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ISOLATION THERMIQUE<br />
ALUMINIUM ET CRÉATIVITÉ<br />
RURBAINS<br />
L'EMPREINTE QUÉBÉCOISE<br />
ALUMINIUM<br />
<strong>DURABLE</strong><br />
POSTE PUBLICATION 41060025<br />
6,96 $ CAN<br />
V12 N2.16
DURABILITÉ<br />
mot de l’éditeur<br />
Dans ce numéro, un grand dossier<br />
sur l’aluminium signé par Valérie<br />
Levée. Présente à la journéeconférences<br />
Aluminium et villes<br />
durables, Valérie s’est imprégnée des discussions,<br />
notamment des propos de l’architecte<br />
britannique Michael Stacey, pour brosser le<br />
portrait de l’aluminium québécois. Autre<br />
grande ligne directrice de ce dossier étoffé,<br />
la volonté clairement exprimée par le gouvernement<br />
du Québec de stimuler la transformation<br />
de ce métal par la mise en œuvre<br />
par AluQuébec de la Stratégie québécoise<br />
de développement de l’aluminium.<br />
Le secteur de l’aluminium est confronté à<br />
de grands enjeux en raison, entre autres, de<br />
la déprime du prix des ressources et du jeu<br />
atypique de l’offre et de la demande. Mais<br />
par ailleurs, l’aluminium vert, sujet largement<br />
mis de l’avant dans le papier de Valérie,<br />
révèle un avantage fort concurrentiel du<br />
Québec en raison de la production hydroélectrique.<br />
À ce propos, Gervais Jacques,<br />
chef des Affaires commerciales de Rio<br />
Tinto Aluminium (RTA), exprimait en mai<br />
dernier lors d’une présentation au Conseil<br />
des relations internationales de Montréal<br />
(CORIM) que le marché répondait positivement<br />
au branding de l’aluminium vert de<br />
RTA. Les acheteurs, affirme-t-il, sont prêts à<br />
débourser une prime pour un produit fabriqué<br />
avec de l’énergie renouvelable.<br />
Toujours sur le plan environnemental, la<br />
déclaration environnementale de produit<br />
(DEP) constitue un autre facteur déterminant<br />
favorable aux façons de faire innovantes<br />
et durables, nous apprend Valérie.<br />
Et les extrudeurs nord-américains y sont<br />
sensibles, ayant développé la DEP pour tous<br />
leurs produits. Par ailleurs, l’industrie primaire<br />
est active dans le développement de<br />
la certification ASI (Aluminium Stewardship<br />
Initiative). Lancé en 2012, l’ASI fait la<br />
promotion de la durabilité et de la transparence<br />
au sein de l’industrie de l’aluminium.<br />
Durabilité, autre trait de l’aluminium largement<br />
traité dans ce dossier et exprimé en<br />
titre par Valérie par l’équation : Longévité +<br />
Recyclage = Durabilité.<br />
Cela dit, le marché mondial est aux prises<br />
depuis 2008 avec diverses contraintes. Notons,<br />
notamment, les surplus d’aluminium<br />
en provenance de la Chine qui plombent<br />
le retour à l’équilibre. Dans ce contexte,<br />
expriment des acteurs de l’industrie, l’avenir<br />
de la filière québécoise de l’aluminium<br />
est de plus en plus dans les produits à haute<br />
valeur ajoutée, dont la plus significative est<br />
l’empreinte carbone de notre aluminium<br />
produit à partir d’hydroélectricité. Le Québec<br />
est dans le peloton de tête d’une longue<br />
course qui ne fait que commencer. Espérons<br />
que l’on saura durer.<br />
Autre sujet de ce numéro, mais dans<br />
une tangente durable similaire, le dernier<br />
colloque du Conseil de l’enveloppe du bâtiment<br />
du Québec s’est largement entretenu<br />
d’efficacité énergétique. Marie Dallaire, qui<br />
a couvert l’événement, en est revenue avec<br />
un topo qu’elle introduit sur la note d’un<br />
ultimatum : le réchauffement climatique.<br />
Pour sa part, notre collaborateur Stéphane<br />
Gagné a assisté au congrès de l’Association<br />
des architectes paysagistes du Québec.<br />
Ses textes appuient aussi la sensibilité<br />
environnementale, cette fois-ci en s’articulant<br />
sur la notion de paysage en lien avec le<br />
thème du congrès : Les Rurbains.<br />
Ce numéro est également l’occasion de<br />
découvrir les participants de la deuxième<br />
cohorte de L’empreinte québécoise et de<br />
discuter des enjeux du meuble du Québec.<br />
Marie Gagnon nous fait part de ses<br />
échanges avec le designer multidisciplinaire<br />
Jean-Claude Poitras et Pierre Richard, président-directeur<br />
général de l’Association<br />
des fabricants de meubles du Québec. Dans<br />
ce sillon du meuble, Marie nous entretient<br />
également de la troisième édition des Prix<br />
Habitat Design.<br />
Bonne lecture!<br />
Claude Paquin<br />
Éditeur<br />
collaborateurs<br />
Docteure en biotechnologie<br />
végétale, Valérie<br />
Levée s’est convertie<br />
au journalisme et<br />
écrit pour FORMES<br />
depuis 2008. Elle a<br />
gardé de sa formation<br />
scientifique un goût<br />
pour les questions<br />
techniques et un esprit<br />
de synthèse qu’elle met<br />
à profit pour explorer<br />
l’architecture et l’urbanisme.<br />
Dans ce numéro, elle s’attaque au matériau<br />
aluminium. S’inspirant des échanges<br />
présentés lors de la journée-conférences Aluminium<br />
et villes durables tenue en novembre<br />
dernier, elle propose ici un tour d’horizon<br />
de ce matériau. Partant des propriétés physico-chimiques<br />
de l’aluminium, des alliages<br />
et des transformations secondaires du matériau,<br />
elle présente les multiples possibilités<br />
architecturales. La question du recyclage lui<br />
permet d’aborder le volet environnemental<br />
de l’aluminium, un thème récurrent dans<br />
ses écrits. Elle l’approfondit en décortiquant<br />
l’analyse de cycle de vie de l’aluminium. Elle<br />
aborde également le volet économique par le<br />
biais de la grappe industrielle AluQuébec et<br />
la Stratégie québécoise de développement de<br />
l’aluminium. Le tout converge vers la contribution<br />
de l’aluminium au développement<br />
durable, point focal de l’économie et de l’environnement.<br />
Journaliste indépendant<br />
depuis 1992,<br />
Stéphane Gagné s’est<br />
spécialisé au fil des<br />
années en habitation,<br />
immobilier, habitation<br />
écologique, design et<br />
architecture. Diplômé<br />
au baccalauréat<br />
en études urbaines<br />
et détenteur d’une<br />
maîtrise en sciences<br />
de l’environnement,<br />
il a une grande sensibilité pour tout ce qui<br />
touche aux enjeux urbains. Il collabore à plusieurs<br />
publications dont Le Devoir, FORMES,<br />
La Maison du XXI e siècle et Québec Habitation.<br />
Il est aussi un grand adepte d’agriculture<br />
urbaine et membre depuis vingt ans<br />
d’un jardin communautaire, où il cultive<br />
un petit lopin de terre. Enfin, c’est aussi un<br />
grand sportif qui a déjà traversé le Canada<br />
à vélo en 1984. Dans ce numéro, Stéphane<br />
nous apprend la définition de « Rurbains »,<br />
le thème du dernier congrès de l’Association<br />
des architectes paysagistes du Québec.<br />
Une série de quatre textes sur diverses initiatives<br />
qui, chacune à leur façon, contribueront<br />
à préserver et mettre en valeur les<br />
paysages québécois et certains d’outre-mer.<br />
formes - v12 n2 - 2016<br />
3
PISCINES SPAS FONTAINES CASCADES JEUX D’EAU PARC AQUATIQUE<br />
PISCINES<br />
PISCINES<br />
SPAS<br />
SPAS<br />
FONTAINES<br />
FONTAINES<br />
CASCADES<br />
CASCADES<br />
JEUX D’EAU<br />
JEUX D’EAU<br />
PARC AQUATIQUE<br />
PARC AQUATIQUE<br />
RÉSIDENTIEL, COMMERCIAL ET INSTITUTIONNELS DEPUIS PLUS DE 60 ANS<br />
RÉSIDENTIEL, COMMERCIAL ET INSTITUTIONNELS DEPUIS PLUS DE 60 ANS<br />
RÉSIDENTIEL, COMMERCIAL ET INSTITUTIONNELS DEPUIS PLUS DE 60 ANS<br />
LUNCH & LEARN<br />
1/ Ingénierie, automation et procédé de traitement<br />
1/ Ingénierie, automation et procédé de traitement<br />
1/ Ingénierie, 2/ Architecture automation et techniques et procédé de construction<br />
de traitement<br />
2/ Architecture et techniques de construction<br />
2/ Architecture 3/ Diminution et techniques de l’empreinte de construction<br />
carbone<br />
3/ Diminution de l’empreinte carbone<br />
3/ Diminution de l’empreinte carbone<br />
VOL.12 Nº2 2016<br />
ÉDITEUR<br />
Claude Paquin<br />
CHIRURGIEN DE L’IMAGE<br />
Gabriel-Thomas Leclerc<br />
RÉDACTRICE EN CHEF<br />
Marie Dallaire<br />
PRODUCTION<br />
Design : ADICC<br />
Impression : Lithochic<br />
POSTE PUBLICATION<br />
N 0 41060025<br />
FORMES est une pu bli cation<br />
objective et indépendante,<br />
libre de tout lien avec quelque<br />
association, organisme ou<br />
regroupement sectoriel que<br />
ce soit, associés de près ou de<br />
loin à l’industrie. Sa mission :<br />
informer par des sujets d’actualité,<br />
débattre des enjeux de<br />
l’industrie, conseiller sur des<br />
techniques et des produits,<br />
cerner les tendances.<br />
FORMES appuie toute<br />
initiative favorisant le développement<br />
durable et une saine<br />
gestion de l’environnement.<br />
Le magazine utilise une encre<br />
écologique et est imprimé sur<br />
du papier recyclé.<br />
PUBLICITÉ<br />
514 736-7637, poste 5<br />
ADMINISTRATION<br />
Magazine FORMES<br />
6718, rue Chambord,<br />
Montréal (Québec)<br />
H2G 3C3 Canada<br />
COUVERTURE<br />
Place Ville-Marie<br />
Photo: Hugues Rivest<br />
(concours de photos Alumia)<br />
Adresse de retour :<br />
Magazine FORMES<br />
6718, rue Chambord,<br />
Montréal (Québec)<br />
H2G 3C3 Canada<br />
ISSN 1911-8333<br />
ABONNEMENT<br />
(Taxes incluses) $CA<br />
Canada<br />
1 an : 27 $, 2 ans : 50 $<br />
Amérique<br />
1 an : 50 $, 2 ans : 85 $<br />
Outre-mer<br />
1 an : 90 $, 2 ans : 155 $<br />
Étudiant -15 %<br />
info@formes.ca<br />
www.formes.ca<br />
Toute demande de reproduction<br />
des textes et des illustrations<br />
doit être acheminée par<br />
écrit à l’éditeur en expliquant<br />
le but de cette demande.<br />
L’éditeur se réserve le droit<br />
de refuser toute demande de<br />
reproduction.<br />
Tél. : 514- 256-1230<br />
1 877 FORMES 9<br />
Télécopieur :<br />
514-736-7637<br />
COLLABORATEURS<br />
Tony Colantonio,<br />
Stéphane Gagné,<br />
Marie Gagnon,<br />
Mario D. Gonçalves,<br />
Sylvie Lallier,<br />
Valérie Levée.<br />
index<br />
Organismes et entreprises<br />
3RMCDQ......................................40<br />
AHMM..........................................42<br />
ADICC..........................................43<br />
AIM................................................40<br />
Aluminium Association.......38, 40<br />
AluQuébec..C-2, 24,25, 28, 34, 45<br />
APDIQ........................................... 50<br />
Artopex.......................................... 50<br />
Arup...............................................42<br />
Association d’isolation du<br />
Québec........................................... 10<br />
Association de l’aluminium du<br />
Canada.... 24, 25, 29, 31, 38, 40, 45<br />
Association des architectes<br />
paysagistes du Québec..........18, 20<br />
Association des fabricants de<br />
meubles du Québec............. 46, 49<br />
Association européenne de<br />
l’aluminium.................................. 41<br />
Banque de terres agricoles du<br />
Québec...........................................20<br />
Bicyclable...................................... 21<br />
BONE Structure..................... 4, 5<br />
Bourassa Maillé Architectes.39, 50<br />
BSG.................................................46<br />
Buckman......................................12<br />
Canam...........................................19<br />
Canal Lachine.............................. 21<br />
Canards Illimités........................... 2<br />
Casa................................................ 50<br />
Individus<br />
Barbeau Jean.................................. 50<br />
Bélec Marie-France...................... 38<br />
Bernardin Gilles............................ 40<br />
Bherer Marc................................... 50<br />
Bilodeau Marc............................... 38<br />
Bolduc Claire................................. 18<br />
Bouchard Jacques......................... 48<br />
Bourassa André......................38, 50<br />
Bradley Jennifer............................ 20<br />
Charron-Doucet François........... 41<br />
Chayer Julie-Anne........................ 34<br />
Clermont Jennifer-Bianka........... 50<br />
PROCHAIN<br />
NUMÉRO<br />
CBDcan – Québec....................... 36<br />
CCQ.............................................C-3<br />
Centre de l'escalier .....................46<br />
Centre de recherche sur<br />
l’aluminium -<br />
REGAL.................25, 28, 36, 40, 45<br />
Chaire en paysage et<br />
environnement............................. 18<br />
CLEB.............................................. 38<br />
Conseil de l’enveloppe du<br />
bâtiment du Québec...... 10, 16, 24<br />
CPCI..............................................13<br />
Demilec.................................... 11<br />
Desjardins Bherer........................ 50<br />
Entreprises Marchand...............39<br />
Extrudex........................................ 28<br />
Fonds imm. de solidarité FTQ.37<br />
FORMES..................................24, 50<br />
Génilus..........................................44<br />
GRAPP..........................................20<br />
Groupe AGECO.....................34, 41<br />
Groupe des sept......................29, 30<br />
Héritage Terrebonne...................20<br />
Industries Panfab.....26,29, 36, 42<br />
INÉDI............................................46<br />
International Aluminium<br />
Institute......................................... 24<br />
Jardins de Métis...........................20<br />
JLP Architectes............................ 30<br />
Kawneer........................................35<br />
Comeau Benoit.................26, 29, 42<br />
D’Auteuil Jean-Pierre..............26, 45<br />
de la Chevrotière Alexandre...........<br />
............................................27, 29, 44<br />
Domon Gérald.............................. 18<br />
Drouin Sylvie................................ 50<br />
Dumas Réjean............................... 20<br />
Fafard Mario.................................. 26<br />
Giasson Isabelle............................ 21<br />
Gonçalves Mario........................... 10<br />
Guillot Michel.............25, 28, 40, 45<br />
Harvey Philippe............................ 50<br />
Les annonceurs apparaissent en caractères gras<br />
L’Empreinte québécoise..............46<br />
Lemay et Associés..................30, 44<br />
MAADI Group.........26, 29, 44, 45<br />
MAISON&OBJET PARIS........23<br />
MDDELCC...................................20<br />
MESI...............................26, 45, C-4<br />
Metra Aluminium....................... 28<br />
Michael Stacey Architects.......... 24<br />
Ministère de l’Éducation............ 26<br />
Ministère des Transports..... 27, 45<br />
Mobican .......................................46<br />
MRC Brome-Missisquoi.............20<br />
MSDL.......................................29, 30<br />
NFOE et Associés .................30, 44<br />
Ordre des architectes<br />
du Québec..................................... 10<br />
Owens Corning...........................15<br />
Parc linéaire de la rivière Saint-<br />
Charles........................................... 21<br />
Parkin Architects........................ 30<br />
Penoyre et Prasad........................42<br />
Pexal Tecalum.............................. 28<br />
Prix Habitat Design............47, 50<br />
Promenade Fleuve-Montagne... 21<br />
Promenade Samuel-de-<br />
Champlain.................................... 21<br />
Provencher_Roy........................... 32<br />
Rendez-vous<br />
des éco-matériaux........................ 8<br />
Renzo Piano Building<br />
Kieran Timberlake....................... 44<br />
Lalancette Stéphane...................... 10<br />
Lalumière Michèle........................ 50<br />
Lamer Jean-Pierre........................ 10<br />
Lefèvre Patricia............................. 20<br />
LeTourneux Jean-Pierre.........29, 30<br />
Lung Stanley.................................. 22<br />
Martineau Francine...................... 50<br />
Massé Kevin............................29, 30<br />
Nagan Deborah............................. 20<br />
Paradis Véronique........................ 46<br />
Partouche Maxime....................... 50<br />
ÉCOMATÉRIAUX, LA NOUVELLE FILIÈRE<br />
TECHNOLOGIE NUMÉRIQUE ET CONSTRUCTION:<br />
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514 256-1230<br />
LES OCCASIONS DE DÉVELOPPEMENT<br />
Workshop...................................... 30<br />
RHO ..............................................46<br />
Société d’habitation du Québec.. 26<br />
Société québécoise des<br />
infrastructures.........................26, 38<br />
Solidarité rurale du Québec........ 18<br />
Soprema......................................... 17<br />
Snoc................................................ 44<br />
Stefano Domenici Architecte...... 32<br />
Stratégie québécoise<br />
de développement<br />
de l’aluminium........................25, 45<br />
Turenscape..................................... 22<br />
Union des municipalités du<br />
Québec........................................... 20<br />
Université de Nottingham........... 24<br />
Université de Waterloo................ 36<br />
Université Laval... 25, 28, 36, 40, 45<br />
UQAC............................................ 26<br />
Urbana........................................... 44<br />
Unisson Structures....................... 44<br />
Val-Mar........................................... 6<br />
Valmont......................................... 44<br />
Vanico-Maronyx ..........................46<br />
Ville de Gaspé............................... 20<br />
Ville de Terrebonne...................... 20<br />
Vitreco............................................ 38<br />
Vortex ............................................46<br />
Yelle Maillé et associés<br />
architectes...................................... 10<br />
Poitras Jean-Claude................46, 50<br />
Prouvé Jean.................................... 44<br />
Richard Pierre............................... 46<br />
Reford Alexander......................... 20<br />
Simard Jean.......... 25, 29, 38, 40, 45<br />
Stacey Michael..................................<br />
...................24, 29, 30, 34, 36, 40, 42<br />
Trahan Jean-Luc...............25, 28, 34<br />
Tremblay Jacques....................26, 38<br />
Trillaud-Doppia Camille............. 20<br />
Tubbs Ralph.................................. 44<br />
val-mar.ca/diner-conference<br />
val-mar.ca/diner-conference<br />
val-mar.ca/diner-conference<br />
514 832-0550<br />
val-mar.ca<br />
val-mar.ca<br />
val-mar.ca<br />
formes - v12 n2 - 2016<br />
7
ISOLATION THERMIQUE<br />
10<br />
matériaux<br />
THERMOGRAPHIE<br />
14<br />
sommaire<br />
Agenda<br />
Index<br />
7<br />
LES RURBAINS<br />
FRONTIÈRE RURAL-URBAIN<br />
18<br />
en couverture<br />
ALUMINIUM POUR<br />
CONSTRUIRE <strong>DURABLE</strong><br />
STRATÉGIE ET GRAPPE<br />
INDUSTRIELLES<br />
ALUMINIUM 101<br />
24<br />
25<br />
28<br />
PROJETS D’AMÉNAGEMENT<br />
20<br />
L’ALUMINIUM<br />
POLYVALENT<br />
30<br />
PARCS LINÉAIRES<br />
21<br />
DU BON USAGE DE<br />
L’ALUMINIUM<br />
34<br />
perspectives<br />
VILLES ÉPONGES<br />
22<br />
LONGÉVITÉ<br />
+ RECYCLAGE<br />
= DURABILITÉ<br />
DU BÂTIMENT À<br />
LA VILLE <strong>DURABLE</strong><br />
40<br />
42<br />
LE MEUBLE DU QUÉBEC<br />
46<br />
réalisations<br />
PRIX HABITAT DESIGN<br />
50<br />
formes - v12 n2 - 2016<br />
9
7 E COLLOQUE SUR L’ENVELOPPE DU BÂTIMENT<br />
UN GESTE FORT ET À PORTÉE – FACE À L’URGENCE D’AGIR<br />
matériaux<br />
Marie Dallaire<br />
SOLUTION<br />
RADON<br />
EN UNE APPLICATION!<br />
formes - v12 n2 - 2016<br />
10<br />
Mario Gonçalves est<br />
ingénieur professionnel et<br />
consultant senior dans le<br />
domaine de l’enveloppe<br />
du bâtiment depuis vingtcinq<br />
ans. À la fois président<br />
du Conseil de l’enveloppe<br />
du bâtiment du Québec<br />
(CEBQ) à Montréal et<br />
codirecteur du Conseil<br />
national de l’enveloppe<br />
du bâtiment du Canada<br />
(NBEC), il agit également<br />
à titre de président du<br />
Conseil et laboratoire en<br />
enveloppe du bâtiment<br />
(CLEB), dont la mission<br />
est d’offrir des services de<br />
consultation et d’essais<br />
exclusivement dédiés au<br />
domaine de la science du<br />
bâtiment, partout dans<br />
l’est du Canada et le nordest<br />
des États-Unis grâce<br />
à cinq bureaux situés à<br />
Montréal, Québec, Ottawa,<br />
Truro et New York.<br />
un ultimatum. Le réchauffement<br />
climatique semble irrémédiable.<br />
Pour y faire face, les avancées liées<br />
C’est<br />
au domaine de la construction se<br />
multiplient tandis que les normes se resserrent<br />
comme des étaux. De nombreux secteurs d’activité<br />
doivent prendre le train en marche et revoir<br />
leurs pratiques de fond en comble. Dans ce sens,<br />
le colloque sur « La nouvelle “R” de l’isolation<br />
thermique » qui s’est tenu au Palais des congrès les<br />
30 et 31 mars dernier a constitué l’un de ces gestes<br />
forts pour l’industrie québécoise du bâtiment.<br />
C’est la septième année que le Conseil de l’enveloppe<br />
du bâtiment du Québec (CEBQ) réunit<br />
des architectes, ingénieurs, technologues et représentants<br />
de l’industrie autour d’un forum traitant<br />
des plus récentes percées scientifiques et technologiques<br />
en science du bâtiment. Cette année, le<br />
CEBQ a organisé son événement en collaboration<br />
avec l’Association d’isolation du Québec (AIQ).<br />
Président du CEBQ depuis 2006, Mario Gonçalves<br />
se dit très satisfait du déroulement de l’événement<br />
: « Le contenu des présentations était très<br />
ciblé, mais malgré ce côté technique très poussé,<br />
on est arrivé à rejoindre les gens des différents<br />
secteurs de l’industrie. Une bonne part du succès<br />
de l’événement vient de la qualité des participants,<br />
qui ont des besoins précis, et du sérieux des partenaires.<br />
Ce n’est pas un lieu pour faire de la vente,<br />
mais pour échanger de l’information. Un bon<br />
exemple de ça, c’est la conférence sur les différents<br />
types d’isolants qui réunissait des représentants de<br />
l’industrie. D’habitude, ces gens-là se font compétition,<br />
mais ici ils ont travaillé ensemble et ont<br />
développé un contenu technique très pertinent.<br />
Ils ont mis de côté l’aspect commercial de leurs<br />
produits, ils sont restés très neutres. »<br />
Depuis 2009, le CEBQ organise son colloque<br />
annuel en partenariat avec l’Ordre des architectes<br />
du Québec (OAQ). L’organisme s’assure ainsi que<br />
les contenus offerts répondent aux exigences de<br />
formation continue obligatoire de l’OAQ. Jean-<br />
Pierre Lamer et Stéphane Lalancette, architectes<br />
associés chez Yelle Maillé et associés architectes,<br />
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formes - v12 n2 - 2016<br />
12<br />
Jean-Pierre Lamer,<br />
architecte senior principal<br />
associé, évolue au sein<br />
de la firme Yelle Maillé<br />
et associés architectes<br />
(YMa) depuis seize ans<br />
et cumule plus de trente<br />
ans d’expérience. Fondée<br />
en 1994, la firme dispose<br />
de 33 professionnels<br />
expérimentés œuvrant<br />
dans le secteur public<br />
et plus particulièrement<br />
dans les domaines de la<br />
santé, de la recherche et<br />
de l’éducation. Ses services<br />
englobent également<br />
les volets résidentiel,<br />
commercial et industriel.<br />
sont au nombre de ceux qui ont renouvelé encore<br />
cette année leur participation au colloque du<br />
CEBQ. « Pour qui veut se tenir au courant des derniers<br />
développements technologiques en matière<br />
de produits, d’assemblage de systèmes et de recherche<br />
en général, le concept de colloque sur l’enveloppe<br />
du bâtiment est très important et stimulant,<br />
affirme Jean-Pierre Lamer. Les conférences<br />
sont de haut niveau et les sujets pertinents. Malgré<br />
le caractère très théorique de certains contenus,<br />
les exposés sont bien rendus et exprimés en appui<br />
avec des exemples très concrets dans la réalité de<br />
la construction. Assister à des présentations de<br />
projets de résidences écoénergétiques; découvrir<br />
de nouveaux logiciels capables de mettre en<br />
application des calculs très complexes; passer à<br />
une activité “table ronde” qui donne lieu à des<br />
échanges musclés et porteurs de réflexion entre<br />
acteurs du milieu de la construction provenant<br />
de divers horizons; c’est très formateur pour nous.<br />
Autre aspect non négligeable : notre présence ici<br />
assure le rayonnement de notre firme auprès de la<br />
communauté. Il en va de même du contact avec<br />
les représentants de l’industrie, qui peut conduire<br />
à des développements futurs. Bref, ce colloque est<br />
le genre d’événement qui nous stimule à toujours<br />
mieux performer en nous proposant des moyens<br />
d’atteindre nos objectifs techniques plus facilement<br />
et de façon rigoureuse. »<br />
L’enveloppe du bâtiment étant un domaine<br />
d’une grande précision, le défi de varier l’angle<br />
pour en parler est toujours présent année après<br />
année. Pour leur septième événement, les<br />
membres du comité organisateur ont choisi d’offrir<br />
des contenus de pointe : nouvelle cote « R »<br />
d’isolation thermique, types d’isolants et leurs<br />
propriétés physiques, ponts thermiques, nouveautés<br />
dans les programmes Novoclimat, tendance<br />
des bâtiments à énergie nette zéro, charrette<br />
de conception… Également, ils ont eu l’idée<br />
de conclure ces deux jours de grande technicité<br />
par une table ronde plus terre à terre, visant à<br />
mettre en lumière les différentes réalités de chantier<br />
avec lesquelles entrepreneurs et professionnels<br />
doivent composer. Pour Mario Gonçalves<br />
comme pour bon nombre de participantes et de<br />
participants, cette dernière conférence a été un<br />
coup de cœur : « Voir cette proximité d’acteurs de<br />
tous horizons témoigner d’une nécessaire harmonisation<br />
des relations entre les différents intervenants<br />
d’un chantier pour améliorer la gestion des<br />
projets a été une belle façon de terminer notre colloque.<br />
Pour faire le poids face aux exigences des<br />
clients, aux réglementations, aux délais serrés et<br />
aux budgets réduits, tout en maintenant une qualité<br />
d’exécution irréprochable, il faut absolument<br />
développer un esprit collaboratif sur les chantiers.<br />
Le défi est de taille. C’est au prix d’un maintien<br />
du niveau de CERTIFIED<br />
connaissance élevé, mais aussi d’une<br />
conception intégrée PLANT que toutes les fonctions d’un<br />
bâtiment peuvent être optimisées, selon des standards<br />
de performance sans compromis. En plus,<br />
ce que les conférenciers nous ont dit, c’est qu’en<br />
cette matière, il faut passer de la théorie à la pratique.<br />
L’expertise multidisciplinaire et collaborative,<br />
ça ne s’improvise pas. Il faut des plateformes<br />
d’échange pour la mettre en œuvre. C’est ça pour<br />
moi le message fort du colloque. »<br />
L’Institut canadien du béton préfabriqué/précontraint (CPCI), la National Precast Concrete Association (NPCA)<br />
et le Precast/Prestressed Concrete Institute (PCI) ont récemment publié les « Déclarations environnementales de<br />
produits » (DEP) de trois importantes catégories de produits préfabriqués en béton. Les DEP permettront aux<br />
architectes, aux ingénieurs, aux propriétaires d’immeubles et autres spécialistes de mieux comprendre les impacts<br />
environnementaux des produits de béton préfabriqué et précontraint.<br />
La DEP, c’est un outil complet, normalisé, internationalement reconnu, conforme aux normes ISO et vérifié par une<br />
tierce- partie, et qui a pour objectif de fournir des informations sur l’impact environnemental d’un produit.<br />
La DEP à l’échelle de l’industrie est maintenant disponible pour les panneaux architecturaux, les panneaux muraux<br />
isolés, les produits structuraux ainsi que les produits souterrains en béton préfabriqué.<br />
Téléchargez les DEP pour les produits en béton préfabriqué : sustainableprecast.ca | precast.org | pci.org<br />
Les membres du CPCI, de la NPCA et du PCI sont fiers d’être les partenaires de ces deux initiatives de<br />
développement durable de l’industrie nord-américaine :<br />
DÉCLARATION ENVIRONNEMENTALE DE PRODUITS EN BÉTON PRÉFABRIQUÉ<br />
PROGRAMME NORD-AMÉRICAIN D’USINE DE BÉTON PRÉFABRIQUÉ EN DÉVELOPPEMENT <strong>DURABLE</strong><br />
Member<br />
.ca<br />
CPCI – Canadian Precast/Prestressed Concrete Institute @CPCI_Canada CPCI_Canada<br />
.ca<br />
.ca<br />
.ca
perspectives matériaux<br />
formes - v12 n2 - 2016<br />
14<br />
THERMOGRAPHIE INFRAROUGE<br />
ET AUTRES OUTILS DE DIAGNOSTIC<br />
1 2 3 4 5 6 7<br />
8<br />
9<br />
10<br />
11<br />
Mario D. Gonçalves, CLEB<br />
et Tony Colantonio, TPSGC<br />
La<br />
thermographie infrarouge utilisée<br />
pour des bâtiments de<br />
grande envergure est un excellent<br />
outil pour aider à identifier<br />
et à localiser les fuites d’air et la présence d’humidité<br />
dans les assemblages de murs extérieurs. Par<br />
contre, la thermographie infrarouge, à elle seule,<br />
ne peut pas identifier la cause ou la source d’une<br />
anomalie donnée. En fait, ce qui apparaît comme<br />
une anomalie, si l’on se base uniquement sur une<br />
image infrarouge, peut ne pas nécessairement<br />
être un problème (tel qu’illustré aux figures 1, 2 et<br />
3 – l’anomalie notée à l’extérieur provient en fait<br />
d’une source de chaleur intérieure). Une interprétation<br />
appropriée fondée sur une évaluation<br />
approfondie de l’immeuble en cours d’étude, ainsi<br />
qu’une solide compréhension des principes de la<br />
science du bâtiment et des forces dynamiques qui<br />
agissent sur l’enveloppe du bâtiment, sont d’une<br />
importance capitale.<br />
La thermographie infrarouge est une technologie<br />
qui permet aux infrarouges ou au rayonnement<br />
thermique d’être traduits en une image visible.<br />
Combinée à d’autres outils de diagnostic, la<br />
thermographie infrarouge peut être utilisée pour<br />
évaluer les fuites d’air et la performance thermique<br />
d’une enveloppe de bâtiment. Les pertes<br />
de chaleur par conduction (figure 4), convection<br />
(figure 5) et fuites d’air (figure 6), ainsi que<br />
la présence d’humidité dans un assemblage de<br />
mur extérieur peuvent être détectées par l’utilisation<br />
de la thermographie infrarouge. Chacun<br />
de ces différents modes de transfert de chaleur<br />
et d’humidité se traduit en différentes expressions<br />
thermiques qui doivent être interprétées<br />
en conséquence. Le respect des conditions ambiantes<br />
nécessaires pour chaque type d’inspection<br />
de bâtiment est indispensable pour s’assurer que<br />
l’inspection thermographique produise des résultats<br />
appropriés. Une inspection effectuée dans des<br />
conditions ambiantes inappropriées ne fournira,<br />
au mieux, aucun résultat, et fournira, au pire, des<br />
résultats erronés.<br />
Les caméras à infrarouges utilisées dans le<br />
domaine du bâtiment sont offertes en une variété<br />
de modèles et de prix. Outre l’utilisation d’une<br />
caméra et d’une lentille appropriées pour une<br />
situation donnée, la compétence de la personne<br />
opérant l’appareil et effectuant l’inspection est le<br />
facteur le plus déterminant dans l’obtention d’une<br />
évaluation précise de la performance de l’enveloppe<br />
du bâtiment. Une excellente caméra utilisée<br />
selon les mauvais paramètres et dans des conditions<br />
ambiantes inappropriées va inévitablement<br />
fournir des résultats trompeurs et erronés. Fournir<br />
des résultats basés sur une évaluation inexacte<br />
aura ultérieurement un impact important sur le<br />
processus de prise de décision. Dans certains cas,<br />
ce qui semble être une anomalie peut en fait ne<br />
pas être un problème du tout, et une évaluation<br />
inexacte peut entraîner la recommandation inutile<br />
de mesures correctives considérables. Dans<br />
d’autres cas, une évaluation inexacte peut faire en<br />
sorte que des anomalies importantes passent inaperçues.<br />
Lorsque le bâtiment visé est de grande<br />
envergure, l’évaluation inexacte d’une déficience<br />
donnée peut se répéter plusieurs fois à travers<br />
l’ensemble du bâtiment et peut, comme résultat,<br />
mener à de graves conséquences.<br />
Une condition préalable pour tout thermographe<br />
spécialisé en bâtiment, particulièrement<br />
de grande envergure, est une compréhension<br />
approfondie de la science du bâtiment et de la<br />
construction. Le niveau d’expertise d’un thermographe<br />
varie considérablement selon ses champs<br />
d’application. Un thermographe en toiture expérimenté,<br />
par exemple, n’a pas forcément l’expérience<br />
nécessaire pour entreprendre une évaluation<br />
thermographique en enveloppe du bâtiment,<br />
tout comme un thermographe en bâtiment n’a<br />
pas toujours les qualifications requises pour procéder<br />
à des inspections électriques. Une autre distinction<br />
est la différence entre les inspections de<br />
domiciles et celles de bâtiments de grande envergure,<br />
lesquelles exigent des compétences différentes<br />
et, souvent, de l’équipement et des outils de<br />
diagnostic différents.<br />
VOICI UN SYSTÈME<br />
COMPLET D’ENVELOPPES<br />
DE BÂTIMENT À HAUTE<br />
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Système pare-air et pare-humidité<br />
extérieur CodeBord ®<br />
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du ruban (ruban JointSealR MC )<br />
• Ruban pour solins FlashSealR ®<br />
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(R-20/22/24)<br />
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de l’humidité à haute performance<br />
pour sous-sols<br />
• FOAMULAR ® CodeBord ®<br />
• Isolant ROSE FIBERGLAS ® EcoTouch ®<br />
Système à haute performance<br />
pour dalles de sous-sol<br />
• Isolant de polystyrène extrudé rigide FOAMULAR ®<br />
CodeBord ® et joints scellés avec du ruban<br />
(ruban JointSealR MC )<br />
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64 % APRÈS CONSOMMATION<br />
9 % AVANT CONSOMMATION<br />
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© 2015 Owens Corning. Tous droits réservés. Le contenu de 73 % de matières recyclées est basé sur le contenu moyen en verre recyclé de tous les isolants en<br />
fibre de verre en matelas, en rouleau et en vrac sans liant de Owens Corning fabriqués au Canada. Minimum 20 % de matières recyclées. Certifié par SCS.
12<br />
13<br />
14<br />
15<br />
Pour conclure, une liste non exhaustive de<br />
quelques notions de base élémentaires doivent<br />
s’appliquer à l’évaluation de l’enveloppe de bâtiments<br />
de grande envergure, notamment :<br />
Les réglages de la caméra – des photographies<br />
réelles des zones inspectées devraient également<br />
être enregistrées et mises en référence<br />
aux thermogrammes (figures 8 et 9).<br />
Les conditions ambiantes extérieures.<br />
Les conditions ambiantes intérieures – la mise<br />
sous pression du bâtiment est de loin le<br />
facteur le plus important et le plus crucial<br />
à surveiller et contrôler au moment d’entreprendre<br />
une évaluation thermographique<br />
de l’enveloppe d’un bâtiment. Un équipement<br />
portatif de pressurisation à haute<br />
puissance est requise pour créer les conditions<br />
de pression nécessaires (figures 10 et<br />
11).<br />
Le processus d’inspection fait en conformité<br />
avec les normes reconnues de l’industrie.<br />
Les principales références étant : CAN/<br />
CGSB 149-GP-2MP: Manual for Thermographic<br />
Analysis of Building Enclosures;<br />
ASTM C1060: Standard Practice for Thermographic<br />
Inspection of Insulation Installations<br />
in Envelope Cavities of Frame Buildings;<br />
ANSI-ASHRAE 101: Application of<br />
Infrared Sensing Devices to the Assessment<br />
of Building Heat Loss Characteristics; ASTM<br />
E1186: Standard Practice for Air Leakage<br />
Site Detection in Building Envelopes and Air<br />
Barrier Systems; ASTM E779: Standard Test<br />
Method for Determining Air Leakage Rate by<br />
Fan Pressurization. En plus des références<br />
citées ci-dessus, un ensemble de spécifications<br />
génériques développé au Canada par<br />
le Devis directeur national (DDN) introduira<br />
quatre nouvelles sections relatives à<br />
la spécification de services d’inspection de<br />
l’enveloppe de bâtiments, de toitures et de<br />
systèmes électriques et mécaniques.<br />
La validation des causes des observations<br />
notées avec la caméra infrarouge. L’explication<br />
de certaines anomalies devrait, au<br />
minimum, être appuyée par des dessins<br />
de détails (figure 12). Lorsqu’une analyse<br />
complémentaire est nécessaire, un démantèlement<br />
extérieur ou intérieur (figure 13)<br />
et/ou des essais de fumée devraient être<br />
entrepris (figures 14 et 15). Également, une<br />
formation technique ou professionnelle en<br />
conception d’enveloppe de bâtiment et en<br />
performance hygrothermique, combinée à<br />
de l’expérience pertinente de chantiers de<br />
grands bâtiments, est essentielle.<br />
25 ANS DE CONFÉRENCES, D’ÉCHANGES ET D’AVANCEMENT<br />
SUR L’ENVELOPPE DU BÂTIMENT<br />
www.cebq.org<br />
COMMENT CHOISIR LE<br />
BON PARE-AIR PERMÉABLE ?<br />
par Jean-François Côté, directeur, affaires scientifiques et normalisation, SOPREMA<br />
Lors de la conception de murs, plusieurs éléments doivent être pris en considération, dont la sélection du pare-air. Le but<br />
principal d’un pare-air est de prévenir les fuites d’air au travers de l’enveloppe du bâtiment. En effet, une circulation d’air<br />
non maîtrisée peut entraîner une perte de chaleur et des coûts énergétiques élevés, sans parler des risques de<br />
condensation et d’apparition de moisissures dans l’assemblage.<br />
DIFFÉRENTS TYPES DE PARE-AIR,<br />
DIFFÉRENTS BESOINS<br />
Les pare-air sont catégorisés selon leur perméance à la vapeur d’eau. Par conséquent, la quantité de vapeur d’eau qui traverse un mur est également<br />
propre à chaque type de pare-air. Le schéma ci-dessous présente les effets de la diffusion de la vapeur d’eau par type de pare-air en été lorsqu’il fait chaud<br />
et à l’automne lorsque les températures deviennent plus froides.<br />
De plus, la dynamique de séchage de tout assemblage de mur sera dictée par le matériau qui présente la plus faible perméance à la vapeur d’eau. Les<br />
bénéfices potentiels d’un pare-air hautement perméable seront bien souvent réduits parce qu’un autre matériau régira le séchage de l’assemblage.<br />
PARE-AIR<br />
PARE-AIR<br />
< 1 US PERMS PARE-VAPEUR<br />
± 10 US PERMS PARE-VAPEUR<br />
< 0.1 US PERMS < 0.1 US PERMS<br />
EXTÉRIEUR<br />
INTÉRIEUR<br />
EXTÉRIEUR<br />
INTÉRIEUR<br />
EXTÉRIEUR<br />
ÉTÉ<br />
Diffusion<br />
de la vapeur<br />
vers l’intérieur<br />
AUTOMNE<br />
Diffusion<br />
de la vapeur<br />
vers l’extérieur<br />
ÉTÉ<br />
Diffusion<br />
de la vapeur<br />
vers l’intérieur<br />
AUTOMNE<br />
Diffusion<br />
de la vapeur<br />
vers l’extérieur<br />
COMMENT FAUT-IL CHOISIR UN PARE-AIR ?<br />
En plus des critères mentionnés précédemment, d’autres facteurs sont<br />
également pris en compte :<br />
• Présence d’isolant dans la cavité,<br />
• Présence d’isolant à l’extérieur de l’enveloppe,<br />
• Capacité de stockage d’eau par le revêtement.<br />
ÉTÉ<br />
Diffusion<br />
de la vapeur<br />
vers l’intérieur<br />
AUTOMNE<br />
Diffusion<br />
de la vapeur<br />
vers l’extérieur<br />
PARE-AIR<br />
> 30 US PERMS PARE-VAPEUR<br />
< 0.1 US PERMS<br />
INTÉRIEUR<br />
IL EST À NOTER QUE<br />
PLUS UN PARE-AIR EST<br />
PERMÉABLE, PLUS IL<br />
LAISSE ENTRER LA<br />
VAPEUR D’EAU.<br />
TOUS CES ÉLÉMENTS VIENNENT COMPLIQUER LE SÉCHAGE<br />
D’UN MUR HUMIDE. BREF, IL EST PRIMORDIAL DE FAIRE LE<br />
CHOIX DE LA MEMBRANE EN CONSIDÉRANT LE TYPE DE<br />
MUR DANS LEQUEL LA MEMBRANE SERA INSTALLÉE ET<br />
PAS SEULEMENT LA PERMÉANCE DE CELLE-CI.<br />
formes - v12 n2 - 2016<br />
16<br />
TOITS MURS FONDATIONS STATIONNEMENTS PONTS AUTRES SPÉCIALITÉS<br />
ÉTANCHÉITÉ ISOLATION VÉGÉTALISATION INSONORISATION COMPLÉMENTS<br />
SOPREMA est une entreprise manufacturière d’envergure internationale qui se spécialise dans la fabrication<br />
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MURS<br />
MEMBRANE PARE-AIR PERMÉABLE À LA VAPEUR D’EAU
perspectives<br />
LES RURBAINS OU LA MINCE FRONTIÈRE ENTRE<br />
LE RURAL ET L’URBAIN<br />
conception<br />
sur mesure.<br />
rÉALisAtion<br />
HAute Vitesse.<br />
formes - v12 n2 - 2016<br />
Paysage agricole,<br />
L'Isle-aux-Coudres<br />
Maillage villégiature<br />
et agriculture, Glen<br />
Sutton<br />
Parmi les éléments<br />
qui exercent une<br />
grande influence sur<br />
les paysages ruraux, il<br />
y a la villégiature. Un<br />
exemple, les développements<br />
immobiliers<br />
qui grugent les flancs<br />
de montagne<br />
Photos : FORMES<br />
Au<br />
début avril, sous le thème « Les Rurbains :<br />
réimaginer les frontières du paysage », le<br />
congrès de l’Association des architectes<br />
paysagistes du Québec explorait la frontière<br />
de plus en plus floue qui existe entre l’urbain et le rural.<br />
Grâce au télétravail, de nombreuses personnes sont indépendantes<br />
des grands centres et se sont installées en milieu rural.<br />
Ces gens, appelés les rurbains, redéfinissent les frontières entre<br />
l’urbanité et la ruralité. L’industrialisation a elle aussi eu ses<br />
effets sur le paysage. Claire Bolduc, présidente de Solidarité<br />
rurale du Québec et Gérald Domon, professeur titulaire et<br />
directeur scientifique associé à la Chaire en paysage et environnement<br />
(Université de Montréal), ont discuté de cette<br />
question lors du congrès.<br />
Depuis le milieu des années 1970, la loi sur la protection du<br />
territoire agricole protège les terres cultivables du développement<br />
urbain. Mais cela n’a pas pour autant freiné l’étalement<br />
urbain au Québec (une récente étude a démontré que l’étalement<br />
urbain était encore très important ici) et cela n’a pas<br />
assuré une protection des paysages, et encore moins une harmonisation<br />
du cadre bâti.<br />
Industrialisation = uniformisation<br />
Au fil des années, l’industrialisation croissante de l’agriculture<br />
a aussi eu des impacts sur le paysage. En se promenant<br />
dans divers milieux ruraux, on peut constater ces effets pervers.<br />
Cela a notamment amené une certaine uniformisation du bâti<br />
et des espaces ruraux. Gérald Domon donne deux exemples de<br />
cette réalité. Autour de Saint-Hyacinthe, on trouve d’immenses<br />
champs de blé d’Inde où il n’y a rien d’autre que cette culture,<br />
plus de boisés ou autres végétations. Même chose du côté de<br />
Weedon, en Estrie, où cette fois-ci, c’est la culture du sapin de<br />
Noël qui domine. Côté bâti, c’est le modèle d’étable du MAPAQ<br />
qui s’est imposé alors qu’auparavant, les granges avaient une<br />
architecture diversifiée.<br />
Claire Bolduc, qui déplore aussi cette uniformisation des<br />
paysages, croit qu’elle est en partie attribuable à la tendance<br />
actuelle à centraliser les décisions à Québec. Une centralisation<br />
qui tend à uniformiser à outrance.<br />
Conserver l’identité du rural<br />
Autre constat fait par nos intervenants : la tendance à transposer<br />
le modèle urbain dans les milieux ruraux. Exemple : les<br />
centres commerciaux de type power center que l’on retrouve en<br />
grand nombre en périphérie des centres urbains. Pourquoi, se<br />
demande les intervenants, transposer ce modèle en campagne,<br />
qui a pour effet de dénaturer son caractère distinct?<br />
Il y a plusieurs années, des citoyens de l’île d’Orléans, menacée<br />
par un projet de centre commercial, avaient réussi à protéger<br />
leur territoire contre cette intrusion. Plus récemment, les<br />
citoyens de Val-David ont empêché avec succès le déménagement<br />
de leur supermarché Metro (situé au cœur du village)<br />
le long de la route 117. Ce genre de victoire contre l’envahissement<br />
du modèle urbain est encore trop peu fréquent, selon<br />
eux.<br />
« Le problème, c’est que les urbains s’installent en campagne<br />
avec leurs valeurs urbaines, dit Claire Bolduc. Ils considèrent<br />
encore trop les milieux ruraux comme des espaces en attente<br />
de développement. Comme si la campagne ne pouvait pas<br />
avoir son identité propre. »<br />
Un rural méconnu<br />
Le rural intéresse peu. Gérald Domon affirme être le seul<br />
professeur de son département à en parler dans ses cours.<br />
Pourtant, depuis les États généraux sur le monde rural de 1991,<br />
« le rural a changé et des initiatives innovatrices ont été prises,<br />
mais cela ne se reflète pas dans les médias qui sont très “montréalcentristes”<br />
», déplore Claire Bolduc.<br />
Par exemple, à la suite des États généraux, il y a eu la création<br />
de Solidarité rurale. Ensuite, en 2001, le gouvernement<br />
adoptait sa première Politique nationale sur la ruralité, dont<br />
la troisième mouture a été adoptée en 2013. Cet intérêt accru<br />
pour le monde rural a amené dans son sillage plusieurs expériences<br />
innovatrices, issues notamment de l’économie sociale.<br />
Solidarité rurale en analyse 12 sur son site Internet. Et il y en a<br />
d’autres. « Les médias doivent ouvrir leurs horizons sur toutes<br />
les réalités, incluant celles du rural », dit M me Bolduc.<br />
L’influence des villégiateurs<br />
Parmi les éléments qui exercent une grande influence sur<br />
les paysages ruraux, il y a la villégiature. La municipalité de<br />
Saint-Sauveur, dans les Laurentides, avec ses chalets parsemés<br />
un peu partout, ne ressemble en rien à une municipalité<br />
dévitalisée comme Rivière-à-Claude, par exemple, en Gaspésie.<br />
Dans ces lieux, le paysage se caractérise notamment par<br />
l’abandon de maisons et la présence de terres en friche. Une<br />
région de villégiature peut aussi connaître une baisse de popularité<br />
et ne plus être la saveur du jour. C’est le cas en ce moment<br />
avec l’île d’Orléans et Charlevoix, où l’on trouve en ce moment<br />
plusieurs maisons en vente, selon M me Bolduc. Mais cela peut<br />
n’être que temporaire et changer.<br />
On le voit, le monde rural et les problématiques qui s’y rattachent<br />
sont complexes. À cela s’ajoute l’urbanité, qui s’introduit<br />
dans ce monde et oblige à redéfinir les paysages.<br />
muroX<br />
SyStème d’enveloppe de bâtiment préfabriqué<br />
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18
DES PROJETS D’AMÉNAGEMENT VARIÉS<br />
LES PARCS LINÉAIRES<br />
VOIR LE PAYSAGE AUTREMENT<br />
formes - v12 n2 - 2016<br />
perspectives<br />
Le ruisseau de feu, mise en<br />
valeur d’une vaste plaine<br />
inondable en bordure de la<br />
rivière des Prairies.<br />
Photo : Canards Illimités Canada<br />
La Charte des paysages<br />
Ville de Gaspé<br />
Photo : Dorine Dupuis<br />
L’organisme Banque de<br />
terres agricoles du Québec<br />
jumelle des propriétaires<br />
de terres agricoles qui ont<br />
des espaces non cultivées<br />
avec des gens qui ont des<br />
projets d’agriculture.<br />
Photo : Leslie Charbonneau<br />
Souvent Me Souviens.<br />
Chacune des cabanes<br />
reliées par une passerelle<br />
sinueuse constitue<br />
une réponse au site, aux<br />
inondations et aux conditions<br />
globales qui nous<br />
indiquent que nous vivons<br />
maintenant dans une<br />
époque d’instabilité climatique<br />
sans précédent, et à<br />
laquelle nous devons nous<br />
adapter pour survivre.<br />
Photo : Gisèle Teyssier – Jardins<br />
de Métis<br />
Stéphane Gagné<br />
Lors du colloque de l’Association des architectes paysagistes<br />
du Québec (AAPQ), plusieurs professionnels sont<br />
venus présenter des projets porteurs (selon la formule Pecha<br />
Kucha) qui ont la capacité de changer, chacun à leur façon,<br />
l’allure du paysage québécois. En voici quelques exemples.<br />
Le Ruisseau de feu<br />
En bordure de la rivière des Prairies, à Terrebonne, on<br />
trouve une vaste plaine inondable qui était auparavant à vocation<br />
agricole. Ce territoire, zoné blanc, fait l’objet d’une restauration<br />
et d’une mise en valeur depuis quelques années grâce à<br />
l’initiative de la Ville de Terrebonne, d’Héritage Terrebonne,<br />
de Canards Illimités et du ministère du Développement durable,<br />
de l’Environnement et de la Lutte aux changements<br />
climatiques (MDDELCC). Le biologiste Réjean Dumas, à<br />
l’emploi du MDDELCC depuis trente ans, a participé à la réhabilitation<br />
d’un marais d’une superficie de 45 hectares sur ce<br />
territoire. Photos à l’appui, on peut voir comment la nature a<br />
efficacement repris ses droits. Dans cet espace, 25 000 arbres<br />
ont aussi été plantés. De 2011 à 2015, M. Dumas a aussi réalisé<br />
un travail semblable dans le parc de la rivière des Mille-Îles,<br />
parc où l’on trouve 101 îles et quelques milieux humides.<br />
Charte des paysages de Gaspé<br />
En septembre 2015, le conseil municipal de la Ville de<br />
Gaspé adoptait une charte municipale des paysages, une première<br />
au Canada! Le document, salué par des spécialistes, a<br />
été nommé au mérite Ovation municipale 2016 de l’Union<br />
des municipalités du Québec. Jennifer Bradley, urbaniste à<br />
Edmundston (Nouveau-Brunswick), a participé à l’élaboration<br />
de cette charte. Elle était présente au colloque pour en faire<br />
une brève présentation. La charte est un outil de sensibilisation<br />
et un engagement qui a comme objectif d’assurer la prise en<br />
compte du paysage lors de toute intervention dans le milieu.<br />
On peut consulter le document à paysagesgaspe.ca.<br />
Une banque de terres agricoles<br />
Cofondatrice du Groupe de réflexion et d’action sur le patrimoine<br />
et le paysage (GRAPP), Patricia Lefèvre a contribué<br />
à la naissance de la Banque de terres agricoles du Québec.<br />
Cet organisme jumelle les propriétaires de terres agricoles qui<br />
ont des espaces non cultivés avec des gens qui ont des projets<br />
d’agriculture et ont besoin de petites superficies pour les réaliser<br />
(1 à 3 hectares). Ces gens n’ont souvent pas les moyens<br />
d’acheter une terre et cherchent à louer. C’est ce que permet<br />
de faire la Banque de terres. Ce projet est né du désir de la<br />
MRC Brome-Missisquoi de trouver des occupants pour les<br />
3 000 hectares de terres laissés en friche sur son territoire. En<br />
trouvant des occupants pour ces terres, l’organisme contribue<br />
à préserver l’intégrité des paysages ruraux. Mme Lefèvre, qui<br />
se dit ruraliste, croit que cela est un moyen bien adapté pour<br />
répondre aux besoins des gens de la campagne. « En milieu<br />
rural, les urbanistes et les gars de « pépines » proposent souvent<br />
des solutions qui ne sont pas adaptées à notre contexte. »<br />
Depuis l’inauguration du projet dans la MRC Brome-Missisquoi,<br />
le projet s’est étendu dans au moins huit autres MRC.<br />
Un jardin botanique sur un ancien site industriel<br />
L’architecte paysagiste Camille Trillaud-Doppia est une<br />
passionnée des paysages. Arrivée au Québec en 2009, elle se<br />
définit elle-même comme illustratrice en paysage. Après avoir<br />
travaillé un an comme paysagiste stagiaire à la MRC de Gaspé,<br />
elle a dessiné diverses esquisses – dont une qui proposait de<br />
transformer l’ancien site de la papetière Gaspésia (aujourd’hui<br />
friche industrielle), à Chandler, en jardin botanique.<br />
De petits projets aux grandes répercussions<br />
Alexander Reford, directeur des Jardins de Métis, est très<br />
impliqué dans sa région. Par la réalisation de petits projets, il<br />
tente de l’embellir. Ainsi, lors de l’annonce en novembre 2015<br />
de la reconstruction du pont Bergeron qui enjambe la rivière<br />
Mitis, sur la route 132, M. Reford en a profité pour lancer un<br />
concours de design s’adressant aux étudiants pour repenser<br />
l’aménagement de l’ancien pont (qui sera conservé). La propriété<br />
et l’entretien de ce pont, à grande valeur patrimoniale,<br />
ont été transférés à la MRC. Déjà, on sait qu’une piste cyclable<br />
y sera aménagée et d’autres aménagements sont prévus.<br />
M. Reford a aussi profité des dégâts causés par la grande<br />
marée survenue à Sainte-Flavie en 2010 pour aménager un espace,<br />
devenu inutilisable, en bordure du fleuve. Rappelons que<br />
cette année-là, la moitié des résidences de la localité avaient été<br />
endommagées par la marée. Dans le cadre du Festival international<br />
de jardins, la conceptrice Deborah Nagan a conçu et<br />
aménagé sur ce site dévasté cinq cabanes reliées par un sentier<br />
piétonnier. Cet aménagement, nommé Souvent me souviens<br />
(Often Remembered), très simple, a été réalisé à un coût à peu<br />
près nul et a permis à ce site, très détérioré, de trouver une<br />
nouvelle vocation.<br />
La promenade<br />
Fleuve-Montagne<br />
Source : Ville de Montréal<br />
Promenade-Samuel<br />
de Champlain, Quaides-Vents.<br />
Projet en<br />
consortium : Daoust<br />
Lestage – William<br />
Asselin Ackaoui – Option<br />
aménagement.<br />
Photo : Marc Cramer<br />
Parc linéaire de la rivière<br />
Saint-Charles.<br />
Projet : Lemay+DAA.<br />
Photo : Stéphane Gougeon<br />
Stéphane Gagné<br />
Depuis quelques années, l’aménagement de parcs<br />
linéaires est à la mode. Au départ, l’abandon de<br />
plusieurs tronçons ferroviaires a favorisé leur développement<br />
(ex. : le Petit Train du Nord), mais<br />
aujourd’hui d’autres projets voient aussi le jour en d’autres<br />
lieux. Isabelle Giasson, récréologue et architecte paysagiste,<br />
est venue nous en parler lors du congrès de l’AAPQ. Pouvoir<br />
se promener ainsi linéairement permet de découvrir le paysage<br />
sous un autre angle et, dans certains cas, de vivre live le<br />
passage de l’urbain au rural.<br />
Le projet sans doute le plus ambitieux est la promenade<br />
Fleuve-Montagne qui sera créée à Montréal au coût de 20<br />
millions de dollars. Elle partira du mont Royal et s’étirera<br />
jusqu’au fleuve, sur une longueur de quatre kilomètres, en<br />
passant par le centre-ville. Au moins 80 partenaires y sont<br />
impliqués.<br />
M me Giasson mentionne aussi le sentier hivernal du canal<br />
Lachine qui a commencé ses activités (ski de fond sur six<br />
kilomètres et marche sur huit kilomètre) l’hiver dernier. « À<br />
cause de la météo chaotique de l’hiver dernier, le sentier a<br />
eu peu de succès, mais ce n’est que partie remise », dit-elle.<br />
M me Giasson ajoute qu’on projette aussi d’aménager une patinoire<br />
sur le canal.<br />
À Québec, deux parcs linéaires ont connu un grand succès.<br />
Il s’agit de la promenade Samuel-de Champlain, sur le<br />
bord du fleuve (deux phases complétées sur quatre) et du<br />
parc linéaire de la rivière Saint-Charles, un projet réalisé en<br />
six phases (dont la dernière a été finalisée en 2014).<br />
Du côté des régions, plusieurs projets ont été réalisés ou<br />
sont en voie de l’être. Qu’on pense à la Bicyclable qui relie<br />
quatre villes dans la région de Thetford Mines. Ce parc, qui<br />
permet de cheminer à travers des montagnes de résidus<br />
d’amiante, a vu le jour grâce à un partenariat avec des compagnies<br />
minières.<br />
formes - v12 n2 - 2016<br />
20<br />
21
LES VILLES ÉPONGES DE TURENSCAPE<br />
QUAND LA NATURE REPREND SES DROITS<br />
perspectives<br />
PARIS / 2-6 SEPTEMBRE 2016<br />
PARIS NORD VILLEPINTE<br />
formes - v12 n2 - 2016<br />
22<br />
Le concept de ville<br />
éponge consiste à<br />
renaturaliser des milieux<br />
humides. Exemples avant<br />
et après interventions.<br />
Source : Turenscape<br />
Stéphane Gagné<br />
En<br />
Chine, c’est bien connu, tout est hors norme :<br />
la population, la pollution, l’urbanisation, etc.<br />
Depuis des années, les villes en bordure des<br />
grandes rivières et des fleuves du pays vivent<br />
des problèmes d’inondations, de pollution, de glissements de<br />
terrain et de pertes d’habitat. La Chine a toutefois la volonté de<br />
corriger le problème. Elle a confié à la firme Turenscape, basée<br />
à Beijing en Chine, le mandat de mettre en pratique son approche<br />
innovante de ville éponge (Sponge City) dans 16 villes<br />
pilotes chinoises. Le Chinois d’origine canadienne Stanley<br />
Lung, directeur associé de Turenscape, a fait une présentation<br />
passionnante de ce concept lors du congrès de l’AAPQ.<br />
Le concept de ville éponge consiste à renaturaliser des<br />
milieux humides qui se sont détériorés avec le temps à cause<br />
d’une urbanisation sauvage. Ces milieux peuvent ensuite redevenir<br />
des habitats pour la faune et la flore, servir « d’éponge »<br />
lorsqu’il y a une crue des eaux et permettre aux citadins de se<br />
réapproprier l’espace à des fins récréatives et de détente. Les<br />
aménagistes de Turenscape ont ainsi recréé des paysages naturels,<br />
où les citadins peuvent se promener (grâce à un réseau de<br />
sentiers), à des endroits où il n’y avait avant qu’un écosystème<br />
moribond.<br />
Des interventions minimales, mais spectaculaires<br />
L’idée générale, selon Stanley Lung, est de laisser la nature<br />
faire le travail. Comme dit M. Lung, en citant le sage Lao Tseu :<br />
« La nature ne se presse pas, mais tout aboutit. » Chez Turenscape,<br />
on pense donc qu’il faut mettre à profit les écosystèmes et<br />
leur capacité à réguler les éléments naturels qui se déchaînent<br />
parfois (par exemple, les crues des eaux), plutôt que de mettre<br />
en place de coûteux moyens techniques (par exemple, les systèmes<br />
d’égout pluvial) qui souvent ne donnent pas les résultats<br />
escomptés et aggravent même le problème.<br />
Lors de la présentation comptant plusieurs centaines de<br />
photos, Stanley Lung a ainsi montré plusieurs paysages dégradés<br />
avant les interventions de son équipe et les résultats obtenus<br />
après. Les transformations sont souvent spectaculaires,<br />
bien que les interventions soient minimales. Ainsi, à un endroit,<br />
on a transformé un milieu sans vie en un champ agricole<br />
où les citoyens peuvent travailler la terre. Ailleurs, on a<br />
semé un champ de graminées et planté quelques arbres. On a<br />
aussi aménagé un réseau de sentiers qui chemine à travers cet<br />
espace. Des interventions simples, mais qui redonnent vie à des<br />
lieux auparavant pollués et dégradés.<br />
Un concept bon pour la Chine, mais aussi pour Montréal<br />
M. Lung croit que le concept de ville éponge est une solution<br />
à adopter pour la Chine qui connaît une urbanisation rapide<br />
(qui se poursuivra dans les prochaines années). Selon lui, on<br />
a l’occasion d’appliquer le concept dans les centaines de nouvelles<br />
villes qui seront créées dans le pays.<br />
Visionnaire, M. Lung voit la région de Montréal comme la<br />
17 e ville éponge. Il constate que les espaces verts riverains sont<br />
tous séparés les uns des autres et éloignés et que plusieurs milieux<br />
humides ne sont pas mis en valeur. Moment intéressant<br />
de sa présentation, il a démontré, carte de la région à l’appui,<br />
comment Montréal pourrait tirer avantage de l’application de<br />
ce concept.<br />
Turenscape a d’ailleurs déjà réalisé des projets à l’extérieur<br />
de la Chine – en Russie, par exemple. La firme compte 600 employés,<br />
jouit d’une bonne réputation et a reçu, depuis le début<br />
des années 2000, plusieurs prix internationaux prestigieux.<br />
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en couverture<br />
formes - v12 n2 - 2016<br />
24<br />
Détail du revêtement de la<br />
façade du théâtre de Quat'Sous.<br />
Photo: Xavier Proulx<br />
(concours de photos Alumia)<br />
– Architecte: FABG<br />
Un grand dossier de Valérie Levée<br />
Il<br />
est léger et gris pâle. On peut le plier, le<br />
presser, le mouler, l’extruder, le perforer,<br />
le peindre pour obtenir toutes sortes<br />
de composantes architecturales. Sa<br />
résistance à la rouille assurera longue vie à ces<br />
composantes. Et en fin de vie, tout n’est pas fini<br />
puisqu’il est facilement recyclable. Produit du<br />
terroir québécois, l’aluminium possède assurément<br />
des atouts propices au développement<br />
de villes durables.<br />
Pour évaluer la contribution de l’aluminium à<br />
la ville durable, l’International Aluminium Institute<br />
(IAI) a lancé un projet de recherche intitulé<br />
Towards Sustainable Cities: Quantifying the inuse<br />
Benefits of Aluminum in Architecture and<br />
the Built Environment Research. Les auteurs de<br />
celui-ci ont examiné les usages de l’aluminium<br />
en architecture sous diverses coutures du développement<br />
durable : longévité du matériau, recyclage<br />
et recyclabilité, pensée cycle de vie…<br />
et ont compilé les données recueillies dans<br />
trois livres. Michael Stacey a participé à cette<br />
recherche. Il est architecte et directeur de Michael<br />
Stacey Architects, mais aussi professeur<br />
et codirecteur d’Architecture, Culture and Tectonics<br />
Research Group à l’Université de Nottingham.<br />
Et il était la tête d’affiche d’une journée<br />
de conférences présentée le 17 novembre dernier<br />
par l’Association de l’aluminium du Canada,<br />
AluQuébec, le Conseil de l’enveloppe du<br />
bâtiment du Québec et le magazine FORMES.<br />
Au menu de cette journée : exemples variés<br />
d’utilisation de l’aluminium dans les bâtiments,<br />
alliages, et procédés de transformation, analyse<br />
de cycle de vie, LEED, rénovation et recyclage<br />
de bâtiments. C’est aussi le menu de ce<br />
dossier.<br />
Les trois livres sont téléchargeables gratuitement sur le site<br />
de l’IAI : http://greenbuilding.world-aluminium.org/facts/<br />
towards-sustainable-cities.html<br />
Pour faire de l’aluminium, il faut de la<br />
bauxite et de l’électricité. Or, si le soussol<br />
québécois ne renferme pas de bauxite,<br />
les rivières fournissent de l’électricité<br />
en abondance et à bon marché. C’est pourquoi,<br />
dès 1901, des alumineries se sont installées<br />
au Québec, inscrivant la province dans le peloton<br />
de tête mondial des producteurs d’aluminium.<br />
Mais aujourd’hui, d’autres pays produisent de<br />
l’aluminium, talonnant – voire dépassant –, le<br />
Québec. Mais l’industrie de l’aluminium est un<br />
pilier de l’économie québécoise et elle se doit de<br />
rester concurrentielle. D’où la naissance en octobre<br />
2013 d’AluQuébec, la grappe industrielle<br />
regroupant les entreprises de transformation de<br />
l’aluminium, et le lancement en juin 2015, par le<br />
gouvernement québécois, de la Stratégie québécoise<br />
de développement de l’aluminium 2015-<br />
2025 (SQDA). Les objectifs sont complémentaires.<br />
AluQuébec veut doubler la transformation<br />
d’aluminium sur un horizon de dix ans tandis<br />
que la SQDA vise à favoriser la croissance de la<br />
production de l’aluminium et en développer la<br />
transformation et l’utilisation, notamment dans<br />
le domaine de l’architecture et des infrastructures.<br />
Un marché mondial métamorphosé<br />
En une dizaine d’années, la Chine et le Moyen-<br />
Orient ont bouleversé le marché mondial de<br />
l’aluminium. La Chine a ouvert des alumineries<br />
pour répondre aux besoins de son urbanisation<br />
galopante; elle, qui ne produisait pas d’aluminium<br />
au début du millénaire, assure maintenant<br />
la moitié de la production mondiale de ce métal.<br />
Ayant mis à profit leurs ressources énergétiques<br />
pour produire de l’aluminium, les pays du<br />
Moyen-Orient occupent la deuxième marche du<br />
podium. La Russie suit, faisant glisser le Canada<br />
en quatrième position. Mais le marché intérieur<br />
de la Chine s’essouffle et elle s’apprête à inonder<br />
le marché international avec un effet dévastateur<br />
sur le prix de l’aluminium, relate Jean Simard,<br />
le président et chef de la direction de l’Association<br />
de l’aluminium du Canada (AAC). Pour<br />
les alumineries québécoises qui exportent 80 %<br />
de leur production, cet aluminium chinois est<br />
L’AVENIR PREND FORME<br />
STRATÉGIE QUÉBÉCOISE DE DÉVELOPPEMENT<br />
DE L’ALUMINIUM 2015-2025<br />
economie.gouv.qc.ca/aluminium<br />
une concurrence préoccupante. Et comme les<br />
exportations d’aluminium représentent 10 % de<br />
la balance commerciale du Québec, l’industrie<br />
de l’aluminium est un pilier économique que le<br />
Québec ne peut pas laisser fléchir.<br />
Heureusement, si l’appétit de la Chine pour<br />
l’aluminium diminue, il est en hausse dans les<br />
pays d’Asie du Sud-Est, en plein boum démographique<br />
et économique; aux États-Unis aussi,<br />
où l’industrie automobile absorbe de plus en<br />
plus d’aluminium alors que la production d’aluminium<br />
primaire américaine est quasiment<br />
nulle. « En 2015, on a consommé en Amérique<br />
du Nord trois millions de tonnes de plus qu’on<br />
en a produit », observe Jean Simard. Globalement,<br />
la consommation mondiale d’aluminium<br />
augmente de 4 % par an, et elle devrait avoir<br />
doublé en 2030. Si les alumineries québécoises<br />
maintiennent leur avance technologique, elles<br />
devraient rester compétitives et conserver leurs<br />
parts de marché. Mais l’industrie de l’aluminium,<br />
qui historiquement s’est concentrée sur la production<br />
primaire, pourrait faire mieux. « Pendant<br />
que le Québec exportait de l’aluminium, qui se<br />
faisait transformer ailleurs dans le monde, il en<br />
a délaissé la transformation », commente Michel<br />
Guillot, professeur au Centre de recherche sur<br />
l’aluminium – REGAL, à l’Université Laval.<br />
Autrement dit, au lieu d’exporter des lingots, l’industrie<br />
de l’aluminium pourrait les transformer<br />
en produits à valeur ajoutée pour conquérir de<br />
nouveaux marchés.<br />
Objectif transformation<br />
« On a la chance au Québec de compter sur<br />
une masse critique d’expertise et de ressources<br />
qui couvrent toutes les étapes de production<br />
et de transformation de l’aluminium », déclare<br />
Jean-Luc Trahan, le président-directeur général<br />
d’AluQuébec. AluQuébec, c’est la grappe industrielle<br />
créée en 2013 pour stimuler les synergies<br />
entre les acteurs de cette chaîne de valeurs, développer<br />
des produits à valeur ajoutée, permettre à<br />
l’aluminium québécois de se démarquer afin de<br />
profiter pleinement de la demande croissante<br />
pour l’aluminium dans le monde. « L’objectif<br />
est de multiplier par deux la transformation de<br />
formes - v12 n2 - 2016<br />
25
formes - v12 n2 - 2016<br />
26<br />
Détail de la façade de l'usine de<br />
traitement des eaux de Lévis.<br />
Photos: Alexandre Guérin<br />
(concours de photos Alumia)<br />
– Architecte: STGM<br />
l’aluminium au cours des dix prochaines années,<br />
annonce Jean-Luc Trahan. En ce moment, la valeur<br />
des livraisons de l’aluminium transformé se<br />
situe à 5,5 milliards de dollars et on veut arriver<br />
à 11 milliards de dollars. L’aluminium québécois<br />
transformé doit devenir un vecteur de création de<br />
richesse et de fierté. » Pour ce faire, AluQuébec<br />
veut faire connaître les qualités de l’aluminium,<br />
déboulonner les mythes et promouvoir son utilisation<br />
selon le principe du bon matériau au bon<br />
endroit.<br />
En juin 2015, AluQuébec recevait un formidable<br />
coup de pouce du gouvernement du Québec<br />
alors que le ministère de l’Économie, de la<br />
Science et de l’Innovation (MESI) dévoilait la<br />
SQDA. Ses 27 mesures, qui doivent mettre en<br />
place un environnement favorable à la transformation<br />
de l’aluminium, renforcer la filière québécoise<br />
et en assurer la compétitivité, s’alignent avec<br />
la mission que s’est donnée AluQuébec.<br />
AluQuébec, un levier de la SQDA<br />
Reconnaissant les démarches initiées par<br />
AluQuébec, la SQDA lui a confié six mesures.<br />
L’une d’elles consiste à accélérer les chantiers<br />
qu’AluQuébec s’est donnés au moment de son<br />
lancement. Certains de ces chantiers touchent<br />
l’approvisionnement, le rayonnement, les occasions<br />
d’affaires, le financement, l’innovation par<br />
la recherche et développement et la formation.<br />
Une autre mesure demande à AluQuébec d’ajouter<br />
un chantier sur les équipementiers et les fournisseurs<br />
spécialisés. La SQDA demande aussi à<br />
AluQuébec d’affiner la cartographie qu’elle a déjà<br />
entamée et qui recense 1 400 entreprises transformatrices<br />
d’aluminium. L’idée, explique Jean-Luc<br />
Trahan, est de « faire ressortir les champions de<br />
l’industrie, les entreprises ayant une masse critique<br />
et des produits utilisant intensivement l’aluminium,<br />
des entreprises bien positionnées pour<br />
innover et exporter. Ces entreprises sont les plus<br />
susceptibles de nous aider à doubler la transformation<br />
de l’aluminium ».<br />
Mais la cartographie devrait aussi révéler des<br />
maillons faibles. Par exemple, les Industries<br />
Panfab ne trouvent pas au Québec les feuilles<br />
d’aluminium prépeintes et l’alliage désiré pour<br />
fabriquer leurs panneaux architecturaux. Elles<br />
les importent d’Allemagne et d’Italie, relate Benoit<br />
Comeau, représentant technique auprès<br />
des architectes chez Industries Panfab. « On a<br />
un problème de masse critique, rétorque Jean<br />
Simard. Des transformateurs ont besoin de 1 000<br />
ou 100 000 tonnes par année d’un alliage spécifique.<br />
Personne ne va produire seulement 100 000<br />
tonnes par année. S’il n’y a pas assez de volume<br />
localement, on ne peut le produire avec tout ce<br />
que ça implique comme investissement. » Une<br />
autre mesure confiée à AluQuébec doit justement<br />
aborder cette question de l’accès au métal pour<br />
les transformateurs utilisant l’aluminium. « La<br />
démarche, reprend Jean Simard, est de faire un<br />
inventaire de tous ces besoins et de voir les possibilités<br />
de consolider les demandes similaires. Si<br />
20 entreprises ont besoin d’un même alliage, on<br />
peut avoir un potentiel de commande réaliste.<br />
Mais ça ne répondra pas à 100 % des problèmes<br />
d’approvisionnement. »<br />
Dans une autre direction, AluQuébec est aussi<br />
responsable de deux mesures concernant la formation<br />
universitaire et la diffusion de l’expertise<br />
sur l’aluminium. Comme l’indique Mario Fafard,<br />
professeur à l’Université Laval et directeur du<br />
Centre de recherche sur l’aluminium – REGAL,<br />
les universités forment les futurs ingénieurs à la<br />
métallurgie de l’aluminium, mais très peu à son<br />
utilisation en génie civil. Seule l’Université du<br />
Québec à Chicoutimi (UQAC) offre un cours, en<br />
option, sur les charpentes en aluminium. « Il est<br />
clair que du point de vue du calcul des structures<br />
et de la conception des structures avec l’aluminium,<br />
aucun programme en génie civil ne répond<br />
pleinement à la formation dans ce secteur hormis<br />
l’UQAC », précise-t-il. Une mesure de la SQDA<br />
charge AluQuébec et le ministère de l’Éducation<br />
et de l’Enseignement supérieur de combler<br />
cette lacune. Un poste de professeur en charpente<br />
d’aluminium est en cours de création à l’Université<br />
Laval. Comme le fait remarquer Mario<br />
Fafard, avec le professeur viennent la recherche<br />
et l’enseignement. Michel Guillot, qui donne des<br />
formations sur l’aluminium pour les ingénieurs<br />
en pratique, approuve cette mesure, mais observe<br />
que le manque de connaissances concerne plus<br />
les donneurs d’ordres que les ingénieurs. « Les ingénieurs<br />
vont aller chercher les connaissances et<br />
s’adapter », estime-t-il. Lui-même donne une formation<br />
continue pour les ingénieurs en pratique.<br />
« Il ne faut pas oublier les donneurs d’ordres,<br />
poursuit-il. Ils ne connaissent pas l’aluminium<br />
et, pour ne pas prendre de risques, ils emploient<br />
d’autres matériaux. »<br />
Quant à la diffusion de l’expertise, il s’agit pour<br />
AluQuébec de s’inspirer de Cecobois, le Centre<br />
d’expertise sur la construction commerciale en<br />
bois, pour créer un centre d’expertise dédié à l’utilisation<br />
de l’aluminium dans les édifices.<br />
La SQDA vise explicitement<br />
les infrastructures<br />
Également actrices de la SQDA, la Société<br />
d’habitation du Québec (SHQ) et la Société<br />
québécoise des infrastructures (SQI) ont reçu le<br />
mandat de réaliser des projets de démonstration<br />
des utilisations de l’aluminium dans le bâtiment.<br />
« La SQI, la SHQ, le ministère de l’Économie, de<br />
la Science et de l’Innovation (MESI) et AluQuébec<br />
seront partenaires dans la réalisation de projets<br />
de démonstration pour utiliser de nouveaux<br />
produits d’aluminium ou des produits qui seront<br />
utilisés de façon innovante. On va considérer<br />
l’aluminium dans une optique de démonstration<br />
», annonçait effectivement Jacques Tremblay,<br />
directeur à la Direction expertise de Québec<br />
de la SQI, lors de la table ronde qui clôturait la<br />
journée de conférences. Jean-Pierre D’Auteuil, le<br />
responsable des relations médias au MESI, ajoute<br />
qu’AluQuébec doit collaborer à la mesure en suggérant<br />
de nouveaux produits en aluminium – qui<br />
pourraient potentiellement être intégrés dans les<br />
projets de la SQI et de la SHQ – et qu’un incitatif<br />
financier favoriserait l’utilisation de ces nouveaux<br />
produits, s’ils avéraient plus coûteux. « Ce partenariat<br />
avec la SQI et la SHQ va permettre d’élaborer<br />
une vitrine technologique pour faire rayonner<br />
les produits de l’aluminium, reprend Jean-Luc<br />
Trahan. Et on a l’intention de démontrer que c’est<br />
rentable. »<br />
Cette démonstration de rentabilité viendra<br />
avec l’analyse de coût total de possession (CTP)<br />
qui prend en compte le coût de la construction<br />
ou d’acquisition d’une infrastructure, mais aussi<br />
son coût d’entretien et de démantèlement en fin<br />
de vie. Or, d’une part, l’aluminium s’entretient à<br />
moindres frais que les autres matériaux, mais surtout,<br />
en fin de vie, l’aluminium – qui se revend<br />
à un prix appréciable sur le marché des métaux<br />
recyclables –, devient une source de revenus. C’est<br />
pourquoi Jean Simard plaide pour que le CTP soit<br />
intégré au mécanisme d’appels d’offres. « Faisons<br />
des appels d’offres de performance qui disent ‘’J’ai<br />
besoin d’un ouvrage qui va durer le plus longtemps<br />
possible, avec la plus faible empreinte environnementale<br />
possible, et qui, en bout de ligne,<br />
quand je fais une analyse du coût total de possession,<br />
va me donner le meilleur rendement possible<br />
pour mon argent «, lance-t-il. Et à ce moment-là,<br />
l’aluminium sera un élément de solution. Chaque<br />
fois qu’il est utilisé, l’aluminium est gagnant. »<br />
Tenir compte du CTP est justement une mesure<br />
de la SQDA confiée au Conseil du trésor. Cette<br />
mesure découle de la Directive sur la gestion des<br />
projets majeurs d’infrastructure publique. « Le<br />
gestionnaire de projet doit déterminer et évaluer<br />
les options possibles pour répondre à long terme<br />
aux besoins exprimés à l’étape du démarrage d’un<br />
projet, et cette évaluation s’appuie notamment sur<br />
le CTP, explique Jean-Pierre D’Auteuil. Le CTP<br />
doit permettre de dresser un portrait prévisionnel<br />
des coûts globaux d’une infrastructure et guider<br />
un acheteur dans son choix de conception et de<br />
matériaux. Ensuite, un organisme public procédera<br />
au lancement de l’appel d’offres en vue de la<br />
réalisation de l’infrastructure sur la base d’un document<br />
d’appel d’offres complet et précis. » Toutefois,<br />
la Directive ne mentionne pas explicitement<br />
le CTP et reste floue sur les notions de « coût total<br />
du projet » et « meilleure option à long terme ».<br />
Les propos de Jean-Pierre D’Auteuil laissent aussi<br />
sous-entendre quelques latitudes quant à l’application<br />
du CTP : « Le CTP peut être utilisé dans<br />
le cadre de la planification de tout type de projet<br />
d’infrastructure ou d’acquisition de biens pour lequel<br />
la considération d’un ensemble de coûts sur<br />
une durée de vie utile s’avère appropriée. Il appartient<br />
ainsi aux organismes publics de déterminer<br />
dans quelles situations un tel concept devrait être<br />
utilisé. »<br />
De son côté, le ministère des Transports, de<br />
la Mobilité durable et de l’Électrification des<br />
transports (MTMDET) est responsable d’une<br />
autre mesure de la SQDA visant à utiliser l’aluminium<br />
dans les ponts. Un projet pilote sur le<br />
pont de Saint-Ambroise, près de Saguenay, est en<br />
cours pour valider la possibilité de remplacer les<br />
platelages détériorés en béton ou en bois de ponts<br />
existants par des platelages d’aluminium. La performance<br />
du pont de Saint-Ambroise doit aussi<br />
ultérieurement permettre de documenter le CTP<br />
sur de tels ponts, précise Jean-Pierre D’Auteuil.<br />
Mais pour le moment, l’aluminium continue de<br />
se chercher une place. Le 23 février 2016, donc<br />
huit mois après le lancement de la SQDA, le MT-<br />
MDET émettait un appel d’offres pour une passerelle<br />
à Repentigny en spécifiant d’emblée l’acier<br />
et le béton. « Je n’ai jamais vu un appel d’offres<br />
pour des passerelles d’aluminium de la part du<br />
ministère des Transports, mais souvent pour des<br />
passerelles d’acier. L’acier est prescrit, sans regard<br />
au CTP », remarque amèrement Alexandre de la<br />
Chevrotière, le président de MAADI Group. Son<br />
entreprise fabrique des passerelles en aluminium<br />
et a déjà réalisé, avec Deloitte et l’AAC, une analyse<br />
de CTP pour démontrer les avantages à long<br />
terme de l’aluminium dans les passerelles. MAA-<br />
DI Group exporte ses passerelles et peine à pénétrer<br />
le marché québécois. Alexandre de la Chevrotière<br />
reconnaît que la SQDA va dans la bonne<br />
direction, mais craint qu’elle ne soit en déphasage<br />
temporel avec la réalité des manufacturiers.<br />
« Pour le MESI, la Stratégie est nouvelle et on doit<br />
se donner le temps de documenter et d’analyser<br />
avec des comités, des études, des grappes, des<br />
consultations, etc., conçoit-il. Mais MAADI se<br />
bat déjà depuis dix ans pour faire ouvrir les devis<br />
au Québec (au MTQ, à la Ville de Montréal, etc.).<br />
Si les appels d’offres ne s’ouvrent que dans dix<br />
ans pour l’aluminium, aucun fonctionnaire ne va<br />
perdre son emploi. Ce qui n’est pas le cas pour les<br />
manufacturiers spécialisés tels que MAADI. Il en<br />
va de la survie et de la santé des industriels dans<br />
la transformation tertiaire. »<br />
Ensemble, la SQDA et AluQuébec devraient<br />
pourtant concourir à donner un essor à l’industrie<br />
de la transformation de l’aluminium au Québec.<br />
Une plus grande présence de l’aluminium<br />
dans les infrastructures devrait attiser les activités<br />
de transformation. C’est ce qu’il se passe aux<br />
États-Unis, où la demande croissante d’aluminium<br />
par l’industrie automobile a stimulé le développement<br />
d’entreprises de laminage, rapporte<br />
Michel Guillot. Jean-Luc Trahan se réjouit donc<br />
du lancement de la SQDA. « Elle donne à notre<br />
grappe une vision et le moyen de ses ambitions.<br />
Les mesures aideront la grappe de l’aluminium<br />
à passer d’un marché de commodités à celui de<br />
produits à valeur ajoutée, à développer chez nous<br />
une vraie culture de l’aluminium. Osons l’aluminium!<br />
» encourageait-il en conclusion de son allocution.<br />
formes - v12 n2 - 2016<br />
27
ALUMINIUM 101<br />
formes - v12 n2 - 2016<br />
28<br />
L’aluminium est léger et<br />
trois fois moins dense<br />
que l’acier. Conséquences<br />
pratiques dans<br />
un bâtiment, les mursrideaux<br />
et les revêtements<br />
en aluminium<br />
imposent une moindre<br />
charge à la structure.<br />
Détail de la façade de l'usine de<br />
traitement des eaux de Lévis.<br />
Photos: Alexandre Guérin (concours de<br />
photos Alumia) – Architecte: STGM<br />
constitue 8 % de la croûte<br />
terrestre et après l’oxygène et le silicium,<br />
c’est, en abondance, le troisième élément<br />
L’aluminium<br />
de la croûte terrestre. Mais il est rarement<br />
présent à l’état pur, et c’est dans la bauxite,<br />
sous forme d’oxyde d’aluminium, qu’on le trouve.<br />
C’est pourquoi sa découverte, comparativement<br />
au fer ou au cuivre, ne date que de 1808. Moins<br />
d’un siècle plus tard, en 1886, le processus Hall-<br />
Héroult ouvrait la porte à l’industrie de l’aluminium<br />
et depuis, l’aluminium s’est faufilé dans de<br />
multiples filières industrielles – incluant le secteur<br />
de la construction. Dans sa conférence, Michel<br />
Guillot, professeur au Centre de recherche<br />
sur l’aluminium – REGAL, à l’Université Laval,<br />
a énuméré les propriétés physiques et les procédés<br />
de transformation qui font de l’aluminium un<br />
matériau propre à répondre à l’imagination des<br />
architectes.<br />
Propriétés multiples<br />
L’aluminium est léger et trois fois moins dense<br />
que l’acier. Conséquences pratiques dans un<br />
bâtiment, les murs-rideaux et les revêtements<br />
en aluminium imposent une moindre charge<br />
à la structure que des panneaux d’acier ou de la<br />
maçonnerie. Certains rétorqueront cependant<br />
que l’aluminium manque de résistance. « Il est<br />
moins résistant, reconnaît Michel Guillot, mais<br />
comme il est léger, on peut en mettre plus pour<br />
compenser. » Le rapport résistance/poids permet<br />
de concevoir des poutres, des passerelles et même<br />
des dômes. Michel Guillot donne l’exemple d’une<br />
poutre en I de 2 m de long et de 1 730 mm 2 de<br />
section qui aurait à supporter une charge de 10<br />
KN en son centre. Le module d’élasticité de l’aluminium,<br />
trois fois plus faible que celui de l’acier,<br />
se traduit par une déflexion trois fois plus forte.<br />
Mais il suffit d’augmenter la section de la poutre<br />
de 1 730 mm 2 à 1 962 mm 2 pour réduire la déflexion<br />
et obtenir une poutre en aluminium aussi<br />
résistante que la poutre en acier. Il en résulte une<br />
augmentation de volume de l’ordre de 10 à 15 %;<br />
mais comme l’aluminium est moins dense que<br />
l’acier, la poutre en aluminium est malgré tout<br />
deux fois plus légère que la poutre équivalente en<br />
acier.<br />
Parmi les propriétés physiques, ajoutons également<br />
la réflexivité de l’aluminium qui permet<br />
d’augmenter l’apport de lumière naturelle ou<br />
d’amplifier des effets lumineux. Par contre, la<br />
conductivité thermique, si elle est un atout pour<br />
les systèmes mécaniques de chauffage, devient<br />
un inconvénient pour les fenêtres et les murs-rideaux,<br />
car l’aluminium fait office de pont thermique<br />
entre l’intérieur et l’extérieur et nuit à l’efficacité<br />
énergétique du bâtiment. Les fabricants se<br />
sont cependant adaptés à cette situation en insérant<br />
des bris thermiques dans leurs produits.<br />
Au chapitre des propriétés chimiques, l’aluminium<br />
se démarque par sa résistance à la corrosion.<br />
Plus exactement, l’aluminium s’oxyde instantanément<br />
au contact de l’air en formant une<br />
couche d’oxyde d’aluminium en surface, mais<br />
cette couche protège l’aluminium de la corrosion<br />
ultérieure, explique Michel Guillot. Il illustre son<br />
propos en donnant l’exemple du pavillon Pouliot<br />
à l’Université Laval, où il travaille. « Les devantures<br />
sont en aluminium non traité. Elles datent<br />
des années 1960; elles sont ternies, mais encore<br />
en bon état. » Cependant, il est vrai qu’il faut se<br />
méfier des réactions galvaniques qui s’établissent<br />
entre l’aluminium et un autre métal lorsqu’ils<br />
baignent tous deux dans de l’eau stagnante, et ne<br />
pas oublier ou négliger que le béton contient des<br />
traces d’autres métaux et reste souvent humide.<br />
Pour protéger l’aluminium des réactions galvaniques,<br />
il faut l’isoler de l’autre matériau par une<br />
toile élastomère ou une peinture bitumineuse et<br />
soigner la conception pour empêcher l’eau de<br />
s’accumuler. En présence d’eau salée, il faudra privilégier<br />
les alliages de la série 5000.<br />
Enfin, l’aluminium se recycle sans perdre ses<br />
propriétés, et ce, pour seulement 5 % du coût<br />
énergétique de la première fusion. Autrement<br />
dit, un lingot d’aluminium ou tout autre produit<br />
fini en aluminium, c’est de l’énergie en banque.<br />
Autant rentabiliser l’investissement énergétique<br />
de la première fusion en le recyclant. D’ailleurs,<br />
« depuis l’invention du procédé, un milliard de<br />
tonnes d’aluminium ont été produites et 75 % de<br />
celui-ci est toujours utilisé. Il n’y a pas beaucoup<br />
de matériaux qui peuvent en dire autant », faisait<br />
remarquer pendant son allocution Jean-Luc Trahan,<br />
le président-directeur général d’AluQuébec.<br />
Transformations multiples<br />
À l’aluminerie, divers éléments métalliques<br />
sont ajoutés à l’aluminium pour obtenir des alliages<br />
– les séries 3000, 5000 et 6000 étant les plus<br />
utilisées en architecture. Ces alliages sortent de<br />
l’aluminerie sous forme de lingots et billettes de<br />
tailles variables qui sont ensuite transformés pour<br />
produire une vaste diversité de formes.<br />
Les lingots sont laminés pour obtenir des tôles<br />
qui pourront ensuite être pliées, roulées, pressées,<br />
poinçonnées… pour donner des tôles ondulées,<br />
des panneaux de revêtement, des gouttières, des<br />
colonnes. Les billettes, qui contrairement à ce que<br />
le nom suggère sont des cylindres, sont transformées<br />
par extrusion. La billette est chauffée et<br />
poussée à travers une matrice pour en extraire<br />
une pièce d’aluminium profilée selon le schéma<br />
de la matrice. Des poutrelles, des éléments de<br />
cadres de fenêtres ou des colonnes peuvent être<br />
profilés par extrusion. Au Québec, les entreprises<br />
comme Metra Aluminium, Extrudex ou Pexal<br />
Tecalum produisent des profilés standards, mais<br />
aussi des profilés sur mesure ouvrant la porte à la<br />
créativité des concepteurs.<br />
Les pièces d’aluminium – qu’elles soient<br />
moulées, roulées, percées, pliées, extrudées… –<br />
peuvent être assemblées par clips, boulons, rivets<br />
et soudure. Michel Guillot a ainsi développé dans<br />
son laboratoire un plancher dont les lattes sont<br />
des profilés sur mesure qui s’assemblent par un<br />
simple clip.<br />
L’ancien siège social<br />
d’Alcoa à Pittsburgh. Un<br />
revêtement d’aluminium<br />
naturel qui s’est paré d’une<br />
patine au fil des ans, mais<br />
cinquante ans plus tard, il<br />
est encore exemplaire.<br />
Photo : Nicholas Traub – Architecte<br />
: Harrison and Abramovitz.<br />
L’aluminium constitue 8 %<br />
de la croûte terrestre. C’est,<br />
en abondance, le troisième<br />
élément de la croûte terrestre.<br />
Mais il est rarement<br />
présent à l’état pur, et c’est<br />
dans la bauxite, sous forme<br />
d’oxyde d’aluminium,<br />
qu’on le trouve.<br />
Photo : Rio Tinto Alcan<br />
En dernière étape, la finition de surface ajoute<br />
une autre couche de diversification des produits.<br />
Jean-Pierre LeTourneux, associé et concepteur<br />
principal chez Menkes Schooner Dagenais<br />
Le Tourneux Architectes (MSDL) et Kevin<br />
Massé, architecte associé au Groupe des Sept,<br />
s’entendent pour dire qu’il existe aujourd’hui des<br />
peintures très performantes, résistantes aux environnements<br />
rigoureux et offrant une garantie de<br />
trente ans. « Après trente ans, il va y avoir une décoloration,<br />
surtout avec le rouge et le jaune exposés<br />
au soleil, mais l’aluminium est encore très bon,<br />
il ne rouille pas », précise Kevin Massé. Pour une<br />
protection à plus long terme, il préconise, comme<br />
Michel Guillot, d’opter pour l’anodisation qui<br />
protège l’aluminium d’une couche d’oxyde. Mais<br />
attention, prévient Kevin Massé, cette couche<br />
est poreuse et peut piéger la pollution de l’air et<br />
salir les panneaux. Jean-Pierre LeTourneux, qui<br />
a constaté une altération aléatoire des panneaux<br />
anodisés, reste prudent avec ce procédé. Selon lui,<br />
l’aluminium dans son état brut est de toute façon<br />
un matériau de grande qualité. Il donne l’exemple<br />
de l’édifice Alcoa à Pittsburgh : « C’est de l’aluminium<br />
naturel, il prend une certaine patine, mais<br />
cinquante ans plus tard, il est encore exemplaire.<br />
Mon rêve serait de parvenir à travailler l’aluminium<br />
naturel sans procédés de recouvrement. Il<br />
y a une question d’acceptabilité dans le fait que le<br />
bâtiment se transforme. »<br />
Un faux défaut : le coût élevé<br />
L’aluminium a certes des qualités, mais il est<br />
coûteux, s’empresseront de dire certains. Ce n’est<br />
pas tout à fait vrai.<br />
« On est capable d’offrir des panneaux d’aluminium<br />
au même prix que des panneaux d’acier », a<br />
précisé Benoit Comeau, représentant technique<br />
auprès des architectes des Industries Panfab,<br />
lors de la table ronde qui a clôturé la journée de<br />
conférences. En fait, l’acier et l’aluminium ne sont<br />
pas au même prix. « C’est le produit qui est équivalent,<br />
le panneau de 2 mm en aluminium versus<br />
Les billettes, qui contrairement<br />
à ce que le nom<br />
suggère sont des cylindres,<br />
sont transformées par<br />
extrusion.<br />
Photo : Rio Tinto Alcan<br />
Les lingots sont laminés<br />
pour obtenir des tôles<br />
qui pourront ensuite être<br />
pliées, roulées, pressées,<br />
poinçonnées… pour<br />
donner des tôles ondulées,<br />
des panneaux de revêtement,<br />
des gouttières, des<br />
colonnes.<br />
Photo : EAFA<br />
le panneau de 1,2 mm en acier. Même profilé,<br />
même rendu, en ayant une plus grande stabilité<br />
mécanique avec l’aluminium, une meilleure durabilité,<br />
une meilleure garantie; eh oui, ils sont offerts<br />
au même prix », précisait-il ultérieurement<br />
en entrevue. « Ce qu’il est important de retenir,<br />
souligne également Michel Guillot, c’est que pour<br />
tous les procédés de fabrication, d’assemblage, de<br />
montage, tout est plus léger, plus facile. Tous les<br />
coûts sont plus faibles. »<br />
Le coût est aussi une question de conception.<br />
« Les gens surestiment le coût en voulant faire<br />
en aluminium ce qu’ils font en acier », regrette<br />
Michel Guillot. Or, en raison des propriétés physiques<br />
différentes, on ne peut pas concevoir en<br />
aluminium comme on conçoit avec l’acier, ni tout<br />
simplement remplacer l’acier par l’aluminium.<br />
« Un des dangers est le mot substitution, appuie<br />
pour sa part Jean Simard, président et chef de<br />
la direction de l’Association de l’aluminium<br />
du Canada. On doit concevoir avec les caractéristiques<br />
de l’aluminium et ensuite comparer les<br />
coûts. » Ce que fait Michel Guillot en reprenant<br />
l’exemple de la poutre de deux mètres de long. En<br />
acier, la poutre de 27,3 kg coûtera environ 30 $.<br />
L’aluminium coûte plus cher, mais comme il en<br />
faut moins, la poutre équivalente en aluminium<br />
pèsera 10,6 kg et coûtera environ 50 $. À priori,<br />
la poutre en aluminium revient plus chère que<br />
celle en acier, mais en fin de vie, sur le marché du<br />
recyclage, la poutre en acier ne rapportera qu’une<br />
poignée de dollars contre 20 dollars pour celle en<br />
aluminium. Au bout du compte, la poutre en aluminium<br />
n’aura pas coûté plus cher que la poutre<br />
en acier. Même mieux, en considérant le bâtiment<br />
sur l’ensemble de son cycle de vie, car l’aluminium<br />
peut apporter des économies d’entretien.<br />
« Le donneur d’ordres veut que le projet coûte le<br />
moins cher possible et ne voit pas toujours les<br />
coûts d’entretien », constate Michel Guillot. Or,<br />
comme l’a répété plusieurs fois l’architecte Michael<br />
Stacey dans sa conférence, l’aluminium ne<br />
requiert que peu d’entretien. Il aime la pluie qui<br />
Table de découpe par<br />
contrôle numérique des<br />
feuilles d’aluminium<br />
utilisée par les Industries<br />
Panfab.<br />
Plieuse à contrôle numérique<br />
avec guide laser<br />
autoajustable utilisée par<br />
les Industries Panfab.<br />
Crédit : Industries Panfab<br />
lave les surfaces d’aluminium, à condition d’éviter<br />
toute eau stagnante. Il ne s’effrite pas comme la<br />
maçonnerie, ne nécessite pas de refaire un traitement<br />
protecteur comme le bois et ne rouille pas<br />
comme l’acier. Une analyse du coût total de possession<br />
du bâtiment qui, en plus du coût d’acquisition,<br />
inclurait les coûts d’entretien et de démolition<br />
donnerait peut-être une autre vision du coût<br />
de l’aluminium.<br />
Dans le domaine des ponts et passerelles,<br />
MAADI Group a justement fait une analyse de<br />
coût total de possession pour un pont piétonnier<br />
de 21 m de long. Il est vrai que le coût d’acquisition<br />
du pont en aluminium à 42 500 $ est un peu<br />
plus élevé que celui du pont en acier qui varie<br />
de 31 500 à 36 500 $, selon le traitement de surface.<br />
Alexandre de la Chevrotière, président de<br />
MAADI Group, explique qu’en général, même si<br />
la livre d’aluminium coûte environ quatre fois plus<br />
cher que la livre d’acier, le pont en aluminium, lui,<br />
ne coûte que 15 à 25 % plus cher que le pont en<br />
acier. La raison est qu’à fonction équivalente, la<br />
structure en aluminium est deux fois plus légère<br />
que celle en acier. L’aluminium se travaille aussi<br />
plus facilement et plus rapidement que l’acier, ce<br />
qui se traduit par un gain de temps – et donc par<br />
une économie supplémentaire. En fin de vie du<br />
pont, le recyclage de l’aluminium rapportera près<br />
de 4 800 $ contre seulement 1 000 $ pour l’acier.<br />
Sur le long terme, l’aluminium rejoint donc l’acier<br />
et pourrait être meilleur si on y inclut l’entretien.<br />
Par ses propriétés physiques et l’éventail des<br />
transformations possibles, l’aluminium est un<br />
matériau polyvalent qui se prête à une grande<br />
variété d’applications. Dans les bâtiments, on le<br />
trouvera sous forme de revêtements, de fenêtres,<br />
de murs-rideaux, mais aussi de marquises, de<br />
balcons, de pare-soleil… Dans la ville, on le<br />
trouvera dans les passerelles, les équipements<br />
de scène, les mâts d’éclairage… C’est le matériau<br />
au service de l’imagination et de la créativité des<br />
concepteurs.<br />
formes - v12 n2 - 2016<br />
29
L’ALUMINIUM POLYVALENT<br />
se plie, se roule, se perce, s’extrude,<br />
se peint... L’aluminium est léger,<br />
brillant et ne rouille pas. L’aluminium se<br />
L’aluminium<br />
fait mur-rideau, revêtement, marquise,<br />
plafond, pare-soleil… Jean-Pierre LeTourneux,<br />
architecte associé et concepteur principal chez<br />
Menkès Shooner Dagenais LeTourneux Architectes<br />
(MSDL), le surnomme « matériau caméléon<br />
». « Il regroupe un ensemble de propriétés<br />
telles la légèreté, la durabilité, la malléabilité et la<br />
flexibilité que n’ont pas d’autres matériaux et qui<br />
lui donnent une grande versatilité. On peut en<br />
faire un peu ce qu’on veut », ajoute-t-il. Les architectes<br />
peuvent jouer avec ce matériau au gré de<br />
leur imagination et mettre à profit ses propriétés.<br />
Les cônes brillants du planétarium Rio Tinto Alcan<br />
sont un exemple bien connu des Montréalais,<br />
mais dans leur conférence respective, Michael<br />
Stacey et Jean-Pierre LeTourneux l’ont illustré à<br />
travers une diversité de réalisations, tout comme<br />
Kevin Massé, architecte associé au Groupe des<br />
Sept, ultérieurement en entrevue.<br />
formes - v12 n2 - 2016<br />
30<br />
Projet de 86 logements<br />
de l’Office municipal<br />
d’habitation de Laval :<br />
les panneaux jaunes<br />
en aluminium viennent<br />
« ensoleiller » la façade<br />
nord du bâtiment.<br />
Photo : Claude Létourneau –<br />
Architectes : Groupe des Sept<br />
À l’extérieur : entre fonctionnalité<br />
et esthétique<br />
Au cœur du quartier des affaires de Montréal<br />
se dressent les 27 étages de la Maison Manuvie,<br />
une réalisation de Menkès Shooner Dagenais<br />
LeTourneux Architectes. Certains des traits distinctifs<br />
de l’immeuble se trouvent en bas dans le<br />
hall d’accueil et au niveau du couronnement de<br />
la tour. En bas, les concepteurs ont joué la transparence<br />
avec des parois de verre de 40 pieds de<br />
haut sans meneaux horizontaux. Elles sont fixées<br />
ponctuellement à l’intérieur sur des colonnes<br />
structurales en acier enveloppées d’un profilé<br />
d’aluminium elliptique. Inversement, sur le toit,<br />
ils ont misé sur la réflexivité de l’aluminium, donnant<br />
une finalité à la tour grâce au traitement de<br />
son couronnement. À Blainville, à la bibliothèque<br />
Paul-Mercier, le mur-rideau fait aussi le jeu de<br />
la transparence grâce à la discrétion des profilés<br />
d’aluminium. « L’idée, explique Jean-Pierre Le-<br />
Tourneux, est que l’aluminium disparaisse pour<br />
mettre le bois en valeur. »<br />
Le Centre de recherche du CHUM (CR-<br />
CHUM), également réalisé par Menkès Shooner<br />
Dagenais LeTourneux Architectes, en consortium<br />
en avec NFOE et Associés Architectes,<br />
Jodoin Lamarre Pratte et Associés Architectes,<br />
Lemay et Associés et Parkin Architects, montre<br />
une utilisation plus extensive de l’aluminium. Il<br />
se compose d’un bâtiment principal de 15 étages,<br />
abritant l’enseignement et la recherche, et d’un<br />
autre bâtiment plus modeste pour les activités<br />
administratives. Ici aussi le mur-rideau fait loi,<br />
mais le verre n’est plus omniprésent. Des panneaux<br />
d’aluminium plats et nervurés alternent<br />
avec la fenestration, évoquant la cartographie du<br />
génome humain. Les changements d’éclairage au<br />
fil de la journée créent des variations de tonalité<br />
dans les nervures qui font vibrer le bâtiment. Ici,<br />
l’aluminium joue d’esthétisme.<br />
Esthétique et fonctionnel, l’aluminium l’est<br />
aussi au Nasher Sculpture Center que Michael<br />
Stacey a présenté dans sa conférence. Propriété<br />
privée du riche Texan Ray Nasher, ce musée<br />
– l’œuvre de la firme Renzo Piano Building<br />
Maison Manuvie à Montréal : prédominance et<br />
transparence des murs-rideaux. En bas, les parois de<br />
verre de 40 pieds de haut sans meneaux horizontaux sont<br />
fixées sur des colonnes structurales en acier enveloppées<br />
d’un profilé d’aluminium elliptique.<br />
Illustration : © MSDL Architectes – Architectes : Menkès Shooner<br />
Dagenais LeTourneux Architectes<br />
Destination YUL à Montréal : jeux d’alternance avec<br />
les panneaux d’aluminium pour distinguer cet édifice de<br />
condominiums des immeubles de bureaux voisins.<br />
Illustration © MSDL Architectes – Architectes : MSDL Architectes, en<br />
consortium avec Stefano Domenici Architecte<br />
Le choix d’aujourd’hui,<br />
la solution de demain.<br />
La faible empreinte carbone de l’aluminium du Canada<br />
et son infinie recyclabilité en font le matériau de choix.<br />
Pour tout savoir sur l’aluminium : aluminium.ca<br />
L’aLuminium à faibLe empreinte carbone,<br />
aujourd’hui, pour L’avenir et pour toujours.<br />
Photos – Tesla : courtoisie de Location de Véhicules EEKO Logiques Inc.; passerelle : courtoisie de MAADI Group.
Workshop – abrite une collection de sculptures.<br />
Sur le toit en verre, des centaines de milliers de<br />
coquilles en aluminium sont agencées pour filtrer<br />
les rayons du soleil, de façon à optimiser l’apport<br />
de lumière naturelle dans le musée en fonction de<br />
la position du soleil dans le ciel.<br />
formes - v12 n2 - 2016<br />
À l’intérieur : l’aluminium créateur<br />
d’ambiance<br />
Dans le quartier des affaires, une autre réalisation<br />
de Menkès Shooner Dagenais LeTourneux<br />
Architectes, en consortium avec Stefano Domenici<br />
Architecte, est en cours : les deux tours de<br />
38 étages de Destination YUL. Comme il s’agit de<br />
condominiums, les architectes avaient le défi de<br />
les différencier des façades de verre lisses caractéristiques<br />
des immeubles de bureaux avoisinants.<br />
Ils ont instauré une dimension domestique en<br />
intercalant entre les fenêtres des panneaux d’aluminium<br />
blancs installés en alternance à l’horizontale<br />
et à la verticale. Mais il faudra pénétrer<br />
dans le hall d’accueil pour voir une utilisation<br />
plus percutante de l’aluminium. Le mur est hérissé<br />
de lamelles d’aluminium intercalées de plaques<br />
de verre pour évoquer les composantes en aluminium<br />
d’un avion. C’est ici que le YUL prend tout<br />
son sens. Ici, l’aluminium n’est plus seulement<br />
fonctionnel : il est objet de design, élément de<br />
décoration.<br />
Ce n’est d’ailleurs pas le seul projet où la firme<br />
profite de la versatilité de l’aluminium pour créer<br />
une ambiance. Pour réaffirmer l’identité culturelle<br />
de la Place des Arts, Menkès Shooner Dagenais<br />
LeTourneux Architectes, en consortium avec<br />
Provencher_Roy, a surplombé l’entrée de l’Espace<br />
culturel Georges-Émile-Lapalme d’une marquise<br />
et d’un belvédère. Une géométrie complexe<br />
de panneaux d’aluminium annonce maintenant<br />
clairement l’entrée de la Place des Arts. Mais là<br />
encore, c’est à l’intérieur, dans le hall, que l’aluminium<br />
prend toute sa dimension esthétique. Des<br />
profilés d’aluminium courbes dorés et argentés,<br />
suspendus verticalement et intercalés avec des<br />
feuilles d’acrylique, jouent avec la lumière et projettent<br />
sur le sol un entrelacs d’ombres diffuses.<br />
En direction de la cinquième salle, l’aluminium<br />
contribue aussi à l’ambiance alors que le plafond<br />
en aluminium renvoie les éclairages de la vitrine<br />
animée et semble étirer le mur verticalement.<br />
Menkès Shooner Dagenais LeTourneux Architectes,<br />
en consortium avec Provencher_Roy, a<br />
également remodelé l’entrée du Casino de Montréal.<br />
L’unique porte d’entrée surplombée par une<br />
marquise en forme d’éperon est maintenant clairement<br />
annoncée par un cylindre doré. Le tout<br />
semble happer les joueurs. Le cylindre doré est<br />
constitué d’un assemblage de petits panneaux<br />
d’aluminium anodisés qui miroitent à la lumière<br />
du jour. « On voulait une diversité dans la tonalité.<br />
Cet effet de vibration sur le cylindre est volontaire.<br />
C’est l’objet central qui attire les gens, qui<br />
les invite à entrer au Casino », commente Jean-<br />
Pierre LeTourneux. Sous la marquise et le hall<br />
d’entrée, un rétroéclairage programmé fait vivre<br />
des motifs de cœurs, de trèfles, de carreaux et<br />
de piques découpés au laser dans des panneaux<br />
d’aluminium blancs. À l’intérieur, les concepteurs<br />
ont transformé l’aménagement des aires de<br />
jeux, de détente et de restauration. Le centre du<br />
bâtiment est maintenant occupé par une superposition<br />
de bars et de salons circulaires qui communiquent<br />
avec les aires de jeux en périphérie.<br />
C’est un jeu de lamelles d’aluminium circulaires<br />
qui assure la transition entre les espaces centraux<br />
et périphériques. « L’aménagement a réussi à préserver<br />
l’espace consacré aux aires de jeux par rapport<br />
à l’espace intérieur », commente Jean-Pierre<br />
LeTourneux.<br />
À la bibliothèque R.H. Webster de Concordia,<br />
Menkès Shooner Dagenais LeTourneux<br />
Architectes a poussé l’esthétisme de l’aluminium<br />
jusqu’à créer un subterfuge. Pour aller chercher<br />
plus de hauteur, aucun plafond suspendu ne vient<br />
masquer les équipements mécaniques. L’astuce<br />
pour les faire oublier a été de déployer à travers la<br />
bibliothèque un ruban au plafond et un bas-relief,<br />
tous deux en aluminium, qui attirent le regard et<br />
le détournent des divers équipements de mécanique<br />
qui parcourent le plafond.<br />
Aluminium et couleur pour tous<br />
Évidemment, on ne construit pas des bibliothèques,<br />
des musées et des casinos tous les jours.<br />
Entrée de l’Espace culturel Georges-Émile-<br />
Lapalme, de la Place des Arts : au plafond, des profilés<br />
d’aluminium courbes dorés et argentés, suspendus<br />
verticalement et intercalés avec des feuilles d’acrylique,<br />
jouent avec la lumière.<br />
Photo : © Stéphane Groleau – Architectes : MSDL Architectes, en<br />
consortium avec Provencher_Roy<br />
Bibliothèque Paul-Mercier à Blainville : la transparence<br />
des murs-rideaux met le bois en valeur.<br />
Photo : © Yien Chao – Architectes : MSDL Architectes<br />
Mais heureusement, l’aluminium n’est pas réservé<br />
à ces projets d’envergure et les prix compétitifs de<br />
certains produits d’aluminium permettent de démocratiser<br />
son usage pour colorer les milieux de<br />
vie de tout un chacun, comme l’illustrent les multiples<br />
projets publics et parapublics du Groupe<br />
des Sept. À l’école de boucherie de la Commission<br />
scolaire du Val-des-Cerfs de Cowansville, Kevin<br />
Massé, concepteur et chargé de projet, explique<br />
qu’il a joué avec les panneaux d’aluminium de<br />
différentes profondeurs et couleurs pour évoquer<br />
l’expression de la profession de boucher et<br />
pour créer du relief sur les façades et dynamiser<br />
la volumétrie. « On perd l’échelle du bâtiment,<br />
on ne perçoit plus que c’est un bâtiment de deux<br />
École de boucherie de la Commission scolaire du<br />
Val-des-Cerfs à Cowansville : le jeu des couleurs, des<br />
volumes et la disposition des fenêtres donnent du rythme<br />
à ce bâtiment scolaire.<br />
Photo : Kevin Massé – Architectes : Groupe des Sept<br />
Projet de 180 logements de l’Office municipal<br />
d’habitation de Longueuil : le contraste des couleurs<br />
des panneaux d’aluminium et de la maçonnerie et les<br />
volumes dynamisent ces lieux de vie.<br />
Photo : François Descôteaux – Architectes : Groupe des Sept<br />
Centre de recherche du CHUM : l’alternance<br />
des panneaux nervurés et des fenêtres évoque la<br />
cartographie du génome.<br />
Photo : © Stéphane Groleau – Architectes : MSDL Architectes, en<br />
consortium avec NFOE et Associés Architectes, Jodoin Lamarre Pratte et<br />
Associés Architectes, Lemay et Associés et Parkin Architects<br />
Nasher Sculpture Center<br />
Sur le toit en verre du Nasher Sculpture Center, des<br />
centaines de milliers de coquilles en aluminium sont<br />
agencées pour filtrer les rayons du soleil.<br />
Photo : Michel Denancé – Architecte : Renzo Piano<br />
Bibliothèque R.H. Webster de l’Université de<br />
Concordia : un ruban d’aluminium blanc parcourt<br />
le plafond, créant un subterfuge pour éclipser les<br />
équipements mécaniques.<br />
Photo : © Adrien Williams – Architectes : MSDL Architectes<br />
étages », décrit-il.<br />
À Laval, c’est un immeuble de 8 étages et de<br />
86 logements de l’Office municipal d’habitation<br />
de Laval qui a profité du coût abordable des panneaux<br />
d’aluminium réalisés par Industries Panfab.<br />
Des panneaux jaune vif sur les façades nord<br />
et est reçoivent de plein fouet le soleil matinal et<br />
génèrent une belle lumière alentour. Les architectes<br />
ont cependant pris soin de ne pas installer<br />
ces panneaux jaunes en façade sud. « Au sud, le<br />
jaune se délaverait. Il faut utiliser des tons et couleurs<br />
qui réagissent mieux aux rayons de l’ensoleillement,<br />
ou de l’aluminium anodisé qui vieillit<br />
mieux », commente Kevin Massé. Ils ont en fait<br />
opté pour de la maçonnerie, notamment en raison<br />
de l’exigence municipale.<br />
Sur la Rive-Sud, ce sont trois édifices de<br />
l’Office municipal d’habitation de Longueuil<br />
cumulant un total de 180 logements qui ont<br />
également reçu des panneaux d’aluminium des<br />
Industries Panfab. « C’est un matériau d’un coût<br />
relativement abordable, mais quand même noble<br />
et qui donne un bon rendement », précise Kevin<br />
Massé. Un matériau noble qui contribue à un<br />
bâtiment de qualité. Le projet « 180 logements<br />
OMH Longueuil » et le projet « 86 logements<br />
OMH Laval », respectivement certifiés LEED for<br />
Homes argent et LEED NG argent, répondent<br />
tous deux aux normes de construction Novoclimat.<br />
Casino de Montréal : le cylindre doré et la marquise<br />
rétroéclairée happent les joueurs vers l’entrée.<br />
Photo : © Stéphane Groleau – Architectes : MSDL Architectes, en<br />
consortium avec Provencher_Roy<br />
formes - v12 n2 - 2016<br />
32<br />
33
DU BON USAGE DE L’ALUMINIUM<br />
formes - v12 n2 - 2016<br />
34<br />
Il n’est pas question<br />
de mettre de<br />
l’aluminium partout,<br />
mais d’utiliser « le<br />
bon matériau au bon<br />
endroit ».<br />
Casino de Montréal : Détail<br />
du cylindre doré composé de<br />
petits panneaux d’aluminium<br />
anodisés qui jouxte la porte<br />
d’entrée.<br />
Photo : © Stéphane Groleau<br />
– Architectes : MSDL Architectes, en<br />
consortium avec Provencher_Roy<br />
Dans son allocution, Jean-Luc Trahan,<br />
le président-directeur général d’Alu-<br />
Québec, l’a clairement énoncé. Il n’est<br />
pas question de mettre de l’aluminium<br />
partout, mais d’utiliser « le bon matériau au bon<br />
endroit ». Cette expression revient comme un<br />
refrain chez les architectes, dans les stratégies<br />
gouvernementales, les regroupements industriels…<br />
Elle se place bien, mais il est beaucoup<br />
plus ardu de la mettre en œuvre. Comment faire<br />
l’adéquation entre bon matériau et bon endroit<br />
et bon sur le plan de quoi? Derrière cette simple<br />
petite expression se cachent d’épineuses questions<br />
auxquelles l’analyse de cycle de vie (ACV)<br />
peut apporter un début de réponse. Dans sa<br />
conférence, l’architecte Michael Stacey a montré<br />
comment l’ACV appliquée aux fenêtres donnait<br />
l’aluminium gagnant. Julie-Anne Chayer,<br />
directrice aux relations d’affaires chez le Groupe<br />
AGECO, a également expliqué comment l’aluminium<br />
pouvait contribuer à la certification LEED.<br />
Mais comme toute bonne chose, il ne faut pas en<br />
abuser.<br />
Pour rappel, l’ACV, c’est cette analyse qui<br />
comptabilise tous les intrants et les extrants d’un<br />
produit ou d’un service depuis sa conception<br />
jusqu’à son élimination en fin de vie et qui en déduit<br />
les conséquences sur l’environnement. Pour<br />
un bâtiment, cela consiste donc à inventorier tous<br />
les matériaux, produits chimiques et l’énergie<br />
nécessaire à la construction du bâtiment, à son<br />
entretien, son utilisation et sa démolition et tous<br />
effluents et déchets générés du début à la fin. Travail<br />
de moine! De cet inventaire sont ensuite déduits<br />
des indicateurs traduisant les conséquences<br />
sur l’environnement. Le plus connu de ces indicateurs<br />
est le potentiel de réchauffement climatique<br />
relié aux gaz à effet de serre que le bâtiment aura<br />
émis. Mais il faut penser aussi au CFC qui contribue<br />
au trou dans la couche d’ozone, aux nitrates<br />
qui entraînent l’eutrophisation des plans d’eau…<br />
et aussi, à l’épuisement des ressources. L’ACV d’un<br />
bâtiment permettrait d’en localiser les écueils environnementaux<br />
: un produit, le procédé de fabrication<br />
d’un constituant, le système de chauffage,<br />
l’élimination d’un matériau… Et comme l’ACV<br />
donne une vue d’ensemble des impacts environnementaux<br />
tout au long de la vie du bâtiment, elle<br />
permet aussi de corriger un éventuel écueil repéré<br />
lors de la construction sans le reporter sur une<br />
phase ultérieure de la vie du bâtiment. Dans les<br />
faits, les ACV sont souvent réalisées sur des sections<br />
de bâtiments et pas toujours du berceau à la<br />
tombe et il est primordial dans ce cas d’indiquer<br />
clairement les frontières de l’ACV et l’objectif de<br />
l’étude. Par exemple, des ACV sont pratiquées sur<br />
une fenêtre, un matériau isolant, un élément de<br />
structure… Lorsque les ACV sont menées sur<br />
deux produits qui remplissent la même fonction<br />
et la même performance, il devient possible de<br />
comparer ces deux produits. Par même fonction<br />
et même performance, on entend par exemple<br />
deux poutres en bois ou en acier de même portée<br />
capables de supporter la même charge ou deux<br />
fenêtres de même dimension et de même capacité<br />
d’isolation.<br />
ACV sur fenêtres<br />
L’équipe du projet Towards Sustainable Cities –<br />
Quantifying the in-use Benefits of Aluminium in<br />
Source : Groupe AGECO<br />
L’équipe du projet Towards Sustainable Cities a utilisé<br />
l’analyse de cycle de vie pour comparer quatre fenêtres<br />
en bois, en PVC, en aluminium et une alliant le bois et<br />
l’aluminium.<br />
Architecture and the Built Environment Research<br />
a utilisé l’ACV pour comparer quatre fenêtres en<br />
bois, en aluminium, en PVC et une alliant le bois<br />
et l’aluminium. Michael Stacey en a montré les<br />
résultats lors de sa conférence, et la démarche<br />
est entièrement expliquée dans le livre Aluminium<br />
and Life Cycle Thinking. Dans cette étude,<br />
l’unité fonctionnelle était une fenêtre de 1 m 2<br />
munie d’un double vitrage, installée sur un bâtiment<br />
d’une durée de vie fixée à quatre-vingts ans.<br />
L’ACV porte donc bien sur toute la durée de vie de<br />
la fenêtre, de sa fabrication, son installation, son<br />
pensez<br />
sans limites<br />
Votre façon de voir est unique et complexe. Elle<br />
ouvre de nouveaux horizons et donne au design<br />
de nouvelles dimensions. Elle incarne une ambition<br />
de performance et un esthétisme sans contraintes.<br />
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La déclaration environnementale<br />
de produit (DEP) fait suite à l’analyse<br />
de cycle de vie. La DEP, c’est un<br />
peu comme les informations<br />
nutritionnelles sur un aliment… Le<br />
tout est fait en suivant les normes<br />
ISO 14040 et 14044 et est vérifié par<br />
une tierce partie. Conséquence de<br />
l’arrivée des DEP dans la version 4 de<br />
LEED, les concepteurs de bâtiments<br />
qui briguent la certification seront à<br />
la recherche de produits documentés<br />
par une DEP.<br />
entretien pendant quatre-vingts ans et jusqu’à<br />
son devenir à la fin de vie du bâtiment. Et que<br />
devient la fenêtre après quatre-vingts ans? Tout<br />
dépend de quel matériau elle est faite. Le PVC<br />
ne sera que fardeau dont il faudra se débarrasser<br />
alors que l’aluminium sera un atout puisqu’il sera<br />
recyclé et réutilisable. Or, si l’aluminium récupéré<br />
et revendu à une entreprise de recyclage constitue<br />
un retour sur investissement monétaire, le même<br />
raisonnement s’applique au coût environnemental.<br />
Comme la refonte de l’aluminium ne requiert<br />
que 5 % de l’énergie dépensée pour la fusion<br />
primaire, l’investissement énergétique initial est<br />
compensé par le recyclage de l’aluminium et sa<br />
remise en circulation qui évite une nouvelle fusion<br />
primaire. Ce retour sur investissement énergétique<br />
doit se traduire par un moindre impact<br />
environnemental. Les ACV comparatives des<br />
quatre fenêtres montrent effectivement que c’est<br />
pour la fenêtre en aluminium que les indicateurs<br />
environnementaux sont les plus bas. L’aluminium<br />
sort gagnant notamment parce que ce matériau<br />
ne nécessite qu’un entretien minimum, comme<br />
un lavage, alors qu’il faudra refaire le joint et la<br />
protection extérieure de la fenêtre en bois ou qu’il<br />
faudra remplacer la fenêtre en PVC.<br />
Dans cette étude, les ACV montrent que l’aluminium<br />
est le bon matériau pour le cadre d’une<br />
fenêtre. Or, l’ACV fait son entrée dans la version 4<br />
de la certification LEED et ce bon matériau pourrait<br />
apporter des points aux architectes ou donneurs<br />
d’ouvrage qui briguent la certification.<br />
Des planchers en aluminium<br />
Dans la logique du bon matériau au bon endroit,<br />
l’aluminium n’occupe peut-être pas toutes<br />
les niches possibles. « Il y a encore de la recherche<br />
à faire pour savoir ce qu’on peut faire avec de l’aluminium<br />
et où et comment l’utiliser au mieux »,<br />
observe Mario Fafard, professeur à l’Université<br />
Laval et directeur du Centre de recherche sur<br />
l’aluminium – REGAL. Par exemple, la conductivité<br />
thermique de l’aluminium est un désavantage<br />
pour les fenêtres, mais c’est un atout pour les<br />
équipements de chauffage et de climatisation. À<br />
l’Université de Waterloo, un projet de recherche<br />
étudie comment un plancher en aluminium<br />
pourrait stocker de la chaleur et la restituer ultérieurement<br />
pour chauffer le bâtiment. Il n’imagine<br />
pas une structure 100 % en aluminium, mais<br />
voit très bien le mariage d’une ossature de bois<br />
avec un plancher en aluminium. « C’est dans cette<br />
direction qu’il faut réfléchir, dans des projets de<br />
recherche osés pour utiliser l’aluminium là où il<br />
est le meilleur », espère-t-il.<br />
Transparence et performance<br />
Le 31 octobre 2016, la version LEED V4 entrera<br />
en vigueur; avec elle, un changement de<br />
paradigme s’annonce. Dans sa conférence, Julie-<br />
Anne Chayer, qui est également vice-présidente<br />
du Conseil du bâtiment durable du Canada<br />
– Québec, a expliqué les changements apportés<br />
au critère Matériaux et ressources. « Avant, on<br />
regardait le contenu recyclé, l’approvisionnement<br />
local, les matériaux renouvelables, les émissions<br />
de COV… Et on avait une pizza de logos pour<br />
appuyer ces allégations. C’était difficile de s’y retrouver.<br />
Ils ont été remplacés par la déclaration<br />
environnementale de produit (DEP), qui est régie<br />
de la même façon à travers le monde. »<br />
La DEP fait suite à l’ACV. « On fait l’inventaire<br />
de cycle de vie des flux entrants et sortants de la<br />
fabrication d’un produit. On mesure les émissions<br />
de CO 2<br />
, NO 2<br />
, SO 2<br />
…, les déchets solides,<br />
toutes les substances ou ingrédients qui entrent<br />
dans la fabrication de la fenêtre et ce qui sort. »<br />
Ces flux sont traduits en indicateurs qui estiment<br />
les impacts environnementaux, et la DEP est le<br />
document de synthèse de l’ACV. La DEP, c’est un<br />
peu comme les informations nutritionnelles sur<br />
un aliment, sauf qu’au lieu d’afficher des glucides,<br />
des gras, des vitamines…, elle indique le potentiel<br />
de réchauffement climatique, le potentiel de<br />
formation du smog… Le tout est fait en suivant<br />
les normes ISO 14040 et 14044 et est vérifié par<br />
une tierce partie.<br />
Dorénavant, les points LEED ne seront plus<br />
accordés uniquement si le bâtiment contient de<br />
l’aluminium recyclé ou un matériau renouvelable,<br />
mais s’il comporte des produits documentés<br />
par une DEP. Le crédit Déclarations environnementales<br />
de produits pourra conférer deux<br />
points. Plus exactement, explique Julie-Anne<br />
Chayer, « un point est accordé si le bâtiment<br />
contient 20 produits différents installés de façon<br />
permanente et provenant d’au moins cinq fournisseurs<br />
». Cependant, de même que l’étiquette<br />
nutritionnelle ne signifie pas que l’aliment est<br />
bon pour la santé, la DEP n’est pas une preuve<br />
de performance environnementale. Ce premier<br />
point récompense donc la transparence. La performance<br />
vient avec le deuxième point qui est octroyé<br />
si le bâtiment comporte des produits dont<br />
l’empreinte environnementale est plus faible que<br />
la moyenne de l’industrie et qui constituent au<br />
moins 50 % du coût total des produits installés de<br />
façon permanente dans le bâtiment. « Toute cette<br />
mouvance, résume Julie-Anne Chayer, a été suscitée<br />
par un souci de transparence, de mieux présenter<br />
sa performance environnementale, basée<br />
sur des faits, sur une rigueur scientifique. »<br />
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36
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38<br />
La course aux déclarations<br />
environnementales de produit<br />
(DEP) est lancée et si elle ne<br />
veut pas perdre la course,<br />
l’industrie de l’aluminium<br />
québécoise va devoir suivre<br />
le mouvement. Toutefois,<br />
comme le dit l’architecte André<br />
Bourassa, « la DEP n’empêchera<br />
pas d’avoir des produits mal<br />
utilisés ». Autrement dit, une<br />
fenêtre de bonne qualité mal<br />
installée ne donnera aucun<br />
avantage au bâtiment.<br />
Toujours dans le critère Matériaux et ressources,<br />
indiquons brièvement qu’une logique<br />
similaire de transparence et de performance<br />
s’applique pour les crédits Approvisionnement<br />
en matières premières et Ingrédients. Un bâtiment<br />
reçoit un point pour la transparence des<br />
pratiques d’approvisionnement en matières premières<br />
et un point pour l’extraction responsable<br />
des matières premières. De même, un point est<br />
accordé pour la transparence des ingrédients<br />
qui composent les produits et un point pour les<br />
ingrédients de moindre toxicité. Enfin, une ACV<br />
du bâtiment complet montrant la performance<br />
environnementale pourra apporter d’autres<br />
points.<br />
Manufacturiers, à vos DEP!<br />
Conséquence de l’arrivée des DEP dans la<br />
version 4 de LEED, les concepteurs de bâtiments<br />
qui briguent la certification seront à la recherche<br />
de produits documentés par une DEP. « La DEP<br />
permet aux manufacturiers de communiquer<br />
sur leurs produits pour se démarquer, soutient<br />
Julie-Anne Chayer en ajoutant que les industries<br />
de recouvrement de plancher ou de panneaux de<br />
plafond se sont déjà lancées dans la course de la<br />
DEP. Dans l’industrie du tapis, on a déjà des DEP,<br />
il est possible de voir qui est le chef de file. » Les<br />
industries du ciment et du béton sont aussi en<br />
marche. Faire la DEP d’un produit fini, c’est un<br />
peu une réaction en chaîne, car cela suppose de<br />
remonter la chaîne des fournisseurs pour collecter<br />
les flux sortants et entrants de la fabrication<br />
des produits semi-finis, ou mieux les DEP de ces<br />
produits semi-finis. Par exemple, l’Aluminium<br />
Association aux États-Unis a rédigé les DEP de<br />
produits semi-finis en aluminium comme des<br />
tôles ou des extrusions. Jean Simard, président<br />
et chef de la direction de l’Association de l’aluminium<br />
du Canada, assure que les alumineries<br />
québécoises peuvent aussi fournir des DEP de<br />
leurs produits à leurs clients, qui pourront alors<br />
intégrer les données dans leur propre procédé<br />
de fabrication et à leur tour élaborer les DEP<br />
de leurs produits. Le fabricant de produits finis<br />
qui ne voudrait pas se lancer dans une démarche<br />
aussi complexe peut faire appel à des consultants<br />
spécialisés comme ASTM et UL. Qui cherche<br />
des produits avec DEP pourra d’ailleurs fouiller<br />
les répertoires de DEP de ces consultants. À titre<br />
d’exemple, on trouve sur le site de UL les DEP<br />
d’un mur-rideau de Kawneer et d’un pare-soleil<br />
en aluminium de YKK AP.<br />
Valoriser l’aluminium québécois.<br />
La course aux DEP est lancée. Et si elle ne veut<br />
pas perdre la course, l’industrie de l’aluminium<br />
québécoise va devoir suivre le mouvement. Chez<br />
Vitreco, un manufacturier de fenêtres, murs-rideaux<br />
et revêtements en aluminium, la réflexion<br />
est en marche. « J’ai vu une conférence sur le<br />
LEED v4, rapporte Marc Bilodeau, le vice-président<br />
de Vitreco. On s’en va vers ça. Nos fournisseurs<br />
se préparent à cette nouvelle version<br />
et travaillent sur ces DEP. » Les manufacturiers<br />
québécois ont d’autant plus intérêt à s’y mettre<br />
que les produits de l’aluminium québécois ont le<br />
potentiel de rapporter les deux points du crédit<br />
Déclaration environnementale de LEED v4, celui<br />
de la transparence, mais aussi celui de la performance.<br />
L’aluminium québécois bénéficie en effet<br />
des avantages environnementaux de l’hydroélectricité<br />
et d’investissements massifs dans l’amélioration<br />
de la performance environnementale<br />
de son parc d’usines modernes. Lors de la table<br />
ronde, Jean Simard a bien énoncé qu’une tonne<br />
d’aluminium québécois émet 2,4 tonnes d’équivalent<br />
CO 2<br />
contre 17 tonnes pour l’aluminium<br />
chinois. Dans le livre Aluminium and Life Cycle<br />
Thinking, un chapitre compare, au moyen d’ACV,<br />
les impacts environnementaux de la première<br />
fusion de l’aluminium selon la source d’énergie.<br />
Sans surprise, l’hydroélectricité devance nettement<br />
le charbon et le gaz. Comme la première<br />
fusion est l’étape la plus délétère pour l’environnement,<br />
la DEP d’un produit fini en aluminium<br />
québécois devrait afficher une meilleure performance<br />
environnementale que le produit fini<br />
équivalent en aluminium chinois. Et Michael<br />
Stacey concluait lors de la table ronde que l’aluminium<br />
québécois est excellent, qu’il bénéficie<br />
d’une empreinte carbone incroyablement basse<br />
et que le Québec devrait le valoriser pour le<br />
vendre au reste du monde!<br />
Question de conception<br />
Les ACV présentées par Michael Stacey démontrent<br />
que l’aluminium est un matériau de<br />
choix pour une fenêtre. Mais la bonne fenêtre ne<br />
fait pas forcément le bon bâtiment.<br />
D’une part, comme le dit André Bourassa,<br />
architecte chez Bourassa Maillé Architectes, « la<br />
DEP n’empêchera pas d’avoir des produits mal<br />
utilisés ». Autrement dit, une fenêtre de bonne<br />
qualité mal installée ne donnera aucun avantage<br />
au bâtiment. Même si elle est soigneusement installée,<br />
l’ACV de cette fenêtre ne peut pas être extrapolée<br />
au bâtiment entier, car une surfenestration,<br />
voire un mur-rideau, pourrait nuire à l’efficacité<br />
énergétique du bâtiment. André Bourassa<br />
a soulevé ce point lors de la table ronde. « Dans<br />
les grands projets, on a une tendance majeure au<br />
verre, regrette-t-il. C’est beau de prendre de l’aluminium<br />
à 2 tonnes de CO 2<br />
plutôt que 17 tonnes,<br />
mais si l’immeuble consomme plus d’énergie, on<br />
n’est pas cohérent. La performance énergétique<br />
est moindre qu’avec une architecture pondérée. »<br />
Donnant l’exemple du CHUM, il préconise une<br />
fenestration raisonnée en combinant des tympans<br />
d’aluminium au mur-rideau. Jacques Tremblay,<br />
qui est architecte et directeur à la Direction<br />
expertise de Québec à la Société québécoise des<br />
infrastructures (SQI), abondait dans le même<br />
sens : « Quand on en appelle au concepteur pour<br />
avoir un bâtiment efficace énergétiquement, une<br />
fenestration abondante, ça ne donne rien si on<br />
doit surclimatiser ou surchauffer des aires de bâtiments.<br />
Au-delà du matériau, il y a la conception<br />
du bâtiment. »<br />
« Le choix des matériaux est important, mais<br />
leur agencement l’est autant. La conception est<br />
cruciale », affirmait également Marie-France<br />
Bélec dans sa conférence qui suivait celle de<br />
Julie-Anne Chayer. Marie-France Bélec est architecte<br />
au Conseil et laboratoire en enveloppe du<br />
bâtiment (CLEB), qui offre un service de consultation<br />
et d’essais de performance pour optimiser<br />
l’enveloppe des bâtiments. Elle explique qu’une<br />
bonne conception pour un bâtiment durable doit<br />
suivre cinq principes : efficacité énergétique, qualité<br />
des assemblages, contrôle de qualité lors de<br />
l’exécution des travaux, conception permettant<br />
l’entretien et programme d’entretien. « Quand on<br />
analyse un projet de bâtiment durable et qu’on<br />
voit de l’aluminium, on est content, on ne se pose<br />
pas trop de questions », assure-t-elle. La durée de<br />
vie avec les bons alliages dépasse les quatre-vingts<br />
ans. Les fabricants de fenêtres et de murs-rideaux<br />
contournent la conductivité thermique de l’aluminium<br />
en insérant des bris thermiques et proposent<br />
des produits qui répondent très bien aux<br />
demandes de performance, estime Marie-France<br />
Bélec. L’aluminium se prête bien également à une<br />
architecture démontable qui facilite le remplacement<br />
d’un élément défectueux et la déconstruction,<br />
puis le recyclage du bâtiment en fin de vie.<br />
Bien utilisé, l’aluminium peut donc être l’allié du<br />
bâtiment durable.
LONGÉVITÉ + RECYCLAGE = DURABILITÉ<br />
formes - v12 n2 - 2016<br />
40<br />
Photo : Hydro<br />
et la première fusion de l’aluminium<br />
sont particulièrement énergivores.<br />
Les analyses de cycle de vie<br />
L’électrolyse<br />
(ACV), qui évaluent les impacts environnementaux<br />
d’un produit tout au long depuis<br />
sa conception jusqu’à sa fin de vie, montrent que<br />
ce sont les étapes les plus délétères pour l’environnement<br />
du cycle de vie de l’aluminium. Pour<br />
rentabiliser la dépense énergétique et diluer les<br />
impacts environnementaux dans le temps, il y<br />
a donc intérêt à étirer la phase d’utilisation d’un<br />
produit en aluminium et à le recycler en fin de<br />
vie. Justement, les deux points forts de l’aluminium<br />
sont sa longévité, parce qu’il résiste à la corrosion,<br />
et sa recyclabilité.<br />
Matériau longue durée<br />
Pour démontrer la longévité de l’aluminium<br />
dans les bâtiments, l’architecte Michael Stacey a<br />
ouvert sa conférence par un historique de l’utilisation<br />
de l’aluminium en architecture. Même si la<br />
découverte de l’aluminium ne date que de deux<br />
siècles, les plus vieilles utilisations architecturales<br />
sont déjà plus que centenaires. Ce sont les bâtisseurs<br />
d’églises qui ont innové dès 1895 avec la<br />
construction de l’église St. Edmunds dans le Derbyshire.<br />
À l’intérieur, elle est ornée d’un plafond<br />
en aluminium peint parfaitement conservé. Dans<br />
l’Essex, à Great Warley, l’église St. Mary the Virgin<br />
a été édifiée en 1905. L’abside est couverte de<br />
feuilles d’aluminium embossées et peintes inaltérées<br />
par le temps. Il est vrai que, dans ces églises,<br />
l’aluminium est à l’intérieur et donc protégé des<br />
intempéries. Mais à Rome, l’église San Giacomo<br />
in Augusti a reçu en 1897 un dôme extérieur en<br />
aluminium – toujours en bon état aujourd’hui.<br />
C’est cependant à partir du milieu du XX e<br />
siècle que l’utilisation de l’aluminium s’est déployée.<br />
Michael Stacey en a donné de nombreux<br />
exemples, tant en Europe qu’en Amérique du<br />
Nord : les panneaux de l’Empire State Building<br />
en 1931, les fenêtres de la bibliothèque de l’Université<br />
de Cambridge en 1934, le premier mur-rideau<br />
du bâtiment des Nations Unies à New York<br />
en 1953, les panneaux du centre de télévision de<br />
Ljubljana en 1974… Tous sont décrits dans son<br />
livre Aluminium and Durability. Douze de ces<br />
bâtiments ont fait l’objet d’une inspection approfondie<br />
entre 2012 et 2013 pour évaluer la bonne<br />
tenue de l’aluminium dans le temps. Michael Stacey<br />
et ses collaborateurs ont effectué des examens<br />
visuels et des tests non destructifs avec divers<br />
appareils pour mesurer l’intensité de la couleur,<br />
l’épaisseur de la peinture ou de la couche anodisée.<br />
Conclusion générale de l’étude : la durée de<br />
vie de l’aluminium semble infinie à l’intérieur et<br />
pourrait dépasser les cent vingt ans à l’extérieur.<br />
Évidemment, la longévité dépend de la qualité<br />
de la peinture ou de l’anodisation et de la maintenance.<br />
Michael Stacey l’a répété plusieurs fois :<br />
l’aluminium aime la pluie, et mieux vaut le nettoyer<br />
que de le repeindre. La conception du bâtiment<br />
devrait donc faciliter le lavage par la pluie et<br />
aussi prévoir un accès pour un lavage manuel. Les<br />
détails architecturaux devront également faciliter<br />
le drainage et éviter les traînées sous les rebords<br />
des fenêtres.<br />
Recyclage efficace<br />
Dans un bâtiment, les composantes en aluminium<br />
durent longtemps, peut-être parfois plus<br />
longtemps que le bâtiment lui-même. Mais parce<br />
qu’il se recycle sans perte de qualité et pour seulement<br />
5 % du coût énergétique de la première fusion,<br />
l’aluminium pourra retrouver une deuxième<br />
vie. Léger et facile à couper, les revêtements et<br />
les profilés en aluminium se démontent facilement.<br />
« Lors de la déconstruction d’un édifice,<br />
il y a toute une chaîne alimentaire qui se met en<br />
place », dépeint Jean Simard, le président et chef<br />
de la direction de l’Association de l’aluminium<br />
du Canada. Les démolisseurs vont chercher le<br />
métal, le revendent à des recycleurs de métaux<br />
comme AIM, qui à leur tour trient l’aluminium<br />
des autres métaux et éventuellement les différents<br />
alliages d’aluminium, qu’ils envoient aux alumineries.<br />
Gilles Bernardin est président du conseil<br />
d’administration du Regroupement des récupérateurs<br />
et des recycleurs de matériaux de<br />
construction et de démolition du Québec<br />
(3RMCDQ). Il confirme qu’à 880 $ la tonne<br />
métrique, il y a un réel incitatif à trier et récupérer<br />
l’aluminium sur les chantiers. Il donne<br />
l’exemple des entrepreneurs spécialisés dans le<br />
remplacement de fenêtres, dont la moitié prend<br />
le temps de trier l’aluminium pour le vendre à un<br />
recycleur. Lorsque l’aluminium n’est pas récupéré<br />
par l’entrepreneur, il l’est par le centre de tri. À<br />
l’aluminerie, l’aluminium est fondu puis analysé<br />
pour en connaître la composition; ensuite, les<br />
éléments manganèse, magnésium, zinc… sont<br />
ajoutés pour ajuster la composition de l’alliage<br />
recyclé, explique Michel Guillot, professeur au<br />
Centre de recherche sur l’aluminium – REGAL,<br />
à l’Université Laval. La refonte de l’aluminium<br />
entraîne une légère perte de matière, mais avec<br />
une durée de vie d’un bâtiment de soixante ans,<br />
un taux de recyclage de 95 % et une perte de 2 %<br />
du matériau lors du recyclage, l’aluminium utilisé<br />
en architecture peut en théorie être recyclé pendant<br />
trois mille ans, écrit Michael Stacey dans<br />
son livre Aluminium Recyclability and Recycling.<br />
Quand il parle d’un taux de recyclage de 95 %,<br />
il s’appuie sur une étude réalisée par l’Université<br />
de technologie de Delft aux Pays-Bas, étude<br />
mandatée par l’Association européenne de l’aluminium.<br />
Les chercheurs de cette étude ont suivi<br />
le recyclage de l’aluminium lors de la démolition<br />
de neuf bâtiments culturels, résidentiels et<br />
commerciaux dans six pays européens. Dans les<br />
huit bâtiments où l’aluminium était présent dans<br />
les fenêtres, le revêtement, la toiture, le taux de<br />
récupération de l’aluminium varie de 92 à 98 %.<br />
Dans le neuvième bâtiment où l’aluminium était<br />
présent dans des éléments de petite taille comme<br />
des poignées de porte ou des lavabos, le taux de<br />
récupération tombe à 31 %. « La récupération des<br />
petits éléments d’aluminium prend trop de temps<br />
par rapport à la valeur du métal. Ce n’est pas économique<br />
», commentait Michael Stacey. Ce dernier<br />
évoque des taux de récupération similaires<br />
aux États-Unis. Une étude de la Ville de Chicago<br />
menée en 2010 indique que 99 % de l’aluminium<br />
du secteur de la construction est acheminé au<br />
recyclage.<br />
Dans son livre Aluminium Recyclability and<br />
Recycling, Michael Stacey écrit aussi que « designer<br />
la déconstruction au début du projet permet<br />
au bâtiment de devenir une ressource pour un<br />
autre bâtiment et de fermer la boucle ».<br />
Il y a toutefois une limite au recyclage de l’aluminium<br />
: sa longévité. Parce qu’il ne rouille pas et<br />
s’entretient facilement, l’aluminium dans les bâtiments<br />
y est immobilisé pour longtemps et tarde<br />
à être remis en circulation. Les premières sources<br />
d’aluminium urbain se trouvent là où ont été<br />
construits les premiers bâtiments avec de l’aluminium,<br />
soit en Europe et en Amérique du Nord.<br />
« En Europe, l’aluminium recyclé fournit un tiers<br />
de la demande », écrit Michael Stacey. À partir de<br />
2020, d’importantes réserves d’aluminium urbain<br />
s’ajouteront à la suite de l’urbanisation effrénée<br />
chinoise. Mais elles ne suffiront pas à combler<br />
la demande en aluminium, de sorte que même<br />
si la demande en aluminium n’augmente pas, le<br />
contenu d’aluminium recyclé dans un bâtiment<br />
ne pourra pas dépasser 40 % avant 2050. Il y aura<br />
encore besoin d’aluminium primaire.<br />
Retour sur l’analyse de cycle de vie<br />
Michael Stacey et ses collègues ont utilisé<br />
l’ACV pour comparer quatre fenêtres en bois, en<br />
PVC, en aluminium et une quatrième alliant le<br />
bois et l’aluminium. Ils ont montré que c’est la fenêtre<br />
en aluminium qui présente le meilleur bilan<br />
environnemental (voir article précédent). Mais<br />
comme le disait Michael Stacey, la communauté<br />
scientifique est divisée sur la façon de faire des<br />
ACV. La question est de savoir comment tenir<br />
compte du recyclage dans une ACV. Le livre Aluminium<br />
Recyclability and Recycling décrit deux<br />
écoles de pensée. La méthode du recyclage en fin<br />
Les deux points forts de l’aluminium sont sa longévité, parce qu’il résiste à la corrosion, et sa recyclabilité. La durée<br />
de vie de l’aluminium semble infinie à l’intérieur et pourrait dépasser les 120 ans à l’extérieur. Quelques exemples de<br />
longévité : église St-Edmunds , église St-Mary the Virgin, église San Giacomo in Augusti, Empire State Building, bibliothèque<br />
de l’Université de Cambridge, bâtiment des Nations-Unies à New York et centre de télévision de Ljubjana.<br />
Source : Michael Stacey Architects<br />
de vie (end-of-life recycling, EOL) calcule que tout<br />
l’aluminium sera recyclé. Le recyclage de cet aluminium<br />
évitera une nouvelle fusion primaire et<br />
réduira les impacts environnementaux du futur<br />
produit dans lequel il sera utilisé. Mais cet allègement<br />
du fardeau environnemental est crédité<br />
non pas à ce futur produit, mais d’emblée au produit<br />
initial, pour l’intégralité de l’aluminium qu’il<br />
contient, même s’il s’agit d’aluminium primaire.<br />
Inversement, la méthode du contenu recyclé<br />
(recycled content, RC) calcule un bénéfice environnemental<br />
proportionnellement au contenu<br />
d’aluminium recyclé dans le produit. Lorsque les<br />
quatre fenêtres sont comparées avec la méthode<br />
RC, les résultats sont mitigés. Mais la méthode<br />
EOL donne clairement l’avantage à l’aluminium<br />
et elle est prônée par l’Aluminium Association<br />
aux États-Unis et l’Association européenne de<br />
l’aluminium. Pourtant, si la quasi-totalité de<br />
l’aluminium utilisée en architecture est effectivement<br />
recyclée, il n’y a pas assez d’aluminium<br />
recyclé sur le marché pour combler la demande.<br />
Il est impossible de construire systématiquement<br />
avec de l’aluminium recyclé. Est-ce alors légitime<br />
d’appliquer la méthode EOL et de calculer<br />
les bénéfices environnementaux pour tout l’aluminium<br />
d’un bâtiment, alors que cet aluminium<br />
ne peut pas être constitué à 100 % d’aluminium<br />
recyclé? La réponse de François Charron-Doucet,<br />
le directeur scientifique du Groupe AGÉCO,<br />
est que le choix d’une méthode se justifie aussi<br />
par le message qu’elle envoie. La méthode RC encourage<br />
l’utilisation de matière recyclée dans un<br />
produit sans se soucier du devenir de ce produit<br />
en fin de vie. Or, un matériau composite à base<br />
d’aluminium sera difficilement recyclable. Inversement,<br />
la méthode EOL encourage le recyclage.<br />
L’idée, en choisissant la méthode EOL, est donc<br />
d’encourager les conceptions qui facilitent la récupération<br />
et le recyclage plutôt que l’utilisation<br />
d’aluminium recyclé, mais non recyclable.<br />
Poussant plus loin leur analyse, Michael Stacey<br />
et ses collègues ont utilisé la méthode EOL<br />
pour comparer les impacts environnementaux<br />
causés par l’entretien des quatre fenêtres pendant<br />
les quatre-vingts ans de l’utilisation du bâtiment.<br />
Trois scénarios d’entretien sont envisagés : un<br />
entretien minimaliste qui consiste seulement<br />
à remplacer la fenêtre à la fin de la garantie, un<br />
entretien de base selon la prescription du fabricant<br />
avec changement des éléments endommagés<br />
et un entretien de haute qualité avec nettoyage et<br />
renouvellement des joints et de la couche protectrice<br />
dans le cas du bois. Dans les trois scénarios,<br />
la fenêtre en aluminium est gagnante, la pire<br />
étant celle en PVC dont le cadre doit être changé<br />
trois ou quatre fois au cours des quatre-vingts<br />
ans, multipliant les impacts environnementaux<br />
liés à la fabrication.<br />
Pendant les quatre-vingts ans de la vie du bâtiment,<br />
la fenêtre en aluminium est la plus résistante<br />
au passage du temps, la moins délétère pour<br />
l’environnement. Même en fin de vie du bâtiment,<br />
elle se démonte et se recycle facilement.<br />
Difficile de ne pas voir en l’aluminium un allié du<br />
bâtiment durable.<br />
formes - v12 n2 - 2016<br />
41
ALUMINIUM :<br />
DU BÂTIMENT À LA VILLE <strong>DURABLE</strong><br />
Parce qu’il dure longtemps et qu’il se recycle,<br />
l’aluminium confère aux bâtiments<br />
des attributs de durabilité. L’architecte<br />
Michael Stacey a bien montré la longévité<br />
des bâtiments en aluminium. Mais dans la<br />
ville durable, l’aluminium peut faire plus. Il peut<br />
prolonger la vie des bâtiments dépourvus d’aluminium<br />
et il peut occuper d’autres espaces.<br />
formes - v12 n2 - 2016<br />
42<br />
Siège social de Pfizer<br />
à Kirkland : un écran<br />
pare-soleil en aluminium<br />
est perforé et hérissé<br />
de languettes pliées qui<br />
évoquent les emballages<br />
thermocollés des<br />
médicaments.<br />
Photo : © Stéphane Groleau –<br />
Architectes : MSDL Architectes<br />
Rénovation<br />
Recycler c’est bien, mais dans la hiérarchie des<br />
3RVE (réduire, réutiliser, recycler, valoriser, éliminer)<br />
de la gestion des matières résiduelles, ce<br />
n’est que le troisième R et il arrive après la réutilisation.<br />
Appliquée à un édifice, la logique des<br />
3RVE suggère qu’il vaut mieux réutiliser cet édifice<br />
que de le démolir pour en recycler les composantes.<br />
Comme l’écrit d’ailleurs Michael Stacey<br />
dans son livre Aluminium Recyclability and<br />
Recycling, démolir ne permet pas de rentabiliser<br />
l’investissement de l’énergie intrinsèque dépensée<br />
pour la fabrication des matériaux et pour la<br />
construction du bâtiment. Rénover le bâtiment<br />
pour le réutiliser et prolonger sa vie peut s’avérer<br />
une meilleure option environnementale.<br />
Dans sa présentation, Jean-Pierre LeTourneux,<br />
architecte associé et concepteur principal<br />
chez Menkès Shooner Dagenais LeTourneux<br />
Architectes (MSDL), en a donné un bel<br />
exemple avec la rénovation du siège social de<br />
Pfizer à Kirkland. La maçonnerie extérieure en<br />
piètre état a été démantelée pour faire place à un<br />
mur-rideau en aluminium fixé sur la structure<br />
en béton. Sur ce mur-rideau, les concepteurs ont<br />
ajouté un écran pare-soleil en aluminium qui<br />
crée une continuité avec le bâtiment voisin. Clin<br />
d’œil à l’identité pharmaceutique de Pfizer, l’écran<br />
est perforé et hérissé de languettes pliées qui<br />
évoquent les emballages thermocollés des médicaments.<br />
Ces languettes, d’un doré iridescent,<br />
jouent de contraste avec le noir de la plaque d’aluminium<br />
sous-jacente et vibrent avec la lumière.<br />
Le motif en trois dimensions des languettes qui<br />
se décollent a été transposé en deux dimensions<br />
à l’intérieur du bâtiment. On le retrouve dans le<br />
hall d’entrée, dans un mur rétroéclairé constitué<br />
d’une plaque d’aluminium perforée ainsi que sur<br />
des papiers peints et les tissus des banquettes.<br />
Dans le domaine scolaire, alors que le budget<br />
Leitao annonce une enveloppe de 700 millions $<br />
pour la rénovation des écoles, Benoît Comeau,<br />
représentant technique auprès des architectes des<br />
Industries Panfab, fait remarquer que les panneaux<br />
d’aluminium représentent une solution<br />
économique sans nuire au design et à la durabilité.<br />
Les Industries Panfab ont d’ailleurs déjà fourni<br />
des panneaux à une cinquantaine de projets scolaires.<br />
Michael Stacey avait aussi plusieurs exemples<br />
de rénovation de bâtiments à montrer. Construit<br />
en 1981 à Londres, l’Angel Building a été loué à<br />
une entreprise de télécommunication jusqu’en<br />
2006, après quoi il est devenu inoccupé pour<br />
cause de système mécanique obsolète. Comme<br />
la structure en béton était encore en bon état, les<br />
architectes de AHMM ont décidé de l’envelopper<br />
d’un mur-rideau en aluminium. Ainsi rénové,<br />
l’Angel Building est devenu une place publique<br />
avec café et une diversité d’espaces de travail.<br />
À Londres également, un bâtiment désaffecté<br />
Escalier à flanc de coteau à Beauport, en banlieue de<br />
Québec.<br />
Source : MAADI Group<br />
Complexe des sciences à l’Université de Montréal : un<br />
pont piétonnier permettra de franchir la voie ferrée et de<br />
traverser le Complexe des sciences. Les parapets seront<br />
habillés d’aluminium.<br />
Illustration : © MSDL Architectes – Architectes : MSDL Architectes, en<br />
consortium avec Lemay et NFOE Architectes<br />
qui abritait un atelier de fabrication d’articles de<br />
cuir a été converti en centre interculturel d’arts<br />
et de spectacles, maintenant appelé le Rich Mix.<br />
Là aussi, les architectes de Penoyre et Prasad ont<br />
conservé la structure et l’ont habillée, côté rue,<br />
d’un pare-soleil en aluminium de 10 m de long<br />
sur 10 m de haut, constitué de lames horizontales<br />
en aluminium anodisé pivotantes sur des profilés<br />
d’aluminium verticaux.<br />
Penoyre et Prasad ont aussi rénové le Guy’s<br />
Hospital, une tour de 34 étages construite en<br />
1974. Dans ce cas, la structure en béton présentait<br />
des signes de faiblesse. La corrosion des armatures<br />
d’acier faisait éclater le béton qui se délitait<br />
en feuillets. Le béton a été décapé et l’armature<br />
réparée, et un revêtement en aluminium a été<br />
ajouté pour protéger le bâtiment. Les anciennes<br />
fenêtres dans le mur de béton ont été remplacées<br />
par des fenêtres double-vitrage intégrées dans le<br />
revêtement en aluminium. En plus de prolonger<br />
la vie du bâtiment, la nouvelle façade améliore<br />
l’efficacité énergétique de celui-ci. La firme d’ingénierie<br />
Arup, qui a participé au projet, évalue<br />
que les émissions de GES causées par la rénovation<br />
devraient être compensées au bout de treize<br />
ans.<br />
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La passerelle en arc de Coaticook, longue de 29 m et<br />
large de 1,8 m, supporte une charge de véhicules de 9 kN<br />
pour le passage des motoneiges.<br />
Source : MAADI Group.<br />
Pont de Saint-Ambroise : un platelage en aluminium repose sur cinq poutres en acier<br />
galvanisé appuyées sur des culées en béton. Le platelage d’aluminium est constitué<br />
d’une série de profilés extrudés soudés par friction-malaxage.<br />
Source : Ministère des Transports, de la Mobilité durable et de l’Électrification des transports<br />
Passerelle du Bota Bota, spa-sur-l’eau, à Montréal.<br />
Source : MAADI Group.<br />
Passerelle Make-A-Bridge® : ce pont en kit à déploiement rapide a été installé en une<br />
heure et demie à la base militaire de Valcartier.<br />
Source : MAADI Group.<br />
formes - v12 n2 - 2016<br />
44<br />
Constructions temporaires<br />
Le recyclage et la réutilisation de bâtiments<br />
peuvent aussi s’appliquer aux constructions temporaires<br />
des expositions ou des festivals. Ainsi,<br />
en 1951, l’architecte Ralph Tubbs a conçu pour<br />
le Festival of Britain, le Dome of Discovery, une<br />
structure toute en éléments extrudés préfabriqués<br />
couverte d’aluminium. Avec ses 111 m de<br />
diamètre et ses 28 m de haut, c’était le plus grand<br />
dôme du monde. Démantelé après le festival, il<br />
a alimenté le marché de l’aluminium recyclé en<br />
1952.<br />
À Paris, en 1954, un hall d’exposition a été<br />
érigé pour souligner le centième anniversaire de<br />
l’industrie de l’aluminium. L’architecte et designer<br />
Jean Prouvé l’a conçu pour faire la démonstration<br />
des diverses possibilités techniques et architecturales<br />
offertes par l’aluminium. Le bâtiment<br />
de 150 m de long sur 15 m de large se compose<br />
de 114 fermes de charpente en aluminium, le tout<br />
couvert de panneaux d’aluminium et de verre.<br />
Conçu pour être rapidement monté et démonté,<br />
il a été assemblé en vingt et un jours. En 1956, il<br />
est démonté et transporté à Lille, où il subit une<br />
série de transformations pour devenir le Palais de<br />
la Foire, un bâtiment en forme de L combinant<br />
l’aluminium et l’acier. En 1993, l’inscription de ce<br />
pavillon pour le centenaire de l’aluminium dans<br />
l’Inventaire supplémentaire des monuments historiques,<br />
le sauve de la démolition. Il reprend le<br />
chemin de Paris au Parc des expositions, où il est<br />
partiellement reconstruit en 2000 en reprenant<br />
les dessins de Jean Prouvé.<br />
Michael Stacey donne aussi l’exemple plus récent<br />
de la Cellophane House TM, conçue par les architectes<br />
de KieranTimberlake pour l’exposition<br />
Home Delivery : Fabricating the Modern Dwelling<br />
au Musée d’art moderne de New York en 2008.<br />
C’est une maison de cinq étages, toute en profilés<br />
d’aluminium reliés par des attaches en acier.<br />
Fabriquée en treize semaines en usine, elle a été<br />
assemblée en vingt et un jours. Toutes les pièces<br />
sont numérotées et entreposées pour faciliter le<br />
transport et la prochaine utilisation. Et comme<br />
elle est polyvalente, elle pourra être adaptée à différents<br />
climats et terrains.<br />
La ville, c’est plus que des bâtiments<br />
Au-delà des bâtiments, l’aluminium peut trouver<br />
bons nombre d’endroits où loger en ville :<br />
éclairage, signalisation routière, mobilier urbain,<br />
scènes de spectacle… Des entreprises québécoises<br />
comme Génilux, Valmont, Snoc, Urbana…<br />
fournissent des éclairages, bancs, poubelles<br />
en tous genres. Unisson Structures a conçu pour<br />
le Festival d’été de Québec (2013), la scène Hi-<br />
Roof : plus de 115 tonnes d’aluminium, 500 m 2<br />
sur 26 m de haut. Il y a aussi les ponts piétonniers,<br />
comme celui qu’a présenté Jean-Pierre<br />
LeTourneux pour le projet d’agrandissement de<br />
l’Université de Montréal. Réalisé par Menkès<br />
Shooner Dagenais LeTourneux Architectes, en<br />
consortium avec Lemay et NFOE Architectes,<br />
un nouveau complexe scientifique doit voir le<br />
jour sur le site de l’ancienne gare de triage d’Outremont,<br />
entre les stations Acadie et Outremont.<br />
Mais la voie ferrée isole ce futur complexe scientifique<br />
des quartiers nord. Les concepteurs ont<br />
donc imaginé un axe piétonnier qui relie les deux<br />
stations, avec un pont enjambant la voie ferrée. Le<br />
pont est en acier, mais les parapets de 4 m de haut<br />
seront habillés d’aluminium.<br />
Impossible de parler de passerelles en aluminium<br />
sans parler de MAADI Group. L’entreprise<br />
a fait ses preuves dans ce domaine avec de multiples<br />
réalisations : une passerelle de 29 m pour<br />
motoneiges à Coaticook; une autre de 18 m au<br />
Parc équestre de Blainville; une passerelle de<br />
44 m pour une piste cyclable à Brossard; deux<br />
passerelles maritimes pour accéder aux bateaux<br />
de croisière au Port de Québec; les passerelles de<br />
Bota Bota, spa-sur-l’eau, à Montréal; un escalier à<br />
Beauport... Ces quelques exemples non exhaustifs<br />
des réalisations de MAADI Group illustrent<br />
bien la diversité des utilisations des passerelles en<br />
aluminium. Pour faciliter le transport et le montage,<br />
l’entreprise a développé le concept Make-<br />
A-Bridge®. « Un pont en kit, comme les meubles<br />
IKEA », compare Alexandre de la Chevrotière,<br />
le président de MAADI Group. Les profilés d’aluminium<br />
s’insèrent dans des nœuds moulés, où ils<br />
sont fixés avec un seul boulon. Le pont est donc<br />
livré en morceaux, emballés dans de simples<br />
palettes et transportés par camion. L’entreprise<br />
a livré cet hiver à la base militaire de Valcartier<br />
un pont à déploiement rapide. D’une longueur de<br />
18 m, il a été assemblé en une heure et demie.<br />
Et pourquoi pas des ponts?<br />
Michael Stacey a terminé sa présentation avec<br />
une réalisation de sa firme d’architecture, soit le<br />
pont du village de Ballington dans le comté de<br />
Suffolk au Royaume-Uni. La structure est en béton,<br />
mais la balustrade en aluminium, toute en<br />
légèreté, est cependant capable d’arrêter un poids<br />
lourd de 42 tonnes. L’architecte en parle comme<br />
d’un exemple de fast construction, slow architecture<br />
parce qu’il a été construit en dix-huit mois,<br />
mais conçu pour durer cent vingt ans.<br />
Au Québec, on connaît le pont Arvida qui, de<br />
ses 150 m de long, enjambe la rivière Saguenay<br />
depuis 1950. « Il a été construit avec un alliage de<br />
la série 2000, pas le bon alliage, et il est toujours<br />
là », fait remarquer Michel Guillot, professeur<br />
au Centre de recherche sur l’aluminium – RE-<br />
GAL, à l’Université Laval. Aujourd’hui, après<br />
avoir été laissé pour compte pendant plus d’un<br />
demi-siècle, l’aluminium pourrait faire un retour.<br />
« Dans l’esprit du bon matériau au bon endroit,<br />
pour les ponts, c’est certainement dans le tablier<br />
avec une structure en acier ou en béton », relate<br />
Jean Simard, le président et chef de la direction<br />
de l’Association de l’aluminium du Canada. La<br />
légèreté de l’aluminium permettrait une structure<br />
plus sobre en matériaux, et donc moins chère.<br />
Déjà, le ministère des Transports, de la Mobilité<br />
durable et de l’Électrification des transports<br />
(MTMDET) mène un projet pilote avec le pont<br />
de Saint-Ambroise, près de Saguenay. D’une portée<br />
de 8,5 m, il est constitué d’un tablier en aluminium<br />
posé sur cinq poutres en acier galvanisé,<br />
elles-mêmes en appui sur des culées en béton.<br />
« Le platelage d’aluminium a été fabriqué en deux<br />
panneaux, composés chacun d’une série d’extrusions<br />
en aluminium de 203 mm de haut sur<br />
305 mm de large et 10 m de long, soudées côte<br />
à côte par le procédé de soudure par frictionmalaxage<br />
», explique Jean-Pierre D’Auteuil, le<br />
responsable des relations médias au Service des<br />
affaires publiques au ministère de l’Économie,<br />
de la Science et de l’Innovation (MESI). Les<br />
deux panneaux ont ensuite été reliés au chantier<br />
par un joint boulonné longitudinal et recouvert<br />
d’un revêtement antidérapant de polyuréthane<br />
mêlé de granulats de la taille du millimètre.<br />
Ce projet pilote fait partie d’une mesure de la<br />
Stratégie québécoise de développement de l’aluminium<br />
dans laquelle le MTMDET doit examiner<br />
et valider les utilisations de l’aluminium dans<br />
les ponts. D’autres ponts doivent être construits<br />
en 2018. Le suivi de leurs performances doit<br />
permettre au MTMDET de documenter le coût<br />
total de possession pour voir si leur coût d’acquisition<br />
peut être rentabilisé à long terme par une<br />
meilleure résistance à la corrosion et un moindre<br />
coût d’entretien. Le coût total de possession, c’est<br />
la clé pour convaincre les donneurs d’ordres de<br />
faire la transition vers les ponts en aluminium,<br />
croit Jean Simard. Et si le MTMDET, le MESI,<br />
AluQuébec, l’Association canadienne de l’aluminium<br />
s’intéressent aux ponts en aluminium, c’est<br />
qu’il y a un marché à prendre. Au cours des prochaines<br />
décennies, il y aura chaque année entre<br />
1 000 et 1 400 ponts de courte portée à réparer<br />
ou rénover dans l’est du Canada et le nord-est des<br />
États-Unis. L’aluminium pourrait faire du chemin<br />
et sortir de la ville.<br />
formes - v12 n2 - 2016<br />
45
LE MEUBLE DU QUÉBEC FAIT SA MARQUE<br />
PrixHabitatDesign.com<br />
réalisations<br />
1, 2<br />
3, 4<br />
Pariez Sur le<br />
GaGnant avec<br />
voS collèGueS<br />
et amiS !<br />
Les Prix Habitat Design<br />
sont De retour !<br />
Question :<br />
Saurez-vous deviner qui remportera le Grand Prix Habitat Design 2016<br />
récompensant le constructeur et son équipe de créateurs ayant réalisé<br />
l’unité modèle présentant le meilleur concept d’ensemble<br />
(cuisine, éclairage, planification d’espace, choix de matériaux) ?<br />
rÉPonse :<br />
le 2 juin 2016<br />
5, 6<br />
Voici Les<br />
Dix Projets<br />
finaListes<br />
21 e Arrondissement<br />
L | L Laval-sur-le-Lac<br />
Bassins du Havre<br />
Le Conservatoire<br />
Lowney sur Ville<br />
formes - v12 n2 - 2016<br />
46<br />
Marie Gagnon<br />
Positionner et faire rayonner le meuble<br />
d’ici en créant un référentiel et en soutenant<br />
l’innovation, voilà le défi que s’est<br />
donné L’Empreinte québécoise, un projet<br />
de recherche visant l’industrie manufacturière<br />
du meuble. Lancé en 2014 à l’initiative d’INÉDI,<br />
le Centre d’expertise et de formation en design<br />
industriel, ce projet propose aux fabricants québécois<br />
une démarche collaborative axée sur le<br />
design thinking pour les soutenir dans la création<br />
de produits distinctifs et les amener à faire<br />
leur marque dans une industrie en manque de<br />
repères.<br />
Ambassadeur du projet, le designer Jean-<br />
Claude Poitras ne s’est d’ailleurs pas fait prier<br />
longtemps pour s’allier à la designer industrielle<br />
et chercheure Véronique Paradis de l’INÉDI afin<br />
de mener cette réflexion sur l’identité du meuble<br />
québécois et son rayonnement, ici comme à<br />
l’étranger. « Le temps est venu de faire des gestes<br />
concrets pour positionner le design québécois,<br />
dit-il. Personnellement, j’aime le design sous<br />
toutes ses formes et je suis en faveur d’un design<br />
éclaté et multidisciplinaire.<br />
« Par contre, lorsque je visite des salons internationaux,<br />
comme le Salon du meuble de Milan<br />
ou MAISON&OBJET de Paris, j’éprouve parfois<br />
un malaise en voyant des pays émergents qui<br />
veulent se positionner à l’international et qui<br />
n’hésitent pas à afficher leur style haut et fort,<br />
alors qu’ici, les designers de meubles québécois<br />
n’osent pas s’affirmer, constate-t-il. Je crois que<br />
l’heure est venue de faire les choses autrement<br />
et l’Empreinte québécoise se veut un noyau catalyseur<br />
et fédérateur pour soutenir les fabricants<br />
québécois dans l’éclosion d’une signature à notre<br />
image. »<br />
Une crise identitaire<br />
La crise identitaire du meuble québécois ne<br />
date pourtant pas d’hier, loin de là. Déjà, au tournant<br />
du millénaire, la percée sur nos marchés de<br />
produits à bas prix en provenance d’Asie porte<br />
un premier coup aux manufacturiers du Québec.<br />
Puis, en 2008, l’onde de choc planétaire générée<br />
par la crise des subprimes aux États-Unis et la<br />
débâcle économique qui s’ensuit affectent tout<br />
autant les livraisons et les exportations de l’industrie.<br />
Réalisations des entreprises<br />
participantes à la<br />
deuxième cohorte de<br />
l’Empreinte québécoise :<br />
1- mobilier de chambre<br />
de BSG<br />
2- jeux d’eau<br />
de Vortex<br />
(la photo n'illustre pas le<br />
concept proposé pour la<br />
deuxième cohorte)<br />
3- bain et vanité<br />
de Vanico-Maronyx<br />
4- Meuble console<br />
de Mobican<br />
5- escalier<br />
du Centre de l’escalier<br />
6- structure d’accueil<br />
de RHO<br />
Source : INEDI<br />
Arbora<br />
Espace MV3<br />
Quartier A - Penthouses<br />
Viva Condos Urbains<br />
Tod
formes - v12 n2 - 2016<br />
48<br />
Pierre Richard<br />
Jean-Claude Poitras<br />
Photo: David Curleigh<br />
« La conjugaison de ces facteurs a littéralement<br />
décimé l’industrie, expose le président-directeur<br />
général de l’Association des fabricants<br />
de meubles du Québec (AFMQ), Pierre Richard.<br />
Les fermetures d’usines se sont multipliées<br />
et le marché s’est consolidé. Aux États-Unis et en<br />
Ontario, c’est plus de 50 % des manufacturiers<br />
qui ont fermé leurs portes. Au Québec, la saignée<br />
a été moins importante, mais le pourcentage de<br />
manufacturiers qui ont disparu du radar se situe<br />
quand même entre 40 et 45 %. Comment expliquer<br />
ce meilleur taux de survie? »<br />
Pour Pierre Richard, la réponse est simple. Les<br />
manufacturiers qui ont survécu à la tourmente<br />
sont ceux qui ont investi dans l’efficacité de leurs<br />
installations, en améliorant leurs technologies et<br />
procédés, pour réduire leurs coûts de fabrication.<br />
« Pour gagner des parts de marché, les fabricants<br />
doivent aussi se distinguer de la concurrence,<br />
poursuit-il. Et comment peut-on se démarquer<br />
de la concurrence? Par le design, la qualité et une<br />
réputation irréprochable. »<br />
Un référentiel québécois<br />
Il déplore du même souffle le faible « branding<br />
» de l’industrie et le peu d’efforts consentis<br />
au positionnement du meuble dans l’esprit<br />
des consommateurs. C’est d’ailleurs dans cette<br />
optique qu’est née L’Empreinte québécoise, un<br />
projet fédérateur dont l’objectif est d’identifier<br />
les critères qui caractérisent le design du meuble<br />
québécois, en s’appuyant sur le savoir-faire et les<br />
matières du Québec, une esthétique inspirée de<br />
l’histoire de la province, une synergie issue d’un<br />
travail collectif et le respect de l’environnement.<br />
« Le but de la recherche, c’était d’établir un référentiel<br />
pour créer une signature propre au Québec<br />
et qui permette d’affirmer notre design en<br />
partant de nos racines, rappelle Jean-Claude Poitras.<br />
Pour y arriver, on a interrogé des centaines<br />
de personnes sur leur perception du meuble<br />
québécois. On a, en quelque sorte, épluché les<br />
trente-six cordes sensibles des Québécois, un<br />
peu à la manière de Jacques Bouchard. On s’est<br />
rendu compte que ce qui était vrai, par rapport<br />
aux Québécois, n’est plus aussi vrai aujourd’hui,<br />
du moins en matière de meuble. »<br />
La recherche s’est également révélée féconde<br />
du côté des industriels, rapporte Véronique Paradis.<br />
« On a vu que les manufacturiers n’ont pas<br />
les moyens de mener seuls leurs projets d’innovation,<br />
alors qu’il y a un impératif de renouveau,<br />
relève-t-elle. On a également vu que les manufacturiers<br />
avaient besoin d’accompagnement dans<br />
leur démarche d’innovation. Ils sont souvent pris<br />
La<br />
recherche menée par<br />
l’INÉDI a conduit à<br />
l’élaboration d’un guide de<br />
conception comprenant 19 critères,<br />
répartis en 4 catégories,<br />
et 2 atouts de différenciation<br />
– l’écoconception et le branding.<br />
Ce guide met l’accent sur<br />
l’importance d’un processus<br />
collectif de développement de<br />
produits de style néotraditionnel,<br />
qui respecte les principes<br />
du développement durable et<br />
met en valeur les matériaux du<br />
Québec.<br />
Voici, en bref, les quatre catégories<br />
de ce référentiel :<br />
Les critères économiques<br />
Les matériaux<br />
La conception<br />
L’esthétique<br />
par leurs activités quotidiennes, ce qui réduit leur<br />
focus. Ça nous a également permis de tester notre<br />
référentiel pour créer un style fort et affirmé. »<br />
Un chef d’orchestre<br />
Formée au printemps 2015, la seconde cohorte<br />
de l’Empreinte réunissait six entreprises de<br />
l’industrie du meuble. Chacune jumelée à un designer<br />
industriel, les entreprises participantes ont<br />
mis au point des concepts originaux, écoconçus<br />
et d’inspiration « glocale ». Le 10 février dernier,<br />
elles étaient invitées à la toute première édition de<br />
l’Atelier des dragons, une activité organisée dans<br />
le cadre des travaux de l’Empreinte québécoise et<br />
une étape cruciale de validation pour les produits<br />
développés.<br />
Pour les participants, cette activité a été l’occasion<br />
de dresser un bilan, de mettre leurs concepts<br />
à l’épreuve et de se soumettre à la critique d’une<br />
table ronde composée d’experts, de professionnels<br />
et de leaders d’opinion du milieu, qui devaient<br />
notamment évaluer le potentiel commercial<br />
de leurs concepts.<br />
« Les résultats sont intéressants, souligne Véronique<br />
Paradis. Le design thinking les amène à<br />
lever le regard, à réfléchir sur nos racines, ce qui<br />
les caractérisent, les différencient. La démarche<br />
suit la conception du produit et prévoit aussi des<br />
formations à chaque phase de développement,<br />
entres autres en gestion et en branding, et des<br />
visites industrielles. D’un atelier à l’autre, les participants<br />
se découvrent des affinités, une synergie<br />
se crée, des contacts s’établissent. »<br />
Ouverte à tous les manufacturiers québécois<br />
du meuble, l’Empreinte québécoise formera une<br />
troisième cohorte à l’automne, en s’appuyant<br />
sur des critères de sélection comme la taille de<br />
l’entreprise, ses ressources en design et sa volonté<br />
d’engagement. « Pour en tirer des retombées positives,<br />
il est essentiel que l’équipe s’engage, renchérit<br />
Jean-Claude Poitras. Nous, on les pousse<br />
constamment pour qu’ils conçoivent leur collection,<br />
on les challenge, on se permet de les critiquer.<br />
« Certains critères du référentiel sont particulièrement<br />
importants, ajoute-t-il. Ils doivent<br />
exprimer un retour à nos sources. Le but, ce n’est<br />
pas de faire des meubles italiens ou d’imiter ce<br />
qu’il se fait ailleurs, mais de stimuler la créativité<br />
et de créer une identité des produits ayant une<br />
identité culturelle forte. Ici, les manufacturiers<br />
ont le savoir-faire pour fabriquer des meubles de<br />
qualité, mais pour le style, c’est autre chose. Ce<br />
que cherche l’Empreinte, c’est une combinaison<br />
des deux. »<br />
UN RÉFÉRENTIEL « PURE LAINE » POUR LE MEUBLE DU QUÉBEC<br />
Les entreprises de la deuxième<br />
cohorte :<br />
Mobican<br />
BSG<br />
Vanico-Maronyx<br />
Centre de l’escalier<br />
RHO<br />
Vortex<br />
CANADEL – Collection Loft<br />
MOBICAN – Unité murale Cassia<br />
ARTOPEX – Mobilier Essentia, fauteuils Sentinel et Bahia, murs Sky 700 et fauteuils lounge Lancelot<br />
Pour les espaces de détente, de travail, de conversation,<br />
de commerce, de repos et de vie… Pensez au style, au<br />
confort et à la qualité des meubles fabriqués au Québec<br />
L’Association des fabricants de meubles du Québec présente les meubles d’ici :<br />
Un choix coup de cœur, rempli de fierté.<br />
Un choix créateur d’emplois et de prospérité.<br />
Un choix respectueux de l’environnement.<br />
Un choix empreint du talent créatif québécois.<br />
BEAUDOIN – Collection Morocco<br />
FORNIRAMA – 769 sectionnel moderne<br />
JAYMAR – 204 ottoman<br />
afmq.com<br />
formes - v12 n2 - 2016<br />
49
PRIX HABITAT DESIGN 2016<br />
LE MEUBLE DU QUÉBEC EN VITRINE<br />
AGIR ENSEMBLE POUR<br />
ACCROÎTRE LA CONFORMITÉ<br />
1, 2<br />
3, 4<br />
Favoriser la CONCURRENCE LOYALE sur les chantiers<br />
de construction au Québec est une priorité pour l’industrie.<br />
La VIGILANCE des travailleurs et des employeurs est<br />
essentielle pour écarter du jeu tous ceux qui font fi des lois,<br />
des règlements et des conventions collectives.<br />
Soyons des LEADERS en matière de probité. Ensemble,<br />
établissons les plus hauts standards de CONFORMITÉ.<br />
formes - v12 n2 - 2016<br />
Marie Gagnon<br />
Lancés en 2013, les Prix Habitat Design<br />
récompensent chaque année les entrepreneurs<br />
qui participent aux Week-ends<br />
visites libres ainsi que les professionnels<br />
qui collaborent avec eux. Ce concours, qui a pour<br />
objectif de favoriser la multidisciplinarité dans la<br />
réalisation de projets résidentiels, salue l’innovation<br />
et les qualités esthétiques des nouveaux projets<br />
immobiliers de la grande région de Montréal.<br />
Cette année, à l’occasion de la troisième édition<br />
des Prix, le jury avait pour mission d’évaluer<br />
les unités témoins des projets finalistes en portant<br />
une attention particulière sur la mise en valeur de<br />
matériaux et d’objets conçus au Québec. Les lauréats<br />
seront désignés en évaluant les meilleures<br />
réalisations dans cinq catégories : concept de cuisine,<br />
concept d’éclairage, planification d’espace,<br />
choix de matériaux et le concept d’ensemble, qui<br />
remportera le Grand Prix Habitat Design 2016.<br />
Porte-parole de l’événement pour une deuxième<br />
année consécutive, le designer Jean-<br />
Claude Poitras est à l’origine de cette incursion<br />
du meuble québécois dans les unités témoins.<br />
« J’ai adoré ma première expérience, dit-il. Moi<br />
qui suis fou de design sous toutes ses formes, j’ai<br />
aimé découvrir l’offre résidentielle des constructeurs.<br />
Par contre, j’ai été déçu de voir que les<br />
unités modèles ne mettaient pas en vedette les<br />
meubles d’ici. Pour le vingtième anniversaire de<br />
l’événement, j’ai réussi à convaincre les organisateurs<br />
de tenter l’expérience en meublant leurs<br />
unités avec du mobilier conçu et fabriqué au<br />
Québec. Les résultats parlent d’eux-mêmes : on<br />
a constaté un record d’assistance aux Week-ends<br />
visites libres, qui a par ailleurs fait l’objet d’une<br />
presse dithyrambique. »<br />
Baptisée Le meuble québécois en vedette,<br />
l’expérience a pris la forme d’un jumelage alliant<br />
quatre designers, issus de générations différentes,<br />
à quatre entrepreneurs. La designer d’intérieur<br />
Francine Martineau a notamment aménagé une<br />
unité dans un quadruplex de luxe, situé au cœur<br />
d’un terrain de golf de Longueuil, conçu pour les<br />
gens de cinquante-cinq ans et plus. Quant aux<br />
designers Philippe Harvey, Jennifer-Bianka<br />
Clermont et Sylvie Drouin, ils devaient chacun<br />
concevoir un espace de vie confortable et fonctionnel<br />
qui répond aux besoins de jeunes familles<br />
souhaitant s’établir à Montréal.<br />
Rappelons que les Prix Habitat Design sont<br />
présentés en partenariat avec l’Association professionnelle<br />
des designers d’intérieur du Québec<br />
(APDIQ), le magazine FORMES et Casa.<br />
Des projets et des juges<br />
Pour cette troisième édition des Prix Habitat<br />
Design, le jury était composé d’André Bourassa,<br />
architecte associé de Bourassa Maillé Architectes;<br />
du designer industriel Jean Barbeau,<br />
directeur recherche et développement pour Artopex;<br />
des designers d'intérieur Michèle Lalumière<br />
(APDIQ - D.I.C.), Marc Bherer (APDIQ<br />
- D.I.C.), directeur et associé au sein de la firme<br />
Desjardins Bherer et de Maxime Partouche<br />
(APDIQ - D.I.C.), chargé de formation pratique<br />
à l'École de design industriel, orientation design<br />
d'intérieur.<br />
Quatre projets immobiliers,<br />
quatre aménagements,<br />
quatre designers:<br />
1- Ambiance Plein Sud,<br />
Longueuil,<br />
Francine Martineau.<br />
2- Faubourg Contrecoeur,<br />
Montréal,<br />
Philippe Harvey.<br />
3- MUV Condos,<br />
Montréal,<br />
Sylvie Drouin.<br />
4- Highlands,<br />
LaSalle,<br />
Jennifer-Bianka Clermont.<br />
Photos : Benoit Desjardins<br />
50<br />
CCQ.ORG
L’AVENIR PREND FORME<br />
L’ALUMINIUM,<br />
LE MATÉRIAU<br />
DE CHOIX<br />
Stratégie québécoise<br />
de développement de l’aluminium<br />
LÉGER/RÉSISTANT <strong>DURABLE</strong> POLYVALENT RECYCLABLE<br />
economie.gouv.qc.ca/aluminium