un territoire
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À votre<br />
avis ?<br />
MALIKA HABID, responsable des ventes<br />
« Cette année, notre boutique fonctionne moins bien et<br />
je me disais que cette conférence m’aiderait à trouver<br />
des réponses. J’ai <strong>un</strong> peu l’impression d’avoir survolé<br />
certaines choses. En deux heures on ne peut pas<br />
décortiquer toute la mécanique de la consommation.<br />
Par contre, ça m’a donné envie d’aller sur le site de<br />
Mercedes Erra et d’approfondir les questions qu’elle<br />
soulève. En bref : c’était trop court ! »<br />
DAMYEN LE NOAN, psychopraticien<br />
« Mercedes Erra a dressé <strong>un</strong> panorama très large,<br />
bien au-delà de la pub et de la simple consommation,<br />
c’était plutôt <strong>un</strong>e prise de conscience sur notre société,<br />
le seul point négatif : trop court ! »<br />
« Avec ces mutations, la<br />
consommation va trinquer,<br />
c’est certain. C’est pourquoi<br />
nous entrons dans <strong>un</strong>e ère très<br />
difficile pour les métiers de<br />
la pub, mais également très<br />
excitante car il faut tout<br />
réinventer ! »<br />
et a remis au goût du jour des pratiques<br />
d’<strong>un</strong> autre siècle. Troc, échange, recyclage<br />
sont des circuits de consommation<br />
connus de tou.te.s et largement utilisés.<br />
Aujourd’hui, nous avons le choix. Nous<br />
pouvons acheter, mais aussi réparer, racheter<br />
à quelqu’<strong>un</strong> d’autre, empr<strong>un</strong>ter,<br />
etc. Les possibilités sont démultipliées.<br />
Il suffit de regarder les succès monstrueux<br />
du Bon coin ou de Airbnb pour<br />
se rendre compte qu’<strong>un</strong>e lame de fond<br />
arrive, lentement mais sûrement, dans<br />
notre façon de consommer.<br />
HARO SUR LE CHARIOT !<br />
Les immenses zones commerciales<br />
appartiennent donc à <strong>un</strong>e époque révolue.<br />
Si ces grandes infrastructures<br />
rencontrent toujours <strong>un</strong> public, le développement<br />
ne se fait plus à ce niveau.<br />
Les hypermarchés, qui étaient, dans les<br />
années 70, le comble de la modernité,<br />
sont aujourd’hui synonymes de perte<br />
de temps et, surtout, de qualité controversée.<br />
La qualité, car c’est bien de cela<br />
qu’il s’agit, est au centre des préoccupations<br />
alimentaire de nos jours. À la suite<br />
des différents scandales, les consommateurs<br />
n’ignorent plus la corrélation<br />
évidente qu’il y a entre leur santé et le<br />
contenu de leurs assiettes. Alors qu’ils<br />
ont failli disparaître il y a quelques décennies,<br />
les commerces de quartier retrouvent<br />
des couleurs. Le boucher, le<br />
boulanger, le poissonnier…, tous ces<br />
travailleurs qui sont proches de leurs<br />
produits et de leurs clients ont retrouvé<br />
leurs lettres de noblesse.<br />
DES MARQUES QUI SE<br />
DÉMARQUENT<br />
On ne peut pas en dire autant de l’industrie<br />
agroalimentaire, dont les produits<br />
transformés sont de moins en<br />
moins plébiscités. Ce renversement de<br />
tendance, les marques de l’alimentaire<br />
ne sont bien sûr pas passées à côté, elles<br />
redoublent même d’imagination pour<br />
continuer de vous faire rêver avec leurs<br />
produits emballés. Avec internet et les<br />
différents médias sociaux, il est facile<br />
pour elles de comm<strong>un</strong>iquer directement<br />
avec les consommateurs et, <strong>un</strong>e chose<br />
est sûre, elles n’y vont pas avec le dos<br />
de la cuillère. Traçabilité, transparence,<br />
respect de l’environnement, etc., tout y<br />
passe. Les marques qui s’en sortent le<br />
mieux sont celles qui savent se montrer<br />
proches de leurs consommateurs, qui<br />
dévoilent les processus de fabrication,<br />
qui montrent leur engagement pour réduire<br />
leur impact environnemental, qui<br />
font du mécénat… Par contre, attention<br />
à la tricherie ! Ça ne pardonne pas !<br />
Findus, par exemple, a eu beaucoup de<br />
mal à se remettre de la chute (de cheval)<br />
vertigineuse de ses ventes à la suite<br />
du scandale des lasagnes. Des affaires<br />
pas très nettes il y en a certainement<br />
toujours eu, la seule différence entre<br />
hier et aujourd’hui est la facilité d’obtention<br />
des informations et la vitesse à<br />
laquelle celles-ci se propagent.<br />
DES CONSO-MATEURS<br />
De nos jours, les conso-mateurs veulent<br />
tout voir, tout savoir. Ils visitent les<br />
usines, échangent sur internet… Les<br />
géants de l’industrie agroalimentaire<br />
qui pouvaient se montrer très secrets<br />
sur leurs procédés de fabrication n’ont<br />
d’autre choix que de se plier à ce<br />
nouveau rapport entre fournisseur et<br />
consommateur.<br />
oui, mais…<br />
CHRISTOPHE ANDRÉ<br />
Psychiatre<br />
« La publicité détecte nos besoins<br />
fondamentaux, nos aspirations<br />
au bonheur, à l’amour, au lien, à<br />
l’équilibre, à la paix, et leur apporte<br />
des réponses matérialistes, créant<br />
des conditionnements : nous aurons<br />
<strong>un</strong>e vie familiale harmonieuse<br />
en buvant tel café, de bons rapports<br />
avec nos enfants en achetant<br />
telle voiture. Si ce que vous dites,<br />
Mercedes Erra, est vrai, je suis<br />
rassuré, mais j’ai l’impression que<br />
cela ne concerne que les classes<br />
favorisées en termes d’accès à<br />
l’information, moins touchées par<br />
l’obésité, moins dépendantes des<br />
achats impulsifs aux caisses des<br />
supermarchés. » 1<br />
plus d’infos<br />
• Tendances n°48<br />
• www.betc.fr<br />
• L’article de Libération :<br />
« La dame de faire »<br />
• La vidéo du Figaro<br />
économie : « j’aime<br />
pas tout ce qui est<br />
mou »<br />
• Parution trimestrielle<br />
des études de BETC<br />
et demain ?<br />
Les citoyens ne cherchent plus<br />
à identifier <strong>un</strong> responsable, ils<br />
considèrent qu’il leur revient<br />
de changer de mode de vie.<br />
Une des clés de leur recherche<br />
est le bonheur personnel,<br />
sans projection vers le futur.<br />
On va vers <strong>un</strong>e société moins<br />
matérialiste, mais plus désespérée…<br />
culture et vous<br />
« Consommer mieux, ça<br />
se décide ! » Alors, ce<br />
week-end, on révise ses<br />
bases pour consommer<br />
malin en ne se privant<br />
de rien avec Le guide de<br />
l’éco-consommateur du<br />
Petit Fûté.<br />
Faudra-t-il encore des<br />
PAYSANS DEMAIN pour<br />
NOURRIR LE MONDE ?<br />
MERCEDES ERRA : « En tout cas les gens réclament des paysans, pas trop gros, pas<br />
sur de la culture intensive, pas trop de caractère industriel. On n’aime pas les industries<br />
agroalimentaires, on aime les paysans. En France il y a véritablement <strong>un</strong> amour du paysan.<br />
Ailleurs dans le monde, c’est en train de monter, les gens s’intéressent, ils comprennent qu’il<br />
y a <strong>un</strong> lien entre leur santé, leur bien-être et la façon dont ils consomment. Les paysans sont<br />
toujours là et sont là pour longtemps. »<br />
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Source : interview Clés magazine par Djénane Kareh Tager<br />
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