Haiti Liberte 28 Janvier 2015
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Vol. 8 • No. 29 • du <strong>28</strong> janvier au 3 février <strong>2015</strong> <strong>Haiti</strong> 20 gdes/ USA $1.50/ France 2 euros/ Canada $2.00<br />
HAÏTI LIBERTÉ<br />
JUSTICE • VÉRITÉ • INDÉPENDANCE<br />
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QUEL A ÉTÉ L’OBJECTIF DE LA VISITE<br />
DU CONSEIL DE SÉCURITÉ DES<br />
NATIONS-UNIES ?<br />
Premye son klòch<br />
represyon <strong>2015</strong> lan<br />
sonnen<br />
Page 6<br />
English<br />
Page 9<br />
Les manifestations<br />
doivent<br />
continuer !<br />
Page 8<br />
Voir page 4<br />
De gauche à droite : Cristian Pedro Barros président du Conseil de sécurité des Nations unies et Michel Martelly, président haïtien, le<br />
23 janvier <strong>2015</strong> sous les ruines du palais national à Port-au-Prince<br />
UN CONSEIL ÉLECTORAL<br />
SUR MESURE !<br />
Nigeria : Comment<br />
Boko Haram<br />
prospère sur<br />
les inégalités,<br />
l’analphabétisme,<br />
la corruption et<br />
l’arbitraire ?<br />
Page 11<br />
Voir page 4<br />
Alexis Tsipras,<br />
nouveau Premier<br />
ministre grec, a<br />
prêté serment !<br />
Page 17<br />
Le Premier ministre de facto Evans Paul procédant à l’installation des membres du Conseil électoral provisoire (CEP), au siège de l’institution à<br />
Pétion-Ville le vendredi 23 janvier <strong>2015</strong>
Editorial<br />
L’heure de la résistance face<br />
à la bombe électorale !<br />
Par Berthony Dupont<br />
Toutes les délégations internationales qui se croisent dans<br />
le pays n’ont qu’une seule mission: consolider fermement<br />
l’emprise américaine qui reste fidèle et solidaire au régime<br />
d’imposteurs qu’elle a mis en place. Elles prennent fait et<br />
cause en sa faveur de façon à renforcer la déstabilisation de<br />
nos institutions. Le gouvernement de Martelly-Paul ne devrait<br />
pas exister. Et pourtant, il existe encore. Tout ce que nous<br />
pouvons attendre de lui est l’intensification de l’exploitation,<br />
dans l’intérêt des sociétés multinationales qui profitent de nos<br />
souffrances<br />
Or, la classe politique haïtienne ne demande pas mieux<br />
puisqu’elle a reçu ces invités internationaux avec honneur<br />
et parfait respect sans oser les mettre au pied du mur<br />
pour leur dire les quatre vérités sur ce 12 janvier <strong>2015</strong><br />
qui a donné lieu à des événements dont il est encore difficile<br />
de mesurer la portée et les suites à venir. Événements<br />
qui témoigneront de l’évidence de la faillite de la politique<br />
conduite par l’international qui occupe le pays depuis onze<br />
années.<br />
Les Nations-unies au service des Etats-Unis en Haïti<br />
ont fait totalement échec et de façon ironique, ce sont eux<br />
qui continuent à défiler pour venir nous dicter la « bonne<br />
gouvernance » et le « vivre ensemble ». Encore plus ironique,<br />
les 15 membres du Conseil de Sécurité des nations<br />
unies ont pu trouver audience au sein de la classe politique.<br />
L’Ambassadeur chilien a déclaré qu’il « a demandé<br />
aux acteurs politiques haïtiens à coopérer afin de rendre<br />
possible au plus vite des élections crédibles et transparentes<br />
conformément à la Constitution haïtienne ». Comme si<br />
le verdict des urnes dans cette conjoncture allait changer<br />
quelque chose aux souffrances du peuple, sauf les amplifier.<br />
Mais de quelles élections parlent-ils ? Ne sont-ce pas<br />
les élections que nous ne cessons de dénoncer dans ces<br />
colonnes ! Des élections fondées sur l’élimination de la résistance<br />
populaire et progressiste !<br />
Il en a toujours été ainsi. Dès que les forces impies de<br />
Washington claquent les doigts, l’ambiance politique se décontracte<br />
contre toute attente. Certains, en toute mauvaise<br />
conscience, cèdent aux pressions extérieures, et sont prêts<br />
à sacrifier les intérêts du peuple, trahir la cause noble de<br />
changement, mettant ainsi au pas la résistance populaire<br />
haïtienne.<br />
Dans les prochains jours ou mois à venir, il faut encore<br />
nous attendre à d’autres revirements spectaculaires,<br />
d’autres défections surtout dans le secteur qui se déclare «<br />
modéré ». Des politiciens sans principes vont se jeter tête<br />
basse dans la course électorale, bradant ainsi la révolte<br />
populaire. Ils s’y prendront sans gêne aucune en nous faisant<br />
avaler des pilules amères fabriquées dans les laboratoires<br />
diplomatiques des yankees et d’autres grandes puissances<br />
impérialistes.<br />
Faut-il pour autant désespérer ? Nous pensons que<br />
Non. Les jeux ne sont pas entièrement faits, bien que le<br />
complot ourdi contre les intérêts du peuple ne fait guère de<br />
doute.<br />
Il ne faut pas nous étonner, si demain, d’autres dirigeants<br />
ou personnalités de l’opposition se jettent dans la<br />
course électorale pour être députés, sénateurs et même président<br />
; oubliant leur position précédente face au gouvernement<br />
et à la force d’occupation. On pourra bien arrêter<br />
ce complot, sauf qu’il nous faut nous préparer à cet effet.<br />
La bombe d’une élection organisée à l’avance est déjà en<br />
place. Aussi, la mobilisation aura besoin de vrais militants,<br />
révolutionnaires conséquents pour la désamorcer.<br />
Il faut s’y attendre. Dans les mois à venir, le secteur<br />
populaire sera mis à l’index et isolé par certaines radios qui<br />
ne vont même plus passer ses mots d’ordre. Déjà le réseau<br />
national de défense des droits humains condamne les actes<br />
de violences perpétrés lors des manifestations antigouvernementales.<br />
«Le RNDDH déplore le fait que des citoyens<br />
qui ne participent pas à ces mouvements de rues soient<br />
victimes de vol et que des véhicules aient été vandalisés. Il<br />
appelle les autorités à prendre les mesures qui s'imposent<br />
en vue de sévir contre les fauteurs de troubles, d'assurer la<br />
sécurité des vies et des biens et aussi de garantir la sécurité<br />
du local du parti Fusion ». (allié du pouvoir)<br />
Certes, dans les colonnes de ce journal, nous ne nous<br />
sommes jamais fait d’illusions. Les seules conditions préalables<br />
au déroulement d’élections démocratiques sont, à<br />
notre avis, la démission de Martelly et d’Evans Paul de<br />
toutes leurs charges gouvernementales pour les remplacer<br />
par un gouvernement de transition.<br />
Le peuple haïtien ne devra compter pour sa libération<br />
que sur ses propres organisations, non pas sur les partis<br />
vides de programme et sur des promesses fallacieuses. Pas<br />
d’élections crédibles et honnêtes avec Martelly et Evans<br />
Paul ! Pas d’élections démocratiques et inclusives dans un<br />
pays occupé !<br />
L’avenir reste dans la résistance et le combat. Cela doit<br />
être très clair ! Il faut soit agir pour obliger le régime à capituler<br />
et dégager, soit le combattre jusqu’à la victoire finale.<br />
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2 <strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times<br />
Vol. 8 • No. 29 • du <strong>28</strong> janvier au 3 février <strong>2015</strong>
A Travers <strong>Haiti</strong><br />
Haïti, chronique d’une<br />
crise électorale (37)<br />
Gouvernement de facto, un suicide collectif !<br />
Grève des enseignants:<br />
Les lycéens dans les rues !<br />
Par Thomas Péralte<br />
PAR CES MOTIFS<br />
Edmonde Supplice Bauzile<br />
L’ancien député de Desdunes<br />
Levaillant Louis-Jeune fait partie<br />
de ceux qui contribuent à sauver le<br />
Président Martelly de la débâclea<br />
Même les opposants les plus déterminés<br />
du pouvoir Tèt Kale reconnaissent<br />
que le Président Michel Martelly<br />
a remporté une bataille décisive<br />
sur ses adversaires politiques même si<br />
la guerre se poursuit de plus belle sur le<br />
terrain et dans les officines nationales<br />
et internationales. Ils reconnaissent<br />
aussi que cette victoire déterminante<br />
n’est pas l’œuvre du seul chef de l’Etat.<br />
Celui-ci a eu le soutien d’une partie de<br />
l’opposition, et non des moindres, au<br />
moment le plus crucial de la contestation.<br />
Sans cette « trahison » de certains<br />
leaders politiques, il n’aurait pas<br />
remporté cette première manche. Le<br />
MOPOD et ses alliés qui comptent des<br />
désistements dans leur rang ont fait un<br />
premier bilan. Le coup est rude. Ils ont<br />
perdu des poids lourds et surtout des<br />
dirigeants politiques qui ont pignon sur<br />
rue et une visibilité incontestables sur le<br />
plan national et international.<br />
L’ancienne sénatrice du Centre,<br />
Mme. Edmonde Supplice Bauzile de<br />
la Fusion des Sociaux démocrates en<br />
est un exemple. L’ancien ministre de<br />
la justice de René Préval, Paul Denis<br />
n’en est pas moins. Mais K-Plim en demeure<br />
le symbole parmi les symboles<br />
de ces personnalités qui ont abandonné<br />
l’opposition en pleine course. La Plateforme<br />
politique Inite de l’ex-Président<br />
René Préval et ses dirigeants étaient des<br />
alliés qui comptent pour l’opposition<br />
dans sa lutte contre le Président Martelly.<br />
L’on connaît la position radicale<br />
de l’un des chefs de ce parti, le député<br />
Levaillant Louis-Jeune, vis-à-vis de la<br />
présidence de la République. Ancien<br />
Président de la Chambre des députés,<br />
celui-ci, tout au cours de son mandat,<br />
n’a cessé de décrire un Martelly arrogant<br />
et sans manière. L’on se souvient<br />
du grand déballage public et médiatique<br />
qui a eu lieu entre ce responsable de<br />
Inite et la présidence de la République<br />
pour une sombre affaire d’argent pour<br />
une fête patronale. Jamais, personne<br />
n’aurait, même en rêve, imaginé que<br />
l’ancien député de Desdunes ferait partie<br />
de ceux qui contribuent à sauver le<br />
Président Martelly de la débâcle.<br />
Certes, pas grand monde n’a<br />
vu venir le coup. N’empêche, certains<br />
observateurs politiques haïtiens<br />
s’interrogeaient déjà sur l’attitude de<br />
l’un des fondateurs de cette Plateforme<br />
politique. Il s’agit de l’ancien sénateur<br />
du Sud-Est, Joseph Lambert. Du jour au<br />
lendemain, l’ancien Président du Sénat<br />
de la République et à l’époque Président<br />
de Inite qui avait déclaré que « Martelly<br />
est un éléphant dans un magasin<br />
de porcelaines » passa avec armes et<br />
bagages dans le camp du régime. Il en<br />
est devenu, à la surprise générale, l’un<br />
des plus assidus et fidèles Conseillers du<br />
chef de l’Etat. Sans explication aucune,<br />
celui qui s’autoproclame « bête politique<br />
» en Haïti avait déjà montré le chemin à<br />
ses petits ex-camarades : dans ce pays<br />
singulier, tous les chemins mènent au<br />
pouvoir, pourvu qu’on accepte de perdre<br />
son âme et sa dignité. En abandonnant<br />
tous les principes auxquels l’on<br />
croyait. Et en reniant naturellement ses<br />
convictions.<br />
La plateforme Inite (Unité) qui<br />
a succédé à Espwa (Espoir) qui n’a<br />
jamais fait rêver grand monde sur le<br />
plan idéologique et de principes politiques,<br />
poursuit la longue tradition des<br />
groupuscules politiques haïtiens dont le<br />
seul objectif demeure : aider leurs dirigeants<br />
à avoir un plat chaud chaque<br />
jour même s’il sort du ventre de la bête<br />
immonde. Inite, en bouée de sauvetage<br />
pour un Président dont le pays réclame<br />
à corps et à crie la démission, ne doit et<br />
ne peut choquer les gens qui aspirent à<br />
une vraie démocratie et un changement<br />
véritable pour ce pays victime de deux<br />
siècles d’opportunistes et de fabulateurs<br />
qui occupent les avenues du pouvoir à<br />
Port-au-Prince. Dans cette cavalcade de<br />
Le tribunal sur les conclusions conformes du Ministère Public, maintient le défaut déjà<br />
octroyé à l’audience du six novembre deux mille quatorze, pour le profit, se déclare<br />
compétent à connaitre de cette espèce, accueille favorablement cette action pour être<br />
conforme tant en la forme qu’au fond ; en conséquence, prononce la dissolution des liens<br />
matrimoniaux existant entre la dame Sony BRUTUS née Clermencia DESSOURCES d’avec son<br />
époux Sony BRUTUS pour injures graves et publiques. En outre, renvoie la demanderesse<br />
par devant l’officier de l’Etat Civil d’Aquin pour rédaction de l’acte de divorce et la transcription<br />
du dispositif du jugement à sortir sur les registrres destinés à cet effet ; ordonne la<br />
publication de ce jugement dans l’un des quotidiens s’éditant à la capitale (Port-au-Prince)<br />
; compense les dépens, commet l’huissier Ducerlus NATHAN de ce siège pour la signification<br />
de la présente décision.<br />
Ainsi jugé et prononcé par nous Me Louis FILS Joseph, en présence de Me Vanamane,<br />
Substitut Commissaire du Gouvernement de ce ressort avec l’assistance du citoyen Paulin<br />
CIVIL, greffier du siège, en audience ordinaire, publique et en ses attributions civiles et de<br />
divorce de ce jeudi vingt sept novembre deux mille quatorze An 211ème de l’indépendance.<br />
Il est ordonné à tous huissiers sur ce requis de mettre ce présent jugement à exécution ; aux<br />
officiers du Ministère public, près les Tribunaux Civils d’y tenir la main ; à tous commandants<br />
et autres officiers de la force publique d’y prêter main forte lorsqu’ils en seront<br />
légalement requis.<br />
En foi de quoi la minute du présent jugement est signée du juge et du greffier susdits. Avec<br />
trois mots rayés nuls.<br />
Me Louis Fils Joseph, Av. Mgt<br />
Signature du Greffier du Tribunal<br />
Depuis le mardi 13 <strong>Janvier</strong> dernier,<br />
les enseignants des établissements<br />
scolaires publics observent un<br />
mot d’ordre de grève illimitée pour<br />
contraindre le ministre de l’Education<br />
nationale du gouvernement de facto<br />
d’Evans Paul, l’économiste Nesmy<br />
Manigat à respecter leurs engagements<br />
envers le corps professoral. Ces<br />
engagements pris lors d’un accord<br />
sont les suivants : remise des lettres<br />
de nomination à tous les professeurs,<br />
paiement des arriérés de salaire des<br />
années de travail ; conditions acceptables<br />
de travail, ajustement de<br />
salaire, cartes d’assurance, relèvement<br />
salarial pour les inspecteurs des cours<br />
du soir et l’EFACAP, paiement des arriérés<br />
de salaire des professeurs du<br />
Programme de Scolarité Universelle et<br />
Gratuite Obligatoire (PSUGO).<br />
Au lieu de prendre toutes les dispositions<br />
nécessaires pour satisfaire les<br />
revendications des professeurs, le<br />
ministre Manigat a préféré chercher à<br />
corrompre certains responsables syndicaux<br />
tels que : Lourdes Edithe Joseph<br />
de la Confédération Nationale des<br />
Educateurs Haïtiens (CNEH), l’actuelle<br />
représentante du secteur syndical au<br />
Conseil Electoral Provisoire (CEP) et<br />
le patron de l’Union Nationale des<br />
Normaliens d’Haïti (UNNOH), Josué<br />
Mérilien. Chacun de son côté a reçu<br />
un minibus coûtant à l’Etat haïtien<br />
plus de 8 millions de gourdes et des<br />
avantages et privilèges au niveau de<br />
ce ministère, de l’inspection et de la<br />
direction des lycées.<br />
Il faut rappeler toutefois que la<br />
situation dans les écoles publiques<br />
a commencé à se détériorer, selon<br />
certains spécialistes en éducation,<br />
depuis l’arrivée de l’ex-ministre de<br />
l’Education nationale, Gabriel Bien-<br />
Aimé, représentant de l’Organisation<br />
du Peuple en Lutte (OPL) au gouvernement<br />
Préval-Alexis. Il a intégré plus<br />
de 13 mille professeurs dans le système<br />
éducatif sans provision budgétaire.<br />
L’ex-ministre du gouvernement<br />
Martelly-Lamothe, Vaneur Pierre a<br />
embauché plus de 7 mille professeurs<br />
dans les mêmes conditions. Alors que<br />
la corruption tous azimuts ne cesse<br />
de gangrener le système éducatif. Le<br />
pouvoir tètkale Martelly-Lamothe dit<br />
avoir fait de l’éducation l’une de leurs<br />
priorités. A cet effet, il a prélevé des<br />
taxes sur les transferts d’argent et les<br />
appels téléphoniques en provenance<br />
des Haïtiens vivant en diaspora. Ces<br />
fonds servent à autre chose, sûrement<br />
pas à l’éducation.<br />
Voilà que les écoliers manifestent<br />
dans les rues à travers le pays pour exiger<br />
la présence des professeurs dans<br />
remise en selle du Président Martelly,<br />
en Haïti il y a pires parmi les pires, sur<br />
le plan politique bien entendu. Il y a,<br />
en effet, ceux qui se réclament du socialisme,<br />
sinon de la sociale démocratie.<br />
Ces prétendus socialistes haïtiens<br />
se regroupent depuis quelques<br />
années sous l’appellation de Fusion des<br />
Sociaux Démocrates couramment appelée<br />
: Fusion. En contradiction totale<br />
avec les vœux de changement de la<br />
population, les dirigeants de ce parti se<br />
livrent à une sorte de prostitution politique.<br />
On a du mal à comprendre leur<br />
jeu. En se ralliant au Président Martelly<br />
à ce moment difficile pour le pouvoir,<br />
les responsables de Fusion apportent<br />
une sorte de respectabilité, d’assurance,<br />
voire une nouvelle légitimité à un<br />
groupe de femmes et d’hommes que la<br />
communauté nationale décrit comme<br />
des gens se livrant à une sorte de coupe<br />
réglée du pays. La Direction de la Fusion<br />
tente depuis sa participation au<br />
gouvernement de facto de Evans Paul<br />
En signe de protestation les élèves du Lycée Oratius Laventure ont<br />
détruit des bancs et tableaux des salles de classe<br />
Le ministre de l’Education<br />
nationale Nesmy Manigat<br />
les salles de classe. « Nous ne sommes<br />
pas en politique, nous réclamons<br />
la présence des professeurs dans les<br />
salles de classe. Nous ne voulons pas<br />
de carnaval, nous voulons l’éducation<br />
», lancent les écoliers dans les rues<br />
un peu partout à travers le pays. Le<br />
salaire moyen d’un professeur est estimé<br />
à environ 11 mille gourdes (soit<br />
239,13 dollars US ou 200 Euros par<br />
mois, à raison de 46 gourdes pour un<br />
dollar). Puisque le paiement ne se fait<br />
pas régulièrement, on leur doit des années,<br />
alors que le coût de la vie augmente<br />
constamment. L’essence baisse<br />
sur le marché international, en Haïti,<br />
elle augmente. Le gallon qui se vend<br />
actuellement à environ deux (2) dollars<br />
aux Etats-Unis, se vend à 5 dollars<br />
en Haïti. Le dollar qui s’échangeait<br />
au taux de 40 gourdes en 2011, à<br />
l’arrivée de monsieur Martelly au<br />
pouvoir, s’échange aujourd’hui à 48<br />
gourdes. Le salaire des professeurs et<br />
celui des ouvriers entretemps sont restés<br />
les mêmes.<br />
A travers les rues des grandes<br />
villes du pays, on observe des affiches<br />
de jouer sur deux tableaux. A entendre<br />
les déclarations de la Présidente de cette<br />
formation politique, madame Edmonde<br />
Supplice Bauzile, on aurait pu croire<br />
qu’elle est encore dans l’opposition<br />
contre le Président Martelly.<br />
Alors même que son parti occupe<br />
plusieurs postes importants dans<br />
le cabinet ministériel post-Lamothe.<br />
Aujourd’hui, et la plateforme Inite, et<br />
la Fusion, et le minuscule parti Ayisyen<br />
Pou Ayiti (Haïtien Pour Haïti)<br />
même s’ils ne sont représentés que par<br />
quelques individus au sein du gouvernement<br />
de facto, sont obligatoirement<br />
solidaires des actes du pouvoir et partageront<br />
les actifs et les passifs du régime.<br />
Il est clair pour tout le monde,<br />
ces partis politiques ne sont plus dans<br />
l’opposition. Il ne devrait avoir aucun<br />
doute ni équivoque sur la présence<br />
de ces organisations politiques à côté<br />
d’autres éléments au pouvoir Tèt<br />
Kale. Ils seront tous liés au résultat de<br />
l’Administration Martelly et à son sort<br />
géantes sur lesquelles s’inscrivent des<br />
slogans vides de sens, tels : « Lekòl<br />
gratis Ayiti ap vanse. yon milyon 4 mil<br />
timoun al lekòl. » Ces affiches coûtent<br />
à l’Etat haïtien plusieurs milliers de<br />
dollars, alors que les professeurs ne<br />
touchent pas leur dû. Une fois de<br />
plus, la réalité dément les propagandes<br />
mensongères et abusives du pouvoir<br />
tètkale néo-duvaliériste.<br />
Les budgets de la Présidence et<br />
de la Primature s’élèvent à plusieurs<br />
milliards de gourdes qui servent à corrompre<br />
les gens. La presse n’y échappe<br />
pas. Des millions de gourdes ont été<br />
affectés à la corruption des journalistes<br />
à la fin de l’année. Les professeurs<br />
ne touchent pas. Le responsable de<br />
l’Union des Parents et Elèves Progressistes<br />
(UPEP), Léo Lutholu propose<br />
aux responsables de l’Etat d’utiliser<br />
les fonds disponibles au Trésor public,<br />
alloués aux parlementaires dont le<br />
mandat arrive à terme pour acquitter<br />
les arriérés de salaire des professeurs.<br />
Une proposition parait-il acceptable,<br />
mais uniquement pour des dirigeants<br />
responsables. Quand on a affaire à des<br />
dirigeants irresponsables, insouciants<br />
des revendications populaires, on voit<br />
qu’ils préfèrent utiliser la corruption et<br />
la stratégie de la force pour tenter de résoudre<br />
le problème des professeurs. Ça<br />
ne marche pas. Cette semaine encore,<br />
des milliers d’écoliers sont descendus<br />
dans les rues à travers le pays pour exiger<br />
la présence des professeurs dans<br />
les salles de classe. Les professeurs de<br />
leur côté ont fait savoir que tant que<br />
les responsables du pouvoir tetkale de<br />
facto Martelly-Paul n’assumeront pas<br />
leurs responsabilités envers eux, ils ne<br />
se présenteront pas dans les salles de<br />
classe, malgré l’appel lancé a la trêve<br />
par le ministre Manigat.<br />
aussi. L’histoire retiendra les noms des<br />
partis et des personnalités ayant appartenu<br />
à cette période donnée à un<br />
gouvernement où il n’existe ni Sénat<br />
ni Chambre des députés. Ils font partie<br />
d’un pouvoir exécutif qui est l’unique<br />
pouvoir existant sur le territoire national,<br />
par conséquent endossent<br />
l’ensemble des actes commis au nom<br />
du gouvernement de facto.<br />
Haïti reste vraiment un pays<br />
curieux sur le plan politique. Pendant<br />
près de trois, quatre années, ces deux<br />
principales formations politiques Inite<br />
et Fusion des Sociaux Démocrates,<br />
sans oublier Ayisyen Pou Ayiti, étaient<br />
dans la rue et manifestaient contre<br />
un régime qu’ils qualifiaient de tous<br />
les noms. Ils faisaient même partie,<br />
voire étaient membres fondateurs<br />
du MOPOD (Mouvement Patriotique<br />
de l’Opposition Démocratique) ce<br />
qu’on appelle « Table de Concertation<br />
». Du jour au lendemain, ces partis<br />
Suite à la page (15)<br />
Vol. 8 • No. 29 • du <strong>28</strong> janvier au 3 février <strong>2015</strong><br />
<strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times<br />
3
Quel a été l’objectif de la<br />
visite du Conseil de Sécurité<br />
des Nations-Unies ?<br />
De gauche à droite Mme Samantha Power, Ambassadrice des États-Unis<br />
aux Nations Unies et l’ambassadeur chilien Cristian Barros Melet qui<br />
assure la Présidence tournante au Conseil de Sécurité pour le<br />
mois de janvier<br />
Par Marie Laurette Numa<br />
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Les 15 membres du conseil de sécurité en <strong>Haiti</strong><br />
Le vendredi 23 janvier écoulé est arrivée<br />
dans le pays une délégation du<br />
Conseil de Sécurité de l'organisation des<br />
Nations Unies. Cette délégation composée<br />
de représentants des 15 états membres<br />
du conseil de sécurité est co-présidée par<br />
le Chili et les Etats-Unis en l’occurrence,<br />
l’ambassadeur chilien Cristian Barros<br />
Melet qui assure également la Présidence<br />
tournante au Conseil de Sécurité pour le<br />
mois de janvier et Mme Samantha Power,<br />
Ambassadrice des États-Unis aux Nations<br />
Unies.<br />
Cette délégation au cours de son<br />
périple de 3 jours a rencontré l’exécutif<br />
de facto, les membres du gouvernement<br />
Michel Martelly et Evans Paul, le président<br />
de facto du sénat, Andris Riché,<br />
des acteurs de la société civile et certains<br />
partis politiques tels que Fanmi Lavalas<br />
comme l’a souligné un membre du Directoire<br />
de ce parti, Dr Schiller Louidor<br />
au cours d’une interview le dimanche 25<br />
janvier, sur Radyo pa nou.<br />
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En réalité, après un coup d’état flagrant<br />
contre la démocratie dans le pays, quel a<br />
été l’objectif de cette visite se demandent<br />
plus d’un ! Ce n’est pas sans aucune importance<br />
que cette mission a planifié sa<br />
visite dans un moment crucial, sur fond<br />
de manifestation, où le peuple exige le<br />
départ du président Martelly et également<br />
des forces occupantes de la Minustah.<br />
Comme indiqué dans leur feuille de route,<br />
le but de la mission consistait à évaluer la<br />
situation politique pré-électorale. Y avaitt-il<br />
une crise électorale en <strong>Haiti</strong> ? Non, pas<br />
réellement ! C’était une façon suspecte de<br />
réduire plutôt les revendications populaires<br />
demandant le changement à une<br />
simple crise électorale. Bien que le régime<br />
en place, en accord avec les forces de stabilisation<br />
de l’ONU n’ait jamais réalisé aucune<br />
élection depuis quatre ans, ce n’est<br />
pas nouveau pour les Nations-Unies vu<br />
que les forces de stabilisation des Nations<br />
Unies ont toujours été présentes pour<br />
consolider le pouvoir.<br />
C’eût été plus honnête de la part de<br />
la mission de dire qu’elle était venue constater<br />
l’échec cuisant de la MINUSTAH<br />
qui occupe le pays depuis environ 11 ans<br />
(2004-<strong>2015</strong>) ? Alors que cette force qui<br />
prétendait maintenir une certaine stabilité<br />
en Haïti n’arrive jamais à le faire. Sauf<br />
qu’au contraire, elle est présente pour<br />
maintenir le statu quo, facilitant ainsi le<br />
pillage des ressources du pays. Grâce à<br />
elle, voilà que le régime tètkale néo-duvaliériste<br />
représenté par Michel Martelly<br />
et consorts bénéficie encore du support<br />
des puissances étrangères et organisations<br />
mondiales et régionales, malgré<br />
ses multiples dérives, ses violations des<br />
droits humains, son refus systématiques<br />
d’organiser des élections depuis plus de<br />
4 ans, la violence exercée à l’endroit du<br />
peuple haïtien, la corruption qui gangrène<br />
l’administration publique, la persécution<br />
politique, le démantèlement des institutions<br />
républicaines et le non-respect des<br />
deux autres pouvoirs publics. Malgré tout<br />
ces protecteurs étrangers qui se présentent<br />
toujours comme les chiens de garde<br />
de la démocratie bourgeoise représentative<br />
et continuent de nous leurrer sur le<br />
chapitre du respect des droits humains.<br />
La visite de cette mission<br />
n’avait d’autre objectif que de renforcer<br />
l’occupation du pays et le régime pourri<br />
vomi par le peuple. Leurs déclarations<br />
sont très tendancieuses comme celle de<br />
Samantha Power, l’ambassadrice des<br />
Un conseil électoral sur mesure !<br />
Par Isabelle L. Papillon<br />
Ce cinquième Conseil Electoral de<br />
Martelly arrivera-t-il à organiser des<br />
élections libres, transparentes et inclusives<br />
comme les délégations étrangères<br />
le souhaitent sous l’administration corrompue<br />
de Martelly et le gouvernement<br />
de facto d’Evans Paul ?<br />
C’est sur fond de protestation<br />
qu’ont eu lieu la prestation de serment<br />
et l’installation des 9 membres du nouveau<br />
Conseil Electoral Provisoire (CEP)<br />
du nouveau gouvernement de facto<br />
d’Evans Paul alias K-Plim.<br />
Cette formation du CEP soulève<br />
déjà des contestations légitimes de la<br />
part de plusieurs secteurs impliqués<br />
dans ce processus. Les responsables<br />
de certains secteurs dénoncent les<br />
manœuvres du pouvoir tètkale pour<br />
avoir le contrôle du CEP à travers les<br />
représentants des secteurs de la femme,<br />
des syndicats, de l’église protestante,<br />
du secteur patronal, entre autres.<br />
De toute façon, ce 5e CEP inspiré<br />
de l’article <strong>28</strong>9 de la Constitution<br />
de 1987, comme exige l’Opposition<br />
est composé de : Ricardo Augustin,<br />
représentant de l’église catholique ;<br />
Vijionet Demero, des Cultes reformés<br />
(protestante) ; Néhémie Joseph du<br />
secteur paysan. Il était le représentant<br />
du Parlement sur la proposition des<br />
patrons des médias d’Haïti au précédent<br />
CEP. Yolette Mengual du secteur<br />
des femmes, contestée par SOFA et<br />
d’autres organisations de femmes. Elle<br />
était également la représentante du<br />
Parlement. Jaccéus Joseph du secteur<br />
des droits humains, l’un des représentants<br />
des prisonniers politiques et des<br />
victimes du régime dictatorial des<br />
Duvalier, notamment celles de Jean<br />
Claude Duvalier. Opont Pierre-Louis,<br />
ex-directeur général de l’ancien CEP<br />
de Gaillot Dorsainvil qui a plié l’échine<br />
sous le diktat de l’ONU, de l’OEA et<br />
Etats Unis au Conseil de Sécurité qui a<br />
exprimé « la déception des Nations Unies<br />
de voir que malgré les efforts du président<br />
Martelly, le parlement est devenu dysfonctionnel<br />
». Quel mensonge éhonté !<br />
L’Ambassadeur chilien Cristian<br />
Barros Melet a pour sa part indiqué que<br />
« Nous n’avons pas une idée spécifique.<br />
Mais nous essayons maintenant de<br />
maintenir notre appui au gouvernement<br />
haïtien avec pour but l’organisation des<br />
élections avec les caractéristiques déjà<br />
mentionnées. Il est trop tôt pour dire<br />
si c’est nécessaire de continuer avec la<br />
même configuration ou pas. Nous aurons<br />
le temps pour cela. Sans compter que c’est<br />
un processus complexe au plan politique.<br />
Mais je vous assure que nous prenons<br />
ceci très au sérieux et que le Conseil de<br />
Sécurité est très attaché à la situation en<br />
Haïti ». Dimanche, lors de la visite<br />
de la délégation du Conseil de Sécurité<br />
des Nations-Unis à l’Académie de Police<br />
(Frères), le nouveau Ministre de facto de<br />
la Justice Pierre Richard Casimir, sans<br />
même se gêner, a demandé de maintenir<br />
et de renforcer les effectifs de la Minustah<br />
en ces termes : « Au nom du Président,<br />
du Chef du gouvernement et de moimême,<br />
je réitère au Conseil de sécurité<br />
des Nations Unies notre demande de ne<br />
pas réduire l'effectif des troupes de la Minustah<br />
pendant le processus électoral. Au<br />
contraire, il est nécessaire de renforcer les<br />
contingents de la mission onusienne en<br />
Haïti, comme d’ailleurs, la période électorale<br />
est quelquefois marquée par des<br />
tensions et des troubles. » Voilà le genre<br />
d’hommes, de mercenaires, de bandits<br />
légaux que les puissances impérialistes<br />
veulent à la tête de l’Etat ; des vendeurs<br />
de patrie qui parlent pour eux et font leur<br />
affaire, comme l’avait indiqué Bill Clinton:<br />
« c’est le gouvernement le plus cohérent<br />
et le plus décisif avec lequel j’ai eu à travailler<br />
sur un large éventail de questions.<br />
»<br />
En somme, cette visite du Conseil<br />
de Sécurité n’est pas venue évaluer une<br />
décennie d’échec, de massacres de nos<br />
concitoyens, de l’implantation de Choléra<br />
par la MINUSTAH, qui a déjà fait plus de<br />
9000 morts et de la faillite de la démocratie<br />
importée qu’on veut imposer à travers<br />
un régime néo-duvaliériste, mais bien<br />
pour rétablir la dictature dans le pays,<br />
passant par la consolidation du régime<br />
Les élections ne sont pas possibles avec Martelly au pouvoir ! déclare la<br />
Coordination Dessalines (KOD)<br />
de l’ambassade des Etats-Unis pour<br />
placer Michel Joseph Martelly au second<br />
tour de l’élection présidentielle<br />
de 2010. Ce CEP était transformé en<br />
un vaste marché où l’on vendait des<br />
postes de député et de sénateur au<br />
plus offrant. Les espèces sonnantes et<br />
trébuchantes faisaient la loi au sein de<br />
ce Conseil. Lourdes Edithe Joseph, du<br />
CNEH, représentante du secteur syndical,<br />
contestée par ses pairs. Il lui est<br />
reproché de se laisser corrompre par<br />
l’actuel ministre de l’Education nationale,<br />
Nesmy Manigat. Elle a reçu<br />
de lui un minibus évalué à plus de 4<br />
millions de gourdes. Pierre Manigat du<br />
secteur des medias : il était le rédacteur<br />
en chef du quotidien Le Nouvelliste. Et<br />
enfin, Lucie Marie Carmelle Paul Austin,<br />
représentante de la Conférence des<br />
recteurs des Universités d’Haïti, mais<br />
contestée par le Conseil de l’Université<br />
et le rectorat de l’UEH. Elle est professeure<br />
à l’université et elle était ministre<br />
de l’éducation nationale du gouvernement<br />
Lavalas ; en automne 2003, elle a<br />
remis sa démission pour aller rejoindre<br />
le mouvement GNB anti-Lavalas.<br />
L’Opposition revendique un CEP<br />
inspiré de l’article <strong>28</strong>9, certes ; mais elle<br />
exige que cet organisme électoral soit<br />
constitué de personnalités crédibles,<br />
honnêtes, capables de résister à toutes<br />
formes de tentations et sur lesquelles<br />
ne plane aucun doute. Ce n’est pas le<br />
cas pour ces représentants-là, tout au<br />
moins pour le secteur des femmes, syndical,<br />
patronal, protestant, entre autres.<br />
Ce 5e CEP en 5 ans ayant à sa tête<br />
les représentants du secteur patronal,<br />
Opont Pierre-Louis président ; des médias,<br />
Pierre Manigat vice-président ; de<br />
l’église catholique, Ricardo Augustin,<br />
trésorier ; de l’église protestante, Vijionet<br />
Demero, secrétaire, parviendrait-il à<br />
réaliser des élections libres et inclusives<br />
sous un gouvernement de facto et une<br />
force d’occupation ? Quel sort lui est-il<br />
réservé? L’histoire dira le reste.<br />
Les masses populaires doivent<br />
éviter de faire le jeu de l’ennemi. Il nous<br />
faut appeler à un boycottage total de la<br />
course électorale ; vu que tout est déjà<br />
mis en place pour orienter les élections<br />
vers le pouvoir en place pour confirmer<br />
sa continuité. Déjà Martelly annonce<br />
qu’il souhaite avoir un premier tour<br />
des élections au mois de mai <strong>2015</strong>.<br />
Rencontre du Conseil de Sécurité avec les forces d’occupation la Minustah<br />
néo-duvaliériste et corrompu de Martelly.<br />
Aucun des partis politiques n’a<br />
critiqué l’arrogance de Samantha Power,<br />
l’ambassadrice des Etats-Unis quand,<br />
pour nous faire la leçon, elle a osé déclarer<br />
ces propos hypocrites : « Nous sommes<br />
encore plus convaincus de l’importance<br />
du compromis. Il est sûr que tout le monde<br />
en Haïti n’obtiendra pas exactement ce<br />
qu’il ou elle veut dans les prochains jours<br />
ou dans les années à venir. Il est toutefois<br />
important que tous les acteurs priorisent<br />
<strong>Haiti</strong> et le bien-être général sur des intérêts<br />
personnels. »<br />
Sandra Honoré, la Représentante<br />
spéciale du Secrétaire général des Nations<br />
Unies et les autres membres de la communauté<br />
internationale en Haïti représentés<br />
dans le « Core Group » (les ambassadeurs<br />
du Brésil, du Canada, d’Espagne,<br />
de France, des États-Unis d'Amérique,<br />
de l'Union européenne, et le Représentant<br />
spécial de l'Organisation des États<br />
américains) saluent l’installation du Premier<br />
Ministre Evans Paul, la formation<br />
du Gouvernement, ainsi que la constitution<br />
du Conseil Électoral Provisoire (CEP).<br />
Ils encouragent le nouveau Gouvernement<br />
à créer les conditions politiques et<br />
sécuritaires nécessaires pour garantir<br />
l’organisation d’élections équitables,<br />
crédibles et inclusives. En outre, la Communauté<br />
Internationale, se réjouit que le<br />
CEP avec ses nouveaux membres, puisse<br />
continuer ses activités en toute indépendance,<br />
en vue de garantir la transparence<br />
et l’impartialité du processus électoral.<br />
Le « Core Group » confirme son<br />
soutien aux efforts de toutes les parties<br />
prenantes pour le renforcement de la stabilité,<br />
la consolidation de la démocratie et<br />
le rétablissement du plein fonctionnement<br />
des institutions du pays.<br />
Nous ne sommes pas tout à fait<br />
étonnés, quand le Conseil de Sécurité des<br />
Nations-Unies, tout comme l’OEA, qui<br />
ne sont que des instruments au service<br />
de Washington, apportent leur soutien à<br />
l’inacceptable en <strong>Haiti</strong>. Et pour couronner<br />
le tout, le Club de Madrid va mener du 27<br />
au 29 janvier <strong>2015</strong> sa 4ème mission qui<br />
sera conduite par l'ex-Président mexicain,<br />
Felipe Calderon, et l'ex-Président bolivien<br />
et Vice-Président du Club de Madrid, Jorge<br />
Kiroga. Les objectifs du Club ne seront<br />
pas différents de ceux du Conseil de Sécurité<br />
de l'organisation des Nations Unies.<br />
Il s’agira de :<br />
• Plaider pour la tenue d'élections<br />
justes, transparentes et inclusives en<br />
<strong>2015</strong>, et partager une analyse comparative<br />
du système électoral;<br />
• Analyser les implications de la<br />
situation politique actuelle et favoriser le<br />
dialogue politique et la recherche de consensus<br />
entre les parties, afin de réduire les<br />
risques d'aggravation de la crise politique<br />
actuelle.<br />
Quand bien même les alliés du<br />
pouvoir et les partis politiques collabos<br />
ne cessent de demander les élections, ils<br />
sont clairs sur leurs objectifs et prennent<br />
leur position. Il reste au secteur populaire<br />
de ne pas démordre de ses revendications<br />
afin de contrecarrer les projets ténébreux<br />
des ennemis d’Haïti.<br />
4 <strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times<br />
Vol. 8 • No. 29 • du <strong>28</strong> janvier au 3 février <strong>2015</strong>
Twa Fèy, Twa Rasin O!<br />
Manifestants de tous les coins du pays, unissez-vous !<br />
Tous devant les ambassades des pays «amis» !<br />
Par Fanfan la Tulipe<br />
Depuis déjà deux années, une majorité<br />
de la population haïtienne, excédée<br />
par l’irresponsabilité, les dérives,<br />
les excès et les «abracadabrances» de<br />
Martelly, a gagné les rues de façon régulière<br />
et constante, pacifiquement, en très<br />
grand nombre, encouragée et conduite<br />
par des organisations et partis politiques<br />
réclamant le départ du premier mandataire<br />
de la nation. Au moment d’écrire ce<br />
texte, les plus récentes mobilisations correspondent<br />
aux dates suivantes : samedi<br />
17, mardi 20, jeudi 22 et vendredi 23<br />
janvier <strong>2015</strong>.<br />
Compte tenu du manque de volonté<br />
politique d’importants partis politiques,<br />
d’organisations dans le giron de la société<br />
civile et de personnalités politiques<br />
de premier plan de faire cause commune<br />
avec la mouvance d’opposition exigeant<br />
la démission de Martelly pour que le pays<br />
reprenne son angle de fonctionnement<br />
normal et démocratique; compte tenu<br />
aussi de la complicité de l’oligarchie<br />
locale et de la communauté internationale<br />
qui soutiennent ouvertement ou<br />
enchattement l’impudent Martelly, il ne<br />
reste que la mobilisation populaire organisée,<br />
sous l’égide de dirigeants unis,<br />
démocrates, déterminés, efficients, de façon<br />
à créer un état subversif de tension<br />
politique qui force finalement les pays<br />
«amis» à lâcher leur créature, comme ce<br />
fut le cas le 7 février 1986.<br />
Certes, nous comprenons le désir<br />
des composantes agissantes de<br />
l’opposition d’en finir avec le néo-duvaliériste<br />
Martelly, nous comprenons<br />
leur bonne foi de faire avancer la cause<br />
populaire en mobilisant les masses selon<br />
un calendrier défini à l’avance, ce qui<br />
semble être témoin de leur détermination<br />
à mener la bataille d’opposition jusqu’au<br />
bout, jusqu’à la satisfaction de leur revendication<br />
première, soit la reddition de<br />
Martelly dont la chute devrait entraîner<br />
le départ du gouvernement de facto dirigé<br />
par le Premier Ministre opportuniste,<br />
patatiste et «boulchitiste», Evans Paul.<br />
Sans aucun doute, nous sommes<br />
partisans de la poursuite de la mobilisation<br />
sanpransouf des différents secteurs<br />
de la nation, responsables, conscients<br />
des enjeux, déterminés à ne pas laisser<br />
rouler le pays dans l’abîme où veut le<br />
précipiter Martelly et ses complices locaux<br />
et internationaux. Quatre années<br />
de corruption sur grande échelle, quatre<br />
années passées à traîner la nation<br />
dans les ornières d’une collaboration<br />
écœurante avec l’étranger venu saquer<br />
les richesses du sous-sol haïtien, quatre<br />
années de dilapidation du trésor public,<br />
quatre années d’imposture passées à<br />
mentir systématiquement, quatre années<br />
de turpitude morale dans l’ambiance<br />
de petits et grands barons locaux de la<br />
drogue ne peuvent être sanctionnées que<br />
par une mobilisation concertée, tenace,<br />
efficace des forces vives de la nation.<br />
Nonobstant la volonté affichée<br />
des dirigeants de l’opposition à balancer<br />
Martelly et son régime, nous ne pouvons<br />
nous empêcher de constater au moins<br />
deux handicaps à leurs initiatives successives<br />
de mobilisation populaire. Ces<br />
deux obstacles doivent être surmontés de<br />
façon ordonnée et pressante, autrement<br />
l’opposition au pouvoir finira par manquer<br />
de souffle, par s’effriter et s’épuiser,<br />
d’autant qu’elle n’aura pas affiché un<br />
programme minimum de transition pour<br />
combler le vide laissé par le départ éventuel<br />
de Martelly. Et c’est justement ce sur<br />
quoi compte le mal élu du 11 mai 2010<br />
pour «ouvrir ses ailes» et se mettre à gouverner<br />
par décrets.<br />
Le premier handicap se rapporte<br />
au fait qu’il n’y a pas encore une ligne<br />
d’action politique de base, concertée,<br />
crédible qui ait été offerte à la nation<br />
par toutes les composantes de l’opposition<br />
qui réclament le départ de Martelly,<br />
malgré l’existence d’une «table de<br />
concertation». La communauté haïtienne<br />
est intéressée à connaître les modalités<br />
de la phase de transition et comment<br />
elles déboucheront sur un CEP crédible…<br />
et des élections non moins crédibles.<br />
Autrement, elle risque de rester sceptique,<br />
d’autant qu’elle a été tellement déçue par<br />
les contorsions, pirouettes, cabrioles,<br />
crocs-en-jambe et autres magouilles du<br />
monde politicien.<br />
Nous savons que l’organisation<br />
populaire KOD a déjà fait une proposition<br />
en 18 points dans ce sens (Haïti<br />
Liberté. V8, No 27, du 14 au 21 janvier<br />
<strong>2015</strong>). Nous en relèverons quelques<br />
passages importants : le rétablissement<br />
de la Constitution de 1987, tout en<br />
programmant une date pour une assemblée<br />
constituante ; l’annulation de l’arrêté<br />
présidentiel sur le Fond national de<br />
l’éducation, annulation des prélèvements<br />
illégaux sur les transferts venant des<br />
Haïtiens vivant à l’étranger et sur les appels<br />
entrants en Haïti ; retrait des soldats<br />
et de la police de la MINUSTAH, dans un<br />
délai de trois mois ; annulation de tous<br />
les “memorandums of understanding”,<br />
toutes les autorisations sur les prélèvements<br />
d’échantillon des produits miniers<br />
et minéraux ; révocation immédiate de<br />
tous les agents exécutifs intérimaires,<br />
audit immédiate de leur administration<br />
par la Cour des comptes ; organisation<br />
des élections générales dans 3 à 6 mois,<br />
avec la formation d’un CEP conformément<br />
à l’article <strong>28</strong>9 de la Constitution de<br />
1987.<br />
Le deuxième handicap concerne<br />
le parcours et le point d’aboutissement<br />
des mobilisations. Qu’elles démarrent<br />
à partir de St. Jean Bosco et du Bel-Air,<br />
nous n’y voyons aucun inconvénient,<br />
aucun problème, d’autant que ces deux<br />
points de départ des manifestations charrient<br />
une charge à la fois symbolique<br />
et historique. Là où, à notre avis, il y a<br />
un problème logistique, c’est cet entêtement<br />
des organisateurs soit d’aboutir<br />
devant le palais national, soit, à défaut<br />
de cette satisfaction de terminer la manif<br />
au Champ-de-Mars. Même, une ou deux<br />
fois, il était question de faire le tour du<br />
palais national un certain nombre de<br />
fois ; cette dernière initiative nous paraît<br />
inutile, puérile, si ce n’est infantile et<br />
sans aucun impact réel sur l’objet même<br />
des mobilisations.<br />
Il nous a semblé que les organisateurs<br />
et leaders de ces manifs devraient<br />
prêter l’oreille à ce proverbe haïtien tellement<br />
illustratif de la réalité actuelle,<br />
à savoir pa kite mò a pou n ale kriye<br />
nan pye sèkèy. En l’occurrence, le palais<br />
national, symbole du pouvoir de Martelly<br />
est «le pied du cercueil». Et qui est le<br />
cadavre, qui est mò a ? Il est celui dont<br />
il faut bien en tenir compte, d’autant que<br />
le peuple haïtien, les progressistes, les<br />
démocrates, les vrais patriotes haïtiens<br />
l’ont déjà bien identifié. Paradoxalement,<br />
c’est un mò bien vivant, puisque c’est lui<br />
qui manigance les magouilles déstabilisatrices,<br />
source de nos malheurs. Il se<br />
terre dans l’ambassade cinquante-étoilée.<br />
Bien avant Pamela White, depuis<br />
1915 en fait, ce nid de scorpions qu’est<br />
l’ambassade états-unienne est la source<br />
des déstabilisations de la scène politique<br />
haïtienne qu’elle manipule dans le sens<br />
des intérêts du Grand Malfini.<br />
Au cours de ces dernières années,<br />
et particulièrement depuis les années<br />
2003-2004, la bête étoilée s’est laissé<br />
pousser deux ailes de malfaisance : la<br />
France et le Canada. C’est justement cette<br />
trinité scélérate qui a concouru en 2004<br />
à mettre un terme brutal au mandat d’un<br />
président légitimement élu, indépendamment<br />
de ce qu’on a pu reprocher à ce<br />
président. C’est elle qui a parachuté un<br />
certain Gérard Latortue, alias Gwo Jera,<br />
au poste de Premier ministre. C’est elle<br />
qui, en la personne des époux Clinton,<br />
a organisé «chanpwellement» le premier<br />
tour (novembre 2010) et le deuxième<br />
tour (mars 2011) des élections présidentielles<br />
qui ont catapulté Martelly sur la<br />
«chaise bourrée».<br />
Mò sa a, c’est «un mort» tricéphale<br />
dont la plus grosse et la plus hideuse tête<br />
est celle des Etats-Unis. C’est dire qu’il<br />
n’y a pas lieu pour les manifestants d’aller<br />
kriye devant le palais national, nan<br />
pye sèkèy la. Le mot d’ordre doit être<br />
plus que jamais : devant les ambassades<br />
amies ! Devant l’ambassade américaine,<br />
nan tèt mò a ! Devant l’ambassade de<br />
France ! Devant l’ambassade du Canada,<br />
nan de pye mò a ! Il faut montrer le<br />
«mort», dénoncer sa puante complicité.<br />
Les yeux du monde entier seront tournés<br />
vers ces ambassades chanpwèl, pour<br />
bien montrer que c’est dans leur ventre<br />
fécond que remuent tous les plans macabres<br />
destinés à garder Martelly au<br />
pouvoir, à bénir ses pulsions morbides<br />
à gouverner par décrets dans le sens de<br />
leurs intérêts.<br />
Le grand avantage de cette «stratégie<br />
du cercueil», c’est de faire pression sur<br />
ces ambassades. Il faut les «coincer dans<br />
la diagonale» d’une dénonciation permanente,<br />
montrer ce qu’elles représentent :<br />
des lieux de complots contre la sûreté et<br />
le bien-être de la nation, des repaires de<br />
fieffés hypocrites qui prêchent la démocratie,<br />
le développement, la paix, l’ordre,<br />
mais qui en fait font tout le contraire. Les<br />
pancartes doivent exprimer clairement<br />
que la population est consciente que c’est<br />
l’ambassade états-unienne qui protège,<br />
guide, conseille Martelly, de connivence<br />
avec ses deux ailes de malheur, de connivence<br />
avec la MINUSTAH, bref, avec les<br />
forces des ténèbres.<br />
L’idée de cette stratégie «cercueillante»<br />
c’est de faire en sorte que la dynamique<br />
de mobilisation soit constamment<br />
dirigée vers le «mort» tricéphale, vers<br />
les protecteurs de Martelly : l’ambassade<br />
états-unienne principalement, les<br />
ambassades française et canadienne, de<br />
façon accessoire ; les forcer à demander<br />
à leur marionnette de faire disperser la<br />
foule. Ainsi la presse en sera témoin et<br />
devra les dénoncer sans prendre souffle.<br />
Les organisateurs de manifestations ont<br />
le devoir de créer ce climat constant<br />
d’effervescence sociale et politique, pareil<br />
à celui qui a abouti au 7 février 1986,<br />
jusqu’au départ de Martelly.<br />
Dans cette perspective, la presse<br />
devra jouer un rôle important. Elle ne<br />
doit plus se cantonner dans son attitude<br />
frileuse d’«objectivité», de pseudoneutralité,<br />
d’«impartialité», de «tenir la<br />
balance égale», parce que Martelly est<br />
une menace à l’existence même de la<br />
DENNIS MULLIGAN,<br />
Attorney-at-Law<br />
All aspects of Immigration Law<br />
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Mme Narcisse à la manifestation du 29 Novembre 2013 : coordonnatrice<br />
du directoire de Fanmi Lavalas ou porte-voix d’une voix en coulisse ? Et<br />
que défend-elle vraiment ?<br />
nation, un danger ambulant qu’il faut<br />
dénoncer sans désemparer, san pran<br />
souf ; parce que le mec est un fieffé<br />
jouisseur sans état d’âme, prêt à vendre<br />
le pays. N’avait-il pas, une fois, dans un<br />
langage sibyllin, souhaité voir Haïti et la<br />
République dominicaine devenir un seul<br />
pays ?<br />
Dans cette perspective, il est important<br />
que les «modérés» parmi les manifestants<br />
réclamant le départ de Martelly<br />
ne soient pas intimidés, ne soient pas<br />
politiquement terrorisés à l’idée d’aller<br />
devant ou le plus près possible des ambassades<br />
«amies». Certains des modérés<br />
seraient peut-être tentés de voir la stratégie<br />
prônée ici comme «radicale», «de<br />
gauche». Ils ne doivent pas «succomber<br />
à la tentation», à cette tentation, mais<br />
bien aider le peuple souffrant à se «délivrer<br />
du mal» (mickiste). Ainsi soit-il. Il<br />
faut mettre le maximum de pression sur<br />
les ambassades, sur l’ambassadrice du<br />
Grand Malfini, et non pas sur Martelly.<br />
Car Martelly n’est rien, Pamela White<br />
est tout. Martelly n’est rien, sauf un petit<br />
vaurien ambitieux, sans scrupule, sans<br />
décorum, sans aucun sentiment d’appartenance<br />
à la nation dessalinienne. Il doit<br />
donc partir.<br />
Nous souhaitons fortement que<br />
les «baz lavalas» choisissent leur camp :<br />
celui d’un peuple écrasé par un régime<br />
aux ordres des impérialistes, ou celui d’un<br />
pseudo-directoire lavalas pusillanime,<br />
timoré, ambivalent, changeant, laloz,<br />
Menez Jean-Jerome<br />
Attorney at Law<br />
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Nou pale kreyòl!<br />
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indécis. Les «baz lavalas» doivent<br />
enfin réaliser que le courage politique<br />
n’est pas dans une commémoration<br />
magouilleusement intéressée (trop<br />
tardive) du massacre à la ruelle Vaillant<br />
où il n’y avait aucun risque, mais bien<br />
dans une détermination d’approcher la<br />
bête devant sa tanière et de la forcer à<br />
montrer son hideux visage.<br />
D’ailleurs, pourquoi, au moment<br />
de la confusion qui a régné au sein de<br />
Lavalas autour de la marche du 29<br />
novembre 2013, le directoire de Fanmi<br />
Lavalas, armé de sagesse politique,<br />
n’avait-il pas, «anfanmiment», choisi<br />
de se recueillir d’abord autour de la<br />
mémoire des victimes de la ruelle Vaillant<br />
et ensuite aller manifester devant<br />
l’ambassade U.S ? Le directoire avait-il<br />
calbindé ? Avait-t-il eu quelque complicité,<br />
tacite ou explicite, avec l’ambassade<br />
états-unienne ? La rumeur à l’époque<br />
n’avait-elle pas rapporté qu’un haut<br />
placé de cette ambassade, la veille, était<br />
allé rencontrer le seul et vrai dirigeant de<br />
Fanmi Lavalas ? Maryse Narcisse est-elle<br />
la coordonnatrice du directoire de Fanmi<br />
Lavalas ou le porte-voix d’une voix en<br />
coulisse ?<br />
Alors, manifestants de tous les<br />
coins du pays, unissez-vous ! Tous<br />
devant les ambassades des pays<br />
«amis» ! Tous devant ou le plus<br />
près possible de l’ambassade américaine<br />
! Fòk sa kaba ! Il faut que ça soit<br />
kaba. Amen.<br />
PAUL J. JOURDAN<br />
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Vol. 8 • No. 29 • du <strong>28</strong> janvier au 3 février <strong>2015</strong><br />
<strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times<br />
5
Kwonik Kreyòl<br />
Aksyon patriyotik:<br />
yon mouvman politiko kiltirèl<br />
Twazyèm pati<br />
Feblès mouvman an<br />
Konbinezon mouvman kiltirèl<br />
ak mouvman politik Mouvement Haïtien<br />
d’Action Patriotique (MHAP) la,<br />
ki te ka konte sou motivasyon manm<br />
li yo ki te trè aktif, te youn nan rezon<br />
ki fè li rive mobilize anpil ayisyen aletranje<br />
nan yon ti bout tan. Sepandan<br />
mouvman sila a te vin pèdi frechè li jou<br />
an jou. Hing hang ant diferan gwoup<br />
pwovoke yon bann joure ak yon pakèt<br />
divizyon. Men, si aksyon patriyotik la<br />
te fè bèk atè se sitou paske mouvman<br />
sa a te limite depi anpatan. Apa kòd<br />
lonbrit li pa t mare ak Ayiti, li te gen<br />
yon enfliyans tiboujwa ki te fò sou li.<br />
Li enpòtan pou nou ajoute lefèt gouvènman<br />
Divalye a te enfiltre mouvman<br />
patriyotik la atravè konsila li gen aletranje,<br />
ki te achte sèvis senkyèm kolonn<br />
pou espyone militan, menase yo<br />
epi destabilize mouvman an.<br />
1. Reyaksyon emosyonèl<br />
popilasyon imigre ayisyen yo<br />
Baz sosysal aksyon patriyotik la se te<br />
popilasyon ayisyen ki te emigre. Pi fò<br />
lan moun sa yo te soti nan tiboujwazi a<br />
e yo te rete ak mantalite yo. Reyaksyon<br />
yo te bay devan nouvo sitiyasyon politik<br />
ki te parèt an 1971la, lavèy, pandan<br />
e apre lanmò Franswa Divalye, pa<br />
t rezilta yon konsyans politik ki te fin<br />
mi. Kòm nou te di deja se emosyon ki<br />
t ap pouse yo. Pou yo se sèl Divalye<br />
ki te reskonsab tout malè peyi a. Yo pa<br />
t janm voye je yo sou chapant ekonomik<br />
ak sosyal rejim nan. Se sa k fè yo<br />
te tonbe kritike tout krim ak malvèsasyon<br />
gouvènman reyaksyonè a san yo<br />
pa makònen ansanm egzaksyon sa yo<br />
ak politik ekonomik ak sosyal rejim<br />
pouri a. Akoz konsyans politik yo ki<br />
te wòwòt e poutèt mantalite tiboujwa<br />
a te toujou kaye nan sèvo yo, foul ayisyen<br />
aletranje yo te reyaji sitou anfas<br />
mezi fachis makout yo ak evennman<br />
ki te pwovoke lakay yo endiyasyon ak<br />
revòlt tankou : desizyon Papadòk pou li<br />
kreye yon pouvwa ereditè, prestasyon<br />
sèman Janklod, fòmasyon kò Leyopa 1 ,<br />
konmès san ak kadav 2 . Yo te mete yo<br />
anbranl chak fwa gwoup patriyotik yo<br />
te lanse yon apèl: swa pou manifestasyon<br />
kiltirèl, swa pou miting politik.<br />
Sepandan, malgre kominote ayisyen<br />
yo t ap sipòte mouvman patriyotik<br />
la selon konsyans yo, yo pa t janm<br />
gen opòtinite pou patisipe yon fason pi<br />
aktif nan devlopman li. Yo te toujou lan<br />
yon sitiyasyon kote sèl wòl ki te rete<br />
pou yo jwe se wòl piblik, asavwa : lektè,<br />
oditè osnon espektatè. Yon piblik ki<br />
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te rete la sou pinga l, ape tann ak yon<br />
antouzyas k ap bese firamezi ilizyon<br />
l ap tounen lafimen. Fòk nou di tou,<br />
moun yo te kwè di kou fè mouvman sa<br />
a ta pral jete Divalye. Se lè yo te koumanse<br />
rann yo kont jou an jou rejim<br />
nan gèlè t ap reprann ekilib li san yo pa<br />
pran sant ankenn delivrans, yo te vin<br />
pentad epi rale dèyè yo grenn pa grenn.<br />
Se konsa mouvman patriyotik la te tonbe<br />
nan fè lakilbit. Se chak fwa gen yon<br />
evennman ki pase, tankou debakman<br />
refijye nan Miyami, kidnaping anbasadè<br />
meriken Klintonn Nòks 3 oubyen<br />
arestasyon an mas sitwayen an Ayiti,<br />
si se pa lè sanginè yo touye kèk patriyòt,<br />
enpe moun te rasanble nan manifestasyon<br />
osnon lan reyinyon ki te deja<br />
kou grenn pwa anfouraye lan diri. Apa<br />
sa kominote a te chita sou blòk glas li<br />
ap gade. Malgre anpil batay patriyòt yo<br />
te mennen kont lide ansyen yo, lespwa<br />
yon jou kon sa yon koudeta te ka fèt<br />
osnon Depatman Deta te ka rebrase kat<br />
la e mete yon lidè pwovidansyèl nan<br />
palè nasyonal la, te toujou limen kou<br />
lanp bòbèch nan kwen sèvèl yo. Se sa<br />
ki esplike chak fwa yon nonm tankou<br />
Kola 4 , Fòd 5 osnon Maglwa 6 te pile beton<br />
Nouyòk la fò, yo te toujou jwenn<br />
yon etamajò ki tou pare ak twoup rezèv<br />
k ap tann siyal raliman. Menm lè anpil<br />
moun te koumanse wè klè nan jwèt fo<br />
pwofèt sa yo, yo te kanmenm anmezi<br />
pou rasanble omwen 800 moun lan<br />
reyinyon yo, alòske se lan redi patriyòt<br />
konsekan yo t ap rale 200 moun<br />
dèyè yo.<br />
2. Konpòtman tiboujwa ak sektè<br />
« lidè » yo<br />
Si anbyans eksitasyon premye jou<br />
aksyon patriyotik la te yon bèl opòtinite<br />
pou rasanble kominote ayisyen<br />
yo, « lidè » yo te pral montre enkapasite<br />
yo pou pwofite sa. Sètadi prezante<br />
yon pwogram travay byen balanse ki<br />
ta pèmèt yo itilize posibilite patriyòt<br />
ki pa t òganize yo, an konsiderasyon<br />
ak nivo politik yo ak kondisyon y ap<br />
viv aletranje. Pi wo a nou te montre<br />
karaktè tiboujwa popilasyon imigre<br />
ayisyen yo, si nou fouye pi plis n ap<br />
konstate avangad mouvman patriyotik<br />
la te fè pati fraksyon entelektyèl<br />
tiboujwazi sa a. Kòm se sitou pòsyon<br />
entelektyèl sa a ki te gen inisyativ<br />
aktivite kiltirèl ak politik yo, se nòmal<br />
pou ou te vin jwenn li nan tèt mouvman<br />
an. Lè nou voye je sou Nouyòk<br />
nou pran egzanp Komite Mobilizasyon,<br />
ki sa nou wè ? Li te gen ladan<br />
manm l’Heure Haïtienne (etidyan,<br />
avoka, pwofesè), Twoup Kwidò<br />
(etidyan, powèt, ekriven), Sèk Kiltirèl<br />
Mapou (menm bagay) … Tousuit apre<br />
fòmasyon komite mobilizasyon an gen<br />
FEHEU (Fédération des Etudiants<br />
<strong>Haiti</strong>ens aux Etats-Unis) ki te suiv li<br />
pye pou pye. Estati gwoup sa a kole l<br />
danble nan menm fraksyon entelektyèl<br />
la. E divès gwoup aksyon patriyotik ki<br />
pral parèt pi ta yo pral pote menm mak<br />
fabrik la piske lan fonnman yo n ap<br />
jwenn epapiye : ansyen manm Komite<br />
Mobilizasyon, ansyen manm federasyon<br />
etidyan an, kèk grenn lòt entelektyèl<br />
ak yon valè inivèsitè ki te soti tou<br />
fre an Ewòp.<br />
Mak fabrik sa a pral negatif pou<br />
mouvman an. Sektaris, zizànri, anbisyon<br />
pèsonèl te pral jwe yon gran wòl<br />
nan relasyon gwoup yo. Plizyè ladan<br />
yo t ap pale sou inite men yo chak te<br />
vle pou inite sa a te fèt anba labanyè<br />
pa yo. Yo t ap fè mannèv pou kontwole<br />
yon mouvman ki pa t menm ko chita.<br />
Divèjans politik yo pa t debat apati yon<br />
liy politik klè men pito sivan ògèy ak<br />
prestij chak gwoupman. Relasyon ant<br />
gwoup òganize yo ak foul ki pa politize<br />
yo menm se te yon relasyon vant ak<br />
do.<br />
Nan premye moman aksyon<br />
patriyotik yo, gwoup yo te sitou vizaje<br />
fòmasyon ideyolojik ak politik manm<br />
yo, malgre kèk ti kontak detanzantan<br />
ak piblik la osnon distribisyon trak lè<br />
okazyon an mande sa. Pou jwenn solisyon<br />
pwoblèm Ayiti fòk militan yo te<br />
kapab sènen reyalite peyi a. Se pou<br />
sa gwoup patriyotik yo te lage kò yo<br />
nan etid teyorik. Kòm mouvman an te<br />
baze sou lit anti diktatoryal, anti enperyalis<br />
li te endispansab pou yo te fè<br />
otopsi diktati a epi etabli koneksyon l<br />
ak enperyalis la. Men priyorite yo te<br />
bay fòmasyon pèsonèl manm gwoup<br />
d aksyon patriyotik yo (G.A.P.) ak tan<br />
gwoup yo te pase ap lanbinen pou met<br />
mouvman an sou pye te lakoz yon gwo<br />
eka te gen tan egziste ant G.A.P. yo ak<br />
patriyòt ki te enterese nan mouvman<br />
an. Ositou, amezi Aksyon Patriyotik<br />
la t ap devlope se revè sa militan yo<br />
te deside fè a ki vin pase. Gwoup yo<br />
te vin konsantre tout aktivite yo nan<br />
vann jounal, òganize fèt kiltirèl, fè miting<br />
politik, distribye trak epi yo neglije<br />
fòmasyon teyorik militan yo nètalkole<br />
san pou otan sa pa t pwovoke yon<br />
rapwochman ant foul yo ak gwoup yo.<br />
Se peryòd sa a kouran 18 me a t<br />
ap simen lepouvant andidan Mouvman<br />
Aksyon Patriyotik la kit lan Etazini, kit<br />
an Ewòp osnon Kanada. Lan kouran sa<br />
a ou te jwenn MHAP ak UFHAP (Union<br />
des Femmes <strong>Haiti</strong>ennes Patriotes) ki<br />
te lan Nouyòk, Komite Patriyotik Vètyè<br />
lan Boston, Òganizasyon Revolisyonè<br />
18 me a Pari ak Komite Patriyotik 18<br />
me Monreyal. Yo te menm siyen yon<br />
kominike ankomen pou yo di ki jan yo<br />
tache ansanm kou 5 dwèt lan yon pla<br />
men.<br />
Lè En Avant te parèt sou sèn politik<br />
la an 1972, li te fè yon kritik sevè<br />
sou konpòtman gochis kouran 18 me a<br />
ak erè mouvman patriyotik la te komèt.<br />
Konsa tou li te pwopoze you nouvo<br />
oryantasyon pou aksyon patriyotik la.<br />
Se sèl gwoup ki te poze tout bon avèk<br />
fòs nesesite pou mouvman deyò a konekte<br />
ak mouvman anndan peyi a. Li<br />
te afime san detou objektif gwoup la se<br />
te devlopman mouvman patriyotik la.<br />
Kijan ? Mobilize mas ayisyen lan imigrasyon<br />
an apati pwoblèm konkrè yo<br />
t ap konfwonte. Yo te di tou bi yo se<br />
fòme patriyòt ki pi avanse yo, e dirije<br />
militan yo sou Ayiti pou ranfòse fwon<br />
enteryè a. Kouman ? Ak fòmasyon<br />
ideyolojik e politik solid epi makonnen<br />
kou krab ak mas popilè anndan peyi a<br />
pou bati pati revolisyonè travayè ayisyen<br />
an. Sepandan, sa pa t anpeche l<br />
repete menm erè gwoup li t ap kritike<br />
yo te fè anvan li. En Avant vin anfouraye<br />
lan menm pratik opòtinis kouran<br />
18 me a.<br />
Angiz konklizyon<br />
Nou sot wè ki jan ayisyen<br />
Suite à la page (18)<br />
Premye son klòch represyon<br />
<strong>2015</strong> lan sonnen<br />
Samdi maten 24 janvye <strong>2015</strong> lan, se<br />
avèk anpil chòk, anpil endiyasyon,<br />
Inisyativ MPDP aprann arestasyon<br />
ilegal, abritè, san manda Agwonòm<br />
Gérald Mathurin, manm KROS, youn<br />
nan òganizasyon manm Inisyativ<br />
MPDP. Inisyativ la denonse jan yo arete<br />
yon sitwayen sou baz akizasyon fantezis<br />
yon moun, anvan tout ankèt.<br />
Jij Elie Armand prezante l lakay<br />
agwonòm Gérald Mathurin ak sòlda<br />
MINUSTAH, fonksyonè Seksyon Dwa<br />
Moun fòs okipasyon an epi lapolis<br />
Jakmèl. Inisyativ MPDP pa konprann<br />
kouman sòlda MINUSTAH ka gen konpetans<br />
pou fè operasyon polis. Pa gen<br />
okenn sitwayen ki konn dwa yo ki ta<br />
ka aksepte fè temwayaj devan yon jij<br />
ki ankadre ak fòs MINUSTAH ki ilegal<br />
nan peyi a.<br />
Jij toudenkou Elie Armand fèk<br />
rive nan pozisyon sa a ak rekòmandasyon<br />
Joseph Lambert. Non Jij sa a pa<br />
parèt sou okenn lis ofisyèl CSPJ. Jij la<br />
ta sipoze ap fonksyone nan jiridiksyon<br />
Lamontay, li pa gen ankenn krent pou<br />
debake Jakmèl al arete Agwonòm lan<br />
dèyè do lalwa, nan yon lòt jiridiksyon.<br />
Eske jij Elie Armand gen yon jiridiksyon<br />
san limit ? Eske Jij Elie Armand<br />
vle di popilasyon an, li gen tout garanti<br />
paske se Joseph Lambert, youn nan<br />
poto mitan pouvwa defakto Martelly/<br />
Paul la ki nonmen l ? Eske jij la vle di<br />
pouvwa l san limit?<br />
Dapre tout enfòmasyon Sekretarya<br />
Inisyativ MPDP resevwa li klè se<br />
yon montaj politik ki fèt pou jete nan<br />
prizon yon sitwayen onèt e respektab<br />
ki pase yon gwo pati nan lavi l ap defann<br />
kòz peyizànri an, espesyalman<br />
kòz peyizan pòv nan Sidès yo. Akizasyon<br />
yo mete sou do agwonòm Gérald<br />
Mathurin an san fondman. Yo raple<br />
nou latriye move kou ak mannigèt ansyen<br />
senatè Joseph Lambert abitye bay<br />
pou vòlè pouvwa nan depatman Sidès<br />
la.<br />
Sa fè kèk tan, tout popilasyon<br />
an konnen Joseph Lambert te toujou<br />
vle mete tout kalite akizasyon sou do<br />
Agwonòm Gérald Mathurin. Se toujou<br />
mobilizasyon popilasyon an ki chak<br />
fwa fè li fè bak sou plan malouk li yo.<br />
Jodi a, èske Joseph Lambert santi ak<br />
nouvo gouvènman defakto a, pouvwa l<br />
ogmante ki fè li relouvri paj pèsekisyon<br />
politik li yo kont Agwonòm Gérald<br />
Mathurin? Eske gouvènman K-Plim<br />
nan ofri Lambert tout kouvèti ak garanti<br />
pou koupe rache jan li vle nan peyi a,<br />
arete moun, fè pèsekisyon politik sou<br />
moun li vle?<br />
Inisyativ MPDP di Joseph Lambert<br />
ak tout akolit li yo se byen konte<br />
Ayiti: Yon nouvo konplo kont<br />
mas popilè yo ak nasyon an<br />
Kominike plizyè<br />
oganizasyon politik<br />
Sa anpil patriyòt te prevwa epi t<br />
ap denonse depi lontan reyalize jounen<br />
jodi a. Pouvwa Martelly a ak alye li yo<br />
t ap kreye kondisyon pou chanm depite<br />
a ale, rann sena a disfonksyonèl pou l<br />
te ka dirije peyi a ak kout dekrè. Koudeta<br />
planifye sa a kont enstitisyon demokratik<br />
yo nan peyi a pèmèt patriyòt<br />
ayisyen yo dekouvri epi konprann pi<br />
byen mak fabrik gouvènman Martelly/<br />
Lamothe la pandan plis pase 3 lane<br />
pratik politik li yo. Sa ki te parèt pou<br />
sèten sektè kòm senp devyasyon ak<br />
tandans otoritè, montre vrè figi l jounen<br />
jodi a, tankou pwovokasyon jounalis<br />
ak manm pati politik, kanaval anpèmanans,<br />
alevini san rete aletranje, menas<br />
ak arestasyon ilegal opozan, negosyasyon<br />
bidon soti « El Rancho » rive «<br />
Kinam ». Tousa se te divès pyès teyàt<br />
pou te detounen atansyon tout moun<br />
Agwonòm Gérald Mathurin<br />
mal kalkile, popilasyon ayisyèn nan<br />
pap kite kou sa yo pase ankò. Kouraj,<br />
detèminasyon, presyon ak mobilizasyon<br />
KROS, òganizasyon Defans Dwa<br />
Moun yo, laprès ak tout òganizayon<br />
patriyotik yo te rive fè yo libere Agwonòm<br />
Gérald Mathurin menm jou a<br />
nan aswè. Men lapolis Jakmèl mande l<br />
pou l ale nan yon swadizan entèwogatwa<br />
lendi maten, alòske yo pa genyen<br />
okenn dosye sou li, ni pa gen plent ki<br />
pote kont li!<br />
Arestasyon ilegal sa a se yon<br />
gwo siyal ki montre fòs fè nwa yo pare<br />
pou fè tout kalite manti, manipilasyon,<br />
montaj epi prepare tout kalite move<br />
kou pou eseye bloke fòs demokratik ak<br />
popilè yo pou anpeche peyi a reyalize<br />
eleksyon lib, onèt, transparan ak patisipativ<br />
nan lane <strong>2015</strong> lan.<br />
Inisyativ MPDP lanse yon apèl<br />
vijilans toupatou nan peyi a ! Veye<br />
anwò veye anba ! Defakto yo ap prepare<br />
tout vye konplo makab pou demobilize<br />
popilasyon an, kite l kwoupi nan<br />
lamizè, fè l panike. Fòk tout òganizasyon<br />
patriyotik, demokratik ak popilè<br />
yo pare yo pou yo kanpe anfas konplo<br />
sa yo.<br />
Inisyativ MPDP a rete kwè se<br />
nan goumen fòs patriyotik, demokratik<br />
ak popilè yo ap devlope plis kapasite<br />
pou kontinye defann dwa ak enterè<br />
popilasyon an. Inisyativ la rete kwè lajistis<br />
ap fini pa pote laviktwa. Men pou<br />
sa fòk fòs òganize pwogresis ak popilè<br />
yo pa lache, fòk nou rete mobilize, ranfòse<br />
òganizasyon nou yo, pou nou pare<br />
pou kwape tout move je, tout pouvwa<br />
abitrè, tout pisans etranje ki vle enpoze<br />
peyi a dikta yo.<br />
100 tan okipasyon sou divès fòm<br />
se twòp atò! Viktwa, se pou pèp k ap<br />
goumen!<br />
Pou otantifikasyon : Ernst<br />
MATHURIN /GRML ; Eveline LAR-<br />
RIEUX / SOFA ; Ollery SAINT LOUIS<br />
/ Ayiti Djanm ; Guy NUMA / MODEP ;<br />
Pierre André GEFFRARD / KRPBB<br />
Pòtoprens, 25 janvye <strong>2015</strong><br />
sou nesesite òganizasyon eleksyon pou<br />
renouvle tyè sena a ak chanm depite a.<br />
Anreyalite, pouvwa Martelly/Lamothe<br />
la te vle plonje peyi a nan yon<br />
kriz grav pou te anpeche enstitisyon<br />
demokratik yo renouvle nòmalman.<br />
Koudeta kont enstitisyon demokratik<br />
yo pa rive akouche jan yo te pwograme<br />
l la akòz rezistans sèten sektè<br />
popilè ak demokratik nan divès fòm<br />
manifestasyon. Mobilizasyon nan lari<br />
a pote ale Premye minis Lamothe, li<br />
fòse KEP koupyon an demisyone epi<br />
li fè Prezidan japwouv Kou Kasasyon<br />
an rale kò l. Men sa pa rive anpeche<br />
vid enstitisyonèl 12 janvye a, malgre<br />
akò 23 desanm, akò chanpwèl<br />
11 janvye, nominasyon yon premye<br />
minis defakto ak yon kabinè ministeryèl<br />
defakto. Enstans dekorasyon<br />
defakto sa yo pa anpeche Prezidans<br />
lan rete jodi a sèl enstans ki gen pouvwa<br />
deside. Gouvènman defakto a pral<br />
Suite à la page (15)<br />
6 <strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times<br />
Vol. 8 • No. 29 • du <strong>28</strong> janvier au 3 février <strong>2015</strong>
Perspectives<br />
Haïti gouvernance : Les jérémiades d’Himmler Rébu<br />
Par J. Fatal Piard<br />
Avec l’excision de la première corne<br />
de malheur du nom de Loran Gagòt,<br />
qui en deux ans de gouvernance a<br />
décroché un doctorat en corruption, le<br />
peuple haïtien se retrouve à un premier<br />
bout du tunnel du désespoir dressé sur<br />
son chemin par l’administration Martelly<br />
/Lamothe. Contre toute attente,<br />
personne ne sait à quel prix Loran Gagòt<br />
a reçu le prix de leader latino-américain<br />
le plus innovant. Chalmas !!!!!!<br />
Sans prétendre pour autant contester<br />
ce prix ordinaire, le peuple haïtien<br />
vient de décerner à Loran Gagòt le<br />
prix spécial de leader mondial le plus<br />
innovant en corruption et en vol. Les<br />
révélations d’Himmler Rébu, quoique<br />
tardives, viennent étayer la thèse selon<br />
laquelle aux dernières compétitions<br />
mondiales de la corruption à grande<br />
échelle l’équipe de Loran Gagòt est<br />
sortie championne.<br />
Certains d’entre eux se sont enrichis<br />
et sont retournés d’où ils étaient<br />
venus, soit des Etats-Unis ou du Canada.<br />
Cependant, ce Rébu est est le seul<br />
compatriote qui ignore magistralement<br />
ce proverbe Ayisyen qui stipule : « Depi<br />
w al nan resepsyon kay makomè koukou<br />
se tou nòmal pou w manje okabine<br />
chwal vant deboutonnen ». Cependant<br />
sa tentative maladroite de se disculper<br />
justifie pleinement cette mise au point<br />
que nous estimons salutaire.<br />
Campons Rébu<br />
Campons brièvement cet individu qui<br />
se nomme Himmler Rébu gendarme<br />
sous le régime féroce des Duvalier. Entendez<br />
par gendarme, un psychopathe<br />
sans foi ni loi, qui rien qu’avec son<br />
révolver s’octroie le droit de vie ou de<br />
mort sur quiconque aurait l’intention<br />
de revendiquer une vie digne pour les<br />
opprimés. Rébu commandait le Corps<br />
des Léopards, une horde de sauvages<br />
entrainés par les vétérans de la Guerre<br />
du Vietnam qui leur ont appris les<br />
dernières techniques de torture.<br />
Cela va sans dire que Rébu, même par<br />
personne interposée est l’auteur de<br />
milliers d’exactions. Pas une fois, il n’a<br />
senti aucun sentiment de culpabilité<br />
d’avoir fait partie de cette armée qui a<br />
broyé des milliers d’âmes, juste pour<br />
permettre à la dictature des Duvalier de<br />
se perpétuer au pouvoir. Sans avoir eu<br />
la décence de présenter ses excuses à<br />
la population et plus particulièrement<br />
aux familles des victimes, Rébu siège<br />
parmi les défenseurs des droits humains.<br />
Si Lik Dezi te la ap mande pou<br />
l gen plas pa l tou fòk ou bijo ba li l.<br />
Bien au contraire même au moment<br />
de ses ébats vespéraux, Rébu<br />
s’accoutre encore fièrement de ses<br />
épaulettes de colonel. Pourtant, ces<br />
épaulettes sont maculées de sang des<br />
opposants au régime sanguinaire des<br />
Duvalier qu’il a ingurgité à grandes<br />
lampées. Paske sou Divalye, depi de<br />
pat men w pa tranpe nan san kamoken<br />
rive jis nan zèpòl, grad ou pa fouti<br />
depase kaporal nan lame d Ayiti.<br />
Si Hitler avait pu se payer les<br />
services de Rébu dans le cadre de son<br />
entreprise d’extermination des juifs, il<br />
aurait pu s’assurer qu’il n’en resterait<br />
aucun aujourd’hui. Dans la galerie des<br />
faiseurs de coups d’Etat en Haïti, Rébu<br />
reste et demeure le seul et l’unique<br />
gendarme à ne pas trouver de place.<br />
Car, il a raté le sien qu’il a tenté contre<br />
son frère d’arme Prosper Avril. Permettez<br />
nous une toute petite digression<br />
pour rappeler que ce même Posper<br />
Avril s’était complu à torturer en personne<br />
trois militants « politiques » Jean<br />
Auguste Mèsyeux, Marino Etienne et<br />
K Plim.<br />
Pour montrer au monde entier<br />
qu’il n’est pas disposé à plaisanter<br />
avec les opposants, Avril, en bon héritier<br />
des Duvalier s’était rendu à la Télévision<br />
Nationale et avait ordonné que<br />
ses martyrs fussent exhibés à l’écran.<br />
Avril te bezwen fè tout moun pè. 26<br />
longues années après, cette séance de<br />
torture a servi à légitimer K Plim pour<br />
son poste de Premier Ministre. Gad jis<br />
ki lè K Plim vin benefisye kèk kout<br />
baton vendik kriminèl yo rele Avril la<br />
te ba l.<br />
Kesyon pou n ta poze jounen jodi<br />
a èske se pat plan yo ? Avril ta matirize<br />
yon moun pou l pa ta mouri tèt nwè?<br />
Rete tande !!! Revenons à ce Rébu, qui<br />
est notre sujet principal. Non satisfait<br />
de son grade de colonel, Rébu au fait<br />
de sa mégalomanie hypertrophiée<br />
comme tout ses collègues jandam était<br />
hanté par ce brûlant désir de se hisser à<br />
la magistrature suprême par n’importe<br />
quel moyen.<br />
Pour y parvenir, dans la nuit du<br />
31 mars au 1 er avril 1989 cet obsédé<br />
Himmler Rébu<br />
de pouvoir et de gloire a tenté un coup<br />
d’Etat contre son matchòpwèl un autre<br />
téméraire du nom de Prosper Avril, militaire<br />
tout comme lui. « Batay Rebi ak<br />
Avril se te batay kòn ak zago », aurait<br />
commenté notre collègue Wilhem<br />
Cadet. Sa vle di Rebi ak Avril se menm<br />
Salopri yo. Se menm kabrit Tomazo<br />
yo. Menm kòn menm zago.<br />
Rébu n’ayant rien réussi dans<br />
sa vie, a cru pouvoir réparer toutes<br />
ses vilénies en l’espace d’un cillement.<br />
Cependant il n’a pas pris le temps de<br />
peser les retombés d’une entreprise<br />
aussi délicate qu’un coup d’Etat auquel<br />
l’ambassade étasunienne n’avait pas<br />
jugé nécessaire de donner son aval.<br />
Kouman Rebi fè te pèmèt li met nan<br />
tèt li, l gen dwa fè yon koudeta san<br />
anbasad meriken pa ba l dwa ?<br />
Nonm Rebi sa a se sèl grenn<br />
kretyen vivan ki fèk sòti sou yon lòt<br />
planèt ki pa konnen pèsonn pa gen<br />
dwa fè yon koudeta nan okenn peyi<br />
san anbasad Etazini pa ba l dwa<br />
pou l fè sa. Ne pouvant se permettre<br />
d’abattre son compère Avril comme il<br />
le faisait d’habitude pour les Kamoken<br />
ainsi que les autres opposants au<br />
régime des Duvalier, Rébu a trimbalé<br />
dans toute la capitale haïtienne avec<br />
son prisonnier.<br />
Le coup d’Etat ayant échoué,<br />
Rébu a dû fuir en toute hâte la fureur<br />
d’Avril son compagnon d’arme qui en<br />
signe de revanche a dissous le Corps<br />
des Léopards ainsi que celui des forces<br />
tactiques des Casernes Dessalines : de<br />
kò kriminèl san fwa ni loi. La fuite irréfléchie<br />
de Rébu l’a conduit aux Etats-<br />
Unis. Les autorités de ce pays détenant<br />
le monopole des coups d’Etat, jetèrent<br />
Rébu en prison pour punir sévèrement<br />
cet affront à l’hégémonie de la république<br />
étoilée.<br />
Men, kòm jandam se bèt seren<br />
sa pa di l anyen. Rébu va se rattraper<br />
en prenant une part active au massacre<br />
de la population des bidonvilles<br />
à l’occasion du sanglant coup d’Etat<br />
du 29/30 septembre 1991 contre le<br />
Président Jean Bertrand Aristide qu’on<br />
lui a appris à haïr irrémédiablement.<br />
Moins de dix ans après, Rébu va récidiver<br />
en s’infiltrant comme conseiller<br />
du Front sous la commande de Guy<br />
Philippe.<br />
Plusieurs réunions ont été organisées<br />
à l’initiative de l’ambassade<br />
étasunienne pour planifier le massacre<br />
des militants du mouvement populaire<br />
dans le cadre des chambardements<br />
ayant conduit au coup d’Etat kidnapping<br />
du 29 février 2004. L’un de leurs<br />
agents, un certain André Apaid n’avait<br />
pas apprécié la présence inopportune<br />
de ce Rébu. Avec des mots ronflants,<br />
Rébu fut invité à vider les lieux.<br />
« Ou pa bezwen vin nan reyinyon<br />
an, ou konnen byen anbasad<br />
meriken pap dakò avè w ». N’était-ce<br />
l’intervention de K Plim, Rébu n’aurait<br />
pas eu l’opportunité de prendre<br />
une nouvelle fois une part active<br />
aux massacres des populations des<br />
quartiers que les intellectuels aliénés<br />
du Collectif Non qualifiaient de Zone de<br />
Non Droit.<br />
« Kolonèl Rebi vin wè m nan<br />
Sendomeng li di m li pap ka ban m<br />
kout men kote m ye la a. Men li ban<br />
m garanti kou m travèse fwontyè a<br />
rantre Ayiti m ap mete anpil moun ak<br />
gwo zam a dispozisyon w pou touye<br />
dènye grenn militan Lavalas nan peyi<br />
a ». a avoué Philippe. Mais, astucieux<br />
comme lui seul, Rébu a osé y apporter<br />
des démentis tout en admettant avoir<br />
rencontré Guy Philippe dans la capitale<br />
dominicaine. Se croyant intelligent, il a<br />
volontairement omis la teneur le leur<br />
entretien. Nan tèt Rebi se li ki pi entelijan<br />
, men menm yon ti kou Deta li<br />
pa ka fè.<br />
Analysons la lettre de Rébu<br />
Dans cette lettre ouverte à Lilianne<br />
Pierre Paul les lamentations déchirantes<br />
de ce Rébu ne sont qu’un<br />
indicateur du niveau de naïveté du<br />
plus grand hâbleur de toute l’histoire<br />
d’Haïti qui se prend pour un intellectuel<br />
òt pòte. Pour s’attirer les bonnes<br />
grâces de Miki, Rébu disait toujours<br />
sur les ondes des stations de radio de<br />
la capitale. « Pouvwa sa se pouvwa pa<br />
m ». il ne saurait y avoir de meilleures<br />
preuves d’adhésion à l’équipe kale<br />
tèt.<br />
Ainsi, l’on se demande à raison,<br />
comment se fait-il que Rébu puisse<br />
venir se plaindre aujourd’hui de découvrir<br />
que l’ombre de la corruption puisse<br />
hanter chacun de ses pas, même après<br />
avoir été renvoyé malhonnêtement par<br />
celui que hier encore il couvrait de flatteries<br />
répugnantes. Bèt yo rele jandam<br />
sa a !!! En principe la lettre devrait être<br />
adressée à tous les journalistes qui ont<br />
eu le courage de faire écho à ce nouvel<br />
échec de Rébu.<br />
Rébu s’en veut amèrement<br />
d’avoir entrainé sa fille de 30 ans avec<br />
lui jusqu’aux confins des abimes de la<br />
corruption. Or, sa progéniture ne s’en<br />
est sentie nullement gênée. Se Rebi wi<br />
ki jennen pou pitit fi l la ki li menm<br />
pa gen okenn pwoblèm ak sa. Enben<br />
monchè se pou w pann tèt ou. Prétextant<br />
ses droits de réserve auquel le<br />
contraint sa profession de gendarme,<br />
Rébu en bon roublard n’a pas eu le<br />
courage de mentionner les noms de<br />
ces champions de la corruption qu’il<br />
a voulu pourtant dénoncer. Poukisa<br />
nonm Rebi sa a pran moun menm ?<br />
Pou jandam parèy li ??? Enben pesonn<br />
pat bezwen voye pitit yo lekòl.<br />
Voici le coup vindicte qui assomma<br />
le Koukou le plus résistant avant de<br />
déclarer que le dossier est clos, tout en<br />
laissant son poste la tête encore plus<br />
basse que lorsqu’il y faisait son entrée<br />
à quatre pattes. « Je n’avais aucune<br />
idée de l’état de pourrissement de mon<br />
pays » Ki pawòl salami sa a Rebi ap<br />
vin ba moun kenbe la a ? Kòm si Rebi<br />
pat janm konnen kouman lame d Atiti<br />
te pouri ak dilè dwòg ak vòlè ak kriminèl.<br />
Enben monchè al mennen yon ti<br />
ankèt nan Trezò Piblik pou w konnen<br />
kiyès nan lame a ki te fin vòlè lajan<br />
pansyon ti jandam yo. Rebi pa fout<br />
pran karaktè moun sèvi bwa dan w<br />
tande. Jandam kote w te ye.<br />
Protestations de Radio Kiskeya contre des actes de corruption<br />
au Palais National à l’endroit d’un groupe de journalistes<br />
Port-au-Prince, le jeudi 22 janvier <strong>2015</strong><br />
M. Lucien JURA<br />
Porte-parole de la Présidence<br />
Monsieur le porte-parole,<br />
Par la présente, Radio Télé<br />
KISKEYA tient à protester auprès du<br />
président de la République et auprès<br />
de vous en particulier, contre<br />
l’acte ignoble de corruption dont, de<br />
concert, vous vous êtes rendus responsables<br />
le 23 décembre dernier<br />
quand, à l’issue d’une réception à<br />
laquelle vous avez convié des journalistes<br />
accrédités au Palais National,<br />
vous leur avez remis des enveloppes<br />
contenant respectivement cinquante<br />
mille gourdes (50.000.00 Gdes) et<br />
quarante mille gourdes (40.000.00<br />
Gdes).<br />
Selon les informations recueillies<br />
auprès des concernés, le président<br />
de la République, Michel Joseph<br />
Martelly, leur a personnellement offert<br />
« un petit cadeau pour la modicité<br />
duquel ils ne devraient pas se formaliser.<br />
» Il les a par la suite, référés<br />
à son porte-parole, Lucien JURA, et à<br />
Esther FATAL, responsable du Bureau<br />
de Communication de la Présidence,<br />
qui ont personnellement remis à chacun<br />
d’eux l’ignoble cachet sous les<br />
feux des caméras du Palais.<br />
L’affaire est d’autant plus<br />
scandaleuse et choquante que<br />
vous, M. JURA, journaliste de carrière,<br />
avez directement pris part à<br />
cet acte d’avilissement de la profession<br />
à laquelle vous devez d’être<br />
aujourd’hui à une aussi haute fonction.<br />
Pour la gouverne du chef de<br />
l’Etat, de la vôtre et de celle du public,<br />
sachez, Monsieur le porte-parole,<br />
que les trois journalistes de KISKEYA<br />
qui ont commis l’impair de souscrire<br />
à cette ignominie, ont été sévèrement<br />
sanctionnés après que leur acte fut<br />
analysé et condamné non seulement<br />
par la Direction Générale de la station,<br />
mais aussi par le reste du personnel.<br />
Il leur a même été conseillé<br />
de restituer au Palais National ces «<br />
malheureux deniers » qui ne leur appartiennent<br />
pas en propre, mais qui<br />
sont ceux de l’Etat et donc du public.<br />
Une telle recommandation est<br />
d’autant plus indiquée que, depuis sa<br />
fondation, en 1994, Radio Kiskeya a<br />
survécu à toute tentative de corruption<br />
sous différents régimes.<br />
Ce « cadeau empoisonné » constitue<br />
un acte flagrant de corruption<br />
perpétré au détriment du Trésor Public.<br />
Il est un exemple patent du gas-<br />
M. Lucien JURA<br />
pillage systématique et désinvolte des<br />
deniers publics par les autorités, les<br />
fonds mis à leur disposition ne devant<br />
pas servir à octroyer des largesses à<br />
des fins bassement politiciennes et de<br />
manipulation.<br />
Pour leur part, les journalistes<br />
qui en ont été les bénéficiaires ont<br />
violé une règle cardinale d’éthique et<br />
de déontologie professionnelles consistant<br />
en la préservation absolue de<br />
l’intégrité, de l’indépendance et de la<br />
crédibilité du journaliste.<br />
Liliane PIERRE-PAUL et<br />
Marvel DANDIN<br />
Remettre des « enveloppes<br />
chargées » à des journalistes disposés<br />
à la file indienne devant des caméras<br />
constitue un acte que même les<br />
pires dictatures qu’a connues le pays<br />
n’ont pas osé perpétrer. Cela reflète<br />
le niveau de dégradation générale<br />
des valeurs morales tant au niveau<br />
de l’Etat que dans l’ensemble de la<br />
société auquel le secteur de la presse<br />
n’a malheureusement pas échappé.<br />
Radio KISKEYA condamne énergiquement<br />
de telles pratiques et<br />
encourage l’ensemble de la corporation<br />
à les combattre avec la plus<br />
vigoureuse détermination. En aucune<br />
manière, les problèmes réels de traitement<br />
et de conditions de travail dans<br />
les médias, dont Radio KISKEYA est<br />
consciente, ne peuvent les justifier.<br />
Un gouvernement qui prétend vouloir<br />
instaurer l’Etat de droit devrait plutôt<br />
veiller à l’existence de conditions juridiques,<br />
administratives et fiscales<br />
favorables à l’essor de médias puissants<br />
et techniquement performants,<br />
en mesure de répondre tant aux exigences<br />
du public qu’à celles de leur<br />
personnel.<br />
L’acte déshonorant du 23<br />
décembre s’inscrivant dans le cadre<br />
ambiant de la corruption institutionnalisée,<br />
Radio KISKEYA condamne la<br />
corruption en général et appelle à une<br />
gestion rigoureuse et judicieuse des<br />
ressources publiques.<br />
Vous présentant tout de même<br />
ses salutations et espérant que vous<br />
vous ressaisirez, Radio KISKEYA réitère,<br />
Monsieur le porte-parole, son<br />
engagement en faveur d’une presse<br />
démocratique, libre, indépendante,<br />
crédible, responsable et prestigieuse !<br />
Marvel DANDIN<br />
Directeur Général<br />
Trésorier du<br />
Conseil d’Administration<br />
Liliane PIERRE-PAUL<br />
Directrice de Programmation<br />
Vice-Présidente du<br />
Conseil d’Administration<br />
Stéphane PIERRE-PAUL<br />
Directeur de l’Information<br />
Vol. 8 • No. 29 • du <strong>28</strong> janvier au 3 février <strong>2015</strong><br />
<strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times<br />
7
Perspectives<br />
Les manifestations doivent continuer !<br />
Par Isabelle L. Papillon<br />
Si d’un côté la classe dirigeante<br />
traditionnelle réactionnaire et<br />
la communauté internationale,<br />
ennemis traditionnels et conjoncturels<br />
du peuple haïtien se regroupent<br />
contre les intérêts supérieurs de<br />
la Nation. De l’autre, les masses populaires<br />
fourbissent leurs intelligences<br />
et leur courage pour faire trembler<br />
les ennemis du peuple. Comment la<br />
solution durable et fiable pourraitelle<br />
venir de l’Internationale ? A la<br />
coalition fictive composée des Duvaliériste-macoutes,<br />
des GNBistes,<br />
de l’équipe tètkale, de INITE, de la<br />
Fusion des Sociaux- Démocrates et<br />
de leurs alliés, il faut se joindre une<br />
large volonté populaire pour leur<br />
couper court ?<br />
L’Opposition qui regroupe<br />
la Plateforme Pitit Dessalines,<br />
le Mouvement Patriotique de<br />
l’Opposition démocratique (MO-<br />
POD), l’organisation politique Fanmi<br />
Lavalas et autres alliés se mobilisant<br />
régulièrement dans les rues<br />
croit qu’aucune solution n’est possible<br />
avec tous ceux qui contribuent<br />
à plonger le pays dans cette crise. «<br />
Le problème c’est Martelly et la solution<br />
n’est autre que son départ du<br />
Palais national, » C’est ainsi que les<br />
manifestants résument la situation<br />
actuelle en Haïti.<br />
Entre-temps la mobilisation<br />
se poursuit pour exiger le départ de<br />
Michel Martelly à la tête du pays.<br />
Le jeudi 22 et vendredi 23 janvier<br />
dernier 2 journées de manifestation<br />
ont eu lieu à Port-au-Prince dans le<br />
même objectif. Celle du vendredi 23<br />
voulait aller accueillir les membres<br />
du Conseil de Sécurité à l’aéroport<br />
International Toussaint Louverture,<br />
mais elle en a été empêchée par des<br />
agents de la Police national d’Haïti<br />
(PNH) au niveau de la route de Delmas<br />
33, conduisant à sa destination.<br />
Les manifestants ont été contraints<br />
de se diriger vers Delmas 31, route<br />
de l’aéroport, route de Delmas, Sans-<br />
Fil en direction du Perpétuel secours<br />
où ils ont mis fin à cette manifestation<br />
pacifique, après la tentative de<br />
la Police d’évacuer une autre fois la<br />
manifestation.<br />
La mobilisation doit prendre<br />
toutes les formes. C’est dans cette<br />
perspective que nous insistons qu’il<br />
faut qu’il y ait une certaine discipline<br />
au sein de la mobilisation.<br />
Le peuple doit rejoindre les étudiants<br />
en agronomie et des cadres<br />
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Le problème c’est Martelly et la solution n’est autre que son départ du<br />
Palais national, » C’est ainsi que les manifestants résument la situation<br />
actuelle en Haïti<br />
du ministère de l'agriculture, continuer<br />
de protester contre la nomination<br />
de Jean François Thomas,<br />
Fednel Monchéry et Pierre André<br />
Gedeon, respectivement ministre de<br />
l'Agriculture, secrétairerie d'état à la<br />
Réforme agraire et secrétaire d'état à<br />
la Relance agricole. Aujourd’hui, la<br />
mobilisation a pris une grande ampleur<br />
au ministère de l'agriculture et<br />
à la faculté d'agronomie où des barricades<br />
de pneus enflammées ont été<br />
dressées à l'entrée de ces deux institutions<br />
situées à Damien, paralysant<br />
ainsi la circulation sur la route nationale<br />
numéro un.<br />
La grève des chauffeurs et<br />
celle des professeurs doit faire partie<br />
prenante des revendications populaires.<br />
A ce stade, quid de la République<br />
? Selon le sénateur Wetsner<br />
Polycarpe, il n’y a que 10 élus, en<br />
l’occurrence 10 sénateurs de la République<br />
qui ne peuvent rien faire<br />
sans une majorité. Pour le sénateur<br />
Stevens Benoit, le pays se trouve<br />
sous l’empire des faux amendements<br />
de la Constitution de 1987,<br />
un faux budget, un gouvernement<br />
de facto et des ministres qui ne<br />
répondent pas aux prescrits de la<br />
Constitution ; quand la justice est<br />
vassalisée et décriée. L’éducation<br />
est en grève, les élèves sont dans<br />
les rues pour exiger la présence des<br />
professeurs dans les salles de classe.<br />
La corruption fait rage, alors que le<br />
peuple haïtien se trouve une fois<br />
de plus face à l’histoire après 211<br />
ans d’indépendance, comme c’était<br />
le cas de 1915 à 1934 et de 1957<br />
à 1986. Autant de raisons pour<br />
n’avoir d’autre choix que de prendre<br />
son destin en main, en maintenant<br />
le flambeau de la mobilisation<br />
jusqu’à la victoire finale.<br />
Haïti, cinq ans après : de la<br />
catastrophe humanitaire au<br />
désastre social<br />
Par Frédéric Thomas*<br />
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Le 12 janvier 2010, un séisme<br />
ravageait Haïti. L’élan médiatique et<br />
émotionnel, la mobilisation mondiale<br />
convergèrent dans la conférence internationale<br />
du 31 mars à New York annonçant<br />
10 milliards de dollars pour «<br />
reconstruire en mieux ». Occasion manquée.<br />
La faillite de la reconstruction est<br />
d’abord le fruit d'un triple échec : humanitaire,<br />
international et politique.<br />
L'échec humanitaire<br />
« Reconstruire en mieux » ? Peu a été<br />
reconstruit, souvent de manière précaire,<br />
les Haïtiens ne vivent pas mieux<br />
qu’auparavant et le pays demeure<br />
vulnérable aux aléas climatiques.<br />
Sans compter l'épidémie de choléra introduite<br />
par les casques bleus en octobre<br />
2010. De plus, les 10 milliards de<br />
dollars mêlaient en fait des promesses,<br />
des réductions ou annulations de dette,<br />
de l'argent déjà budgété et des engagements<br />
effectifs, qui, de toutes les<br />
façons, ont principalement servi à financer<br />
les interventions des donateurs<br />
eux-mêmes. Enfin, les « dysfonctionnements<br />
» habituels de l'aide internationale<br />
sont réapparus : manque de coordination,<br />
usage de l'anglais, substitution<br />
des acteurs haïtiens.<br />
Si des séismes de plus grande<br />
ampleur ont fait nettement moins de<br />
dégâts ailleurs, c'est que ce sont les<br />
conditions sociales préexistantes qui<br />
transforment un tremblement de terre<br />
en fait divers ou en catastrophe. Or,<br />
le 12 janvier 2010 avait été précédé<br />
par une catastrophe sociale : manque<br />
d’infrastructures et de mécanismes de<br />
prévention des risques, pauvreté, etc.<br />
La catastrophe naturelle faisait écran,<br />
confondant les effets et les causes,<br />
l'action compassionnelle et l'urgence du<br />
changement pour sortir Haïti du cycle<br />
de catastrophes et de dépendance. En<br />
réalité, l’humanitaire agit davantage<br />
en fonction de sa propre logique que du<br />
contexte où il intervient.<br />
L'échec de la « communauté »<br />
internationale<br />
Le récit est convenu : l’État haïtien,<br />
faible et corrompu, serait venu à bout<br />
du zèle et de la bonne volonté occidentale.<br />
Mais le président Michel Martelly,<br />
au pouvoir depuis avril 2011, jouit toujours<br />
du soutien international, même<br />
si le pays s'enfonce dans la crise, suite<br />
au report répété des élections. Ainsi,<br />
le 12 janvier <strong>2015</strong> marque à la fois<br />
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le cinquième anniversaire du séisme<br />
et le terme du mandat des députés et<br />
d’un tiers des sénateurs (un tiers a déjà<br />
achevé son mandat, sans être renouvelé),<br />
faisant planer la menace d’un<br />
tournant (plus) autoritaire du régime.<br />
La nature de l’État haïtien est le<br />
fruit de l’histoire, de rapports sociaux et<br />
de politiques néolibérales. Économiquement<br />
– son budget dépend à plus de<br />
60% de financements extérieurs – et<br />
politiquement – via notamment la<br />
présence, depuis 2004, de quelques<br />
8000 soldats et policiers des Nations<br />
unies (MINUSTAH) –, l’État est assujetti<br />
à la communauté internationale, en général,<br />
et aux États-Unis, en particulier.<br />
Cela ne l’empêche pas d'exercer un réel<br />
pouvoir de domination sur son peuple.<br />
Les Haïtiens ont certes un problème<br />
avec leur État. Mais les ONG et<br />
instances internationales ne sont pas<br />
la solution à ce problème. Au contraire<br />
même, elles y participent. D’où un<br />
double discours : en appeler au renforcement<br />
de l’État haïtien et à la lutte<br />
contre la corruption, tout en contribuant<br />
à l’affaiblissement des institutions publiques<br />
et à la consolidation d’une élite<br />
au pouvoir, qui alimente et se nourrit<br />
des inégalités, de la corruption et de la<br />
servitude de l’État.<br />
La condamnation morale et les<br />
solutions avancées par la communauté<br />
internationale viennent buter sur cette<br />
realpolitik. Le drame de Haïti est que les<br />
deux principaux acteurs institutionnels<br />
– l’État haïtien et l’ONU –, censés assurer<br />
et orienter la reconstruction, sont<br />
discrédités : le premier pour son autoritarisme<br />
et sa corruption, le second pour<br />
son refus de reconnaître sa responsabilité<br />
dans l’introduction du choléra, les<br />
deux pour leur ultralibéralisme et leur<br />
mépris du peuple.<br />
L’échec politique<br />
La reconstruction est devenue dans le<br />
même temps une machine à dépolitiser<br />
et le cache-sexe d’une politique déterminée.<br />
D’un côté, la catastrophe et la<br />
Reconstruction ont été vidées de toute<br />
interrogation gênante. La politique divise,<br />
l’humanitaire rassemble. Mais il<br />
rassemble les Haïtiens sous le statut<br />
de population victime et passive, qui<br />
doit être soignée et administrée par la<br />
communauté internationale. D’un autre<br />
côté, le choc et l’urgence ont servi de<br />
catalyseur à des politiques ultralibérales<br />
dont la zone franche de Caracol constitue<br />
le modèle, et le « Haïti is open for<br />
busisness » le slogan.<br />
La prétendue neutralité politique<br />
de la reconstruction revenait à la mettre<br />
au service de l’institution la moins<br />
neutre et la plus politique de toutes :<br />
le marché. Les Haïtiens eurent droit à<br />
tout : à l’humanitaire et au marché. Et<br />
même au marché humanitaire. Mais<br />
pas à décider par eux-mêmes, à faire<br />
valoir leurs expertises et leurs droits,<br />
fût-ce à l’encontre de l’humanitaire et<br />
du marché.<br />
Haïti ne constitue pas un cas exotique.<br />
L’usage des crises et des chocs<br />
pour avancer des mesures impopulaires,<br />
sous le double masque du marché et de<br />
l’efficacité, et la réduction de la liberté à<br />
la tenue d’élections devant entériner le<br />
« bon » gouvernement, pour mettre en<br />
place les politiques « adéquates » (déjà<br />
définies par les institutions internationales),<br />
rappellent le traitement de la crise<br />
grecque. Au final, la reconstruction de<br />
Haïti a fait converger l’humanitaire,<br />
l’État et la communauté internationale<br />
dans une même politique de dépossession<br />
des Haïtiens, échangeant le hasard<br />
d’une catastrophe naturelle contre la fatalité<br />
d’une catastrophe sociale.<br />
* Politologue, chargé d’études au<br />
Centre tricontinental - CETRI (www.<br />
cetri.be, Louvain-la-Neuve), auteur<br />
notamment de L’échec humanitaire. Le<br />
cas haïtien (Bruxelles, 2012).<br />
8 <strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times<br />
Vol. 8 • No. 29 • du <strong>28</strong> janvier au 3 février <strong>2015</strong>
This Week in <strong>Haiti</strong><br />
Why Did the UN Security Council Visit <strong>Haiti</strong>?<br />
by Marie Laurette Numa<br />
On Jan. 23, a delegation of the<br />
United Nations Security Council<br />
arrived in <strong>Haiti</strong> for a three day visit.<br />
The delegation, consisting of representatives<br />
of 15 member states currently<br />
on the Security Council, was<br />
co-chaired by Chilean ambassador<br />
Cristian Barros Melet, who holds the<br />
rotating Security Council presidency<br />
for January, and Samantha Power,<br />
the U.S. Ambassador to the UN.<br />
During its visit, the delegation<br />
met with President Michel<br />
Martelly and de facto Prime Minister<br />
Evans Paul, as well as the de facto<br />
president of the Senate, Andris Riché.<br />
It also met with “civil society”<br />
representatives and political parties<br />
such as the Lavalas Family (FL),<br />
as highlighted an by FL Executive<br />
Board member, Dr. Schiller Louidor<br />
during a Jan. 25 interview on Radio<br />
Panou’s program “Haïti en Ondes.”<br />
Many are questioning the purpose<br />
of this visit, which comes on<br />
the heels of Martelly carrying out a<br />
virtual coup d’état in <strong>Haiti</strong>. Because<br />
Martelly managed to hold no elections<br />
for over three years, Parliament<br />
expired on Jan. 12, and he<br />
now rules by decree. Meanwhile,<br />
several huge demonstrations take<br />
place every week in the capital and<br />
across <strong>Haiti</strong> demanding that Martelly<br />
resign and the UN military<br />
occupation, known as MINUSTAH,<br />
leave.<br />
<strong>Haiti</strong> is the UN’s only military<br />
mission in the Western Hemisphere,<br />
and clearly the Security<br />
Council sees the situation in <strong>Haiti</strong><br />
as critical. As a cover, the Security<br />
Council said they came to <strong>Haiti</strong> to<br />
“assess the pre-election political situation.”<br />
Does <strong>Haiti</strong> have a mere<br />
“electoral crisis” ? No, <strong>Haiti</strong> has a<br />
much deeper political crisis where<br />
the <strong>Haiti</strong>an masses are mobilized<br />
to demand Martelly’s resignation,<br />
a new provisional government to<br />
hold free, fair, and sovereign elections,<br />
and an immediate end to UN<br />
military occupation of <strong>Haiti</strong> by some<br />
7,500 troops.<br />
It would have been more<br />
honest if the Security Council delegation<br />
said that it came to “assess”<br />
the utter failure over the past almost<br />
11 years of MINUSTAH, which has<br />
been deployed in <strong>Haiti</strong> since Jun. 1,<br />
MINUSTAH<br />
U.S. Ambassador to the UN Samantha Power shakes hands with <strong>Haiti</strong>an<br />
police officers.<br />
2004. Although called the UN Mission<br />
to Stabilize <strong>Haiti</strong>, the occupation<br />
force has never done that. On<br />
the contrary, the MINUSTAH helped<br />
to unconstitutionally overrule <strong>Haiti</strong>’s<br />
electoral council in 2011 to place<br />
Martelly in power and then has<br />
backed him up as he has engaged<br />
in flagrant corruption, arbitrary repression,<br />
political arrests, and the<br />
dismantling and abuse of <strong>Haiti</strong>an<br />
democratic institutions, including<br />
the judiciary and the Parliament.<br />
Then these foreign patrons have the<br />
gall to present themselves as the<br />
watchdogs of representative democracy<br />
and of human rights.<br />
Clearly, the UN delegation had<br />
no other purpose than to reinforce<br />
Martelly’s crumbling regime. As the<br />
Miami Herald said in its Jan. 26 editorial:<br />
“UN diplomats did their best<br />
to put a smiley face on the grim picture<br />
in <strong>Haiti</strong> during a weekend visit,<br />
but no amount of diplomatic artistry<br />
can conceal the ugly truth: <strong>Haiti</strong> is<br />
back to one-man rule, and no one<br />
can say how long it will last.”<br />
Samantha Power articulated<br />
this cynicism when she stated that<br />
“we informed President Martelly<br />
and his ministers of our disappointment<br />
that he was not able to find<br />
a compromise and avoid the departure<br />
of parliamentarians.” How absurd!<br />
Over more than three years,<br />
he couldn’t find a compromise?<br />
The Chilean Ambassador Cristian<br />
Barros Melet added to the charade<br />
by expressing “our appreciation<br />
for the efforts he made to find<br />
a consensus to keep the Parliament<br />
functional and to facilitate the voting<br />
of the electoral law.”<br />
But the Chilean Ambassador<br />
acknowledged the fluidity of the political<br />
situation when he added that<br />
“we are now trying to maintain our<br />
support for the <strong>Haiti</strong>an government<br />
with the aim of organizing elections<br />
with the features already mentioned,<br />
but it is too early to tell if it is<br />
necessary to continue with the same<br />
configuration or not. We will have<br />
time for that. Not to mention that<br />
it is a complex process politically.<br />
But I assure you that we take this<br />
very seriously and that the Security<br />
Council is very attached to the situation<br />
in <strong>Haiti</strong>.” It is shocking that he<br />
finds it normal that the UN should<br />
meddle in <strong>Haiti</strong>an elections and suggest<br />
what the proper electoral “configuration”<br />
should be.<br />
On Jan. 25, the delegation<br />
visited the Police Academy off the<br />
Frères Road in Port-au-Prince, during<br />
which the new de facto Justice<br />
Minister Pierre Richard Casimir unabashedly<br />
asked for MINUSTAH to<br />
increase its forces.”On behalf of the<br />
President, the Head of Government,<br />
and myself, I reiterate to the United<br />
Nations Security Council our request<br />
not to reduce the number of troops<br />
of MINUSTAH during the electoral<br />
process,” Casimir said. “Rather, it is<br />
necessary to increase the quotas of<br />
the UN mission in <strong>Haiti</strong>, since the<br />
election period is sometimes marked<br />
by tensions and unrest.”<br />
Martelly, Paul, and Casimir<br />
MINUSTAH<br />
At the <strong>Haiti</strong>an Police Academy on Jan. 25, the UN Security Council<br />
delegation watches a demonstration of how a rolling water cannon<br />
breaks up <strong>Haiti</strong>an protests<br />
are the kind of officials the imperialists<br />
want to see running <strong>Haiti</strong>,<br />
mercenaries and “legal bandits,” as<br />
the old Sweet Micky song says. The<br />
current de facto government is made<br />
up mostly of retreads from the government<br />
of Martelly’s former prime<br />
minister Laurent Lamothe. One<br />
understands why Bill Clinton said<br />
of Lamothe’s government in the<br />
days before popular demonstrations<br />
forced its departure on Dec. 13:<br />
“This is the most consistent and decisive<br />
government I’ve ever worked<br />
with across a broad range of issues.”<br />
In short, the UN Security<br />
Council did not come to evaluate a<br />
decade of failure, the massacres of<br />
our fellow citizens, or the unleashing<br />
of cholera in <strong>Haiti</strong> by MINUS-<br />
TAH troops, which has claimed<br />
more than 9,000 lives. Instead it<br />
came to reinforce a neo-Duvalierist<br />
regime, which has now become a<br />
patent dictatorship.<br />
Unfortunately, no political<br />
party criticized the arrogance of<br />
Ambassador Samantha Power when<br />
she lectured us about compromise.<br />
“We are even more convinced of<br />
the importance of compromise,” she<br />
said. “It is sure that everybody in<br />
<strong>Haiti</strong> will not get exactly what he<br />
or she wants in the coming days or<br />
in the years to come. It is important<br />
that all the actors put <strong>Haiti</strong> and the<br />
general welfare ahead of their personal<br />
interests.”<br />
Sandra Honoré, MINUSTAH’s<br />
chief and the Special Representative<br />
of the UN Secretary-General, along<br />
with other members of the so-called<br />
“Core Group” (the ambassadors<br />
of Brazil, Canada, Spain, France,<br />
the United States, the European<br />
Union, and the Special Representative<br />
of the Organization of American<br />
States) welcomed the installation of<br />
Prime Minister Paul Evans, the formation<br />
of a new government, and<br />
the establishment of a new Provisional<br />
Electoral Council (CEP). They<br />
encouraged the new government<br />
to create the political and security<br />
conditions “necessary to ensure the<br />
holding of fair, credible and inclusive<br />
elections.”<br />
It is not surprising that the<br />
UN Security Council, like the Organization<br />
of American States, both<br />
of which are simply instruments<br />
of Washington’s foreign police,<br />
are supporting the unacceptable in<br />
<strong>Haiti</strong>. To top it off, the Club of Madrid,<br />
an imperialist pressure group<br />
of former world leaders, will send its<br />
fourth delegation to <strong>Haiti</strong> from Jan.<br />
27 to 29, <strong>2015</strong>. This delegation will<br />
be led by former Mexican President<br />
Felipe Calderón and former Bolivian<br />
President and Club of Madrid Vice-<br />
President, Jorge Kiroga. Like the UN<br />
Security Council, the Club of Madrid<br />
will be asking for elections under the<br />
aegis of President Martelly and the<br />
MINUSTAH.<br />
The <strong>Haiti</strong>an people, however,<br />
have made and continue to make<br />
their demands clear: that free, fair,<br />
and sovereign elections will only<br />
be possible without Martelly or MI-<br />
NUSTAH.<br />
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10 <strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times<br />
Vol. 8 • No. 29 • du <strong>28</strong> janvier au 3 février <strong>2015</strong>
NIGERIA : COMMENT BOKO HARAM PROSPÈRE<br />
SUR LES INÉGALITÉS, L’ANALPHABÉTISME,<br />
LA CORRUPTION ET L’ARBITRAIRE ?<br />
Par Rachel Knaebel *<br />
Au Nigeria, <strong>2015</strong> a commencé<br />
avec un massacre, probablement<br />
le plus meurtrier jamais perpétré<br />
par la secte islamiste Boko Haram.<br />
Plus de quinze villages totalement<br />
détruits, des centaines<br />
de personnes tuées. Le groupe né<br />
au début du 21ème siècle dans le<br />
nord-est du pays va toujours plus<br />
loin dans la violence. Au-delà de<br />
la religion, il prospère sur le terreau<br />
d’une zone de grande pauvreté,<br />
délaissée par le pouvoir central<br />
et qui ne profite pas de la manne<br />
pétrolière. Face à Boko Haram, les<br />
forces de sécurité sont elles aussi<br />
dénoncées pour leur brutalité arbitraire<br />
et leurs pratiques de la<br />
torture.<br />
L<br />
’attaque a débuté le 3 janvier et<br />
a duré plusieurs jours. Au moins<br />
15 villages de l’agglomération de<br />
Baga, dans l’extrême-Nord-est du<br />
Nigeria, ont été rasés. La commune<br />
abritait le siège d’une force armée<br />
régionale. Selon les récits des témoins<br />
du dernier massacre perpétré<br />
par le groupe armé islamiste<br />
Boko Haram, des centaines de personnes<br />
ont été tuées. Des rumeurs<br />
faisaient même état de milliers de<br />
victimes possibles. « Il semble que<br />
l’attaque contre Baga et les localités<br />
alentour pourrait être la plus<br />
meurtrière à ce jour d’une série<br />
d’actions de plus en plus haineuses<br />
menées par le groupe », écrit Amnesty<br />
International quelques jours<br />
plus tard. Le samedi 10 janvier,<br />
une bombe posée sur une fillette<br />
explose dans un marché de l’État<br />
de Borno. Sans revendication, mais<br />
tous les regards sont à nouveau<br />
tournés vers la secte islamiste.<br />
Les attaques de civils par le<br />
groupe armé Boko Haram se multiplient<br />
ces derniers mois dans cette<br />
région du nord-est du Nigeria. En<br />
juillet 2014, l’ONG Human Rights<br />
Watch comptabilisait 2 053 victimes<br />
civiles de Boko Haram pour<br />
les seuls six premiers mois de<br />
l’année, au cours de 95 attaques.<br />
Ces violences ne se dirigent pas<br />
uniquement contre les chrétiens de<br />
la région.<br />
Boko Haram pratique aussi<br />
les enlèvements. En avril 2014,<br />
le rapt de plus de 200 adolescentes<br />
dans leur école de Chibok avait<br />
choqué le monde entier. Ce n’était<br />
pas un cas isolé. « Ce groupe a enlevé<br />
plus de 500 femmes et filles<br />
depuis 2009 et a intensifié les<br />
enlèvements depuis mai 2013,<br />
déclarait Human Rights Watch en<br />
octobre 2014. « Les femmes et les<br />
filles enlevées par le groupe armé<br />
sont contraintes de se marier, de se<br />
convertir et sont victimes d’abus<br />
physiques et psychologiques, de<br />
travail forcé et de viol en captivité<br />
», soulignait aussi l’ONG. Le mouvement<br />
qui était à l’origine une<br />
secte islamiste semble aller toujours<br />
plus loin dans la violence.<br />
Enfants réfugiés nigérians du<br />
camp de Gagamari au Niger où<br />
16 000 réfugiés sont pris en<br />
charge par les Nations Unies et le<br />
programme humanitaire européen<br />
Echo (European Commission<br />
humanitarian aid and civil<br />
protection department) / CC ECHO<br />
Des exactions qui augmentent<br />
avec l’état d’urgence<br />
Mais d’où vient cette secte qui<br />
s’est muée en groupe armé ? Boko<br />
Haram est né au début des années<br />
2000 dans le nord-est du Nigeria,<br />
une région proche des frontières du<br />
Niger, du Tchad et du Cameroun,<br />
pays aujourd’hui eux aussi touchés<br />
par le phénomène. Le groupe devient<br />
plus particulièrement violent<br />
à partir de 2009, quand son leader,<br />
Mohammed Yusuf, est exécuté<br />
par la police sans autre forme de<br />
procès. Boko Haram s’est d’abord<br />
attaqué à des policiers et à des<br />
prisons. En 2011, le mouvement<br />
revendique un attentat à la bombe<br />
contre le bâtiment des Nations<br />
Unis à Abuja, la capitale fédérale<br />
du Nigeria. C’est à partir de là qu’il<br />
attire l’attention internationale.<br />
Sa violence s’est encore accrue<br />
avec l’instauration de l’état<br />
d’urgence en mai 2013 dans trois<br />
États du nord-est du pays, Yobe,<br />
Adamawa et Borno. Depuis, les<br />
agressions massives et répétées<br />
se multiplient contre les populations<br />
civiles, dans des écoles,<br />
des marchés, des lieux de prières.<br />
Human Rights Watch en dénombre<br />
plusieurs centaines ces deux<br />
dernières années. Il s’agit souvent<br />
d’attaques contre des villages<br />
suspectés d’avoir collaboré avec<br />
les forces de sécurité. En 2014,<br />
le nord-est du Nigeria est ainsi<br />
devenu la région la plus meurtrière<br />
du pays « alors qu’avant 2009,<br />
le Nord était paisible et les<br />
violences se concentraient dans<br />
le Sud », note le dernier rapport<br />
du groupe d’étude sur la violence<br />
au Nigeria Nigeriawatch. Le Sud,<br />
où le groupe armé du Mouvement<br />
pour l’émancipation du Delta du<br />
Niger (MEDN) était par exemple<br />
actif dans les années 2000, et<br />
s’attaquait principalement aux<br />
installations pétrolières.<br />
Pauvreté massive en pays<br />
pétrolier<br />
Les régions du nord du Nigeria<br />
font surtout partie des plus<br />
pauvres. Dans le pays le plus<br />
peuplé d’Afrique (178 millions<br />
d’habitants aujourd’hui), deuxtiers<br />
de la population vivent avec<br />
moins d’un dollar par jour [1]. Le<br />
Nigeria dispose pourtant d’un riche<br />
sous-sol. C’est le cinquième pays<br />
exportateur de pétrole au monde<br />
[2] ! Mais c’est aussi l’un des pays<br />
les plus corrompus de la planète :<br />
il est classé à la 136ème place sur<br />
175 par Transparency International.<br />
Pour comparaison, l’Afrique du<br />
sud se trouve au 67ème rang.<br />
La manne pétrolière ne profite donc<br />
pas à tout le monde, loin de là, et<br />
surtout pas aux États du nord du<br />
pays, puisque les puits de pétrole<br />
se trouvent dans le Sud. Résultat :<br />
70% de la population du nord-est<br />
vivent avec moins de 1 dollar par<br />
jour, contre moins de 60% dans le<br />
sud. Moins d’un quart des femmes<br />
et seulement la moitié des hommes<br />
savent lire dans le nord-est, contre<br />
80 et 90% dans le Sud.<br />
Manifestation contre l’enlèvement des femmes<br />
et des filles par le groupe armé<br />
La secte islamiste Boko Haram<br />
Human Rights Watch comptabilisait 2 053 victimes civiles de Boko Haram<br />
pour les seuls six premiers mois de l’année, au cours de 95 attaques<br />
Records nationaux<br />
d’analphabétisme<br />
C’est dans ce contexte de grande<br />
pauvreté, de fortes inégalités régionales<br />
et d’analphabétisme<br />
que prospère Boko Haram depuis<br />
quinze ans. Un terreau qui explique<br />
aussi en partie son refus de<br />
l’éducation. Le fondateur de la<br />
secte, Mohammed Yusuf, demandait<br />
en effet à ses fidèles « de renoncer<br />
à fréquenter les établissements<br />
privés d’inspiration occidentale<br />
et les écoles publiques nigérianes<br />
héritées du système colonial britannique<br />
», explique Marc-Antoine<br />
Pérouse de Montclos, chercheur à<br />
l’université Paris 8 et spécialiste du<br />
Nigeria [3].<br />
Il ajoute : « La critique de Boko<br />
Haram contre le monde moderne<br />
se rattache donc à un courant de<br />
pensée anticolonial, et pas seulement<br />
islamiste et obscurantiste. En<br />
effet, l’échec du modèle éducatif<br />
occidental est particulièrement flagrant<br />
dans le Borno. À l’échelle du<br />
Nigeria, le Nord-Est est l’une des<br />
régions les moins bien pourvues<br />
en la matière, avec des records<br />
nationaux d’analphabétisme et<br />
d’absentéisme : près de la moitié<br />
des enfants n’y sont jamais allés<br />
à l’école primaire et plus d’un<br />
tiers n’y suivent pas non plus<br />
d’enseignements coraniques. »<br />
Violences systématiques de la<br />
police et de l’armée<br />
Boko Haram est souvent<br />
qualifiée de « secte » islamiste.<br />
L’une des premières revendications<br />
du mouvement est l’application intégrale<br />
de la Charia, déjà en partie<br />
appliquée dans le nord du Nigeria.<br />
Mais, « lorsqu’elle s’enracine<br />
à Maiduguri au début des années<br />
2000, la secte est d’abord et avant<br />
tout un mouvement de protestation<br />
sous l’égide d’un leader spirituel »,<br />
souligne Marc-Antoine Pérouse de<br />
Montclos.<br />
Le groupe armé se développe-t-il<br />
avec l’aide de groupes<br />
terroristes islamistes internationaux<br />
tels qu’Al-Qaïda ? « Il faut être<br />
très prudent sur l’existence de liens<br />
structurels entre Boko Haram et<br />
Al-Qaïda dans le nord du Nigeria.<br />
D’une part, nous n’en avons pas<br />
de preuve. D’autre part, il existe<br />
des divergences doctrinaires très<br />
importantes entre les deux mouvements.<br />
Le cœur de cible de Boko<br />
Haram, ce sont les forces de sécurité<br />
nigérianes et les « mauvais<br />
» musulmans alors qu’Al-Qaïda<br />
cible les Occidentaux », analysait<br />
le chercheur dans une interview au<br />
Monde il y a quelques mois. Marc-<br />
Antoine Pérouse de Montclos souligne<br />
plutôt le rôle des violences<br />
arbitraires de l’armée à l’encontre<br />
des populations civiles. « À force<br />
d’exactions, l’armée s’est mis à<br />
dos la population : de nombreux<br />
habitants refusent de dénoncer<br />
les membres de Boko Haram, certains<br />
ont même rejoint ses rangs.<br />
»<br />
Les violences systématiques<br />
de la police et de l’armée sont de<br />
plus en plus dénoncées par les<br />
organisations internationales. «<br />
Human Rights Watch et d’autre<br />
groupes nationaux et internationaux<br />
de protection des Droits de<br />
l’homme ont documenté des abus<br />
des forces de sécurité nigérianes<br />
perpétrés depuis 2009 dans leur<br />
réponse aux attaques de Boko Haram<br />
», note ainsi l’ONG. Des exactions<br />
telles que « des incendies<br />
des habitations, abus physiques,<br />
exécutions extrajudiciaires des<br />
personnes suspectées de soutenir<br />
Boko Haram ». Les forces de sécurité<br />
sont par exemple accusées<br />
par Amnesty International d’avoir<br />
exécuté des centaines de détenus<br />
pour la plupart non armés qui<br />
s’étaient enfuis d’une prison suite<br />
à une attaque de Boko Haram en<br />
mars 2014 à Giva Barracks dans<br />
l’État de Borno.<br />
Tortures de suspects et «<br />
chasse aux sorcières du<br />
Moyen-Âge »<br />
En septembre 2014, Amnesty<br />
publiait par ailleurs un rapport accablant<br />
sur la pratique de la torture<br />
par les forces de sécurité du<br />
Nigeria. « Les soldats arrêtent des<br />
centaines de personnes, cherchant<br />
celles qui ont des liens avec Boko<br />
Haram, puis torturent les suspects<br />
durant un processus de « tri » qui<br />
ressemble à une chasse aux sorcières<br />
du Moyen-Âge », déclarait le<br />
directeur de recherche d’Amnesty<br />
Netsanet Belay.<br />
Dans ce contexte, Human<br />
Rights Watch demandait cet été au<br />
gouvernement nigérian de « reconnaître<br />
qu’il doit protéger sa population<br />
tout à la fois de Boko Haram<br />
et des membres de ses propres<br />
forces militaires et de police qui se<br />
rendent coupable d’abus ». Au moment<br />
où les attaques sanglantes du<br />
groupe islamiste se font quasi-quotidiennes<br />
dans le nord-est et où le<br />
président Goodluck Jonathan vient<br />
de lancer sa campagne pour sa<br />
réélection au scrutin de mi-févier,<br />
l’appel de l’ONG sera-t-il entendu ?<br />
Ndlr. *Rachel Knaebel.<br />
Journaliste basée à Berlin.<br />
Notes<br />
[1] Selon les chiffres de Human<br />
Rights Watch. Voir “Spiraling<br />
Violence. Boko Haram Attacks and<br />
Security Force Abuses in Nigeria”,<br />
Human Rights Watch, 2012.<br />
[2] Voir Organisation des<br />
pays exportateurs de pétrole,<br />
“Monthly Oil Market Report”, décembre<br />
2014.<br />
[3] Dans une étude de 2012,<br />
“Boko Haram et le terrorisme islamiste<br />
au Nigeria : insurrection religieuse,<br />
contestation politique ou<br />
protestation sociale ?”<br />
Basta 16 janvier <strong>2015</strong><br />
Vol. 8 • No. 29 • du <strong>28</strong> janvier au 3 février <strong>2015</strong><br />
<strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times<br />
11
L’UNITÉ LATINOAMÉRICAINE COMME<br />
PROJET HISTORIQUE !<br />
Par Monica Bruckmann*<br />
La plupart des journalistes occidentaux<br />
ignorant le mouvement historique<br />
incarné récemment par l’inauguration<br />
du siège de l’UNASUR en Équateur,<br />
puis par le sommet de la CELAC (Communauté<br />
des États Latinoaméricains<br />
et des Caraïbes) avec la Chine et son<br />
plan d’investissements massifs pour<br />
<strong>2015</strong>-2019, nous livrons l’éclairage<br />
de Monica Bruckmann, Docteur en<br />
science politique, professeure du<br />
Département de Science Politique de<br />
l’Université Fédérale de Rio de Janeiro<br />
et Directrice de Recherche de la chaire<br />
UNESCO sur l’Économie globale et le<br />
Développement Durable.<br />
La conjoncture latinoaméricaine<br />
contemporaine est marquée par de<br />
grandes avancées dans les projets et<br />
processus d’intégration régionale (1).<br />
C’est la première fois dans l’histoire que<br />
la région a une densité diplomatique<br />
aussi dynamique, un ensemble si vaste<br />
et divers de mécanismes d’échange et<br />
d’action politique conjointe. À la dynamique<br />
complexe d’intégration des<br />
nations, se joint également l’intégration<br />
des peuples et des mouvements populaires,<br />
avec un pouvoir croissant de<br />
pression sociale et de participation à<br />
l’élaboration des politiques publiques<br />
qui reflètent l’affirmation du mouvement<br />
démocratique. Dans ce contexte,<br />
il est un principe qui demande toujours<br />
plus de centralité, c’est celui de<br />
la souveraineté, comme la capacité<br />
d’autodétermination des États, des nations,<br />
des peuples et des communautés.<br />
Le débat actuel autour de<br />
l’intégration régionale et de ses perspectives<br />
possède de forts antécédents<br />
qui montrent la profondeur de l’unité<br />
latino-américaine comme projet historique.<br />
Sans nous attarder plus longuement<br />
sur le développement de ces antécédents,<br />
nous cherchons à présenter<br />
quelques exemples de ce qui constitue<br />
les bases doctrinaires de l’actuel processus<br />
d’intégration régionale. Cette approche<br />
montre surtout les limites d’une<br />
tentative de conversion de ce processus<br />
d’intégration en un simple échange<br />
commercial.<br />
Intégration régionale et projet<br />
stratégique<br />
La géopolitique de l’intégration régionale<br />
latino-américaine est profondément<br />
affectée par une dispute des<br />
intérêts entre le projet hégémonique<br />
des États-Unis, exprimé dans une<br />
stratégie complexe de domination et<br />
d’appropriation des ressources naturelles<br />
considérées ’« vitales », ce qui convertit<br />
l’accès à ces ressources, qui se<br />
trouvent essentiellement hors du territoire<br />
continental et d’outre-mer des<br />
États-Unis, en un sujet de « sécurité<br />
nationale » pour ce pays. D’autre part,<br />
des processus d’intégration régionale<br />
se développent hérités des luttes continentales<br />
pour l’indépendance pendant<br />
le 19ème siècle, qui rencontrent dans<br />
la rénovation du bolivarianisme un<br />
projet d’affirmation souveraine qui a<br />
avancé et s’est approfondi au cours des<br />
Inauguration du siège de l’UNASUR en Équateur (5 décembre 2014)<br />
en présence notamment des chefs d’État Horacio Cartes (Paraguay),<br />
Dési Bouterse (Surinam), José Mujica (Uruguay), Dilma Roussef<br />
(Brésil),Cristina Fernandez (Argentine), Rafael Correa (Équateur),<br />
Juan Manuel Santos (Colombie), Evo Morales (Bolivie), Nicolas Maduro<br />
(Venezuela), Michele Bachelet (Chili) ainsi que d’Ernesto Samper, ex-<br />
Président de la Colombie et Secrétaire Général de l’organisme.<br />
dernières années.<br />
Cependant, le renforcement de<br />
l’intégration régionale exige une nouvelle<br />
vision stratégique élaborée à<br />
partir d’une vaste discussion sur la dynamique<br />
et les tendances du système<br />
mondial, l’émergence des nouvelles<br />
puissances à l’échelle globale, et le<br />
développement d’une vision géopolitique<br />
qui articule les intérêts en jeu et<br />
la conformation de nouvelles territorialités<br />
à partir d’un grand mouvement<br />
social du ’« bas vers le haut ». Ce moment<br />
d’élaboration de la pensée régionale<br />
a pour défi la construction d’une<br />
stratégie de réappropriation sociale des<br />
ressources naturelles et de leur gestion<br />
économique et scientifique, ce qui exige<br />
une rediscussion approfondie de la<br />
notion-même de développement, du<br />
concept-même de souveraineté et de la<br />
position de l’Amérique Latine dans la<br />
géopolitique mondiale.<br />
L’analyse des diverses dimensions<br />
qu’implique la dispute globale<br />
pour les ressources naturelles considérées<br />
stratégiques, requiert un bilan<br />
de l’histoire mondiale récente qui a<br />
pour aspect fondamental, l’émergence<br />
de la Chine. La nouvelle centralité de<br />
la Chine dans l’économie et la politique<br />
mondiale nous conduit à souligner<br />
l’importance de l’approche de longue<br />
durée (du point de vue Braudélien) et<br />
des processus de civilisation dans la<br />
construction des instruments théoricométhodologiques<br />
pour l’analyse de la<br />
conjoncture. Dans ce contexte, et avec<br />
une approche qui s’efforce de capturer<br />
la complexité du monde contemporain,<br />
la question stratégique transcende<br />
largement le cadre de la politique de sécurité<br />
et de la défense nationale, pour<br />
s’insérer dans l’analyse des processus<br />
historiques de longues durées et de la<br />
dimension civilisatrice des visions stratégiques.<br />
L’Amérique Latine a, en relation<br />
avec la Chine, une opportunité<br />
historique de développer une coopération<br />
stratégique à long terme, visant<br />
à rompre la relation de dépendance<br />
qui marqua son insertion dans le système<br />
mondial. Il convient à la région<br />
de profiter de cette opportunité ou<br />
de reproduire la logique de la dépendance<br />
et la dynamique d’exportation<br />
des matières premières à faible valeur<br />
ajoutée, qui a pour base la logique de<br />
ce qu’on appelle l’extractivisme, qui<br />
Forum CELAC-Chine, les 8 et 9 janvier <strong>2015</strong> à Beijing<br />
étranger à tout projet national, restreint<br />
notre horizon économique aux intérêts<br />
des économies centrales et des entreprises<br />
transnationales qui deviennent<br />
les agents économiques de ces intérêts.<br />
De l’hégémonie unipolaire à<br />
l’hégémonie partagée<br />
Pendant la dernière décennie, le débat<br />
théorique et politique a été profondément<br />
marqué par la crise de<br />
l’hégémonie unipolaire et par la configuration<br />
d’un espace global avec<br />
hégémonie partagée, ou multipolaire.<br />
L’importance économique et politique<br />
croissante des puissances émergentes,<br />
ceux que l’on nomme « BRICS » (Brésil,<br />
Russie, Inde, Chine et, récemment,<br />
Afrique du Sud), posent des éléments<br />
nouveaux afin de repenser la dynamique<br />
économique et politique d’un<br />
monde multipolaire, où les processus et<br />
projets d’intégration régionale se convertissent<br />
en mécanismes nécessaires<br />
pour la compartimentation du pouvoir<br />
mondial et régional et pour le renforcement<br />
des projets de développement par<br />
et pour le Sud.<br />
La collaboration sud-sud puise<br />
son inspiration plus profonde dans<br />
l’affirmation de la lutte anticoloniale<br />
du tiers monde et dans l’apparition<br />
des pays non-alignés. La Conférence<br />
de Bandung, qui s’est tenue en avril<br />
1955, représenta un des moments les<br />
plus importants de ce processus. Ce<br />
rassemblement, auquel participèrent 23<br />
pays asiatiques et 5 africains, se nourrit<br />
des principes de la lutte anticoloniale<br />
et anti-impérialiste, élaborant un<br />
vaste appel d’autodétermination et de<br />
développement des peuples basé sur la<br />
solidarité et la coopération économique<br />
et culturelle et cherchant à créer un<br />
espace politique indépendant quant<br />
aux blocs militaires et la confrontation<br />
entre États-Unis et l’Union Soviétique<br />
durant la période de la Guerre Froide.<br />
Le thème principal était porté sur les<br />
luttes nationales pour l’indépendance,<br />
l’éradication de la pauvreté et le développement<br />
économique, au travers des<br />
organisations régionales et des politiques<br />
économiques de coopération entre<br />
les pays du tiers monde.<br />
Sommet de Bandung (1955)<br />
L’esprit de Bandung a permis de créer<br />
un vaste consensus entre les principaux<br />
leaders et les peuples d’Asie,<br />
d’Afrique et de l’Amérique Latine par<br />
rapport à l’affirmation de la paix et les<br />
principes de coexistence pacifique, à un<br />
moment où le monde vivait une situation<br />
d’extrême tension et de menace<br />
de guerre : l’invasion du Guatemala<br />
organisée par les États-Unis pour renverser<br />
le président Jacobo Árbenz, le<br />
déplacement de la Septième Flotte des<br />
États-Unis vers la mer de Chine, la<br />
substitution des troupes françaises par<br />
les troupes états-uniennes dans la région<br />
sud du Vietnam, après la défaite<br />
française à Dien Bien Phu en 1954 et la<br />
guerre de Corée (1950-1953).<br />
Les cinq principes de coexistence<br />
pacifique, proposés par le premier ministre<br />
chinois Chou En-lai et ratifiés par<br />
le premier ministre hindou Jawaharlal<br />
Neru en 1954 : pas d’agression, pas<br />
d’intervention dans les affaires internes<br />
d’autres États, égalité et avantages mutuels<br />
et coexistence pacifique, ont été<br />
repris par la Conférence de Bandung<br />
comme partie des dix principes généraux,<br />
qui incluaient :<br />
Le respect des droits fondamentaux<br />
en accord avec la Charte de l’ONU<br />
de 1948<br />
Respect de la souveraineté et de<br />
l’intégrité territoriale de toutes les nations<br />
Reconnaissance de l’égalité de<br />
toutes les races et nations, indépendamment<br />
de leur taille<br />
Pas d’intervention et ni<br />
d’ingérence dans les affaires internes<br />
d’autres pays<br />
Respect des droits de chaque nation<br />
à se défendre, individuellement ou<br />
collectivement en accord avec la Charte<br />
de l’ONU<br />
Refus de participer aux préparatifs<br />
de défense destinés à servir les intérêts<br />
particuliers des superpuissances<br />
Abstention de tout acte ou<br />
menace d’agression ou emploi de<br />
force contre l’intégrité territoriale ou<br />
l’indépendance politique d’autres pays<br />
Solution pacifique des conflits internationaux,<br />
en accord avec la Charte<br />
de l’ONU<br />
Encouragement des intérêts communs<br />
de coopération<br />
Respect de la justice et des obligations<br />
internationales<br />
Le Mouvement des non-alignés<br />
a donné du contenu diplomatique, aux<br />
Nations Unies, à ses lignes d’action.<br />
Sous influence latino-américaine se<br />
crée la United Nations Conference on<br />
Trade and Development (UNCTAD).<br />
Émergent également des expressions<br />
radicales de la lutte politique révolutionnaire,<br />
comme l’organisation Trilatérale,<br />
qui se crée à La Havane, en<br />
1973. L’émergence de gouvernements<br />
comme celui de Velasco Alvarado au<br />
Pérou, de Juan José Torres en Bolivie,<br />
de Omar Torrijos au Panamá, de Salvador<br />
Allende au Chili, et le retour d’Eva<br />
Peron en Argentine, conduisent à des<br />
initiatives de l’État qui s’expriment<br />
dans la transformation de la ALALC<br />
en ALADI (Association Latino-américaine<br />
d’Intégration). Le Système<br />
Économique Latino-américain et de la<br />
Caraïbe (SELA) est également créé en<br />
Siège de l’UNASUR, inauguré en Équateur le 5 décembre 2014<br />
1975, destiné à l’étude de l’intégration<br />
régionale et à la formulation de ses<br />
politiques. Cependant, l’organisation<br />
interétatique la plus forte se créé en<br />
1960 avec l’Organisation des Pays<br />
Exportateurs de Pétrole (OPEP). Dans<br />
le même temps, le vote de la « Charte<br />
des Droits et Devoirs Économiques des<br />
États », en 1972, promue par le président<br />
mexicain Luis Echeverría, consacre<br />
les principes du non-alignement<br />
aux Nations Unies.<br />
Les initiatives internationales<br />
qui forment partie de cette offensive<br />
du tiers monde sont diverses, qui voit<br />
dans la victoire de la révolution vietnamienne<br />
et la libération du Laos et<br />
du Cambodge une épopée de la lutte<br />
anti-impérialiste mondiale. La réponse<br />
du centre impérial à cette offense commence<br />
à s’articuler autour de la formation<br />
de la Commission Trilatérale<br />
(Trilateral Commission) en 1973, qui<br />
réunit les États-Unis, l’Europe et le<br />
Japon avec pour stratégie la récupération<br />
du pouvoir mondial. Cette stratégie<br />
atteindra ses résultats dans la décennie<br />
de 1980, pendant les gouvernements<br />
de Margaret Thatcher et Ronald Reagan,<br />
et s’exprime dans l’établissement<br />
de l’hégémonie de la pensée unique qui<br />
réussit, à transformer le Glanost et la<br />
Perestroika, commencés par les soviétiques,<br />
grâce à dissolution de l’Union<br />
Soviétique.<br />
Pendant la décennie de 1990<br />
débutent de forts mouvements de restructuration<br />
de l’offensive des gouvernements<br />
et des mouvements du<br />
tiers monde, qui voit dans la réussite<br />
économique de la Chine et de l’Inde et,<br />
en partie, du Brésil au début du 21ème<br />
siècle, une recherche de formes institutionnelles<br />
qui expriment cette nouvelle<br />
situation.<br />
Si dans la décennie de 1970 se<br />
créa le Groupe des 7 principaux pays<br />
développés (G7), dans les années<br />
2000, en plus de l’incorporation de<br />
la Russie, sont inclus également plusieurs<br />
pays émergents composant le<br />
groupe des 20 (G20). Le principe de<br />
l’hégémonie partagée est ainsi consacré<br />
comme successeur des désastres causés<br />
par la politique de l’unilatéralisme qui a<br />
été imposée avec le gouvernement de<br />
Bush fils.<br />
L’héritage historique des luttes<br />
du tiers monde se révèle de grande<br />
utilité pour une stratégie d’affirmation<br />
d’un système multipolaire et pour orienter,<br />
d’un point de vue stratégique, le<br />
processus d’intégration latino-américaine<br />
et son impact sur la géopolitique<br />
mondiale contemporaine.<br />
L’Amérique Latine et la<br />
construction de l’unité<br />
continentale<br />
Dans le même temps, l’Amérique Latine<br />
vit un processus à travers duquel la<br />
diplomatie régionale acquiert une densité<br />
inconnue jusqu’alors. Un ensemble<br />
de nouvelles articulations se traduit en<br />
institutions sous-régionales, régionales<br />
et continentales, qui transforment le<br />
processus d’intégration en une réalité<br />
complexe qui implique des chefs d’État,<br />
ministères des relations étrangères et<br />
diverses autres agences nationales, qui<br />
en même temps, est accompagné d’un<br />
processus d’intégration des peuples<br />
et des mouvements sociaux, incluant<br />
les syndicats et les mouvements des<br />
Suite à la page (20)<br />
12 <strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times<br />
Vol. 8 • No. 29 • du <strong>28</strong> janvier au 3 février <strong>2015</strong>
Perspectives<br />
Je Suis Gaza: Nous et les Autres<br />
2ème partie<br />
Par Alexandra Panaguli<br />
Les effets néfastes potentiels de postures<br />
opportunistes dont nous parlions<br />
dans la première partie, notamment<br />
les exemples du président français<br />
François Hollande et de l’ex-premier<br />
ministre espagnol José María Aznar<br />
au Moyen-Orient, n’empêchent pas les<br />
politiciens traditionnels de faire preuve<br />
d’irresponsabilité et de jeter de l’huile<br />
sur le feu. Juste avant l’attaque contre<br />
Charlie Hebdo, le sénateur étatsunien<br />
Rand Paul avait présenté un projet de<br />
loi visant à couper l’aide étatsunienne<br />
aux Palestiniens si leur demande de<br />
rejoindre la Cour pénale internationale<br />
n’était pas retirée. Ce droit de l’Etat<br />
palestinien lui a pourtant été reconnu,<br />
entre autres, par le secrétaire général de<br />
l’ONU, Ban Ki-moon.<br />
Outre l’arrogance classique du<br />
gendarme mondial, Robert Naiman, directeur<br />
politique au Just Foreign Policy,<br />
dit que Paul a fait “un calcul politique<br />
cynique. Un bon moyen de s’inoculer<br />
contre les accusations des néocons<br />
[néo-conservateurs] selon lesquelles<br />
il serait trop faible dans son soi-disant<br />
«soutien à Israël» et d’être «plus ‘proisraélien’<br />
que toi» en bottant le derrière<br />
des Palestiniens. C’est-à-dire que le<br />
sénateur Paul semble croire que cogner<br />
sur les Palestiniens, encore plus que Netanyahu<br />
et l’AIPAC ne le font, est sans<br />
danger – que personne d’important ne<br />
prendra la peine de se plaindre”.<br />
En effet, Rand Paul est intéressé par<br />
la présidence étatsunienne et il prend<br />
déjà position un an et demi avant la<br />
campagne électorale. On enfonce une<br />
ou d’autres personnes afin de s’élever<br />
soi-même. Phénomène classique. Tout<br />
comme Hollande qui tonitrue dans le<br />
vide contre l’Iran pour tenter de se donner<br />
une stature internationale depuis<br />
longtemps irrémédiablement perdue. Ils<br />
ont raison, qui veut défendre les pestiférés<br />
iraniens? Qui se préoccupe de<br />
milliers de morts palestiniens ou nigérians?<br />
Surtout s’ils sont musulmans. On<br />
vient d’en prendre la mesure.<br />
Au contraire, on réinterprète<br />
l’histoire. Dixit Bill Maher, présentateur<br />
de télévision et satiriste étatsunien<br />
vient de pondre ceci au lendemain de<br />
l’attaque contre ses confrères parisiens:<br />
«Nous sommes Américains ainsi nous<br />
ne voulons pas pointer le doigt vers<br />
un peuple, mais quand vous regardez<br />
cette liste, rien que depuis 9/11, et nous<br />
avons eu les attentats de Madrid en<br />
‘04, Londres en ‘05, Mumbai, le centre<br />
commercial du Kenya, Benghazi, qui<br />
était l’une des 20 villes qui ont éclaté<br />
lorsque ce film ‘Innocence des musulmans’<br />
était sur Internet, ISIS, Boko<br />
Haram qui a tué un village entier cette<br />
semaine, le Pakistan l’année dernière<br />
tuant tous ces enfants à l’école, le Parlement<br />
canadien, l’Australie».<br />
«Ce que nous avons dit sans répit<br />
– et ce pourquoi on nous a appelés sectaires<br />
– c’est que quand il y a tant de<br />
pommes pourries c’est qu’il y a quelque<br />
chose de mauvais avec le verger»<br />
Selon cette logique, nous pourrions<br />
tout aussi bien annihiler l’ensemble<br />
de la dite humanité, pétrie dans la violence<br />
éternelle. Les guerres médiques<br />
entre Grecs et Perses (5e et 4e siècles<br />
avant notre ère) – apprise sur les bancs<br />
d’école athéniens je me rappelle que<br />
l’histoire ancienne de Grèce n’était<br />
qu’une succession ininterrompue de<br />
batailles et de guerres entre villes<br />
grecques, notamment Athènes, Sparte<br />
et Thèbes, pour ensuite être soumises<br />
aux Macédoniens de Philippe et Alexandre,<br />
le règne sanglant de Rome<br />
avec ses armées d’esclaves, les brutales<br />
croisades organisées par les papes<br />
catholiques au nom du christ contre<br />
les turcs seljukides, les arabes fatimides<br />
et les chrétiens byzantins (10e-<br />
13e siècles) (*), la guerre de 100 ans<br />
entre la France et l’Angleterre (1337-<br />
1453), l’Inquisition (13e-16e siècles)<br />
tout particulièrement à l’encontre des<br />
Juifs sefaraddim qui furent accueillis<br />
par ... l’empire ottoman, Christophe<br />
Colomb qui réprima les autochtones<br />
dans les Amériques et favorisa la<br />
traite d’esclaves (15ème siècle), les<br />
conquistadores ibériques qui anéantirent<br />
la brillante civilisation des Indiens<br />
d’Amérique latine, accompagnés<br />
de prêtres, la croix catholique en main<br />
tout comme les croisés l’avaient cousue<br />
sur leur uniforme (16ème siècle), les<br />
guerres de religion en France (1562-<br />
1598) entre protestants et catholiques,<br />
dont les massacres de Wassy (1562)<br />
et de la Saint Barthélémy (1572), les<br />
tueries des Anglais, des Hollandais et<br />
des Français dans leurs colonies asiatiques,<br />
l’extermination par les colons<br />
européens des bisons et des dits Peaux-<br />
Rouges dont ils gardent à ce jour les<br />
quelques descendants parqués dans de<br />
tristes réserves, les camps de concentration<br />
nazis dans l’Allemagne wagnérienne,<br />
le barbarisme des Français durant<br />
la guerre de libération de l’Algérie<br />
(1954-1962), le sanglant conflit entre<br />
catholiques et protestants en Irlande<br />
au début du siècle passé et en Irlande<br />
du nord, pendant trente ans de 1968 à<br />
1998, les boucheries en Yougoslavie à<br />
la fin du 20ème siècle toujours en plein<br />
coeur de l’Europe dite civilisée et moderne,<br />
les nombreux abus étatsuniens<br />
de ce millénaire en Irak et Afghanistan,<br />
les assassinats de médecins pratiquant<br />
l’avortement aux Etats-Unis par des<br />
fondamentalistes chrétiens. Ceci pour<br />
ne citer que les méfaits les plus connus<br />
des ancêtres de ceux qui ont la mémoire<br />
courte et qui jettent maintenant la pierre<br />
aux autres et s’indignent de la bestialité<br />
des meurtriers de Charlie Hebdo.<br />
(*) Soit dit en passant, quiconque<br />
se joignait aux croisades recevait le pardon<br />
de ses péchés par le pape Urbain<br />
II, un moyen de s’assurer une place au<br />
paradis tout à fait similaire aux martyrs<br />
musulmans actuels... Ces croisés<br />
– parmi lesquels certains n’étaient que<br />
des enfants – croyaient pareillement au<br />
pouvoir miraculeux de leur foi.<br />
La bestialité et la médiocrité ne<br />
sont pas l’apanage des dirigeants ou<br />
des médias. La plume participe pleinement<br />
en cette ère de sensationnalisme.<br />
En particulier ce Michel Houellebecq à<br />
l’enfance torturée et dont le succès est<br />
né déjà en 2008 du fait qu’il ne faisait<br />
que mettre sur le papier la haine qu’il<br />
avait accumulée en soi et ses fantasmes<br />
dans lesquels un certain public<br />
se retrouve. Dangereux de mettre des<br />
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Classique matraquage de l’opinion publique au lendemain des assassinats<br />
de Charlie Hebdo. Médiocrité, courte vue et bestialité dans les médias<br />
comme chez les dirigeants.<br />
idées de haine dans la tête du public.<br />
Comme le décrit Laurent Joffrin, chef<br />
de rédaction à Libération à propos de<br />
son dernier ouvrage, “Soumission”, où<br />
il imagine une France gouvernée par la<br />
Fraternité musulmane, et qui est rapidement<br />
devenu un best-seller en France:<br />
«Ce roman a une connotation politique<br />
évidente» qui marque «l’éruption des<br />
thèses des extrémistes d’extrême-droite<br />
dans la littérature sérieuse».<br />
Même sonnette d’alarme chez<br />
Pierre Assouline, critique littéraire au<br />
Monde: “Notant que Houellebecq a<br />
toujours insisté que les artistes ont le<br />
devoir d’être «irresponsables», le critique<br />
se demande ironiquement: ‘Quoi<br />
de plus irresponsable que de jouer avec<br />
le feu tandis que le fantasme de la<br />
guerre civile plane sur la France?’”<br />
Les propos du Monde et de l’Humanité<br />
sont commentés dans un article intitulé:<br />
“Les intellectuels français ont-ils<br />
un problème avec les musulmans?” par<br />
Robert Zaretsky, auteur et professeur<br />
d’histoire à la University of Houston<br />
et spécialiste d’Albert Camus et de “la<br />
recherche d’un sens”...<br />
Un autre professeur d’histoire,<br />
cette fois sur place à la Tel Aviv University,<br />
Shlomo Sand, expert de l’histoire<br />
du nationalisme et de l’intellectualisme<br />
français, bâtit un parallèle inquiétant<br />
avec le phénomène de l’antisémitisme,<br />
codifié par la publication, en 1886,<br />
d’un autre livre ayant pareillement<br />
“bénéficié d’une large et chaleureuse<br />
réception journalistique”: “La France<br />
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à New York<br />
juive”, du politicien et journaliste français<br />
Edouard Drumont, véritable « bestseller<br />
» de la fin du 19ème siècle. Peu<br />
après commençait la persécution des<br />
juifs dans le pays voisin.<br />
Notamment avec la publication,<br />
dans les années trente, de<br />
l’hebdomadaire Der Stürmer, dirigé<br />
par un Julius Streicher. “Ce dont tout<br />
le monde se souvient à propos de Der<br />
Stürmer était ses caricatures morbides<br />
de Juifs, ce peuple était à l’époque confronté<br />
à une discrimination et persécution<br />
généralisées. Ses caricatures reprenaient<br />
tous les stéréotypes communs<br />
sur les Juifs - un nez crochu, avide,<br />
gourmand», raconte Norman Finkelstein,<br />
professeur étatsunien de science<br />
politique à la Sakarya University en<br />
Turquie, activiste et auteur notamment<br />
de “The Holocaust Industry” où il accuse<br />
les juifs d’exploiter la mémoire de<br />
l’holocauste à des fins politiques.<br />
«Supposons que ... au milieu de<br />
toutes ces mort et destruction, deux<br />
jeunes juifs font irruption au siège de<br />
la rédaction de Der Stürmer, et tuent le<br />
personnel pour les avoir humiliés, dégradés,<br />
insultés. Comment réagirais-je<br />
à cela ?» se demande Finkelstein qui<br />
est le fils de survivants de l’holocauste.<br />
Il ajoute: “Charlie Hebdo c’est du sadisme.<br />
Ce n’est pas de la satire».<br />
Il mentionne en passant<br />
l’hypocrisie occidentale. «Lorsque les<br />
Européens sont arrivés en Amérique<br />
du Nord, la chose qu’ils ont dit sur les<br />
indigènes américains était qu’ils étaient<br />
tellement barbares [et arriérés] du fait<br />
qu’ils se promenaient nus. Les femmes<br />
européennes portaient trois couches de<br />
vêtements. Et maintenant, nous nous<br />
promenons nus, et nous disons que les<br />
musulmans sont arriérés parce qu’ils<br />
portent tellement de vêtements».<br />
Malgré qu’il n’a jamais porté<br />
l’uniforme, Julius Streicher a été jugé<br />
à côté des dirigeants nazis au fameux<br />
procès de Nuremberg mené par les<br />
Alliés, et pendu pour avoir “infecté<br />
l’esprit allemand avec le virus de<br />
l’antisémitisme [par ses discours et ses<br />
articles], et incité le peuple allemand à<br />
la persécution active” des juifs.<br />
Quelle différence y a-t-il entre<br />
“La France juive” d’Edouard Drumont<br />
et le présent livre “Soumission”? poursuit<br />
Shlomo Sand. “Houellebecq sait<br />
qu’au début du 21ème siècle, il est interdit<br />
d’agiter une menace juive, mais<br />
qu’il est bien admis de vendre des livres<br />
faisant état de la menace musulmane”,<br />
un livre “qui participe à la diffusion de<br />
la haine et de la peur [...]”.<br />
Et tous de se ruer à la curée. Bien<br />
qu’au lendemain des événements de<br />
Paris l’éditeur de Houellebecq ait annoncé<br />
la suspension de sa tournée, les<br />
librairies ont affiché “Soumission” en<br />
pleine devanture. «C’est leur façon de<br />
faire écho au slogan désormais soutenu<br />
par des dizaines de milliers de manifestants<br />
à travers la France: ‘Nous sommes<br />
tous Charlie Hebdo’”. J’ajouterais<br />
que c’est aussi le moyen de faire de<br />
l’argent en profitant d’une publicité<br />
inespérée et en disséminant des livres<br />
baignant dans la haine, tout comme les<br />
sociétés pharmaceutiques et de tabac<br />
remplissent leurs coffres en vendant<br />
même des produits dangereux pour la<br />
santé physique du public.<br />
Faut-il alors s’étonner face au<br />
désarroi de la population, qui perd toute<br />
notion de cause à effet et se trouve confrontée<br />
à des événements dont elle ne<br />
comprend ni la cause ni le mécanisme?<br />
Et qui alors ne fait que répéter les messages<br />
et clichés distillés dans les médias.<br />
Fameux pour leurs slogans forts,<br />
les anarchistes athéniens écrivent sur<br />
les murs du berceau de la démocratie:<br />
“La police vous parle à travers les bulletins<br />
d’info”.<br />
Ce manque de conscience historico-politique<br />
est le fruit d’un apoliticisme<br />
cultivé dès l’école et dans les<br />
médias, couplé à une culture de la<br />
peur – renforcée par la militarisation<br />
décidée par les pouvoirs publics et le<br />
langage de sécurisation, alertes vigipirate<br />
orange, rouge, rouge écarlate,<br />
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Vol. 8 • No. 29 • du <strong>28</strong> janvier au 3 février <strong>2015</strong><br />
<strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times<br />
13
Perspectives<br />
Washington se révolte contre Obama !<br />
Par Thierry Meyssan<br />
La crise qui traverse l’appareil d’État<br />
états-unien menace directement la<br />
survie de l’Empire. Ce n’est désormais<br />
plus simplement l’avis de Thierry<br />
Meyssan, mais le sujet qui fait trembler<br />
la classe dirigeante à Washington<br />
au point que le président honoraire<br />
du Council on Foreign Relations<br />
réclame la démission des principaux<br />
conseillers du président Obama et la<br />
nomination d’une nouvelle équipe. Ce<br />
conflit n’a rien à voir avec l’opposition<br />
démocrates/républicains, ni même<br />
avec celle des colombes/faucons. Ce<br />
qui est en cause, c’est le leadership<br />
aux États-Unis et à l’Otan.<br />
Depuis plusieurs mois, je souligne<br />
qu’il n’y a plus de politique<br />
étrangère à Washington, mais deux<br />
factions qui s’opposent en toutes choses<br />
et conduisent séparément des politiques<br />
contradictoires et incompatibles<br />
[1].<br />
Le paroxysme de cette situation<br />
a été atteint en Syrie où la Maison-<br />
Blanche a d’abord organisé la mue<br />
de Daesh et l’a envoyé nettoyer ethniquement<br />
l’Irak, puis l’a combattu<br />
alors même que la CIA continue de le<br />
soutenir. Cette incohérence a progressivement<br />
gagné les Alliés. Ainsi, la<br />
France s’est-elle jointe à la coalition<br />
anti-Daesh alors que certains de ses légionnaires<br />
font partie de l’encadrement<br />
de Daesh [2]. Lorsque le secrétaire<br />
à la Défense, Chuck Hagel, a<br />
demandé une clarification écrite, non<br />
seulement il n’a pas reçu de réponse,<br />
mais il a été renvoyé [3].<br />
Le désordre s’est bientôt<br />
étendu à l’Otan, une alliance créée pour<br />
combattre l’URSS et maintenue contre<br />
la Russie, lorsque le président turc,<br />
Recep Tayyip Erdoğan, a signé de gigantesques<br />
accords économiques avec<br />
Vladimir Poutine [4].<br />
Sortant de son silence, le<br />
président honoraire du Council on Foreign<br />
Relations [5], Leslie H. Gelb, a<br />
tiré la sonnette d’alarme [6]. Selon lui,<br />
« l’équipe Obama n’a pas les instincts<br />
de base et le jugement nécessaires pour<br />
conduire la politique de sécurité nationale<br />
dans les deux prochaines années<br />
». Et de poursuivre, au nom de<br />
la classe dirigeante états-unienne dans<br />
son ensemble : « Le président Obama<br />
doit remplacer son équipe par des personnalités<br />
fortes et des stratèges expérimentés.<br />
Il doit également placer de<br />
nouvelles personnes comme conseillers<br />
principaux des secrétaires à la Défense<br />
et d’État. Et il doit enfin mettre en place<br />
des consultations régulières avec Bob<br />
Corker, le président de la Commission<br />
des relations étrangères, et John Mc-<br />
Cain [7], le président de la Commission<br />
des Forces armées. »<br />
Jamais depuis sa création, en<br />
1921, le Council on Foreign Relations<br />
n’avait pris une telle position. C’est que<br />
les divisions au sein de l’appareil d’État<br />
conduisent directement les États-Unis à<br />
leur perte.<br />
Énumérant les principaux conseillers<br />
qui, selon lui, doivent partir, M.<br />
Gelb cite quatre personnes très proches<br />
intellectuellement et affectivement du<br />
président : Susan Rice (conseillère de<br />
sécurité nationale), Dennis McDonough<br />
(directeur de cabinet de la Maison-<br />
Blanche), Benjamin Rhodes (chargé<br />
de communication) et Valérie Jarrett<br />
(conseillère de politique étrangère). La<br />
classe dirigeante à Washington leur reproche<br />
de ne jamais faire de propositions<br />
originales au président, et encore<br />
moins de le contredire, mais de toujours<br />
le conforter dans ses préjugés.<br />
Seule personnalité à trouver<br />
grâce aux yeux du Council on Foreign<br />
Relations, Anthony Blinken, nouveau<br />
n°2 du secrétariat d’État, un « faucon<br />
libéral ».<br />
Le Council on Foreign Relations<br />
étant un organe bipartisan, M. Gelb propose<br />
que le président Obama s’entoure<br />
de quatre démocrates et de quatre républicains<br />
correspondant au profil qu’il<br />
a décrit. D’abord les démocrates Thomas<br />
Pickering (ancien ambassadeur aux<br />
Nations unies), Winston Lord (ancien<br />
assistant d’Henry Kissinger), Frank<br />
Wisner (officieusement un des patrons<br />
de la CIA et accessoirement le beaupère<br />
de Nicolas Sarkozy) et Michèle<br />
Flournoy (la présidente du Center for a<br />
New American Security) [8]. Puis, les<br />
républicains Robert Zoellick (ancien patron<br />
de la Banque mondiale) [9], Richard<br />
Armitage (ancien assistant de Colin<br />
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Le cabinet de Barack Obama © SS&SS<br />
Powell) [10], Robert Kimmitt (probable<br />
prochain patron de la Banque mondiale),<br />
et Richard Burt (ancien négociateur<br />
sur la réduction des armes nucléaires).<br />
Au secrétariat à la Défense, M.<br />
Gelb propose le rabbin Dov Zakheim<br />
pour gérer les réductions budgétaires<br />
[11], l’amiral Mike Mullen (ancien chef<br />
d’état-major interarmes) et le général<br />
Jack Keane (ancien chef d’état-major<br />
de l’Armée de Terre). E n f i n ,<br />
M. Gelb propose que la stratégie de<br />
sécurité nationale soit élaborée en concertation<br />
avec quatre « sages » : Henry<br />
Kissinger [12], Brent Scowcroft, Zbigniew<br />
Brzezinski [13], et James Baker<br />
[14].<br />
En examinant de plus près cette<br />
liste, on comprend que le Council on<br />
Foreign Relations n’a pas souhaité<br />
trancher entre les deux groupes qui<br />
s’opposent au sein de l’administration<br />
Obama, mais qu’il entend remettre de<br />
l’ordre dans le système par en haut.<br />
À ce sujet, il n’est pas indifférent dans<br />
un pays jusqu’ici dirigé par des WASPs<br />
(White Anglo-Saxon Protestant) de<br />
constater que deux des conseillers dont<br />
on exige le renvoi sont des femmes<br />
noires, tandis que quatorze des quinze<br />
noms entrants sont des mâles blancs,<br />
soit protestants, soit ashkénazes. La remise<br />
en ordre politique est donc aussi<br />
une reprise en main ethnique et religieuse.<br />
Notes<br />
[1] Lire par exemple : « Obama<br />
a-t-il encore une politique militaire ? »,<br />
par Thierry Meyssan, Réseau Voltaire,<br />
1er décembre 2014.<br />
[2] « D’"anciens" militaires français<br />
parmi les jihadistes de Daesh », Réseau<br />
Voltaire, 21 janvier <strong>2015</strong>.<br />
[3] « Contre qui le Pentagone se<br />
bat-il en Syrie ? », Réseau Voltaire, 1er<br />
novembre 2014.<br />
[4] « Comment Vladimir<br />
Suite à la page (19)<br />
<strong>2015</strong> et la marée montante<br />
des guerres !<br />
Par Bill Van Auken<br />
Dans son discours mardi soir, sur<br />
l’état de l’Union, le président<br />
Barack Obama a affirmé qu’après une<br />
décennie et demi du nouveau siècle, les<br />
Etats-Unis ont « tourné la page » sur<br />
13 années de guerre ininterrompue, et<br />
qu’ils ont appris les « coûteuses leçons<br />
» de leurs interventions en Irak et en<br />
Afghanistan.<br />
Cette déclaration a aussi peu<br />
à voir avec la réalité que ses affirmations<br />
délirantes et mensongères que<br />
l’« ombre de la crise est passée » pour<br />
l’économie américaine, que grâce à son<br />
« industrie en pleine effervescence »,<br />
l’Amérique est « sortie de la récession<br />
» avec une « reprise » touchant de «<br />
plus en plus de vies » et des salaires<br />
« enregistrant finalement une nouvelle<br />
hausse. »<br />
Les affirmations surannées<br />
d’Obama sur le reflux de la guerre<br />
furent démenties par son propre discours.<br />
Il a sommé le Congrès de lui accorder<br />
une autorisation illimitée pour<br />
l'usage de la force militaire (Authorization<br />
for Use of Military Force, AUMF)<br />
couvrant la nouvelle guerre que la Maison<br />
Blanche a lancée il y cinq mois en<br />
Irak et en Syrie.<br />
Le président a fait la remarque<br />
douteuse que les services de renseignement<br />
américains ne pratiquaient plus<br />
la torture, alors même que les tortionnaires<br />
qui ont agi sous le gouvernement<br />
Bush s’étaient vus garantir une<br />
totale impunité. Aussitôt après, il s'est<br />
vanté de son utilisation « correctement<br />
encadrée » des frappes de drone, basées<br />
sur des « listes de mort » établies lors de<br />
réunions à la Maison Blanche, connues<br />
sous le nom de « mardis de la terreur ».<br />
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Le président Barack Obama<br />
Une récente analyse de ces assassinats<br />
ciblés a montré qu’au cours de tentatives<br />
de meurtre visant 41 individus<br />
au Pakistan, les drones américains ont<br />
massacré 1.147 personnes.<br />
Reprenant les thèmes de son<br />
prédécesseur, George W. Bush, l’ancien<br />
champion « de l’espoir et du changement<br />
» a déclaré : « Nous continuerons<br />
de traquer les terroristes et de démanteler<br />
leurs réseaux, et nous nous réservons<br />
le droit d’agir unilatéralement<br />
comme nous l’avons fait sans relâche<br />
depuis que j’ai pris mes fonctions pour<br />
débusquer les terroristes qui constituent<br />
une menace directe pour nous et nos<br />
alliés. » En clair, l’impérialisme américain<br />
s’arroge toujours le droit d'attaquer<br />
n'importe qui, n’importe où dans le<br />
monde, peu importe la loi !<br />
Une des toutes premières paroles<br />
d'Obama – que « pour la première fois<br />
depuis le 11 Septembre, notre combat<br />
en Afghanistan est terminé » – étaient<br />
un mensonge. Avec près de 15.000<br />
hommes dans le pays, les forces américaines<br />
effectuent toujours des descentes<br />
pour liquider des adversaires du régime<br />
pro-américain à Kaboul. Le haut commandant<br />
américain en Afghanistan a<br />
annoncé qu’il gardait en réserve la possibilité<br />
de « prolonger la mission » des<br />
forces d’occupation américaines.<br />
Vu la situation mondiale,<br />
l’affirmation d’Obama qu'il tourne la<br />
page signifie non pas une avancée vers<br />
une nouvelle ère de paix, mais plutôt<br />
une régression vers les tensions mondiales<br />
qui ont plongé l’humanité dans<br />
une guerre mondiale cataclysmique il y<br />
a un siècle. Sur presque tous les continents,<br />
l’impérialisme américain lance<br />
des interventions militaires qui risquent<br />
de déclencher une nouvelle guerre<br />
mondiale. Les premières semaines de<br />
<strong>2015</strong> n'ont fait qu'intensifier ces menaces.<br />
Alors que des combats reprennent<br />
en Ukraine orientale entre le régime<br />
pro-américain à Kiev et ses adversaires<br />
pro-russes, le Pentagone a<br />
annoncé l’envoi de troupes en Ukraine<br />
pour former et conseiller la nouvelle<br />
Garde nationale, une force dominée par<br />
les milices fascistes. Obama a rejeté les<br />
propositions de la Russie en vue d’un<br />
règlement pacifique de ce conflit qui,<br />
depuis avril, a coûté la vie à près 5.000<br />
personnes, les qualifiant de « plan<br />
d’occupation russe. »<br />
Dans son discours, Obama s’est<br />
réjoui des ravages produits en Russie<br />
par les sanctions imposées par les<br />
Etats-Unis, l’Union européenne et<br />
l’OTAN. Il s'est félicité du fait que « la<br />
Russie est isolée et son économie est<br />
en lambeaux. » Washington est résolu<br />
que la guerre doit continuer en Ukraine<br />
afin d’infliger une défaite géopolitique<br />
décisive à la Russie. Ils voient en cela<br />
une étape clé dans le but d’asseoir leur<br />
hégémonie sur le continent eurasien<br />
– même au risque de déclencher une<br />
guerre nucléaire.<br />
En Asie, l’impérialisme américain attise<br />
délibérément les tensions avec la<br />
Suite à la page (19)<br />
14 <strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times<br />
Vol. 8 • No. 29 • du <strong>28</strong> janvier au 3 février <strong>2015</strong>
Suite de la page (6)<br />
tounen yon jiwèt.<br />
Malgre sa, misyon enperyalis la<br />
ak oligachi lokal la bay Martelly pou<br />
l egzekite a panko fini. Martelly gen<br />
pou l kreye kondisyon legal pou miltinasyonal<br />
yo ansanm ak lòt gwo antrepriz<br />
nasyonal kou etranje yo piye<br />
richès peyi a, eksplwate fòs kouraj<br />
travayè yo pou granmesi, fè dappiyanp<br />
sou tè peyizan ak sou ti lajan pèp la<br />
nan vann yo machandiz ak sèvis byen<br />
chè. Pou sa, fòk Martelly voye jete<br />
Konstitisyon 1987 la epi vini ak fotokopi<br />
nouvo konstitisyon pisans etranje<br />
yo deja genyen nan valiz yo, tankou sa<br />
te fèt an 1918, nan tan premye okipasyon<br />
meriken.<br />
Si ti pwojè rakèt pa reyisi andyoze<br />
sifizàmman konsyans politik mas yo,<br />
si pa gen ase divizyon nan mitan aktè<br />
Suite de la page (3 )<br />
découvrent sans aucune auto critique<br />
qu’ils pouvaient rejoindre le Président<br />
Martelly sur la base des accords dénoncés<br />
d’ailleurs par la majorité des autres<br />
partis politiques de l’opposition et des<br />
organismes de la Société civile. Mais le<br />
plus incompréhensible dans ce revirement<br />
à 180 degrés en dehors de deux ou<br />
trois postes importants, ces partis n’ont<br />
pas obtenu ce qu’ils espéraient. Certes,<br />
l’on sait aujourd’hui que l’ex-Président<br />
René Préval est l’une des têtes pensantes<br />
ayant négocié avec le Président Martelly<br />
la place de Inite au gouvernement de facto,<br />
entre autres, le poste du ministre de<br />
l’Intérieur et des Collectivités Territoriales.<br />
Mais ce partage inégal du gâteau<br />
pose problème dans la mesure où le gouvernement<br />
de facto de Evans Paul n’est<br />
en fait que de nom. Puisque l’on a assisté<br />
à une prolongation du gouvernement de<br />
l’ex-Premier ministre Laurent Lamothe.<br />
Ce gouvernement est tout sauf de consensus<br />
selon la quasi-totalité des leaders<br />
politiques qui ont signé l’Accord du 11<br />
janvier <strong>2015</strong> au Kinam. D’ailleurs, même<br />
les partis qui en sont membres contestent<br />
ce qualificatif, préférant parler de gouvernement<br />
d’ouverture. En effet, personne<br />
ne peut dire que l’actuel cabinet ministériel<br />
qui compte 20 ministres et 17 Secrétaires<br />
d’Etat, dont plus de ¾ sont des<br />
ministres reconduits en plus des membres<br />
qui ont été ministres du gouvernement<br />
de Lamothe 1 ou responsables au Palais<br />
national ou connus pour être des proches<br />
du chef de l’Etat, est différent des deux<br />
gouvernements précédents. Aujourd’hui,<br />
il n’y a pas de gouvernement d’Evans<br />
Paul. Tout au plus un Cabinet ministériel<br />
dont K-Plim n’est autre qu’un Secrétaire<br />
général. Un gouvernement dans ce contexte<br />
dont la quasi-totalité de ses membres<br />
relève directement de la présidence<br />
de la République avec un pouvoir sans<br />
partage ni contre-pouvoir n’aura aucun<br />
égard pour celui qui se croit être le premier<br />
d’entre eux.<br />
Justement quid du Premier ministre<br />
Evans Paul ? Il ne serait pas vain<br />
d’essayer de cerner ce qui a poussé Evans<br />
Paul à devenir un Premier ministre<br />
de facto. L’on ne renie pas du jour au<br />
lendemain sa famille politique, ses compagnons<br />
de route sans raison. Il faut être<br />
motivé soit par quelque chose, soit pour<br />
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Lapolis ak atoufè pouvwa a ap genyen<br />
pou ogmante nivo represyon an kont<br />
mas popilè yo. Kidonk konplo ak koudeta<br />
antidemokratik enperyalis la ak<br />
gouvènman Martelly a ap deplòtonnen<br />
kont pèp ayisyen an e kont nasyon an<br />
pral kontinye vanse ak lòt vitès.<br />
Sitwayen ak sitwayèn peyi d Ayiti,<br />
sitiyasyon an vrèman kritik, men lit<br />
la dwe kontinye!<br />
Lit mas yo dwe kontinye kont<br />
vòl ak koripsyon nan Leta a ki vin<br />
anvlimen pi plis sitiyasyon moun ki pi<br />
pòv yo epi ogmante dèt peyi a nan fè<br />
gaspiyaj ak gagòt. Nou dwe goumen<br />
pou bon jan ankèt fèt sou lajan Petwo<br />
Karibe ak lajan Fon Nasyonal pou ledikasyon<br />
an. Fòk nou fòse Lakou Siperyè<br />
Kont fè travay li kòmsadwa sou jesyon<br />
quelque chose. L’on ne renie pas ce que<br />
l’on est et a toujours été sans qu’il y est<br />
une bonne raison. La première question<br />
qu’on se pose, c’est où se situe politiquement<br />
K-Plim ? Depuis toujours, un<br />
flou existe sur la cas de cet ancien militant<br />
politique, sur son positionnement<br />
idéologique. Sur cette sorte de « trou noir<br />
» K-Plim qui, paraît-il, est respecté par<br />
tout le monde dans le pays, surfe sur une<br />
ambiguïté idéologique. Cette situation<br />
devient possible grâce à cet espace politique<br />
dans lequel la confusion règne. Il<br />
ne fait pas de doute, K-Plim est un vieux,<br />
très vieux militant pour la cause de la<br />
démocratie et de la liberté en Haïti. Il a été<br />
victime à maintes fois des forfaits des régimes<br />
dictatoriaux et sanguinaires. Certains<br />
diraient qu’il n’a pas toujours été du<br />
bon côté et parfois se trompe d’ennemis<br />
et de cibles.<br />
Néanmoins, Evans Paul fait partie<br />
du camp des démocrates, en tout cas<br />
pour certains, jusqu’à sa participation<br />
dans l’administration du Président Martelly<br />
à titre de Premier ministre de facto.<br />
Au début de la Présidence Martelly, il a<br />
été membre de l’opposition et pestait<br />
comme tout le monde de cette manie<br />
du pouvoir exécutif haïtien à communiquer<br />
en pleine nuit. K-Plim a été l’un des<br />
premiers leaders politiques à critiquer ce<br />
qu’il a l’habitude d’appeler les gouvernements<br />
« chanpwèl » qui prenaient un<br />
malin plaisir à annoncer les grandes décisions<br />
du gouvernement ou du pouvoir<br />
aux environs de minuit, sinon au moment<br />
où la population est déjà au lit. Or<br />
il se trouve que c’est K-Plim, comme un<br />
singulier retour de l’histoire, qui se met à<br />
fonctionner comme des chauves-souris.<br />
Tout se passe comme si le Premier ministre<br />
de facto sait qu’il a quelque chose<br />
à cacher donnant l’impression qu’il est<br />
conscient de son reniement des causes<br />
pour lesquelles il s’est tant battu. Quarante<br />
ans de vie politique qui partiront<br />
sans aucun doute dans la poubelle de<br />
l’histoire. Et pourquoi ?<br />
Le K-Plim respecté de ses pairs,<br />
adulé par une partie de la population<br />
pour ses combats antérieurs contre<br />
les dictatures, choyé par certains pays<br />
étrangers qui le considèrent comme un<br />
symbole de résistance face aux pouvoirs<br />
autocratiques joue depuis le 25<br />
décembre 2014 dans la cour de ceux<br />
qu’il combattait dès son plus jeune âge.<br />
Quelle ironie de l’histoire que ce soit ce<br />
militant politique connu pour ses prises<br />
de position on ne peut plus louables en<br />
faveur des causes justes qui, aujourd’hui,<br />
s’apprête à prendre le même chemin que<br />
ses ennemis d’antan ? Nous ne sommes<br />
pas psychologues, on a du mal à cerner<br />
la personnalité de cette grande figure de<br />
la lutte pour la démocratie qui, volontairement,<br />
accepte de passer du rang de<br />
Evans Paul, K-Plim militant modeste à<br />
Premier ministre de facto juste pour un<br />
titre honorifique qui est déjà pour lui un<br />
fardeau qu’il s’apprête à traîner comme<br />
un boulet pour le restant de sa vie. Nous<br />
l’avons aussi souligné dans une de nos<br />
chroniques, mêmes ses anciens camarades<br />
de luttes, des anciens collègues<br />
des prisons ne le soutiennent pas dans<br />
cette aventure vouée à l’échec même s’il<br />
devait rester en fonction jusqu’aux élections.<br />
En s’accrochant désespérément<br />
à un poste de Premier ministre de facto<br />
où il ne pourra sauver la République<br />
comme il le prétend, politiquement, il ne<br />
rend service à personne ni à lui-même.<br />
Le Président Michel Martelly dont il devient<br />
le plus fidèle défenseur ne pourra<br />
non plus bénéficier de son prestige déjà<br />
terni pour sortir idem du malheur dans<br />
lequel il continue de s’enfoncer avec le<br />
pays. Pourtant, malgré les courbettes et<br />
les remerciements à n’en plus finir de Evans<br />
Paul à l’égard de l’ancien maestro de<br />
Sweet Micky et l’épouse de celui-ci pour<br />
l’avoir fait « chef » Premier ministre de<br />
facto, certains veulent croire que K-Plim<br />
peut encore s’en sortir pendant qu’il en<br />
est encore temps. Ces leaders politiques<br />
qui ont fréquenté K-Plim dans des circonstances<br />
plus honorables croient que celuici<br />
finira par prendre conscience du pétrin<br />
dans lequel il s’est fourré. Il est assez intelligent,<br />
pensent-ils, pour jeter l’éponge<br />
afin de sauver ce qui lui reste de dignité et<br />
de prestige. Mais d’autres se posent des<br />
questions sur le revirement de K-Plim.<br />
L’homme qui connaît mieux que<br />
quiconque le terrain politique haïtien<br />
pour avoir été un leader radical du paysage<br />
politique au contraire d’un Michel<br />
Martelly, pourquoi vient-il s’emparer<br />
d’une patate chaude sans lendemain et<br />
décharger le Président de la République<br />
de ses erreurs ? Est-ce par intérêt personnel<br />
? A-t-il souhaité rattraper le temps<br />
perdu ? Enfin, l’ancien leader OP chercherait-il<br />
à préparer une retraite confortable<br />
en voyant le temps se profiler devant lui<br />
? Bien des interrogations sur cet éternel<br />
opposant qui a décidé de prendre le<br />
dernier train Martelly sans savoir dans<br />
quelle direction il se dirige. Le rôle de conciliateur<br />
et de sauveur de la patrie, à la<br />
lumière de Nelson Mandela que prétend<br />
jouer K-Plim en venant donner un coup<br />
de pouce à un pouvoir au bord de la faillite<br />
ne convainc pas grand monde. Même<br />
pas ses anciens partenaires politiques<br />
d’hier et d’aujourd’hui. Cette mission<br />
impossible ressemble plus à une opération<br />
de survie politique si ce n’est de survie<br />
tout court. En tout cas, quelque soit<br />
l’explication que peut donner l’ensemble<br />
des dirigeants politiques qui ont pris part<br />
avec l’ancien Président de la Convention<br />
Unité Démocratique ou Konvansyon<br />
Inite Demokratik (KID), Evans Paul devenu<br />
Premier ministre d’un gouvernement<br />
de facto d’un régime totalement<br />
discrédité et en fin de vie, personne ne<br />
comprendra leur saut dans l’inconnu qui<br />
s’apparente davantage à une opération<br />
de suicide politique collectif. L’avenir<br />
nous le dira.<br />
C.C<br />
kès Leta a ak fonksyonnman administrasyon<br />
piblik la.<br />
Lit mas yo dwe kontinye pou<br />
peyi a rive òganize nan bon kondisyon<br />
eleksyon jeneral antisipe ki pa anba<br />
kontwòl pouvwa a ni anba lòd kominote<br />
entènasyonal la. Kote souvrènte<br />
popilè a ka eksprime l epi vòt pèp la<br />
respekte.<br />
Lit mas yo dwe kontinye kont<br />
volonte pouvwa a ak kèk pisans etranje<br />
pou amande konstitisyon 1987 la san<br />
respè pyès prensip ki anndan konstitisyon<br />
an. Sa y ap rapouswiv se fè pèp<br />
ayisyen an pèdi tout konkèt demokratik<br />
li te fè nan mouvman 1986 yo epi fè<br />
peyi a tounen yon savann kote yo ka fè<br />
ak defè jan yo vle.<br />
Lit mas yo dwe kontinye nan<br />
mete kanpe Komite Vijilans Patriyotik<br />
nan katye yo, nan vil yo ak nan<br />
seksyon kominal yo, pou batay kont<br />
tout fòm gwo ponyèt, abi, enjistis ak<br />
krazezo gouvènman Martelly/K-Plim/<br />
Defakto a. Se konsa n ap rive pwoteje<br />
an granmoun divès espas peyi a ak tout<br />
richès ki gen ladan yo.<br />
An nou angaje nou pou mete<br />
kanpe yon « Fwon politik pou di NON<br />
» kont tout fòm pouvwa defakto, kont<br />
titèl-okipasyon ekonomik, politik, sosyal<br />
ak ideyolojik pisans etranje yo mete<br />
sou peyi a.<br />
Objektif tout lit sa yo se rive<br />
konstwi ansanm yon pwojè politik<br />
altènatif ki ranmase enterè tout Ayisyèn<br />
ak tout Ayisyen. Yon pwojè politik<br />
altènatif k ap pèmèt peyi a reprann<br />
DÉCÈS<br />
dwa grandèt majè li. Yon pwojè politik<br />
altènatif ki chita sou yon modèl devlopman<br />
fòs pwodiktiv yo ki respekte<br />
lanati, ki respekte dwa moun epi k ap<br />
fè kreyasyon ak redistribisyon richès<br />
nasyonal yo san fòs kote.<br />
Pòtoprens, 20 janvye <strong>2015</strong><br />
Pati ak òganizasyon politik ki<br />
siyen pozisyon sa a:<br />
Junot Felix / Aksyon pou Konstwi<br />
yon Ayiti Òganize - AKAO ; John Blot /<br />
Ayiti Djanm ; Ernst Mathurin / Gwoup<br />
Refleksyon Moïse Louverture – GRML<br />
; Fritz Pérard / Komite Rezistans Popilè<br />
Benoit Batraville - KRPBB ; Marc Arthur<br />
Fils Aimé / Pati Rasin Kan Pèp la<br />
AlterPresse 20 janvye <strong>2015</strong><br />
Nous annonçons la nouvelle de la mort de Madame Marie Yvonne Cyriac survenue à<br />
lʼâge de 97 ans à Berth Israel Hospital le lundi 19 <strong>Janvier</strong> <strong>2015</strong><br />
après une brève défaillance de santé.<br />
Née à Port-au Prince le 7 Mai de lʼannée 1917, Marie Yvonne y a grandi, pour<br />
devenir une femme de talent qui a excellé dans la cuisine jusquʼà entrainer dans lʼart<br />
cullinaire nombre de nos femmes dans la pratique de ce noble métier qui leur ont fait<br />
hautement gagner leur vie dans ce pays.<br />
Madame Yvrose , femme joviale, dʼune beauté attrayante, honnête et respectueuse,<br />
nʼest pas partie sans laisser derrière elle une famille nombreuse qui a rempli son coeur<br />
de complaisance retrouvée dans ses nombreux enfants et petits enfants dont 13 qui lʼont<br />
tellement comblée; vrai bouquet de fleurs fait de: Rose Marie Philippe, son époux, leurs<br />
enfants et petits enfants; Marie Marthe Dufresne, ses enfants et petits enfants; des<br />
neveux et nièces dont Raymonde Francois, Robert, Michel, Jean, Anne Marie et Véronique<br />
Antoine; tout comme les parents ainsi que les nombreux amies-is qui ont jalonné sa vie.<br />
Fervente chrétienne catholique, elle a finalement fait le grand voyage pour rencontrer<br />
son Dieu, satisfaite dʼavoir servi de bon exemple au milieu de son monde.<br />
La dépouille mortelle de Madame Marie Yvrose Cyriac sera exposée le Vendredi 30<br />
<strong>Janvier</strong> en cours, de 4h à 9 h P.M, à Toregrossa Funeral Home 2265 Flatbush. Ses<br />
funérailles vont être chantées en lʼEglise Saint Jérôme, coin de Nostrand et New-Kirk<br />
Avenues; puis, la mise en terre au Cyprès Cemetery, à Brooklyn, NY.<br />
Paix à son âme !<br />
Anons lanmò Hermann Moss!<br />
Doulè anvayi kè nou.Dlo plen je nou. Se avèk anpil lapenn n ap anonse<br />
lanmò yon gran patriyòt pwogresis, yon militan dwa moun, yon gason<br />
vanyan ki goumen tout vi li pou lit pèp la vanse, kanmarad nou Herman<br />
Moss (TiMàn) ki kite nou vandredi 23 janvye a 7:30 nan maten nan<br />
Lopital Brookdale nan Brooklyn. Li te gen 62 lane. Kanmarad la te lite<br />
anpil pandan dèzane pou l kanpe Konpè Lanmò lwen; sanble li te fè<br />
gran mye nan dènye mwa yo. Men…<br />
TiMàn te yon militan ak konviksyon e detèminasyon, ki pa t fè bak<br />
devan kikonk ak sakrifis nan batay pou l te ede pèp Ayisyen an batay<br />
pou Libète. Nan Monreyal li te nan gwoup Zenglen nan ane 70 yo; apre<br />
sa, li t al fonde Drapo Wouj nan fen 70 yo, de òganizasyon ki te ankre<br />
nan mouvman patriyotik la.<br />
Li te fè tout preparasyon nesesè anvan l al kapote an Ayiti nan fen lane<br />
80 yo pou l al ede dechouke rejim Divalye a. Li t al kanpe sou teren an<br />
ankò apre koudeta 1991 la pou l te goumen kont lame ak makout yo:<br />
li te kont retou Aristid ak lame Meriken an. Li te vle se ak fòs pèp la pou<br />
l tounen.<br />
Ou p ap janm ka bliye l, si ou te rankontre l, si ou te tande l nan radyo<br />
k ap di : Se pou nou met gason sou nou pou n al kraze leta gangstè,<br />
bandi, kowonpi k ap dirije Ayiti a. Se yon jenerasyon militan ki pèdi yon<br />
manm li. Li mouri, men l ap viv nan lit k ap kontinye an Ayiti kounye a<br />
pou souverènte ak liberasyon Ayiti ak mas popilè yo.<br />
N ap voye yon kondoleyans espesyal bay madanm li Monique Fanfan<br />
Moss: lanmou san kondisyon li te ba li a, se gwo remèd ki te fè<br />
l viv pi long.<br />
N ap salye pitit li Stephanie Claire Moss, Akisha Berette Moss, Faradia<br />
Berette Moss.<br />
Frè l Enjenyè Edgar Moss ak fanmi l. Sè l Shirley Moss ak fanmi l. Neve<br />
ak nyès: Michael Shaw, Christian Moss, Frederick Moss, Dominique<br />
Moss. Monnonk li Garmanuel Arty ak fanmi l. Kouzen ak kouzin li Ketty<br />
Smith, Denise Edmond, Fernand Arty, Gontrand Arty, Raymond Augustin,<br />
Irma Augustin, Enjenyè Reynold Augustin, Irmide Augustin ak fanmi<br />
yo. Mme Ela Leroy ak fiy li Ruth Leroy ak fanmi yo. Bòfrè ak Bèlsè l:<br />
Mme Evelyne Fanfan, Jean-Robert Fanfan, Dr. Joseph Fanfan, Dr Paule<br />
Marie Fanfan, Enjenyè Lesly Fanfan, Dr. Elsy Fanfan,<br />
Dr. Michelle Fanfan ak fanmi yo.<br />
Y ap fè ekspozisyon an Vandredi 30 Janvye <strong>2015</strong> sòti 4 è pou 9 è<br />
nan aswè nan Caribe Funeral Home, 1922 Utica Avenue, Brooklyn,<br />
NY 11234, Tel.: (718) 444-1818.<br />
Sèvis finèb: Samdi 31 Janvye <strong>2015</strong> a 9è nan maten nan<br />
Caribe Funeral Home.<br />
Antèman: Samdi apre sèvis la nan Simityè Cypress Hills, 833<br />
Jamaica Ave, Brooklyn, NY 11208, Tel.: (718) 235-6<strong>28</strong>9. Fanmi an<br />
ap anonse pi devan ki kote y ap fè resepsyon an.<br />
Mèsi anpil!<br />
Vol. 8 • No. 29 • du <strong>28</strong> janvier au 3 février <strong>2015</strong><br />
<strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times<br />
15
Suite de la page (13)<br />
etc – et un individualisme qui a relégué<br />
toute solidarité à de très brefs moments<br />
comme celui de dimanche dernier à<br />
Paris. Pas besoin d’une manifestationspectacle<br />
qui sera aussi vite oubliée<br />
qu’une mode passagère, ni d’acheter<br />
un des trois millions d’exemplaires de<br />
Charlie Hebdo dont le tirage normal est<br />
de 60.000 – aspects tout à fait superficiels.<br />
C’est un long travail d’éducation<br />
et d’introspection qui est demandé aux<br />
citoyens de bonne volonté, afin ne<br />
plus etre surpris mais de voir plus clair<br />
et dépasser ce raisonnement simpliste<br />
exemplifié par ce jeune couple belge<br />
qui avait décidé d’aller à Paris ce 11<br />
janvier: “Nous étions anéantis par les<br />
meurtres, nous avions peur aussi. Il y<br />
a des moments dans la vie où on doit<br />
s’exprimer, et lutter”.<br />
Il faut aussi éviter une polarisation<br />
vers un autre côté tout aussi simpliste,<br />
produit du lavage de cerveau du<br />
système tel que représenté par cette<br />
enseignante française qui vitupère<br />
sur l’internet contre les immigrés musulmans<br />
qui viendraient de “pays de<br />
singes, pays de merde, pays à la con”:<br />
“Et vous comptez importer toute votre<br />
merde chez nous?”<br />
De tout temps, de par le monde<br />
entier, les sociétés ont été brassées et<br />
ainsi évolué. L’anthropologue français<br />
Charles Gardou affirme que “nul n’a<br />
l’exclusivité du patrimoine humain et<br />
social”. Il parle d’une “société inclusive”<br />
dont la caractéristique essentielle<br />
serait “d’offrir le droit de cité à<br />
tous ceux qui viennent au monde [...]<br />
Chacun a le droit d’être différent et<br />
d’habiter avec les autres”. Une autre<br />
caractéristique de cette société serait<br />
d’organiser “des institutions qui ne<br />
donnent pas l’occasion aux citoyens<br />
de se sentir humiliés ou d’en humilier<br />
d’autres”.<br />
Soit dit en passant, l’hypocrisie<br />
et la désinformation font partie d’un<br />
même ensemble visant en fin de<br />
compte à l’exploitation et la soumission<br />
de l’être humain. Ainsi, tout pareil<br />
est le message de Diana Filippova, une<br />
représentante de la jeune génération<br />
de travailleurs, dans une “Lettre ouverte<br />
aux élus, dirigeants, syndicats,<br />
philosophes, économistes et tous les<br />
autres”, où elle dénonce la fausseté des<br />
dirigeants et énumère la longue série<br />
d’atteintes au bien-être et à la dignité<br />
humaine, non pas cette fois sur le plan<br />
politique mais économique. Incidemment,<br />
cette même indignation pourrait<br />
s’élever contre les décideurs nationaux<br />
et internationaux de la Grèce en<br />
crise. “Vous dites que le travail est la<br />
clef de notre épanouissement et du<br />
vivre-ensemble. Nous ne parvenons<br />
pas à trouver le moindre signe de bonheur<br />
dans l’enchaînement des tâches<br />
répétitives, la pression hiérarchique et<br />
l’insécurité psychologique latente [...]<br />
Aujourd’hui, votre discours a perdu le<br />
ton enjoué du siècle dernier et s’est<br />
teinté d’intonations culpabilisantes,<br />
moralisatrices, prescriptrices. Il faut<br />
travailler à tout prix, dites-vous, car<br />
l’effort mène au salut psychologique<br />
et social tandis que l’inactivité condamne<br />
notre société à l’assistanat<br />
permanent [...] Votre voix devient<br />
rauque lorsque vous nous rappelez<br />
publiquement que nous devons purger<br />
notre dette à l’égard de la société et<br />
de l’Etat – dette originelle dont nous<br />
avons hérité dès notre naissance [...]<br />
Votre jeu est vieux comme le monde et<br />
il est si simple d’y voir clair: la moralisation<br />
du travail est – et a toujours<br />
été – le meilleur instrument de contrôle<br />
physique, psychologique et social<br />
des hommes. Vous vantez l’effort<br />
dans la tradition judéo-chrétienne:<br />
l’effort soigne la paresse, détourne<br />
des tentations et enseigne l’humilité.<br />
L’érection du plein emploi en objectif<br />
millénaire vous permet de rationaliser<br />
le déséquilibre des rapports de force<br />
entre employeur et employé, tout en<br />
fournissant un formalisme juridique<br />
à l’aliénation des moyens de production.<br />
[...] Arrêtez votre cinéma, car<br />
nous ne croyons plus à vos discours<br />
et vous dénions toute autorité morale<br />
[... La valeur purement économique<br />
du travail n’a jamais autant stagné,<br />
ravivant des inégalités que les sociétés<br />
occidentales n’ont pas connues depuis<br />
le début du siècle dernier. Aujourd’hui,<br />
nous avons besoin de vous pour définir<br />
un système satisfaisant de valorisation<br />
de notre production, car si le<br />
travail n’est pas notre seul salut, il est<br />
encore notre principal gagne-pain”.<br />
Ainsi, il y a des lueurs. Certains<br />
se rendent compte qu’on est solidaire<br />
sur la planète, et que ce qui arrive aux<br />
autres finira par Nous toucher aussi,<br />
comme en Allemagne nazie par exemple<br />
où on a commencé par les juifs,<br />
puis les gitans, puis les communistes,<br />
et pour finir tout le monde y est passé<br />
dans une véritable boucherie humaine.<br />
Plusieurs voix s’élèvent – et<br />
pas les moindres juives – pour faire<br />
ces connexions, mais elles se font peu<br />
entendre dans le fracas des medias<br />
commerciaux.<br />
Dans un article intitulé, “Comment<br />
les politiques de Netanyahu<br />
alimentent l’antisémitisme”, Alon<br />
Ben-Meir professeur à la New York<br />
University et auteur et négociateur<br />
au Moyen-Orient, montre du doigt la<br />
clé du problème: “Il incombe tout particulièrement<br />
à Israël de faire la juste<br />
chose et cesser de jeter de l’huile sur le<br />
feu. “Ce n’est pas par pur hasard que<br />
le monde entier, y compris l’ami et allié<br />
le plus proche d’Israël – les États-<br />
Unis – rejette le plan de colonisation<br />
et la continuation de l’occupation, et<br />
ce n’est pas un hasard s’il y a des<br />
pics dans les incidents antisémites<br />
au niveau mondial chaque fois que le<br />
conflit israélo-palestinien s’embrase.<br />
“Netanyahu doit accepter le<br />
fait que l’occupation est l’une des<br />
causes principales (mais pas la<br />
source) derrière la hausse récente de<br />
l’antisémitisme. Au lieu de se concentrer<br />
sur la manière d’y mettre fin, il<br />
appelle les juifs français à immigrer en<br />
Israël où ils ‘deviendront les oppresseurs’<br />
des Palestiniens».<br />
Ben-Meir nous fait également<br />
remarquer que “80 fois plus<br />
d’Israéliens ont été tués en Israël par<br />
des kamikazes et actes de violence<br />
au cours des 20 dernières années que<br />
tous les Juifs tués par des terroristes<br />
en Europe sur la même période de<br />
temps”. Les tueries du Moyen-Orient<br />
et celles de Paris sont les deux faces<br />
de la même monnaie. Hollande voulait<br />
nous le faire oublier en dissociant ces<br />
événements.<br />
Dans un entretien à l’Humanité,<br />
un autre juif, Pierre Stambul de<br />
l’Union juive française pour la paix,<br />
nous montre la vraie face des personnages<br />
que j’ai cités en 1ère partie: “On<br />
a été horrifié par ces actes. Mais aussi<br />
choqué, dimanche, par le fait de voir<br />
défiler, à Paris, Benyamin Netanyahou,<br />
Avigdor Liberman [ministre des<br />
affaires étrangères] et Naftali Bennett<br />
[ministre de l’économie], trois criminels<br />
de guerre, qui auraient dû être<br />
jugés depuis longtemps par la Cour<br />
pénale internationale pour les crimes<br />
commis à Gaza. Dans la foulée, le<br />
même Netanyahou a dit aux juifs<br />
de France : « La seule solution pour<br />
vous, c’est de partir. » C’est insupportable.<br />
La question de l’antisémitisme<br />
en France n’a certes jamais été réglée.<br />
Mais appeler au départ des juifs de<br />
France vers Israël, c’est tenter de la<br />
régler sur le dos des Palestiniens, en<br />
allant coloniser encore un peu plus la<br />
Palestine”...<br />
Shlomo Sand confirme, lui aussi,<br />
ce que nous disions à propos de la politique<br />
française et en général occidentale<br />
au Moyen-Orient. Il commence<br />
par établir son “antipathie fondamentale<br />
envers les bases oppressives des<br />
trois grandes religions monothéistes<br />
occidentales”, et relève dans Charlie-<br />
Hebdo “une haine manipulatrice destinée<br />
à séduire davantage de lecteurs,<br />
évidemment non-musulmans. [...]<br />
Déjà, en 2006, j’avais perçu comme<br />
une pure provocation, le dessin de<br />
Mahomet coiffé d’un turban flanqué<br />
d’une grenade. Ce n’était pas tant une<br />
caricature contre les islamistes qu’une<br />
assimilation stupide de l’islam à la terreur<br />
; c’est comme si l’on identifiait le<br />
judaïsme avec l’argent !<br />
“On fait valoir que Charlie s’en<br />
prend, indistinctement, à toutes les<br />
religions, mais c’est un mensonge.<br />
Certes, il s’est moqué des chrétiens, et,<br />
parfois, des juifs ; toutefois, ni le journal<br />
danois, ni Charlie ne se seraient<br />
permis, et c’est heureux, de publier<br />
une caricature présentant le prophète<br />
Moïse, avec une kippa et des franges<br />
rituelles, sous la forme d’un usurier à<br />
l’air roublard, installé au coin d’une<br />
rue. Il est bon, en effet, que dans la<br />
civilisation appelée, de nos jours, «<br />
judéo-chrétienne », il ne soit plus possible<br />
de diffuser publiquement la haine<br />
antijuive, comme ce fut le cas dans un<br />
passé pas très éloigné. Je suis pour la<br />
liberté d’expression, tout en étant opposé<br />
à l’incitation raciste” (traduit de<br />
l’hébreu).<br />
De toute façon nous parlons<br />
d’une très illusoire liberté d’expression<br />
à la définition caméléonesque. J’ai<br />
des interlocuteurs aux Etats-Unis qui<br />
m’ont demandé il y a déjà longtemps<br />
de ne plus communiquer avec eux sur<br />
des sujets du Moyen-Orient car “on”<br />
écoute et ils craignent d’être mis sur<br />
des listes noires... Et je parle uniquement<br />
de commentaires et d’échange<br />
d’idées. Ces mêmes quatre partis belges<br />
qui trouvaient il y a quelques mois<br />
que Charlie Hebdo jetait de l’huile sur<br />
le feu se sont retrouvés à Paris pour<br />
protester contre cette atteinte à la liberté<br />
d’expression...<br />
Shlomo Sand établit ensuite<br />
clairement la responsabilité de ces<br />
malheureux événements. “Les dirigeants<br />
occidentaux, loin d’encourager<br />
les « voltairiens et les rousseauistes<br />
» au Moyen-Orient, apportent tout<br />
leur soutien aux régimes religieux les<br />
plus répressifs. [...] comment ne pas<br />
s’interroger sur le fait que, depuis plus<br />
d’un an, tant de soldats français sont<br />
présents en Afrique pour « combattre<br />
contre les djihadistes », alors même<br />
qu’aucun débat public sérieux n’a eu<br />
lieu en France sur l’utilité où les dommages<br />
de ces interventions militaires<br />
? Le gendarme colonialiste d’hier, qui<br />
porte une responsabilité incontestable<br />
dans l’héritage chaotique des frontières<br />
et des régimes, est aujourd’hui «<br />
rappelé » pour réinstaurer le « droit » à<br />
l’aide de sa force de gendarmerie néocoloniale.<br />
Avec le gendarme américain,<br />
responsable de l’énorme destruction<br />
en Irak, sans en avoir jamais émis<br />
le moindre regret, il participe aux bombardements<br />
des bases de « daesch ».<br />
Allié aux dirigeants saoudiens « éclairés<br />
», et à d’autres chauds partisans de<br />
la « liberté d’expression » au Moyen-<br />
Orient, il préserve les frontières du<br />
partage illogique qu’il a imposées, il y<br />
a un siècle, selon ses intérêts impérialistes.<br />
Il est appelé pour bombarder<br />
ceux qui menacent les précieux puits<br />
de pétrole dont il consomme le produit,<br />
sans comprendre que, ce faisant, il invite<br />
le risque de la terreur au sein de la<br />
métropole”...<br />
Sur une radio belge, dans le<br />
cadre d’une émission culturelle sur<br />
Ramzi Abou Redouane j’ai entendu un<br />
exposé très poétique d’une personne<br />
qui demandait: “Peut-on s’indigner<br />
tous de tout?” Et il mentionnait un<br />
cas d’euthanasie d’un malade psychiatrique.<br />
“Quel est le rapport avec Charlie?<br />
C’est un cas de société. Il faut être<br />
attentif à toute minute, à tout moment<br />
[...] La réaction des pouvoirs n’est pas<br />
du tout appropriée – restreindre encore<br />
plus les libertés civiles. Il faut restaurer<br />
la beauté”.<br />
Nul n’est censé ignorer la loi,<br />
est un principe reconnu. Nul n’est innocent<br />
dis-je. Nous devons devenir<br />
conscient de la portée de nos actes.<br />
Solidaires de ce qui se passe au sein<br />
de la société mondiale. Nous achetons<br />
un lainage fait au Bangladesh,<br />
nous traitons à terme des marchés de<br />
cacao péruvien, nous exportons nos<br />
déchets nucléaires et autres, nous buvons<br />
du café angolais, nous apportons<br />
des produits de l’autre bout du monde<br />
dans des bateaux-containers immenses<br />
(voir les images saisissantes du<br />
documentaire Le Syndrome du Titanic<br />
de Nicolas Hulot qui ajoute un “élément<br />
explosif” au drame écologique:<br />
l’humiliation des populations), nous<br />
servons du jus fait avec des oranges<br />
brésiliennes cueillies par des ouvriers<br />
saisonniers qui font 3.000 kilomètres<br />
pour aller récolter deux tonnes par jour<br />
s’ils veulent gagner le salaire minimum<br />
de neuf euros quotidiens, nous allons<br />
en vacances en Thaïlande, j’achète de<br />
la citronelle élevée en Israël, tu votes<br />
pour un parti d’extrême-droite. Nos<br />
actions touchent directement une personne<br />
de l’autre côté du globe...<br />
... ou à côté de Nous... Nous<br />
pouvons être aveugles, ou simplement<br />
fermer les yeux. “Un vent fétide<br />
de racisme dangereux flotte sur<br />
l’Europe”, dit Shlomo Sand, qui note<br />
qu’“en France ou au Danemark, en Allemagne<br />
ou en Espagne où vivent des<br />
millions de travailleurs musulmans,<br />
le plus souvent affectés aux tâches<br />
les plus pénibles, au bas de l’échelle<br />
sociale, il faut faire preuve de la plus<br />
grande prudence avant de critiquer<br />
l’islam, et surtout ne pas le ridiculiser<br />
grossièrement. Aujourd’hui, et tout<br />
particulièrement après ce terrible massacre,<br />
ma sympathie va aux musulmans<br />
qui vivent dans les ghettos adjacents<br />
aux métropoles, qui risquent fort<br />
de devenir les secondes victimes des<br />
meurtres perpétrés à Charlie Hebdo et<br />
dans le supermarché Hyper casher”.<br />
Dernières nouvelles à l’Agence<br />
France Presse de ce 24 janvier: “l’ONU<br />
accuse Israël de raser les habitations<br />
de 77 Palestiniens”. “Certaines de<br />
ces structures démolies avaient été<br />
fournies par la communauté internationale<br />
pour soutenir des familles vulnérables”,<br />
précise le Bureau des Nations<br />
Unies pour la coordination des<br />
affaires humanitaires (OCHA).<br />
«Les démolitions qui aboutissent<br />
à des expulsions forcées et des<br />
déplacements vont à l’encontre des<br />
obligations d’Israël en vertu du droit<br />
international et créent de la souffrance<br />
et des tensions inutiles [...] En 2014,<br />
selon les chiffres d’OCHA, les autorités<br />
israéliennes ont détruit 590 structures<br />
appartenant à des Palestiniens dans<br />
la zone C et à Jérusalem-Est, déplaçant<br />
1177 personnes - le plus haut<br />
niveau de déplacement en Cisjordanie<br />
depuis qu’OCHA a commencé à surveiller<br />
systématiquement la question<br />
en 2008.<br />
“Israël affirme que ces démolitions<br />
ont lieu parce que les structures<br />
ont été construites sans les permis de<br />
construction nécessaires. Les Palestiniens<br />
et les groupes de défense des<br />
droits humains disent que de telles<br />
autorisations sont systématiquement<br />
refusées, forçant des constructions<br />
sans permis.<br />
«Les politiques d’aménagement<br />
appliquées par Israël dans la zone C et<br />
à Jérusalem discriminent à l’égard des<br />
Palestiniens, leur rendant extrêmement<br />
difficile l’obtention d’un permis<br />
de bâtir», a déclaré OCHA.<br />
Une telle attitude ne peut<br />
qu’aggraver la polarisation des deux<br />
camps. Le bulldozer de la municipalité<br />
de Jérusalem a détruit le rêve de ces<br />
Palestiniens en leur sein, et peut-être<br />
celui de dix innocents à l’autre bout<br />
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16 <strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times<br />
Vol. 8 • No. 29 • du <strong>28</strong> janvier au 3 février <strong>2015</strong>
A travers le monde<br />
Alexis Tsipras, nouveau Premier ministre<br />
grec, a prêté serment !<br />
Par Thomas Liabot<br />
Le leader de Syriza, Alexis Tsipras, a<br />
été désigné lundi Premier ministre<br />
de la Grèce après avoir prêté serment<br />
en présence du président de la République.<br />
Arrivé en tête des législatives<br />
grecques dimanche, Alexis Tsipras, le<br />
leader de la gauche radicale Syriza, a<br />
été désigné lundi Premier ministre de la<br />
Grèce après avoir prêté serment auprès<br />
du président de la République Carolos<br />
Papoulias. "Je servirai toujours la Grèce<br />
et l'intérêt du peuple grec", a-t-il déclaré<br />
en costume bleu, sans cravate comme<br />
à son habitude, lors d'une prestation<br />
civile de serment, une première en<br />
Grèce, pays orthodoxe, où cette cérémonie<br />
revêt d'ordinaire un caractère<br />
religieux.<br />
"Une route abrupte nous attend",<br />
avait déclaré Alexis Tsipras un peu plus<br />
tôt, lors d'un bref échange avec le chef<br />
de l'Etat. Président de Syriza depuis<br />
2008 et vice-président de la Gauche<br />
européenne depuis 2010, Tsipras est le<br />
plus jeune Premier ministre depuis 150<br />
ans en Grèce. Juste après sa prestation<br />
de serment, il est allé se recueillir au<br />
mur des fusillés de Kesariani, commune<br />
proche d'Athènes, où 200 communistes<br />
ont été exécutés en 1944 par<br />
les nazis.<br />
Alliance avec les Grecs<br />
Indépendants<br />
Sans majorité absolue au Parlement,<br />
Alexis Tsipras a du trouver un accord<br />
Bolivie : Evo Morales accuse la CIA d’avoir<br />
infiltré son parti, le MAS<br />
Alexis Tsipras a prêté serment en présence du président<br />
grec Carolos Papoulias.<br />
avec le petit parti nationaliste des Grecs<br />
indépendants, un parti de droite souverainiste.<br />
Les deux formations vont<br />
cumuler une majorité de 162 sièges<br />
(149+13) sur 300 sans que la répartition<br />
des postes au sein du futur gouvernement<br />
soit encore connue. Le parti<br />
souverainiste des Grecs Indépendants<br />
développe une rhétorique anti-austérité<br />
très ferme, comme celle de Syriza<br />
; mais défend des positions nationalistes<br />
et conservatrices sur le plan des<br />
mœurs. Il avait déjà indiqué avant les<br />
élections son intention de s'allier avec<br />
Syriza pour mettre fin "aux mesures de<br />
rigueur".<br />
Le président de la Bolivie, Evo Morales,<br />
a déclaré dimanche dernier<br />
que l’Agence Centrale d’Intelligence<br />
(CIA) des États-Unis avait réussi<br />
à infiltrer son parti, le Mouvement<br />
vers le Socialisme (MAS) dans le<br />
but de créer des divisions internes.<br />
« La CIA est présente à l’intérieur<br />
du MAS ; comme ils ne peuvent pas<br />
provoquer un coup d’État depuis les<br />
États-Unis (parce que) le peuple se<br />
soulèverait, comme ils ne peuvent<br />
pas gagner démocratiquement, alors<br />
ils s’infiltrent et tentent de nous retourner<br />
les uns contre les autres »,<br />
a assuré le président durant un entretien<br />
donné aux médias nationaux.<br />
Le président a précisé que<br />
cette infiltration, au sujet de laquelle<br />
il n’a pas apporté plus de détail,<br />
s’est traduite par la démission de<br />
dirigeants régionaux de son parti<br />
qui prétendaient être candidats aux<br />
élections de gouverneurs et maires,<br />
prévues pour le mois de mars. « En<br />
plus des infiltrations de la droite, il<br />
faut ajouter l’ambition de certains<br />
militants, qui son tentés ou achetés,<br />
ce qui les pousse à la trahison », a-<br />
t-il affirmé.zLe président Morales<br />
espère néanmoins que cette année<br />
les relations [diplomatiques] entre la<br />
Les bulletins de vote n'ont été totalement<br />
dépouillés qu'à 14h lundi, au<br />
moment où Alexis Tsipras a été nommé<br />
Premier ministre. Syriza a finalement<br />
obtenu 36,34% des suffrages, avec<br />
8,53 points d'avance sur Nouvelle<br />
Démocratie (27,81%), le parti conservateur<br />
du Premier ministre sortant Antonis<br />
Samaras, qui a obtenu 76 sièges.<br />
Le parti des Grecs indépendants, souverainiste<br />
de droite, que Syriza a choisi<br />
comme allié, est arrivé sixième avec<br />
4,75% des voix et 13 députés, contre<br />
7,51% et 20 députés en 2012.<br />
Le JDD 26 janvier <strong>2015</strong><br />
Evo Morales, le président<br />
de la Bolivie<br />
Bolivie et les États-Unis puissent se<br />
normaliser ; lesquelles ont été affectées<br />
en 2008 lorsque la Bolivie a or-<br />
Un commissaire de police qui<br />
enquêtait sur l'attentat de<br />
Charlie Hebdo trouvé mort<br />
Par Stéphane Hugues<br />
donné l’expulsion de l’ambassadeur<br />
étasunien Philip Goldberg, accusé<br />
d’ingérence.<br />
Le Ministre bolivien des affaires<br />
étrangères, David Choquehuanca,<br />
a informé en décembre dernier<br />
que la Bolivie avait sollicité une<br />
réunion entre Morales et le président<br />
des États-Unis, Barack Obama, afin<br />
de renommer des ambassadeurs à La<br />
Paz et à Washington.<br />
Le commissaire Helric Fredou, souschef<br />
de la police judiciaire (PJ) de<br />
Limoges, fut trouvé avec une balle dans<br />
la tête quelques heures seulement après<br />
l'attaque terroriste contre Charlie Hebdo.<br />
Fredou faisait partie d'une équipe qui<br />
enquêtait sur les événements du 7 janvier.<br />
Les hommes qui ont tué une partie<br />
de la rédaction de Charlie Hebdo, Saïd<br />
et Chérif Kouachi, avaient fréquenté un<br />
collège et un lycée professionnel près de<br />
Limoges dans le Limousin.<br />
Le soir de l'attentat de Charlie<br />
Hebdo, Fredou avait envoyé des enquêteurs<br />
de son équipe interviewer la<br />
famille d'une des victimes de l'attentat.<br />
Il attendait leur retour pour entendre<br />
leur compte rendu. Il a commencé à préparer<br />
son rapport tout de suite après le<br />
compte-rendu. Il est resté tard à son bureau<br />
de la police judiciaire pour le finir.<br />
Un collègue l'a trouvé mort à une heure<br />
du matin le jeudi et le rapport qu’il rédigeait<br />
n'a jamais été trouvé.<br />
Pascal Cayla, du syndicat policier<br />
Alliance police nationale a dit: « Nous<br />
sommes tous abattus. C’était quelqu’un<br />
de très humain et proche des gens. »<br />
Originaire de Limoges, cet homme de<br />
44 ans avait débuté sa carrière en 1997<br />
comme officier de police judiciaire à la<br />
direction régionale de la PJ à Versailles,<br />
avant de revenir à Limoges. Il était devenu<br />
commissaire en 2007 après deux<br />
ans à l’école Saint-Cyr du Mont-Dore,<br />
avant d'être nommé chef de la sûreté<br />
départementale de la Haute-Vienne. En<br />
septembre 2010, il avait rejoint la ville<br />
de Cherbourg (Manche) pour y assurer<br />
les fonctions de commissaire central,<br />
avant de revenir à Limoges en août<br />
2012 pour être nommé directeur adjoint<br />
du service régional de la PJ.<br />
Les porte-paroles de la police affirment<br />
que c'était un suicide et qu'il<br />
s’est tué avec sa propre arme de ser-<br />
Helric Fredou, commissaire, souschef<br />
de la police judiciaire<br />
de Limoges<br />
vice. Dans les rapports initiaux sur la<br />
mort de Fredou, la police de Limoges<br />
avait déclaré que les raisons de son acte<br />
étaient pour l’instant inconnues. Toutefois,<br />
des rapports subséquents ont cité<br />
les responsables de la police disant<br />
que Fredou était déprimé et au bord<br />
de l’épuisement professionnel. Une<br />
autopsie a été pratiquée à l'Hôpital de<br />
l'Université de Limoges qui a confirmé<br />
un suicide. La police française a déclaré<br />
qu’il n’était pas possible d’établir un<br />
rapport avec les évènements relatifs à<br />
l’attentat contre Charlie Hebdo.<br />
Un an plus tôt, Fredou avait<br />
lui-même apparemment découvert le<br />
troisième policier en importance de la<br />
police judiciaire de Limoges mort dans<br />
des circonstances semblables. Cette mort<br />
avait également été qualifiée de suicide.<br />
Curieusement, les médias français n’ont<br />
virtuellement pas fait état de la mort de<br />
Fredou. Seuls trois ou quatre articles en<br />
ont parlé dans la presse française, tous<br />
dans de petits journaux régionaux ou à<br />
la télévision régionale. Dans la presse<br />
nationale, seul Le Parisien a publié un<br />
petit article. En revanche, des dizaines<br />
d'articles ont été publiés sur le sujet<br />
dans la presse anglaise, allemande, et<br />
dans les médias turcs, entre autres, dont<br />
beaucoup qualifient de suspectes les circonstances<br />
de la mort de Fredou.<br />
Wsws 17 janvier <strong>2015</strong><br />
Morales, qui a appuyé les gestions<br />
de son ministre, a assuré qu’il<br />
ne regrettait pas d’avoir expulsé de<br />
son pays le représentant diplomatique<br />
des États-Unis. (...)<br />
Source : La Jornada 5 janvier<br />
<strong>2015</strong><br />
Traduit de l’espagnol par Luis<br />
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Vol. 8 • No. 29 • du <strong>28</strong> janvier au 3 février <strong>2015</strong><br />
<strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times<br />
17
Cuba, Nicaragua, Panama : vers une<br />
nouvelle architecture géopolitique<br />
de l’Amérique latine<br />
Par Emir Sader<br />
Il a suffi qu’intervienne la normalisation<br />
des relations diplomatiques entre<br />
Cuba et les Etats-Unis – qui laisse entrevoir<br />
la fin de l’embargo imposé par<br />
Washington à La Havane – pour que<br />
bougent les pièces sur l’échiquier commercial<br />
et géopolitique de l’Amérique<br />
latine. Dans ce contexte, le port de<br />
Mariel, rénové et élargi, ainsi que sa «<br />
zone spéciale de développement » [1],<br />
sont appelés à jouer un rôle stratégique<br />
majeur. Mariel sera l’un des nœuds par<br />
lesquels passeront les nouveaux flux<br />
commerciaux qui s’intensifient dans<br />
le monde et qui comptent parmi leurs<br />
acteurs les plus importants la Chine et<br />
l’Amérique latine.<br />
Toutefois, d’autres dynamiques<br />
régionales contribuent à façonner la<br />
nouvelle configuration de la géopolitique<br />
mondiale. Le canal de Panama<br />
avait changé celle du monde lorsqu’il<br />
fut inauguré il y a un peu plus d’un<br />
siècle. A cette époque, les États-Unis<br />
avaient repris le projet, qui avait<br />
échoué et avorté, la construction du<br />
canal par la France. Cela mettait fin à<br />
une étape du commerce mondial, pour<br />
en ouvrir une nouvelle.<br />
Avant l’ouverture du canal de Panama,<br />
la totalité du commerce et de la circulation<br />
entre l’Atlantique et le Pacifique se<br />
réalisait en effet par le Cône Sud, avec<br />
tout ce que cela représentait de perte de<br />
temps et de ressources. En reprenant<br />
en main le projet en 1903 après son<br />
abandon par la France, Washington a<br />
poussé à la séparation du Panama avec<br />
la Colombie pour donner naissance à<br />
un pays qui existerait autour du canal,<br />
placé sous tutelle nord-américaine.<br />
C’est ainsi que le canal devint la chasse<br />
gardée des Etats-Unis durant cent ans.<br />
C’est également de cette manière<br />
que surgit ce que les Panaméens appellent<br />
« l’avenue du monde », la seule<br />
voie de communication entre les deux<br />
océans les plus importants de la planète,<br />
entre les deux plus importantes<br />
régions du monde. Malgré la volonté<br />
manifestée par les États-Unis de faire<br />
avec la zone du canal ce qu’ils font<br />
encore aujourd’hui avec la base de<br />
Guantanamo à Cuba, c’est-à-dire en<br />
prolonger indéfiniment l’occupation,<br />
le dirigeant nationaliste panaméen<br />
Omar Torrijos avait exigé le respect<br />
de l’accord (Carter- Torrijos- [2]) et<br />
obtenu que le canal passe sous contrôle<br />
du gouvernement panaméen le<br />
31 décembre 1999. Ce qui n’empêche<br />
nullement Washington de continuer à<br />
jouer un rôle de surveillance militaire<br />
de la zone.<br />
A mesure que le commerce maritime<br />
s’est accru, de même que la taille<br />
des bateaux, le canal de Panama s’est<br />
révélé insuffisant pour assurer les communications<br />
maritimes entre les deux<br />
océans. Le 22 octobre 2006, le pays<br />
approuvait, par référendum national,<br />
un projet de modernisation du canal<br />
(conclu avec une entreprise espagnole),<br />
soit pratiquement la construction<br />
d’un autre canal dont l’inauguration<br />
est prévue fin <strong>2015</strong>. La date initiale a<br />
dû être repoussée suite à de difficiles<br />
renégociations liées à l’augmentation<br />
des coûts des travaux.<br />
pe un autre, beaucoup plus ambitieux<br />
en termes de communication<br />
maritime et de redistribution des cartes<br />
stratégiques. Il s’agit de la construction<br />
par le Nicaragua d’un nouveau canal<br />
entre les deux océans. Le projet, encouragé<br />
depuis longtemps par la géographie<br />
même du Nicaragua – un pays<br />
qui dispose de grands lacs pouvant être<br />
utilisés pour la construction d’un tel<br />
ouvrage – va finalement se concrétiser<br />
[3].<br />
La responsabilité de sa construction<br />
et de son financement a été confiée<br />
à un milliardaire chinois et à sa<br />
société de travaux publics. Le projet a<br />
été élaboré en peu de temps et a recueilli<br />
l’approbation du gouvernement<br />
du président Daniel Ortega, mais il est<br />
confronté à des difficultés dans sa mise<br />
Port de Mariel-Cuba | Crédits photo : cubadebate.cu<br />
en œuvre.<br />
D’une part, la construction de<br />
ce canal changera l’avenir du Nicaragua.<br />
Avec lui, le pays disposera de son<br />
principal instrument de développement<br />
économique grâce à son important trafic,<br />
d’autant que s’y ajouteront d’autres<br />
constructions annexes, entre autres un<br />
nouvel aéroport, et une zone franche.<br />
D’autre part, des mouvements populaires<br />
se sont organisés contre le projet<br />
pour protester contre les conséquences<br />
qu’entraînera sa réalisation. Il a en effet<br />
été conçu sans élaboration d’un<br />
plan de réglementation des dommages<br />
environnementaux et sans réelles négociations<br />
avec les quelque trente mille<br />
paysans qui seront déplacés de leurs<br />
terres. Le gouvernement et l’entreprise<br />
chinoise ont simplement indiqué qu’ils<br />
recevront une juste indemnisation. Au<br />
moment où devaient commencer les<br />
travaux, se sont produites de grandes<br />
mobilisations, non seulement dans les<br />
zones concernées, mais aussi dans la<br />
capitale, Managua, donnant lieu à des<br />
affrontements avec la police et à des<br />
dizaines d’arrestations.<br />
Un projet de cette envergure,<br />
avec toutes ses retombées potentielles,<br />
est mis en œuvre avec une absence<br />
quasi totale de mesures de prévention<br />
des effets que sa construction va<br />
entraîner, et il provoque l’hostilité au<br />
lieu de susciter la fierté de posséder une<br />
telle infrastructure. Le gouvernement<br />
peut continuer à répondre aux mobilisations<br />
en les faisant réprimer par la<br />
police, mais l’occupation par une partie<br />
des paysans des territoires sur lesquels<br />
devraient commencer les travaux en<br />
rend concrètement l’ouverture difficile.<br />
Cette situation oblige le gouvernement<br />
à d’épineuses négociations de dernière<br />
minute avec les paysans qui disent<br />
refuser les indemnisations et vouloir<br />
rester sur leurs terres.<br />
La construction du canal du<br />
Nicaragua aura de nombreuses conséquences,<br />
à commencer par la fin du<br />
monopole du canal de Panama et de la<br />
tutelle des États-Unis sur la circulation<br />
maritime interocéanique. En synergie<br />
avec le port de Mariel, il va faciliter les<br />
flux impliquant des pays qui connaissent<br />
une expansion à la fois de leur<br />
commerce et de leur influence politique,<br />
comme c’est le cas de la Chine<br />
et du Brésil.<br />
Les transformations du paysage<br />
international, qui seront accélérées par<br />
les très importants accords des BRICS<br />
signés à Fortaleza au Brésil en juillet<br />
2014 [4], trouvent une expression régionale<br />
avec l’inauguration du port de<br />
Mariel et les travaux de construction<br />
du canal du Nicaragua.<br />
Notes<br />
[1] Situé à 40 kilomètres de La<br />
Havane, ce port est destiné à recevoir<br />
les porte-conteneurs « post-panamax »<br />
qui peuvent transporter jusqu’à 13 000<br />
conteneurs (ou boîtes). Il vise à placer<br />
Cuba au cœur des nouvelles routes<br />
commerciales maritimes Atlantique/<br />
Pacifique.<br />
[2] Signé en 1977 entre Omar<br />
Torrijos et Jimmy Carter, cet accord a<br />
organisé la restitution du canal au 31<br />
décembre 1999. Il est désormais placé<br />
sous la responsabilité exclusive de<br />
l’Autorité du canal de Panama, agence<br />
du gouvernement panaméen.<br />
[3] Le projet de canal interocéanique<br />
du Nicaragua (278 kilomètres<br />
de long) reliera l’océan Atlantique à<br />
l’océan Pacifique en utilisant le lac du<br />
Nicaragua (ou lac Cocibolca). Il devrait<br />
permettre le transit des « post-postpanamax<br />
» de 250 000 tonnes mesurant<br />
jusqu’à 450 mètres de long et pouvant<br />
transporter plus de 14 000 boîtes.<br />
Pour la réalisation des ces travaux, le<br />
gouvernement de Daniel Ortega a octroyé,<br />
en juin 2013, une concession<br />
de cinquante ans (renouvelable une<br />
fois) à Hongkong Nicaragua Development<br />
Investment (HKND), une société<br />
dirigée par l’homme d’affaires chinois<br />
Wang Jing.<br />
Sur l’ensemble du sujet, lire<br />
François Musseau, « Fièvre des<br />
canaux en Amérique centrale », Le<br />
Monde diplomatique, septembre 2014<br />
(http://www.monde-diplomatique.<br />
fr/2014/09/MUSSEAU/50759 ).<br />
[4] Lire « Les BRICS passent à<br />
la vitesse supérieure », Mémoire des<br />
luttes (http://www.medelu.org/Les-<br />
BRICS-passent-a-la-vitesse ).<br />
Source : Página 12<br />
Traduction et annotations :<br />
Mireille Azzoug<br />
Edition et annotations : Mémoire<br />
des luttes 14 janvier <strong>2015</strong><br />
Suite de la page (6)<br />
nan dyaspora a te leve kanpe,<br />
nan okazyon lanmò diktatè<br />
Franswa Divalye ak prestasyon<br />
sèman pitit li Janklod kòm prezidan<br />
avi, pou mete sou pye yon<br />
gwo mouvman pwotestsasyon<br />
ak rezistans. Pou denonse rejim<br />
ereditè a ak sipò peyi enperyalis<br />
yo t ap ba li kont enterè pèp ayisyen<br />
an e pou pote kole ak lit ki<br />
t ap mennen anndan peyi a pou<br />
dechouke gouvènman makout<br />
sanginè a. Nou te siyale kouman<br />
mouvman an te limite depi<br />
li parèt, akoz karaktè tiboujwa li<br />
epi koneksyon li pa t genyen ase<br />
ak mouvman revolisyonè anndan<br />
peyi a ki dayè te trè fèb. Sa<br />
pèmèt nou konstate aksyon patriyotik<br />
la pa t ka rive lwen toutotan<br />
yon mouvman revolisyonè<br />
pa t rive devlope ann Ayiti. Nou<br />
admèt sepandan, gen kèk bon<br />
bagay ki te reyalize pandan eksperyans<br />
sa a. Gen yon pakèt lide<br />
ki te diskite. Gen yon bann lide<br />
reyaksyonè moun te bije foure<br />
nan pòch dèyè yo. Gen yon pakèt<br />
lide pwogresis tou patriyòt yo te<br />
atrap e aksepte pou yo vanse pi<br />
devan. Pi gwo verite a se te rive<br />
admèt : chanjman veritab ki pou<br />
fèt nan enterè mas popilè yo, se<br />
Ayiti pou li fèt e se ayisyen ki<br />
pou fè l. Gen anpil lòt tèm ki ta<br />
merite debat, anpil lòt aspè lan<br />
mouvman an pou nou ta sènen.<br />
Men, kad travay sa a pa pèmèt<br />
nou grandi demach la plis toujou.<br />
Li lè li tan pou espesyalis<br />
syans sosyal yo al fouye zo nan<br />
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pan istwa sa a anpil moun ap<br />
tann pou dekouvri. Dayè istwa<br />
rejim Divalye yo poko fin ekri e<br />
li poko janm ap fin ekri.<br />
Nòt<br />
(Endnotes)<br />
1 Kò represif militè konseye<br />
ameriken ede gouvènman<br />
Janklod Divalye a mete kanpe<br />
pou pwoteje prezidan an epi<br />
konbat kominis.<br />
2 Biznis Minis Enteryè<br />
Lucner Cambronne monte pou<br />
vann plasma ak kadav ayisyen<br />
bay inivèsite ameriken.<br />
3 Twa patriyòt ayisyen<br />
(2gason, yon fi) kidnape anbasadè<br />
ak konsil ameriken an<br />
(Clinton Knox ak Ward Christensen)<br />
23 janvye 1973. Kòmando<br />
Champosin, se te non<br />
gwoup la, te boukante diplomat<br />
yo kont liberasyon 12 prizonye<br />
politik.<br />
4 Politisyen chalatan ki<br />
fè gwo bwi lan Nouyòk pandan<br />
detwa mwa lan dezyèm mwatye<br />
ane 70 yo, monte gouvènman<br />
an egzil pou sifonnen lajan<br />
konpatriyòt ayisyen nan bi pou<br />
rantre sang rate tèt an Ayiti epi<br />
ranplase Janklod Divalye ak sipò<br />
depatman deta meriken.<br />
5 Ibid.<br />
6 Jeneral Paul Eugène<br />
Magloire, prezidan Ayiti 1950-<br />
1956.<br />
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18 <strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times<br />
Vol. 8 • No. 29 • du <strong>28</strong> janvier au 3 février <strong>2015</strong>
Suite de la page (14)<br />
Corée du Nord en avançant des accusations<br />
sans fondement que la Corée<br />
du Nord a piraté Sony, et tout en recherchant<br />
une confrontation avec la<br />
Chine. Le département d’Etat américain<br />
a repoussé l’appel au dialogue<br />
lancé par la Corée du Nord et attise les<br />
tensions sur la péninsule coréenne en<br />
prévoyant au printemps des exercices<br />
militaires conjoints avec la Corée du<br />
Sud. Ils alimentent simultanément les<br />
conflits avec la Chine en Mer de Chine<br />
du Sud.<br />
Dans sa course à la guerre,<br />
l’impérialisme américain n’est pas<br />
seul. Les puissances impérialistes plus<br />
faibles avancent leurs propres intérêts.<br />
L’Allemagne et le Japon se sont tous<br />
deux débarrassés de leurs prétentions<br />
pacifistes d’après la Seconde guerre<br />
mondiale au profit d’une résurgence<br />
ouverte du militarisme. La France<br />
s’est saisie de la récente attaque terroriste<br />
à Paris pour justifier une escalade<br />
des interventions impérialistes au<br />
Moyen-Orient, en Afrique et ailleurs.<br />
Des troupes canadiennes échangent<br />
des tirs avec l'EI en Irak, tandis que<br />
l’Australie s'offre en partenaire agressif<br />
du « pivot vers l’Asie » de Washington.<br />
Pendant qu’Obama prétend<br />
mener une lutte contre le « terrorisme<br />
» en Syrie et en Irak, Israël, le principal<br />
allié des Etats-Unis au Moyen-Orient,<br />
est en train d’armer et d’assister la<br />
filiale d’al Qaïda en Syrie – comme<br />
Washington l’avait fait auparavant<br />
– tout en commettant des attaques<br />
provocatrices visant à déclencher une<br />
guerre dans toute la région.<br />
Comme en 1914 et en 1939, ce<br />
qui conduit à cette éruption mondiale<br />
du militarisme est la crise systémique<br />
prolongée du capitalisme mondial dans<br />
laquelle chaque puissance impérialiste<br />
cherche à s’en tirer aux dépens de ses<br />
rivaux.<br />
Comme l’expliquait Léon<br />
Trotsky, le co-dirigeant de la Révolution<br />
russe, dans sa brochure célèbre<br />
écrite il y a un siècle, La Guerre et<br />
l’Internationale, la cause fondamentale<br />
de la guerre se trouvent dans les<br />
contradictions du système capitaliste<br />
mondial et surtout entre le caractère<br />
mondial de la production capitaliste<br />
et le système des Etats-nation dans<br />
lequel sont enracinés le capitalisme et<br />
la propriété privé des moyens de production.<br />
La guerre mondiale qui a éclaté<br />
en 1914, écrivait Trotsky, est «<br />
l’effondrement le plus colossal dans<br />
l’histoire d’un système économique<br />
détruit par ses propres contradictions<br />
internes. » Elle a démontré « la banqueroute<br />
historique » de tous ceux «<br />
qui eurent pour mission de guider la<br />
société bourgeoise, de parler en son<br />
nom et de l’exploiter ».<br />
Alors que la guerre est « la<br />
méthode par laquelle le capitalisme,<br />
à l’apogée de son développement,<br />
cherche à résoudre ses contradictions<br />
insolubles, » Trotsky poursuit en disant,<br />
la classe ouvrière doit y opposer<br />
« sa propre méthode, la méthode de la<br />
révolution socialiste. »<br />
Cent ans après que ces lignes<br />
furent écrites, le système capitaliste<br />
confronte l’humanité à la menace<br />
d’une catastrophe encore plus grande<br />
: une troisième guerre mondiale nucléaire.<br />
Ceci donne aux alternatives<br />
énoncées par Trotsky en 1914 une<br />
puissance et une urgence encore plus<br />
grandes. Le seul moyen d’éviter la<br />
catastrophe que prépare le capitalisme<br />
mondial est la construction d'un<br />
mouvement anti-guerre de masse par<br />
la classe ouvrière internationale sur la<br />
base de l’internationalisme socialiste.<br />
Wsws 23 janvier <strong>2015</strong><br />
Suite de la page (14) Washington se révolte contre Obama !<br />
Poutine a renversé la stratégie de<br />
l’Otan », par Thierry Meyssan, Оdnako<br />
(Russie), Réseau Voltaire, 8 décembre<br />
2014.<br />
[5] « Comment le Conseil des<br />
relations étrangères détermine la diplomatie<br />
US », Réseau Voltaire, 25 juin<br />
2004.<br />
[6] « This Is Obama’s Last Foreign<br />
Policy Chance », Leslie Gelb, The<br />
Daily Beast, January 14, <strong>2015</strong>.<br />
[7] « John McCain, le chef<br />
d’orchestre du « printemps arabe », et le<br />
Calife », par Thierry Meyssan, Réseau<br />
Voltaire, 18 août 2014.<br />
[8] « Le CNAS, version démocrate<br />
de l’impérialisme conquérant », par<br />
Thierry Meyssan, Réseau Voltaire, 6<br />
janvier <strong>2015</strong>.<br />
[9] « Robert B. Zoellick, maître<br />
d’œuvre de la globalisation », Réseau<br />
Voltaire, 10 mars 2005.<br />
[10] « Richard Armitage, le baroudeur<br />
qui rêvait d’être diplomate »,<br />
Réseau Voltaire, 8 octobre 2004.<br />
[11] « Dov Zakheim, la caution<br />
du Pentagone », par Paul Labarique,<br />
Réseau Voltaire, 9 septembre 2004.<br />
[12] « Le retour d’Henry Kissinger<br />
», par Thierry Meyssan, Réseau<br />
Voltaire, <strong>28</strong> novembre 2002.<br />
[13] « La stratégie anti-russe de<br />
Zbigniew Brzezinski », par Arthur Lepic,<br />
Réseau Voltaire, 22 octobre 2004.<br />
[14] « James A. Baker III, un ami<br />
fidèle », Réseau Voltaire, 16 décembre<br />
2003.<br />
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Vol. 8 • No. 29 • du <strong>28</strong> janvier au 3 février <strong>2015</strong><br />
<strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times<br />
19
Résultats et Classements de<br />
la CAN <strong>2015</strong><br />
La saint Valentin en poésie et en chanson!<br />
Groupe A<br />
Cl Equipe Pts<br />
1 Congo 7 points<br />
2 Guinée EQ 5 points<br />
3 Gabon 3 points<br />
4 Burkina Faso 1 point<br />
Groupe B<br />
1 Tunisie 5 points<br />
2 Rd COngo 3 points<br />
3 Cap Vert 3 points<br />
4 Zambie 2 points<br />
Suite de la page (12)<br />
agriculteurs et des étudiants qui avaient<br />
déjà une certaine tradition de l’intégration<br />
régionale.<br />
Quant aux sciences sociales, un<br />
processus croissant d’intégration régionale<br />
s’est développé avec de nouvelles<br />
institutions d’étude, des universités et<br />
des réseaux académiques qui permettent<br />
d’avancer vers l’étude de la problématique<br />
régionale, en renforçant une vision<br />
d’ensemble. Peut-être que certains des<br />
exemples les plus remarquables de ce<br />
processus sont le Conseil Latinoaméricain<br />
Groupe C<br />
Cl Equipe Pts<br />
1 Ghana 6<br />
2 Algérie 6<br />
3 Sénégal 4<br />
4 Afrique du Sud 1<br />
Groupe D<br />
Cl Equipe Pts<br />
1 Cameroun 2<br />
2 Cote d’ivoire 2<br />
3 Mali 2<br />
4 Guinée 2<br />
de Sciences Sociales (CLACSO), dont la<br />
première session s’est organisée à Lima,<br />
en 1968 ; ou la Faculté Latinoaméricaine<br />
de Sciences Sociales (FLACSO), qui se<br />
créé en 1954, au Chili, et ensuite, s’étend<br />
à l’Argentine, au Mexique, au Brésil, à<br />
l’Équateur et à l’Amérique Centrale.<br />
Dans le domaine de la recherche se<br />
sont créés, après la Commission économique<br />
pour l’Amérique Latine (CEPAL),<br />
le Centre Latinoaméricain et Caribéen<br />
de Démographie (CELADE), au Chili<br />
(1957) ; la Escolatina (master à l’uni-<br />
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versité du Chili), dans le secteur de l’économie<br />
(Chili) ;l’Institut Latinoaméricain<br />
de Planification Économique et Sociale<br />
(ILPES) ; la Maîtrise Latinoaméricaine de<br />
l’Administration Publique de la Fondation<br />
Getulio Vargas, au Brésil ; le Conseil<br />
Supérieur Universitaire Centre-Américain<br />
(CSUCA), qui coordonne les universités<br />
de cette sous-région ; la Coordination des<br />
Universités du Cône Sud et, plus récemment,<br />
le Forum Universitaire du Mercosur<br />
(FOMERCO) et l’Université d’Intégration<br />
Latinoaméricaine (UNILA), qui<br />
a son siège dans la ville aux trois frontières,<br />
Foz de Iguaçu (Brésil). Parmi les<br />
diverses associations professionnelles qui<br />
se sont constituées au fil des dernières<br />
décennies se distinguent l’Association<br />
d’Économistes d’Amérique Latine et de<br />
la Caraïbe (AEALC) et l’Association Latinoaméricaine<br />
de Sociologie (ALAS). Cela<br />
montre que sont en train de se créer des<br />
conditions pour une intégration à long<br />
terme par l’intermédiaire d’un réseau<br />
d’institutions qui permettent la coopération<br />
et l’échange sur divers domaines de<br />
la connaissance.<br />
Un bilan historique minimum<br />
informé montre la densité croissante de<br />
l’intégration régionale, contrairement à ce<br />
que les défenseurs du panaméricanisme<br />
plaident, qui disqualifient systématiquement<br />
les avancées de ce processus.<br />
Les parlements latinoaméricains<br />
du Mercosur, de la Communauté Andine,<br />
du Traité de Coopération Amazonienne,<br />
sont également des mécanismes de développement<br />
du processus d’intégration.<br />
Ce cadre institutionnel croissant ouvre<br />
le chemin pour le débat sur une stratégie<br />
commune sudaméricaine et latinoaméricaine,<br />
avec des possibilités de se convertir<br />
en des politiques concrètes. Le renforcement<br />
du Mercosur et la création postérieure<br />
de l’Alliance Bolivarienne pour les<br />
Amériques (ALBA) ; l’impact croissant<br />
sous-régional de la Communauté et Marché<br />
Commun de la Caraïbe, qui actuellement<br />
porte le nom de Communauté Caribéenne<br />
(Caricom) et plus récemment, la<br />
création de l’Union des Nations Suraméricaines<br />
(UNASUR) et celle de la Communauté<br />
d’États latinoaméricains et caraïbes<br />
(CELAC), sont l’expression de la densité<br />
croissante et du dynamisme de l’intégration<br />
régionale, contrairement à ce que les<br />
défenseurs du panaméricanisme plaident,<br />
qui disqualifient systématiquement les<br />
avancées de ce processus et qui persistent<br />
dans leurs tentatives visant à déstabiliser<br />
et à affaiblir un projet historique d’unité<br />
des peuples de la région qui se révèle, en<br />
dernier ressort, comme un projet historique<br />
de longue durée.<br />
*Monica Bruckmann est Docteure<br />
en science politique, professeure<br />
du Département de Science Politique de<br />
l’Université Fédérale de Rio de Janeiro,<br />
Brésil. Directrice de Recherche de la<br />
chaire UNESCO sur l’Économie globale<br />
et le Développement Durable – REGGEN.<br />
Membre du Conseil de l’ALAI. Ce texte<br />
fait partie de la Revue Amérique Latine<br />
en Mouvement, Nº500 de décembre<br />
2014 qui traite du thème « América Latina<br />
: Cuestiones de fondo »<br />
Note :<br />
Voir «Les BRICS, l’UNASUR et la<br />
CELAC créent la carte d’un monde nouveau<br />
et multipolaire»<br />
ALAI, América Latina en<br />
Movimiento 13 janvier <strong>2015</strong><br />
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travaille maintenant comme médecin et professeur à l’hôpital Montefiore<br />
dans le Bronx est co-auteur du chapitre sur l’épidémie de choléra en Haïti<br />
dans le livre “Global Health Watch 4."<br />
Le “Global Health Watch,” est maintenant dans sa quatrième édition, et est<br />
perçu largement comme la voix définitive pour une alternative sur la santé.<br />
Ce livre intègre une analyse rigoureuse, des propositions et des histoires<br />
alternatives sur les luttes et les changements afin de présenter des arguments<br />
les plus convaincants et impératifs pour une transformation radicale de la<br />
façon dont nous abordons les actions et politiques sur la santé.<br />
Dr. Anderson fera sa présentation en créole !<br />
Vous êtes tous invités<br />
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Vol. 8 • No. 29 • du <strong>28</strong> janvier au 3 février <strong>2015</strong>