbaines, dit Claire Bolduc. Ils considèrent<br />

encore trop les milieux ruraux comme des espaces en attente<br />

de développement. Comme si la campagne ne pouvait pas<br />

avoir son identité propre. »<br />

Un rural méconnu<br />

Le rural intéresse peu. Gérald Domon affirme être le seul<br />

professeur de son département à en parler dans ses cours.<br />

Pourtant, depuis les États généraux sur le monde rural de 1991,<br />

« le rural a changé et des initiatives innovatrices ont été prises,<br />

mais cela ne se reflète pas dans les médias qui sont très “montréalcentristes”<br />

», déplore Claire Bolduc.<br />

Par exemple, à la suite des États généraux, il y a eu la création<br />

de Solidarité rurale. Ensuite, en 2001, le gouvernement<br />

adoptait sa première Politique nationale sur la ruralité, dont<br />

la troisième mouture a été adoptée en 2013. Cet intérêt accru<br />

pour le monde rural a amené dans son sillage plusieurs expériences<br />

innovatrices, issues notamment de l’économie sociale.<br />

Solidarité rurale en analyse 12 sur son site Internet. Et il y en a<br />

d’autres. « Les médias doivent ouvrir leurs horizons sur toutes<br />

les réalités, incluant celles du rural », dit M me Bolduc.<br />

L’influence des villégiateurs<br />

Parmi les éléments qui exercent une grande influence sur<br />

les paysages ruraux, il y a la villégiature. La municipalité de<br />

Saint-Sauveur, dans les Laurentides, avec ses chalets parsemés<br />

un peu partout, ne ressemble en rien à une municipalité<br />

dévitalisée comme Rivière-à-Claude, par exemple, en Gaspésie.<br />

Dans ces lieux, le paysage se caractérise notamment par<br />

l’abandon de maisons et la présence de terres en friche. Une<br />

région de villégiature peut aussi connaître une baisse de popularité<br />

et ne plus être la saveur du jour. C’est le cas en ce moment<br />

avec l’île d’Orléans et Charlevoix, où l’on trouve en ce moment<br />

plusieurs maisons en vente, selon M me Bolduc. Mais cela peut<br />

n’être que temporaire et changer.<br />

On le voit, le monde rural et les problématiques qui s’y rattachent<br />

sont complexes. À cela s’ajoute l’urbanité, qui s’introduit<br />

dans ce monde et oblige à redéfinir les paysages.<br />

muroX<br />

SyStème d’enveloppe de bâtiment préfabriqué<br />

Oubliez les paradigmes concernant les bâtiments préfabriqués. notre solution unique<br />

de panneaux de mur porteur préfabriqués sur mesure réunit fonctionnalité et flexibilité<br />

de conception pour laisser libre cours à votre créativité, sans compromis sur la qualité<br />

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18


DES PROJETS D’AMÉNAGEMENT VARIÉS<br />

LES PARCS LINÉAIRES<br />

VOIR LE PAYSAGE AUTREMENT<br />

formes - v12 n2 - 2016<br />

perspectives<br />

Le ruisseau de feu, mise en<br />

valeur d’une vaste plaine<br />

inondable en bordure de la<br />

rivière des Prairies.<br />

Photo : Canards Illimités Canada<br />

La Charte des paysages<br />

Ville de Gaspé<br />

Photo : Dorine Dupuis<br />

L’organisme Banque de<br />

terres agricoles du Québec<br />

jumelle des propriétaires<br />

de terres agricoles qui ont<br />

des espaces non cultivées<br />

avec des gens qui ont des<br />

projets d’agriculture.<br />

Photo : Leslie Charbonneau<br />

Souvent Me Souviens.<br />

Chacune des cabanes<br />

reliées par une passerelle<br />

sinueuse constitue<br />

une réponse au site, aux<br />

inondations et aux conditions<br />

globales qui nous<br />

indiquent que nous vivons<br />

maintenant dans une<br />

époque d’instabilité climatique<br />

sans précédent, et à<br />

laquelle nous devons nous<br />

adapter pour survivre.<br />

Photo : Gisèle Teyssier – Jardins<br />

de Métis<br />

Stéphane Gagné<br />

Lors du colloque de l’Association des architectes paysagistes<br />

du Québec (AAPQ), plusieurs professionnels sont<br />

venus présenter des projets porteurs (selon la formule Pecha<br />

Kucha) qui ont la capacité de changer, chacun à leur façon,<br />

l’allure du paysage québécois. En voici quelques exemples.<br />

Le Ruisseau de feu<br />

En bordure de la rivière des Prairies, à Terrebonne, on<br />

trouve une vaste plaine inondable qui était auparavant à vocation<br />

agricole. Ce territoire, zoné blanc, fait l’objet d’une restauration<br />

et d’une mise en valeur depuis quelques années grâce à<br />

l’initiative de la Ville de Terrebonne, d’Héritage Terrebonne,<br />

de Canards Illimités et du ministère du Développement durable,<br />

de l’Environnement et de la Lutte aux changements<br />

climatiques (MDDELCC). Le biologiste Réjean Dumas, à<br />

l’emploi du MDDELCC depuis trente ans, a participé à la réhabilitation<br />

d’un marais d’une superficie de 45 hectares sur ce<br />

territoire. Photos à l’appui, on peut voir comment la nature a<br />

efficacement repris ses droits. Dans cet espace, 25 000 arbres<br />

ont aussi été plantés. De 2011 à 2015, M. Dumas a aussi réalisé<br />

un travail semblable dans le parc de la rivière des Mille-Îles,<br />

parc où l’on trouve 101 îles et quelques milieux humides.<br />

Charte des paysages de Gaspé<br />

En septembre 2015, le conseil municipal de la Ville de<br />

Gaspé adoptait une charte municipale des paysages, une première<br />

au Canada! Le document, salué par des spécialistes, a<br />

été nommé au mérite Ovation municipale 2016 de l’Union<br />

des municipalités du Québec. Jennifer Bradley, urbaniste à<br />

Edmundston (Nouveau-Brunswick), a participé à l’élaboration<br />

de cette charte. Elle était présente au colloque pour en faire<br />

une brève présentation. La charte est un outil de sensibilisation<br />

et un engagement qui a comme objectif d’assurer la prise en<br />

compte du paysage lors de toute intervention dans le milieu.<br />

On peut consulter le document à paysagesgaspe.ca.<br />

Une banque de terres agricoles<br />

Cofondatrice du Groupe de réflexion et d’action sur le patrimoine<br />

et le paysage (GRAPP), Patricia Lefèvre a contribué<br />

à la naissance de la Banque de terres agricoles du Québec.<br />

Cet organisme jumelle les propriétaires de terres agricoles qui<br />

ont des espaces non cultivés avec des gens qui ont des projets<br />

d’agriculture et ont besoin de petites superficies pour les réaliser<br />

(1 à 3 hectares). Ces gens n’ont souvent pas les moyens<br />

d’acheter une terre et cherchent à louer. C’est ce que permet<br />

de faire la Banque de terres. Ce projet est né du désir de la<br />

MRC Brome-Missisquoi de trouver des occupants pour les<br />

3 000 hectares de terres laissés en friche sur son territoire. En<br />

trouvant des occupants pour ces terres, l’organisme contribue<br />

à préserver l’intégrité des paysages ruraux. Mme Lefèvre, qui<br />

se dit ruraliste, croit que cela est un moyen bien adapté pour<br />

répondre aux besoins des gens de la campagne. « En milieu<br />

rural, les urbanistes et les gars de « pépines » proposent souvent<br />

des solutions qui ne sont pas adaptées à notre contexte. »<br />

Depuis l’inauguration du projet dans la MRC Brome-Missisquoi,<br />

le projet s’est étendu dans au moins huit autres MRC.<br />

Un jardin botanique sur un ancien site industriel<br />

L’architecte paysagiste Camille Trillaud-Doppia est une<br />

passionnée des paysages. Arrivée au Québec en 2009, elle se<br />

définit elle-même comme illustratrice en paysage. Après avoir<br />

travaillé un an comme paysagiste stagiaire à la MRC de Gaspé,<br />

elle a dessiné diverses esquisses – dont une qui proposait de<br />

transformer l’ancien site de la papetière Gaspésia (aujourd’hui<br />

friche industrielle), à Chandler, en jardin botanique.<br />

De petits projets aux grandes répercussions<br />

Alexander Reford, directeur des Jardins de Métis, est très<br />

impliqué dans sa région. Par la réalisation de petits projets, il<br />

tente de l’embellir. Ainsi, lors de l’annonce en novembre 2015<br />

de la reconstruction du pont Bergeron qui enjambe la rivière<br />

Mitis, sur la route 132, M. Reford en a profité pour lancer un<br />

concours de design s’adressant aux étudiants pour repenser<br />

l’aménagement de l’ancien pont (qui sera conservé). La propriété<br />

et l’entretien de ce pont, à grande valeur patrimoniale,<br />

ont été transférés à la MRC. Déjà, on sait qu’une piste cyclable<br />

y sera aménagée et d’autres aménagements sont prévus.<br />

M. Reford a aussi profité des dégâts causés par la grande<br />

marée survenue à Sainte-Flavie en 2010 pour aménager un espace,<br />

devenu inutilisable, en bordure du fleuve. Rappelons que<br />

cette année-là, la moitié des résidences de la localité avaient été<br />

endommagées par la marée. Dans le cadre du Festival international<br />

de jardins, la conceptrice Deborah Nagan a conçu et<br />

aménagé sur ce site dévasté cinq cabanes reliées par un sentier<br />

piétonnier. Cet aménagement, nommé Souvent me souviens<br />

(Often Remembered), très simple, a été réalisé à un coût à peu<br />

près nul et a permis à ce site, très détérioré, de trouver une<br />

nouvelle vocation.<br />

La promenade<br />

Fleuve-Montagne<br />

Source : Ville de Montréal<br />

Promenade-Samuel<br />

de Champlain, Quaides-Vents.<br />

Projet en<br />

consortium : Daoust<br />

Lestage – William<br />

Asselin Ackaoui – Option<br />

aménagement.<br />

Photo : Marc Cramer<br />

Parc linéaire de la rivière<br />

Saint-Charles.<br />

Projet : Lemay+DAA.<br />

Photo : Stéphane Gougeon<br />

Stéphane Gagné<br />

Depuis quelques années, l’aménagement de parcs<br />

linéaires est à la mode. Au départ, l’abandon de<br />

plusieurs tronçons ferroviaires a favorisé leur développement<br />

(ex. : le Petit Train du Nord), mais<br />

aujourd’hui d’autres projets voient aussi le jour en d’autres<br />

lieux. Isabelle Giasson, récréologue et architecte paysagiste,<br />

est venue nous en parler lors du congrès de l’AAPQ. Pouvoir<br />

se promener ainsi linéairement permet de découvrir le paysage<br />

sous un autre angle et, dans certains cas, de vivre live le<br />

passage de l’urbain au rural.<br />

Le projet sans doute le plus ambitieux est la promenade<br />

Fleuve-Montagne qui sera créée à Montréal au coût de 20<br />

millions de dollars. Elle partira du mont Royal et s’étirera<br />

jusqu’au fleuve, sur une longueur de quatre kilomètres, en<br />

passant par le centre-ville. Au moins 80 partenaires y sont<br />

impliqués.<br />

M me Giasson mentionne aussi le sentier hivernal du canal<br />

Lachine qui a commencé ses activités (ski de fond sur six<br />

kilomètres et marche sur huit kilomètre) l’hiver dernier. « À<br />

cause de la météo chaotique de l’hiver dernier, le sentier a<br />

eu peu de succès, mais ce n’est que partie remise », dit-elle.<br />

M me Giasson ajoute qu’on projette aussi d’aménager une patinoire<br />

sur le canal.<br />

À Québec, deux parcs linéaires ont connu un grand succès.<br />

Il s’agit de la promenade Samuel-de Champlain, sur le<br />

bord du fleuve (deux phases complétées sur quatre) et du<br />

parc linéaire de la rivière Saint-Charles, un projet réalisé en<br />

six phases (dont la dernière a été finalisée en 2014).<br />

Du côté des régions, plusieurs projets ont été réalisés ou<br />

sont en voie de l’être. Qu’on pense à la Bicyclable qui relie<br />

quatre villes dans la région de Thetford Mines. Ce parc, qui<br />

permet de cheminer à travers des montagnes de résidus<br />

d’amiante, a vu le jour grâce à un partenariat avec des compagnies<br />

minières.<br />

formes - v12 n2 - 2016<br />

20<br />

21


LES VILLES ÉPONGES DE TURENSCAPE<br />

QUAND LA NATURE REPREND SES DROITS<br />

perspectives<br />

PARIS / 2-6 SEPTEMBRE 2016<br />

PARIS NORD VILLEPINTE<br />

formes - v12 n2 - 2016<br />

22<br />

Le concept de ville<br />

éponge consiste à<br />

renaturaliser des milieux<br />

humides. Exemples avant<br />

et après interventions.<br />

Source : Turenscape<br />

Stéphane Gagné<br />

En<br />

Chine, c’est bien connu, tout est hors norme :<br />

la population, la pollution, l’urbanisation, etc.<br />

Depuis des années, les villes en bordure des<br />

grandes rivières et des fleuves du pays vivent<br />

des problèmes d’inondations, de pollution, de glissements de<br />

terrain et de pertes d’habitat. La Chine a toutefois la volonté de<br />

corriger le problème. Elle a confié à la firme Turenscape, basée<br />

à Beijing en Chine, le mandat de mettre en pratique son approche<br />

innovante de ville éponge (Sponge City) dans 16 villes<br />

pilotes chinoises. Le Chinois d’origine canadienne Stanley<br />

Lung, directeur associé de Turenscape, a fait une présentation<br />

passionnante de ce concept lors du congrès de l’AAPQ.<br />

Le concept de ville éponge consiste à renaturaliser des<br />

milieux humides qui se sont détériorés avec le temps à cause<br />

d’une urbanisation sauvage. Ces milieux peuvent ensuite redevenir<br />

des habitats pour la faune et la flore, servir « d’éponge »<br />

lorsqu’il y a une crue des eaux et permettre aux citadins de se<br />

réapproprier l’espace à des fins récréatives et de détente. Les<br />

aménagistes de Turenscape ont ainsi recréé des paysages naturels,<br />

où les citadins peuvent se promener (grâce à un réseau de<br />

sentiers), à des endroits où il n’y avait avant qu’un écosystème<br />

moribond.<br />

Des interventions minimales, mais spectaculaires<br />

L’idée générale, selon Stanley Lung, est de laisser la nature<br />

faire le travail. Comme dit M. Lung, en citant le sage Lao Tseu :<br />

« La nature ne se presse pas, mais tout aboutit. » Chez Turenscape,<br />

on pense donc qu’il faut mettre à profit les écosystèmes et<br />

leur capacité à réguler les éléments naturels qui se déchaînent<br />

parfois (par exemple, les crues des eaux), plutôt que de mettre<br />

en place de coûteux moyens techniques (par exemple, les systèmes<br />

d’égout pluvial) qui souvent ne donnent pas les résultats<br />

escomptés et aggravent même le problème.<br />

Lors de la présentation comptant plusieurs centaines de<br />

photos, Stanley Lung a ainsi montré plusieurs paysages dégradés<br />

avant les interventions de son équipe et les résultats obtenus<br />

après. Les transformations sont souvent spectaculaires,<br />

bien que les interventions soient minimales. Ainsi, à un endroit,<br />

on a transformé un milieu sans vie en un champ agricole<br />

où les citoyens peuvent travailler la terre. Ailleurs, on a<br />

semé un champ de graminées et planté quelques arbres. On a<br />

aussi aménagé un réseau de sentiers qui chemine à travers cet<br />

espace. Des interventions simples, mais qui redonnent vie à des<br />

lieux auparavant pollués et dégradés.<br />

Un concept bon pour la Chine, mais aussi pour Montréal<br />

M. Lung croit que le concept de ville éponge est une solution<br />

à adopter pour la Chine qui connaît une urbanisation rapide<br />

(qui se poursuivra dans les prochaines années). Selon lui, on<br />

a l’occasion d’appliquer le concept dans les centaines de nouvelles<br />

villes qui seront créées dans le pays.<br />

Visionnaire, M. Lung voit la région de Montréal comme la<br />

17 e ville éponge. Il constate que les espaces verts riverains sont<br />

tous séparés les uns des autres et éloignés et que plusieurs milieux<br />

humides ne sont pas mis en valeur. Moment intéressant<br />

de sa présentation, il a démontré, carte de la région à l’appui,<br />

comment Montréal pourrait tirer avantage de l’application de<br />

ce concept.<br />

Turenscape a d’ailleurs déjà réalisé des projets à l’extérieur<br />

de la Chine – en Russie, par exemple. La firme compte 600 employés,<br />

jouit d’une bonne réputation et a reçu, depuis le début<br />

des années 2000, plusieurs prix internationaux prestigieux.<br />

WWW.MAISON-OBJET.COM<br />

PARIS,<br />

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L’ALUMINIUM<br />

POUR CONSTRUIRE <strong>DURABLE</strong><br />

STRATÉGIE GOUVERNEMENTALE ET GRAPPE INDUSTRIELLE<br />

POUR PROMOUVOIR L’ALUMINIUM<br />

en couverture<br />

formes - v12 n2 - 2016<br />

24<br />

Détail du revêtement de la<br />

façade du théâtre de Quat'Sous.<br />

Photo: Xavier Proulx<br />

(concours de photos Alumia)<br />

– Architecte: FABG<br />

Un grand dossier de Valérie Levée<br />

Il<br />

est léger et gris pâle. On peut le plier, le<br />

presser, le mouler, l’extruder, le perforer,<br />

le peindre pour obtenir toutes sortes<br />

de composantes architecturales. Sa<br />

résistance à la rouille assurera longue vie à ces<br />

composantes. Et en fin de vie, tout n’est pas fini<br />

puisqu’il est facilement recyclable. Produit du<br />

terroir québécois, l’aluminium possède assurément<br />

des atouts propices au développement<br />

de villes durables.<br />

Pour évaluer la contribution de l’aluminium à<br />

la ville durable, l’International Aluminium Institute<br />

(IAI) a lancé un projet de recherche intitulé<br />

Towards Sustainable Cities: Quantifying the inuse<br />

Benefits of Aluminum in Architecture and<br />

the Built Environment Research. Les auteurs de<br />

celui-ci ont examiné les usages de l’aluminium<br />

en architecture sous diverses coutures du développement<br />

durable : longévité du matériau, recyclage<br />

et recyclabilité, pensée cycle de vie…<br />

et ont compilé les données recueillies dans<br />

trois livres. Michael Stacey a participé à cette<br />

recherche. Il est architecte et directeur de Michael<br />

Stacey Architects, mais aussi professeur<br />

et codirecteur d’Architecture, Culture and Tectonics<br />

Research Group à l’Université de Nottingham.<br />

Et il était la tête d’affiche d’une journée<br />

de conférences présentée le 17 novembre dernier<br />

par l’Association de l’aluminium du Canada,<br />

AluQuébec, le Conseil de l’enveloppe du<br />

bâtiment du Québec et le magazine FORMES.<br />

Au menu de cette journée : exemples variés<br />

d’utilisation de l’aluminium dans les bâtiments,<br />

alliages, et procédés de transformation, analyse<br />

de cycle de vie, LEED, rénovation et recyclage<br />

de bâtiments. C’est aussi le menu de ce<br />

dossier.<br />

Les trois livres sont téléchargeables gratuitement sur le site<br />

de l’IAI : http://greenbuilding.world-aluminium.org/facts/<br />

towards-sustainable-cities.html<br />

Pour faire de l’aluminium, il faut de la<br />

bauxite et de l’électricité. Or, si le soussol<br />

québécois ne renferme pas de bauxite,<br />

les rivières fournissent de l’électricité<br />

en abondance et à bon marché. C’est pourquoi,<br />

dès 1901, des alumineries se sont installées<br />

au Québec, inscrivant la province dans le peloton<br />

de tête mondial des producteurs d’aluminium.<br />

Mais aujourd’hui, d’autres pays produisent de<br />

l’aluminium, talonnant – voire dépassant –, le<br />

Québec. Mais l’industrie de l’aluminium est un<br />

pilier de l’économie québécoise et elle se doit de<br />

rester concurrentielle. D’où la naissance en octobre<br />

2013 d’AluQuébec, la grappe industrielle<br />

regroupant les entreprises de transformation de<br />

l’aluminium, et le lancement en juin 2015, par le<br />

gouvernement québécois, de la Stratégie québécoise<br />

de développement de l’aluminium 2015-<br />

2025 (SQDA). Les objectifs sont complémentaires.<br />

AluQuébec veut doubler la transformation<br />

d’aluminium sur un horizon de dix ans tandis<br />

que la SQDA vise à favoriser la croissance de la<br />

production de l’aluminium et en développer la<br />

transformation et l’utilisation, notamment dans<br />

le domaine de l’architecture et des infrastructures.<br />

Un marché mondial métamorphosé<br />

En une dizaine d’années, la Chine et le Moyen-<br />

Orient ont bouleversé le marché mondial de<br />

l’aluminium. La Chine a ouvert des alumineries<br />

pour répondre aux besoins de son urbanisation<br />

galopante; elle, qui ne produisait pas d’aluminium<br />

au début du millénaire, assure maintenant<br />

la moitié de la production mondiale de ce métal.<br />

Ayant mis à profit leurs ressources énergétiques<br />

pour produire de l’aluminium, les pays du<br />

Moyen-Orient occupent la deuxième marche du<br />

podium. La Russie suit, faisant glisser le Canada<br />

en quatrième position. Mais le marché intérieur<br />

de la Chine s’essouffle et elle s’apprête à inonder<br />

le marché international avec un effet dévastateur<br />

sur le prix de l’aluminium, relate Jean Simard,<br />

le président et chef de la direction de l’Association<br />

de l’aluminium du Canada (AAC). Pour<br />

les alumineries québécoises qui exportent 80 %<br />

de leur production, cet aluminium chinois est<br />

L’AVENIR PREND FORME<br />

STRATÉGIE QUÉBÉCOISE DE DÉVELOPPEMENT<br />

DE L’ALUMINIUM 2015-2025<br />

economie.gouv.qc.ca/aluminium<br />

une concurrence préoccupante. Et comme les<br />

exportations d’aluminium représentent 10 % de<br />

la balance commerciale du Québec, l’industrie<br />

de l’aluminium est un pilier économique que le<br />

Québec ne peut pas laisser fléchir.<br />

Heureusement, si l’appétit de la Chine pour<br />

l’aluminium diminue, il est en hausse dans les<br />

pays d’Asie du Sud-Est, en plein boum démographique<br />

et économique; aux États-Unis aussi,<br />

où l’industrie automobile absorbe de plus en<br />

plus d’aluminium alors que la production d’aluminium<br />

primaire américaine est quasiment<br />

nulle. « En 2015, on a consommé en Amérique<br />

du Nord trois millions de tonnes de plus qu’on<br />

en a produit », observe Jean Simard. Globalement,<br />

la consommation mondiale d’aluminium<br />

augmente de 4 % par an, et elle devrait avoir<br />

doublé en 2030. Si les alumineries québécoises<br />

maintiennent leur avance technologique, elles<br />

devraient rester compétitives et conserver leurs<br />

parts de marché. Mais l’industrie de l’aluminium,<br />

qui historiquement s’est concentrée sur la production<br />

primaire, pourrait faire mieux. « Pendant<br />

que le Québec exportait de l’aluminium, qui se<br />

faisait transformer ailleurs dans le monde, il en<br />

a délaissé la transformation », commente Michel<br />

Guillot, professeur au Centre de recherche sur<br />

l’aluminium – REGAL, à l’Université Laval.<br />

Autrement dit, au lieu d’exporter des lingots, l’industrie<br />

de l’aluminium pourrait les transformer<br />

en produits à valeur ajoutée pour conquérir de<br />

nouveaux marchés.<br />

Objectif transformation<br />

« On a la chance au Québec de compter sur<br />

une masse critique d’expertise et de ressources<br />

qui couvrent toutes les étapes de production<br />

et de transformation de l’aluminium », déclare<br />

Jean-Luc Trahan, le président-directeur général<br />

d’AluQuébec. AluQuébec, c’est la grappe industrielle<br />

créée en 2013 pour stimuler les synergies<br />

entre les acteurs de cette chaîne de valeurs, développer<br />

des produits à valeur ajoutée, permettre à<br />

l’aluminium québécois de se démarquer afin de<br />

profiter pleinement de la demande croissante<br />

pour l’aluminium dans le monde. « L’objectif<br />

est de multiplier par deux la transformation de<br />

formes - v12 n2 - 2016<br />

25


formes - v12 n2 - 2016<br />

26<br />

Détail de la façade de l'usine de<br />

traitement des eaux de Lévis.<br />

Photos: Alexandre Guérin<br />

(concours de photos Alumia)<br />

– Architecte: STGM<br />

l’aluminium au cours des dix prochaines années,<br />

annonce Jean-Luc Trahan. En ce moment, la valeur<br />

des livraisons de l’aluminium transformé se<br />

situe à 5,5 milliards de dollars et on veut arriver<br />

à 11 milliards de dollars. L’aluminium québécois<br />

transformé doit devenir un vecteur de création de<br />

richesse et de fierté. » Pour ce faire, AluQuébec<br />

veut faire connaître les qualités de l’aluminium,<br />

déboulonner les mythes et promouvoir son utilisation<br />

selon le principe du bon matériau au bon<br />

endroit.<br />

En juin 2015, AluQuébec recevait un formidable<br />

coup de pouce du gouvernement du Québec<br />

alors que le ministère de l’Économie, de la<br />

Science et de l’Innovation (MESI) dévoilait la<br />

SQDA. Ses 27 mesures, qui doivent mettre en<br />

place un environnement favorable à la transformation<br />

de l’aluminium, renforcer la filière québécoise<br />

et en assurer la compétitivité, s’alignent avec<br />

la mission que s’est donnée AluQuébec.<br />

AluQuébec, un levier de la SQDA<br />

Reconnaissant les démarches initiées par<br />

AluQuébec, la SQDA lui a confié six mesures.<br />

L’une d’elles consiste à accélérer les chantiers<br />

qu’AluQuébec s’est donnés au moment de son<br />

lancement. Certains de ces chantiers touchent<br />

l’approvisionnement, le rayonnement, les occasions<br />

d’affaires, le financement, l’innovation par<br />

la recherche et développement et la formation.<br />

Une autre mesure demande à AluQuébec d’ajouter<br />

un chantier sur les équipementiers et les fournisseurs<br />

spécialisés. La SQDA demande aussi à<br />

AluQuébec d’affiner la cartographie qu’elle a déjà<br />

entamée et qui recense 1 400 entreprises transformatrices<br />

d’aluminium. L’idée, explique Jean-Luc<br />

Trahan, est de « faire ressortir les champions de<br />

l’industrie, les entreprises ayant une masse critique<br />

et des produits utilisant intensivement l’aluminium,<br />

des entreprises bien positionnées pour<br />

innover et exporter. Ces entreprises sont les plus<br />

susceptibles de nous aider à doubler la transformation<br />

de l’aluminium ».<br />

Mais la cartographie devrait aussi révéler des<br />

maillons faibles. Par exemple, les Industries<br />

Panfab ne trouvent pas au Québec les feuilles<br />

d’aluminium prépeintes et l’alliage désiré pour<br />

fabriquer leurs panneaux architecturaux. Elles<br />

les importent d’Allemagne et d’Italie, relate Benoit<br />

Comeau, représentant technique auprès<br />

des architectes chez Industries Panfab. « On a<br />

un problème de masse critique, rétorque Jean<br />

Simard. Des transformateurs ont besoin de 1 000<br />

ou 100 000 tonnes par année d’un alliage spécifique.<br />

Personne ne va produire seulement 100 000<br />

tonnes par année. S’il n’y a pas assez de volume<br />

localement, on ne peut le produire avec tout ce<br />

que ça implique comme investissement. » Une<br />

autre mesure confiée à AluQuébec doit justement<br />

aborder cette question de l’accès au métal pour<br />

les transformateurs utilisant l’aluminium. « La<br />

démarche, reprend Jean Simard, est de faire un<br />

inventaire de tous ces besoins et de voir les possibilités<br />

de consolider les demandes similaires. Si<br />

20 entreprises ont besoin d’un même alliage, on<br />

peut avoir un potentiel de commande réaliste.<br />

Mais ça ne répondra pas à 100 % des problèmes<br />

d’approvisionnement. »<br />

Dans une autre direction, AluQuébec est aussi<br />

responsable de deux mesures concernant la formation<br />

universitaire et la diffusion de l’expertise<br />

sur l’aluminium. Comme l’indique Mario Fafard,<br />

professeur à l’Université Laval et directeur du<br />

Centre de recherche sur l’aluminium – REGAL,<br />

les universités forment les futurs ingénieurs à la<br />

métallurgie de l’aluminium, mais très peu à son<br />

utilisation en génie civil. Seule l’Université du<br />

Québec à Chicoutimi (UQAC) offre un cours, en<br />

option, sur les charpentes en aluminium. « Il est<br />

clair que du point de vue du calcul des structures<br />

et de la conception des structures avec l’aluminium,<br />

aucun programme en génie civil ne répond<br />

pleinement à la formation dans ce secteur hormis<br />

l’UQAC », précise-t-il. Une mesure de la SQDA<br />

charge AluQuébec et le ministère de l’Éducation<br />

et de l’Enseignement supérieur de combler<br />

cette lacune. Un poste de professeur en charpente<br />

d’aluminium est en cours de création à l’Université<br />

Laval. Comme le fait remarquer Mario<br />

Fafard, avec le professeur viennent la recherche<br />

et l’enseignement. Michel Guillot, qui donne des<br />

formations sur l’aluminium pour les ingénieurs<br />

en pratique, approuve cette mesure, mais observe<br />

que le manque de connaissances concerne plus<br />

les donneurs d’ordres que les ingénieurs. « Les ingénieurs<br />

vont aller chercher les connaissances et<br />

s’adapter », estime-t-il. Lui-même donne une formation<br />

continue pour les ingénieurs en pratique.<br />

« Il ne faut pas oublier les donneurs d’ordres,<br />

poursuit-il. Ils ne connaissent pas l’aluminium<br />

et, pour ne pas prendre de risques, ils emploient<br />

d’autres matériaux. »<br />

Quant à la diffusion de l’expertise, il s’agit pour<br />

AluQuébec de s’inspirer de Cecobois, le Centre<br />

d’expertise sur la construction commerciale en<br />

bois, pour créer un centre d’expertise dédié à l’utilisation<br />

de l’aluminium dans les édifices.<br />

La SQDA vise explicitement<br />

les infrastructures<br />

Également actrices de la SQDA, la Société<br />

d’habitation du Québec (SHQ) et la Société<br />

québécoise des infrastructures (SQI) ont reçu le<br />

mandat de réaliser des projets de démonstration<br />

des utilisations de l’aluminium dans le bâtiment.<br />

« La SQI, la SHQ, le ministère de l’Économie, de<br />

la Science et de l’Innovation (MESI) et AluQuébec<br />

seront partenaires dans la réalisation de projets<br />

de démonstration pour utiliser de nouveaux<br />

produits d’aluminium ou des produits qui seront<br />

utilisés de façon innovante. On va considérer<br />

l’aluminium dans une optique de démonstration<br />

», annonçait effectivement Jacques Tremblay,<br />

directeur à la Direction expertise de Québec<br />

de la SQI, lors de la table ronde qui clôturait la<br />

journée de conférences. Jean-Pierre D’Auteuil, le<br />

responsable des relations médias au MESI, ajoute<br />

qu’AluQuébec doit collaborer à la mesure en suggérant<br />

de nouveaux produits en aluminium – qui<br />

pourraient potentiellement être intégrés dans les<br />

projets de la SQI et de la SHQ – et qu’un incitatif<br />

financier favoriserait l’utilisation de ces nouveaux<br />

produits, s’ils avéraient plus coûteux. « Ce partenariat<br />

avec la SQI et la SHQ va permettre d’élaborer<br />

une vitrine technologique pour faire rayonner<br />

les produits de l’aluminium, reprend Jean-Luc<br />

Trahan. Et on a l’intention de démontrer que c’est<br />

rentable. »<br />

Cette démonstration de rentabilité viendra<br />

avec l’analyse de coût total de possession (CTP)<br />

qui prend en compte le coût de la construction<br />

ou d’acquisition d’une infrastructure, mais aussi<br />

son coût d’entretien et de démantèlement en fin<br />

de vie. Or, d’une part, l’aluminium s’entretient à<br />

moindres frais que les autres matériaux, mais surtout,<br />

en fin de vie, l’aluminium – qui se revend<br />

à un prix appréciable sur le marché des métaux<br />

recyclables –, devient une source de revenus. C’est<br />

pourquoi Jean Simard plaide pour que le CTP soit<br />

intégré au mécanisme d’appels d’offres. « Faisons<br />

des appels d’offres de performance qui disent ‘’J’ai<br />

besoin d’un ouvrage qui va durer le plus longtemps<br />

possible, avec la plus faible empreinte environnementale<br />

possible, et qui, en bout de ligne,<br />

quand je fais une analyse du coût total de possession,<br />

va me donner le meilleur rendement possible<br />

pour mon argent «, lance-t-il. Et à ce moment-là,<br />

l’aluminium sera un élément de solution. Chaque<br />

fois qu’il est utilisé, l’aluminium est gagnant. »<br />

Tenir compte du CTP est justement une mesure<br />

de la SQDA confiée au Conseil du trésor. Cette<br />

mesure découle de la Directive sur la gestion des<br />

projets majeurs d’infrastructure publique. « Le<br />

gestionnaire de projet doit déterminer et évaluer<br />

les options possibles pour répondre à long terme<br />

aux besoins exprimés à l’étape du démarrage d’un<br />

projet, et cette évaluation s’appuie notamment sur<br />

le CTP, explique Jean-Pierre D’Auteuil. Le CTP<br />

doit permettre de dresser un portrait prévisionnel<br />

des coûts globaux d’une infrastructure et guider<br />

un acheteur dans son choix de conception et de<br />

matériaux. Ensuite, un organisme public procédera<br />

au lancement de l’appel d’offres en vue de la<br />

réalisation de l’infrastructure sur la base d’un document<br />

d’appel d’offres complet et précis. » Toutefois,<br />

la Directive ne mentionne pas explicitement<br />

le CTP et reste floue sur les notions de « coût total<br />

du projet » et « meilleure option à long terme ».<br />

Les propos de Jean-Pierre D’Auteuil laissent aussi<br />

sous-entendre quelques latitudes quant à l’application<br />

du CTP : « Le CTP peut être utilisé dans<br />

le cadre de la planification de tout type de projet<br />

d’infrastructure ou d’acquisition de biens pour lequel<br />

la considération d’un ensemble de coûts sur<br />

une durée de vie utile s’avère appropriée. Il appartient<br />

ainsi aux organismes publics de déterminer<br />

dans quelles situations un tel concept devrait être<br />

utilisé. »<br />

De son côté, le ministère des Transports, de<br />

la Mobilité durable et de l’Électrification des<br />

transports (MTMDET) est responsable d’une<br />

autre mesure de la SQDA visant à utiliser l’aluminium<br />

dans les ponts. Un projet pilote sur le<br />

pont de Saint-Ambroise, près de Saguenay, est en<br />

cours pour valider la possibilité de remplacer les<br />

platelages détériorés en béton ou en bois de ponts<br />

existants par des platelages d’aluminium. La performance<br />

du pont de Saint-Ambroise doit aussi<br />

ultérieurement permettre de documenter le CTP<br />

sur de tels ponts, précise Jean-Pierre D’Auteuil.<br />

Mais pour le moment, l’aluminium continue de<br />

se chercher une place. Le 23 février 2016, donc<br />

huit mois après le lancement de la SQDA, le MT-<br />

MDET émettait un appel d’offres pour une passerelle<br />

à Repentigny en spécifiant d’emblée l’acier<br />

et le béton. « Je n’ai jamais vu un appel d’offres<br />

pour des passerelles d’aluminium de la part du<br />

ministère des Transports, mais souvent pour des<br />

passerelles d’acier. L’acier est prescrit, sans regard<br />

au CTP », remarque amèrement Alexandre de la<br />

Chevrotière, le président de MAADI Group. Son<br />

entreprise fabrique des passerelles en aluminium<br />

et a déjà réalisé, avec Deloitte et l’AAC, une analyse<br />

de CTP pour démontrer les avantages à long<br />

terme de l’aluminium dans les passerelles. MAA-<br />

DI Group exporte ses passerelles et peine à pénétrer<br />

le marché québécois. Alexandre de la Chevrotière<br />

reconnaît que la SQDA va dans la bonne<br />

direction, mais craint qu’elle ne soit en déphasage<br />

temporel avec la réalité des manufacturiers.<br />

« Pour le MESI, la Stratégie est nouvelle et on doit<br />

se donner le temps de documenter et d’analyser<br />

avec des comités, des études, des grappes, des<br />

consultations, etc., conçoit-il. Mais MAADI se<br />

bat déjà depuis dix ans pour faire ouvrir les devis<br />

au Québec (au MTQ, à la Ville de Montréal, etc.).<br />

Si les appels d’offres ne s’ouvrent que dans dix<br />

ans pour l’aluminium, aucun fonctionnaire ne va<br />

perdre son emploi. Ce qui n’est pas le cas pour les<br />

manufacturiers spécialisés tels que MAADI. Il en<br />

va de la survie et de la santé des industriels dans<br />

la transformation tertiaire. »<br />

Ensemble, la SQDA et AluQuébec devraient<br />

pourtant concourir à donner un essor à l’industrie<br />

de la transformation de l’aluminium au Québec.<br />

Une plus grande présence de l’aluminium<br />

dans les infrastructures devrait attiser les activités<br />

de transformation. C’est ce qu’il se passe aux<br />

États-Unis, où la demande croissante d’aluminium<br />

par l’industrie automobile a stimulé le développement<br />

d’entreprises de laminage, rapporte<br />

Michel Guillot. Jean-Luc Trahan se réjouit donc<br />

du lancement de la SQDA. « Elle donne à notre<br />

grappe une vision et le moyen de ses ambitions.<br />

Les mesures aideront la grappe de l’aluminium<br />

à passer d’un marché de commodités à celui de<br />

produits à valeur ajoutée, à développer chez nous<br />

une vraie culture de l’aluminium. Osons l’aluminium!<br />

» encourageait-il en conclusion de son allocution.<br />

formes - v12 n2 - 2016<br />

27


ALUMINIUM 101<br />

formes - v12 n2 - 2016<br />

28<br />

L’aluminium est léger et<br />

trois fois moins dense<br />

que l’acier. Conséquences<br />

pratiques dans<br />

un bâtiment, les mursrideaux<br />

et les revêtements<br />

en aluminium<br />

imposent une moindre<br />

charge à la structure.<br />

Détail de la façade de l'usine de<br />

traitement des eaux de Lévis.<br />

Photos: Alexandre Guérin (concours de<br />

photos Alumia) – Architecte: STGM<br />

constitue 8 % de la croûte<br />

terrestre et après l’oxygène et le silicium,<br />

c’est, en abondance, le troisième élément<br />

L’aluminium<br />

de la croûte terrestre. Mais il est rarement<br />

présent à l’état pur, et c’est dans la bauxite,<br />

sous forme d’oxyde d’aluminium, qu’on le trouve.<br />

C’est pourquoi sa découverte, comparativement<br />

au fer ou au cuivre, ne date que de 1808. Moins<br />

d’un siècle plus tard, en 1886, le processus Hall-<br />

Héroult ouvrait la porte à l’industrie de l’aluminium<br />

et depuis, l’aluminium s’est faufilé dans de<br />

multiples filières industrielles – incluant le secteur<br />

de la construction. Dans sa conférence, Michel<br />

Guillot, professeur au Centre de recherche<br />

sur l’aluminium – REGAL, à l’Université Laval,<br />

a énuméré les propriétés physiques et les procédés<br />

de transformation qui font de l’aluminium un<br />

matériau propre à répondre à l’imagination des<br />

architectes.<br />

Propriétés multiples<br />

L’aluminium est léger et trois fois moins dense<br />

que l’acier. Conséquences pratiques dans un<br />

bâtiment, les murs-rideaux et les revêtements<br />

en aluminium imposent une moindre charge<br />

à la structure que des panneaux d’acier ou de la<br />

maçonnerie. Certains rétorqueront cependant<br />

que l’aluminium manque de résistance. « Il est<br />

moins résistant, reconnaît Michel Guillot, mais<br />

comme il est léger, on peut en mettre plus pour<br />

compenser. » Le rapport résistance/poids permet<br />

de concevoir des poutres, des passerelles et même<br />

des dômes. Michel Guillot donne l’exemple d’une<br />

poutre en I de 2 m de long et de 1 730 mm 2 de<br />

section qui aurait à supporter une charge de 10<br />

KN en son centre. Le module d’élasticité de l’aluminium,<br />

trois fois plus faible que celui de l’acier,<br />

se traduit par une déflexion trois fois plus forte.<br />

Mais il suffit d’augmenter la section de la poutre<br />

de 1 730 mm 2 à 1 962 mm 2 pour réduire la déflexion<br />

et obtenir une poutre en aluminium aussi<br />

résistante que la poutre en acier. Il en résulte une<br />

augmentation de volume de l’ordre de 10 à 15 %;<br />

mais comme l’aluminium est moins dense que<br />

l’acier, la poutre en aluminium est malgré tout<br />

deux fois plus légère que la poutre équivalente en<br />

acier.<br />

Parmi les propriétés physiques, ajoutons également<br />

la réflexivité de l’aluminium qui permet<br />

d’augmenter l’apport de lumière naturelle ou<br />

d’amplifier des effets lumineux. Par contre, la<br />

conductivité thermique, si elle est un atout pour<br />

les systèmes mécaniques de chauffage, devient<br />

un inconvénient pour les fenêtres et les murs-rideaux,<br />

car l’aluminium fait office de pont thermique<br />

entre l’intérieur et l’extérieur et nuit à l’efficacité<br />

énergétique du bâtiment. Les fabricants se<br />

sont cependant adaptés à cette situation en insérant<br />

des bris thermiques dans leurs produits.<br />

Au chapitre des propriétés chimiques, l’aluminium<br />

se démarque par sa résistance à la corrosion.<br />

Plus exactement, l’aluminium s’oxyde instantanément<br />

au contact de l’air en formant une<br />

couche d’oxyde d’aluminium en surface, mais<br />

cette couche protège l’aluminium de la corrosion<br />

ultérieure, explique Michel Guillot. Il illustre son<br />

propos en donnant l’exemple du pavillon Pouliot<br />

à l’Université Laval, où il travaille. « Les devantures<br />

sont en aluminium non traité. Elles datent<br />

des années 1960; elles sont ternies, mais encore<br />

en bon état. » Cependant, il est vrai qu’il faut se<br />

méfier des réactions galvaniques qui s’établissent<br />

entre l’aluminium et un autre métal lorsqu’ils<br />

baignent tous deux dans de l’eau stagnante, et ne<br />

pas oublier ou négliger que le béton contient des<br />

traces d’autres métaux et reste souvent humide.<br />

Pour protéger l’aluminium des réactions galvaniques,<br />

il faut l’isoler de l’autre matériau par une<br />

toile élastomère ou une peinture bitumineuse et<br />

soigner la conception pour empêcher l’eau de<br />

s’accumuler. En présence d’eau salée, il faudra privilégier<br />

les alliages de la série 5000.<br />

Enfin, l’aluminium se recycle sans perdre ses<br />

propriétés, et ce, pour seulement 5 % du coût<br />

énergétique de la première fusion. Autrement<br />

dit, un lingot d’aluminium ou tout autre produit<br />

fini en aluminium, c’est de l’énergie en banque.<br />

Autant rentabiliser l’investissement énergétique<br />

de la première fusion en le recyclant. D’ailleurs,<br />

« depuis l’invention du procédé, un milliard de<br />

tonnes d’aluminium ont été produites et 75 % de<br />

celui-ci est toujours utilisé. Il n’y a pas beaucoup<br />

de matériaux qui peuvent en dire autant », faisait<br />

remarquer pendant son allocution Jean-Luc Trahan,<br />

le président-directeur général d’AluQuébec.<br />

Transformations multiples<br />

À l’aluminerie, divers éléments métalliques<br />

sont ajoutés à l’aluminium pour obtenir des alliages<br />

– les séries 3000, 5000 et 6000 étant les plus<br />

utilisées en architecture. Ces alliages sortent de<br />

l’aluminerie sous forme de lingots et billettes de<br />

tailles variables qui sont ensuite transformés pour<br />

produire une vaste diversité de formes.<br />

Les lingots sont laminés pour obtenir des tôles<br />

qui pourront ensuite être pliées, roulées, pressées,<br />

poinçonnées… pour donner des tôles ondulées,<br />

des panneaux de revêtement, des gouttières, des<br />

colonnes. Les billettes, qui contrairement à ce que<br />

le nom suggère sont des cylindres, sont transformées<br />

par extrusion. La billette est chauffée et<br />

poussée à travers une matrice pour en extraire<br />

une pièce d’aluminium profilée selon le schéma<br />

de la matrice. Des poutrelles, des éléments de<br />

cadres de fenêtres ou des colonnes peuvent être<br />

profilés par extrusion. Au Québec, les entreprises<br />

comme Metra Aluminium, Extrudex ou Pexal<br />

Tecalum produisent des profilés standards, mais<br />

aussi des profilés sur mesure ouvrant la porte à la<br />

créativité des concepteurs.<br />

Les pièces d’aluminium – qu’elles soient<br />

moulées, roulées, percées, pliées, extrudées… –<br />

peuvent être assemblées par clips, boulons, rivets<br />

et soudure. Michel Guillot a ainsi développé dans<br />

son laboratoire un plancher dont les lattes sont<br />

des profilés sur mesure qui s’assemblent par un<br />

simple clip.<br />

L’ancien siège social<br />

d’Alcoa à Pittsburgh. Un<br />

revêtement d’aluminium<br />

naturel qui s’est paré d’une<br />

patine au fil des ans, mais<br />

cinquante ans plus tard, il<br />

est encore exemplaire.<br />

Photo : Nicholas Traub – Architecte<br />

: Harrison and Abramovitz.<br />

L’aluminium constitue 8 %<br />

de la croûte terrestre. C’est,<br />

en abondance, le troisième<br />

élément de la croûte terrestre.<br />

Mais il est rarement<br />

présent à l’état pur, et c’est<br />

dans la bauxite, sous forme<br />

d’oxyde d’aluminium,<br />

qu’on le trouve.<br />

Photo : Rio Tinto Alcan<br />

En dernière étape, la finition de surface ajoute<br />

une autre couche de diversification des produits.<br />

Jean-Pierre LeTourneux, associé et concepteur<br />

principal chez Menkes Schooner Dagenais<br />

Le Tourneux Architectes (MSDL) et Kevin<br />

Massé, architecte associé au Groupe des Sept,<br />

s’entendent pour dire qu’il existe aujourd’hui des<br />

peintures très performantes, résistantes aux environnements<br />

rigoureux et offrant une garantie de<br />

trente ans. « Après trente ans, il va y avoir une décoloration,<br />

surtout avec le rouge et le jaune exposés<br />

au soleil, mais l’aluminium est encore très bon,<br />

il ne rouille pas », précise Kevin Massé. Pour une<br />

protection à plus long terme, il préconise, comme<br />

Michel Guillot, d’opter pour l’anodisation qui<br />

protège l’aluminium d’une couche d’oxyde. Mais<br />

attention, prévient Kevin Massé, cette couche<br />

est poreuse et peut piéger la pollution de l’air et<br />

salir les panneaux. Jean-Pierre LeTourneux, qui<br />

a constaté une altération aléatoire des panneaux<br />

anodisés, reste prudent avec ce procédé. Selon lui,<br />

l’aluminium dans son état brut est de toute façon<br />

un matériau de grande qualité. Il donne l’exemple<br />

de l’édifice Alcoa à Pittsburgh : « C’est de l’aluminium<br />

naturel, il prend une certaine patine, mais<br />

cinquante ans plus tard, il est encore exemplaire.<br />

Mon rêve serait de parvenir à travailler l’aluminium<br />

naturel sans procédés de recouvrement. Il<br />

y a une question d’acceptabilité dans le fait que le<br />

bâtiment se transforme. »<br />

Un faux défaut : le coût élevé<br />

L’aluminium a certes des qualités, mais il est<br />

coûteux, s’empresseront de dire certains. Ce n’est<br />

pas tout à fait vrai.<br />

« On est capable d’offrir des panneaux d’aluminium<br />

au même prix que des panneaux d’acier », a<br />

précisé Benoit Comeau, représentant technique<br />

auprès des architectes des Industries Panfab,<br />

lors de la table ronde qui a clôturé la journée de<br />

conférences. En fait, l’acier et l’aluminium ne sont<br />

pas au même prix. « C’est le produit qui est équivalent,<br />

le panneau de 2 mm en aluminium versus<br />

Les billettes, qui contrairement<br />

à ce que le nom<br />

suggère sont des cylindres,<br />

sont transformées par<br />

extrusion.<br />

Photo : Rio Tinto Alcan<br />

Les lingots sont laminés<br />

pour obtenir des tôles<br />

qui pourront ensuite être<br />

pliées, roulées, pressées,<br />

poinçonnées… pour<br />

donner des tôles ondulées,<br />

des panneaux de revêtement,<br />

des gouttières, des<br />

colonnes.<br />

Photo : EAFA<br />

le panneau de 1,2 mm en acier. Même profilé,<br />

même rendu, en ayant une plus grande stabilité<br />

mécanique avec l’aluminium, une meilleure durabilité,<br />

une meilleure garantie; eh oui, ils sont offerts<br />

au même prix », précisait-il ultérieurement<br />

en entrevue. « Ce qu’il est important de retenir,<br />

souligne également Michel Guillot, c’est que pour<br />

tous les procédés de fabrication, d’assemblage, de<br />

montage, tout est plus léger, plus facile. Tous les<br />

coûts sont plus faibles. »<br />

Le coût est aussi une question de conception.<br />

« Les gens surestiment le coût en voulant faire<br />

en aluminium ce qu’ils font en acier », regrette<br />

Michel Guillot. Or, en raison des propriétés physiques<br />

différentes, on ne peut pas concevoir en<br />

aluminium comme on conçoit avec l’acier, ni tout<br />

simplement remplacer l’acier par l’aluminium.<br />

« Un des dangers est le mot substitution, appuie<br />

pour sa part Jean Simard, président et chef de<br />

la direction de l’Association de l’aluminium<br />

du Canada. On doit concevoir avec les caractéristiques<br />

de l’aluminium et ensuite comparer les<br />

coûts. » Ce que fait Michel Guillot en reprenant<br />

l’exemple de la poutre de deux mètres de long. En<br />

acier, la poutre de 27,3 kg coûtera environ 30 $.<br />

L’aluminium coûte plus cher, mais comme il en<br />

faut moins, la poutre équivalente en aluminium<br />

pèsera 10,6 kg et coûtera environ 50 $. À priori,<br />

la poutre en aluminium revient plus chère que<br />

celle en acier, mais en fin de vie, sur le marché du<br />

recyclage, la poutre en acier ne rapportera qu’une<br />

poignée de dollars contre 20 dollars pour celle en<br />

aluminium. Au bout du compte, la poutre en aluminium<br />

n’aura pas coûté plus cher que la poutre<br />

en acier. Même mieux, en considérant le bâtiment<br />

sur l’ensemble de son cycle de vie, car l’aluminium<br />

peut apporter des économies d’entretien.<br />

« Le donneur d’ordres veut que le projet coûte le<br />

moins cher possible et ne voit pas toujours les<br />

coûts d’entretien », constate Michel Guillot. Or,<br />

comme l’a répété plusieurs fois l’architecte Michael<br />

Stacey dans sa conférence, l’aluminium ne<br />

requiert que peu d’entretien. Il aime la pluie qui<br />

Table de découpe par<br />

contrôle numérique des<br />

feuilles d’aluminium<br />

utilisée par les Industries<br />

Panfab.<br />

Plieuse à contrôle numérique<br />

avec guide laser<br />

autoajustable utilisée par<br />

les Industries Panfab.<br />

Crédit : Industries Panfab<br />

lave les surfaces d’aluminium, à condition d’éviter<br />

toute eau stagnante. Il ne s’effrite pas comme la<br />

maçonnerie, ne nécessite pas de refaire un traitement<br />

protecteur comme le bois et ne rouille pas<br />

comme l’acier. Une analyse du coût total de possession<br />

du bâtiment qui, en plus du coût d’acquisition,<br />

inclurait les coûts d’entretien et de démolition<br />

donnerait peut-être une autre vision du coût<br />

de l’aluminium.<br />

Dans le domaine des ponts et passerelles,<br />

MAADI Group a justement fait une analyse de<br />

coût total de possession pour un pont piétonnier<br />

de 21 m de long. Il est vrai que le coût d’acquisition<br />

du pont en aluminium à 42 500 $ est un peu<br />

plus élevé que celui du pont en acier qui varie<br />

de 31 500 à 36 500 $, selon le traitement de surface.<br />

Alexandre de la Chevrotière, président de<br />

MAADI Group, explique qu’en général, même si<br />

la livre d’aluminium coûte environ quatre fois plus<br />

cher que la livre d’acier, le pont en aluminium, lui,<br />

ne coûte que 15 à 25 % plus cher que le pont en<br />

acier. La raison est qu’à fonction équivalente, la<br />

structure en aluminium est deux fois plus légère<br />

que celle en acier. L’aluminium se travaille aussi<br />

plus facilement et plus rapidement que l’acier, ce<br />

qui se traduit par un gain de temps – et donc par<br />

une économie supplémentaire. En fin de vie du<br />

pont, le recyclage de l’aluminium rapportera près<br />

de 4 800 $ contre seulement 1 000 $ pour l’acier.<br />

Sur le long terme, l’aluminium rejoint donc l’acier<br />

et pourrait être meilleur si on y inclut l’entretien.<br />

Par ses propriétés physiques et l’éventail des<br />

transformations possibles, l’aluminium est un<br />

matériau polyvalent qui se prête à une grande<br />

variété d’applications. Dans les bâtiments, on le<br />

trouvera sous forme de revêtements, de fenêtres,<br />

de murs-rideaux, mais aussi de marquises, de<br />

balcons, de pare-soleil… Dans la ville, on le<br />

trouvera dans les passerelles, les équipements<br />

de scène, les mâts d’éclairage… C’est le matériau<br />

au service de l’imagination et de la créativité des<br />

concepteurs.<br />

formes - v12 n2 - 2016<br />

29


L’ALUMINIUM POLYVALENT<br />

se plie, se roule, se perce, s’extrude,<br />

se peint... L’aluminium est léger,<br />

brillant et ne rouille pas. L’aluminium se<br />

L’aluminium<br />

fait mur-rideau, revêtement, marquise,<br />

plafond, pare-soleil… Jean-Pierre LeTourneux,<br />

architecte associé et concepteur principal chez<br />

Menkès Shooner Dagenais LeTourneux Architectes<br />

(MSDL), le surnomme « matériau caméléon<br />

». « Il regroupe un ensemble de propriétés<br />

telles la légèreté, la durabilité, la malléabilité et la<br />

flexibilité que n’ont pas d’autres matériaux et qui<br />

lui donnent une grande versatilité. On peut en<br />

faire un peu ce qu’on veut », ajoute-t-il. Les architectes<br />

peuvent jouer avec ce matériau au gré de<br />

leur imagination et mettre à profit ses propriétés.<br />

Les cônes brillants du planétarium Rio Tinto Alcan<br />

sont un exemple bien connu des Montréalais,<br />

mais dans leur conférence respective, Michael<br />

Stacey et Jean-Pierre LeTourneux l’ont illustré à<br />

travers une diversité de réalisations, tout comme<br />

Kevin Massé, architecte associé au Groupe des<br />

Sept, ultérieurement en entrevue.<br />

formes - v12 n2 - 2016<br />

30<br />

Projet de 86 logements<br />

de l’Office municipal<br />

d’habitation de Laval :<br />

les panneaux jaunes<br />

en aluminium viennent<br />

« ensoleiller » la façade<br />

nord du bâtiment.<br />

Photo : Claude Létourneau –<br />

Architectes : Groupe des Sept<br />

À l’extérieur : entre fonctionnalité<br />

et esthétique<br />

Au cœur du quartier des affaires de Montréal<br />

se dressent les 27 étages de la Maison Manuvie,<br />

une réalisation de Menkès Shooner Dagenais<br />

LeTourneux Architectes. Certains des traits distinctifs<br />

de l’immeuble se trouvent en bas dans le<br />

hall d’accueil et au niveau du couronnement de<br />

la tour. En bas, les concepteurs ont joué la transparence<br />

avec des parois de verre de 40 pieds de<br />

haut sans meneaux horizontaux. Elles sont fixées<br />

ponctuellement à l’intérieur sur des colonnes<br />

structurales en acier enveloppées d’un profilé<br />

d’aluminium elliptique. Inversement, sur le toit,<br />

ils ont misé sur la réflexivité de l’aluminium, donnant<br />

une finalité à la tour grâce au traitement de<br />

son couronnement. À Blainville, à la bibliothèque<br />

Paul-Mercier, le mur-rideau fait aussi le jeu de<br />

la transparence grâce à la discrétion des profilés<br />

d’aluminium. « L’idée, explique Jean-Pierre Le-<br />

Tourneux, est que l’aluminium disparaisse pour<br />

mettre le bois en valeur. »<br />

Le Centre de recherche du CHUM (CR-<br />

CHUM), également réalisé par Menkès Shooner<br />

Dagenais LeTourneux Architectes, en consortium<br />

en avec NFOE et Associés Architectes,<br />

Jodoin Lamarre Pratte et Associés Architectes,<br />

Lemay et Associés et Parkin Architects, montre<br />

une utilisation plus extensive de l’aluminium. Il<br />

se compose d’un bâtiment principal de 15 étages,<br />

abritant l’enseignement et la recherche, et d’un<br />

autre bâtiment plus modeste pour les activités<br />

administratives. Ici aussi le mur-rideau fait loi,<br />

mais le verre n’est plus omniprésent. Des panneaux<br />

d’aluminium plats et nervurés alternent<br />

avec la fenestration, évoquant la cartographie du<br />

génome humain. Les changements d’éclairage au<br />

fil de la journée créent des variations de tonalité<br />

dans les nervures qui font vibrer le bâtiment. Ici,<br />

l’aluminium joue d’esthétisme.<br />

Esthétique et fonctionnel, l’aluminium l’est<br />

aussi au Nasher Sculpture Center que Michael<br />

Stacey a présenté dans sa conférence. Propriété<br />

privée du riche Texan Ray Nasher, ce musée<br />

– l’œuvre de la firme Renzo Piano Building<br />

Maison Manuvie à Montréal : prédominance et<br />

transparence des murs-rideaux. En bas, les parois de<br />

verre de 40 pieds de haut sans meneaux horizontaux sont<br />

fixées sur des colonnes structurales en acier enveloppées<br />

d’un profilé d’aluminium elliptique.<br />

Illustration : © MSDL Architectes – Architectes : Menkès Shooner<br />

Dagenais LeTourneux Architectes<br />

Destination YUL à Montréal : jeux d’alternance avec<br />

les panneaux d’aluminium pour distinguer cet édifice de<br />

condominiums des immeubles de bureaux voisins.<br />

Illustration © MSDL Architectes – Architectes : MSDL Architectes, en<br />

consortium avec Stefano Domenici Architecte<br />

Le choix d’aujourd’hui,<br />

la solution de demain.<br />

La faible empreinte carbone de l’aluminium du Canada<br />

et son infinie recyclabilité en font le matériau de choix.<br />

Pour tout savoir sur l’aluminium : aluminium.ca<br />

L’aLuminium à faibLe empreinte carbone,<br />

aujourd’hui, pour L’avenir et pour toujours.<br />

Photos – Tesla : courtoisie de Location de Véhicules EEKO Logiques Inc.; passerelle : courtoisie de MAADI Group.


Workshop – abrite une collection de sculptures.<br />

Sur le toit en verre, des centaines de milliers de<br />

coquilles en aluminium sont agencées pour filtrer<br />

les rayons du soleil, de façon à optimiser l’apport<br />

de lumière naturelle dans le musée en fonction de<br />

la position du soleil dans le ciel.<br />

formes - v12 n2 - 2016<br />

À l’intérieur : l’aluminium créateur<br />

d’ambiance<br />

Dans le quartier des affaires, une autre réalisation<br />

de Menkès Shooner Dagenais LeTourneux<br />

Architectes, en consortium avec Stefano Domenici<br />

Architecte, est en cours : les deux tours de<br />

38 étages de Destination YUL. Comme il s’agit de<br />

condominiums, les architectes avaient le défi de<br />

les différencier des façades de verre lisses caractéristiques<br />

des immeubles de bureaux avoisinants.<br />

Ils ont instauré une dimension domestique en<br />

intercalant entre les fenêtres des panneaux d’aluminium<br />

blancs installés en alternance à l’horizontale<br />

et à la verticale. Mais il faudra pénétrer<br />

dans le hall d’accueil pour voir une utilisation<br />

plus percutante de l’aluminium. Le mur est hérissé<br />

de lamelles d’aluminium intercalées de plaques<br />

de verre pour évoquer les composantes en aluminium<br />

d’un avion. C’est ici que le YUL prend tout<br />

son sens. Ici, l’aluminium n’est plus seulement<br />

fonctionnel : il est objet de design, élément de<br />

décoration.<br />

Ce n’est d’ailleurs pas le seul projet où la firme<br />

profite de la versatilité de l’aluminium pour créer<br />

une ambiance. Pour réaffirmer l’identité culturelle<br />

de la Place des Arts, Menkès Shooner Dagenais<br />

LeTourneux Architectes, en consortium avec<br />

Provencher_Roy, a surplombé l’entrée de l’Espace<br />

culturel Georges-Émile-Lapalme d’une marquise<br />

et d’un belvédère. Une géométrie complexe<br />

de panneaux d’aluminium annonce maintenant<br />

clairement l’entrée de la Place des Arts. Mais là<br />

encore, c’est à l’intérieur, dans le hall, que l’aluminium<br />

prend toute sa dimension esthétique. Des<br />

profilés d’aluminium courbes dorés et argentés,<br />

suspendus verticalement et intercalés avec des<br />

feuilles d’acrylique, jouent avec la lumière et projettent<br />

sur le sol un entrelacs d’ombres diffuses.<br />

En direction de la cinquième salle, l’aluminium<br />

contribue aussi à l’ambiance alors que le plafond<br />

en aluminium renvoie les éclairages de la vitrine<br />

animée et semble étirer le mur verticalement.<br />

Menkès Shooner Dagenais LeTourneux Architectes,<br />

en consortium avec Provencher_Roy, a<br />

également remodelé l’entrée du Casino de Montréal.<br />

L’unique porte d’entrée surplombée par une<br />

marquise en forme d’éperon est maintenant clairement<br />

annoncée par un cylindre doré. Le tout<br />

semble happer les joueurs. Le cylindre doré est<br />

constitué d’un assemblage de petits panneaux<br />

d’aluminium anodisés qui miroitent à la lumière<br />

du jour. « On voulait une diversité dans la tonalité.<br />

Cet effet de vibration sur le cylindre est volontaire.<br />

C’est l’objet central qui attire les gens, qui<br />

les invite à entrer au Casino », commente Jean-<br />

Pierre LeTourneux. Sous la marquise et le hall<br />

d’entrée, un rétroéclairage programmé fait vivre<br />

des motifs de cœurs, de trèfles, de carreaux et<br />

de piques découpés au laser dans des panneaux<br />

d’aluminium blancs. À l’intérieur, les concepteurs<br />

ont transformé l’aménagement des aires de<br />

jeux, de détente et de restauration. Le centre du<br />

bâtiment est maintenant occupé par une superposition<br />

de bars et de salons circulaires qui communiquent<br />

avec les aires de jeux en périphérie.<br />

C’est un jeu de lamelles d’aluminium circulaires<br />

qui assure la transition entre les espaces centraux<br />

et périphériques. « L’aménagement a réussi à préserver<br />

l’espace consacré aux aires de jeux par rapport<br />

à l’espace intérieur », commente Jean-Pierre<br />

LeTourneux.<br />

À la bibliothèque R.H. Webster de Concordia,<br />

Menkès Shooner Dagenais LeTourneux<br />

Architectes a poussé l’esthétisme de l’aluminium<br />

jusqu’à créer un subterfuge. Pour aller chercher<br />

plus de hauteur, aucun plafond suspendu ne vient<br />

masquer les équipements mécaniques. L’astuce<br />

pour les faire oublier a été de déployer à travers la<br />

bibliothèque un ruban au plafond et un bas-relief,<br />

tous deux en aluminium, qui attirent le regard et<br />

le détournent des divers équipements de mécanique<br />

qui parcourent le plafond.<br />

Aluminium et couleur pour tous<br />

Évidemment, on ne construit pas des bibliothèques,<br />

des musées et des casinos tous les jours.<br />

Entrée de l’Espace culturel Georges-Émile-<br />

Lapalme, de la Place des Arts : au plafond, des profilés<br />

d’aluminium courbes dorés et argentés, suspendus<br />

verticalement et intercalés avec des feuilles d’acrylique,<br />

jouent avec la lumière.<br />

Photo : © Stéphane Groleau – Architectes : MSDL Architectes, en<br />

consortium avec Provencher_Roy<br />

Bibliothèque Paul-Mercier à Blainville : la transparence<br />

des murs-rideaux met le bois en valeur.<br />

Photo : © Yien Chao – Architectes : MSDL Architectes<br />

Mais heureusement, l’aluminium n’est pas réservé<br />

à ces projets d’envergure et les prix compétitifs de<br />

certains produits d’aluminium permettent de démocratiser<br />

son usage pour colorer les milieux de<br />

vie de tout un chacun, comme l’illustrent les multiples<br />

projets publics et parapublics du Groupe<br />

des Sept. À l’école de boucherie de la Commission<br />

scolaire du Val-des-Cerfs de Cowansville, Kevin<br />

Massé, concepteur et chargé de projet, explique<br />

qu’il a joué avec les panneaux d’aluminium de<br />

différentes profondeurs et couleurs pour évoquer<br />

l’expression de la profession de boucher et<br />

pour créer du relief sur les façades et dynamiser<br />

la volumétrie. « On perd l’échelle du bâtiment,<br />

on ne perçoit plus que c’est un bâtiment de deux<br />

École de boucherie de la Commission scolaire du<br />

Val-des-Cerfs à Cowansville : le jeu des couleurs, des<br />

volumes et la disposition des fenêtres donnent du rythme<br />

à ce bâtiment scolaire.<br />

Photo : Kevin Massé – Architectes : Groupe des Sept<br />

Projet de 180 logements de l’Office municipal<br />

d’habitation de Longueuil : le contraste des couleurs<br />

des panneaux d’aluminium et de la maçonnerie et les<br />

volumes dynamisent ces lieux de vie.<br />

Photo : François Descôteaux – Architectes : Groupe des Sept<br />

Centre de recherche du CHUM : l’alternance<br />

des panneaux nervurés et des fenêtres évoque la<br />

cartographie du génome.<br />

Photo : © Stéphane Groleau – Architectes : MSDL Architectes, en<br />

consortium avec NFOE et Associés Architectes, Jodoin Lamarre Pratte et<br />

Associés Architectes, Lemay et Associés et Parkin Architects<br />

Nasher Sculpture Center<br />

Sur le toit en verre du Nasher Sculpture Center, des<br />

centaines de milliers de coquilles en aluminium sont<br />

agencées pour filtrer les rayons du soleil.<br />

Photo : Michel Denancé – Architecte : Renzo Piano<br />

Bibliothèque R.H. Webster de l’Université de<br />

Concordia : un ruban d’aluminium blanc parcourt<br />

le plafond, créant un subterfuge pour éclipser les<br />

équipements mécaniques.<br />

Photo : © Adrien Williams – Architectes : MSDL Architectes<br />

étages », décrit-il.<br />

À Laval, c’est un immeuble de 8 étages et de<br />

86 logements de l’Office municipal d’habitation<br />

de Laval qui a profité du coût abordable des panneaux<br />

d’aluminium réalisés par Industries Panfab.<br />

Des panneaux jaune vif sur les façades nord<br />

et est reçoivent de plein fouet le soleil matinal et<br />

génèrent une belle lumière alentour. Les architectes<br />

ont cependant pris soin de ne pas installer<br />

ces panneaux jaunes en façade sud. « Au sud, le<br />

jaune se délaverait. Il faut utiliser des tons et couleurs<br />

qui réagissent mieux aux rayons de l’ensoleillement,<br />

ou de l’aluminium anodisé qui vieillit<br />

mieux », commente Kevin Massé. Ils ont en fait<br />

opté pour de la maçonnerie, notamment en raison<br />

de l’exigence municipale.<br />

Sur la Rive-Sud, ce sont trois édifices de<br />

l’Office municipal d’habitation de Longueuil<br />

cumulant un total de 180 logements qui ont<br />

également reçu des panneaux d’aluminium des<br />

Industries Panfab. « C’est un matériau d’un coût<br />

relativement abordable, mais quand même noble<br />

et qui donne un bon rendement », précise Kevin<br />

Massé. Un matériau noble qui contribue à un<br />

bâtiment de qualité. Le projet « 180 logements<br />

OMH Longueuil » et le projet « 86 logements<br />

OMH Laval », respectivement certifiés LEED for<br />

Homes argent et LEED NG argent, répondent<br />

tous deux aux normes de construction Novoclimat.<br />

Casino de Montréal : le cylindre doré et la marquise<br />

rétroéclairée happent les joueurs vers l’entrée.<br />

Photo : © Stéphane Groleau – Architectes : MSDL Architectes, en<br />

consortium avec Provencher_Roy<br />

formes - v12 n2 - 2016<br />

32<br />

33


DU BON USAGE DE L’ALUMINIUM<br />

formes - v12 n2 - 2016<br />

34<br />

Il n’est pas question<br />

de mettre de<br />

l’aluminium partout,<br />

mais d’utiliser « le<br />

bon matériau au bon<br />

endroit ».<br />

Casino de Montréal : Détail<br />

du cylindre doré composé de<br />

petits panneaux d’aluminium<br />

anodisés qui jouxte la porte<br />

d’entrée.<br />

Photo : © Stéphane Groleau<br />

– Architectes : MSDL Architectes, en<br />

consortium avec Provencher_Roy<br />

Dans son allocution, Jean-Luc Trahan,<br />

le président-directeur général d’Alu-<br />

Québec, l’a clairement énoncé. Il n’est<br />

pas question de mettre de l’aluminium<br />

partout, mais d’utiliser « le bon matériau au bon<br />

endroit ». Cette expression revient comme un<br />

refrain chez les architectes, dans les stratégies<br />

gouvernementales, les regroupements industriels…<br />

Elle se place bien, mais il est beaucoup<br />

plus ardu de la mettre en œuvre. Comment faire<br />

l’adéquation entre bon matériau et bon endroit<br />

et bon sur le plan de quoi? Derrière cette simple<br />

petite expression se cachent d’épineuses questions<br />

auxquelles l’analyse de cycle de vie (ACV)<br />

peut apporter un début de réponse. Dans sa<br />

conférence, l’architecte Michael Stacey a montré<br />

comment l’ACV appliquée aux fenêtres donnait<br />

l’aluminium gagnant. Julie-Anne Chayer,<br />

directrice aux relations d’affaires chez le Groupe<br />

AGECO, a également expliqué comment l’aluminium<br />

pouvait contribuer à la certification LEED.<br />

Mais comme toute bonne chose, il ne faut pas en<br />

abuser.<br />

Pour rappel, l’ACV, c’est cette analyse qui<br />

comptabilise tous les intrants et les extrants d’un<br />

produit ou d’un service depuis sa conception<br />

jusqu’à son élimination en fin de vie et qui en déduit<br />

les conséquences sur l’environnement. Pour<br />

un bâtiment, cela consiste donc à inventorier tous<br />

les matériaux, produits chimiques et l’énergie<br />

nécessaire à la construction du bâtiment, à son<br />

entretien, son utilisation et sa démolition et tous<br />

effluents et déchets générés du début à la fin. Travail<br />

de moine! De cet inventaire sont ensuite déduits<br />

des indicateurs traduisant les conséquences<br />

sur l’environnement. Le plus connu de ces indicateurs<br />

est le potentiel de réchauffement climatique<br />

relié aux gaz à effet de serre que le bâtiment aura<br />

émis. Mais il faut penser aussi au CFC qui contribue<br />

au trou dans la couche d’ozone, aux nitrates<br />

qui entraînent l’eutrophisation des plans d’eau…<br />

et aussi, à l’épuisement des ressources. L’ACV d’un<br />

bâtiment permettrait d’en localiser les écueils environnementaux<br />

: un produit, le procédé de fabrication<br />

d’un constituant, le système de chauffage,<br />

l’élimination d’un matériau… Et comme l’ACV<br />

donne une vue d’ensemble des impacts environnementaux<br />

tout au long de la vie du bâtiment, elle<br />

permet aussi de corriger un éventuel écueil repéré<br />

lors de la construction sans le reporter sur une<br />

phase ultérieure de la vie du bâtiment. Dans les<br />

faits, les ACV sont souvent réalisées sur des sections<br />

de bâtiments et pas toujours du berceau à la<br />

tombe et il est primordial dans ce cas d’indiquer<br />

clairement les frontières de l’ACV et l’objectif de<br />

l’étude. Par exemple, des ACV sont pratiquées sur<br />

une fenêtre, un matériau isolant, un élément de<br />

structure… Lorsque les ACV sont menées sur<br />

deux produits qui remplissent la même fonction<br />

et la même performance, il devient possible de<br />

comparer ces deux produits. Par même fonction<br />

et même performance, on entend par exemple<br />

deux poutres en bois ou en acier de même portée<br />

capables de supporter la même charge ou deux<br />

fenêtres de même dimension et de même capacité<br />

d’isolation.<br />

ACV sur fenêtres<br />

L’équipe du projet Towards Sustainable Cities –<br />

Quantifying the in-use Benefits of Aluminium in<br />

Source : Groupe AGECO<br />

L’équipe du projet Towards Sustainable Cities a utilisé<br />

l’analyse de cycle de vie pour comparer quatre fenêtres<br />

en bois, en PVC, en aluminium et une alliant le bois et<br />

l’aluminium.<br />

Architecture and the Built Environment Research<br />

a utilisé l’ACV pour comparer quatre fenêtres en<br />

bois, en aluminium, en PVC et une alliant le bois<br />

et l’aluminium. Michael Stacey en a montré les<br />

résultats lors de sa conférence, et la démarche<br />

est entièrement expliquée dans le livre Aluminium<br />

and Life Cycle Thinking. Dans cette étude,<br />

l’unité fonctionnelle était une fenêtre de 1 m 2<br />

munie d’un double vitrage, installée sur un bâtiment<br />

d’une durée de vie fixée à quatre-vingts ans.<br />

L’ACV porte donc bien sur toute la durée de vie de<br />

la fenêtre, de sa fabrication, son installation, son<br />

pensez<br />

sans limites<br />

Votre façon de voir est unique et complexe. Elle<br />

ouvre de nouveaux horizons et donne au design<br />

de nouvelles dimensions. Elle incarne une ambition<br />

de performance et un esthétisme sans contraintes.<br />

Elle exige le respect et inspire l’admiration. Votre<br />

façon de voir est tout à fait inédite.<br />

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La déclaration environnementale<br />

de produit (DEP) fait suite à l’analyse<br />

de cycle de vie. La DEP, c’est un<br />

peu comme les informations<br />

nutritionnelles sur un aliment… Le<br />

tout est fait en suivant les normes<br />

ISO 14040 et 14044 et est vérifié par<br />

une tierce partie. Conséquence de<br />

l’arrivée des DEP dans la version 4 de<br />

LEED, les concepteurs de bâtiments<br />

qui briguent la certification seront à<br />

la recherche de produits documentés<br />

par une DEP.<br />

entretien pendant quatre-vingts ans et jusqu’à<br />

son devenir à la fin de vie du bâtiment. Et que<br />

devient la fenêtre après quatre-vingts ans? Tout<br />

dépend de quel matériau elle est faite. Le PVC<br />

ne sera que fardeau dont il faudra se débarrasser<br />

alors que l’aluminium sera un atout puisqu’il sera<br />

recyclé et réutilisable. Or, si l’aluminium récupéré<br />

et revendu à une entreprise de recyclage constitue<br />

un retour sur investissement monétaire, le même<br />

raisonnement s’applique au coût environnemental.<br />

Comme la refonte de l’aluminium ne requiert<br />

que 5 % de l’énergie dépensée pour la fusion<br />

primaire, l’investissement énergétique initial est<br />

compensé par le recyclage de l’aluminium et sa<br />

remise en circulation qui évite une nouvelle fusion<br />

primaire. Ce retour sur investissement énergétique<br />

doit se traduire par un moindre impact<br />

environnemental. Les ACV comparatives des<br />

quatre fenêtres montrent effectivement que c’est<br />

pour la fenêtre en aluminium que les indicateurs<br />

environnementaux sont les plus bas. L’aluminium<br />

sort gagnant notamment parce que ce matériau<br />

ne nécessite qu’un entretien minimum, comme<br />

un lavage, alors qu’il faudra refaire le joint et la<br />

protection extérieure de la fenêtre en bois ou qu’il<br />

faudra remplacer la fenêtre en PVC.<br />

Dans cette étude, les ACV montrent que l’aluminium<br />

est le bon matériau pour le cadre d’une<br />

fenêtre. Or, l’ACV fait son entrée dans la version 4<br />

de la certification LEED et ce bon matériau pourrait<br />

apporter des points aux architectes ou donneurs<br />

d’ouvrage qui briguent la certification.<br />

Des planchers en aluminium<br />

Dans la logique du bon matériau au bon endroit,<br />

l’aluminium n’occupe peut-être pas toutes<br />

les niches possibles. « Il y a encore de la recherche<br />

à faire pour savoir ce qu’on peut faire avec de l’aluminium<br />

et où et comment l’utiliser au mieux »,<br />

observe Mario Fafard, professeur à l’Université<br />

Laval et directeur du Centre de recherche sur<br />

l’aluminium – REGAL. Par exemple, la conductivité<br />

thermique de l’aluminium est un désavantage<br />

pour les fenêtres, mais c’est un atout pour les<br />

équipements de chauffage et de climatisation. À<br />

l’Université de Waterloo, un projet de recherche<br />

étudie comment un plancher en aluminium<br />

pourrait stocker de la chaleur et la restituer ultérieurement<br />

pour chauffer le bâtiment. Il n’imagine<br />

pas une structure 100 % en aluminium, mais<br />

voit très bien le mariage d’une ossature de bois<br />

avec un plancher en aluminium. « C’est dans cette<br />

direction qu’il faut réfléchir, dans des projets de<br />

recherche osés pour utiliser l’aluminium là où il<br />

est le meilleur », espère-t-il.<br />

Transparence et performance<br />

Le 31 octobre 2016, la version LEED V4 entrera<br />

en vigueur; avec elle, un changement de<br />

paradigme s’annonce. Dans sa conférence, Julie-<br />

Anne Chayer, qui est également vice-présidente<br />

du Conseil du bâtiment durable du Canada<br />

– Québec, a expliqué les changements apportés<br />

au critère Matériaux et ressources. « Avant, on<br />

regardait le contenu recyclé, l’approvisionnement<br />

local, les matériaux renouvelables, les émissions<br />

de COV… Et on avait une pizza de logos pour<br />

appuyer ces allégations. C’était difficile de s’y retrouver.<br />

Ils ont été remplacés par la déclaration<br />

environnementale de produit (DEP), qui est régie<br />

de la même façon à travers le monde. »<br />

La DEP fait suite à l’ACV. « On fait l’inventaire<br />

de cycle de vie des flux entrants et sortants de la<br />

fabrication d’un produit. On mesure les émissions<br />

de CO 2<br />

, NO 2<br />

, SO 2<br />

…, les déchets solides,<br />

toutes les substances ou ingrédients qui entrent<br />

dans la fabrication de la fenêtre et ce qui sort. »<br />

Ces flux sont traduits en indicateurs qui estiment<br />

les impacts environnementaux, et la DEP est le<br />

document de synthèse de l’ACV. La DEP, c’est un<br />

peu comme les informations nutritionnelles sur<br />

un aliment, sauf qu’au lieu d’afficher des glucides,<br />

des gras, des vitamines…, elle indique le potentiel<br />

de réchauffement climatique, le potentiel de<br />

formation du smog… Le tout est fait en suivant<br />

les normes ISO 14040 et 14044 et est vérifié par<br />

une tierce partie.<br />

Dorénavant, les points LEED ne seront plus<br />

accordés uniquement si le bâtiment contient de<br />

l’aluminium recyclé ou un matériau renouvelable,<br />

mais s’il comporte des produits documentés<br />

par une DEP. Le crédit Déclarations environnementales<br />

de produits pourra conférer deux<br />

points. Plus exactement, explique Julie-Anne<br />

Chayer, « un point est accordé si le bâtiment<br />

contient 20 produits différents installés de façon<br />

permanente et provenant d’au moins cinq fournisseurs<br />

». Cependant, de même que l’étiquette<br />

nutritionnelle ne signifie pas que l’aliment est<br />

bon pour la santé, la DEP n’est pas une preuve<br />

de performance environnementale. Ce premier<br />

point récompense donc la transparence. La performance<br />

vient avec le deuxième point qui est octroyé<br />

si le bâtiment comporte des produits dont<br />

l’empreinte environnementale est plus faible que<br />

la moyenne de l’industrie et qui constituent au<br />

moins 50 % du coût total des produits installés de<br />

façon permanente dans le bâtiment. « Toute cette<br />

mouvance, résume Julie-Anne Chayer, a été suscitée<br />

par un souci de transparence, de mieux présenter<br />

sa performance environnementale, basée<br />

sur des faits, sur une rigueur scientifique. »<br />

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PARTENAIRES :<br />

36


formes - v12 n2 - 2016<br />

38<br />

La course aux déclarations<br />

environnementales de produit<br />

(DEP) est lancée et si elle ne<br />

veut pas perdre la course,<br />

l’industrie de l’aluminium<br />

québécoise va devoir suivre<br />

le mouvement. Toutefois,<br />

comme le dit l’architecte André<br />

Bourassa, « la DEP n’empêchera<br />

pas d’avoir des produits mal<br />

utilisés ». Autrement dit, une<br />

fenêtre de bonne qualité mal<br />

installée ne donnera aucun<br />

avantage au bâtiment.<br />

Toujours dans le critère Matériaux et ressources,<br />

indiquons brièvement qu’une logique<br />

similaire de transparence et de performance<br />

s’applique pour les crédits Approvisionnement<br />

en matières premières et Ingrédients. Un bâtiment<br />

reçoit un point pour la transparence des<br />

pratiques d’approvisionnement en matières premières<br />

et un point pour l’extraction responsable<br />

des matières premières. De même, un point est<br />

accordé pour la transparence des ingrédients<br />

qui composent les produits et un point pour les<br />

ingrédients de moindre toxicité. Enfin, une ACV<br />

du bâtiment complet montrant la performance<br />

environnementale pourra apporter d’autres<br />

points.<br />

Manufacturiers, à vos DEP!<br />

Conséquence de l’arrivée des DEP dans la<br />

version 4 de LEED, les concepteurs de bâtiments<br />

qui briguent la certification seront à la recherche<br />

de produits documentés par une DEP. « La DEP<br />

permet aux manufacturiers de communiquer<br />

sur leurs produits pour se démarquer, soutient<br />

Julie-Anne Chayer en ajoutant que les industries<br />

de recouvrement de plancher ou de panneaux de<br />

plafond se sont déjà lancées dans la course de la<br />

DEP. Dans l’industrie du tapis, on a déjà des DEP,<br />

il est possible de voir qui est le chef de file. » Les<br />

industries du ciment et du béton sont aussi en<br />

marche. Faire la DEP d’un produit fini, c’est un<br />

peu une réaction en chaîne, car cela suppose de<br />

remonter la chaîne des fournisseurs pour collecter<br />

les flux sortants et entrants de la fabrication<br />

des produits semi-finis, ou mieux les DEP de ces<br />

produits semi-finis. Par exemple, l’Aluminium<br />

Association aux États-Unis a rédigé les DEP de<br />

produits semi-finis en aluminium comme des<br />

tôles ou des extrusions. Jean Simard, président<br />

et chef de la direction de l’Association de l’aluminium<br />

du Canada, assure que les alumineries<br />

québécoises peuvent aussi fournir des DEP de<br />

leurs produits à leurs clients, qui pourront alors<br />

intégrer les données dans leur propre procédé<br />

de fabrication et à leur tour élaborer les DEP<br />

de leurs produits. Le fabricant de produits finis<br />

qui ne voudrait pas se lancer dans une démarche<br />

aussi complexe peut faire appel à des consultants<br />

spécialisés comme ASTM et UL. Qui cherche<br />

des produits avec DEP pourra d’ailleurs fouiller<br />

les répertoires de DEP de ces consultants. À titre<br />

d’exemple, on trouve sur le site de UL les DEP<br />

d’un mur-rideau de Kawneer et d’un pare-soleil<br />

en aluminium de YKK AP.<br />

Valoriser l’aluminium québécois.<br />

La course aux DEP est lancée. Et si elle ne veut<br />

pas perdre la course, l’industrie de l’aluminium<br />

québécoise va devoir suivre le mouvement. Chez<br />

Vitreco, un manufacturier de fenêtres, murs-rideaux<br />

et revêtements en aluminium, la réflexion<br />

est en marche. « J’ai vu une conférence sur le<br />

LEED v4, rapporte Marc Bilodeau, le vice-président<br />

de Vitreco. On s’en va vers ça. Nos fournisseurs<br />

se préparent à cette nouvelle version<br />

et travaillent sur ces DEP. » Les manufacturiers<br />

québécois ont d’autant plus intérêt à s’y mettre<br />

que les produits de l’aluminium québécois ont le<br />

potentiel de rapporter les deux points du crédit<br />

Déclaration environnementale de LEED v4, celui<br />

de la transparence, mais aussi celui de la performance.<br />

L’aluminium québécois bénéficie en effet<br />

des avantages environnementaux de l’hydroélectricité<br />

et d’investissements massifs dans l’amélioration<br />

de la performance environnementale<br />

de son parc d’usines modernes. Lors de la table<br />

ronde, Jean Simard a bien énoncé qu’une tonne<br />

d’aluminium québécois émet 2,4 tonnes d’équivalent<br />

CO 2<br />

contre 17 tonnes pour l’aluminium<br />

chinois. Dans le livre Aluminium and Life Cycle<br />

Thinking, un chapitre compare, au moyen d’ACV,<br />

les impacts environnementaux de la première<br />

fusion de l’aluminium selon la source d’énergie.<br />

Sans surprise, l’hydroélectricité devance nettement<br />

le charbon et le gaz. Comme la première<br />

fusion est l’étape la plus délétère pour l’environnement,<br />

la DEP d’un produit fini en aluminium<br />

québécois devrait afficher une meilleure performance<br />

environnementale que le produit fini<br />

équivalent en aluminium chinois. Et Michael<br />

Stacey concluait lors de la table ronde que l’aluminium<br />

québécois est excellent, qu’il bénéficie<br />

d’une empreinte carbone incroyablement basse<br />

et que le Québec devrait le valoriser pour le<br />

vendre au reste du monde!<br />

Question de conception<br />

Les ACV présentées par Michael Stacey démontrent<br />

que l’aluminium est un matériau de<br />

choix pour une fenêtre. Mais la bonne fenêtre ne<br />

fait pas forcément le bon bâtiment.<br />

D’une part, comme le dit André Bourassa,<br />

architecte chez Bourassa Maillé Architectes, « la<br />

DEP n’empêchera pas d’avoir des produits mal<br />

utilisés ». Autrement dit, une fenêtre de bonne<br />

qualité mal installée ne donnera aucun avantage<br />

au bâtiment. Même si elle est soigneusement installée,<br />

l’ACV de cette fenêtre ne peut pas être extrapolée<br />

au bâtiment entier, car une surfenestration,<br />

voire un mur-rideau, pourrait nuire à l’efficacité<br />

énergétique du bâtiment. André Bourassa<br />

a soulevé ce point lors de la table ronde. « Dans<br />

les grands projets, on a une tendance majeure au<br />

verre, regrette-t-il. C’est beau de prendre de l’aluminium<br />

à 2 tonnes de CO 2<br />

plutôt que 17 tonnes,<br />

mais si l’immeuble consomme plus d’énergie, on<br />

n’est pas cohérent. La performance énergétique<br />

est moindre qu’avec une architecture pondérée. »<br />

Donnant l’exemple du CHUM, il préconise une<br />

fenestration raisonnée en combinant des tympans<br />

d’aluminium au mur-rideau. Jacques Tremblay,<br />

qui est architecte et directeur à la Direction<br />

expertise de Québec à la Société québécoise des<br />

infrastructures (SQI), abondait dans le même<br />

sens : « Quand on en appelle au concepteur pour<br />

avoir un bâtiment efficace énergétiquement, une<br />

fenestration abondante, ça ne donne rien si on<br />

doit surclimatiser ou surchauffer des aires de bâtiments.<br />

Au-delà du matériau, il y a la conception<br />

du bâtiment. »<br />

« Le choix des matériaux est important, mais<br />

leur agencement l’est autant. La conception est<br />

cruciale », affirmait également Marie-France<br />

Bélec dans sa conférence qui suivait celle de<br />

Julie-Anne Chayer. Marie-France Bélec est architecte<br />

au Conseil et laboratoire en enveloppe du<br />

bâtiment (CLEB), qui offre un service de consultation<br />

et d’essais de performance pour optimiser<br />

l’enveloppe des bâtiments. Elle explique qu’une<br />

bonne conception pour un bâtiment durable doit<br />

suivre cinq principes : efficacité énergétique, qualité<br />

des assemblages, contrôle de qualité lors de<br />

l’exécution des travaux, conception permettant<br />

l’entretien et programme d’entretien. « Quand on<br />

analyse un projet de bâtiment durable et qu’on<br />

voit de l’aluminium, on est content, on ne se pose<br />

pas trop de questions », assure-t-elle. La durée de<br />

vie avec les bons alliages dépasse les quatre-vingts<br />

ans. Les fabricants de fenêtres et de murs-rideaux<br />

contournent la conductivité thermique de l’aluminium<br />

en insérant des bris thermiques et proposent<br />

des produits qui répondent très bien aux<br />

demandes de performance, estime Marie-France<br />

Bélec. L’aluminium se prête bien également à une<br />

architecture démontable qui facilite le remplacement<br />

d’un élément défectueux et la déconstruction,<br />

puis le recyclage du bâtiment en fin de vie.<br />

Bien utilisé, l’aluminium peut donc être l’allié du<br />

bâtiment durable.


LONGÉVITÉ + RECYCLAGE = DURABILITÉ<br />

formes - v12 n2 - 2016<br />

40<br />

Photo : Hydro<br />

et la première fusion de l’aluminium<br />

sont particulièrement énergivores.<br />

Les analyses de cycle de vie<br />

L’électrolyse<br />

(ACV), qui évaluent les impacts environnementaux<br />

d’un produit tout au long depuis<br />

sa conception jusqu’à sa fin de vie, montrent que<br />

ce sont les étapes les plus délétères pour l’environnement<br />

du cycle de vie de l’aluminium. Pour<br />

rentabiliser la dépense énergétique et diluer les<br />

impacts environnementaux dans le temps, il y<br />

a donc intérêt à étirer la phase d’utilisation d’un<br />

produit en aluminium et à le recycler en fin de<br />

vie. Justement, les deux points forts de l’aluminium<br />

sont sa longévité, parce qu’il résiste à la corrosion,<br />

et sa recyclabilité.<br />

Matériau longue durée<br />

Pour démontrer la longévité de l’aluminium<br />

dans les bâtiments, l’architecte Michael Stacey a<br />

ouvert sa conférence par un historique de l’utilisation<br />

de l’aluminium en architecture. Même si la<br />

découverte de l’aluminium ne date que de deux<br />

siècles, les plus vieilles utilisations architecturales<br />

sont déjà plus que centenaires. Ce sont les bâtisseurs<br />

d’églises qui ont innové dès 1895 avec la<br />

construction de l’église St. Edmunds dans le Derbyshire.<br />

À l’intérieur, elle est ornée d’un plafond<br />

en aluminium peint parfaitement conservé. Dans<br />

l’Essex, à Great Warley, l’église St. Mary the Virgin<br />

a été édifiée en 1905. L’abside est couverte de<br />

feuilles d’aluminium embossées et peintes inaltérées<br />

par le temps. Il est vrai que, dans ces églises,<br />

l’aluminium est à l’intérieur et donc protégé des<br />

intempéries. Mais à Rome, l’église San Giacomo<br />

in Augusti a reçu en 1897 un dôme extérieur en<br />

aluminium – toujours en bon état aujourd’hui.<br />

C’est cependant à partir du milieu du XX e<br />

siècle que l’utilisation de l’aluminium s’est déployée.<br />

Michael Stacey en a donné de nombreux<br />

exemples, tant en Europe qu’en Amérique du<br />

Nord : les panneaux de l’Empire State Building<br />

en 1931, les fenêtres de la bibliothèque de l’Université<br />

de Cambridge en 1934, le premier mur-rideau<br />

du bâtiment des Nations Unies à New York<br />

en 1953, les panneaux du centre de télévision de<br />

Ljubljana en 1974… Tous sont décrits dans son<br />

livre Aluminium and Durability. Douze de ces<br />

bâtiments ont fait l’objet d’une inspection approfondie<br />

entre 2012 et 2013 pour évaluer la bonne<br />

tenue de l’aluminium dans le temps. Michael Stacey<br />

et ses collaborateurs ont effectué des examens<br />

visuels et des tests non destructifs avec divers<br />

appareils pour mesurer l’intensité de la couleur,<br />

l’épaisseur de la peinture ou de la couche anodisée.<br />

Conclusion générale de l’étude : la durée de<br />

vie de l’aluminium semble infinie à l’intérieur et<br />

pourrait dépasser les cent vingt ans à l’extérieur.<br />

Évidemment, la longévité dépend de la qualité<br />

de la peinture ou de l’anodisation et de la maintenance.<br />

Michael Stacey l’a répété plusieurs fois :<br />

l’aluminium aime la pluie, et mieux vaut le nettoyer<br />

que de le repeindre. La conception du bâtiment<br />

devrait donc faciliter le lavage par la pluie et<br />

aussi prévoir un accès pour un lavage manuel. Les<br />

détails architecturaux devront également faciliter<br />

le drainage et éviter les traînées sous les rebords<br />

des fenêtres.<br />

Recyclage efficace<br />

Dans un bâtiment, les composantes en aluminium<br />

durent longtemps, peut-être parfois plus<br />

longtemps que le bâtiment lui-même. Mais parce<br />

qu’il se recycle sans perte de qualité et pour seulement<br />

5 % du coût énergétique de la première fusion,<br />

l’aluminium pourra retrouver une deuxième<br />

vie. Léger et facile à couper, les revêtements et<br />

les profilés en aluminium se démontent facilement.<br />

« Lors de la déconstruction d’un édifice,<br />

il y a toute une chaîne alimentaire qui se met en<br />

place », dépeint Jean Simard, le président et chef<br />

de la direction de l’Association de l’aluminium<br />

du Canada. Les démolisseurs vont chercher le<br />

métal, le revendent à des recycleurs de métaux<br />

comme AIM, qui à leur tour trient l’aluminium<br />

des autres métaux et éventuellement les différents<br />

alliages d’aluminium, qu’ils envoient aux alumineries.<br />

Gilles Bernardin est président du conseil<br />

d’administration du Regroupement des récupérateurs<br />

et des recycleurs de matériaux de<br />

construction et de démolition du Québec<br />

(3RMCDQ). Il confirme qu’à 880 $ la tonne<br />

métrique, il y a un réel incitatif à trier et récupérer<br />

l’aluminium sur les chantiers. Il donne<br />

l’exemple des entrepreneurs spécialisés dans le<br />

remplacement de fenêtres, dont la moitié prend<br />

le temps de trier l’aluminium pour le vendre à un<br />

recycleur. Lorsque l’aluminium n’est pas récupéré<br />

par l’entrepreneur, il l’est par le centre de tri. À<br />

l’aluminerie, l’aluminium est fondu puis analysé<br />

pour en connaître la composition; ensuite, les<br />

éléments manganèse, magnésium, zinc… sont<br />

ajoutés pour ajuster la composition de l’alliage<br />

recyclé, explique Michel Guillot, professeur au<br />

Centre de recherche sur l’aluminium – REGAL,<br />

à l’Université Laval. La refonte de l’aluminium<br />

entraîne une légère perte de matière, mais avec<br />

une durée de vie d’un bâtiment de soixante ans,<br />

un taux de recyclage de 95 % et une perte de 2 %<br />

du matériau lors du recyclage, l’aluminium utilisé<br />

en architecture peut en théorie être recyclé pendant<br />

trois mille ans, écrit Michael Stacey dans<br />

son livre Aluminium Recyclability and Recycling.<br />

Quand il parle d’un taux de recyclage de 95 %,<br />

il s’appuie sur une étude réalisée par l’Université<br />

de technologie de Delft aux Pays-Bas, étude<br />

mandatée par l’Association européenne de l’aluminium.<br />

Les chercheurs de cette étude ont suivi<br />

le recyclage de l’aluminium lors de la démolition<br />

de neuf bâtiments culturels, résidentiels et<br />

commerciaux dans six pays européens. Dans les<br />

huit bâtiments où l’aluminium était présent dans<br />

les fenêtres, le revêtement, la toiture, le taux de<br />

récupération de l’aluminium varie de 92 à 98 %.<br />

Dans le neuvième bâtiment où l’aluminium était<br />

présent dans des éléments de petite taille comme<br />

des poignées de porte ou des lavabos, le taux de<br />

récupération tombe à 31 %. « La récupération des<br />

petits éléments d’aluminium prend trop de temps<br />

par rapport à la valeur du métal. Ce n’est pas économique<br />

», commentait Michael Stacey. Ce dernier<br />

évoque des taux de récupération similaires<br />

aux États-Unis. Une étude de la Ville de Chicago<br />

menée en 2010 indique que 99 % de l’aluminium<br />

du secteur de la construction est acheminé au<br />

recyclage.<br />

Dans son livre Aluminium Recyclability and<br />

Recycling, Michael Stacey écrit aussi que « designer<br />

la déconstruction au début du projet permet<br />

au bâtiment de devenir une ressource pour un<br />

autre bâtiment et de fermer la boucle ».<br />

Il y a toutefois une limite au recyclage de l’aluminium<br />

: sa longévité. Parce qu’il ne rouille pas et<br />

s’entretient facilement, l’aluminium dans les bâtiments<br />

y est immobilisé pour longtemps et tarde<br />

à être remis en circulation. Les premières sources<br />

d’aluminium urbain se trouvent là où ont été<br />

construits les premiers bâtiments avec de l’aluminium,<br />

soit en Europe et en Amérique du Nord.<br />

« En Europe, l’aluminium recyclé fournit un tiers<br />

de la demande », écrit Michael Stacey. À partir de<br />

2020, d’importantes réserves d’aluminium urbain<br />

s’ajouteront à la suite de l’urbanisation effrénée<br />

chinoise. Mais elles ne suffiront pas à combler<br />

la demande en aluminium, de sorte que même<br />

si la demande en aluminium n’augmente pas, le<br />

contenu d’aluminium recyclé dans un bâtiment<br />

ne pourra pas dépasser 40 % avant 2050. Il y aura<br />

encore besoin d’aluminium primaire.<br />

Retour sur l’analyse de cycle de vie<br />

Michael Stacey et ses collègues ont utilisé<br />

l’ACV pour comparer quatre fenêtres en bois, en<br />

PVC, en aluminium et une quatrième alliant le<br />

bois et l’aluminium. Ils ont montré que c’est la fenêtre<br />

en aluminium qui présente le meilleur bilan<br />

environnemental (voir article précédent). Mais<br />

comme le disait Michael Stacey, la communauté<br />

scientifique est divisée sur la façon de faire des<br />

ACV. La question est de savoir comment tenir<br />

compte du recyclage dans une ACV. Le livre Aluminium<br />

Recyclability and Recycling décrit deux<br />

écoles de pensée. La méthode du recyclage en fin<br />

Les deux points forts de l’aluminium sont sa longévité, parce qu’il résiste à la corrosion, et sa recyclabilité. La durée<br />

de vie de l’aluminium semble infinie à l’intérieur et pourrait dépasser les 120 ans à l’extérieur. Quelques exemples de<br />

longévité : église St-Edmunds , église St-Mary the Virgin, église San Giacomo in Augusti, Empire State Building, bibliothèque<br />

de l’Université de Cambridge, bâtiment des Nations-Unies à New York et centre de télévision de Ljubjana.<br />

Source : Michael Stacey Architects<br />

de vie (end-of-life recycling, EOL) calcule que tout<br />

l’aluminium sera recyclé. Le recyclage de cet aluminium<br />

évitera une nouvelle fusion primaire et<br />

réduira les impacts environnementaux du futur<br />

produit dans lequel il sera utilisé. Mais cet allègement<br />

du fardeau environnemental est crédité<br />

non pas à ce futur produit, mais d’emblée au produit<br />

initial, pour l’intégralité de l’aluminium qu’il<br />

contient, même s’il s’agit d’aluminium primaire.<br />

Inversement, la méthode du contenu recyclé<br />

(recycled content, RC) calcule un bénéfice environnemental<br />

proportionnellement au contenu<br />

d’aluminium recyclé dans le produit. Lorsque les<br />

quatre fenêtres sont comparées avec la méthode<br />

RC, les résultats sont mitigés. Mais la méthode<br />

EOL donne clairement l’avantage à l’aluminium<br />

et elle est prônée par l’Aluminium Association<br />

aux États-Unis et l’Association européenne de<br />

l’aluminium. Pourtant, si la quasi-totalité de<br />

l’aluminium utilisée en architecture est effectivement<br />

recyclée, il n’y a pas assez d’aluminium<br />

recyclé sur le marché pour combler la demande.<br />

Il est impossible de construire systématiquement<br />

avec de l’aluminium recyclé. Est-ce alors légitime<br />

d’appliquer la méthode EOL et de calculer<br />

les bénéfices environnementaux pour tout l’aluminium<br />

d’un bâtiment, alors que cet aluminium<br />

ne peut pas être constitué à 100 % d’aluminium<br />

recyclé? La réponse de François Charron-Doucet,<br />

le directeur scientifique du Groupe AGÉCO,<br />

est que le choix d’une méthode se justifie aussi<br />

par le message qu’elle envoie. La méthode RC encourage<br />

l’utilisation de matière recyclée dans un<br />

produit sans se soucier du devenir de ce produit<br />

en fin de vie. Or, un matériau composite à base<br />

d’aluminium sera difficilement recyclable. Inversement,<br />

la méthode EOL encourage le recyclage.<br />

L’idée, en choisissant la méthode EOL, est donc<br />

d’encourager les conceptions qui facilitent la récupération<br />

et le recyclage plutôt que l’utilisation<br />

d’aluminium recyclé, mais non recyclable.<br />

Poussant plus loin leur analyse, Michael Stacey<br />

et ses collègues ont utilisé la méthode EOL<br />

pour comparer les impacts environnementaux<br />

causés par l’entretien des quatre fenêtres pendant<br />

les quatre-vingts ans de l’utilisation du bâtiment.<br />

Trois scénarios d’entretien sont envisagés : un<br />

entretien minimaliste qui consiste seulement<br />

à remplacer la fenêtre à la fin de la garantie, un<br />

entretien de base selon la prescription du fabricant<br />

avec changement des éléments endommagés<br />

et un entretien de haute qualité avec nettoyage et<br />

renouvellement des joints et de la couche protectrice<br />

dans le cas du bois. Dans les trois scénarios,<br />

la fenêtre en aluminium est gagnante, la pire<br />

étant celle en PVC dont le cadre doit être changé<br />

trois ou quatre fois au cours des quatre-vingts<br />

ans, multipliant les impacts environnementaux<br />

liés à la fabrication.<br />

Pendant les quatre-vingts ans de la vie du bâtiment,<br />

la fenêtre en aluminium est la plus résistante<br />

au passage du temps, la moins délétère pour<br />

l’environnement. Même en fin de vie du bâtiment,<br />

elle se démonte et se recycle facilement.<br />

Difficile de ne pas voir en l’aluminium un allié du<br />

bâtiment durable.<br />

formes - v12 n2 - 2016<br />

41


ALUMINIUM :<br />

DU BÂTIMENT À LA VILLE <strong>DURABLE</strong><br />

Parce qu’il dure longtemps et qu’il se recycle,<br />

l’aluminium confère aux bâtiments<br />

des attributs de durabilité. L’architecte<br />

Michael Stacey a bien montré la longévité<br />

des bâtiments en aluminium. Mais dans la<br />

ville durable, l’aluminium peut faire plus. Il peut<br />

prolonger la vie des bâtiments dépourvus d’aluminium<br />

et il peut occuper d’autres espaces.<br />

formes - v12 n2 - 2016<br />

42<br />

Siège social de Pfizer<br />

à Kirkland : un écran<br />

pare-soleil en aluminium<br />

est perforé et hérissé<br />

de languettes pliées qui<br />

évoquent les emballages<br />

thermocollés des<br />

médicaments.<br />

Photo : © Stéphane Groleau –<br />

Architectes : MSDL Architectes<br />

Rénovation<br />

Recycler c’est bien, mais dans la hiérarchie des<br />

3RVE (réduire, réutiliser, recycler, valoriser, éliminer)<br />

de la gestion des matières résiduelles, ce<br />

n’est que le troisième R et il arrive après la réutilisation.<br />

Appliquée à un édifice, la logique des<br />

3RVE suggère qu’il vaut mieux réutiliser cet édifice<br />

que de le démolir pour en recycler les composantes.<br />

Comme l’écrit d’ailleurs Michael Stacey<br />

dans son livre Aluminium Recyclability and<br />

Recycling, démolir ne permet pas de rentabiliser<br />

l’investissement de l’énergie intrinsèque dépensée<br />

pour la fabrication des matériaux et pour la<br />

construction du bâtiment. Rénover le bâtiment<br />

pour le réutiliser et prolonger sa vie peut s’avérer<br />

une meilleure option environnementale.<br />

Dans sa présentation, Jean-Pierre LeTourneux,<br />

architecte associé et concepteur principal<br />

chez Menkès Shooner Dagenais LeTourneux<br />

Architectes (MSDL), en a donné un bel<br />

exemple avec la rénovation du siège social de<br />

Pfizer à Kirkland. La maçonnerie extérieure en<br />

piètre état a été démantelée pour faire place à un<br />

mur-rideau en aluminium fixé sur la structure<br />

en béton. Sur ce mur-rideau, les concepteurs ont<br />

ajouté un écran pare-soleil en aluminium qui<br />

crée une continuité avec le bâtiment voisin. Clin<br />

d’œil à l’identité pharmaceutique de Pfizer, l’écran<br />

est perforé et hérissé de languettes pliées qui<br />

évoquent les emballages thermocollés des médicaments.<br />

Ces languettes, d’un doré iridescent,<br />

jouent de contraste avec le noir de la plaque d’aluminium<br />

sous-jacente et vibrent avec la lumière.<br />

Le motif en trois dimensions des languettes qui<br />

se décollent a été transposé en deux dimensions<br />

à l’intérieur du bâtiment. On le retrouve dans le<br />

hall d’entrée, dans un mur rétroéclairé constitué<br />

d’une plaque d’aluminium perforée ainsi que sur<br />

des papiers peints et les tissus des banquettes.<br />

Dans le domaine scolaire, alors que le budget<br />

Leitao annonce une enveloppe de 700 millions $<br />

pour la rénovation des écoles, Benoît Comeau,<br />

représentant technique auprès des architectes des<br />

Industries Panfab, fait remarquer que les panneaux<br />

d’aluminium représentent une solution<br />

économique sans nuire au design et à la durabilité.<br />

Les Industries Panfab ont d’ailleurs déjà fourni<br />

des panneaux à une cinquantaine de projets scolaires.<br />

Michael Stacey avait aussi plusieurs exemples<br />

de rénovation de bâtiments à montrer. Construit<br />

en 1981 à Londres, l’Angel Building a été loué à<br />

une entreprise de télécommunication jusqu’en<br />

2006, après quoi il est devenu inoccupé pour<br />

cause de système mécanique obsolète. Comme<br />

la structure en béton était encore en bon état, les<br />

architectes de AHMM ont décidé de l’envelopper<br />

d’un mur-rideau en aluminium. Ainsi rénové,<br />

l’Angel Building est devenu une place publique<br />

avec café et une diversité d’espaces de travail.<br />

À Londres également, un bâtiment désaffecté<br />

Escalier à flanc de coteau à Beauport, en banlieue de<br />

Québec.<br />

Source : MAADI Group<br />

Complexe des sciences à l’Université de Montréal : un<br />

pont piétonnier permettra de franchir la voie ferrée et de<br />

traverser le Complexe des sciences. Les parapets seront<br />

habillés d’aluminium.<br />

Illustration : © MSDL Architectes – Architectes : MSDL Architectes, en<br />

consortium avec Lemay et NFOE Architectes<br />

qui abritait un atelier de fabrication d’articles de<br />

cuir a été converti en centre interculturel d’arts<br />

et de spectacles, maintenant appelé le Rich Mix.<br />

Là aussi, les architectes de Penoyre et Prasad ont<br />

conservé la structure et l’ont habillée, côté rue,<br />

d’un pare-soleil en aluminium de 10 m de long<br />

sur 10 m de haut, constitué de lames horizontales<br />

en aluminium anodisé pivotantes sur des profilés<br />

d’aluminium verticaux.<br />

Penoyre et Prasad ont aussi rénové le Guy’s<br />

Hospital, une tour de 34 étages construite en<br />

1974. Dans ce cas, la structure en béton présentait<br />

des signes de faiblesse. La corrosion des armatures<br />

d’acier faisait éclater le béton qui se délitait<br />

en feuillets. Le béton a été décapé et l’armature<br />

réparée, et un revêtement en aluminium a été<br />

ajouté pour protéger le bâtiment. Les anciennes<br />

fenêtres dans le mur de béton ont été remplacées<br />

par des fenêtres double-vitrage intégrées dans le<br />

revêtement en aluminium. En plus de prolonger<br />

la vie du bâtiment, la nouvelle façade améliore<br />

l’efficacité énergétique de celui-ci. La firme d’ingénierie<br />

Arup, qui a participé au projet, évalue<br />

que les émissions de GES causées par la rénovation<br />

devraient être compensées au bout de treize<br />

ans.<br />

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La passerelle en arc de Coaticook, longue de 29 m et<br />

large de 1,8 m, supporte une charge de véhicules de 9 kN<br />

pour le passage des motoneiges.<br />

Source : MAADI Group.<br />

Pont de Saint-Ambroise : un platelage en aluminium repose sur cinq poutres en acier<br />

galvanisé appuyées sur des culées en béton. Le platelage d’aluminium est constitué<br />

d’une série de profilés extrudés soudés par friction-malaxage.<br />

Source : Ministère des Transports, de la Mobilité durable et de l’Électrification des transports<br />

Passerelle du Bota Bota, spa-sur-l’eau, à Montréal.<br />

Source : MAADI Group.<br />

Passerelle Make-A-Bridge® : ce pont en kit à déploiement rapide a été installé en une<br />

heure et demie à la base militaire de Valcartier.<br />

Source : MAADI Group.<br />

formes - v12 n2 - 2016<br />

44<br />

Constructions temporaires<br />

Le recyclage et la réutilisation de bâtiments<br />

peuvent aussi s’appliquer aux constructions temporaires<br />

des expositions ou des festivals. Ainsi,<br />

en 1951, l’architecte Ralph Tubbs a conçu pour<br />

le Festival of Britain, le Dome of Discovery, une<br />

structure toute en éléments extrudés préfabriqués<br />

couverte d’aluminium. Avec ses 111 m de<br />

diamètre et ses 28 m de haut, c’était le plus grand<br />

dôme du monde. Démantelé après le festival, il<br />

a alimenté le marché de l’aluminium recyclé en<br />

1952.<br />

À Paris, en 1954, un hall d’exposition a été<br />

érigé pour souligner le centième anniversaire de<br />

l’industrie de l’aluminium. L’architecte et designer<br />

Jean Prouvé l’a conçu pour faire la démonstration<br />

des diverses possibilités techniques et architecturales<br />

offertes par l’aluminium. Le bâtiment<br />

de 150 m de long sur 15 m de large se compose<br />

de 114 fermes de charpente en aluminium, le tout<br />

couvert de panneaux d’aluminium et de verre.<br />

Conçu pour être rapidement monté et démonté,<br />

il a été assemblé en vingt et un jours. En 1956, il<br />

est démonté et transporté à Lille, où il subit une<br />

série de transformations pour devenir le Palais de<br />

la Foire, un bâtiment en forme de L combinant<br />

l’aluminium et l’acier. En 1993, l’inscription de ce<br />

pavillon pour le centenaire de l’aluminium dans<br />

l’Inventaire supplémentaire des monuments historiques,<br />

le sauve de la démolition. Il reprend le<br />

chemin de Paris au Parc des expositions, où il est<br />

partiellement reconstruit en 2000 en reprenant<br />

les dessins de Jean Prouvé.<br />

Michael Stacey donne aussi l’exemple plus récent<br />

de la Cellophane House TM, conçue par les architectes<br />

de KieranTimberlake pour l’exposition<br />

Home Delivery : Fabricating the Modern Dwelling<br />

au Musée d’art moderne de New York en 2008.<br />

C’est une maison de cinq étages, toute en profilés<br />

d’aluminium reliés par des attaches en acier.<br />

Fabriquée en treize semaines en usine, elle a été<br />

assemblée en vingt et un jours. Toutes les pièces<br />

sont numérotées et entreposées pour faciliter le<br />

transport et la prochaine utilisation. Et comme<br />

elle est polyvalente, elle pourra être adaptée à différents<br />

climats et terrains.<br />

La ville, c’est plus que des bâtiments<br />

Au-delà des bâtiments, l’aluminium peut trouver<br />

bons nombre d’endroits où loger en ville :<br />

éclairage, signalisation routière, mobilier urbain,<br />

scènes de spectacle… Des entreprises québécoises<br />

comme Génilux, Valmont, Snoc, Urbana…<br />

fournissent des éclairages, bancs, poubelles<br />

en tous genres. Unisson Structures a conçu pour<br />

le Festival d’été de Québec (2013), la scène Hi-<br />

Roof : plus de 115 tonnes d’aluminium, 500 m 2<br />

sur 26 m de haut. Il y a aussi les ponts piétonniers,<br />

comme celui qu’a présenté Jean-Pierre<br />

LeTourneux pour le projet d’agrandissement de<br />

l’Université de Montréal. Réalisé par Menkès<br />

Shooner Dagenais LeTourneux Architectes, en<br />

consortium avec Lemay et NFOE Architectes,<br />

un nouveau complexe scientifique doit voir le<br />

jour sur le site de l’ancienne gare de triage d’Outremont,<br />

entre les stations Acadie et Outremont.<br />

Mais la voie ferrée isole ce futur complexe scientifique<br />

des quartiers nord. Les concepteurs ont<br />

donc imaginé un axe piétonnier qui relie les deux<br />

stations, avec un pont enjambant la voie ferrée. Le<br />

pont est en acier, mais les parapets de 4 m de haut<br />

seront habillés d’aluminium.<br />

Impossible de parler de passerelles en aluminium<br />

sans parler de MAADI Group. L’entreprise<br />

a fait ses preuves dans ce domaine avec de multiples<br />

réalisations : une passerelle de 29 m pour<br />

motoneiges à Coaticook; une autre de 18 m au<br />

Parc équestre de Blainville; une passerelle de<br />

44 m pour une piste cyclable à Brossard; deux<br />

passerelles maritimes pour accéder aux bateaux<br />

de croisière au Port de Québec; les passerelles de<br />

Bota Bota, spa-sur-l’eau, à Montréal; un escalier à<br />

Beauport... Ces quelques exemples non exhaustifs<br />

des réalisations de MAADI Group illustrent<br />

bien la diversité des utilisations des passerelles en<br />

aluminium. Pour faciliter le transport et le montage,<br />

l’entreprise a développé le concept Make-<br />

A-Bridge®. « Un pont en kit, comme les meubles<br />

IKEA », compare Alexandre de la Chevrotière,<br />

le président de MAADI Group. Les profilés d’aluminium<br />

s’insèrent dans des nœuds moulés, où ils<br />

sont fixés avec un seul boulon. Le pont est donc<br />

livré en morceaux, emballés dans de simples<br />

palettes et transportés par camion. L’entreprise<br />

a livré cet hiver à la base militaire de Valcartier<br />

un pont à déploiement rapide. D’une longueur de<br />

18 m, il a été assemblé en une heure et demie.<br />

Et pourquoi pas des ponts?<br />

Michael Stacey a terminé sa présentation avec<br />

une réalisation de sa firme d’architecture, soit le<br />

pont du village de Ballington dans le comté de<br />

Suffolk au Royaume-Uni. La structure est en béton,<br />

mais la balustrade en aluminium, toute en<br />

légèreté, est cependant capable d’arrêter un poids<br />

lourd de 42 tonnes. L’architecte en parle comme<br />

d’un exemple de fast construction, slow architecture<br />

parce qu’il a été construit en dix-huit mois,<br />

mais conçu pour durer cent vingt ans.<br />

Au Québec, on connaît le pont Arvida qui, de<br />

ses 150 m de long, enjambe la rivière Saguenay<br />

depuis 1950. « Il a été construit avec un alliage de<br />

la série 2000, pas le bon alliage, et il est toujours<br />

là », fait remarquer Michel Guillot, professeur<br />

au Centre de recherche sur l’aluminium – RE-<br />

GAL, à l’Université Laval. Aujourd’hui, après<br />

avoir été laissé pour compte pendant plus d’un<br />

demi-siècle, l’aluminium pourrait faire un retour.<br />

« Dans l’esprit du bon matériau au bon endroit,<br />

pour les ponts, c’est certainement dans le tablier<br />

avec une structure en acier ou en béton », relate<br />

Jean Simard, le président et chef de la direction<br />

de l’Association de l’aluminium du Canada. La<br />

légèreté de l’aluminium permettrait une structure<br />

plus sobre en matériaux, et donc moins chère.<br />

Déjà, le ministère des Transports, de la Mobilité<br />

durable et de l’Électrification des transports<br />

(MTMDET) mène un projet pilote avec le pont<br />

de Saint-Ambroise, près de Saguenay. D’une portée<br />

de 8,5 m, il est constitué d’un tablier en aluminium<br />

posé sur cinq poutres en acier galvanisé,<br />

elles-mêmes en appui sur des culées en béton.<br />

« Le platelage d’aluminium a été fabriqué en deux<br />

panneaux, composés chacun d’une série d’extrusions<br />

en aluminium de 203 mm de haut sur<br />

305 mm de large et 10 m de long, soudées côte<br />

à côte par le procédé de soudure par frictionmalaxage<br />

», explique Jean-Pierre D’Auteuil, le<br />

responsable des relations médias au Service des<br />

affaires publiques au ministère de l’Économie,<br />

de la Science et de l’Innovation (MESI). Les<br />

deux panneaux ont ensuite été reliés au chantier<br />

par un joint boulonné longitudinal et recouvert<br />

d’un revêtement antidérapant de polyuréthane<br />

mêlé de granulats de la taille du millimètre.<br />

Ce projet pilote fait partie d’une mesure de la<br />

Stratégie québécoise de développement de l’aluminium<br />

dans laquelle le MTMDET doit examiner<br />

et valider les utilisations de l’aluminium dans<br />

les ponts. D’autres ponts doivent être construits<br />

en 2018. Le suivi de leurs performances doit<br />

permettre au MTMDET de documenter le coût<br />

total de possession pour voir si leur coût d’acquisition<br />

peut être rentabilisé à long terme par une<br />

meilleure résistance à la corrosion et un moindre<br />

coût d’entretien. Le coût total de possession, c’est<br />

la clé pour convaincre les donneurs d’ordres de<br />

faire la transition vers les ponts en aluminium,<br />

croit Jean Simard. Et si le MTMDET, le MESI,<br />

AluQuébec, l’Association canadienne de l’aluminium<br />

s’intéressent aux ponts en aluminium, c’est<br />

qu’il y a un marché à prendre. Au cours des prochaines<br />

décennies, il y aura chaque année entre<br />

1 000 et 1 400 ponts de courte portée à réparer<br />

ou rénover dans l’est du Canada et le nord-est des<br />

États-Unis. L’aluminium pourrait faire du chemin<br />

et sortir de la ville.<br />

formes - v12 n2 - 2016<br />

45


LE MEUBLE DU QUÉBEC FAIT SA MARQUE<br />

PrixHabitatDesign.com<br />

réalisations<br />

1, 2<br />

3, 4<br />

Pariez Sur le<br />

GaGnant avec<br />

voS collèGueS<br />

et amiS !<br />

Les Prix Habitat Design<br />

sont De retour !<br />

Question :<br />

Saurez-vous deviner qui remportera le Grand Prix Habitat Design 2016<br />

récompensant le constructeur et son équipe de créateurs ayant réalisé<br />

l’unité modèle présentant le meilleur concept d’ensemble<br />

(cuisine, éclairage, planification d’espace, choix de matériaux) ?<br />

rÉPonse :<br />

le 2 juin 2016<br />

5, 6<br />

Voici Les<br />

Dix Projets<br />

finaListes<br />

21 e Arrondissement<br />

L | L Laval-sur-le-Lac<br />

Bassins du Havre<br />

Le Conservatoire<br />

Lowney sur Ville<br />

formes - v12 n2 - 2016<br />

46<br />

Marie Gagnon<br />

Positionner et faire rayonner le meuble<br />

d’ici en créant un référentiel et en soutenant<br />

l’innovation, voilà le défi que s’est<br />

donné L’Empreinte québécoise, un projet<br />

de recherche visant l’industrie manufacturière<br />

du meuble. Lancé en 2014 à l’initiative d’INÉDI,<br />

le Centre d’expertise et de formation en design<br />

industriel, ce projet propose aux fabricants québécois<br />

une démarche collaborative axée sur le<br />

design thinking pour les soutenir dans la création<br />

de produits distinctifs et les amener à faire<br />

leur marque dans une industrie en manque de<br />

repères.<br />

Ambassadeur du projet, le designer Jean-<br />

Claude Poitras ne s’est d’ailleurs pas fait prier<br />

longtemps pour s’allier à la designer industrielle<br />

et chercheure Véronique Paradis de l’INÉDI afin<br />

de mener cette réflexion sur l’identité du meuble<br />

québécois et son rayonnement, ici comme à<br />

l’étranger. « Le temps est venu de faire des gestes<br />

concrets pour positionner le design québécois,<br />

dit-il. Personnellement, j’aime le design sous<br />

toutes ses formes et je suis en faveur d’un design<br />

éclaté et multidisciplinaire.<br />

« Par contre, lorsque je visite des salons internationaux,<br />

comme le Salon du meuble de Milan<br />

ou MAISON&OBJET de Paris, j’éprouve parfois<br />

un malaise en voyant des pays émergents qui<br />

veulent se positionner à l’international et qui<br />

n’hésitent pas à afficher leur style haut et fort,<br />

alors qu’ici, les designers de meubles québécois<br />

n’osent pas s’affirmer, constate-t-il. Je crois que<br />

l’heure est venue de faire les choses autrement<br />

et l’Empreinte québécoise se veut un noyau catalyseur<br />

et fédérateur pour soutenir les fabricants<br />

québécois dans l’éclosion d’une signature à notre<br />

image. »<br />

Une crise identitaire<br />

La crise identitaire du meuble québécois ne<br />

date pourtant pas d’hier, loin de là. Déjà, au tournant<br />

du millénaire, la percée sur nos marchés de<br />

produits à bas prix en provenance d’Asie porte<br />

un premier coup aux manufacturiers du Québec.<br />

Puis, en 2008, l’onde de choc planétaire générée<br />

par la crise des subprimes aux États-Unis et la<br />

débâcle économique qui s’ensuit affectent tout<br />

autant les livraisons et les exportations de l’industrie.<br />

Réalisations des entreprises<br />

participantes à la<br />

deuxième cohorte de<br />

l’Empreinte québécoise :<br />

1- mobilier de chambre<br />

de BSG<br />

2- jeux d’eau<br />

de Vortex<br />

(la photo n'illustre pas le<br />

concept proposé pour la<br />

deuxième cohorte)<br />

3- bain et vanité<br />

de Vanico-Maronyx<br />

4- Meuble console<br />

de Mobican<br />

5- escalier<br />

du Centre de l’escalier<br />

6- structure d’accueil<br />

de RHO<br />

Source : INEDI<br />

Arbora<br />

Espace MV3<br />

Quartier A - Penthouses<br />

Viva Condos Urbains<br />

Tod


formes - v12 n2 - 2016<br />

48<br />

Pierre Richard<br />

Jean-Claude Poitras<br />

Photo: David Curleigh<br />

« La conjugaison de ces facteurs a littéralement<br />

décimé l’industrie, expose le président-directeur<br />

général de l’Association des fabricants<br />

de meubles du Québec (AFMQ), Pierre Richard.<br />

Les fermetures d’usines se sont multipliées<br />

et le marché s’est consolidé. Aux États-Unis et en<br />

Ontario, c’est plus de 50 % des manufacturiers<br />

qui ont fermé leurs portes. Au Québec, la saignée<br />

a été moins importante, mais le pourcentage de<br />

manufacturiers qui ont disparu du radar se situe<br />

quand même entre 40 et 45 %. Comment expliquer<br />

ce meilleur taux de survie? »<br />

Pour Pierre Richard, la réponse est simple. Les<br />

manufacturiers qui ont survécu à la tourmente<br />

sont ceux qui ont investi dans l’efficacité de leurs<br />

installations, en améliorant leurs technologies et<br />

procédés, pour réduire leurs coûts de fabrication.<br />

« Pour gagner des parts de marché, les fabricants<br />

doivent aussi se distinguer de la concurrence,<br />

poursuit-il. Et comment peut-on se démarquer<br />

de la concurrence? Par le design, la qualité et une<br />

réputation irréprochable. »<br />

Un référentiel québécois<br />

Il déplore du même souffle le faible « branding<br />

» de l’industrie et le peu d’efforts consentis<br />

au positionnement du meuble dans l’esprit<br />

des consommateurs. C’est d’ailleurs dans cette<br />

optique qu’est née L’Empreinte québécoise, un<br />

projet fédérateur dont l’objectif est d’identifier<br />

les critères qui caractérisent le design du meuble<br />

québécois, en s’appuyant sur le savoir-faire et les<br />

matières du Québec, une esthétique inspirée de<br />

l’histoire de la province, une synergie issue d’un<br />

travail collectif et le respect de l’environnement.<br />

« Le but de la recherche, c’était d’établir un référentiel<br />

pour créer une signature propre au Québec<br />

et qui permette d’affirmer notre design en<br />

partant de nos racines, rappelle Jean-Claude Poitras.<br />

Pour y arriver, on a interrogé des centaines<br />

de personnes sur leur perception du meuble<br />

québécois. On a, en quelque sorte, épluché les<br />

trente-six cordes sensibles des Québécois, un<br />

peu à la manière de Jacques Bouchard. On s’est<br />

rendu compte que ce qui était vrai, par rapport<br />

aux Québécois, n’est plus aussi vrai aujourd’hui,<br />

du moins en matière de meuble. »<br />

La recherche s’est également révélée féconde<br />

du côté des industriels, rapporte Véronique Paradis.<br />

« On a vu que les manufacturiers n’ont pas<br />

les moyens de mener seuls leurs projets d’innovation,<br />

alors qu’il y a un impératif de renouveau,<br />

relève-t-elle. On a également vu que les manufacturiers<br />

avaient besoin d’accompagnement dans<br />

leur démarche d’innovation. Ils sont souvent pris<br />

La<br />

recherche menée par<br />

l’INÉDI a conduit à<br />

l’élaboration d’un guide de<br />

conception comprenant 19 critères,<br />

répartis en 4 catégories,<br />

et 2 atouts de différenciation<br />

– l’écoconception et le branding.<br />

Ce guide met l’accent sur<br />

l’importance d’un processus<br />

collectif de développement de<br />

produits de style néotraditionnel,<br />

qui respecte les principes<br />

du développement durable et<br />

met en valeur les matériaux du<br />

Québec.<br />

Voici, en bref, les quatre catégories<br />

de ce référentiel :<br />

Les critères économiques<br />

Les matériaux<br />

La conception<br />

L’esthétique<br />

par leurs activités quotidiennes, ce qui réduit leur<br />

focus. Ça nous a également permis de tester notre<br />

référentiel pour créer un style fort et affirmé. »<br />

Un chef d’orchestre<br />

Formée au printemps 2015, la seconde cohorte<br />

de l’Empreinte réunissait six entreprises de<br />

l’industrie du meuble. Chacune jumelée à un designer<br />

industriel, les entreprises participantes ont<br />

mis au point des concepts originaux, écoconçus<br />

et d’inspiration « glocale ». Le 10 février dernier,<br />

elles étaient invitées à la toute première édition de<br />

l’Atelier des dragons, une activité organisée dans<br />

le cadre des travaux de l’Empreinte québécoise et<br />

une étape cruciale de validation pour les produits<br />

développés.<br />

Pour les participants, cette activité a été l’occasion<br />

de dresser un bilan, de mettre leurs concepts<br />

à l’épreuve et de se soumettre à la critique d’une<br />

table ronde composée d’experts, de professionnels<br />

et de leaders d’opinion du milieu, qui devaient<br />

notamment évaluer le potentiel commercial<br />

de leurs concepts.<br />

« Les résultats sont intéressants, souligne Véronique<br />

Paradis. Le design thinking les amène à<br />

lever le regard, à réfléchir sur nos racines, ce qui<br />

les caractérisent, les différencient. La démarche<br />

suit la conception du produit et prévoit aussi des<br />

formations à chaque phase de développement,<br />

entres autres en gestion et en branding, et des<br />

visites industrielles. D’un atelier à l’autre, les participants<br />

se découvrent des affinités, une synergie<br />

se crée, des contacts s’établissent. »<br />

Ouverte à tous les manufacturiers québécois<br />

du meuble, l’Empreinte québécoise formera une<br />

troisième cohorte à l’automne, en s’appuyant<br />

sur des critères de sélection comme la taille de<br />

l’entreprise, ses ressources en design et sa volonté<br />

d’engagement. « Pour en tirer des retombées positives,<br />

il est essentiel que l’équipe s’engage, renchérit<br />

Jean-Claude Poitras. Nous, on les pousse<br />

constamment pour qu’ils conçoivent leur collection,<br />

on les challenge, on se permet de les critiquer.<br />

« Certains critères du référentiel sont particulièrement<br />

importants, ajoute-t-il. Ils doivent<br />

exprimer un retour à nos sources. Le but, ce n’est<br />

pas de faire des meubles italiens ou d’imiter ce<br />

qu’il se fait ailleurs, mais de stimuler la créativité<br />

et de créer une identité des produits ayant une<br />

identité culturelle forte. Ici, les manufacturiers<br />

ont le savoir-faire pour fabriquer des meubles de<br />

qualité, mais pour le style, c’est autre chose. Ce<br />

que cherche l’Empreinte, c’est une combinaison<br />

des deux. »<br />

UN RÉFÉRENTIEL « PURE LAINE » POUR LE MEUBLE DU QUÉBEC<br />

Les entreprises de la deuxième<br />

cohorte :<br />

Mobican<br />

BSG<br />

Vanico-Maronyx<br />

Centre de l’escalier<br />

RHO<br />

Vortex<br />

CANADEL – Collection Loft<br />

MOBICAN – Unité murale Cassia<br />

ARTOPEX – Mobilier Essentia, fauteuils Sentinel et Bahia, murs Sky 700 et fauteuils lounge Lancelot<br />

Pour les espaces de détente, de travail, de conversation,<br />

de commerce, de repos et de vie… Pensez au style, au<br />

confort et à la qualité des meubles fabriqués au Québec<br />

L’Association des fabricants de meubles du Québec présente les meubles d’ici :<br />

Un choix coup de cœur, rempli de fierté.<br />

Un choix créateur d’emplois et de prospérité.<br />

Un choix respectueux de l’environnement.<br />

Un choix empreint du talent créatif québécois.<br />

BEAUDOIN – Collection Morocco<br />

FORNIRAMA – 769 sectionnel moderne<br />

JAYMAR – 204 ottoman<br />

afmq.com<br />

formes - v12 n2 - 2016<br />

49


PRIX HABITAT DESIGN 2016<br />

LE MEUBLE DU QUÉBEC EN VITRINE<br />

AGIR ENSEMBLE POUR<br />

ACCROÎTRE LA CONFORMITÉ<br />

1, 2<br />

3, 4<br />

Favoriser la CONCURRENCE LOYALE sur les chantiers<br />

de construction au Québec est une priorité pour l’industrie.<br />

La VIGILANCE des travailleurs et des employeurs est<br />

essentielle pour écarter du jeu tous ceux qui font fi des lois,<br />

des règlements et des conventions collectives.<br />

Soyons des LEADERS en matière de probité. Ensemble,<br />

établissons les plus hauts standards de CONFORMITÉ.<br />

formes - v12 n2 - 2016<br />

Marie Gagnon<br />

Lancés en 2013, les Prix Habitat Design<br />

récompensent chaque année les entrepreneurs<br />

qui participent aux Week-ends<br />

visites libres ainsi que les professionnels<br />

qui collaborent avec eux. Ce concours, qui a pour<br />

objectif de favoriser la multidisciplinarité dans la<br />

réalisation de projets résidentiels, salue l’innovation<br />

et les qualités esthétiques des nouveaux projets<br />

immobiliers de la grande région de Montréal.<br />

Cette année, à l’occasion de la troisième édition<br />

des Prix, le jury avait pour mission d’évaluer<br />

les unités témoins des projets finalistes en portant<br />

une attention particulière sur la mise en valeur de<br />

matériaux et d’objets conçus au Québec. Les lauréats<br />

seront désignés en évaluant les meilleures<br />

réalisations dans cinq catégories : concept de cuisine,<br />

concept d’éclairage, planification d’espace,<br />

choix de matériaux et le concept d’ensemble, qui<br />

remportera le Grand Prix Habitat Design 2016.<br />

Porte-parole de l’événement pour une deuxième<br />

année consécutive, le designer Jean-<br />

Claude Poitras est à l’origine de cette incursion<br />

du meuble québécois dans les unités témoins.<br />

« J’ai adoré ma première expérience, dit-il. Moi<br />

qui suis fou de design sous toutes ses formes, j’ai<br />

aimé découvrir l’offre résidentielle des constructeurs.<br />

Par contre, j’ai été déçu de voir que les<br />

unités modèles ne mettaient pas en vedette les<br />

meubles d’ici. Pour le vingtième anniversaire de<br />

l’événement, j’ai réussi à convaincre les organisateurs<br />

de tenter l’expérience en meublant leurs<br />

unités avec du mobilier conçu et fabriqué au<br />

Québec. Les résultats parlent d’eux-mêmes : on<br />

a constaté un record d’assistance aux Week-ends<br />

visites libres, qui a par ailleurs fait l’objet d’une<br />

presse dithyrambique. »<br />

Baptisée Le meuble québécois en vedette,<br />

l’expérience a pris la forme d’un jumelage alliant<br />

quatre designers, issus de générations différentes,<br />

à quatre entrepreneurs. La designer d’intérieur<br />

Francine Martineau a notamment aménagé une<br />

unité dans un quadruplex de luxe, situé au cœur<br />

d’un terrain de golf de Longueuil, conçu pour les<br />

gens de cinquante-cinq ans et plus. Quant aux<br />

designers Philippe Harvey, Jennifer-Bianka<br />

Clermont et Sylvie Drouin, ils devaient chacun<br />

concevoir un espace de vie confortable et fonctionnel<br />

qui répond aux besoins de jeunes familles<br />

souhaitant s’établir à Montréal.<br />

Rappelons que les Prix Habitat Design sont<br />

présentés en partenariat avec l’Association professionnelle<br />

des designers d’intérieur du Québec<br />

(APDIQ), le magazine FORMES et Casa.<br />

Des projets et des juges<br />

Pour cette troisième édition des Prix Habitat<br />

Design, le jury était composé d’André Bourassa,<br />

architecte associé de Bourassa Maillé Architectes;<br />

du designer industriel Jean Barbeau,<br />

directeur recherche et développement pour Artopex;<br />

des designers d'intérieur Michèle Lalumière<br />

(APDIQ - D.I.C.), Marc Bherer (APDIQ<br />

- D.I.C.), directeur et associé au sein de la firme<br />

Desjardins Bherer et de Maxime Partouche<br />

(APDIQ - D.I.C.), chargé de formation pratique<br />

à l'École de design industriel, orientation design<br />

d'intérieur.<br />

Quatre projets immobiliers,<br />

quatre aménagements,<br />

quatre designers:<br />

1- Ambiance Plein Sud,<br />

Longueuil,<br />

Francine Martineau.<br />

2- Faubourg Contrecoeur,<br />

Montréal,<br />

Philippe Harvey.<br />

3- MUV Condos,<br />

Montréal,<br />

Sylvie Drouin.<br />

4- Highlands,<br />

LaSalle,<br />

Jennifer-Bianka Clermont.<br />

Photos : Benoit Desjardins<br />

50<br />

CCQ.ORG


L’AVENIR PREND FORME<br />

L’ALUMINIUM,<br />

LE MATÉRIAU<br />

DE CHOIX<br />

Stratégie québécoise<br />

de développement de l’aluminium<br />

LÉGER/RÉSISTANT <strong>DURABLE</strong> POLYVALENT RECYCLABLE<br />

economie.gouv.qc.ca/aluminium

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