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Vol. 8 • No. 30 • Du 4 au 10 <strong>Fevrier</strong> <strong>2015</strong> <strong>Haiti</strong> 20 gdes/ USA $1.50/ France 2 euros/ Canada $2.00<br />
HAÏTI LIBERTÉ<br />
JUSTICE • VÉRITÉ • INDÉPENDANCE<br />
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Email: editor@haitiliberte.com<br />
GRÈVE : ENTENTE DE LA HONTE !<br />
Web: www.haitiliberte.com<br />
Yon polisye k<br />
ap maltrete yon<br />
sitwayen !<br />
Page 6<br />
English<br />
Page 9<br />
Voir page 4<br />
L’IJDH dénonce<br />
l’ambassadrice US<br />
aux Nations Unies<br />
Samantha Power<br />
Page 8<br />
Le ministre de la Communication, Rotchill François Junior flanqué de trois des syndicalistes des transports publics qui ont trouvé un<br />
accord de la honte sur le prix de l’essence à la pompe<br />
UN ACCORD POUR LA LEVÉE DE<br />
LA GRÈVE DES ENSEIGNANTS<br />
Rencontre avec une<br />
grande résistante<br />
vietnamienne !<br />
Page 11<br />
Voir page 4<br />
Le Ministre Manigat recontre les syndicats enseignants autour de la grève. Signature de l’accord avec CNEH et la Plateforme des<br />
Organisations éducatives.<br />
Syriza transforme<br />
la Grèce en « place<br />
to be »<br />
Page 17
Editorial<br />
Liquidation de la résistance<br />
populaire par les capitulards !<br />
Par Berthony Dupont<br />
Nous ne pouvons pas ignorer qu’un climat de résistance politique<br />
intense règne dans le pays contre le pouvoir en place. Il s’illustre<br />
par de vastes mobilisations populaires où les masses ne cessent de demander<br />
le départ des agents impériaux placés à la Haute Magistrature de<br />
l’Etat haïtien. Si des manifestations sont encore lancées pour les 4, 5 et<br />
7 février prochain, est ce dans le but unique de remplir les rues ou bien<br />
de forger une stratégie pour combattre cet Etat de voyous, de corrupteurs<br />
et d’exploiteurs au service des multinationales ?<br />
Ce pouvoir exploiteur vient de commettre l’ultime erreur de ne pas<br />
diminuer le prix du carburant qui est considérablement à la baisse dans<br />
le monde ; un acte qui a suscité une prise de conscience de toute une<br />
population et ressuscité les syndicats qu’on croyait inexistants dans le<br />
pays. Indignés, les syndicats avaient appelé à une grève générale pour<br />
forcer le gouvernement à fixer un nouveau prix pour le carburant. Pour<br />
la première grève contre ce gouvernement, elle a été respectée puisque le<br />
peuple était prêt à la tenir jusqu’au bout pour trouver satisfaction. Mais<br />
les syndicats n’ont pas su tenir tête aux négociations qu’ils ont entreprises<br />
avec un pouvoir manipulateur et corrupteur. Ils auraient dû refuser<br />
l’offre qui leur a été offerte, refuser cette humiliante pitance. Ont-ils été<br />
achetés ? Si oui, quelle honte !<br />
Il ne s’agit pas seulement de juger les syndicats pour leur naïveté<br />
et leurs limites politiques. La responsabilité de cet échec revient amplement<br />
aux partis politiques appelés à prendre le pouvoir, surtout ceux<br />
qui s’amusent à dire qu’ils luttent pour renverser ce régime. Pourquoi<br />
n’avoir pas exploité une telle aubaine : tenir le pays entier en grève. Si<br />
ces partis voulaient réellement le départ de Martelly, ils auraient renforcé<br />
les syndicats en les encadrant dans leurs revendications. « Si les dirigeants<br />
syndicaux, nous dit Rosa Luxemburg, devaient rester en marge du<br />
mouvement, ou même s'y opposer, leur attitude n'aurait qu'une seule<br />
conséquence : ils seraient laissés de côté par la vague des événements,<br />
et les luttes économiques ou politiques de la masse se poursuivraient<br />
sans eux ».<br />
Propos qui dans la conjoncture présente s’adresse de façon opportune<br />
aux politiciens, aux partis politiques qui ont laissé les syndicats<br />
œuvrer seuls, comme l’indique la note de la table de concertation stipulant<br />
: « nous supportons les deux jours de grève », sans pour autant<br />
avoir la capacité et la vision politiques d’exploiter ce moment opportun<br />
pour mettre Martelly le dos au mur. Voilà comment nous sommes arrivés<br />
à cette entente de la honte qui exprime une certaine incohérence dans<br />
la lutte et l’absence d’une idéologie claire et conséquente de la part des<br />
organisateurs et des partis politiques restés sur la touche.<br />
En vérité, à partir de ce faux pas, il faut se demander : est-ce que<br />
cette opposition qui regroupe le Mopod, Pitit Desalin et Fanmi Lavalas<br />
milite réellement de façon sincère pour le départ de Martelly ? Si oui,<br />
pourquoi n’a-t-elle pas profité de cette grève même quand les intérêts des<br />
syndicats n’étaient que financiers ? En somme, il n’y a aucune différence<br />
entre la lutte économique et la lutte politique. Au contraire, l’économie<br />
détermine la politique. Une grève de cette ampleur réclamait, exigeait la<br />
participation des syndicats autant que celle des partis politiques concernés.<br />
Y avait-il des rencontres préparatoires entre les représentants des<br />
syndicats et ceux des partis ? Si non, toutes les déclarations entendues ici<br />
et là n’étaient que de la démagogie politique pure. Cruelle ironie, certains<br />
membres de la direction de la grève sont des militants de partis.<br />
Comme ils ont peut être autre chose en tête, ils ne peuvent même<br />
pas défendre leurs propres intérêts. C’est assurément du sous développement<br />
politique. En fait cela nous renvoie à demander si cette capitulation<br />
n’a pas été préméditée, compte tenu de l’absence de toute planification et<br />
synchronisation de la grève de la part de partis qui en majorité n’œuvrent<br />
que pour la réalisation des élections, au lieu d’enrayer la crise, de freiner<br />
l’inflation dont les répercussions sont énormes pour les faibles revenus<br />
incapables de faire face à la hausse incessante des produits de première<br />
nécessité. N’est ce pas la preuve par quatre que ces partis ne font simplement<br />
que de la propagande de pacotille pour vendre leur marchandise de<br />
candidat aux prochaines élections, de façon à continuer la même politique<br />
de Martelly au service des puissances capitalistes ?<br />
Ce n’est point leur souci légitime le départ de Martelly. Prenons<br />
en compte par exemple les récentes déclarations de Fanmi Lavalas par<br />
l’entremise de deux de ses dirigeants, la coordonnatrice Maryse Narcisse<br />
et Louis Gérald Gilles au sujet du nouveau CEP : « Nous attendons de<br />
les voir à l’œuvre avant de faire un jugement objectif. Depuis 2013,<br />
nous avons demandé des élections libres, honnêtes, démocratiques et<br />
inclusives et récemment, dans une note de presse, nous avons renouvelé<br />
cette demande… » Pour couronner le tout, sur les ondes de Radio<br />
Magik 9, l’ancien sénateur Louis Gérald Gilles a indiqué « que le parti<br />
donne acte au président Martelly qui a accepté la logique de la formation<br />
du CEP selon l’esprit de l’article 289 de la Constitution. Fanmi Lavalas<br />
ira aux élections. On nous a exclus depuis 11 ans des élections de ce<br />
pays. Aujourd’hui, on est plus que jamais décidés et déterminés à aller<br />
aux élections que nous aurons à remporter. » De telles déclarations ne<br />
mettent pas du tout Martelly en question. Au contraire, elles le rassurent<br />
face aux revendications populaires qui demandent son départ.<br />
Turneb Delpé, l’un des dirigeants du MOPOD pour sa part, n’a pas<br />
tout à fait dénoncé le nouveau CEP, mais il dit « attendre l’institution<br />
électorale au pied du mur. Le comportement de ce CEP déterminera s’il<br />
va rester ou pas. Et si le CEP montre qu’il veut organiser de bonnes élections,<br />
le président Martelly s’en ira et le CEP restera. Mais, dans le cas<br />
contraire, les deux s’en iront », a-t-il affirmé. Delpé et ses pareils disent<br />
des mots, encore des mots, toujours des mots, il y en a tant, il y en a<br />
même trop…<br />
Pourtant les avocats André Michel et Newton Louis St-Juste ont<br />
dans une note de presse exprimé clairement une position plus combative<br />
« nous reconnaissons que certains membres de ce CEP jouissent d'une<br />
certaine crédibilité et honnêteté qui devraient rassurer la population dans<br />
une certaine mesure! Cependant, nous restons persuadés que la solution<br />
à la crise politique actuelle passe nécessairement par une grande<br />
mobilisation populaire pour obtenir la démission du président Martelly et<br />
la mise sur pied d' un gouvernement de transition avec la participation<br />
de tous les acteurs du pays en vue d' arriver à l'organisation d' élections<br />
crédibles à la fin de cette année. »<br />
Certes, la lutte du peuple doit continuer ; mais le mouvement qui<br />
l’accompagne semble n’être pas encore prêt à montrer qu’il est à la<br />
hauteur de l’événement, sans doute parce qu’il est préoccupé par autre<br />
chose, par des gains personnels ? Qu’on sache que le peuple ne sera<br />
jamais vaincu. Aussi longtemps que le pays sera occupé et dominé par<br />
les forces impérialistes, le combat libérateur continuera !<br />
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Vol. 8 • No. 30 • Du 4 au 10 <strong>Fevrier</strong> <strong>2015</strong>
A Travers <strong>Haiti</strong><br />
Haïti, chronique d’une crise électorale (38)<br />
5e CEP de l’ère Martelly, retour de Pierre-Louis Opont !<br />
Par Catherine Charlemagne<br />
Pierre-Louis Opont<br />
Tous les records ont été battus sous<br />
la présidence de Michel Martelly. En<br />
tout cas, en matière de crise préélectorale.<br />
Depuis la promulgation de la Constitution<br />
de 1987 suivie de son amendement en<br />
2011, jamais elle n’aura suscité autant<br />
de débats toujours en ce qui concerne son<br />
fameux article 289 relatif à la formation<br />
du Conseil Electoral Provisoire (CEP).<br />
Le CEP permanent n’a, malheureusement,<br />
toujours pas droit de cité malgré<br />
la tentative avortée qu’avait effectuée le<br />
Président Martelly en 2012. Le premier<br />
record réalisé par le régime Martelly dans<br />
ce domaine est sans conteste le nombre<br />
d’années passées à la tête du pays sans<br />
arriver à organiser la moindre élection.<br />
Plus de quatre années au pouvoir, sans<br />
un scrutin au compteur, est non seulement<br />
un record, mais aussi un exploit<br />
dans la mesure où selon la Constitution,<br />
il doit avoir au moins un scrutin tous les<br />
deux ans pour renouveler le mandat du<br />
tiers du Sénat de la République.<br />
Outre cet incontestable manquement<br />
qui ne fait pas nécessairement honneur<br />
à cette Administration, le Président<br />
de la République cumule aussi le record<br />
de la plus longue crise préélectorale de<br />
toute l’histoire de la démocratie naissante<br />
haïtienne. Près de cinq années ! Pourtant,<br />
contrairement aux autres régimes<br />
post-Duvalier, il a tenu bon. Il a réussi<br />
à se maintenir au pouvoir malgré une<br />
contestation massive et des manifestations<br />
quasi journalières de l’opposition<br />
dite radicale depuis trois ans. Cependant,<br />
il faut le reconnaître, le chef de l’Etat a<br />
aussi cédé sur beaucoup de points et a<br />
fait d’énormes concessions politiques<br />
afin de pouvoir garder les rênes du Palais<br />
national. Sur le plan politique, le Président<br />
Martelly s’est montré beaucoup<br />
plus intelligent et plus pragmatique que<br />
l’ensemble de ses prédécesseurs. Mais<br />
parmi tous les records recensés durant<br />
ces cinq dernières années, c’est son<br />
entêtement à mettre en place à tout prix<br />
un collège électoral à son image.<br />
Déjà il a réussi l'exploit de constituer<br />
en tant que chef du pouvoir exécutif,<br />
cinq CEP (Conseil Electoral Provisoire)<br />
en moins de cinq ans, à raison d’un CEP<br />
par an. Chacun des quatre premiers CEP<br />
a eu une histoire rocambolesque et particulière<br />
sur sa formation et les membres<br />
qui l’ont constitué. Les quatre CEP ont eu<br />
aussi un destin éphémère. Le Président<br />
Martelly a même voulu passer en force<br />
en formant un Conseil Electoral Permanent<br />
selon le vœu de la Constitution en<br />
imposant l’ancien ministre éphémère<br />
de la justice, Josué Pierre-Louis, comme<br />
son Président. L’affaire, on le sait, a vite<br />
pris l’eau et l’intéressé a du s’exiler volontairement<br />
en Europe à titre de Chargé<br />
d’Affaires d’Haïti à Bruxelles. Aucun<br />
de ces CEP n’a pu organiser une élection,<br />
alors que la crise préélectorale qui<br />
n’a cessé de s’amplifier allait déboucher<br />
sur plusieurs Accords politiques mais qui<br />
n’ont jamais été respectés par aucun des<br />
protagonistes.<br />
Suite à la synthèse de divers<br />
pourparlers ayant eu lieu durant ces<br />
quatre années entre le chef de l’Etat et<br />
l’opposition, un énième accord a finalement<br />
été trouvé pour une sortie de crise<br />
dont la formation d’un nouveau CEP<br />
selon l’article 289. Prévu dans le Cahier<br />
des charges du Rapport de la Commission<br />
consultative présidentielle à laquelle<br />
le Premier ministre de facto Evans Paul<br />
faisait partie, cela n’a pas empêché la<br />
constitution du 5e Conseil Electoral Provisoire<br />
de l’ère Martelly d’être très laborieuse.<br />
En fait, cette dernière version<br />
du CEP, si l’on part du principe que le<br />
gouvernement de facto doive aller à son<br />
terme, est le résultat d’un compromis de<br />
divers partis politiques qui ont accepté<br />
une sorte de paix des braves avec le chef<br />
de l’Etat. C’est à la suite de deux, voire<br />
trois accords ayant eu lieu entre décembre<br />
2014 et janvier <strong>2015</strong> entre les différents<br />
acteurs de l’opposition dite modérée<br />
et le Président Martelly que ce CEP<br />
cinquième version a vu le jour.<br />
L’accord final du 11 janvier<br />
<strong>2015</strong> qui devait empêcher le dysfonctionnement<br />
du Parlement avait confirmé<br />
les modalités de la désignation des membres<br />
du CEP comme l’avait prévu le Rapport<br />
de la Commission consultative qui<br />
stipulait qu’un CEP devrait être constitué<br />
selon l’article 289 de la Constitution de<br />
1987, ce qui a toujours été une revendication<br />
de l’opposition dans sa globalité.<br />
Rappelons que selon l’Accord du 11 janvier<br />
<strong>2015</strong>, ce sont les différents secteurs<br />
de la Société civile qui devaient désigner<br />
leurs représentants au CEP dit de consensus<br />
à raison de deux personnalités par<br />
liste qu’ils devaient envoyer au chef de<br />
l’Etat. Celui-ci, une fois l’ensemble des<br />
listes reçu, devait nommer par arrêté présidentiel<br />
les neufs membres qui allaient<br />
constituer le Conseil Electoral Provisoire.<br />
Finalement, ce que les signataires de<br />
l’Accord pensaient qui allait être un jeu<br />
d’enfant a été plus compliqué que prévu.<br />
A part un ou deux secteurs qui n’ont pas<br />
eu de mal à désigner leurs représentants,<br />
tous les autres se sont livrés à une vraie<br />
foire d’empoigne.<br />
Les secteurs des Cultes réformés,<br />
femme, syndical, paysan et vaudou, etc,<br />
tous ou presque se sont entredéchirés<br />
avant de se mettre d’accord sur le ou les<br />
noms à envoyer au Président de la République.<br />
Sans oublier une sorte de confusion<br />
et de cacophonie qu’on a relevée<br />
au sein du secteur vaudou. L’Ati National<br />
du vaudou, Max Beauvoir, qui n’avait<br />
pas compris l’agencement de l’affaire a,<br />
dès le premier jour, désigné deux personnes<br />
et envoyé leurs noms au Président.<br />
Sauf qu’il fallait d’abord discuter<br />
avec le secteur paysan afin de désigner<br />
d’un commun accord les personnes. Finalement,<br />
ils se sont mis d’accord non<br />
sans mal. D’ailleurs, le patron des vodouisants<br />
haïtiens n’a pas compris pourquoi<br />
les négociateurs ont adossé son secteur<br />
avec les paysans. Alors que pour lui,<br />
tous les haïtiens sont les fils et filles ou<br />
descendants des fils et filles du vaudou,<br />
l’un des éléments fondateurs et fédérateurs<br />
de la nation. Le secteur des Cultes<br />
réformés non plus n’a pas été à l’unisson<br />
dans son choix. Une partie de ce secteur<br />
a contesté Max Mathurin, deux fois Président<br />
du CEP, sous prétexte qu’il n’est<br />
pas l’un des leurs. Finalement, celui-ci a<br />
été écarté de la liste.<br />
Mais le pugilat a été plutôt au<br />
sein du nébuleux secteur femmes. Dès le<br />
début, une branche de ce secteur montait<br />
au créneau pour dénoncer ce qu’elle appelle<br />
« la main mise d’une seule catégorie<br />
de femmes » dans les affaires du pays.<br />
D’autres branches reprochent à Anne<br />
Valérie Thimothé Milfort, Coordinatrice<br />
générale du Parti Haïtien Tèt Kale (PHTK)<br />
et chef du cabinet du Président Martelly,<br />
d’accaparer le dossier en désignant une<br />
femme de sa mouvance. Bref, c’est aux<br />
forceps que le secteur femme a fini par<br />
accoucher de Yolette Mengual qui était<br />
déjà membre du CEP sortant. Les femmes<br />
du Président ont gagné. L’ancienne<br />
représentante du Conseil Supérieur du<br />
Pouvoir Judiciaire (CSPJ), qui était déjà<br />
très contestée par l’opposition, a été reconduite<br />
dans ses fonctions au nouveau<br />
CEP sans l’accord de la SOFA (Solidarite<br />
Fanm Ayisyèn) qui dénonçait au passage<br />
la manière dont le processus de vote du<br />
représentant du secteur des femmes au<br />
Conseil Electoral Provisoire (CEP), Mme<br />
Yolette Mengual, s’est déroulé. Du coup,<br />
la SOFA s’est désolidarisée de ce choix<br />
et déclare n’être nullement concernée<br />
par Mme Mengual. Cette militante de<br />
longue date du secteur femme représente<br />
ses congénères et peut-être le Président<br />
Martelly.<br />
Elle est l’une des rares à retrouver<br />
son siège, avec Me Néhémie Joseph qui<br />
a été lui-même désigné par les secteurs<br />
paysans/vaudou. Sinon, sept places ont<br />
été renouvelées. Le secteur presse a jeté<br />
son dévolu sur un journaliste très connu<br />
de la place, Pierre Manigat junior, un ancien<br />
rédacteur en chef du quotidien Le<br />
Nouvelliste. Après bien des polémiques<br />
publiques et de dénonciations réciproques,<br />
les syndicats ont désigné celle qui<br />
apparemment a fait l’unanimité, Lourdes<br />
Judith Joseph, syndicaliste dans le milieu<br />
enseignant. C’est une fonctionnaire<br />
du ministère de l’Education Nationale.<br />
Comme d’habitude, le secteur catholique<br />
s’est rangé derrière ses représentants de<br />
la Conférence Episcopale d’Haïti (CEH)<br />
qui ont fait choix de M. Ricardo Augustin.<br />
Tout comme le secteur des Droits<br />
humains qui n’a pas trop hésité avec<br />
Jaccéus Joseph très peu connu du grand<br />
PAR CES MOTIFS, sur les conclusions conformes du Ministère Public, maintient le<br />
défaut déjà accordé à l’audience du 13 octobre 2014 pour le profit, admet la<br />
demande, tant en la forme qu’au fond ; en conséquence, prononce la dissolution des<br />
liens matrimoniaux existant entre les époux David Hercule la femme née Clermencia<br />
Pierre, pour les motifs susdits ; renvoie la demanderesse par devant l’Officier<br />
d’Etat Civil de la commune d’Aquin, pour le surplus des formalités légales ;<br />
compense les dépens, commet, enfin l’Huissier Fritz Bernard pour la signification du<br />
présent jugement.<br />
Ainsi jugé et prononcé par nous, Michel Claude, doyen; en présence de<br />
Me. Vana Mane, Substitut commissaire du Gouvernement de ce ressort, avec<br />
l’assistance de Jean Claude Novembre, Greffier du siège, en audience ordinaire<br />
civile publique de ce jour 27 Octobre 2014 ; An 211e de l’Indépendance.<br />
Il est ordonné à tous huissiers, sur ce requis, de mettre le présent<br />
jugement en exécution. Aux Officiers du Ministère Public près les tribunaux civils d’y<br />
tenir la main, à tous commandants et autres Officiers de la force publique d’y prêter<br />
main forte lorsqu’ils en seront légalement requis.<br />
En foi de quoi, la minute de la présente décision fut signée du Doyen et<br />
du greffier susdit. Collationnée pour Expédition conforme à la minute.<br />
Maxene Appollon<br />
Officier d’Eta civil de la commune d’Aquin<br />
public.<br />
Comme nous le disons plus haut,<br />
les Cultes réformés, après bien des palabres,<br />
se sont mis d’accord pour présenter<br />
un membre de leur secteur en la personne<br />
de Vijonet Demero connu du milieu protestant.<br />
Pour une fois, le secteur université<br />
ne s’est pas déchiré. En plus, ce secteur<br />
a désigné l’une des personnalités les<br />
plus respectées du secteur universitaire<br />
haïtien. En proposant l’ancienne Ministre<br />
de l’éducation nationale, Lucie Marie<br />
Carmelle Paul Austin, ce choix était incontesté<br />
et incontestable. Tout au moins<br />
sur le plan éthique et moral. Enfin le patronat<br />
haïtien, dans un premier temps,<br />
hésitait entre deux ténors du cercle politique<br />
et mondain de Port-au-Prince. Tout<br />
d’abord Jacques Bernard le tristement<br />
célèbre Directeur du CEP ayant organisé<br />
l’élection présidentielle de 2006. Ensuite<br />
l’incontournable Pierre-Louis Opont, ancien<br />
Directeur et bras droit du non moins<br />
célèbre Gaillot Dorsainvil, Président du<br />
CEP des élections de 2010-2011.<br />
En fin de compte, c’est Pierre-Louis<br />
Opont qui devait représenter le secteur<br />
patronal. Neuf membres au total pour<br />
un organisme électoral qui a toujours<br />
été à l’origine de toute crise politique en<br />
Haïti depuis près de trente ans. Et cette<br />
dernière version sous la présidence du<br />
pouvoir Tèt Kale, par le fait même qu’elle<br />
est encore provisoire et mise en place<br />
dans cette conjoncture de crise, ne lui garantit<br />
point un avenir meilleur. Pour commencer,<br />
on a vu combien il était difficile<br />
pour les acteurs de parvenir à ce CEP que<br />
certains refusent de qualifier de consensus.<br />
Le cafouillage du mercredi 21 et du<br />
jeudi 22 janvier <strong>2015</strong> de la présidence<br />
de la République sur l’installation des<br />
membres du CEP est le signe de la tension<br />
existant entre le Président Martelly<br />
et les partis politiques partenaires qui ont<br />
négocié avec lui. Trois à quatre communiqués<br />
du Service de communication et<br />
de presse de la présidence de la République<br />
sur le même sujet soit pour inviter,<br />
soit pour annuler, soit pour confirmer la<br />
cérémonie de l’installation des membres,<br />
cela porte à se poser des questions. Il y<br />
a aussi la méfiance de certains secteurs<br />
qui n’ont pas été sollicités pour désigner<br />
de représentants. Mais même parmi les<br />
secteurs qui ont œuvré pour ce CEP, le<br />
doute persiste.<br />
La présence de certains Conseillers<br />
au sein de cet organisme très fragile sur<br />
le plan institutionnel demeure aussi un<br />
handicap et favorise la suspicion et le<br />
doute sur la partialité de certains. Si tous<br />
ont été désignés par un secteur bien identifié<br />
de la société, la plupart d’entre eux<br />
ont eu leur sésame grâce à la volonté<br />
du Président de la République qui avait<br />
la charge de faire un tri sur les listes qui<br />
comportaient deux noms. Mais la surprise<br />
vient de l’élection de Pierre-Louis<br />
Opont à la tête de ce CEP. En effet, tout<br />
juste après l’installation officielle des 9<br />
membres par le Premier ministre de facto,<br />
Evans Paul, le vendredi 23 janvier <strong>2015</strong>,<br />
les Conseillers ont procédé à la formation<br />
de la direction du CEP. Ainsi, Pierre<br />
Manigat Junior a été élu vice-Président,<br />
Vijonet Demero se voit confier le secrétariat<br />
général, Ricardo Augustin en devient<br />
trésorier, une place stratégique. C’est<br />
lui et le Président du Collège électoral qui<br />
auront la charge de la gestion de tous les<br />
fonds destinés au fonctionnement et surtout<br />
à la réalisation de tous les scrutins y<br />
compris l’élection présidentielle au cours<br />
de l’année <strong>2015</strong>. Enfin, la présidence du<br />
Conseil Electoral Provisoire.<br />
Si l’élection de M. Opont n’a pas<br />
été contestée, elle n’est néanmoins pas<br />
passée inaperçue dans les milieux politiques<br />
en particulier et du pays en général.<br />
Pierre-Louis Opont que la rumeur<br />
laisse entendre être un pion de la Communauté<br />
internationale fut l’un des hommes<br />
forts du CEP dirigé par Gaillot Dorsainvil<br />
connu pour être au cœur d’un vaste<br />
mouvement de corruption et de fraudes<br />
électorales au sein de cet organisme durant<br />
la période de 2010-2011. A l’époque<br />
Directeur général, donc très proche du<br />
Président de l’institution, Pierre-Louis<br />
Opont était au cœur du système Gaillot et<br />
d’une élection qui n’a point fait honneur<br />
ni à l’ex-Président ni à l’ex-Directeur ni<br />
même à l’institution électorale. Certes,<br />
les accusations contre Gaillot Dorsainvil<br />
ne concernaient pas directement l’ex-Directeur<br />
du CEP. Néanmoins, sa présence<br />
à divers moments au Palais de justice de<br />
Port-au-Prince dans le cadre de cette affaire<br />
de corruption et d’élections truquées<br />
n’est vraiment pas passée inaperçue.<br />
Pourtant, malgré les soupçons<br />
qui pèsent sur l’ex-responsable des<br />
Opérations Electorales, non seulement<br />
les patrons haïtiens ont porté leur confiance<br />
sur lui, mais il réussit l’exploit<br />
de se faire élire par ses pairs Président<br />
de l’institution électorale. En tout cas,<br />
vu que Pierre-Louis Opont n’a jamais<br />
été condamné et même s’il ne bénéficie<br />
d’aucun non lieu non plus, le nouveau<br />
Président du Conseil Electoral Provisoire<br />
demeure blanc comme neige devant<br />
une justice haïtienne dont on connaît la<br />
légendaire lenteur avec l’enquête qui se<br />
poursuit perpétuellement. Une lourde responsabilité<br />
repose donc sur les épaules<br />
de cet homme qui, en dépit de tout, a une<br />
parfaite connaissance des rouages de cet<br />
Suite à la page (6)<br />
PAR CES MOTIFS, le Tribunal après en avoir délibéré au vœu de la loi, dit que<br />
la dame Noeline Georges a été effectivement troublée dans sa possession ;<br />
ordonne en conséquence son maintien possessoire immédiat sur les trois<br />
portions de terre envahies, situées à Abraham, zone Batado, 4e section<br />
communale de Miragoâne ; accusant une superficie d’un carreau et<br />
soixante-seize centième de carreau de terre ; Fait injonction aux cités de ne<br />
plus troubler tant à présent qu’à l’avenir la possession de la dame Noeline<br />
Georges ; condamne les défendeurs solidairement à 20.000 gourdes de<br />
dommages et intérêts et les condamne aux frais et dépens ; commet l’huissier<br />
Mikerlange Pierre pour la signification de la présente sentence.<br />
Ainsi jugé et prononcé par nous, Me. Mozau Josier, Juge en audience Civile<br />
et publique du jeudi neuf (09) octobre deux mille quatorze (2014) avec<br />
l’assistance du sieur Jean Jude Scipion, Greffier du siège ; Il est ordonné à<br />
tous huissiers sur ce requis de mettre la présente sentence à exécution ; aux<br />
Officiers du Ministère Publique près le Tribunal de Première Instance de<br />
Miragoâne d’y tenir la main, à tous commandants et autres Officiers de la<br />
force publique d’y prêter main forte lorsqu’ils en seront légalement requis.<br />
En foi de quoi, cette présente sentence est signée de me.<br />
Mozau Josier et du sieur Jean Jude Scipion, greffier du siège.<br />
Me. Jean Jude Scipion, Greffier<br />
Me Anthony PETIT-FRERE, Av.<br />
Vol. 8 • No. 30 • Du 4 au 10 <strong>Fevrier</strong> <strong>2015</strong><br />
<strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times<br />
3
Grève :<br />
Entente de la honte !<br />
Un accord pour la levée de<br />
la grève des enseignants<br />
Par Thomas Péralte<br />
Par Isabelle L. Papillon<br />
La grève a été respectée totalement, les rues vides<br />
sans les voitures de transportation<br />
La baisse des prix des produits pétroliers<br />
sur le marché international,<br />
depuis un certain temps, n’a eu aucun<br />
effet positif sur le marché national<br />
haitien. Au moment où l’on est en<br />
train de rédiger ce papier, le prix d’un<br />
baril de pétrole qui se vendait à 115<br />
dollars US est passé à 40 dollars sur<br />
le marché international, notamment<br />
les Etats-Unis. Dans le cas d’Haïti,<br />
le pays fournisseur n’est autre que<br />
le Venezuela où le baril de pétrole se<br />
vend à 39.54 dollars. Selon l’Accord<br />
Pétro-Caribe signé le 14 mai 2006 entre<br />
le président d’alors René Préval,<br />
fraichement installé à son poste et le<br />
Venezuela, celui-ci acceptait de vendre<br />
à Haïti du carburant à un tarif préférentiel,<br />
mais également à crédit, allant<br />
sur une période de 25 ans avec 2<br />
ans de grâce. Le peuple haïtien, parait-il,<br />
le peuple le plus appauvri aux<br />
yeux du monde entier, victime d’une<br />
catastrophe naturelle et humaine, ne<br />
bénéficie toujours pas des avantages<br />
accordés par le projet Pétro-Caribe.<br />
Le gallon d’essence qui se<br />
vend à moins de 2 dollars aux Etats-<br />
Unis, à moins d’un dollar au Venezuela<br />
et à moins de 3 dollars en République<br />
Dominicaine, pays limitrophe<br />
d’Haïti, se vend en Haïti à 5 dollars.<br />
Au cours de l’année 1995, un accord a<br />
été conclu entre les acteurs concernés<br />
et les autorités d’alors, relatif au tarif<br />
des produits pétroliers. Les clauses de<br />
l’accord ont clairement indiqué que<br />
lorsque le prix du carburant baisse sur<br />
le marché international, il subit également<br />
une baisse sur le marché national.<br />
Mais voici que les détenteurs<br />
du pouvoir en Haïti aujourd’hui ne le<br />
respectent pas.<br />
C’est la raison pour laquelle<br />
la Coalition Nationale des Syndicats<br />
des Transporteurs Haïtiens (CNSTH)<br />
a lancé deux journées de grève<br />
d’avertissement, le lundi 2 et mardi 3<br />
février <strong>2015</strong> pour forcer le gouvernement<br />
de facto Martelly-Paul à réviser<br />
à la baisse les prix des produits pétroliers<br />
sur le marché local. Ce mot<br />
d’ordre de grève baptisé « la rue<br />
blanche », qui a trouvé l’appui de la<br />
majorité de la population a été un succès<br />
total le premier jour. Toutes les activités<br />
ont été paralysées à la capitale<br />
et dans plusieurs villes de province,<br />
surtout dans le secteur du transport en<br />
commun. Des bandits légaux tètkale<br />
rose intégrés dans des unités de la Police<br />
Nationale d’Haïti ont ouvert le feu<br />
à hauteur d’homme sur des passants<br />
au bord de la rue et qui observaient.<br />
Plusieurs personnes ont été victimes.<br />
La Police a procédé à plusieurs arrestations,<br />
surtout à Delmas 33, au<br />
niveau de Gerald Bataille.<br />
A la surprise de tout le monde,<br />
sans faire le bilan de la journée de la<br />
grève, des responsables syndicaux qui<br />
avaient lancé ce mot d’ordre de grève<br />
de deux jours sont allés s’asseoir avec<br />
le gouvernement dans la soirée même<br />
du lundi. Selon ce qu’ils rapportent,<br />
une entente a été trouvée entre les<br />
responsables syndicaux et le gouvernement<br />
qui a consenti à baisser le<br />
prix du gallon d’essence de seulement<br />
quelques gourdes. Ainsi, le gallon de<br />
gazoline qui se vendait à 215 G passe<br />
maintenant à 195 G, une diminution<br />
de 20G ; le diesel passe de 177 G à<br />
157 G, une diminution de 20 G ; le<br />
kérosène passe de 171 G passe à 156<br />
G, une diminution de 15 G. Alors que<br />
les responsables syndicaux et la population<br />
revendiquaient une baisse de<br />
100 G sur tous les produits. Le gallon<br />
de gazoline qui se vendait à 215<br />
G devrait passer à 120 G ; le diesel de<br />
177 G à 77 G et le kérosène de 171<br />
G à 71 G. Selon le gouvernement, les<br />
dispositions de cette entente seront effectives<br />
le vendredi 6 février prochain.<br />
Cette négociation maladroite et<br />
méchante a jeté beaucoup de confusion<br />
et d’émoi au sein de la population<br />
et soulève des mécontentements dans<br />
divers secteurs de la population. Dire<br />
que la grève a été largement observée<br />
dans la matinée du mardi avec ralentissement<br />
des activités. Les écoles ne<br />
fonctionnaient pas et la circulation des<br />
véhicules a été très fluide tout au cours<br />
de la journée de ce mardi. La population<br />
était bien décidée à se serrer les<br />
reins pour observer ce mot d’ordre<br />
de grève un deuxième jour. Mais les<br />
responsables des syndicats jaunes cédant<br />
aux faveurs et à la corruption en<br />
ont décidé autrement.<br />
C’est regrettable, une fois de<br />
plus, pour ceux d’un certain secteur<br />
qui se faisaient passer comme leaders,<br />
notamment dans la diaspora. De<br />
toute façon, la mobilisation se poursuit<br />
pour forcer le gouvernement de<br />
facto Martelly-Paul à baisser les prix<br />
des produits pétroliers sur le marché<br />
pour que les prix des autres produits<br />
baissent. Quand les prix du carburant<br />
baissent sur le marché, cela entraine<br />
automatiquement une baisse du coût<br />
de la vie et produit un impact positif<br />
sur l’environnement du pays déjà dégradé<br />
avec une couverture végétale de<br />
moins de 2%.<br />
De plus, la loi de l’offre et de la<br />
demande qui fait croire que c’est le<br />
marché qui détermine les prix n’a pas<br />
été respectée en Haïti, à un moment<br />
où le néo-libéralisme arrive même à<br />
supplanter la souveraineté nationale<br />
dans son application.<br />
On doit se rappeler qu’en<br />
2002, sans l’accord Petro-Caribe, le<br />
pouvoir Lavalas acceptait de réduire<br />
les marges de profits réalisés sur les<br />
produits pétroliers, pour porter le gallon<br />
de l’essence à se vendre à 35<br />
gourdes. Ce que le pouvoir tètkale<br />
néo-duvaliériste-GNBiste, Martelly-<br />
Paul a refusé de faire. Il a voulu à tout<br />
prix, maintenir le prix du carburant<br />
à un niveau élevé, 215 gourdes sur<br />
le marché, en dépit de la baisse considérable<br />
sur le marché international<br />
et malgré l’accord Pétro-Caribe. En<br />
tant que produit transversal, le prix<br />
du carburant, en hausse ou en baisse<br />
joue un rôle important dans la vie<br />
quotidienne de la population toute<br />
entière et de son environnement.<br />
Haïti importe du Venezuela 14<br />
milliers de Barils de Pétrole par jour,<br />
pour alimenter plus de 500 mille véhicules,<br />
des centrales électriques, des<br />
milliers de génératrices entre autres.<br />
Ce pétrole constitue également une alternative<br />
au charbon de bois servant<br />
à la cuisson familiale. Par conséquent,<br />
la baisse du prix du carburant a un<br />
impact positif sur l’environnement<br />
du pays, notamment en diminuant<br />
la coupe d’arbres pour faire du charbon.<br />
Donc, la baisse du prix des<br />
Depuis le début du mois de janvier,<br />
une grève des enseignants ravageait<br />
les écoles publiques du pays.<br />
Pour mettre un terme à ce mouvement,<br />
le ministre de l’éducation nationale et<br />
de la formation professionnelle (Menfp)<br />
Nesmy Manigat vient de signer avec les<br />
dirigeants des syndicats d’enseignants<br />
un accord de 13 points pour la levée de<br />
leur grève, le 30 janvier écoulé ; mais<br />
cet accord n’a pas fait l’unanimité ; vu<br />
que certains syndicats sont toujours insatisfaits.<br />
Josué Mérilien le coordonnateur<br />
de l’Union des normaliens haïtiens<br />
(Unnoh) a signalé : avec la signature de<br />
cet accord de 13 points « les membres de<br />
la plateforme haïtienne des organisations<br />
éducatives devraient recommencer à dispenser<br />
les cours »<br />
Il a été convenu entre les membres<br />
de la plateforme qu’une trêve sera<br />
observée moyennant que l’État communique<br />
des délais clairs pour la satisfaction<br />
de leurs revendications, explique<br />
Mérilien. Les syndicats d’enseignants, le<br />
ministère de l’éducation et les observateurs<br />
qui étaient présents au cours de la<br />
rencontre devront se rencontrer chaque<br />
mois pour évaluer l’application des différents<br />
arrêtés.<br />
Dans le cadre de l’application de<br />
l’accord, beaucoup d’actions devraient<br />
être posées au cours du mois de février.<br />
D’abord le ministère doit procéder à la régularisation<br />
de la situation de 2 500 personnes<br />
dont 2 200 enseignants et 300<br />
membres du personnel de soutien ayant<br />
leurs lettres de nomination en main. Ces<br />
derniers recevront leurs chèques au mois<br />
de mars.<br />
Les enseignants nommés, mais<br />
qui ne reçoivent pas leurs chèques seront<br />
intégrés au fur et à mesure à raison de<br />
500 par mois. Au total, ils sont 6 000 enseignants<br />
et personnels de soutien. Ceux<br />
qui exercent sans lettre de nomination<br />
seront régularisés également.<br />
Ensuite, la carte avantage enseignant<br />
sera disponible dès le mois de<br />
février. Celle-ci devrait permettre aux<br />
enseignants d’avoir accès au crédit à des<br />
taux préférentiels. Cette initiative marche<br />
de pair avec la création d’un fonds de garantie<br />
aux crédits.<br />
Dans un délai de 8 jours à partir de<br />
la signature de l’accord, la grille salariale<br />
actuellement acceptée par les syndicats<br />
sera transmise au gouvernement pour<br />
suites administrative et légale.<br />
Tout agent du Menfp devra disposer<br />
d’une carte lui donnant accès à<br />
des soins de santé de qualité. Ce sera une<br />
démarche interinstitutionnelle regroupant<br />
également des représentants de syndicats.<br />
Autre initiative à entreprendre :<br />
l’intégration de nouveaux enseignants<br />
produits pétroliers sur le marché national<br />
proportionnellement à celle<br />
du prix sur le marché international,<br />
c’est-à-dire entre 50 à 60% est une<br />
nécessité pour soulager la misère<br />
du peuple haïtien et la protection de<br />
l’environnement. Par contre, le pouvoir<br />
anti-peuple Martelly-Paul tente<br />
d’abaisser la grogne de la population<br />
en soudoyant quelques syndicats<br />
jaunes représentés par des magouilleurs<br />
de grand chemin à savoir :<br />
Montès Joseph, directeur de Services<br />
Plus, placé sous tutelle du Ministère<br />
de l’Economie et des Finances, Paul<br />
Loulou Chéry, employé du gouvernement<br />
tètkale à travers divers<br />
ministères, notamment le Ministère<br />
des affaires Sociales et du Travail et<br />
ex-membre de la Commission consultative<br />
présidentielle, coordonnée par<br />
Réginald Boulos, un politicien traditionnel<br />
réactionnaire (rat-dokale),<br />
Evans Paul à la tête d’un gouvernement<br />
de facto et Fignolé Saint-Cyr,<br />
patron de la CATH, sont les meilleurs<br />
outils de combines avec les patrons<br />
et l’Etat pour maintenir les ouvriers<br />
haïtiens dans un système d’esclavage<br />
déguisé grâce à un salaire de misère.<br />
Mais quel a été le rôle de Duclos<br />
Benissoit, membre influent de Fanmi<br />
Le ministre de l’éducation nationale<br />
et de la formation professionnelle<br />
Nesmy Manigat<br />
Josué Mérilien le coordonnateur<br />
de l’Union des normaliens haïtiens<br />
(Unnoh)<br />
dans le système en fonction des besoins<br />
d’heures de cours en salle de classe dans<br />
les écoles publiques. Ceci sera précédé<br />
d’un inventaire du nombre d’heures<br />
de cours effectivement presté dans ces<br />
établissements.<br />
Les signataires du présent document<br />
auront à s’assurer que les heures<br />
de cours payées par le Menfp soient<br />
réellement dispensées, et travailler à<br />
l’établissement et l’exécution d’un plan<br />
de renforcement du secteur et des syndicats.<br />
Le Ministère devra trouver des ressources<br />
financières additionnelles, dans<br />
un délai ne dépassant pas un mois, pour<br />
répondre aux revendications des éducateurs.<br />
Tous les accords paraphés avec les<br />
divers syndicats d’enseignants viendront<br />
former un seul corpus.<br />
Les parties seront présentes dans<br />
toutes les négociations liées au suivi<br />
et veilleront à définir les modalités de<br />
l’application de chaque point de l’entente.<br />
Par ailleurs, le ministère a, dans un<br />
communiqué, annoncé qu’il va organiser<br />
des cours de rattrapage pour tous les<br />
élèves qui n’ont pas pu suivre des cours<br />
pendant la grève des enseignants. Ainsi,<br />
le ministère fera appel aux jeunes terminant<br />
dans les universités publiques et<br />
privées à s’impliquer dans cet immense<br />
mouvement patriotique. Il a aussi lancé<br />
le 30 janvier <strong>2015</strong> un cri d’alarme dans<br />
une lettre ouverte aux parents intitulée :<br />
« Sauvons l’année scolaire »<br />
Lavalas, l’un des signataires de la<br />
note conjointe des syndicats appelant<br />
à deux journées de grève des transports<br />
dans le pays les lundi et mardi 2<br />
et 3 Février pour forcer l’Etat haïtien<br />
à consentir une baisse substantielle<br />
sur le prix de l’essence à la pompe ?<br />
Il était également présent à la Primature,<br />
négociant avec le pouvoir qui<br />
finalement tard dans la nuit du lundi,<br />
peu avant minuit a accouché de cette<br />
« entente de la honte » au détriment<br />
du peuple haïtien ? Bénissoit, vous<br />
avez la parole.<br />
De toute façon la population<br />
a pris acte. Le peuple commence à<br />
identifier tous ses ennemis d’ici et<br />
d’ailleurs : dans les partis politiques,<br />
les organisations dites populaires,<br />
les syndicats et également dans les<br />
medias. Les forces réactionnaires et<br />
anti-changements sont partout. Le<br />
moment est donc venu pour que le<br />
peuple prenne son destin en main<br />
afin de changer l’ordre injuste des<br />
choses. Il ne faut pas compter sur les<br />
faux leaders et les faux démocrates,<br />
l’on ne doit compter que sur ses propres<br />
forces. En avant ! En avant ! En<br />
avant !<br />
Mobilisons-nous contre cette<br />
entente de la honte !<br />
4 <strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times<br />
Vol. 8 • No. 30 • Du 4 au 10 <strong>Fevrier</strong> <strong>2015</strong>
Twa Fèy, Twa Rasin O!<br />
De l’homo erectus à l’homo politicus bacouloutus<br />
Par Fanfan la Tulipe<br />
Le politicien véreux est un animal<br />
dont il faudrait décidément soit étudier<br />
le fonctionnement cérébral, grâce<br />
aux informations fournies par des<br />
électrocardiogrammes répétés, soit<br />
décrypter le génome, pour tenter de<br />
comprendre la complexité cérébro-chromosomale<br />
d’un tel hominidé. Cet humanoïde<br />
pas mal bizarre semble avoir<br />
échappé au développement normal de<br />
l’évolution qui a fait progresser l’espèce<br />
humaine du stade d’australopithecus<br />
afarensis à celui d’homo sapiens sapiens.<br />
Il est tout à fait possible que juste<br />
avant le stade d’homo erectus, une anomalie<br />
de l’embryogénèse ait conduit à<br />
un éclatement de la séquence des acides<br />
aminés entrant dans la formation des<br />
gènes humains, ce qui à travers les<br />
siècles aurait donné naissance à cette<br />
forme humanoïde aberrante : l’homo<br />
politicus bacouloutus. On peut supposer<br />
que glycine, alanine, cystéine, histidine,<br />
leucine, méthionine, proline, pyrrolysine,<br />
valine, sérine et autres acides aminés<br />
dont l’«érectine« et la «politicine»,<br />
ont dû se combiner de façon anarchique<br />
et aberrante pour produire une variante<br />
assez bizarre de l’espèce humaine : l’homo<br />
politicus bacouloutus.<br />
Une telle aberrante anomalie de<br />
l’embryogenèse expliquerait l’impossibilité<br />
pour l’animal politicien de se tenir<br />
erectus, de se tenir droit, moralement<br />
droit. Il lui faut toujours gesticuler, mentir,<br />
faire semblant, donner le change, se<br />
contorsionner, bluffer, duper, tromper,<br />
mystifier. Il lui arrive souvent de s’aplatir,<br />
de se punaiser pour donner un sens<br />
à son existence. Galvaudant, prostituant<br />
la formule latine forgée par le philosophe<br />
René Descartes : Cogito, ergo<br />
sum (Je pense, donc je suis), le bacouloutus<br />
préfère la formule : je gesticule,<br />
donc je suis ; je mens, donc je suis ; je<br />
mystifie, donc je suis ; je m’aplatis, donc<br />
je suis ; je bacouloute, donc je suis.<br />
Les prototypes de cette forme humaine<br />
inaccomplie, très imparfaite, ont<br />
des caractéristiques assez particulières.<br />
L’une d’entre elles est la dolichodactylie,<br />
un terme scientifique pour dire que<br />
les bacoulouti ont les doigts longs. Les<br />
doigts sont assez longs qu’ils peuvent<br />
traverser la frontière haïtiano-dominicaine<br />
pour aller tripatouiller les fonds et<br />
bas-fonds maffieux de la république voisine.<br />
Souvent, à l’état dolichodactylique<br />
s’ajoute la polydactylie, la présence<br />
anormale de doigts surnuméraires, auquel<br />
cas il s’agit d’une dolichopolydactylie<br />
tripatouillante. Plus il y a de doigts,<br />
plus le tripatouillage s’avère profitable,<br />
avantageux, rémunérateur.<br />
Un autre trait distinctif de l’homo<br />
politicus bacouloutus c’est justement…<br />
la bacoulouterie. Le bacoulou, ou la<br />
bacouloute, n’a pas froid aux yeux. Par<br />
exemple, quoique ignorant tout de la<br />
paysannerie, et en complicité avec des<br />
fèzè, il forgera de toute pièce un pseudo<br />
parti politique qu’il n’hésitera pas à affubler<br />
du nom de Zafè peyizan. Ala zafè !<br />
Un pays latino-américain frère donnet-il<br />
un avantage pétrolier fiscal sous le<br />
parapluie régional de GAZOCARIBE, le<br />
voilà qui se met à siphonner l’argent<br />
pour le partager avec ses petits copains<br />
et petites copines. Il passe le plus<br />
clair de son temps entre des voyages<br />
dispendieux et des carnavals de pacotille<br />
pour la plus grande satisfaction de son<br />
ego, ce qui lui donne l’excuse de n’avoir<br />
pas le temps d’organiser les élections<br />
selon …les vœux de la Constitution.<br />
Un ministre bacouloutus peut<br />
avoir reçu de l’argent provenant d’un<br />
autre pays frère, à titre de dédommagement<br />
pour abus de toutes sortes faits à<br />
des Haïtiens par ses ressortissants. Le<br />
mec, faisant usage de ses doigts surnuméraires,<br />
commence par diriger le magot<br />
vers une destination inappropriée<br />
que gère un complice dolichodactyle.<br />
Puis, dissimulé dans l’ombre opaque de<br />
la corruption, il trouve un alibi pour détourner<br />
le pognon de façon «légitime».<br />
En effet, il y a tout près de sa villa, sur<br />
les hauteurs, une favela nommée Persiennes.<br />
Que fait-il ?<br />
Il décide d’apporter de la couleur,<br />
de la joie, de la lumière à ce bidonville<br />
maudit. Il fait peindre les maisons aux<br />
mille couleurs d’un arc-en-ciel de bacoulouterie.<br />
Chaque marmite de peinture<br />
coûtant la bagatelle de… cinq mille<br />
dollars, on peut imaginer que l’argent<br />
du dédommagement n’a même pas<br />
suffi. Le ministre bon papa, au risque<br />
même de s’appauvrir, pousse la générosité<br />
jusqu’à sacrifier deux mois de son<br />
salaire pour poursuivre la campagne de<br />
«peinturage» jusqu’au bout et ainsi illuminer<br />
l’existence des riverains de Persiennes.<br />
Ala yon bon minis !<br />
Le bacouloutus n’a pas son pareil<br />
dans l’art de se faufiler. Dans le domaine<br />
de la faufilanterie, il passe d’un parti<br />
politique à l’autre, comme il change de<br />
chemise. Il ira jusqu’à ramper, s’abaisser,<br />
s’aplatir, se punaiser, s’écraser, juste<br />
pour plaire au chef. Du haut de sa médiocrité<br />
morale, il peut se lâcher et traiter<br />
les petites gens de n’importe quoi :<br />
bestiole, bèt limon, punaise, chétif insecte,<br />
blatte, excrément de la terre. On<br />
a l’impression qu’il se regarde chaque<br />
matin dans un miroir. Il voit ce à quoi il<br />
ressemble, il l’intériorise. Dès lors, il est<br />
assuré que s’il ressemble à une ravèt,<br />
d’autres doivent lui ressembler forcément.<br />
Ce sont là de sales «ravetteries»<br />
propres au bacouloutus.<br />
L’audace du bacouloutus est<br />
sans bornes. Il peut être du gouvernement,<br />
très proche du cercle intime du<br />
chef. C’est un goinfre pareil aux autres<br />
bâfreurs qui s’alimentent à la mangeoire<br />
de l’État. Il peut même être de mèche<br />
avec un voyou, pour des affaires très<br />
louches, sous couvert d’être le copropriétaire<br />
d’un restaurant huppé. Pourtant,<br />
un beau matin, de concert avec son<br />
clan d’imposteurs et de menteurs, on le<br />
trouve dans les rangs de l’opposition.<br />
Comme un cheveu sur la soupe, haut<br />
en gueule, il déambule par les rues de<br />
la capitale au sein d’une grande manifestation.<br />
«Caméléonnement», il devient<br />
opposant et demande la tête d’un grand<br />
vaurien, le Premier parmi d’autres vauriens.<br />
On ne s’en étonne guère puisqu’il<br />
appartient à l’espèce politicus, sous-espèce<br />
cameleonus. L ap regle zafè l.<br />
Le labyrinthe mental de l’homo<br />
politicus est assurément impénétrable<br />
d’autant qu’on risquerait de s’y perdre.<br />
Ainsi, pour protester et pester contre les<br />
agissements du pouvoir, de la classe<br />
politique, de la société civile qu’il juge<br />
timorés, pusillanimes, kazwèl, un<br />
politicus fringant et «brigand» décide<br />
de lever le défi, de se démarquer de la<br />
kazwèltude ambiante. Il commence une<br />
grève de la faim. De leur côté, les gens<br />
au pouvoir se réjouissent de cette bravade<br />
qui – ils en sont certains – finira en<br />
queue de poisson.<br />
La presse est sur les dents, le parlement<br />
est en émoi, l’homme perd du<br />
poids, il occupe un lit d’hôpital, il est<br />
sous perfusion glucosée-vitaminée, curieusement<br />
les défenseurs des droits de<br />
l’homme ne s’en émeuvent guère, d’autant<br />
que les mauvaises langues disent<br />
que le gréviste mange en cachette, un<br />
médecin complaisant se prête au jeu,<br />
le pouvoir pour sa part attend la fin de<br />
tous les denden, pour ne pas dire la fin<br />
de celui qui est à leurs yeux un sendenden.<br />
Finalement, le mec se rend compte<br />
que son truc politicus n’a pas marché :<br />
il enfile son pantalon devenu trop grand<br />
pour lui, se retire sur la pointe des pieds,<br />
amaigri, dekrenmen, la queue du poisson<br />
sous les bras.<br />
L’homo politicus peut étonner<br />
plus d’un par ses attributs presque<br />
mystiques. Ainsi, il peut disparaître,<br />
comme cela a été le cas pour un type<br />
bien connu du milieu bacouloutus. C’est<br />
un don assez rare, celui de la disparition<br />
spontanée, par opposition à la disparition<br />
provoquée. Le «disparu» n’a laissé<br />
aucune trace. On croit l’avoir aperçu à<br />
l’arrière d’un taxi-moto, près d’une station<br />
d’essence, au détour d’une route<br />
poussiéreuse menant à un houmfort,<br />
mais ce ne sont racontars, commérages,<br />
bavardages, clabaudages. La police ne<br />
mène même pas d’enquête compte tenu<br />
de la troublante «mysticité» de la disparition,<br />
d’autant que «le mal existe».<br />
L’homo politicus peut avoir une<br />
marotte, une idée fixe, un dada, un violon<br />
d’Ingres, une trompette de Jéricho,<br />
un tanbou asotò, un lanbi de rassemblement,<br />
bref, une obsession dont il<br />
n’arrive pas à s’en défaire. Ainsi : conférence<br />
nationale des partis politiques,<br />
troisième voie, chef de file de l’opposition<br />
modérée, tabula rasa, renmen Ayiti<br />
sont autant d’expressions qui traduisent<br />
l’obsession marottante : tout un malêtre<br />
en vérité. Mais quand deux cordes<br />
du violon sont cassées, que la trompette<br />
n’arrive à faire tomber aucun mur, que<br />
le cuir du tambour est tout défripé, le<br />
lanbi de plus en plus lugubre ne rassemble<br />
plus personne.<br />
Récemment, on a vu avec stupeur<br />
un homo politicus bacouloutus<br />
pris d’un soudain accès de grandeur<br />
premier-ministérielle. Il s’agit manifestement<br />
d’une crise de folie, parce qu’on ne<br />
se débarrasse pas, d’un revers de main,<br />
d’un passé politique de combat pour se<br />
faire le paillasson d’une bête sauvage<br />
encore mal apprivoisée. Le couillon s’est<br />
jeté dans la gueule d’un animal pourvu<br />
de fausses dents, d’un râtelier made in<br />
USA. Déjà il commence à se faire broyer,<br />
car il ne peut pa pip tabak.<br />
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Le comble c’est l’homo politicus<br />
bacouloutus qui profite de son pouvoir<br />
de chef pour harasser les femmes<br />
qui travaillent dans l’institution qu’il<br />
dirige. La rumeur veut que tel forcené<br />
circule dans l’établissement dont il est<br />
le directeur avec une pantalèt rouge à<br />
dentelles blanches entre les dents : sa<br />
façon d’exprimer des pulsions kadéjaquantes<br />
inassouvies. On rapporte<br />
même que l’animal aurait un jour pris<br />
le mors aux dents, à la vue d’une toute<br />
jeune employée portant jupe courte et<br />
corsage entrouvert exposant ses deux<br />
belles sapotilles. Pris d’un rut politicus,<br />
le cochon se précipita, tête baissée, en<br />
direction de «la chose».<br />
La fille, vive comme l’éclair,<br />
esquiva la «tête chercheuse» du malotru<br />
qui alla cogner un des murs de la<br />
salle. Éclat de rires joyeux de ces dames,<br />
branle-bas de joie dans l’institution, zen<br />
fusant à bâbord et à tribord, quolibets<br />
salaces, plaisanteries grivoises, bosse<br />
dégoulinant du sang au front du cochon,<br />
honte à peine voilée du délinquant, bref,<br />
un spectacle tout à fait digne du théâtre<br />
de Languichatte Débordus, Jessifra ou<br />
Tonton Bicha.<br />
La mésaventure cognante fut rapportée<br />
au chef qui éclata d’un grand rire<br />
gras. Un rire fou, un rire de bacoulou,<br />
un rire de voyou, comme pour dire : un<br />
taureau pareil, je le garde près de moi. Il<br />
va être mon meilleur conseiller…<br />
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Vol. 8 • No. 30 • Du 4 au 10 <strong>Fevrier</strong> <strong>2015</strong><br />
<strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times<br />
5
Kwonik Kreyòl<br />
Ki valè dwa demokratik an Ayiti?*<br />
Toujou gen rapò ant dwa demokratik<br />
akrejim politik ki tabli anndan yon<br />
sosyete. An Ayiti , kont revolisyon oktòb<br />
1806 la te vire do bay tout valè demokratik<br />
revolisyon 1791-1804 la t ap<br />
charye. Depi lè sa a, oligachi ayisyen<br />
an, pandan de syèk, amize l ap fotokopye<br />
konstitisyon demokratik peyi<br />
kapitalis endistriyèl yo, anndan yon<br />
ekonomi ki gen yon karaktè feyodal,<br />
pandan mas popilè yo anba yon rejim<br />
apatèd. Nan lespas de syèk, oligachi a<br />
fè vennsis konstitisyon swadizan demokratik<br />
ki te sèvi dekorasyon sou<br />
devanti systèm feyodal la. Ositou ,anvan<br />
16 desanm 1990, pa janm genyen<br />
yon grenn eleksyon demokratik an<br />
Ayiti.<br />
Nou konnen kisa lame an Ayiti te<br />
fè ak eleksyon desanm 1990 la! Poutan,<br />
te gen konstitisyon “demokratik” 1987<br />
la ki, menm jan ak konstitisyon anvan<br />
yo, te aliyen tout dwa fondamantal sitwayen<br />
ayisyen yo: dwa pou yo viv epi<br />
viv an sante, dwa pou yo gen libète endividyèl,<br />
dwa pou yo pale ak ekri lib e libè,<br />
dwa pou yo pratike relijyon yo vle selon<br />
konsyans yo, dwa pou yo reyini osnon<br />
san antrav, dwa pou yo travay, dwa pou<br />
yo jwenn edikasyon nan bon jan lekòl,<br />
dwa pou mennen aktivite yo an sekirite,<br />
dwa pou yo posede pwopriyete.<br />
Vennkat lane apre koudeta 30 septann<br />
1991 la bagay yo pa chanje. Lennmi<br />
anndan kou deyò angaje nan yon<br />
ofansiv san pran souf pou demantibile<br />
mouvman popilè ki te mennen dechoukaj<br />
diktati a. Jounen jodi a tout endikatè<br />
politik yo ap voye siyal pou di nou fachis<br />
yo ap repran grad anndan nouvo<br />
pouvwa a, pandan majorite moun nan<br />
popilasyon an toujou nan malsite. Pi fò<br />
sitwayen pa kapab jwenn laswenyay<br />
avèk yon doktè pou di mil moun.Yo pa<br />
jwenn bon kalite ansèyman pou pitit<br />
yo paske sa koute chè, volim travayè<br />
ki nan chomaj tèlman wo li difisil anpil<br />
pou mezire ak presizyon, ensekirite<br />
blayi toupatou, sektè ekonomi kriminèl<br />
la ap fonksyone san mas lan figi, lajistis<br />
tounen yon machandiz deliks. Patriyòt<br />
pa fouti manifeste san lapolis pa benyen<br />
yo ak gaz toksik osnon bat yo, arete yo<br />
tire sou yo. Antretan, pouvwa a ap kreye<br />
nouvo bidonvil ak refijye 12 janvye yo.<br />
Kidonk, kous pou demokrasi zansèt<br />
nou te tanmen nan mwa dawou 1791<br />
sou bitasyon Bwakayiman an, nou poko<br />
fini l an 2014. Popilasyon ayisyen an ap<br />
reklame eleksyon demokratik, men sa yo<br />
wè depi twa lane se mannèv dilatwa ak<br />
deriv antikonstitisyonèl pou prepare lagè<br />
elektoral.<br />
Guy-Gérald Ménard<br />
Sekretè Jeneral POHDH<br />
* Editoryal Se Mèt Kò ki Veye Kò<br />
oktòb 2014, bilten Plate-Forme des Organisations<br />
Haïtiennes des Droits Humains<br />
(POHDH)<br />
Pozisyon kèk òganizasyon sou pri gaz<br />
la ak pri transpò a, parapò ak pri petwòl<br />
la sou mache entènasyonal la<br />
Yon polisye k ap maltrete<br />
yon sitwayen !<br />
Daniel Tercier/<strong>Haiti</strong> Liberté<br />
Pri petwòl la bese sou mache<br />
entènasyonal la, men pri gaz la<br />
pa desann sou mache nasyonal la<br />
Nou menm, manm MODEP,<br />
AKP ak SEK GRAMSCI, n ap suiv ak<br />
2 nawè nou, konpòtman reyaksyonè<br />
otorite peyi Dayiti yo genyen sou<br />
dosye gaz la. Depi lanne 2014, galon<br />
gazolin nan ap vann 215 goud sou<br />
mache nasyonal la. Nan moman gaz<br />
la t ap vann 200 goud sou mache a,<br />
pri barik petwòl la te koute anviwon<br />
100 dola vèt sou mache entènasyonal<br />
la. Alòske jounen jodi a, Barik petwòl<br />
la desann jouk nan 43 dola sou mache<br />
entènasyonal la. Se nan moman<br />
sa a, Leta kriminèl pouvwa tèt kale a<br />
ap dirije a, chwazi kenbe galon gaz la<br />
nan pri 215 goud.<br />
Pou memwa ak pou listwa<br />
- Nan mwa jen 2007, pouvwa LESP-<br />
WA a te monte pri gazolin 95 lan a<br />
209 goud, nan yon moman kote grangou<br />
t ap kòde trip popilasyon an.<br />
Alòske, barik petwòl la t ap vann ant<br />
53 rive 92 dola sou mache entènasyonal<br />
la. Savle di se pa premye fwa dirijan<br />
ki nan tèt Leta pèpè a, ap tòde kou<br />
popilasyon an nan dosye gaz la<br />
- Nan lane 2008, nan moman<br />
gwo kriz ki t ap brase bil sistèm<br />
kapitalis la, kote baril petwòl la te<br />
rive jouk nan 133 dola 40 sou mache<br />
entènasyonal la, pri gaz la pat menm<br />
rive nan 200 goud sou mache nasyonal<br />
la.<br />
- Se nan mwa mas 2011, anvan<br />
prestasyon sèman ekip Tèt Kale<br />
a, pouvwa antipèp Preval-Bellerive<br />
la ta pral remete gazolin 95 lan nan<br />
200 goud, sou pretèks Leta paka<br />
sipòte sibvansyon li bay sou gaz la.<br />
Anpil moun te konsidere desizyon sa<br />
a tankou yon kado pouvwa Preval la<br />
te bay ekip Mateli a.<br />
Jounen jodi a, pouvwa Tèt Kale<br />
a vin mete apse sou klou, lè li kenbe<br />
pri galon gaz la nan 215 goud epi<br />
nan mete taks tribò babò sou do mas<br />
popilè yo, pandan li pran plezi nan<br />
piye richès peyi a ansanm ak akolit<br />
entènasyonal li yo. N ap raple, gaz la<br />
se yon pwodui estratejik ki gen konsekans<br />
sou yon bann lòt pwodui, lè<br />
li monte sou mache nasyonal la. Nou<br />
pa dwe bliye grangou klowòks 2008<br />
la, ki se konsekans politik neyoliberal<br />
la ak wotè pri gaz la nan peyi a. Sa ki<br />
fè, nou oblije ap poze tèt nou kesyon,<br />
pou ki rezon pouvwa anplas la kontinye<br />
kenbe pri gaz la nan nivo li ye<br />
jounen jodi a, malgre y ap aplike yon<br />
politik neyoliberal ki vle pou mache a<br />
kontwole pri yo. Menm jan pouvwa<br />
monte pri gaz la lè pri petwòl la monte<br />
sou mache entènasyonal la, se konsa<br />
tou, yo gen pou desann pri gaz la, lè<br />
pri petwòl la desann.<br />
Poutèt tout rezon sa yo, MODEP,<br />
SEK GRAMSCI ak AKP, ap pwofite<br />
moman sa a pou li mande gouvènman<br />
defakto Mateli/Evans Paul la,<br />
pou li pran dispozisyon prese prese<br />
pou desann pri gaz la ak pri transpò a<br />
san pèdi tan. N ap pwofite okazyon sa<br />
a tou, pou nou mande popilasyon an<br />
ak tout òganizasyon konsekan nan<br />
peyi a, pou yo rete mobilize, pou tout<br />
inisyativ k ap pran pou fòse otorite<br />
defakto yo desann pri gaz la ak pri<br />
transpò a.<br />
Viktwa, se pou pèp k ap<br />
goumen !<br />
Pou MODEP : GUY NUMA;<br />
SEK GRAMSCI : FEGUENSON<br />
HERMOGĒNE; AKP : MACĖNAT<br />
ANDRĖ<br />
Aksyon sa a polisye yo ap fè la a pa gen lòt siyifikasyon, se yon zak<br />
makoutik rejim tètkale kaletèt peyi a tou woz la ap mete pou fè pèp la pè<br />
pran lari pou mande pou Martelly demisyone<br />
TÈK POU TAP<br />
nouvèl monte<br />
nouvèl desann<br />
ateri sou boulva<br />
tankou plon gaye<br />
nouvèl kouri tèt bese<br />
fè wout katòz chemen<br />
kote l prale ?<br />
li pa konnen<br />
radyodyòl nan dyakout bidonvil<br />
bato petwokaribe sou dlo<br />
nou mèt chante jesuizere<br />
plas lendepandans<br />
krab malzòrèy sot nan twou<br />
antre nan kous ak koulèv madlèn<br />
dlo kowonpi anvayi machpye leta<br />
grantoryan danse dans petwodola<br />
aloufa dwèt long deside<br />
fèmen pòt sou nou<br />
nou elèv lekòl vant vid<br />
timachann kout ponya denenfle<br />
bòs mason san tiwèl san filaplon<br />
malere malerèz k ap trimen<br />
pou moso pen<br />
pen kotidyen<br />
chofè ap defann dèyè yon bwa volan<br />
toutlasentjounen<br />
pri gazolin monte mezi mizè n<br />
lage n nan demele youn ak lòt<br />
jwèt tèk pou tap pou ANADIP<br />
ti dife boule pou Ministè Titintyèt<br />
nan malè nou ye jouk nan prèl je n<br />
dezagreman monte taptap<br />
Delmas-Centreville<br />
refize pye l touche tè<br />
kafou aviyasyon<br />
kousikui fè nou fè tolalito<br />
dan chofè kamyonèt kase<br />
nan chemen dekoupe<br />
kontravansyon se pou leta<br />
pwoblèm nou<br />
yon lòt jan pou l rezoud<br />
yon moun sonnen pou mwen souple<br />
mèsi chofè mwen rive<br />
Guy-Gérald Ménard<br />
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Suite de la page (3)<br />
organisme convoité par les uns et les<br />
autres. Certains auraient préféré un<br />
Me. Néhémie Joseph à la tête du CEP<br />
par rapport à ses prises de position<br />
vis-à-vis du pouvoir.<br />
D’autres vont même à regretter<br />
l’absence de l’ancien Conseiller<br />
Léopold Berlanger pour son indépendance<br />
vis-à-vis du pouvoir dans ce<br />
CEP qui, sauf imprévu, devrait pouvoir<br />
organiser enfin les élections<br />
pour combler tous les postes électifs<br />
vacants de la République. La normalisation<br />
de la situation politique et institutionnelle<br />
d’Haïti passerait forcément<br />
par ces femmes et ces hommes<br />
sur qui tous les acteurs comptent<br />
pour ramener la paix et la stabilité<br />
dans le pays avec des élections inclusives,<br />
justes et honnêtes. Souhaitons<br />
que leur rêve ne se transforme en<br />
cauchemar comme il en fut pour les<br />
élections de 2011 dont l’actuel Président<br />
du CEP était l’un des maitres<br />
d’œuvre avec son ami Gaillot Dorsainvil.<br />
C.C<br />
6 <strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times<br />
Vol. 8 • No. 30 • Du 4 au 10 <strong>Fevrier</strong> <strong>2015</strong>
Perspectives<br />
Jonas Attis, Carnaval : Fòk AYITI chanje<br />
Par J. Fatal Piard<br />
Gason tonbe<br />
Gason leve<br />
San nou koule<br />
Pou libète<br />
Lè n pèdi fòs<br />
Frape tanbou<br />
Bagèt marye<br />
Fòs nou double<br />
Extrait du carnaval de Jonas Attis.<br />
Brève présentation de Jonas Attis<br />
Jonas Attis talentueux comme<br />
par naturel est un rescapé du naufrage<br />
du Bateau Neptune L’artiste occupait<br />
longtemps déjà les scènes d’Haïti<br />
quand par un heureux hasard il a fait la<br />
connaissance de celui qui allait devenir<br />
son manager. Peter Ronald Berlus ainsi<br />
se nomme celui qui va accompagner Jonas<br />
Attis afin de l’aider dans le cadre de<br />
la matérialisation de son sacerdoce qui<br />
consiste à défendre la culture ainsi que<br />
l’identité de l’être Haïtien<br />
Avec son nouveau mentor, Jonas<br />
est devenu un messager qui interpelle<br />
la conscience de tout un chacun. En<br />
outre, il exhorte les autorités à œuvrer<br />
en faveur d’un Etat fort qui priorise les<br />
ressources culturelles, capable d’aider<br />
les couches défavorisées à vivre dans la<br />
dignité. Pour ce faire, lui et son mentor<br />
ont recours à plusieurs types de médiums<br />
notamment la plume, le micro, les<br />
instruments de musique, les articles, les<br />
caméras etc.<br />
Il convient cependant de signaler<br />
que ce texte est un vibrant plaidoyer<br />
en faveur de la culture authentique et<br />
Peter Ronald Berlus en est l’un des coauteurs.<br />
Peter Ronald Berlus a pris tout<br />
son temps pour le préparer avec Jonas<br />
Attis à l’occasion d’une récente tournée<br />
du groupe à Miami en Floride. Au final,<br />
ce texte vise essentiellement à stimuler<br />
la conscience de chaque compatriote<br />
qui aurait commis l’impair de cracher<br />
sur sa propre culture. Ainsi Jonas Atis<br />
et Peter Ronald Berlus auraient fait<br />
œuvre qui vaille.<br />
Le capitalisme mondial, dans sa<br />
phase terminale d’effondrement imminent<br />
cherche à tout emporter avec lui.<br />
A l’instar du serpent venimeux sentant<br />
le dard de la mort s’approcher de<br />
lui inexorablement, il est déterminé<br />
à tout empoisonner sur son passage.<br />
Une analyse sociologique lucide nous<br />
permet de déceler que dans le cadre<br />
de la matérialisation de ses objectifs<br />
d’anéantissement des ces pays exploités<br />
à outrance, l’empire vampire<br />
compte sur plusieurs atouts.<br />
Ses principaux agents, ayant<br />
infiltré toutes les structures sociales,<br />
ne se font jamais prier pour accomplir<br />
avec une excessive passion leur sale<br />
besogne. Parmi ces virus qui ont pour<br />
mission de détruire Haïti, cette oligarchie<br />
financière de métèques qui se<br />
confortent dans leur inconscience est la<br />
plus redoutable.<br />
Certains leaders politiques véreux,<br />
des intellectuels aliénés, des<br />
médias d’extrême droite et surtout<br />
l’église, figurent en première ligne parmi<br />
les sous-fifres sur lesquels compte<br />
l’impérialisme pour remettre les chaines<br />
de l’esclavage, mais cette fois ci, dans<br />
notre cerveau. Vous convenez avec<br />
nous que cet espace trop restreint ne<br />
nous permettra pas de faire ressortir la<br />
responsabilité de chacun de ces agents<br />
du sous-développement dans cette insoutenable<br />
situation dans laquelle sont<br />
confinées les masses exploitées humiliées<br />
et parfois tout simplement oubliées.<br />
Cependant quand l’impérialisme<br />
à la faveur de complices locaux parvient<br />
à brader le patrimoine économique,<br />
il nous reste un dernier rempart, notre<br />
Culture. Elle englobe un nombre infini<br />
d’arts ainsi que d’autres aspects de la<br />
vie nationale liés à nos us et coutumes.<br />
Le Vodou l’une des formes les plus vivantes<br />
d’expression de cette culture qui<br />
nous est propre dérange plus d’un autant<br />
par sa haute dimension spirituelle<br />
que par son caractère revendicatif et<br />
anticonformiste.<br />
Les religions occidentales, courroies<br />
de transmission de l’esclavage<br />
mental, sont strictement programmées<br />
pour imposer aux masses populaires<br />
l’aliénation culturelle. Haïti Liberté, à<br />
travers ses colonnes se fait volontiers<br />
l’écho de ces avant-gardistes déterminés<br />
à défendre la culture authentique<br />
Jonas Attis<br />
contre toute forme d’agression venant<br />
des minables suppôts de l’impérialisme.<br />
C’est dans cette démarche que se situe<br />
Jonas Attis.<br />
Fòk AYITI chanje, ainsi s’intitule<br />
la merengue <strong>2015</strong> exécutée sur un<br />
rythme racine par le groupe Jonas Attis<br />
Music qui porte le nom de celui qui en<br />
est le principal initiateur. Ce texte bien<br />
travaillé où fusent les revendications<br />
relatives à la protection du Vodou est<br />
chanté sur un rabòday soutenu par des<br />
instruments authentiques. Les mélodies<br />
envoûtantes des cornets s’harmonisent<br />
avec le rythme entrainant des tambours<br />
bien accordés interpellant la conscience<br />
de tous ceux qui feignent que le Vodou<br />
et la langue Ayisyen ne constituent pas<br />
les deux éléments fondamentaux de<br />
notre patrimoine culturel. Et pourtant,<br />
les deux sont les assises inébranlables<br />
de notre être, de notre haïtianité.<br />
Kenbe KILTI nou<br />
Tradisyon nou<br />
Idantite nou<br />
Pou nou vanse<br />
Se fyète nou<br />
Mizik Nanm nou<br />
Se Zantray nou<br />
Pou n devlope<br />
Jonas Attis sur scène en compagnie d’une chanteuse<br />
Historiquement, le Vodou tout<br />
aussi bien que la langue haïtienne ont<br />
largement contribué à provoquer une<br />
révolte de la conscience. C’est d’ailleurs<br />
ce qui a abouti à l’indépendance de<br />
notre pays en déliant nos mains et nos<br />
pieds des chaines de l’esclavage inhumain.<br />
Par la suite, l’occident, pour compenser<br />
cette défaite indigeste s’est rabattu<br />
sur cette institution pour distiller<br />
cette douce violence.<br />
C’est pour prendre sa revanche à<br />
travers l’évangile de la résignation répandue<br />
dans l’alambic de l’aliénation<br />
tout en brandissant le spectre de l’enfer,<br />
que cet Occident va tenter de nous contraindre<br />
à mépriser notre propre culture<br />
pour adopter la sienne. Si se pa sa se<br />
nan bib yo a na wè paradi aloral sa<br />
a blan an yo envante pou nou an.<br />
D’aucuns estiment à raison que c’est<br />
ce qui a entrainé notre pays jusqu’aux<br />
confins insondables de ce sous-développement<br />
chronique dans lequel il est<br />
rivé depuis deux siècles.<br />
Li fin ban nou libète<br />
Nou kalonnen l<br />
Pwòp KILTI nou anba pye<br />
N ap pilonnen l<br />
Yo kenbe ANPERÈ a<br />
Y asasinen l<br />
Ce paragraphe suffit pour nous<br />
donner une idée des pulsions criminelles<br />
inlassables des tenants de l’oligarchie<br />
plus que jamais déterminés à assassiner<br />
aussi la culture authentique de la même<br />
façon qu’ils l’on fait sur le père fondateur<br />
de la Nation Haïtienne. L’appel<br />
incessant au rejet de notre culture<br />
participe de la démarche de l’occident<br />
pour nous anéantir définitivement. A<br />
quelque chose malheur est parfois bon<br />
fort heureusement, l’hypocrisie, la corruption,<br />
le vol et l’immoralité constituant<br />
le fondement de la religion, passent<br />
pour être ce créneau qu’il utilise pour<br />
diffuser la haine contre les serviteurs<br />
qui pratiquent le Vodou.<br />
Pour une performance optimale<br />
de son texte musical, Jonas a pu bénéficier<br />
des services de Lolo et de Mirla<br />
de Boukmann Eksperyans. D’un autre<br />
coté, Peterson Joseph et James Carrier<br />
se sont chargés d’exécuter les notes en<br />
sifflant dans des cornets ; tandis que<br />
Jean Baptiste Ostine, Woulele Marcelin<br />
et Lion gardaient la vitesse sur les percussions.<br />
L’artiste n’a pas cessé de le<br />
chanter et de façon lancinante il nous<br />
interpelle:<br />
M pa wè Tanbou<br />
M pa wè VODOU<br />
M pa wè Lakou<br />
M pa wè Rasin<br />
Yo pa entegre KILTI lakay<br />
\Woy, nan kanaval (Bis)<br />
Le procès de Félix Bautista se poursuit en République Dominicaine !<br />
Le procès de Félix Bautista se poursuit<br />
en République Dominicaine.<br />
Le Sénateur Bautista est poursuivi<br />
pour détournement de fonds, blanchiment<br />
d'argent, escroquerie et faux<br />
contre les Etats Dominicain et Haïtien.<br />
Après l'audience de ce jeudi 29<br />
janvier <strong>2015</strong>, trois autres audiences<br />
sont prévues mardi, mercredi et jeudi<br />
prochains. Selon la Justice dominicaine,<br />
Félix Bautista et consorts sontnotamment<br />
poursuivis pour blanchiment<br />
d'argent.<br />
Les entreprises de Félix Bautista<br />
Hadom, (DOCE) et ROFI exécutent<br />
des contrats de construction en Haïti<br />
pour près de 800 millions de dollars<br />
américains provenant des Fonds du<br />
Petro Caribe avec la complicité de<br />
René Préval, Michel Martelly, Jean<br />
Max Bellerive et de Laurent Lamothe.<br />
Le 31 mars 2012, la journaliste<br />
dominicaine Nuria avait présenté<br />
à la télévision dominicaine les relevés<br />
bancaires, les numéros de compte des<br />
entreprises dominicaines de construction<br />
indiquant des transferts d'argent<br />
de 2, 587.000 US à Michel Martelly<br />
jusqu' au mois de novembre 2011,<br />
après son investiture à titre de potsde-vin.<br />
Ces relevés bancaires exhibés<br />
par la journaliste dominicaine sont des<br />
justificatifs irréfutables des virements<br />
de fonds faits entre la Banco Reservas,<br />
la Banco Popular en République<br />
Dominicaine et la Unibank en Haïti au<br />
compte de Michel Martelly.<br />
Félix Bautista<br />
La justice haïtienne se tait quand<br />
Félix Bautista, Michel Martelly,<br />
René Préval, Laurent Lamothe et<br />
Jean Max Bellerive sont dans le<br />
viseur de la Justice dominicaine pour<br />
détournement et blanchiment des<br />
fonds du Petro Caribe<br />
D'après des sources dominicaines<br />
proches des services de renseignement<br />
de la République dominicaine,<br />
les autorités de ce pays disposent<br />
de vidéos montrant Michel Martelly<br />
à la banque en train d'encaisser ses<br />
chèques.<br />
En date du 2 avril 2013, l'avocat<br />
Newton Louis St Juste, assisté de son<br />
confrère André Michel, a déposé une<br />
plainte dénonciatoire au Parquet de<br />
Port-au-Prince contre le Président<br />
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Martelly pour les 2.5 millions de dollars<br />
américains reçus de Félix Bautista<br />
en novembre 2011 après son investiture.<br />
Malgré la diligence de la Justice<br />
dominicaine pour faire la lumière sur<br />
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le blanchiment présumé des Fonds du<br />
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Haïtien, la Justice Haïtienne se tait.<br />
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Vol. 8 • No. 30 • Du 4 au 10 <strong>Fevrier</strong> <strong>2015</strong><br />
<strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times<br />
7
Perspectives<br />
L’IJDH dénonce l’ambassadrice US aux<br />
Nations Unies Samantha Power<br />
Remémoration 100 ans<br />
d’occupation d’Haïti !<br />
Les propos de l’ambassadrice Samantha<br />
Power : « le pouvoir aux<br />
mains d’une seule personne est constitutionnel<br />
en Haïti», est incorrect<br />
et dangereux.»<br />
L<br />
’Institut pour la Justice et la Démocratie<br />
en Haïti (IJDH) a réagi<br />
à la déclaration faite par l’ambassadrice<br />
américaine aux Nations<br />
Unies Samantha Power à savoir que<br />
le fait par le Président Martelly de<br />
gouverner par décret sans un Parlement<br />
est «autorisé par la Constitution<br />
d’Haïti». L’IJDH dit qu’elle «est<br />
incorrecte de fait, et dangereuse<br />
en tant que fondement de politique.<br />
L’ambassadrice Power a fait<br />
cette déclaration le 29 Janvier, lors<br />
d’un briefing à l’ONU à propos de<br />
la mission du Conseil de sécurité<br />
des Nations Unies en Haïti, du 23<br />
au 25 janvier. Des élections n’ont<br />
pas eu lieu en Haïti depuis plus de<br />
trois ans, entraînant des vacances<br />
au niveau de tous les sièges au Parlement<br />
; sauf dix sièges au Sénat,<br />
ainsi que de tous les bureaux élus<br />
locaux. Le même jour de l’exposé<br />
de l’Ambassadrice Power, vingt<br />
groupes haïtiens de droits humains<br />
ont dénoncé l’installation inconstitutionnelle<br />
d’un gouvernement sans<br />
l’approbation du Parlement.<br />
«<br />
Rien dans la Constitution d’Haïti<br />
ne permet le pouvoir d’exercer<br />
par une seule personne. La Constitution<br />
a clairement exigé des élections<br />
législatives en 2011 et 2014,<br />
ce à quoi le gouvernement a failli,<br />
créant ce vide inconstitutionnel », a<br />
déclaré Nicole Phillips, une avocate<br />
du staff de l’IJDH. L’avocate Phillips<br />
a averti qu’«une mauvaise interprétation<br />
d’un fait aussi fondamental<br />
pourrait conduire à de dangereuses<br />
pratiques de mauvaise information.<br />
Considérant le grand rôle joué par<br />
l’ONU et les Etats-Unis en Haïti,<br />
l’enjeu est grand.» Le Conseil de sécurité<br />
des Nations Unies contrôle la<br />
MINUSTAH, la Mission de maintien<br />
de la paix en Haïti, qui dépensera<br />
plus de 500 millions de dollars cette<br />
année.<br />
L’IJDH a noté que la déclaration<br />
de l’ambassadrice Power<br />
a reconnu les dangers potentiels<br />
d’un pouvoir présidentiel sans un<br />
contrôle de l’action gouvernementale,<br />
et a vivement exhorté<br />
à ce que se tiennent «des élections<br />
libres, justes et inclusives, dès que<br />
possible.» Mais le Directeur exécutif<br />
de l’IJDH, Brian Concannon, a averti<br />
L’ambassadrice américaine aux Nations Unies Samantha Power<br />
que «la pression que ces propos ont<br />
placé sur l’Exécutif haïtien a été<br />
minée par l’échec de la déclaration à<br />
placer les responsabilités sur le président<br />
Martelly qui en premier lieu<br />
a créé la crise.»<br />
L’ONU et le gouvernement<br />
des Etats-Unis ont été critiqués en<br />
Haïti et à l’étranger pour le soutien<br />
aveugle offert au Président Martelly.<br />
Bien que les causes de la crise<br />
soient complexes, la plupart des<br />
observateurs conviennent qu’un un<br />
rôle important revient à la mise en<br />
place par le Président Martelly d’une<br />
série de conseils électoraux qui<br />
n’ont pas réussi à se conformer à la<br />
Constitution et qui ont maximisé son<br />
influence sur les élections. L’avocate<br />
Phillips a ajouté que «la crise politique<br />
en Haïti a été générée par un<br />
non-respect de la Constitution. Si<br />
Brian Concannon<br />
la communauté internationale veut<br />
contribuer à une solution à la crise,<br />
il lui faut critiquer les pratiques illégales,<br />
non les cautionner.»<br />
Pour plus d’informations sur les<br />
questions juridiques liées à la crise<br />
politique en Haïti, voir le document<br />
de l’IJDH : Assurer des élections équitables<br />
en Haïti: analyse juridique<br />
d’événements récents.<br />
Contact:<br />
Nicole Phillips, Avocate. Institute<br />
for Justice & Democracy in <strong>Haiti</strong><br />
(San Francisco), nicole@ijdh.org,<br />
Tél. 510-715-2855<br />
Brian Concannon, Jr., Avocat.<br />
Institute for Justice & Democracy<br />
in <strong>Haiti</strong> (Boston), brian@ijdh.<br />
org, Tél.1-617-652-0876-2630029<br />
(English, French, Creole)<br />
Boston 30 Janvier <strong>2015</strong><br />
L'ambassade des Etats-Unis en <strong>Haiti</strong><br />
Dans le cadre de la remémoration du<br />
centenaire de l’occupation américaine<br />
du 28 juillet 1915 au 28 juillet <strong>2015</strong>,<br />
plusieurs organisations de la société civile<br />
et du mouvement social et populaire<br />
ont lancé diverses activités pour sensibiliser<br />
le peuple haïtien sur la question de<br />
l’occupation et exiger le départ de la Mission<br />
des Nations Unies pour la Stabilisation<br />
en Haïti (MINUSTAH). L’occupation<br />
américaine en Haïti a duré 19 longues<br />
années (1915-1934). La MINUSTAH<br />
compte déjà 11 ans sur le territoire national<br />
sous les yeux d’une élite politique<br />
et économique dégoutante et répugnante<br />
qui ne lutte que pour le contrôle du pouvoir<br />
politique. Elle se fout de la souveraineté<br />
nationale et de la dignité du peuple<br />
haïtien.<br />
Il est écrit dans l’Acte de<br />
l’Indépendance d’Haïti, proclamée le<br />
premier Janvier 1804 : « de renoncer<br />
à jamais à la France, de mourir plutôt<br />
que de vivre sous sa domination et de<br />
combattre jusqu’au dernier soupir pour<br />
l’Indépendance, » donc pour la sauvegarde<br />
de la souveraineté de la première<br />
République nègre du monde. Qui lutte<br />
aujourd’hui pour préserver l’Indépendance<br />
acquise dans le sang de nos ancêtres et la<br />
souveraineté nationale ?<br />
Dans cet ordre d’idées, le Mouvement<br />
de Liberté, l’Egalité des Haïtiens<br />
pour la Fraternité (MOLEGHAF) et le<br />
Mouvement de Développement National<br />
(MODENA) se sont mis d’accord pour<br />
organiser une série d’activités pour marquer<br />
le centenaire de ce premier affront à<br />
l’indépendance et la souveraineté d’Haïti.<br />
Ils comptent organiser un sit-in devant<br />
l’ambassade des Etats-Unis en Haïti, sise<br />
à Tabarre, le 28 de chaque mois, jusqu’au<br />
28 juillet <strong>2015</strong> pour continuer de dénoncer<br />
non seulement la présence des soldats<br />
des Nations Unies sur la terre de Dessalines,<br />
mais également l’ingérence des<br />
grandes puissances étrangères dans les<br />
affaires internes d’Haïti.<br />
Le Premier sit-in a été réalisé<br />
le mercredi 28 janvier dernier devant<br />
l’ambassade Yankee. « A bas occupation<br />
! A bas impérialisme ! A bas ingérence<br />
étrangère ! A bas Pamela Ann White ! A<br />
bas Sandra Honoré ! Le pays n’est pas à<br />
vendre. » Tels sont les cris des militants<br />
anti-occupations et anti-impérialistes. Il<br />
est important de savoir que l’occupation<br />
étrangère d’un territoire, n’a d’autre objectif<br />
que de piller les ressources naturelles<br />
du pays hôte. Il faut lutter assidûment<br />
pour la combattre, selon le secrétaire général<br />
du MOLEGHAF, Oxygène David. Le<br />
prochain sit-in est fixé pour le vendredi<br />
27 février <strong>2015</strong> devant l’ambassade des<br />
Etats-Unis à Port-au-Prince, a-t-il annoncé.<br />
Ces activités ont besoin de la solidarité<br />
de nos compatriotes tant en Haïti qu’à<br />
l’étranger. La lutte pour la désoccupation<br />
du territoire est l’affaire de tous les Haïtiens<br />
conséquents ici et ailleurs. An n pote<br />
kole pou n mete MINUSTAH deyò nan<br />
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8 <strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times<br />
Vol. 8 • No. 30 • Du 4 au 10 <strong>Fevrier</strong> <strong>2015</strong>
This Week in <strong>Haiti</strong><br />
Portrait of an Uprising:<br />
After Quake’s Fifth Anniversary,<br />
Political Aftershocks Continue Rocking <strong>Haiti</strong><br />
On Feb. 2, a national transport strike left streets around <strong>Haiti</strong> empty, with occasional<br />
protest pyres of burning tires. This scene is from Port-au-Prince.<br />
Thousands marched through the capital on Jan. 11, <strong>2015</strong> to demand Martelly resign<br />
and UN troops leave. They were met by tear-gas, rubber bullets, and water cannon.<br />
by Kim Ives<br />
Port-au-Prince’s hilltop slum of Fort National<br />
offers a perfect example of the<br />
irony, agony, and struggle that grip <strong>Haiti</strong><br />
today.<br />
Its rocky moonscape is littered with<br />
piles of dirt, debris, and garbage. Untold<br />
hundreds of residents died here when<br />
the Jan. 12, 2010 earthquake destroyed<br />
eight out of ten of the closely-packed cinderblock<br />
and tin shacks which crowded<br />
– and today again crowd – dark narrow<br />
corridors down which sewage runs. Flies<br />
and rats cohabit this grim warren with<br />
large families whose children in doorways<br />
(often barricaded by no more than a curtain)<br />
squat like frogs, leaping away when<br />
a stranger passes.<br />
Looking out across Fort National’s<br />
patchwork of tin rooftops, tendrils of<br />
twisted rusting iron rebar reach out of<br />
unfinished cinderblock walls, like fingers<br />
beseeching the heavens for manna.<br />
At the top of this neighborhood<br />
perched on top of the capital’s highest<br />
downtown hill is a giant billboard that<br />
once showed an architect’s vision of a<br />
leafy flowered apartment complex with<br />
wide walkways and well-dressed people.<br />
This construction project, to be carried out<br />
by a Dominican construction firm under a<br />
contested no-bid contract, was to be funded<br />
with $174 million of the more than<br />
$13 billion in international aid pledged to<br />
<strong>Haiti</strong> after the earthquake. The sign, along<br />
with its promise, has long since faded,<br />
like so many projects trumpeted in <strong>Haiti</strong><br />
after the earthquake. Less than half of the<br />
$13 billion has ever been dispersed, and<br />
beyond a few luxury hotels and a giant<br />
assembly park in the north, far from the<br />
earthquake area, it is hard to see much<br />
change in <strong>Haiti</strong>’s harsh realities after the<br />
world’s outpouring of support.<br />
Where did Fort National’s $174<br />
million go?<br />
Daniel Tercier/Haïti Liberté<br />
Kim Ives/Haïti Liberté<br />
“We were told by Martelly’s officials<br />
that about $44 million of it supposedly<br />
went to build about 3000 small<br />
homes out in the remote desert by Morne<br />
à Cabri,” said former Sen. Moïse Jean-<br />
Charles. “But when I asked Martelly’s Finance<br />
Minister in a Senate hearing where<br />
the rest of the money went, he just smiled.<br />
At least, I thought, that was honest.”<br />
The Fort National neighborhood<br />
is also home to Fort National, a fortress<br />
built by <strong>Haiti</strong>’s founding father Gen. Jean-<br />
Jacques Dessalines to guard against feared<br />
French, English, or Spanish reprisals or<br />
recolonization attempts after <strong>Haiti</strong>’s Jan.<br />
1, 1804 independence proclamation, the<br />
first in Latin America.<br />
However, today, this garrison built<br />
to repel foreign invaders is occupied by<br />
them: troops of the hated United Nations<br />
Mission to Stabilize <strong>Haiti</strong> or MINUSTAH.<br />
Deployed in <strong>Haiti</strong> since Jun. 1, 2004, the<br />
Brazilian-led force, now about 7,500, has<br />
been responsible for massacres, rapes,<br />
sexual abuse, and, most notoriously, the<br />
import of cholera in October 2010. Outhouses<br />
leaking Nepalese UN soldiers’<br />
feces infected <strong>Haiti</strong>’s largest river and set<br />
off the world’s worst cholera epidemic,<br />
which has now claimed about 9,000 <strong>Haiti</strong>an<br />
lives. Despite three lawsuits being<br />
brought against it in New York, the UN refuses<br />
any responsibility for the outbreak.<br />
The faded sign announcing neverbuilt<br />
housing and the machine-gun toting<br />
silhouettes of UN soldiers atop the walls<br />
of Dessalines’ fortifications are among the<br />
constant goads that make Fort National’s<br />
residents among the most militant, organized,<br />
and mobilized in Port-au-Prince.<br />
The neighborhood is home to the Movement<br />
for Liberty, Equality, and Fraternity<br />
among <strong>Haiti</strong>ans (MOLEGHAF), a popular<br />
organization which is central in the<br />
political party Dessalines Coordination<br />
(KOD), formed last February. Greeted by<br />
residents like the neighborhood’s mayor,<br />
Oxygène David, 40, is a leader of both<br />
organizations and lives in an earthquakedamaged<br />
one-room hovel buried deep<br />
within Fort National’s winding corridors.<br />
A former telephone-pole wire-splicer for<br />
the state telephone company TELECO,<br />
Oxygène lost his job in 2008 when the<br />
public enterprise was privatized under<br />
former President René Préval. Oxygène<br />
became a leader of <strong>Haiti</strong>’s anti-neoliberal<br />
mobilization, organizing weekly picketlines<br />
in front of the Social Affairs Ministry<br />
demanding back pay and reparations. For<br />
his militancy, he was twice thrown in jail<br />
for months – without trial – under both<br />
Presidents Préval and Martelly.<br />
Throughout the night of Jan. 11<br />
until 5 a.m., to mark the earthquake’s<br />
fifth anniversary, hundreds of Fort National<br />
residents thronged around a stage<br />
erected in a vacant lot near the top of the<br />
neighborhood. The event was organized<br />
by several local “baz” – small associations<br />
of young people – but the principal<br />
one was “Baz Rezistans”, the Resistance<br />
Base, whose members are part of MO-<br />
LEGHAF. Most of the night consisted<br />
of <strong>Haiti</strong>an musicians performing rasin<br />
(roots) and rap music with a sharply political<br />
theme. But there were also political<br />
speeches.<br />
“We have to remain mobilized to<br />
fight against the (s)elections they are<br />
going to try to foist upon us,” Oxygène<br />
told the crowd. “There can be no free, fair,<br />
and sovereign elections unless Martelly<br />
resigns and the MINUSTAH leaves. The<br />
coming electoral fever is going to intoxicate<br />
and corrupt many people, making<br />
them ready to accept anything. But we<br />
must stand firm and not let them hand us<br />
another bogus election like that of 2011.”<br />
In 2011, Washington, the Organization<br />
of American States (OAS), and<br />
MINUSTAH intervened in <strong>Haiti</strong>’s sovereign<br />
elections to push out of the run-off<br />
Préval’s favored presidential candidate,<br />
Jude Céléstin, and replace him with former<br />
konpa singer and right-wing cheerleader<br />
Martelly, who eventually won the race.<br />
As the then OAS Ambassador to <strong>Haiti</strong><br />
Ricardo Seitenfus later put it: “Washington<br />
and its allies didn’t just overrule<br />
<strong>Haiti</strong>’s electoral council; they overruled<br />
the <strong>Haiti</strong>an electorate.” He called the pollings,<br />
held on Nov. 28, 2010 and Mar. 20,<br />
2011, “an electoral coup.”<br />
<strong>Haiti</strong>ans, by and large, also saw<br />
this power-play but, still reeling from the<br />
earthquake, resigned themselves to it,<br />
generally saying: “Let’s see what Martelly<br />
can do.” What he did over the next<br />
three and a half years, since his May 14,<br />
2011 inauguration, was establish a neo-<br />
Duvalierist regime whose hallmarks were<br />
blatant corruption, impunity, repression,<br />
intimidation, ineffectiveness, and waste,<br />
all smothered in the most shameless<br />
and expensive propaganda proclaiming<br />
everywhere that “<strong>Haiti</strong> is advancing.”<br />
Scheduled parliamentary and municipal<br />
elections were never held (although three<br />
carnivals annually were), resulting in Parliament’s<br />
expiration on Jan. 12. As demonstrations<br />
grew in size and frequency in<br />
the months leading up to the date, so did<br />
repression, swelling the next demonstration,<br />
and <strong>Haiti</strong> entered a political vicious<br />
circle.<br />
Martelly’s opposition has three<br />
principal currents which remain, until<br />
now, basically united. First, there is the<br />
Patriotic Movement of the Democratic Opposition<br />
(MOPOD), a coalition led mostly<br />
by traditional “political class” leaders like<br />
Turneb Delpé, Martelly’s 2011 challenger<br />
Mirlande Manigat, and former deputy<br />
Serge Jean-Louis. Then there is former<br />
president Jean-Bertrand Aristide’s Lavalas<br />
Family Political Organization, whose current<br />
nominal leader, Dr. Maryse Narcisse,<br />
most recently characterized the party as<br />
the “moderate opposition.” Finally, there<br />
is the Dessalinien current, which is composed<br />
of KOD and the Platform of Dessalines’<br />
Children (PPD), led by former Sen.<br />
Moïse Jean-Charles. (MOPOD recently<br />
changed its “D” to signify Dessalines too.)<br />
The opposition-led nationwide<br />
uprising resulted in the Dec. 13 resignation<br />
of Prime Minister Laurent Lamothe<br />
(Martelly’s long-time business partner) as<br />
well as the freeing of political prisoners,<br />
the replacement of a Martelly pawn who<br />
headed the Supreme Court, and the naming<br />
of a new electoral council.<br />
Despite these concessions, the<br />
weekly, and sometimes daily, demonstrations<br />
of thousands continue, although<br />
met by teargas, rubber bullets, and water<br />
cannon. Every concession the government<br />
is forced to make seems like a provocation<br />
given <strong>Haiti</strong>’s revolutionary mood.<br />
Just this week, on Feb. 2 and 3,<br />
general transport strikes paralyzed the<br />
country, leaving usually vehicle-choked<br />
streets eerily empty, with burning-tire<br />
barricades along major thoroughfares.<br />
Last week, a gallon of gas in <strong>Haiti</strong> still cost<br />
a government-fixed 215 gourdes ($4.58)<br />
per gallon while the U.S. average is $2 a<br />
gallon. On the night of Feb. 2, the government<br />
of Martelly’s new Prime Minister<br />
Evans Paul signed an agreement with<br />
transport unions lowering the gas price to<br />
195 gourdes ($4.15) per gallon. But the<br />
deal has made the population hopping<br />
mad.<br />
“The strike was a complete success<br />
nationwide, the streets without cars<br />
everywhere, and all we got was a 43 cent<br />
reduction?” said one irate demonstrator.<br />
“That’s crazy. This is exactly why Martelly<br />
has to go.”<br />
Every week, another delegation<br />
of officials from North America or Europe<br />
arrives to bring their support to the<br />
embattled Martelly regime. At the end of<br />
January, it was the UN Security Council<br />
and the Club of Madrid which made threeday<br />
visits. It is no surprise that former<br />
Bolivian President and Club of Madrid<br />
Vice-President Jorge Quiroga, on leaving<br />
<strong>Haiti</strong> on Jan. 28, called on MINUSTAH to<br />
“strengthen its presence in <strong>Haiti</strong>” and invited<br />
the UN, OAS, and European Union<br />
to send an "on-site mission to observe the<br />
electoral process." Imperialist “observer”<br />
missions of this nature have intervened<br />
and screwed up <strong>Haiti</strong>an elections in 2000,<br />
2006, and 2011.<br />
“<strong>Haiti</strong>’s deliverance will not come<br />
from the so-called international community,”<br />
said Henriot Dorcent, another<br />
Dessalines Coordination leader. “In fact,<br />
<strong>Haiti</strong>’s deliverance from poverty, injustice,<br />
and political instability will only come<br />
when the <strong>Haiti</strong>an people stop them from<br />
meddling in our internal affairs. That is<br />
what we in KOD, and most of the <strong>Haiti</strong>an<br />
people, are fighting for today.”<br />
On Jan. 28, militants of MO-<br />
LEGHAF and the Movement of National<br />
Development (MODENA) held a picket<br />
line in front of the U.S. Embassy in<br />
Tabarre on the outskirts of the capital. It<br />
was the first of seven monthly anti-imperialist<br />
actions leading up to Jul. 28, <strong>2015</strong>,<br />
the 100th anniversary of the first U.S.<br />
Marine occupation of <strong>Haiti</strong> from 1915 to<br />
1934. The demonstrators had great difficulty<br />
getting to the embassy, having to<br />
beg for and borrow even car fare to travel<br />
there.<br />
“Our struggle today is much like<br />
that of Jean-Jacques Dessalines two centuries<br />
ago or of [anti-occupation guerilla<br />
leader] Charlemagne Péralte fighting the<br />
Americans a century ago,” said Oxygène<br />
David. “The empire has put Martelly<br />
in power as a puppet to carry out their<br />
agenda and surrounded him with an occupation<br />
army for protection. But like our<br />
ancestors, we will continue fighting until<br />
both the puppet and his protectors are<br />
gone. This is the kind of determination the<br />
<strong>Haiti</strong>an people have shown in the past,<br />
and it is the same determination we will<br />
show again today.”<br />
Vol. 8 • No. 30 • Du 4 au 10 <strong>Fevrier</strong> <strong>2015</strong><br />
<strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times<br />
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Vol. 8 • No. 30 • Du 4 au 10 <strong>Fevrier</strong> <strong>2015</strong>
RENCONTRE AVEC UNE GRANDE<br />
RÉSISTANTE VIETNAMIENNE !<br />
Par Kaj Falkman*<br />
Le 27 janvier 1973, les accords de<br />
Paris mettent fin à la guerre américaine<br />
au Vietnam. Parmi les représentants<br />
vietnamiens et seule femme à la<br />
table des négociations, Mme Nguyen<br />
Thi Binh, qu’avait alors rencontrée Kaj<br />
Falkman, diplomate suédois chargé des<br />
affaires vietnamiennes au ministère<br />
des affaires étrangères. L’été dernier, ils<br />
se sont retrouvés à Hanoï.<br />
Lorsque j’ai rencontré Mme Nguyen<br />
Thi Binh à Hanoï au cours de l’été<br />
2014, cela faisait quarante ans que<br />
nous ne nous étions pas vus. C’était à<br />
Paris, lors de la signature de l’accord de<br />
paix en 1973, alors qu’elle était négociatrice<br />
en chef du gouvernement révolutionnaire<br />
provisoire du Sud-Vietnam<br />
(GRP). Seule femme participant aux<br />
négociations entre les Etats-Unis et le<br />
gouvernement de Saïgon d’une part, la<br />
République démocratique du Vietnam et<br />
le GRP d’autre part, elle en était l’étoile<br />
brillante grâce à l’élégance de son français<br />
et à sa rigueur convaincante.<br />
A Hanoï, l’été dernier, Mme Binh<br />
m’a rappelé son expérience personnelle.<br />
A la fin de 1946, à l’âge de dix-neuf<br />
ans, elle abandonna ses études à Saïgon<br />
pour participer au « Mouvement de résistance<br />
aux cheveux longs », une association<br />
féminine pour l’indépendance<br />
nationale. Des centaines de milliers de<br />
femmes manifestèrent dans les grandes<br />
villes du Sud-Vietnam contre la puissance<br />
coloniale française. Co-dirigeante<br />
du mouvement, Mme Binh fut arrêtée<br />
en 1951 et passa trois ans en prison.<br />
Soumise à la torture, elle refusa de<br />
donner les noms d’autres membres de<br />
l’association.<br />
Plus tard, elle décrira sa détention<br />
comme une école révolutionnaire où<br />
elle rencontra des femmes de caractère<br />
qui devinrent ensuite ses « sœurs révolutionnaires<br />
» dans le Front national de<br />
libération (FNL), mouvement de résistance<br />
armée — créé en 1960 — contre<br />
l’occupation américaine et le régime du<br />
premier ministre vietnamien Ngo Dinh<br />
Diem.<br />
Mme Binh, qui a maintenant quatre<br />
vingt-quatre ans, me reçoit dans une<br />
ancienne villa coloniale française qui<br />
sert de bureau au Comité pour la paix<br />
au Vietnam, dont elle est la présidente<br />
: « Nous ne comprenons toujours pas<br />
pourquoi Washington a envoyé deux<br />
millions et demi de jeunes Américains<br />
de l’autre côté du Pacifique pour tuer<br />
trois millions de Vietnamiens, des civils<br />
pour la plupart. Nous ne comprenons<br />
pas non plus, pourquoi vous, les Suédois,<br />
cousins de l’Amérique, avez choisi,<br />
bien avant n’importe quel autre pays<br />
occidental, de soutenir la lutte du peuple<br />
vietnamien pour la liberté, et d’ouvrir<br />
des relations diplomatiques avec Hanoï<br />
[dès 1969]. Nous nous souvenons<br />
particulièrement d’Olof Palme et de son<br />
courage lorsqu’il condamna plus fermement<br />
qu’aucun autre gouvernement<br />
occidental les bombardements américains,<br />
et de Jean-Christophe Öberg, votre<br />
diplomate engagé qui a établi très tôt<br />
d’étroits contacts avec nous et Hanoï. »<br />
« Personne ne pouvait croire à la<br />
théorie des dominos communistes »<br />
«Mme Binh poursuit, après m’avoir<br />
versé du thé vert dans des tasses bleu<br />
et blanc : « Nous ne voulions pas être<br />
entraînés dans la politique mondiale,<br />
nous Vietnamiens qui avons vécu ici<br />
depuis des milliers d’années et cultivé<br />
notre riz. Mais lorsque l’Amérique nous<br />
a embarqués dans son conflit de grande<br />
puissance avec la Chine et l’Union soviétique,<br />
nous avons été contraints de<br />
participer comme champ de bataille face<br />
aux ambitions géopolitiques américaines.<br />
Personne ne pouvait vraiment<br />
croire à la prétendue théorie des dominos,<br />
selon laquelle toute l’Asie céderait<br />
au communisme, uniquement parce que<br />
nous luttions pour notre indépendance<br />
après cent ans de colonialisme français<br />
et d’impérialisme américain. »<br />
La résistante vietnamienne n’a pas<br />
tort : les mémoires des chefs de guerre<br />
L’ancienne vice-présidente du<br />
Vietnam, Mme Nguyên Thi Binh<br />
américains montrent que pas même les<br />
présidents ne croyaient à la doctrine des<br />
dominos, bien que le président Lyndon<br />
B. Johnson (1963-1968) eut déclaré à<br />
plusieurs occasions qu’il « valait mieux<br />
se battre contre le communisme au Vietnam<br />
qu’à San Francisco ! »<br />
Dwight D. Eisenhower fut le premier<br />
chef d’Etat (1953-1961) à formuler<br />
la théorie des dominos après la défaite<br />
française à Dien Bien Phu, au printemps<br />
1954. Lors de son dernier échange en<br />
tant que président en janvier 1961 avec<br />
son successeur John F. Kennedy (1961-<br />
1963) il déclara : « Si le Laos tombe<br />
aux mains des communistes, le reste de<br />
l’Asie du Sud-Est [Vietnam, Cambodge,<br />
Birmanie, Thaïlande, Malaisie] tombera<br />
comme des dominos, sera perdu pour le<br />
monde libre et deviendra une menace<br />
pour la sécurité des Etats-Unis. » Lors<br />
de sa dernière conférence de presse en<br />
novembre 1963, à la question de savoir<br />
si les Etats-Unis allaient abandonner le<br />
Sud-Vietnam, Kennedy répondit : « Le<br />
plus important c’est notre sécurité nationale.<br />
Notre objectif est de ramener nos<br />
soldats à la maison et laisser les Vietnamiens<br />
se défendre eux-mêmes comme<br />
un pays libre et indépendant. »<br />
« Kennedy était déjà dans<br />
le tunnel »<br />
Lorsque je mentionne cette déclaration<br />
à Mme Binh, celle-ci n’y croit guère. Elle<br />
estime que « Kennedy était déjà dans<br />
le tunnel. Il a inondé le Sud-Vietnam<br />
d’armes américaines de haute technologie<br />
et envoyé dix-huit mille prétendus<br />
conseillers qui étaient des instructeurs<br />
militaires pour enseigner l’utilisation des<br />
armes. En réalité, les pilotes américains<br />
dirigeaient leurs hélicoptères de combat<br />
contre nos guérilleros tandis que les soldats<br />
du régime de Saïgon étaient assis à<br />
l’arrière et regardaient. On les a décrits<br />
comme apathiques et moralement las,<br />
parce qu’ils ne voulaient pas participer à<br />
une guerre fratricide. » Pour Mme Binh,<br />
« la grosse erreur des Etats-Unis a été<br />
de croire qu’une partition du Vietnam diviserait<br />
aussi le peuple. Le peuple vietnamien<br />
est une entité historique avec<br />
des liens de sang communs. Le mouvement<br />
de résistance existait dans tout le<br />
Vietnam, même si son emprise était plus<br />
forte dans le Nord-Vietnam. »<br />
Lors de la conférence de Genève sur<br />
l’Indochine, au printemps 1954, peu<br />
après la défaite française, il fut décidé<br />
que le Vietnam serait séparé le long du<br />
17e parallèle par une ligne de démarcation<br />
provisoire entre les zones nord et<br />
sud — comme en Corée. Un référendum<br />
devait avoir lieu deux ans plus tard dans<br />
tout le Vietnam afin que le peuple puisse<br />
décider de son avenir. Eisenhower en<br />
repoussa l’idée car il craignait que le<br />
leader charismatique du Nord-Vietnam,<br />
Hô Chi Minh, gagne avec 80 % des voix<br />
et réunifie le Vietnam.<br />
Neuf moines bouddhistes<br />
tués, à Hué<br />
« Les Américains voulaient établir un<br />
bastion anti-communiste dans le sud.<br />
Ils choisirent un catholique, Ngo Dinh<br />
Diem, comme leader du Sud Vietnam<br />
bouddhiste, car ils le considéraient fidèle<br />
et avec des valeurs occidentales », explique<br />
mon interlocutrice. Lorsque Diem<br />
limita la liberté religieuse, les moines<br />
bouddhistes protestèrent par des manifestations.<br />
Les soldats du gouvernement<br />
ouvrirent le feu et en tuèrent neuf lors<br />
d’une procession à Hué le 8 mai 1963.<br />
Des manifestations de masse contre<br />
le régime eurent lieu dans tout le Sud<br />
Vietnam. Les troupes gouvernementales<br />
arrêtèrent mille quatre cents moines<br />
Mme Nguyen Thi Binh, chef adjoint de la délégation du Front de libération<br />
nationale du Vietnam aux pourparlers de paix de Paris, salue la foule<br />
rassemblée à Trafalgar Square de Londres, le 7 Avril, 1969. (AP Photo)<br />
et mirent le feu à des pagodes, ce qui<br />
provoqua de fortes réactions aux Etats-<br />
Unis. Un exil en Amérique fut proposé à<br />
Diem s’il démissionnait, mais il refusa.<br />
Un groupe de généraux s’empara de lui<br />
et de son frère, et ils furent exécutés le<br />
2 novembre 1963. Vingt jours plus tard,<br />
le président Kennedy était assassiné à<br />
Dallas.<br />
Le chaos régnait alors à Saïgon, une «<br />
guerre civile dans la guerre civile », écrivit<br />
le secrétaire américain à la défense<br />
Robert McNamara dans ses mémoires.<br />
« C’était le moment de se retirer ». Mais<br />
il fit le contraire : sur ordre du nouveau<br />
président Johnson, McNamara entraîna<br />
la plupart des militaires américains, en<br />
particulier les forces aériennes et navales,<br />
au Vietnam. Objectif : aider le<br />
Sud-Vietnam à « gagner son combat<br />
contre la conspiration communiste dirigée<br />
et soutenue de l’extérieur ». En<br />
langage clair, cela signifiait que Hanoï<br />
et le FNL du Sud-Vietnam étaient considérés<br />
comme dirigés et soutenus par<br />
une conspiration communiste fomentée<br />
par la Chine et l’Union soviétique. La<br />
CIA à Saïgon avait une opinion différente<br />
: les véritables racines des forces du<br />
FLN se trouvaient dans le Sud-Vietnam.<br />
McNamara organisa le transfert de cinq<br />
cent cinquante mille soldats américains<br />
pendant la présidence de Johnson.<br />
« Les Américains ne reconnaissent<br />
pas leur culpabilité »<br />
« Après les accords de paix, rappelle<br />
Mme Binh, de nombreux livres ont été<br />
écrits sur le Vietnam, surtout américains<br />
et français, mais ils ne racontent<br />
pas toute la vérité. Ils reconnaissent<br />
leur erreur dans la guerre, mais pas leur<br />
culpabilité. » Dans le film documentaire<br />
d’Errol Morris, The Fog of War<br />
(Brumes de guerre, 2003), à la question<br />
: « Reconnaissez-vous votre culpabilité<br />
? » McNamara répond : « Je refuse de<br />
répondre. La question est trop complexe.<br />
La guerre est tellement complexe<br />
que la raison humaine est incapable de<br />
comprendre toutes ses variables. (…) La<br />
guerre est dans la nature de l’homme.<br />
Nous tuons des gens inutilement. Nous<br />
sommes rationnels, mais la raison a ses<br />
limites. » Dans cette brume illusoire,<br />
McNamara tentait de dissimuler sa culpabilité<br />
et sa responsabilité.<br />
L’offensive du Têt constitua le tournant<br />
de la guerre : le FNL et la République<br />
démocratique du Vietnam (RDV) organisèrent<br />
une rébellion dans une quarantaine<br />
de villes du Sud-Vietnam pendant<br />
la nuit de la nouvelle année vietnamienne<br />
en 1968, attaquèrent des objectifs<br />
militaires et administratifs et occupèrent<br />
notamment l’ambassade américaine à<br />
Saïgon. « Avant, vous vous plaigniez<br />
que l’ennemi était invisible, maintenant<br />
il est partout ! » s’écria, choqué, le président<br />
Johnson, qui se rendait compte que<br />
tous les rapports optimistes de Saïgon<br />
avaient été mensongers. Il congédia le<br />
général William Westmoreland, commandant<br />
en chef des forces américaines<br />
au Vietnam, et le secrétaire à la défense<br />
McNamara, déclara un arrêt partiel des<br />
bombardements sur le Nord, proposa<br />
l’ouverture de négociations de paix<br />
avec Hanoï et annonça son retrait de la<br />
course présidentielle.<br />
Richard Nixon (1969-1974) gagna<br />
l’élection contre la promesse de retirer<br />
les troupes américaines du Vietnam.<br />
Finie la doctrine des dominos de Johnson.<br />
Le nouveau président formula une<br />
nouvelle illusion : le retrait avec « honneur<br />
et dignité ».<br />
Ce qui, aujourd’hui encore, fait rire Mme<br />
Binh : « Personne ne comprenait comment<br />
cette équation allait fonctionner,<br />
encore moins le régime de Saïgon qui<br />
avait réalisé qu’il ne pouvait vaincre<br />
la RDV et le GRP sans la poursuite du<br />
soutien des troupes américaines. » Pour<br />
la résoudre, Nixon engagea comme conseiller<br />
à la sécurité nationale le politologue<br />
Henry Kissinger. Celui-ci constata<br />
que le manque de succès des négociations<br />
de paix quadripartite à Paris était<br />
dû à un blocage entre « les idéologues<br />
fanatiques de Hanoï et les idéalistes inexpérimentés<br />
de Washington. » Il reprit<br />
les négociations avec un membre du<br />
politburo de Hanoi, Lê Duc Tho. Les<br />
entretiens secrets débutèrent à Paris<br />
en février 1969 [[Daniel Roussel y a<br />
consacré un documentaire — avec des<br />
archives inédites —, qui a reçu le prix<br />
du jury au Festival international du film<br />
de Pessac en 2014, lequel devrait être<br />
diffusé sur Arte — nous y reviendrons).<br />
L’accord de paix entre Washington et<br />
Hanoï fut paraphé en octobre 1972.<br />
Mais le président Thieu, du gouvernement<br />
de Saïgon, refusa de signer un accord<br />
qui stipulait le retrait de toutes les<br />
troupes américaines du Sud-Vietnam.<br />
Sans ces troupes, Thieu ne pouvait pas<br />
survivre !<br />
« Le premier ministre suédois<br />
compare l’administration Nixon<br />
aux nazis »<br />
Nixon et Kissinger prirent une décision<br />
fatale qui allait complètement surprendre<br />
les Vietnamiens et étonner le monde<br />
entier : les bombardements de Noël sur<br />
Hanoï et Haïphong. Des vagues de B-52<br />
bombardèrent cette zone pendant douze<br />
jours et nuits entre Noël 1972 et le nouvel<br />
an. La gare ferroviaire de Hanoï,<br />
l’hôpital « suédois » de Bach Maï, des<br />
pagodes et des églises furent indistinctement<br />
touchés par un déluge de bombes.<br />
Plus de mille six cent civils furent tués.<br />
Les Vietnamiens rompirent les négociations<br />
mais les reprirent au début de<br />
l’année suivante. Un accord de paix fut<br />
signé entre les quatre parties à Paris, le<br />
27 janvier 1973. Quinze jours après la<br />
signature, Kissinger se rendit à Hanoi,<br />
invité par Lê Duc Tho pour discuter de<br />
l’aide américaine à la reconstruction<br />
(promise par Nixon mais stoppée par le<br />
Congrès). Dans ses mémoires, Kissinger<br />
se dit déçu que « pas un seul Etat allié<br />
de l’OTAN ne nous ait soutenus ou n’ait<br />
fait preuve de compréhension pour notre<br />
position — particulièrement douloureux<br />
de la part de pays comme le Danemark,<br />
la Belgique et les Pays-Bas qui fondent<br />
leur propre défense sur une stratégie qui<br />
implique des attaques américaines massives<br />
contre des objectifs civils. »<br />
Lorsque Kissinger fait le compte des<br />
gouvernements étrangers qui condamnèrent<br />
les bombardements de Noël, il<br />
mentionne en premier le gouvernement<br />
suédois qui « compara l’administration<br />
Nixon aux nazis. » Dans l’énumération<br />
du premier ministre d’alors Olof Palme,<br />
parmi les sept noms de lieux associés<br />
aux atrocités de l’histoire moderne figurait<br />
Treblinka, (le camp d’extermination<br />
nazi en Pologne en 1942-1943), auquel<br />
il ajouta « Hanoï — Noël 1972. »<br />
Kissinger punit la Suède en rétrogradant<br />
avec effet immédiat les relations diplomatiques<br />
à un niveau sans ambassadeurs.<br />
Par la suite, Kissinger écrivit que Nixon<br />
n’avait pas d’autre alternative que de<br />
bombarder Hanoi pour que Thieu signe<br />
l’accord. Une excuse étonnante ! Une<br />
alternative naturelle eut été que Nixon<br />
révoque Thieu et installe un nouveau<br />
président prêt à signer l’accord et à dire<br />
adieu aux troupes américaines. Le Sud-<br />
Vietnam se serait ainsi épargné sa propre<br />
guerre civile dévastatrice entre 1973<br />
et 1975.<br />
L’agent orange poursuit ses<br />
ravages<br />
Mme Binh rappelle : « La guerre américaine<br />
continue aujourd’hui pour la<br />
quatrième génération de Vietnamiens.<br />
Les nouveau-nés sont touchés par<br />
l’herbicide agent orange/dioxine, qui se<br />
transmet de génération en génération<br />
par les gènes. Quinze jours seulement<br />
après sa prise de fonction en 1961, Kennedy<br />
approuva la demande de l’armée<br />
d’utiliser l’agent orange pour défolier la<br />
forêt où se cachait la guérilla. Répandue<br />
dans les rivières et les rizières, la<br />
dioxine fut utilisée plus tard contre la<br />
population. (…) plus de trois millions de<br />
Vietnamiens en ont été victimes. Toutes<br />
les demandes d’indemnisation ou d’aide<br />
économique aux familles touchées ont<br />
été refusées par les Etats-Unis. »<br />
«Le poison contaminait par inhalation,<br />
par la peau, l’ingestion de nourriture<br />
et d’eau. Il a provoqué des décès et de<br />
graves blessures physiques et mentales.<br />
Malgré les protestations internationales<br />
pour arrêter d’utiliser cette arme<br />
chimique de destruction massive en<br />
violation du droit international, Johnson<br />
et Nixon continuèrent de l’employer<br />
jusqu’en 1971, c’est-à-dire pendant dix<br />
ans !<br />
Dans la pagode Chua Thien Mu à<br />
l’extérieur de Hué, le siège du bouddhisme<br />
au Vietnam, le leader bouddhiste<br />
Thich Hai An me reçoit, vêtu<br />
d’une longue robe gris clair : « En raison<br />
de notre position apolitique durant<br />
la révolte bouddhiste contre Diem, le<br />
peuple a eu confiance en nous. Nous<br />
n’étions ni communistes ni catholiques,<br />
nous n’avions aucun intérêt à préserver,<br />
seulement la volonté morale que la<br />
violence cesse, ce que souhaitait aussi<br />
la population. Nous étions considérés<br />
comme une troisième force. Nous<br />
n’agissons pas politiquement, mais nos<br />
actes peuvent avoir, comme ce fut le<br />
cas, une signification politique. »<br />
Quelle était la proportion de bouddhistes<br />
pratiquants dans la population ? « Peutêtre<br />
jusqu’à 70 %, mais il y a aussi tous<br />
les bouddhistes passifs dont la foi est<br />
tissée dans les croyances traditionnelles<br />
que sont le taoïsme et le confucianisme.<br />
Si l’on tire sur un fil, toute la trame se<br />
défait. (…) Le culte des ancêtres comme<br />
créateurs de la famille et de la communauté<br />
villageoise est toujours présent<br />
chez les Vietnamiens » ajoute Thich.<br />
L’escalier qui mène au ciel<br />
M. Kissinger résume ses souvenirs<br />
de la guerre du Vietnam par ces mots<br />
: « Il ne nous reste plus qu’à espérer<br />
que le Vietnam tombe dans l’oubli de<br />
notre conscience nationale. » Et c’est<br />
un professeur d’histoire qui s’exprime<br />
! Apparemment il espère oublier — et<br />
l’Amérique avec lui — sa coresponsabilité<br />
dans les atrocités commises au<br />
Vietnam. Au contraire, il est de notre<br />
devoir de révéler la vérité historique<br />
avant que nous-mêmes disparaissions<br />
de l’histoire.<br />
Un Vietnamien témoigne de la<br />
profonde réalité de la guerre du Vietnam<br />
par ces trois vers :<br />
La maison de Grand-Mère bombardée<br />
Il n’en reste que l’escalier<br />
qui mène au Ciel.<br />
* Kaj Falkman était chargé des<br />
affaires vietnamiennes au ministère<br />
suédois des affaires étrangères entre<br />
1968 et 1973. Son dernier ouvrage<br />
s’intitule Ekot från Vietnam (L’Echo du<br />
Vietnam, en suédois), Carlsson Bokförlag,<br />
Stockholm, 2014.<br />
Les blogs du Diplo<br />
22 janvier <strong>2015</strong><br />
Vol. 8 • No. 30 • Du 4 au 10 <strong>Fevrier</strong> <strong>2015</strong><br />
<strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times<br />
11
Perspectives<br />
Discours du président russe Vladimir Poutine<br />
à la Journée Internationale du Souvenir<br />
de l’Holocauste<br />
Intervention de Raul Castro,<br />
au IIIème sommet de la<br />
CELAC, San José, Costa Rica !<br />
Lors de la Journée internationale du<br />
souvenir de l’Holocauste et du 70e<br />
anniversaire de la libération du camp<br />
de concentration d’Auschwitz par<br />
l’armée soviétique, Vladimir Poutine<br />
a visité le Musée juif et le Centre de<br />
la tolérance à Moscou. Le président a<br />
visité l’exposition « Homme et catastrophe<br />
» dédiée à l’extermination massive,<br />
par les nazis, des détenus dans les<br />
camps de concentration. M. Poutine<br />
était accompagné du Grand rabbin de<br />
Russie, Berel Lazar, et du président de<br />
la Fédération des communautés juives,<br />
Alexandre Boroda.<br />
L’Assemblée générale des Nations<br />
unies a déclaré le 27 janvier,<br />
date à laquelle les troupes soviétiques<br />
ont libéré le camp de concentration<br />
d’Auschwitz en 1945, Journée internationale<br />
du souvenir de l’Holocauste.<br />
Discours au Musée juif et Centre<br />
de la tolérance de Moscou du président<br />
de la Russie Vladimir Poutine :<br />
Mes amis,<br />
Il y a 70 ans, les troupes soviétiques<br />
ont libéré le camp de concentration<br />
d’Auschwitz, où les nazis ont<br />
massacré des millions de personnes.<br />
Par la décision de l’Organisation des<br />
Nations unies, ce jour, le 27 janvier, a<br />
été déclaré Journée internationale du<br />
souvenir de l’Holocauste. L’Holocauste,<br />
l’un des crimes les plus meurtriers contre<br />
l’humanité, est devenu un symbole<br />
de deuil et de douleur contre la cruauté<br />
déchaînée et le mépris de la vie humaine.<br />
Il est difficile d’imaginer que dans<br />
ces usines de la mort, les fusillades de<br />
masse et les déportations ont été une<br />
réalité du XXe siècle ; elles furent organisées<br />
de sang-froid dans ce qui semblait<br />
alors être une Europe civilisée. Oui, elles<br />
ont été planifiées et organisées de sangfroid.<br />
Nous avons vu l’exposition – que<br />
vous avez vue aussi –, c’était prévu, une<br />
opération délibérée d’extermination.<br />
Incroyablement simple.<br />
Cependant, comme l’Histoire<br />
l’a montré, là où les idées de l’origine<br />
ethnique ou de la suprématie raciale<br />
sont inculquées aux individus, là où les<br />
graines de la haine inter-ethnique sont<br />
semées, là où les valeurs traditionnelles<br />
humaines sont détruites et foulées au<br />
pied, la civilisation cède inexorablement<br />
et rapidement sa place à la barbarie, et<br />
la paix cède elle-même la place à des<br />
conflits cruels, à la guerre et à l’agression.<br />
Les nazis ont menacé de réduire<br />
en esclavage les peuples de notre État<br />
multi-ethnique. Ceux-ci devaient être<br />
assimilés par la force ou réduits au rang<br />
d’esclaves, sinon ils étaient éliminés afin<br />
de créer un espace vital pour la soi-disant<br />
race supérieure.<br />
Selon les documents du procès de<br />
Nuremberg, six millions de juifs ont été<br />
tués en Europe durant la Shoah. L’horreur<br />
de ces chiffres est insondable. Ils ne<br />
sont pas morts au combat, mais ont été<br />
tout simplement exterminés, gazés puis<br />
brûlés dans les fours ou abattus. Parmi<br />
ces millions, il y avait des centaines de<br />
milliers de nos compatriotes.<br />
Ces crimes ne sont pas et ne<br />
devront jamais être prescrits. Ils ne<br />
peuvent être ni pardonnés, ni oubliés.<br />
Toutes les tentatives pour faire taire ces<br />
événements, les déformer ou réécrire<br />
l’Histoire sont inacceptables et immorales.<br />
Souvent, ces tentatives masquent<br />
le désir de dissimuler un comportement<br />
honteux -– de lâcheté, d’hypocrisie et de<br />
trahison –, afin de justifier une collusion<br />
silencieuse, directe ou indirecte, avec<br />
les nazis dans la mise en œuvre de leur<br />
politique criminelle.<br />
Cependant, les faits historiques<br />
sont irréfutables. Ainsi, ils montrent que<br />
Le président russe Vladimir Poutine<br />
a qualifié d'« inacceptable » toute<br />
« tentative de réécrire l'Histoire<br />
», lors d'une cérémonie à Moscou<br />
au musée du Judaïsme pour le 70e<br />
anniversaire de la libération du<br />
camp d'Auschwitz.<br />
les Banderistes [disciples de Bandera,<br />
leader nazi en Ukraine dans les années<br />
40, NdT] et d’autres collaborateurs et<br />
sbires d’Hitler étaient eux-mêmes impliqués<br />
dans la destruction du peuple juif,<br />
dans la destruction des juifs de Lvov,<br />
d’Odessa, de Kiev et d’autres villes et<br />
villages ukrainiens, pendant que les<br />
nazis conduisaient dans les États baltes<br />
le nettoyage ethnique de Vilnius, Riga et<br />
Tallinn [capitales des États baltes, NdT].<br />
En cette tragique journée, nous<br />
rendons hommage à la mémoire de tous<br />
ceux qui ont été torturés par les nazis<br />
et leurs complices dans les camps de<br />
concentration et les ghettos. Nous pleurons<br />
pour les millions de personnes qui<br />
sont mortes dans les flammes de la plus<br />
sanglante des guerres de toute l’histoire<br />
de l’humanité.<br />
Je tiens à noter que, à l’initiative<br />
d’organisations publiques et religieuses,<br />
et pas seulement d’organisations juives,<br />
la Russie effectue des recherches pour<br />
essayer de retrouver les noms des victimes<br />
dans les fosses communes de<br />
l’Holocauste. Cet effort mérite un soutien<br />
spécial et va certainement se poursuivre.<br />
Aujourd’hui, nous rendons hommage<br />
au courage de ceux qui ont survécu<br />
aux horreurs de l’occupation, à<br />
la violence et à l’humiliation du travail<br />
forcé, ceux qui ont survécu à ces actions<br />
inhumaines et sont restés intacts.<br />
À cet égard, je ne peux m’empêcher<br />
de rappeler une autre date : aujourd’hui,<br />
nous marquons l’anniversaire de la<br />
libération de Leningrad du blocus nazi.<br />
Ce fut encore un autre exemple des<br />
massacres organisés par les nazis, qui<br />
étaient en train de détruire de sang-froid<br />
la population civile de Leningrad par des<br />
bombardements et des tirs d’artillerie.<br />
Nous nous inclinons devant<br />
l’exploit héroïque de l’Armée rouge, des<br />
officiers et des hommes qui ont vaincu<br />
le nazisme et ont arrêté la terrible machine<br />
d’anéantissement. Ce n’était pas<br />
seulement leur patrie qu’ils protégeaient<br />
contre les agresseurs. Leur grande mission<br />
de libération est devenue un acte<br />
d’honneur pour l’ensemble de notre<br />
peuple.<br />
À cet égard, je voudrais dire que,<br />
comme nous venons de le rappeler, les<br />
Russes portaient le poids de la bataille<br />
contre le nazisme. Soixante-dix pour<br />
cent de tous les officiers de l’Armée<br />
rouge et de ses hommes étaient des<br />
Russes, et le peuple russe a fait le plus<br />
grand sacrifice au nom de la victoire.<br />
Cependant, ici, dans l’enceinte du<br />
Musée juif et Centre de la tolérance, je<br />
voudrais rappeler que les citoyens juifs<br />
de l’Union Soviétique ont apporté une<br />
énorme contribution à la victoire sur<br />
notre ennemi. Plus d’un demi-million de<br />
juifs ont combattu dans l’Armée Rouge,<br />
plus de quarante mille étaient des<br />
membres des unités de partisans. Près<br />
d’un tiers d’entre eux étaient des volontaires.<br />
Près de deux cent mille ont été<br />
tués dans les batailles pour leur patrie.<br />
L’héroïsme des représentants de<br />
tous les groupes ethniques, leur amour<br />
désintéressé pour leur patrie, leur état de<br />
préparation pour l’auto-sacrifice resteront<br />
toujours dans notre mémoire, dans<br />
la mémoire reconnaissante des peuples<br />
de la Russie.<br />
Alors que nous célébrons cette<br />
année le 70e anniversaire de la Grande<br />
victoire, nous allons, encore et encore,<br />
adresser nos plus chaleureux remerciements<br />
à nos chers anciens combattants,<br />
y compris ceux qui sont présents ici,<br />
ceux qui ont tout donné d’eux-mêmes<br />
pour la liberté et l’indépendance de leur<br />
patrie.<br />
Amis, alors que nous rendons<br />
hommage, nous devons regarder l’avenir.<br />
Des crimes semblables à l’Holocauste<br />
ne doivent pas être répétés. C’est<br />
notre devoir commun qui, sans exagération,<br />
est le devoir le plus important et le<br />
plus urgent pour l’ensemble de la communauté<br />
mondiale.<br />
C’est vrai, il y a eu des changements<br />
significatifs sur la scène mondiale<br />
au cours des dernières décennies.<br />
Cependant, nous voyons que les idées<br />
inhumaines sont toujours là.<br />
Nous continuons à faire face à<br />
des tentatives pour diviser l’humanité<br />
sur des motifs d’appartenance ethnique,<br />
raciale ou religieuse, à faire face aussi à<br />
des manifestations d’antisémitisme, de<br />
russophobie et à l’intolérance agressive<br />
des autres groupes ethniques, culturels<br />
et traditionnels.<br />
Les nazis ont fait usage de ces<br />
instincts primitifs en leur temps, tandis<br />
que maintenant ils sont utilisés par des<br />
néo-nationalistes, des extrémistes et des<br />
terroristes dans un certain nombre de<br />
pays et de régions.<br />
Nous devons faire face à ces menaces<br />
ensemble, pour protéger la paix<br />
et la liberté du peuple, défendre le droit<br />
des États et des peuples de choisir leur<br />
propre voie de développement.<br />
L’Histoire a montré dans quel terrible<br />
abîme la prétention à la suprématie<br />
mondiale peut conduire l’humanité ; et<br />
quelles tragédies peuvent entraîner les<br />
tentatives visant à faire pression sur des<br />
États souverains ou le non-respect de<br />
leurs droits.<br />
Nous savons tous à quel point<br />
sont dangereuses les attitudes du deux<br />
poids deux mesures ainsi que l’indifférence<br />
aux autres. Prenez, par exemple,<br />
la tragédie que vit actuellement le sudest<br />
de l’Ukraine, où les populations<br />
pacifiques de Donetsk, de Lugansk et<br />
d’autres villes sont assaillies depuis des<br />
mois, et cela de sang-froid.<br />
Je tiens à répéter que, aujourd’hui,<br />
au XXIe siècle, il est important d’améliorer<br />
l’efficacité du système de sécurité<br />
collective et de promouvoir les valeurs<br />
de l’humanisme, de la coopération, et de<br />
toujours garder à l’esprit les leçons que<br />
nous apprenons de l’Histoire.<br />
En conclusion, chers amis, je<br />
ne peux m’empêcher de partager mes<br />
propres impressions sur le film que nous<br />
avons vu. Bien sûr, nous connaissons<br />
tous ces camps de la mort et nous avons<br />
souvent à utiliser des mots tels que inhumain<br />
et criminel, et nous savons ce<br />
qu’est l’Holocauste. Cependant, aussi<br />
cruel que cela puisse paraître, ces mots<br />
sont parfois instrumentalisés et perdent<br />
leur sens premier.<br />
Et quand vous voyez tant de<br />
preuves documentées, elles nous envahissent<br />
avec une force renouvelée. Certains<br />
commencent alors à réaliser ce que<br />
nous avons enduré, ce à quoi l’humanité<br />
a dû faire face à l’époque. Nous rendons<br />
hommage à tous ceux qui sont morts et<br />
à tous ceux qui ont mis un terme à ce<br />
massacre.<br />
Je vous remercie.<br />
Traduit par Toma relu par jj et<br />
Diane pour le Saker Francophone<br />
Source news.kremlin<br />
27 janvier <strong>2015</strong><br />
De gauche à droite le ministre cubain des Affaires étrangères Bruno<br />
Rodriguez et le président Raul Castro Ruiz<br />
Intervention de M. Raul Castro Ruz,<br />
président du conseil d’état et du conseil<br />
des ministres de la république de<br />
Cuba, au troisième sommet de la communauté<br />
des états latino-américains<br />
et caribéens, tenu à San José de Costa<br />
Rica, le 28 janvier <strong>2015</strong>.<br />
Cher président Luis Guillermo<br />
Solís ;<br />
Chers chefs d’État ou de gouvernement<br />
d’Amérique latine et des Caraïbes<br />
;<br />
Chers chefs de délégations et invités<br />
qui nous accompagnent<br />
Notre Amérique, qui s’est engagée<br />
dans une époque nouvelle, a, depuis<br />
la création de la Communauté des<br />
États latino-américains et caribéens,<br />
progressé vers ses objectifs : indépendance,<br />
souveraineté sur les ressources<br />
naturelles, intégration, mise en place<br />
d’un nouvel ordre mondial, justice<br />
sociale et démocratie du peuple, par le<br />
peuple et pour le peuple. L’attachement<br />
à la justice et au droit des peuples est<br />
supérieur à celui de n’importe quelle<br />
autre période historique.<br />
Ensemble, nous sommes la troisième<br />
économie mondiale, nous possédons<br />
les deuxièmes plus grandes<br />
réserves de pétrole, la plus grande biodiversité<br />
de la planète, et concentrons<br />
une bonne part des ressources minières<br />
mondiales.<br />
Développer l’unité dans la diversité,<br />
agir à l’unisson, respecter nos différences<br />
resteront nos premiers objectifs<br />
et une nécessité incontournable ; car les<br />
problèmes du monde s’aggravent, tandis<br />
que persistent de grands dangers et<br />
de terribles problèmes qui dépassent les<br />
capacités nationales, voire sous-régionales.<br />
Les politiques économiques et<br />
sociale, la croissance soutenue de<br />
notre région nous ont permis cette dernière<br />
décennie de faire face à la crise<br />
économique mondiale et de réduire la<br />
pauvreté, le chômage et la distribution<br />
inéquitable de la richesse.<br />
Les profondes transformations<br />
politiques et sociales opérées dans plusieurs<br />
pays de la région ont apporté la<br />
dignité à des millions de familles, enfin<br />
sorties de la pauvreté.<br />
Pourtant, l’Amérique latine et les<br />
Caraïbes restent la région la plus inéquitable<br />
de la planète. Ainsi, 20 p. 100<br />
des foyers à plus bas revenu possèdent<br />
5 p. 100 des revenus totaux ; 167 millions<br />
de personnes souffrent encore<br />
de la pauvreté ; 1 enfant de moins de<br />
quinze ans sur 5 vit dans l’indigence, et<br />
plus de 35 millions de personnes sont<br />
analphabètes.<br />
La moitié de nos jeunes ne<br />
conclut pas le deuxième cycle du<br />
second degré, ce chiffre montant<br />
jusqu’à 78 p. 100 dans le secteur à<br />
plus bas revenu. Les deux tiers de la<br />
Suite à la page (16)<br />
Director: Florence Comeau<br />
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12 <strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times<br />
Vol. 8 • No. 30 • Du 4 au 10 <strong>Fevrier</strong> <strong>2015</strong>
Perspectives<br />
Conversation avec le Président syrien Bachar al-Assad !<br />
1ère partie<br />
Le 20 janvier <strong>2015</strong>, à Damas, le Président<br />
syrien Bachar al-Assad a accordé<br />
une entrevue à M. Jonathan Tepperman,<br />
Rédacteur en chef du Foreign Affairs<br />
Magazine. Voici le texte intégral<br />
publié simultanément le lundi 26 janvier<br />
<strong>2015</strong>, en anglais et en arabe, par le<br />
magazine newyorkais, le site de la Présidence<br />
syrienne et l’Agence Arabe Syrienne<br />
d’Information SANA. Nous l’avons<br />
traduit à partir de la version anglaise.<br />
[NdT].<br />
1. M. Jonathan Tepperman :<br />
J’aimerais commencer par vous interroger<br />
sur la guerre. Elle dure depuis près de<br />
quatre années et vous en connaissez les<br />
statistiques : selon l’ONU, plus de deux<br />
cent mille personnes tuées, un million de<br />
blessés et plus de trois millions de Syriens<br />
ayant fui le pays. Vos forces ont aussi subi<br />
de lourdes pertes. La guerre ne peut durer<br />
éternellement. Comment en voyez-vous<br />
la fin ?<br />
Bachar al-Assad : Partout dans<br />
monde, toutes les guerres se sont toujours<br />
soldées par une solution politique parce<br />
que la guerre, en elle-même, n’est pas<br />
la solution. La guerre est l’un des instruments<br />
de la politique. Ainsi vous finissez<br />
par une solution politique. Globalement,<br />
c’est ainsi que nous la voyons.<br />
2. M. Jonathan Tepperman: Vous<br />
ne pensez pas que cette guerre se réglera<br />
militairement?<br />
Bachar al-Assad : Non. Toute<br />
guerre se termine par une solution politique.<br />
3. M. Jonathan Tepperman :<br />
Votre pays est de plus en plus divisé. On<br />
pourrait parler de trois mini-états : l’un<br />
contrôlé par le gouvernement, l’autre<br />
contrôlé par l’EIIL et Jabhat al-Nousra,<br />
puis un autre contrôlé par l’opposition<br />
sunnite et kurde plus laïque. Comment<br />
allez-vous faire pour rassembler et réunifier<br />
la Syrie ?<br />
Bachar al-Assad : Tout d’abord,<br />
cette image n’est pas exacte, parce que<br />
vous ne pouvez parler de mini-états sans<br />
parler des gens qui y vivent. Le peuple syrien<br />
est toujours pour l’unité de la Syrie et<br />
soutient toujours son gouvernement. Les<br />
factions que vous avez citées contrôlent<br />
certaines régions, mais se déplacent d’une<br />
région à une autre. Elles sont instables,<br />
sans lignes de démarcation claires entre<br />
les différentes forces. Parfois, elles s’associent<br />
avant de se déplacer. La question<br />
principale concerne la population. Et la<br />
population soutient toujours l’État indépendamment<br />
de son soutien, ou non, à<br />
sa politique. Je veux dire que la population<br />
soutient l’État en tant que représentant de<br />
l’unité de la Syrie. Donc, tant que le peuple<br />
syrien croit en l’unité, tout gouvernement<br />
et tout représentant officiel peuvent unifier<br />
la Syrie. En revanche, si le peuple est<br />
divisé en deux, trois ou quatre groupes,<br />
nul ne peut unifier le pays. Voilà comment<br />
nous voyons les choses.<br />
4. M. Jonathan Tepperman :<br />
Vous pensez vraiment que les sunnites<br />
et les Kurdes croient encore en une Syrie<br />
unifiée ?<br />
Bachar al-Assad : Si vous vous<br />
rendiez à Damas aujourd’hui, vous<br />
constateriez que les différentes couleurs<br />
de notre société -disons le-ainsi- vivent<br />
ensemble. En Syrie, les divisions ne se<br />
fondent pas sur des bases confessionnelles<br />
ou ethniques. Même dans la région<br />
kurde dont vous parlez, nous avons deux<br />
couleurs différentes : les Arabes étant plus<br />
nombreux que les Kurdes. Il ne s’agit donc<br />
pas d’une question d’ordre ethnique, mais<br />
de factions qui contrôlent, militairement,<br />
certaines zones du pays.<br />
5. M. Jonathan Tepperman : Il y<br />
a un an, l’opposition ainsi que les gouvernements<br />
étrangers soutenaient que votre<br />
destitution était la condition préalable aux<br />
négociations. Ce n’est plus le cas. Les diplomates<br />
sont maintenant à la recherche<br />
d’une solution intermédiaire qui vous<br />
permettrait de garder un rôle. Aujourd’hui<br />
même, le New York Times a publié un<br />
article concernant le soutien appuyé des<br />
États-Unis en faveur des initiatives de<br />
paix russe et onusienne. L‘article souligne<br />
que : « L’Occident n’exige pratiquement<br />
plus que le président de la Syrie quitte<br />
immédiatement le pouvoir ». Vu ce changement<br />
d’attitude de la part de l’Occident,<br />
êtes-vous désormais plus ouvert à une<br />
solution négociée du conflit menant à une<br />
transition politique ?<br />
Bachar al-Assad : Dès le tout<br />
début nous étions ouverts. Nous nous<br />
sommes engagés dans un dialogue avec<br />
chaque partie en Syrie, qu’il s’agisse d’un<br />
parti, d’un courant, d’une personnalité et<br />
de n’importe quelle entité politiques. Nous<br />
avons modifié la Constitution et nous<br />
sommes ouverts à toutes les discussions.<br />
Mais quand vous voulez agir, vous ne le<br />
faites pas en fonction de l’opposition ou<br />
du gouvernement, mais en fonction des<br />
Syriens. Il se trouve parfois que vous ayez<br />
affaire à une majorité qui n’appartient à<br />
aucun courant. Donc, aussi longtemps<br />
que vous vous attaquez à un problème<br />
national et que vous voulez le changement,<br />
chaque Syrien a son mot à dire.<br />
Ainsi, le dialogue ne peut se résumer au<br />
gouvernement et à l’opposition, mais doit<br />
s’instaurer entre les différentes parties et<br />
entités syriennes. Voilà comment nous envisageons<br />
le dialogue. C’est là un premier<br />
point. Le deuxième est que, quelle que soit<br />
la solution que vous adoptiez, vous devrez<br />
finalement revenir vers le peuple par voie<br />
de référendum, parce que vous parlez de<br />
Constitution ou de modification d’un système<br />
politique. Vous devrez consulter le<br />
peuple syrien. Ce n’est pas la même chose<br />
que de s’engager dans un dialogue et de<br />
prendre des décisions. Le dialogue ne peut<br />
se faire uniquement entre le gouvernement<br />
et l’opposition.<br />
6. M. Jonathan Tepperman :<br />
Donc, vous êtes en train de dire que vous<br />
n’accepterez aucune sorte de transition<br />
politique qui n’ait été soutenue par voie<br />
référendaire ?<br />
Bachar al-Assad : Exactement.<br />
C’est au peuple de prendre la décision et à<br />
personne d’autre.<br />
7. M. Jonathan Tepperman : Estce<br />
que cela signifie qu’il n’y a pas place<br />
pour les négociations ?<br />
Bachar al-Assad : Non, nous<br />
irons en Russie, nous nous rendrons à ces<br />
négociations, mais la question qui se pose<br />
est : avec qui négocierons-nous ? En tant<br />
que gouvernement, nous avons des institutions,<br />
nous avons une armée, et nous<br />
avons une influence, positive ou négative,<br />
dans n’importe quelle direction et à tout<br />
moment ; alors que les gens avec lesquels<br />
nous allons négocier : qui représentent-ils<br />
? Là est la question. Parler d’opposition<br />
implique d’en préciser le sens. En général,<br />
l’opposition dispose de représentants<br />
dans l’administration locale, au parlement,<br />
dans les institutions, et ses représentants<br />
doivent s’appuyer sur des racines<br />
populaires qui les délèguent. Dans la crise<br />
actuelle, vous devez vous poser des questions<br />
quant à l’influence de l’opposition<br />
sur le terrain. Vous devez vous rappeler ce<br />
que les rebelles ont déclaré publiquement<br />
et à plusieurs reprises : « l’opposition ne<br />
nous représente pas ». Si donc, vous envisagez<br />
un dialogue fructueux, il devra être<br />
entre le gouvernement et les rebelles. Par<br />
ailleurs, l’opposition signifie qu’elle est nationale,<br />
c’est-à-dire de travailler dans l’intérêt<br />
du peuple syrien. Il ne peut s’agir de<br />
marionnettes du Qatar, de l’Arabie saoudite,<br />
ou de n’importe quel pays occidental<br />
dont les États-Unis, payés par l’étranger.<br />
Elle doit être syrienne. Nous avons une<br />
opposition nationale. Je ne l’exclue pas ; je<br />
ne dis pas que toute opposition est illégitime.<br />
Mais vous devez distinguer entre le<br />
national et les marionnettes. Tout dialogue<br />
n’est pas fructueux.<br />
8. M. Jonathan Tepperman :<br />
Est-ce que cela signifie que vous ne voulez<br />
pas rencontrer les forces de l’opposition<br />
soutenues par des pays étrangers ?<br />
Bachar al-Assad : Nous allons<br />
De gauche à droite M. Jonathan Tepperman, Rédacteur en chef du Foreign<br />
Affairs Magazine et Dr Bachar al-Assad Président de<br />
la République arabe syrienne<br />
rencontrer tout le monde. Nous n’avons<br />
pas posé de conditions.<br />
9. M. Jonathan Tepperman : Pas<br />
de conditions ?<br />
Bachar al-Assad : Pas de conditions.<br />
10. M. Jonathan Tepperman :<br />
Vous rencontrerez tout le monde ?<br />
Bachar al-Assad : Oui, nous allons<br />
rencontrer tout le monde. Mais il faudra<br />
demander à chacun : « Qui représentez-vous<br />
? ». C’est ce que je veux dire.<br />
11. M. Jonathan Tepperman : Si<br />
je ne me trompe, l’adjoint de l’Émissaire<br />
spécial de l’ONU Staffan de Mistura est<br />
actuellement en Syrie. Comme mesure<br />
provisoire, ils proposent un cessez-le feu<br />
et un gel des combats à Alep. Accepteriezvous<br />
cette proposition ?<br />
Bachar al-Assad : Oui, bien sûr.<br />
Nous l’avons pratiquée bien avant que<br />
de Mistura n’ait pris ses fonctions. Nous<br />
l’avons mise en œuvre à Homs, une autre<br />
grande ville, et l’avons aussi expérimentée<br />
à plus petite échelle dans différentes<br />
banlieues, villages ou autres. Elle a réussi.<br />
L’idée est donc très bonne, mais dépend<br />
des détails. De Mistura est venu en Syrie<br />
avec de gros titres. Nous en avons accepté<br />
certains et attendons son calendrier ou<br />
son plan détaillé de A à Z. Nous en discutons<br />
avec son adjoint.<br />
12. M. Jonathan Tepperman :<br />
Dans le passé, vous avez exigé, comme<br />
condition préalable au cessez-le-feu, que<br />
les rebelles déposent leurs armes ; ce qui,<br />
de leur point de vue, est évidemment<br />
inacceptable. Est-ce toujours votre précondition<br />
?<br />
Bachar al-Assad : Nous choisissons<br />
différents scénarios ou différentes<br />
réconciliations. Dans certaines régions,<br />
nous leur avons permis de quitter les<br />
zones habitées afin d’éviter des victimes<br />
parmi les civils. Ils ont quitté en emportant<br />
leurs armements. Dans d’autres régions,<br />
ils ont déposé leurs armes avant de quitter.<br />
Cela dépend de ce qu’ils offrent et de ce<br />
que vous leur proposez.<br />
13. M. Jonathan Tepperman :<br />
Je ne suis pas sûr d’avoir compris votre<br />
réponse. Exigez-vous qu’ils déposent<br />
leurs armes ?<br />
Bachar al-Assad : Non. Je n’ai<br />
pas dit cela. J’ai dit que dans certaines<br />
régions, ils ont abandonné le terrain sans<br />
déposer leurs armes.<br />
14. M. Jonathan Tepperman :<br />
Êtes-vous optimiste sur les négociations<br />
de Moscou ?<br />
Bachar al-Assad : Ce qui se passe<br />
à Moscou ne correspond pas à des négociations<br />
sur la solution ; ce ne sont que les<br />
préparatifs en vue de la conférence.<br />
15. M. Jonathan Tepperman :<br />
Donc, des négociations vers les négociations<br />
?<br />
Bachar al-Assad : Exactement,<br />
ou comment se préparer aux négociations.<br />
S’agissant d’une conférence, il s’agit d’en<br />
déterminer les principes. Je reviens vers<br />
le même point sur lequel vous me permettrez<br />
d’être franc : comme je l’ai déjà dit,<br />
certains groupes sont des marionnettes<br />
manipulées par d’autres pays et doivent<br />
mettre en œuvre leur agenda. Je sais<br />
que nombre de pays, telle la France par<br />
exemple, n’ont pas intérêt à ce que cette<br />
conférence réussisse. Ils donneront donc<br />
des ordres pour qu’elle échoue. Vous avez<br />
d’autres personnalités qui ne représentent<br />
qu’eux-mêmes. Ils ne représentent personne<br />
en Syrie, certains n’ayant jamais<br />
vécu au pays ne connaissent rien de la<br />
Syrie. Et, bien sûr, vous avez d’autres<br />
personnalités qui travaillent pour l’intérêt<br />
national. Donc, quand vous parlez de<br />
l’opposition comme d’une seule entité, il<br />
s’agit de savoir qui va influencer l’autre.<br />
Là est la question. Ce n’est pas clair pour<br />
le moment. Par conséquent, l’optimisme<br />
serait exagéré. Je ne dirais pas que je suis<br />
pessimiste. Je dirais que nous avons espoir<br />
dans chaque action.<br />
16. M. Jonathan Tepperman : Il<br />
semble que ces derniers temps les Américains<br />
soient devenus plus favorables aux<br />
pourparlers de Moscou. Au départ, ils<br />
ne l’étaient pas. Hier, le secrétaire d’État<br />
Kerry a laissé entendre que les États-Unis<br />
espéraient que les négociations avancent<br />
et qu’elles réussissent.<br />
Bachar al-Assad : Ils disent toujours<br />
des choses, mais il s’agit de ce qu’ils<br />
vont faire. Et vous savez qu’il y a de la<br />
méfiance entre les Syriens et les Etats-<br />
Unis. Il suffit donc d’attendre ce qui se<br />
passera lors de la conférence.<br />
17. M. Jonathan Tepperman :<br />
Selon vous, quel serait le meilleur moyen<br />
pour conclure un accord entre toutes les<br />
parties intervenant en Syrie ?<br />
Bachar al-Assad : Ce serait de<br />
traiter directement avec les rebelles, en<br />
sachant que vous avez deux types de<br />
rebelles. La majorité est représentée par<br />
Al-Qaïda, c’est-à-dire l’EIIL, Jabhat al-<br />
Nousra et d’autres factions similaires,<br />
moins importantes ; mais qui appartiennent<br />
aussi à Al-Qaïda. Le reste correspond<br />
à ce qu’Obama a désigné par « fantasy »<br />
et qu’il a qualifié d’opposition modérée.<br />
Ce n’est pas une opposition. Ce sont des<br />
rebelles. La plupart d’entre eux ont rejoint<br />
Al-Qaïda et, récemment, certains<br />
ont rejoint l’Armée. La semaine dernière,<br />
beaucoup ont quitté leurs groupes pour la<br />
rejoindre.<br />
18. M. Jonathan Tepperman :<br />
Ceux qui sont revenus étaient des déserteurs<br />
?<br />
Bachar al-Assad : Oui, ils sont<br />
revenus vers l’armée en disant : « Nous<br />
ne voulons plus nous battre ». Ainsi, ceux<br />
qui restent de ce groupe sont peu nombreux.<br />
Au bout de ce compte, pouvezvous<br />
négocier avec Al-Qaïda et ceux-là ?<br />
Eux ne sont pas prêts à négocier. Ils ont<br />
leur propre plan. La réconciliation que<br />
nous avions initiée et que M. de Mistura<br />
va continuer est la solution pratique sur le<br />
terrain. Ceci est un premier point. Le deuxième<br />
est que vous devez appliquer la Résolution<br />
du Conseil de sécurité N° 2170,<br />
adoptée il y a quelques mois, et relative à<br />
Jabhat al-Nousra et à l’EIIL. Cette résolution<br />
est très claire et interdit à quiconque<br />
de soutenir ces factions militairement,<br />
financièrement ou logistiquement ; alors<br />
que la Turquie, l’Arabie saoudite et le Qatar<br />
le font encore. Si elle n’est pas mise en<br />
œuvre, nous ne pourrons pas parler d’une<br />
véritable solution, car les obstacles persisteront<br />
tant qu’ils dépenseront leur argent.<br />
C’est d’ailleurs par là qu’il faudrait commencer.<br />
Le troisième point est que les pays<br />
occidentaux doivent ôter le parapluie couvrant<br />
ceux qu’ils présentent comme une<br />
opposition modérée. Ils savent que nous<br />
avons principalement affaire à Al-Qaïda, à<br />
l’EIIL et à Al- Nousra.<br />
19. M. Jonathan Tepperman :<br />
Seriez-vous prêt à prendre des mesures<br />
pouvant renforcer la confiance avant<br />
les pourparlers [de Moscou] ? Par exemple<br />
: échanges de prisonniers, arrêt de<br />
l’utilisation de bombes à canon, libération<br />
de prisonniers politiques, dans le but de<br />
prouver au camp adverse que vous êtes<br />
prêt à négocier de bonne foi ?<br />
Bachar al-Assad : Il ne s’agit pas<br />
d’une relation personnelle, mais de mécanismes.<br />
En politique, on ne parle que<br />
des mécanismes. Il n’est pas nécessaire<br />
d’avoir confiance en quelqu’un pour agir.<br />
Si le mécanisme est clair, vous pouvez<br />
parvenir à un résultat. C’est ce que veut le<br />
peuple. La question est : quel mécanisme<br />
pouvons-nous mettre en place ? Ce qui<br />
nous ramène au même questionnement.<br />
Qui sont-ils ? Qui représentent-ils ? Quelle<br />
influence ont-ils ? Sur quel point construire<br />
la confiance avec des gens sans influence<br />
?<br />
20. M. Jonathan Tepperman :<br />
Quand deux parties se rejoignent, il est<br />
souvent très utile que l’une des deux<br />
montre à l’autre partie qu’elle souhaite<br />
vraiment avancer, en prenant des mesures<br />
unilatérales pour tenter de réduire la fièvre.<br />
Les mesures que j’ai décrites auraient cet<br />
effet.<br />
Bachar al-Assad : Vous disposez<br />
d’une chose concrète, et c’est la réconciliation.<br />
Ils ont abandonné leurs armes, nous<br />
leur avons donné l’amnistie, ils mènent<br />
une vie normale. C’est un exemple réel<br />
et c’est une mesure de confiance. D’autre<br />
part, quel rapport y’a-t-il entre cette opposition<br />
et les prisonniers ? Il n’y en a<br />
aucun. De toute façon, ces prisonniers ne<br />
sont pas des leurs et c’est donc une toute<br />
autre question.<br />
21. M. Jonathan Tepperman :<br />
Ainsi, vous avez offert l’amnistie aux<br />
combattants ?<br />
Bachar al-Assad : Oui, bien sûr,<br />
et nous l’avons fait à plusieurs reprises.<br />
22. M. Jonathan Tepperman :<br />
Combien ? Avez-vous des chiffres ?<br />
Bachar al-Assad : Je n’ai pas de<br />
chiffres précis, mais il s’agit de milliers de<br />
combattants et non de quelques centaines.<br />
23. M. Jonathan Tepperman :<br />
Êtes-vous prêt à dire à l’opposition, toute<br />
entière, que si elle déposait les armes, elle<br />
serait hors de danger ?<br />
Bachar al-Assad : Oui. Je l’ai dit<br />
publiquement dans un de mes discours.<br />
24. M. Jonathan Tepperman :<br />
Comment pouvez-vous garantir qu’ils seront<br />
en sécurité ? Parce qu’ils ont des raisons<br />
de se méfier de votre gouvernement.<br />
Bachar al-Assad : Vous ne pouvez<br />
pas. Mais, en fin de compte, nous<br />
avons ainsi obtenu plus de 50% de réussites,<br />
ce qui est un succès dans de telles<br />
circonstances. C’est ainsi. Rien n’est<br />
absolu. Vous devez vous attendre à certains<br />
aspects négatifs, mais ce n’est pas<br />
l’essentiel.<br />
25. M. Jonathan Tepperman :<br />
Permettez-moi de passer à un autre sujet.<br />
Le Hezbollah, la Force Al-Qods d’Iran et<br />
les milices chiites entraînées par les Iraniens<br />
jouent désormais un rôle important<br />
dans la lutte contre les rebelles ici, en<br />
Syrie. Compte tenu de ce fait, êtes-vous<br />
inquiet de l’influence de l’Iran sur le pays<br />
? Après tout, l’Irak et même le Liban montrent<br />
qu’une fois une puissance militaire<br />
étrangère installée dans un pays, il peut<br />
être très difficile de lui demander de repartir.<br />
Bachar al-Assad : L’Iran est<br />
un pays important dans cette région et<br />
Suite à la page (18)<br />
Vol. 8 • No. 30 • Du 4 au 10 <strong>Fevrier</strong> <strong>2015</strong><br />
<strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times<br />
13
Perspectives<br />
L’Equateur dénonce le cas<br />
de Julian Assange !<br />
Le gouvernement de ’Equateur dénonce<br />
le cas de Julian Assange durant<br />
l’examen périodique de la Suède<br />
au Haut Commissariat aux Droits de<br />
l’Homme de l’ONU<br />
Le gouvernement équatorien<br />
a réalisé plusieurs recommandations<br />
pour que le gouvernement de la Suède<br />
puisse progresser dans la défense et la<br />
protection des droits de l’homme, dans<br />
le cadre du Second cycle de l’Examen<br />
Périodique Universel. La délégation<br />
équatorienne a mentionné plus particulièrement<br />
les difficultés existantes<br />
dans le système de justice suédois qui<br />
ont eu un impact négatif sur la pleine<br />
jouissance des droits fondamentaux<br />
du citoyen australien Julien Assange,<br />
qui bénéficie de l’asile politique dans<br />
l’ambassade de l’Equateur à Londres.<br />
Après avoir félicité la Suède pour<br />
les avancées en matière de droits de<br />
l’homme depuis la présentation de son<br />
dernier EPU, l’ambassadeur Maria Fernanda<br />
Espinoza, lors de sa première<br />
intervention en tant que Représentante<br />
permanente de l’Equateur auprès des<br />
Nations Unies à Genève, a transmis,<br />
durant la session du Conseil des Droits<br />
de l’Homme, la recommandation du<br />
Afrique : Les agro-impérialistes font<br />
main basse sur les terres agricoles<br />
Par Lyès Menacer<br />
Le Continent africain, qui possède à<br />
lui seul un quart des terres fertiles<br />
mondiales, concentre 41% des transactions<br />
foncières, sur un nombre total de<br />
1 515 transactions à travers le monde,<br />
selon un récent rapport de l’ONG Action<br />
Aid International, datant de fin<br />
mai 2014. « Depuis l’an 2000, plus de<br />
1 600 transactions de grande échelle<br />
ont été documentées, soit une superficie<br />
totale de 60 millions d’hectares<br />
», a avancé l’ONG qui a précisé qu’«<br />
aussi, il est probable que bon nombre<br />
d’acquisitions de moyenne ou grande<br />
envergure demeurent à ce jour ni<br />
documentées, ni quantifiées ». Ce rapport<br />
d’une vingtaine de pages, intitulé<br />
« Hold-up sur les terres : comment le<br />
monde ouvre la voie aux accaparements<br />
des terres par les entreprises »,<br />
L’ambassadrice Maria<br />
Fernanda Espinoza<br />
Gouvernement équatorien consistant à<br />
limiter le temps de la prison préventive<br />
ou situations équivalentes de privation<br />
de liberté sans que des charges soient<br />
formulées ; et aussi de faciliter les mécanismes<br />
de coopération internationale<br />
entre organes judiciaires et du ministère<br />
public, afin de pouvoir mettre en place<br />
une procédure régulière, spécifiquement<br />
quand la personne en question est protégée<br />
par une décision d’asile politique<br />
ou bien par le statut de réfugiée.<br />
Avec cette recommandation, le<br />
gouvernement équatorien promeut le<br />
plein respect des droits de l’homme de<br />
Julian Assange, qui fait face à un procès<br />
entamé par le Parquet suédois et à un<br />
mandat d’emprisonnement préventif<br />
nous révèle en effet l’ampleur de ce<br />
phénomène qui menace, non seulement<br />
la survie de millions de personnes<br />
dans le monde, mais également les écosystèmes,<br />
les forêts et les espèces animales<br />
en danger de disparition.<br />
L’ONG s’est énormément intéressée<br />
à l’Afrique, car ce continent est devenu<br />
la nouvelle attraction des multinationales,<br />
des fonds de pensions et des grands<br />
groupes agro-alimentaires qui ont acquis,<br />
avec les complicités des gouvernements<br />
locaux, des millions d’hectares de terres<br />
arables.<br />
Des Etats se sont aussi mis à<br />
acheter les terres fertiles pour satisfaire<br />
leurs besoins alimentaires et fabriquer<br />
les biocarburants. L’Arabie saoudite, le<br />
Qatar, l’Inde sont souvent cités dans les<br />
rapports de ces ONG qui ont identifié<br />
aussi les grandes puissances, comme les<br />
Etats-Unis, certains Etats membres de<br />
l’Union européenne (France, Allemagne,<br />
depuis deux ans et demi ; alors qu’il<br />
n’a pas été formellement accusé d’avoir<br />
commis un délit et qu’il n’a pas eu accès<br />
aux preuves utilisées contre lui.<br />
La délégation de l’Argentine a<br />
aussi souligné la nécessité de prendre<br />
des mesures concrètes qui permettent<br />
d’offrir des garanties de non-renvoi<br />
pour les personnes considérées comme<br />
réfugiées par un Etat tiers. La délégation<br />
de Cuba a insisté sur la nécessité<br />
de garantir l’accès aux preuves pour<br />
tous les régimes de détentions, pendant<br />
que la délégation de l’Uruguay a insisté<br />
sur la nécessité de garantir le droit à<br />
une procédure juste. La délégation du<br />
Nicaragua a recommandé à la Suède<br />
d’octroyer sans discrimination les garanties<br />
de protection judiciaire aux détenus<br />
en conformité avec ses compromis<br />
internationaux. A ce sujet, la délégation<br />
de la Slovaquie a recommandé à la<br />
Suède que les individus privés de liberté<br />
aient accès à toutes les garanties [juridiques]<br />
nécessaires.<br />
Ministère des affaires étrangères<br />
de l'Equateur 26 janvier <strong>2015</strong><br />
Traduction : Luis<br />
Alberto Reygada<br />
Le Grand Soir 30 janvier <strong>2015</strong><br />
Grande-Bretagne, Pays-Bas), et, depuis<br />
quelques années, la Chine qui veut avoir<br />
sa part en Afrique pour satisfaire sa demande<br />
locale. En Afrique subsaharienne,<br />
région à forte instabilité politique et sécuritaire,<br />
l’accaparement du peu de terres<br />
fertiles s’est fait par les autorités qui ont<br />
privé des milliers de paysans de leur principale<br />
ressource de survie.<br />
La saisie des terres a été facilitée<br />
par l’absence des actes de possessions<br />
que ces paysans n’ont jamais pu établir,<br />
dans une région où les biens sont gérés<br />
par les chefs de tribus.<br />
États en guerre, pays à vendre ?<br />
En Afrique subsaharienne, 10% de ces<br />
terres arables sont inscrites aux registres<br />
officiels. Sous-couvert de relance<br />
de l’agriculture pour éradiquer la famine<br />
qui ravage régulièrement des millions<br />
de personnes dans cette zone<br />
Suite à la page (15)<br />
Bouleversement des<br />
intérêts US au Levant<br />
Alors que viennent de se tenir à Moscou, sous la présidence de Sergei Lavrov,<br />
deux jours de consultation entre le gouvernement syrien et 32 responsables<br />
de son opposition, presque tout le monde à Washington souhaite une victoire<br />
de Bachar el-Assad. Seuls les partis qui soutiennent le principe de la lutte<br />
contre les jihadistes pourront participer au futur gouvernement d’union<br />
nationale<br />
Par Thierry Meyssan<br />
Alors que la guerre contre la Syrie<br />
avait été décidée en 2001 pour<br />
briser « l’Axe de la Résistance », pour<br />
faire main basse sur ses réserves de<br />
gaz, et remodeler le « Moyen-Orient<br />
élargi », les priorités de Washington ont<br />
été bouleversées. Le nouvel objectif est<br />
de stopper la contagion terroriste que<br />
tous les États impliqués alimentent et<br />
qu’aucun ne parvient plus à contrôler.<br />
Le complexe militaro-industriel, les notables<br />
de Washington et de grands médias<br />
espèrent désormais la victoire de la<br />
Syrie de Bachar el-Assad.<br />
La situation au Levant est susceptible<br />
d’évoluer rapidement d’une<br />
part en raison de la crise d’autorité à<br />
Washington et d’autre part à cause de<br />
l’accession du prince Salman au trône<br />
saoudien. Cette évolution pourrait être<br />
facilitée par une alternance politique en<br />
Israël.<br />
En premier lieu, la crise d’autorité<br />
qui paralyse les États-Unis continue à<br />
mobiliser la classe dirigeante. Après<br />
l’appel du président honoraire du Council<br />
on Foreign Relations (CFR) pour<br />
que le président Obama s’entoure de<br />
personnalités expérimentées des deux<br />
camps [1], le New York Times a consacré<br />
un éditorial [2] à un rapport publié<br />
en octobre par la Rand Corporation<br />
[3].<br />
Le principal think tank dédié<br />
aux questions militaires a opéré un<br />
retournement à 180° en un an. Selon<br />
lui, la victoire de la République arabe<br />
syrienne est désormais « l’option la<br />
plus souhaitable » pour les États-Unis,<br />
tandis que sa chute serait « la pire des<br />
issues ». Les groupes armés ont perdu<br />
tout soutien au sein de la population urbaine,<br />
les défections se sont interrom-<br />
La multinationale Chevron<br />
gagne le « super-prix<br />
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L’organisation Amazon Watch a nominé l’entreprise Chevron pour les<br />
continuelles violations des droits humains et environnementaux dans la<br />
région septentrionale de l’Amazonie équatorienne.<br />
Par Sergio Ferrari<br />
La Déclaration de Berne et Greenpeace<br />
a décerné à Chevron le «<br />
super-prix de la honte ». Les 64.000<br />
votants par Internet ont choisi le géant<br />
pétrolier nord-américain comme la pire<br />
entreprise de la planète, responsable entre<br />
autres du désastre écologique dans<br />
la forêt vierge au nord de l’Equateur.<br />
Ce prix décerné vendredi 23 janvier,<br />
dans la localité alpestre de Davos<br />
(Suisse) marque l’adieu de « Public Eye<br />
on Davos » (Œil public sur Davos),<br />
après 15 ans d’existence. Le regard citoyen,<br />
critique du pouvoir économique<br />
et politique mondial, considère que ce<br />
forum ne représente plus l’endroit le<br />
plus adéquat, et que le prix n’est plus<br />
14 <strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times<br />
Vol. 8 • No. 30 • Du 4 au 10 <strong>Fevrier</strong> <strong>2015</strong>
pues depuis plus d’un an, et l’armée<br />
syrienne poursuit sa libération du pays.<br />
Au demeurant, poursuit la Rand, la victoire<br />
syrienne ne profitera pas à l’Iran<br />
tant que Daesh restera présent en Irak.<br />
L’institut pronostique que les États qui<br />
ont jusqu’à présent alimenté les jihadistes<br />
vont cesser de le faire. En effet, ils<br />
ne peuvent plus espérer vaincre la Syrie<br />
de cette manière et craignent désormais<br />
que les jihadistes ne se retournent<br />
contre eux. Par conséquent, conclue la<br />
Rand, il n’y aura pas de solution négociée<br />
avec les États sponsors, mais une<br />
claire victoire du « régime » à laquelle<br />
les États-Unis devraient être associés.<br />
On observera le changement<br />
radical de position du complexe militaro-industriel.<br />
Il y a un an, la Rand préconisait<br />
de bombarder la Syrie comme<br />
la Libye, et de mener une action limitée<br />
au sol en créant des zones protégées,<br />
administrées par les « révolutionnaires<br />
». Aujourd’hui, elle admet implicitement<br />
qu’il n’y a jamais eu de révolution<br />
en Syrie et, qu’après un long moment<br />
d’hésitation sur son avenir, la majorité<br />
sunnite soutient à nouveau la République<br />
laïque.<br />
L’ambiance aujourd’hui à Washington<br />
ressemble à celle du début 2006,<br />
lorsque l’armée de Terre était enlisée en<br />
Afghanistan et en Irak et que Donald<br />
Rumsfeld tentait de cacher la défaite.<br />
À l’époque, le Congrès créa la Commission<br />
Baker-Hamilton. Celle-ci, à l’issue<br />
de huit mois de travaux conclut que les<br />
Forces US ne parviendraient pas à stabiliser<br />
les pays qu’elles occupaient sans<br />
l’aide de l’Iran et de la Syrie. Le tableau<br />
de la situation militaire qu’elle dressa<br />
était si effrayant que les États-uniens<br />
sanctionnèrent George W. Bush aux<br />
élections de mi-mandat. Le président<br />
sacrifia alors Rumsfeld et le remplaça<br />
par un membre de la Commission,<br />
Robert Gates. Le nouveau secrétaire à<br />
la Défense conclut des accords de terrain<br />
avec Téhéran et Damas, acheta les<br />
principaux groupes de la Résistance<br />
irakienne (la carotte) et augmenta le<br />
nombre de troupes sur place (le bâton)<br />
jusqu’à stabiliser la situation.<br />
Deuxièmement, en Arabie, le<br />
nouveau roi Salman a d’abord tenté de<br />
limoger tous les anciens partisans de<br />
son prédécesseur, allant même jusqu’à<br />
congédier le prince Miteb et le secrétaire<br />
général du palais deux heures après la<br />
mort du roi Abdallah. Puis, il est revenu<br />
sur ses décisions après avoir reçu les<br />
condoléances de son suzerain étatsunien.<br />
En définitive, Miteb sera le seul<br />
survivant de l’ère précédente, tandis<br />
que le prince Bandar a été renvoyé. Or,<br />
Bandar entretenait Daesh, avec l’aide<br />
de la CIA, de manière à faire pression<br />
sur le roi Abdallah dans l’intérêt du clan<br />
des Sudeiris.<br />
Son éviction, exigée par le président<br />
Obama, marque probablement la<br />
fin de la prédominance saoudienne sur<br />
le terrorisme international. Cette fois —<br />
la quatrième— devrait être la bonne :<br />
en 2010, le prince avait été banni<br />
pour avoir tenté d’organiser un coup<br />
d’État, mais il était revenu à la faveur<br />
de la guerre contre la Syrie ;<br />
en 2012, il avait été victime d’un<br />
attentat en rétorsion de l’assassinat des<br />
membres du Conseil syrien de sécurité<br />
nationale, mais il était revenu aux affaires<br />
un an plus tard, affaibli et obsessionnel<br />
;<br />
en 2014, John Kerry exigeait à<br />
nouveau son renvoi, mais il revenait<br />
sur le devant de la scène à la faveur de<br />
la crise égyptienne ;<br />
il vient d’être sacrifié par son<br />
propre clan ce qui ne lui laisse pas de<br />
perspective de retour à court ou moyen<br />
terme.<br />
Troisièmement, l’attaque du Hezbollah<br />
par Israël suivie de la riposte<br />
du Hezbollah contre Israël met paradoxalement<br />
en évidence la faiblesse<br />
de Benjamin Netanyahu en pleine<br />
période électorale. Le Premier ministre<br />
sortant espérait que la Résistance libanaise<br />
serait incapable de riposter à son<br />
agression et qu’il sortirait auréolé de<br />
cet affrontement. Son erreur de calcul<br />
pourrait lui coûter son poste, pour la<br />
plus grande joie de la Maison-Blanche<br />
qui ne masquait plus depuis longtemps<br />
son exaspération devant son fanatisme.<br />
Des évolutions à Washington, à<br />
Riyad et peut-être bientôt à Tel-Aviv,<br />
on peut raisonnablement conclure que<br />
dans les mois à venir, les États-Unis<br />
vont concentrer leurs efforts pour exclure<br />
Daesh du Levant et le projeter,<br />
hors de leur zone d’influence, contre la<br />
Russie et la Chine. De son côté, l’Arabie<br />
saoudite devrait essayer à la fois de<br />
sauver son autorité chez ses voisins, au<br />
Bahrein et au Yémen, tout en apportant<br />
son aide au grand perdant de la guerre<br />
contre la Syrie, le président Recep<br />
Tayyip Erdoğan, que les États-Unis ont<br />
décidé de faire chuter. Cette évolution<br />
sera plus ou moins longue selon les résultats<br />
électoraux à Tel-Aviv. Bien que<br />
les jihadistes soient devenus une menace<br />
pour la stabilité de tous les États du<br />
Levant, y compris Israël, M. Netanyahu<br />
pourrait continuer à mettre son aviation<br />
et ses hôpitaux à leur service. Mais on<br />
imagine mal qu’il persiste lorsque tous<br />
les autres États de la région les combattront.<br />
Au contraire, dans le cas où le<br />
Suite de la page (14) Afrique...<br />
aride, les gouvernements locaux ont<br />
cédé presque à un prix symbolique des<br />
centaines de milliers d’hectares aux<br />
fabricants de biocarburants, ont dénoncé<br />
de nombreuses ONG, dont Grain<br />
qui fait constamment l’objet d’attaques<br />
de la part de certains pays acheteurs de<br />
ces terres.<br />
Il est aisé de constater que les<br />
pays ciblés par ceux qui se font passer<br />
pour des investisseurs sont les mêmes<br />
qui sont actuellement secoués par les<br />
conflits politiques et les guerres ethniques<br />
et confessionnelles. L’on peut<br />
citer le Soudan du Sud, la République<br />
démocratique du Congo (RDC ou<br />
Congo-Kinshasa), le Soudan, la Sierra<br />
Leone, le Mozambique, le Liberia, la<br />
Tanzanie, le Kenya, le Zimbabwe, le<br />
Nigeria et la République congolaise<br />
(Congo-Brazzaville). L’île rouge (Madagascar)<br />
qui a vécu une crise politique<br />
en 2009, suite à une protestation contre<br />
la vente de 300 000 hectares de<br />
terres à la firme sud-coréenne Daewoo,<br />
reste une cible des prédateurs de terres<br />
fertiles.<br />
Autrement dit, outre la guerre<br />
autour du contrôle des gisements pétroliers<br />
et miniers dans ces pays, une<br />
autre guerre se déroule loin des regards<br />
et de la curiosité des médias qui ne<br />
voient souvent en la révolte des pauvres<br />
en Afrique que les violences tribales<br />
autour de l’exploitation des points<br />
d’eau et des zones de pâturages. Pourtant,<br />
des dizaines de personnes, entre<br />
agriculteurs et éleveurs, subissent la<br />
répression de leurs gouvernements<br />
qui les chassent à coup de poudre et<br />
de bulldozers de leurs territoires qu’ils<br />
occupent depuis des lustres. Des territoires<br />
qui ne sont pas seulement des<br />
espaces de vie économique, mais de<br />
cultures ancestrales. Les émeutes de la<br />
faim qui ont secoué Maputo en 2010<br />
n’ont pas empêché le gouvernement à<br />
céder 6,6 millions d’hectares aux Etats-<br />
Unis et à des compagnies étrangères.<br />
Le Mozambique dispose de 36 millions<br />
d’hectares de terres arables, soit 46%<br />
de son territoire, qui sont propres à la<br />
culture, et dont seulement 10% sont<br />
exploitées.<br />
Premier ministre perdrait les élections,<br />
son successeur prêterait immédiatement<br />
main forte aux États-Unis contre<br />
les jihadistes.<br />
Une fois encore, Damas, la plus<br />
vieille ville habitée au monde, aura<br />
survécu aux barbares qui voulaient la<br />
détruire.<br />
Au lieu de mettre en place une<br />
politique agricole vivrière qui lui garantirait<br />
la sécurité alimentaire, le gouvernement<br />
de Maputo préfère céder ses<br />
terres à la destructrice industrie des<br />
biocarburants. Pendant ce temps, 40%<br />
des Mozambicains souffrent de malnutrition,<br />
selon les chiffres officiels des<br />
ONG onusiennes.<br />
La République démocratique<br />
du Congo (RDC) n’a pas dérogé à la<br />
règle puisque 50% de ses terres fertiles<br />
sont passées sous le contrôle<br />
des pays étrangers et des firmes internationales<br />
qui sont plus intéressés<br />
par l’exploitation du sous-sol que par<br />
l’agriculture, sans payer la moindre<br />
taxe ou redevance.<br />
Et quand ils doivent payer, les<br />
sommes sont dérisoires et profitent<br />
plutôt aux membres du clan au pouvoir.<br />
C’est le cas aussi chez le voisin<br />
de la République congolaise qui a cédé<br />
46% de ses terres fertiles aux mêmes<br />
prédateurs qui sont à l’affût de la<br />
moindre parcelle de terrain cultivable,<br />
que ce soit pour l’industrie agroalimentaire<br />
ou pour nourrir la population du<br />
pays acheteur, comme dans le cas de<br />
l’Arabie saoudite et du Qatar, deux<br />
pays désertiques qui importent toute<br />
leur nourriture. Ces deux pays ont acquis,<br />
au prix de la répression menée<br />
par le gouvernement d’Addis-Abeba<br />
contre les paysans et les éleveurs, des<br />
dizaines de milliers d’hectares pour<br />
satisfaire leur demande intérieure en<br />
fruits et légumes. Les dénonciations<br />
des massacres orchestrés par l’armée<br />
éthiopienne pour défricher le terrain<br />
aux « investisseurs » sont restées lettre<br />
morte.<br />
Qui sont les acheteurs ?<br />
« Les États-Unis sont à l’origine de la<br />
plupart des investissements conclus<br />
(7,09 millions d’hectares), suivis par<br />
la Malaisie (3,35 m ha), les Émirats<br />
Arabes Unis (2,82 m ha), le Royaume<br />
Uni (2,96 m ha), l’Inde (1,99 m ha),<br />
Singapour (1,88 m ha), les Pays-Bas<br />
(1,68 m ha), l’Arabie saoudite (1,57 m<br />
ha), le Brésil (1,37 m ha), et la Chine<br />
(1,34 m ha) », énumère le document<br />
Notes<br />
[1] « Washington se révolte contre<br />
Obama », par Thierry Meyssan, Réseau<br />
Voltaire, 26 janvier <strong>2015</strong>.<br />
[2] “Shifting Realities in Syria”,<br />
The Editorial Board, The New York<br />
Times Sunday Review, 24 janvier<br />
<strong>2015</strong>.<br />
rendu public par ActionAid International<br />
qui cite Land Matrix, un organisme<br />
indépendant qui dispose d’une<br />
riche base de données concernant les<br />
transactions foncières enregistrées à<br />
travers le monde.<br />
En plus des Etats acheteurs,<br />
les organismes financiers, les fonds<br />
d’investissements et les groupes industriels<br />
qui ont été lourdement touchés<br />
par la crise économique de 2008, ont<br />
orienté leur intérêt vers ce marché. «<br />
Une étude menée par la Deutsche Bank<br />
Research met en lumière l’existence<br />
de trois grands groupes d’acteurs<br />
économiques impliqués dans le secteur<br />
des terres agricoles : les gouvernements<br />
cherchant à acquérir de la terre à<br />
l’étranger pour sécuriser leurs réserves<br />
en nourriture et en énergie, les entreprises<br />
agricoles qui cherchent soit à accroître<br />
leur production, soit à intégrer la<br />
chaîne d’approvisionnement, et des investisseurs<br />
financiers », ajoute le même<br />
texte. Les acteurs influents des industries<br />
minières, les entreprises de tourisme<br />
et les concessions sylvicoles ne<br />
sont pas restés à l’écart de cette bataille<br />
qui va provoquer, à long terme, une<br />
grande explosion sociale sur le continent.<br />
« L’étude montre que ces acteurs<br />
n’agissent pas de façon isolée. En faisant<br />
pression sur la terre, les intérêts<br />
d’un des groupes d’acteurs motiveront<br />
les actions des autres groupes », ajoute<br />
le rapport d’ActionAid International.<br />
Les paysans des pays africains<br />
essayent de s’organiser, aidés par les<br />
ONG qui tentent tant bien que mal<br />
d’alerter l’opinion publique internationale<br />
et les hautes instances onusiennes.<br />
Un combat qui, pour le moment,<br />
est compromis dans bien des cas<br />
où les dictatures locales répriment et<br />
emprisonnent tous ceux qui osent se<br />
mettre face à ce qui est appelé projet<br />
d’investissement, développement durable,<br />
relance économique, etc.<br />
Titre originel : Afrique : Les<br />
paysans africains livrés aux agroimpérialistes<br />
Source : Afriques en lutte<br />
Investig’Action 27 janvier <strong>2015</strong><br />
[3] Alternative Futures for Syria.<br />
Regional Implications and Challenges<br />
for the United States, Andrew M. Liepman,<br />
Brian Nichiporuk, Jason Killmeyer,<br />
Rand Corporation, October 22,<br />
2014.<br />
Réseau Voltaire International |<br />
Damas (Syrie)<br />
la méthode la plus effective de dénonciation.<br />
Dès mai <strong>2015</strong>, les organisateurs<br />
de « Public Eye » lanceront avec<br />
50 autres organisations (développement,<br />
écologie, environnement, droits<br />
humains et syndicats) une campagne<br />
politique en faveur de l’initiative populaire<br />
« Pour des multinationales responsables<br />
».<br />
Cette initiative, qui doit recueillir<br />
100.000 signatures en 18 mois, tentera<br />
d’obtenir l’appui populaire à une loi<br />
obligeant les multinationales suisses à<br />
respecter à l’étranger – particulièrement<br />
au Sud et à l’Est – les droits humains et<br />
les normes environnementales qu’elles<br />
doivent respecter en Suisse.<br />
Un géant « inhumain »<br />
L’organisation Amazon Watch a nominé<br />
l’entreprise Chevron – dont le siège<br />
se trouve à San Francisco (Etats-Unis<br />
d’Amérique du Nord) pour les continuelles<br />
violations des droits humains<br />
et environnementaux dans la région<br />
septentrionale de l’Amazonie équatorienne.<br />
Selon l’ONG, en 50 ans de<br />
prospection dans cette zone (qui ont<br />
débuté en 1964), Chevron détient un<br />
record en pratiques immorales et nonéthiques<br />
qui ont affecté de manière<br />
directe les populations résidentes des<br />
provinces de Orellana et Sucumbíos,<br />
dans la forêt équatorienne.<br />
Amazon rappelle que Chevron<br />
Corp. fut déjà condamné par la justice<br />
équatorienne à payer 9,5 milliards<br />
de dollars en raison des dommages à<br />
l’environnement provoqués par ses<br />
opérations, avec des impacts néfastes<br />
sur la santé et le bien-être des populations<br />
vivant dans les zones affectées,<br />
en plus des implications directes sur le<br />
réchauffement climatique global et sur<br />
la destruction de l’Amazonie. « Malgré<br />
tout, Chevron a utilisé tout son pouvoir<br />
économique et politique pour échapper<br />
à la justice mondiale et mettre en<br />
marche tout le système d’impunité pour<br />
les abus commis par les multinationales.<br />
Une situation qui à poussé les militants<br />
indigènes et paysans équatoriens<br />
à recourir auprès des tribunaux argentin,<br />
canadien, brésilien et y compris à la<br />
Cour pénale internationale de La Haye<br />
», rappelle l’organisation accusatrice.<br />
Yoka Brandt, directrice<br />
adjointe de l’UNICEF<br />
Davos : entre le pouvoir et la<br />
dénonciation citoyenne<br />
De nombreux pays affectent moins de<br />
dépenses publiques à l’éducation des<br />
enfants des secteurs les plus pauvres<br />
de la population qu’à celle des enfants<br />
appartenant aux classes les plus favorisées,<br />
révèle une étude du Fonds des<br />
Nations Unies pour l’enfance (UNI-<br />
CEF).<br />
Dans certains cas, l’attribution<br />
de budgets d’éducation aux 20 % les<br />
plus riches arrive à des montants supérieurs<br />
à ceux destinés aux 20 % les<br />
plus pauvres, explique cette étude récente,<br />
présentée dans le cadre du Forum<br />
économique mondial de Davos,<br />
tenu en Suisse du 21 au 24 janvier. Ce<br />
forum réunit annuellement les grands<br />
patrons de l’économie mondiale et les<br />
représentants des gouvernements et<br />
des institutions financières internationales.<br />
Le rapport de l’UNICEF plaide<br />
donc en faveur de dépenses plus équitables<br />
dans l’éducation, et appelle les<br />
gouvernements à prioriser les besoins<br />
des enfants les plus marginalisés.<br />
Yoka Brandt, directrice adjointe<br />
de l’UNICEF, signale qu’il existe<br />
aujourd’hui au monde 1 milliard<br />
d’enfants en âge de fréquenter les<br />
écoles primaires ou secondaires et que<br />
beaucoup d’entre eux ne reçoivent<br />
pas une éducation de qualité en raison<br />
de la pauvreté, des conflits et de<br />
la discrimination pour raison de genre,<br />
d’inaptitude ou d’ethnie. « Pour changer<br />
cette situation, nous devons réviser<br />
fondamentalement nos pratiques en<br />
accordant davantage de ressources et<br />
en les distribuant de manière égalitaires<br />
», relève Yoka Brandt. UNICEF indique<br />
qu’il manquerait 26 milliards de dollars<br />
pour assurer l’éducation universelle de<br />
base dans 46 pays à faibles revenus<br />
et que, depuis 2009, l’aide officielle à<br />
l’éducation a diminué de 10 %. Elle appelle<br />
donc les gouvernements, les donateurs<br />
et le secteur privé à augmenter<br />
le budget de l’éducation et à garantir<br />
l’utilisation de ces fonds de manière intelligente<br />
et équitable.<br />
La concentration brutale de la<br />
richesse<br />
Le document critique de<br />
l’UNICEF s’ajoute à d’autres voix dénonçant<br />
la mauvaise distribution des<br />
ressources naturelles et de la richesse<br />
dans le monde.<br />
En effet, quelques heures à peine<br />
avant le début de la 45e session<br />
du Forum économique mondial, OX-<br />
FAM International avait présenté, à<br />
l’intention des personnalités présentes<br />
à Davos, une étude indiquant qu’en<br />
2016 1 % de la population mondiale<br />
accumulera plus de richesse que le 99<br />
% restant.<br />
Ce rapport – intitulé « Insatiable<br />
richesse : toujours plus pour ceux qui<br />
ont déjà tout » - montre que le patrimoine<br />
mondial possédé par 1 % des<br />
plus riches de la planète est passé de 44<br />
% en 2009 à 48 % en 2014 et dépassera<br />
50 % en 2016. En 2014, chaque adulte<br />
de cette élite internationale possède en<br />
moyenne 2,7 millions de dollars.<br />
Dès 2016, ce petit groupe disposera<br />
de plus de la moitié de l’argent<br />
planétaire, dans un cadre international<br />
préoccupant où une personne sur neuf<br />
manque aujourd’hui de nourriture en<br />
suffisance et où 1 milliard de personnes<br />
vivent avec moins de 1,25 dollar par<br />
jour.<br />
L’année passée, un rapport<br />
d’OXFAM avait stupéfié Davos. Il révélait<br />
que les 85 personnes les plus riches<br />
disposaient d’une richesse égale à la<br />
moitié la plus pauvre de la population<br />
mondiale. En <strong>2015</strong>, 80 multimillionnaires<br />
ont le même patrimoine que 3,5<br />
milliards de personnes. Il est significatif<br />
de rappeler qu’en 2010 il s’agissait<br />
de 388 multimillionnaires. En termes<br />
nominaux, la richesse des 80 personnes<br />
les plus riches du monde a doublé<br />
de 2009 à 2014, souligne OXFAM.<br />
L’ONG appelle les Etats à adopter<br />
un plan en 7 points pour lutter contre<br />
les inégalités croissantes. Quelques<br />
propositions :<br />
- mettre fin à l’évasion fiscale des<br />
grandes entreprises et des grandes fortunes<br />
;<br />
- investir dans la gratuité et<br />
l’universalité des services publics, comme<br />
la santé et l’éducation ;<br />
- répartir justement la charge fiscale<br />
;<br />
- instaurer un salaire minimum et<br />
œuvrer en faveur d’un salaire décent ;<br />
- instaurer une législation sur<br />
l’égalité salariale ;<br />
- promouvoir une politique<br />
de protection sociale en faveur des<br />
secteurs les plus appauvris ;<br />
- internationaliser et généraliser<br />
la lutte contre l’inégalité.<br />
Sergio Ferrari (en collaboration<br />
avec E-CHANGER/Comundo, organisation<br />
suisse de coopération solidaire<br />
membre de l’association « Droit sans<br />
frontières ».<br />
Source : Agencia Latinoamericana<br />
de Noticias, Alainet<br />
Traduction de l’espagnol : Hans-<br />
Peter Renk<br />
Investig’Action 28 janvier <strong>2015</strong><br />
Vol. 8 • No. 30 • Du 4 au 10 <strong>Fevrier</strong> <strong>2015</strong><br />
<strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times<br />
15
Suite de la page (12)<br />
nouvelle génération n’entrent pas à<br />
l’université.<br />
Les victimes de la criminalité<br />
organisée et de la violence, lesquelles<br />
menacent la stabilité et le progrès des<br />
nations, ne cessent de croître.<br />
Que penseront les dizaines de millions<br />
de marginaux de la démocratie et des<br />
droits de l’homme ? Comment jugeront-ils<br />
les modèles politiques ? Que penserontils<br />
des lois électorales ? Est-ce donc cela<br />
la société civile dont tiennent compte les<br />
gouvernements et les organisations internationales<br />
? Que diraient-ils des politiques<br />
économiques et monétaires si on leur demandait<br />
leur avis ?<br />
Dans ce domaine, nombre des<br />
États industrialisés n’ont pas grand-chose<br />
à montrer à notre région, eux dont la<br />
moitié des jeunes sont au chômage, qui<br />
font retomber la crise sur les travailleurs<br />
et les étudiants qu’ils répriment tout en<br />
protégeant les banquiers, qui entravent la<br />
syndicalisation, qui paient des salaires inférieurs<br />
aux femmes pour un travail égal,<br />
qui recourent à des politiques inhumaines<br />
contre les immigrants, où croissent le<br />
racisme, la xénophobie, la violence extrémiste<br />
et les tendances néofascistes, dont<br />
les citoyens ne votent pas parce qu’ils<br />
ne voient pas de solution à la corruption<br />
des politiciens ou parce qu’ils savent que<br />
ceux-ci oublient très vite leurs promesses<br />
électorales.<br />
Pour instaurer ce qu’on appelle<br />
l’inclusion sociale et la durabilité environnementale,<br />
nous devrons créer notre<br />
vision à nous des systèmes économiques,<br />
des modèles de production et de consommation,<br />
du rapport entre croissance économique<br />
et développement et des modèles<br />
politiques efficaces. Nous devons combler<br />
les écarts structurels, garantir une éducation<br />
gratuite et de grande qualité, une couverture<br />
de santé universelle et complète,<br />
la sécurité sociale pour tous, des chances<br />
égales, et la jouissance de tous les droits<br />
humains à toutes les personnes.<br />
Dans le cadre de ces efforts, la<br />
solidarité avec les pays caribéens, en particulier<br />
avec Haïti, et la défense de leurs<br />
intérêts constitueront un devoir élémentaire.<br />
Il faut instaurer un nouvel ordre économique,<br />
financier et monétaire international,<br />
qui tienne compte, en priorité, des<br />
intérêts et des besoins des pays du Sud et<br />
des majorités, et où ceux qui imposent la<br />
concentration du capital et le néolibéralisme<br />
ne l’emporteront pas. Le Programme<br />
de développement pour l’après-2105 doit<br />
offrir des solutions aux problèmes structurels<br />
des économies de notre région et<br />
engendrer des changements qui conduiront<br />
au développement durable. Il est tout<br />
aussi indispensable de bâtir un monde de<br />
paix, sans lequel le développement sera<br />
impossible et où régiront les principes de<br />
la Charte des Nations Unies et du droit<br />
international.<br />
La signature par les chefs d’État ou<br />
de gouvernement de la Proclamation de<br />
l’Amérique latine et des Caraïbes comme<br />
Zone de paix a constitué un pas historique<br />
et nous sert de référence pour nos relations<br />
entre nos pays et avec le reste du monde.<br />
La solidarité dans Notre Amérique<br />
sera décisive pour faire progresser nos intérêts<br />
communs. Nous condamnons énergiquement<br />
les sanctions inacceptables et<br />
injustifiables imposées unilatéralement à<br />
la République bolivarienne du Venezuela,<br />
et l’ingérence extérieure permanente qui<br />
vise à créer un climat d’instabilité dans<br />
cette nation sœur. Cuba, qui connaît par<br />
cœur toutes ces histoires parce qu’elle<br />
en a souffert pendant plus de cinquante<br />
ans, réitère son appui le plus résolu à la<br />
Révolution bolivarienne et à son gouvernement<br />
légitime conduit par le président<br />
Nicolás Maduro Moros.<br />
Nous joignons notre voix à celle<br />
de la République argentine quand elle<br />
réclame la restitution des îles Malvinas,<br />
Georgia du Sud et Sandwich du Sud, et des<br />
espaces maritimes environnants. Nous<br />
appuyons cette nation sud-américaine et<br />
sa présidente Cristina Fernández quand<br />
elles font face aux attaques de fonds spéculatifs<br />
et aux sentences de cours vénales<br />
qui violent sa souveraineté.<br />
Nous réaffirmons notre solidarité<br />
avec le peuple et le gouvernement équatoriens,<br />
que préside Rafael Correa, quand ils<br />
réclament des indemnisations à la transnationale<br />
Chevron pour les dommages<br />
environnementaux qu’elle a provoqués<br />
dans l’Amazonie équatorienne. N o t r e<br />
Communauté sera incomplète, je l’ai déjà<br />
dit, tant qu’il lui manquera Porto Rico dont<br />
la situation coloniale est inadmissible, et<br />
dont le caractère latino-américain et caribéen<br />
ne fait aucun doute.<br />
En ce qui concerne les conversations<br />
visant à instaurer la paix en Colombie,<br />
les accords obtenus par le gouvernement<br />
et les Forces armées révolutionnaires<br />
de Colombie/Armée du peuple à La Havane<br />
sont significatifs : jamais on n’était<br />
allé aussi loin sur la voie de la paix. Cuba,<br />
en tant que garant et siège de ces conversations,<br />
continuera de fournir toutes les<br />
facilités requises et de contribuer dans<br />
toute la mesure du possible à la cessation<br />
du conflit et à l’édification d’une paix juste<br />
et durable dans cette nation sœur.<br />
Nous continuerons d’appuyer résolument<br />
la juste réclamation des pays caribéens<br />
qui demandent de réparations pour<br />
les dommages que leur ont causés l’esclavage<br />
et le colonialisme, et nous opposerons<br />
tout aussi fermement à la décision de<br />
les priver de ressources financières indispensables<br />
sous le prétexte technocratique<br />
qu’il s’agirait censément de pays à revenu<br />
intermédiaire. Nous nous félicitons des<br />
excellents progrès faits au Forum CELAC-<br />
Chine et du renforcement des liens de<br />
notre région avec le groupe BRICS.<br />
Nous redisons notre inquiétude<br />
devant les dépenses militaires énormes<br />
et croissantes imposées au monde par les<br />
États-Unis et l’OTAN, ainsi que devant<br />
leur tentative d’étendre leur présence<br />
agressive jusqu’aux frontières de la Russie,<br />
un pays avec lequel nous avons des<br />
relations historiques, fraternelles et mutuellement<br />
avantageuses. Nous nous opposons<br />
résolument aux sanctions injustes<br />
qui lui ont été imposées unilatéralement.<br />
L’agressivité croissante de la doctrine<br />
militaire de l’OTAN et le déroulement<br />
de guerres non classiques, qui ont déjà<br />
eu des conséquences dévastatrices et de<br />
graves séquelles, menacent la paix et la<br />
sécurité internationales.<br />
Aux yeux de Cuba, l’égalité souveraine<br />
des États-Unis et l’autodétermination<br />
des peuples sont des principes<br />
incontournables. L’Assemblée générale<br />
de l’Organisation des Nations Unies doit<br />
utiliser ses facultés pour préserver la paix<br />
et la sécurité internationales face au deux<br />
poids deux mesures, aux excès et aux<br />
omissions du Conseil de sécurité.<br />
On ne saurait attendre plus longtemps<br />
pour reconnaître comme membre<br />
de plein droit la Palestine à laquelle je<br />
transmets la solidarité du peuple et du<br />
gouvernement cubains. C’en est assez<br />
de recourir au veto pour garantir que les<br />
crimes d’Israël restent impunis. L’Afrique,<br />
où se trouvent aussi nos racines, n’a pas<br />
besoin de conseils ni d’ingérence, mais<br />
du transfert de ressources financières, de<br />
technologie et d’un traitement juste. Nous<br />
défendrons toujours les intérêts légitimes<br />
des nations avec lesquelles nous avons<br />
lutté coude à coude contre le colonialisme<br />
et l’apartheid et avec lesquelles nous<br />
avons des relations de coopération fraternelles.<br />
Nous nous rappellerons toujours<br />
leur solidarité et leur appui invariables.<br />
Cuba défendra sans relâche les<br />
causes justes et les intérêts des pays du<br />
Sud et sera loyale à leurs objectifs et à<br />
leurs positions communes, car elle sait<br />
que la patrie est l’humanité. La politique<br />
extérieure de la Révolution cubaine reste<br />
fidèle à ses principes.<br />
Chers collègues,<br />
Le 17 décembre dernier, les militants<br />
antiterroristes cubains Gerardo<br />
Hernández, Ramón Labañino et Antonio<br />
Guerrero, qui sont pour nous un motif<br />
de fierté et un exemple de fermeté, sont<br />
rentrés dans leur patrie. Le président des<br />
États-Unis a reconnu l’échec de la politique<br />
cubaine appliquée pendant plus de<br />
cinquante ans et l’isolement absolu qu’elle<br />
a provoqué pour son pays, ainsi que les<br />
préjudices que le blocus a causés à notre<br />
peuple ; et il a ordonné de revoir l’inscription<br />
de toute évidence injustifiable de<br />
notre pays sur la liste des États parrainant<br />
le terrorisme international. Il a également<br />
annoncé, ce même jour, sa décision de<br />
renouer les relations diplomatiques avec<br />
notre pays.<br />
Ces changements sont le fruit de<br />
presque un demi-siècle de lutte héroïque<br />
du peuple cubain et de fidélité à ses principes.<br />
Mais ils ont été aussi possibles grâce<br />
à la nouvelle époque que vit notre région<br />
et à la demande résolue et courageuse<br />
des gouvernements et des peuples de la<br />
CELAC.<br />
Notre Amérique l’a réclamé en<br />
union étroite à l’Organisation des Nations<br />
unies et dans toutes les instances. Précédés<br />
par le Sommet de l’Alliance bolivarienne<br />
de Notre Amérique (ALBA) à Cumaná<br />
(Venezuela), les débats soutenus en<br />
2009 au Sommet des Amériques de Portof-Spain<br />
(Trinité-et-Tobago) ont poussé le<br />
président Obama, récemment élu, à parler<br />
de repartir du bon pied avec Cuba.<br />
À Cartagena (Colombie), en 2012,<br />
de vives discussions ont conduit à une<br />
prise de position unanime et catégorique<br />
contre le blocus – ce qui poussa un<br />
important dirigeant étasunien à parler du<br />
gros échec ou, plus exactement, du grand<br />
« désastre » de Cartagena. Les débats ont<br />
aussi porté sur l’exclusion de Cuba de ces<br />
Sommets. L’Équateur avait déjà exprimé<br />
sa protestation en n’y assistant pas. Le<br />
Venezuela, le Nicaragua et la Bolivie ont<br />
fait savoir qu’ils n’assisteraient pas au<br />
prochain si Cuba n’y était pas ; attitude<br />
soutenue par le Brésil, l’Argentine et<br />
l’Uruguay. La Communauté des Caraïbes<br />
a adopté la même attitude. Le Mexique et<br />
les autres nations ont fait le même genre<br />
de déclarations.<br />
Le président panaméen, Juan Carlos<br />
Varela, a fait savoir, dès avant son<br />
investiture, qu’il inviterait Cuba sur un<br />
pied d’égalité au Septième Sommet des<br />
Amériques. Ce qu’il a fait. Cuba a aussitôt<br />
déclaré qu’elle y assisterait.<br />
Martí avait vu juste en disant qu’<br />
« un principe juste du fond d’une caverne<br />
peut plus qu’une armée ». (Applaudissements.)<br />
Au nom de Cuba, je vous exprime<br />
à tous ma plus profonde gratitude. Je remercie<br />
aussi sincèrement, au nom de la<br />
nation, les cent quatre-vingt-huit États<br />
qui votent contre le blocus aux Nations<br />
Unies, à ceux qui ont appuyé cette même<br />
demande à l’Assemblée générale, aux<br />
Sommet et aux conférences internationales,<br />
et à l’ensemble des mouvements<br />
populaires, des forces politiques, des parlements<br />
et des personnalités qui se sont<br />
mobilisés sans relâche dans ce but.<br />
Je réitère notre gratitude et nos sentiments<br />
amicaux au peuple étasunien qui<br />
n’a cessé de s’opposer toujours plus à une<br />
politique de blocus et d’hostilité datant de<br />
plus de cinquante ans. C e s<br />
résultats prouvent que, malgré leurs profondes<br />
différences, des gouvernements<br />
peuvent, au profit de leurs nations respectives,<br />
trouver une solution à des problèmes<br />
grâce à un dialogue respectueux et<br />
à des échanges fondés sur l’égalité souveraine<br />
et sur la réciprocité.<br />
Comme je n’ai cessé de le dire,<br />
Cuba et les États-Unis doivent apprendre<br />
l’art de coexister d’une manière civilisée,<br />
en respectant les différences entre leurs<br />
gouvernements et en coopérant sur des<br />
points d’intérêt commun, ce qui contribuera<br />
à régler les problèmes communs<br />
que connaissent le continent et le monde.<br />
Mais qu’on ne prétende pas que<br />
Cuba renonce pour autant à ses idéaux<br />
d’indépendance et de justice sociale, ni<br />
qu’elle renie un seul de ses principes ni<br />
qu’elle cède d’un iota dans la défense de<br />
sa souveraineté nationale. N o u s<br />
ne nous laisserons pas provoquer ; mais<br />
nous n’accepterons pas non plus qu’on<br />
prétende, en opportunistes, nous conseiller<br />
ou exercer des pressions sur nous en<br />
matière de questions intérieures. Nous<br />
avons gagné ce droit souverain au prix de<br />
grands sacrifices et de pires risques.<br />
Imagine-t-on que les relations<br />
diplomatiques puissent se rétablir sans<br />
que la Section des intérêts de Cuba et son<br />
office consulaire à Washington retrouvent<br />
leurs services financiers coupés à cause du<br />
blocus financier ? Comment rétablir des<br />
relations diplomatiques sans que Cuba<br />
soit ôtée de la liste des États parrainant<br />
le terrorisme international ? Quelle sera<br />
la conduite des diplomates étasuniens à<br />
La Havane, quant au respect des normes<br />
qu’établissent les conventions internationales<br />
relatives aux relations diplomatiques<br />
et consulaires ? C’est ce que notre délégation<br />
a dit au département d’État, lors des<br />
conversations bilatérales de la semaine<br />
dernière, et d’autres réunions à venir devront<br />
aborder ces points.<br />
Nous avons affirmé au président<br />
des États-Unis notre disposition de travailler<br />
à la normalisation des relations<br />
bilatérales, une fois rétablies les relations<br />
diplomatiques, ce qui implique l’adoption<br />
de mesures réciproques pour améliorer le<br />
climat entre nos deux pays, régler d’autres<br />
problèmes en souffrance et progresser en<br />
matière de coopération.<br />
La situation actuelle offre une modeste<br />
occasion à notre continent de trouver<br />
des formes de coopération nouvelles<br />
et supérieures qui conviennent aux deux<br />
Amériques, ce qui permettrait de régler<br />
des problèmes brûlants et de frayer de<br />
nouvelles voies.<br />
La Proclamation de l’Amérique<br />
latine et des Caraïbes comme Zone de paix<br />
constitue dans ce sens une plateforme<br />
incontournable, y compris la reconnaissance<br />
que chaque État a le droit inaliénable<br />
de choisir son système politique,<br />
économique, social et culturel sans ingérence,<br />
de quelque sorte qu’elle soit, d’un<br />
autre État, ce qui est là un principe imprescriptible<br />
du droit international.<br />
Toutefois, le problème principal se<br />
maintient : le blocus économique, commercial<br />
et financier, qui cause d’énormes<br />
dommages humains et économiques et<br />
qui viole le droit international, doit être<br />
levé.<br />
Je me rappelle le mémorandum du<br />
sous-secrétaire Mallory, d’avril 1960, qui,<br />
faute d’une opposition politique réelle,<br />
proposait de provoquer à Cuba de la faim<br />
et des souffrances pour liquider le Gouvernement<br />
révolutionnaire. Tout semble<br />
indiquer maintenant que l’objectif est de<br />
fomenter artificiellement une opposition<br />
politique par des moyens économiques,<br />
politiques et de communication.<br />
Le rétablissement des relations<br />
diplomatiques marque le début d’un acheminent<br />
vers la normalisation des relations<br />
bilatérales, mais ce ne sera pas possible<br />
tant que le blocus persistera, tant que le<br />
territoire occupé illégalement par la base<br />
navale dans la baie de Guantánamo ne<br />
nous sera pas rendu (applaudissements),<br />
tant que les émissions de radio et de télévision<br />
qui violent les normes internationales<br />
se poursuivront, tant que des réparations<br />
justes ne seront pas accordées à<br />
notre peuple pour les dommages humains<br />
et économiques qu’il a endurés.<br />
Il ne serait ni moral ni juste ni<br />
acceptable qu’on demande quoi que ce<br />
soit en échange à Cuba. Si ces questions<br />
n’étaient pas réglées, ce rapprochement<br />
diplomatique entre Cuba et les États-Unis<br />
n’aurait pas de sens.<br />
Qu’on n’attende donc pas que Cuba<br />
négocie ces points en échange de questions<br />
internes qui relèvent de notre souveraineté<br />
absolue.<br />
Si nous avons pu progresser lors<br />
des récentes négociations, c’est parce que<br />
nous nous sommes traités réciproquement<br />
avec respect, sur un pied d’égalité. Pour<br />
continuer d’avancer, il faudra qu’il en soit<br />
ainsi.<br />
Nous avons suivi avec attention<br />
l’annonce que le président des États-Unis<br />
adoptera des décisions exécutives à même<br />
de modifier certains aspects pratiques du<br />
blocus.<br />
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16 <strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times<br />
Vol. 8 • No. 30 • Du 4 au 10 <strong>Fevrier</strong> <strong>2015</strong>
A travers le monde<br />
Syriza transforme la Grèce en<br />
"place to be"<br />
Par Camille Neveux<br />
Qui sont les principales<br />
forces en présence en<br />
Libye?<br />
Au pouvoir depuis une semaine, le<br />
parti de la gauche radicale Syriza<br />
suscite la curiosité. A termes,<br />
c’est toute la "Grèce alternative"<br />
d'Alexis Tsipras qui pourrait en<br />
profiter.<br />
L’anecdote en dit long. En<br />
voyage à New-York pour une conférence,<br />
il y a quinze jours, le professeur<br />
de sciences politiques grec<br />
Michalis Spourdalakis a reçu un<br />
appel inopiné : une sexagénaire<br />
domiciliée dans le New-Jersey souhaitait<br />
lui proposer un rendez-vous<br />
dans un café de Greenwich Village,<br />
après l’avoir entendu s’exprimer à<br />
la radio. "Elle est arrivée avec une<br />
enveloppe contenant l’équivalent<br />
de 1000 euros en liquide, sourit-il.<br />
Elle a été touchée par ce que vivait<br />
la Grèce, elle voulait faire un don à<br />
Syriza…<br />
Le parti suscite de l’intérêt<br />
partout dans le monde." La forte<br />
présence de la gauche européenne<br />
à Athènes, dimanche 25 janvier,<br />
pour fêter la victoire, lui donne raison.<br />
Ce gouvernement issu du communisme<br />
- le premier depuis plus<br />
quarante ans - attise la curiosité,<br />
en plus de soulever l’espoir chez<br />
une partie de la population. Décidé<br />
à tenir tête à Bruxelles, jamais<br />
avare de bonnes formules, le truculent<br />
Premier ministre Alexis Tsipras<br />
a propulsé la Grèce en Une de la<br />
presse européenne. Plus de 500<br />
journalistes étrangers avaient fait<br />
le déplacement le soir de la victoire.<br />
Mais aussi des anonymes venus<br />
prendre le pouls du changement,<br />
avec le sentiment de vivre une<br />
période historique pour la république<br />
hellénique et pour l’Europe.<br />
Athènes sera-t-elle la destination<br />
incontournable des années à venir?<br />
Une capitale en crise, mais<br />
vivante<br />
Le tourisme, en hausse de 22%<br />
l’année dernière avec 24 millions<br />
de visiteurs, pourrait profiter de<br />
ce coup de projecteur "alternatif",<br />
après une longue période de crise.<br />
Hasard ou coïncidence, quelques<br />
frémissements se sont déjà faits<br />
sentir en décembre, avec un bond<br />
Dans les rues d'Athènes, une semaine après la victoire de Syriza (Eric<br />
Dessons/JDD)<br />
de 14,5% des taux d’occupation<br />
des hôtels dans la capitale... Si<br />
Athènes est une ville en crise, elle<br />
est aussi irrémédiablement vivante,<br />
avec des centaines de graffitis poétiques<br />
ou provocateurs, toujours<br />
inspirés. Entre deux rideaux de fer<br />
baissés pour cause de faillite, des<br />
lieux alternatifs ont éclos, comme<br />
le café Nosotros, doté au sous-sol<br />
d’un dispensaire médical autogéré.<br />
Des initiatives publiques ou citoyennes<br />
ont pris le pas pour conjurer<br />
les 30% d’espaces commerciaux à<br />
l’abandon. Sur l’ancien aéroport<br />
Hellinikon, vendu à un groupe<br />
touristique et transformé en camp<br />
de résistance proche de Syriza, des<br />
jardins partagés ont remplacé les<br />
friches...<br />
Dans le quartier contestataire<br />
d’Exarcheia, la symbolique Ecole<br />
Polytechnique, haut lieu anarchiste<br />
recouvert de tags, sera bientôt un<br />
passage obligé. "C’est ici qu’Alexis<br />
Tsipras a fait ses classes comme ingénieur<br />
civil, avant de se jeter dans<br />
le bain de la politique", rappelle en<br />
maître des lieux Kleanthis Antoniou,<br />
24 ans, qui suit le même cursus.<br />
C’est ici aussi, en pleine grève<br />
générale de 2008, qu’éclatèrent des<br />
échauffourées, tuant un adolescent<br />
de 15 ans. C’est ici encore que<br />
se rêve une nouvelle "génération<br />
polytechnique", en écho à celle qui<br />
précipita la fin du régime des Colonels,<br />
en 1974, après une sanglante<br />
répression… "Syriza s’est construit<br />
à partir de la société civile, ses idées<br />
ont infusé petit à petit, rappelle le<br />
politologue Michalis Spourdalakis.<br />
Le mouvement plait car il montre à<br />
la société qu’il est important d’être<br />
impliqué en politique."<br />
La fin des hôtels "allinclusive"?<br />
Conscient de cet héritage, le gouvernement<br />
a envoyé dès les premiers<br />
jours de son mandat un<br />
signal à l’industrie touristique,<br />
"un des piliers de la reconstruction<br />
économique", selon ses mots,<br />
qui représente 17% du PIB. La<br />
ligne est fidèle à ses idées : Alexis<br />
Tsipras taxera davantage les hôtels<br />
"all-inclusive" pour favoriser<br />
la consommation locale en dehors<br />
des complexes hôteliers, souvent<br />
détenus par des étrangers. Le processus<br />
de privatisation, lancé par<br />
ses prédécesseurs pour rembourser<br />
une partie de la dette, devrait aussi<br />
être gelé. Les touristes qui emprunteront<br />
cet été le port du Pirée fouleront<br />
donc un bitume 100% grec,<br />
l’accord passé avec le chinois Cosco<br />
devant être renégocié… Les plages<br />
et autres joyaux nationaux également<br />
en vente, suscitant la colère<br />
de divers artistes et associations,<br />
pourraient aussi rester sous pavillon<br />
grec. Des vacances "Made in<br />
Syriza", en somme!<br />
Le Journal du Dimanche<br />
2 février <strong>2015</strong><br />
Des forces pro-gouvernementales, dimanche à Benghazi (Libye). (Reuters)<br />
Par Antoine Malo<br />
La guerre civile oppose quatre<br />
groupes armés qui sont :<br />
1. L'armée nationale libyenne<br />
Elle agrège à la fois les forces spéciales<br />
(Saïqa), les hommes fidèles au<br />
général Haftar, et des militaires de<br />
l'ancien régime Kadhafi. Certaines<br />
milices s'y sont ralliées, comme<br />
celle, pro-laïque, de Zintan.<br />
2. L'Aube de la Libye ou Fajr<br />
Libya<br />
Coalition de brigades islamistes, née<br />
durant l'été 2014. Elle contrôle la<br />
capitale Tripoli, où elle dispose d'un<br />
gouvernement et d'un parlement<br />
dominés par les Frères musulmans,<br />
et la plupart des villes de l'Ouest<br />
libyen dont son fief, Misrata.<br />
3. Ansar Al-Charia<br />
Organisation salafiste djihadiste,<br />
née en juin 2012 et liée à Al-Qaida.<br />
Elle est aujourd'hui présente à<br />
Benghazi, Syrte et Derna.<br />
4. Organisation de L'État<br />
islamique en Libye<br />
Elle a fait son apparition en Libye<br />
à Derna, dans l'est, en octobre<br />
2014. Le groupe Majilis Choura<br />
Chabab Al-Islam (Conseil consultatif<br />
de la jeunesse islamique) lui<br />
a fait allégeance et a établi un<br />
émirat. D'autres cellules existent<br />
dans le pays, notamment à Tripoli,<br />
où l'organisation a revendiqué<br />
l'attaque contre l'hôtel Corinthia qui<br />
fait 9 morts mardi dernier.<br />
Le Journal du Dimanche<br />
2 février <strong>2015</strong><br />
PAR CES CAUSES ET MOTIFS, le Tribunal après en avoir délibéré au vœu de la loi et sur l’avis favorable<br />
du Ministère public; accueille l’action des héritiers de feu Louisius Louis, savoir Julice Louis,<br />
Charles Louis, Franckel Louis, Rosemène Bien-Aime ayant pour mandataire spécial Haudentz Marcel<br />
pour être juste et fondée ; maintient le défaut requis et octroyé à l’audience précitée; reconnaît que<br />
c’est sans droit ni qualité que les sieurs et dames Juliette Barthe, Menant Albert, Maurice Pierre et<br />
Marie Frédérique occupent la propriété des requérants ; déclare les requérants sont propriétaires<br />
de cette portion de terre située sur l’habitation Corail, Santo section communale de Jonc, commune<br />
de Pétion-Ville d’une contenance de cinquante et un mille six cent mètres carrés, bornée au Nord<br />
par Elias Moustache, par sénateur Fombrun ainsi connu, à l’Est et au Sud par Antoine Diègue ;<br />
suivant plan et procès-verbal d’arpentage de l’arpenteur, Roger Avin et Arnold Léonard ; ordonne en<br />
Conséquence, le déguerpissement des assignés et tous autres occupants illégaux trouvés sur la<br />
propriété des requérants et la démolition de toutes les constructions généralement quelconque ;<br />
ainsi que la réintégration des requérants ; accorde l’exécution provisoire sans caution du jugement<br />
à sortir; vu qu’il y a titre authentique ; reconnait la faute des assignés et les préjudices qui y sont<br />
résultées contre les requérants ; les condamne aux frais et dépens de l’instance ; commet l’Huissier<br />
Romuald Grand-Pierre pour la signification du jugement.<br />
Donné de Nous, Me Lamarre Belizaire, juge en audience civile, ordinaire et publique du jeudi huit<br />
(08) janvier deux mille quinze (<strong>2015</strong>) en présence de Me Clame Ocnam DAMEUS, Ministère public,<br />
avec l’assistance de Fréderic GEDEON, Greffier du siège.<br />
Il est ordonné à tous huissiers sur ce requis de mettre le présent jugement à exécution, aux Officiers<br />
du Ministère Public près les tribunaux civils d’y tenir la main, à tous commandants et autres<br />
Officiers de la force publique d’y prêter main forte lorsqu’ils en seront légalement requis.<br />
En foi de quoi, la minute du présent jugement est signée du juge et du greffier susdits. Ainsi signé,<br />
Me Lamarre Bélizaire, juge et Frédéric GEDEON, greffier.<br />
Pour expédition conforme collationnée.<br />
Me. Jean Ronald AZOR, Av<br />
Me. Sandra TOUSSAINT, Av<br />
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• Jus citron • Bonbon amidon<br />
• Bouchées • Cornets<br />
• Pain patate (sur commande)<br />
• Bouillon (chaque samedi)<br />
• Soupe (chaque dimanche)<br />
1227 Nostrand Avenue<br />
(entre Hawthorne & Winthrop)<br />
Tél: 718.778.7188<br />
1411 Nostrand Avenue<br />
(entre Linden & Martense)<br />
Tél: 718.941.2644<br />
Venus<br />
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Vol. 8 • No. 30 • Du 4 au 10 <strong>Fevrier</strong> <strong>2015</strong><br />
<strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times<br />
17
Suite de la page (13)<br />
il était influent avant la crise. Cette influence<br />
n’est donc pas liée à la crise. Elle est<br />
liée à son rôle et à son positionnement<br />
politique général. Différents facteurs font<br />
qu’un pays donné est influent. Au Moyen-Orient,<br />
notre région, vous avez une<br />
même société, les mêmes idées, beaucoup<br />
de choses qui se ressemblent, et<br />
les mêmes tribus qui vont et viennent à<br />
travers les frontières. Donc, si vous pouvez<br />
influer sur un facteur, votre influence<br />
franchira les frontières. Cela fait partie de<br />
notre nature et n’est pas source de discorde.<br />
Mais, il est évident qu’en cas de<br />
conflits et d’anarchie, un autre pays peut<br />
exercer un surcroit d’influence sur le vôtre.<br />
C’est ce qui arrive lorsque vous n’avez pas<br />
la volonté d’être un pays souverain. Ceci<br />
étant dit, la réponse à votre question est<br />
que l’Iran n’a aucune ambition en Syrie<br />
et nous, en tant que pays, nous ne permettrons<br />
jamais à n’importe quel autre<br />
pays d’influer sur notre souveraineté.<br />
Nous ne l’accepterions pas et les Iraniens<br />
ne le souhaitent pas non plus. Nous<br />
acceptons la coopération. Si nous acceptions<br />
de subir l’influence de n’importe quel<br />
pays, pourquoi refuserions-nous celle des<br />
États-Unis ? Là est le problème avec les<br />
Américains et avec l’Occident : ils veulent<br />
l’influence, non la coopération.<br />
26. M. Jonathan Tepperman :<br />
Permettez-moi de vous pousser un peu<br />
plus loin. La semaine dernière, un commandant<br />
des forces aérospatiales des<br />
Gardiens de la Révolution islamique, le<br />
général Hajizadeh, a déclaré que le Guide<br />
suprême de l’Iran a ordonné à ses forces<br />
de construire et d’exploiter des usines de<br />
missiles en Syrie. Ceci suggère que l’Iran<br />
est en train de jouer un rôle plus important<br />
et le fait de son propre chef.<br />
Bachar al-Assad : Non, non.<br />
Jouer un rôle par coopération est différent<br />
de jouer un rôle par hégémonie.<br />
27. M. Jonathan Tepperman :<br />
Donc, tout ce que l’Iran est en train de<br />
faire ...?<br />
Bachar al-Assad : Bien sûr... c’est<br />
en pleine coopération avec le gouvernement<br />
syrien, comme toujours.<br />
28. M. Jonathan Tepperman :<br />
L’Iran est un pays, mais vous avez des<br />
milices qui sont des acteurs sub-étatiques<br />
plus compliqués à gérer. Le problème<br />
lorsqu’on travaille avec ces groupes est<br />
que, contrairement à un gouvernement,<br />
ils peuvent ne pas être disposés à coopérer<br />
et il n’est pas toujours clair à qui s’adresser.<br />
N’êtes-vous pas inquiet de ne pouvoir les<br />
contrôler et les freiner, s’il le fallait ? Une<br />
Suite de la page (16)<br />
Pour le moment, les mesures annoncées<br />
à ce sujet sont très limitées. L’interdiction<br />
d’octroyer des crédits et d’utiliser le dollar<br />
dans nos transactions financières internationales<br />
persiste ; les voyages individuels<br />
d’Étatsuniens dans le cadre de la permission<br />
relative aux « échanges interpersonnels<br />
» restent interdits, car ces derniers<br />
visent des fins subversives, tout comme<br />
sont interdits les voyages par voie maritime<br />
; il nous est toujours interdit d’acheter<br />
sur des marchés tiers des équipements<br />
et des technologies contenant plus de 10<br />
p. 100 de composants étasuniens, tandis<br />
deuxième question étroitement liée : cette<br />
semaine, Israël a attaqué les forces du Hezbollah<br />
dans le Golan, les Israéliens suggérant<br />
qu’ils l’ont fait parce que le Hezbollah<br />
préparait une attaque contre Israël à<br />
partir du territoire syrien. Est-ce que cela<br />
ne met pas aussi en évidence le danger<br />
de laisser des milices ayant leurs propres<br />
agendas, pas nécessairement les vôtres,<br />
intervenir dans la guerre ?<br />
Bachar al-Assad : Vous parlez de<br />
milices syriennes ou, plus généralement,<br />
de toutes les autres ?<br />
29. M. Jonathan Tepperman : Je<br />
parle, plus particulièrement, du Hezbollah<br />
et des milices chiites irakiennes<br />
Bachar al-Assad : Disons que,<br />
normalement, seules les institutions gouvernementales<br />
et étatiques sont la garantie<br />
de la stabilité et de l’ordre. Mais, dans<br />
certaines circonstances, tout autre facteur<br />
qui jouerait un rôle parallèle pourrait se<br />
révéler positif et bénéfique, en sachant<br />
qu’il y aura toujours des effets secondaires<br />
négatifs. Les milices qui soutiennent le<br />
gouvernement sont un effet secondaire de<br />
la guerre. C’est dans la nature des choses.<br />
Elles sont là et vous tentez de contrôler<br />
leurs effets, parce que tout le monde sera<br />
plus tranquille si elles coopèrent avec les<br />
institutions gouvernementales, l’Armée,<br />
la police... Ce qui s’est passé à Quneitra<br />
est complètement différent. Depuis le<br />
cessez-le feu de 1974, il n’y a jamais eu<br />
d’opération contre Israël à partir du Golan.<br />
Ce n’est jamais arrivé. Donc, qu’Israël<br />
prétende avoir agi contre une opération<br />
planifiée est fort loin de la vérité, juste une<br />
excuse parce que les israéliens ont voulu<br />
assassiner quelqu’un du Hezbollah.<br />
30. M. Jonathan Tepperman :<br />
Pourtant, depuis le début de la guerre, les<br />
Israéliens ont été très attentifs à ne s’impliquer<br />
que s’ils considéraient que leurs<br />
intérêts étaient directement menacés.<br />
Bachar al-Assad : Ce n’est pas<br />
vrai, car ils lancent des attaques contre la<br />
Syrie depuis près de deux années, sans<br />
aucune raison.<br />
31. M. Jonathan Tepperman :<br />
Dans chaque cas, ils ont déclaré que<br />
c’était à cause des armes offertes au Hezbollah<br />
par l’Iran et acheminées à travers<br />
la Syrie.<br />
Bachar al-Assad : Ils ont attaqué<br />
les positions de l’Armée [syrienne]. Quel<br />
rapport entre le Hezbollah et l’Armée ?<br />
32. M. Jonathan Tepperman:<br />
Dans ces cas, l’armée aurait été accidentellement<br />
bombardée...<br />
Bachar al-Assad : Ce sont de<br />
que les importations par des Étatsuniens<br />
de marchandises contenant des matières<br />
premières cubaines le restent aussi, parmi<br />
bien d’autres prohibitions.<br />
Le président Barack Obama pourrait<br />
utiliser avec détermination ses vastes<br />
prérogatives exécutives pour modifier<br />
en profondeur l’application du blocus,<br />
puisque cela est entre ses mains sans<br />
avoir à passer par le Congrès. Tout ce<br />
qu’il a autorisé en matière de télécommunications,<br />
dans un but évident d’exercer<br />
une influence politique à Cuba, il pourrait<br />
l’autoriser dans d’autres secteurs de<br />
fausses allégations.<br />
33. M. Jonathan Tepperman :<br />
Selon vous, quel serait l’agenda d’Israël ?<br />
Bachar al-Assad : Ils soutiennent<br />
les rebelles en Syrie. C’est très clair. À<br />
chaque fois que nous progressons quelque<br />
part, ils lancent une attaque dans le but de<br />
saper l’armée. D’où la blague de certains<br />
Syriens : « Comment pouvez-vous dire<br />
qu’Al-Qaïda ne dispose pas d’une armée<br />
de l’air ? Elle dispose de la force aérienne<br />
israélienne ».<br />
34. M. Jonathan Tepperman :<br />
Pour revenir à ma question sur les milices,<br />
êtes-vous sûr que vous serez capable de<br />
les contrôler quand cette guerre prendra<br />
fin. Après tout, la souveraineté effective<br />
de n’importe quel gouvernement exige<br />
qu’il ait ce que l’on appelle le monopole<br />
de la force ; ce qui est très difficile quand<br />
vous avez ces groupes armés indépendants<br />
dans les parages ?<br />
Bachar al-Assad : C’est évident<br />
: l’État ne peut s’acquitter de ses obligations<br />
envers la société, s’il n’est pas le seul<br />
maître de l’ordre.<br />
35. M. Jonathan Tepperman :<br />
Pourtant, vous avez constaté combien<br />
c’est devenu difficile, pour le gouvernement<br />
irakien, de contrôler toutes les milices<br />
chiites qui se sont renforcées pendant<br />
la guerre.<br />
Bachar al-Assad : En Irak, il y a<br />
une raison très importante à cela : Paul<br />
Bremer n’a pas créé une Constitution pour<br />
l’État ; il l’a créée pour les factions. Alors<br />
qu’en Syrie, si l’armée a tenu bon pendant<br />
quatre années en dépit de l’embargo et de<br />
la guerre menée par des dizaines de pays<br />
à travers le monde, lesquels l’ont attaquée<br />
et ont soutenu les rebelles, c’est parce<br />
qu’elle dispose d’une réelle et véritable<br />
Constitution laïque. En Irak, la Constitution<br />
est sectaire. C’est dire que ce n’est pas<br />
une Constitution.<br />
36. M. Jonathan Tepperman :<br />
Mais que ferez-vous face à ces milices,<br />
une fois la guerre terminée ?<br />
Bachar al-Assad : Les choses<br />
devraient revenir à la normale, comme<br />
avant la guerre.<br />
37. M. Jonathan Tepperman : Et<br />
vous êtes confiant... ?<br />
Bachar al-Assad : Oui. Nous<br />
n’avons pas d’autre choix. C’est le rôle du<br />
gouvernement. Cela va de soi.<br />
Texte traduit de l’anglais<br />
par Mouna Alno-Nakhal<br />
Source: Foreign Affairs Magazine<br />
26/01/<strong>2015</strong><br />
l’économie. Il est important qu’il ait décidé<br />
d’engager un débat au Congrès en vue de<br />
supprimer le blocus.<br />
Les porte-parole de l’administration<br />
étasunienne n’ont pas caché que les<br />
méthodes changent, mais non les objectifs<br />
de cette politique, et que l’ingérence dans<br />
nos affaires intérieures se poursuivra, ce<br />
que nous n’accepterons pas. Les contreparties<br />
étasuniennes ne devraient pas<br />
se proposer d’entrer en relations avec la<br />
société cubaine comme s’il n’existait pas<br />
de gouvernement souverain à Cuba !<br />
Suite à la page (19)<br />
¡Hasta siempre<br />
Comandante!<br />
,Chavez pour toujours!<br />
Cuentos del arañero* /<br />
Histoires** du vendeur de<br />
gâteaux<br />
RÉVOLUTIONNAIRES<br />
7. 2002, ils voulaient me tuer<br />
Mes pauvres parents étaient<br />
au Palais présidentiel ce soir-là et<br />
ma mère me transmit un message de<br />
courage de quelques minutes avant<br />
que je sois fait prisonnier. J’ai dit à<br />
Marisabel [1] :« Va à Barquisimeto<br />
[2], lorsque les choses prenaient<br />
une tournure très délicate. Elle est<br />
partie avec Rosinés, Raulito, sa<br />
maman. Et mes enfants les plus<br />
grands, Rosa, Maria et Hugo avec<br />
un groupe d’officiers amis. Ils les ont<br />
emmenés aussi pour les cacher à un<br />
autre endroit. Et moi je n’avais plus<br />
de nouvelles de personne. Alors, on<br />
m’a prêté un téléphone, mais je ne<br />
connaissais pas les numéros. J’ai dit :«<br />
Écoute, rends-moi un vrai service,<br />
trouve-moi les numéros de ma famille.»<br />
«Mais où ?» «Eh bien, appelle<br />
quelqu’un là-bas au Palais».<br />
Le colonel me prête un portable<br />
pour une ou deux minutes. Et là à<br />
moitié caché je commence à faire le<br />
numéro : je ne tombe ni sur Marisabel,<br />
ni sur ma mère ni sur mon père.<br />
Les portables fonctionnaient très mal.<br />
Le numéro n’était pas correct et je suis<br />
tombé dans une famille de l’État de Barinas<br />
; ils doivent se rappeler de mon<br />
appel. Ou peut-être qu’ils ne m’ont<br />
tout simplement pas cru. J’ai dit :« Je<br />
suis le président prisonnier ; qui est à<br />
l’appareil ?» Mais au bout du fil, un<br />
«non» qui se répète. Je pense qu’ils<br />
ne croyaient pas que c’était vraiment<br />
moi. Ensuite, j’ai réussi à appeler Maria<br />
Gabriela. Elle était chez des amis,<br />
sur une plage par ici, cachés avec son<br />
frère et sa sœur. Je lui ai dit :« Dieu te<br />
bénisse. Comment vas-tu ? Moi je suis<br />
de nouveau prisonnier.»<br />
Maria a beaucoup de caractère et<br />
elle m’a dit :« Bon, que Dieu te protège<br />
papa. Fais attention. Nous allons bien.<br />
Qu’est-ce que je peux faire ?» Je lui ai<br />
dit :» Maria, tout ce que je te demande<br />
c’est d’abord que tu fasses attention<br />
et deuxièmement ma fille, appelle le<br />
monde, appelle qui tu veux, je ne sais<br />
pas, un journaliste, dis au monde ou…<br />
s’il m’arrive quelque chose et que je<br />
ne peux plus jamais te parler, dis-leur<br />
que je n’ai jamais renoncé au pouvoir<br />
Hugo Chávez Frías<br />
que le peuple m’a confié. Dis-leur que<br />
je suis un président prisonnier.» et la<br />
pipiolita [3] a commencé à appeler<br />
des gens et la nouvelle s’est répandue<br />
à travers le monde.<br />
Quelques minutes plus tard, j’ai<br />
pu parler à Marisabel, elle était à Barquisimeto,<br />
cachée chez des amis, en<br />
banlieue. Et les enfants se reposaient.<br />
« Nous allons bien, ne t’inquiète pas,<br />
nous sommes juste inquiets pour toi»,<br />
ci et ça, puis un baiser. Je lui ai dit :«<br />
Prends soin de toi, des enfants, reste<br />
calme, je vais bien, mais je n’ai aucune<br />
garantie de quoi que ce soit. Je ne sais<br />
pas ce qui va se passer ce soir.» J’avais<br />
le sentiment et la certitude que ce soirlà<br />
ils allaient m’emmener ailleurs –<br />
mais je ne savais pas pourquoi – en<br />
tout cas les forces des diables étaient<br />
lâchées. Je me suis même confessé devant<br />
Dieu, parce que j’étais sûr qu’ils<br />
allaient me tuer.<br />
[1] Marisabel Rodriguez, épouse<br />
d’Hugo Chavez e 1997 à 2004.<br />
[2] Barquisimeto : capitale de<br />
l’État de Lara, à environ 300 km au<br />
sud-est de Caracas.<br />
[3] pipiolita : terme populaire<br />
et affectueux pour désigner une petite<br />
fille.<br />
Ndlr.<br />
* Arañero: vendeur de gâteaux<br />
(en forme d’araignée) [du mot araña :<br />
araignée].<br />
** Histoires racontées par<br />
Chávez au cours de ses allocutions<br />
télévisées «Allô Presidente !» pendant<br />
ses 14 années au pouvoir, dont 300<br />
ont été collectées par deux journalistes<br />
cubains et traduites par Karine<br />
Alvarez<br />
Joel H. Poliard<br />
M.D., M.P.H.<br />
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18 <strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times<br />
Vol. 8 • No. 30 • Du 4 au 10 <strong>Fevrier</strong> <strong>2015</strong>
Informer et faire découvrir Cuba<br />
Pr. Claude Morin<br />
Dans un ouvrage récent, Salim<br />
Lamrani (2013), auteur de<br />
plusieurs études sur Cuba, analyse<br />
la manière dont le quotidien<br />
espagnol El País rend compte de<br />
la réalité cubaine. Ce quotidien,<br />
certainement l’un des plus actifs<br />
sur Cuba, est un bon représentant<br />
de ce qui s’écrit sur l’île. Ses<br />
articles et reportages sont souvent<br />
cités ou repris par d’autres journaux<br />
et contribuent à influencer<br />
le regard porté sur l’actualité<br />
cubaine. Lamrani s’emploie à déconstruire<br />
le discours médiatique.<br />
Il montre à quel point El País<br />
sélectionne l’information qu’il<br />
offre à ses lecteurs, s’attardant sur<br />
les « problèmes » qu’il présente<br />
hors contexte, en les amplifiant,<br />
sinon en les créant de toute pièce,<br />
alors qu’il passe sous silence les<br />
éléments positifs, les réussites.<br />
Les sujets abordés, les titres<br />
qui coiffent les articles, les faits<br />
rapportés, les témoignages retenus<br />
démontrent un net parti-pris chez<br />
ses journalistes et attestent de la<br />
ligne éditoriale de ce quotidien dit<br />
« libéral ». Nous sommes très loin<br />
d’une présentation équilibrée qui<br />
inviterait les lecteurs à un jugement<br />
nuancé. Lamrani montre, à l’aide<br />
Cuba. Les médias face<br />
au défi de l’impartialité<br />
d’autres sources, que ce quotidien<br />
n’hésite pas, pour alimenter ses<br />
interprétations tendancieuses<br />
toujours défavorables à Cuba, à<br />
pratiquer les mensonges délibérés,<br />
les omissions coupables, les<br />
silences complices.<br />
Ce qui vaut pour El País<br />
vaut malheureusement pour l’ensemble<br />
des grands journaux, des<br />
agences de presse et des médias<br />
écrits et audio-visuels. Lamrani<br />
(2009) avait déjà commis un<br />
autre ouvrage dans lequel il débusquait<br />
nombre de mensonges et<br />
de silences. L’évidence s’impose:<br />
s’agissant de Cuba, l’équilibre et<br />
la nuance ne font pas partie des<br />
devoirs que s’imposent les journalistes.<br />
C’est comme s’ils ignoraient<br />
l’histoire de l’île, qu’ils se permettaient<br />
de rendre compte de l’actualité<br />
sans aucun recul et de juger<br />
des événements en dehors de tout<br />
contexte, le plus déterminant étant<br />
l’hostilité invétérée des États-Unis<br />
envers cette expérience originale<br />
dans leur voisinage immédiat. Ils<br />
s’affranchissent de l’éthique journalistique<br />
qui devrait orienter leur<br />
pratique.<br />
La Cuba révolutionnaire est<br />
ainsi depuis ses origines la cible<br />
d’un journalisme éloigné de l’objectivité,<br />
comme voué à faire mal<br />
paraître les décisions de ses dirigeants,<br />
à ajouter encore plus de<br />
couleurs sombres à un tableau qui<br />
met l’accent sur les manquements,<br />
les pénuries, les frustrations. Notre<br />
vision de Cuba est amplement affectée<br />
par l’image que façonnent<br />
journaux et médias de toute sorte,<br />
y compris maintenant Internet et<br />
toutes les formes de communications<br />
qui s’y rattachent.<br />
Préface d’Eduardo Galeano<br />
Paris, Editions Estrella,<br />
2013, 230 pages, 18€<br />
Suite de la page (1 8)<br />
(Applaudissements.)<br />
Peut-on imaginer que malgré<br />
cette nouvelle politique annoncée,<br />
les États-Unis acceptent l’existence<br />
d’une révolution socialiste à cent quarante<br />
kilomètres de la Floride ?<br />
On veut que la société civile<br />
soit présente au Sommet du Panama,<br />
et Cuba a toujours été d’accord.<br />
Mais pas comme à la Conférence de<br />
l’Organisation mondiale du commerce<br />
à Seattle, pas comme aux Sommets<br />
des Amériques de Miami et de Québec,<br />
ou au Sommet sur les changements<br />
climatiques à Copenhague, ou<br />
lors des réunions du G-7 ou du FMI,<br />
autrement dit derrière des palissades<br />
d’acier, soumise à la répression brutale<br />
des forces antiémeutes, confinée<br />
à des dizaines de kilomètres des réunions<br />
!<br />
La société civile cubaine assistera,<br />
bien entendu, et j’espère qu’il n’y<br />
aura pas de restrictions à l’encontre<br />
des organisations non gouvernementales<br />
cubaines qui n’ont aucun statut<br />
auprès de l’OEA et qui ne tiennent pas<br />
à en avoir un, mais qui l’ont auprès<br />
de l’ONU.<br />
J’espère voir au Panama les<br />
mouvements populaires et les ONG qui<br />
prônent le désarmement nucléaire, les<br />
écologistes, les anti-néo-libéralisme,<br />
les Occupy Wall Street et les Indignés<br />
de notre région, les étudiants et les<br />
lycéens, les paysans, les syndicats,<br />
les communautés autochtones, les<br />
organisations qui s’opposent à la fracturation<br />
hydraulique, les défenseurs<br />
des droits des immigrants, les associations<br />
qui dénoncent la torture, les<br />
exécutions extrajudiciaires, les brutalités<br />
de la police, les pratiques racistes,<br />
celles qui réclament un salaire<br />
égal à travail égal pour les femmes,<br />
celles qui demandent des réparations<br />
aux transnationales.<br />
Néanmoins, la communauté<br />
internationale s’est félicitée de ces annonces<br />
du 17 décembre. Aux États-<br />
Unis mêmes, le président Obama a<br />
reçu un très vaste soutien. Mais de<br />
puissantes forces aux États-Unis s’efforceront<br />
de faire avorter ce processus<br />
qui vient de s’enclencher. Ce sont ces<br />
mêmes ennemis qui s’opposent à des<br />
relations justes entre les États-Unis<br />
et l’Amérique latine et les Caraïbes,<br />
qui entravent les relations bilatérales<br />
de nombreux pays de notre région<br />
avec cette nation-là. Ce sont ceux<br />
qui ne cessent de faire du chantage et<br />
d’exercer des pressions.<br />
Nous savons que la levée du<br />
blocus sera un processus long et difficile<br />
qui exigera le soutien, la mobilisation<br />
et l’action résolue de tous les<br />
gens de bonne volonté aux États-Unis<br />
et dans le monde, ainsi que l’adoption<br />
à la prochaine session de l’Assemblée<br />
générale des Nations Unies de la résolution<br />
qui en demande la levée et,<br />
tout particulièrement, l’action concertée<br />
de Notre Amérique.<br />
Chers chefs d’État ou de gouvernement<br />
;<br />
Chers amis,<br />
Je félicite le Costa Rica, le président<br />
Solís et son gouvernement pour<br />
le travail qu’ils ont réalisé à la tête de<br />
la CELAC. Nous souhaitons la bienvenue<br />
à l’Équateur et au président Correa<br />
qui présidera notre Communauté<br />
en <strong>2015</strong>, et<br />
Je vous remercie.<br />
(Applaudissements.)<br />
Raul Castro Ruiz<br />
Traduction par Jacques-François<br />
BONALDI, à la Havane<br />
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travaille maintenant comme médecin et professeur à l’hôpital Montefiore<br />
dans le Bronx est co-auteur du chapitre sur l’épidémie de choléra en Haïti<br />
dans le livre “Global Health Watch 4."<br />
Le “Global Health Watch,” est maintenant dans sa quatrième édition, et est<br />
perçu largement comme la voix définitive pour une alternative sur la santé.<br />
Ce livre intègre une analyse rigoureuse, des propositions et des histoires<br />
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Dr. Anderson fera sa présentation en créole !<br />
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20 <strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times<br />
Vol. 8 • No. 30 • Du 4 au 10 <strong>Fevrier</strong> <strong>2015</strong>