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MEME PAS PEUR 12 leg

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14 / Même pas peur N o <strong>12</strong> / OCTOBRE 2016 OCTOBRE 2016 / Même pas peur N o <strong>12</strong> / 15<br />

Grève et terrorisme :<br />

Benjamin Maréchal<br />

dévoile le fond de son crétinisme<br />

La première chaîne publique de la RTBF<br />

accueille Benjamin Maréchal. L’occasion<br />

pour ceux qui n’écoutent pas VivaCité et<br />

ne lisent pas la DH de se renseigner un<br />

peu sur celui que la RTBF vend comme<br />

un animateur qui « nous aidera avec<br />

humour et sympathie à nous forger une<br />

opinion. »<br />

Faut dire qu’il s’y connaît : quand on n’a<br />

pas d’idées, on peut toujours avoir une<br />

opinion. Et comme il l’annonçait dans<br />

la DH, un bon sujet, c’est « des réponses<br />

binaires. Il faut que ce soit limpide ».<br />

Pas sûr pourtant qu’il sache compter<br />

jusqu’à deux pour faire du binaire. Pour<br />

lui, menaces d’attentat et menaces de<br />

grève, c’est du pareil au même, c’est tout<br />

un (DH, 24 juin). On voit qu’il n’a pas volé<br />

en éclats dans un métro, je suis sûre qu’il<br />

aurait préféré qu’il soit en grève ce jour-là.<br />

Pire encore que l’attentat, les fausses<br />

alertes faites par des gusses qui n’ont<br />

même pas d’idéologie ! Il doit préférer<br />

quand ça a des couilles, le Benjamin,<br />

quand ça pète vraiment, avec des revendications<br />

bien moulées à la louche et surtout<br />

quand il est ailleurs.<br />

Réponse de Benjamin Maréchal à un<br />

auditeur dans son émission putassière<br />

quotidienne, à propos du silence<br />

observé par Salah Abdeslam :<br />

« (...) vous comprenez bien la difficulté<br />

des juges, parce que la torture, ça n’existe<br />

plus : on peut le déplorer, mais ça n’existe<br />

plus «<br />

SONDAGE EXPRESS<br />

Pensez-vous qu’il faille…<br />

Sylvie Kwaschin<br />

« Pareil pour la grève » : les grévistes<br />

se copieraient les uns les autres, comme<br />

des sales gamins à l’école, sans même<br />

« avoir une parfaite vision de ce qu’ils<br />

contestaient ».<br />

Là mon garçon, tu risques d’être étonné,<br />

voire surpris. A ta place, je n’irais pas<br />

faire un micro-trottoir à la prochaine<br />

manif pour leur demander s’ils savent ce<br />

qu’ils font, comme de bons vrais terroristes,<br />

ou s’ils ont simplement une bombe<br />

en biscuit et quelques pétards mouillés.<br />

Tu risques d’en prendre plein la gueule<br />

pour pas un rond.<br />

Au moins, tu auras ta réponse : un mouvement<br />

social, c’est du collectif. Ça ne<br />

copie pas, ce se renforce mutuellement, ça<br />

enfle et ça gronde. Et si comme tu l’écris,<br />

tu préfères l’original à la copie quitte les<br />

ondes publiques pour devenir chargé de<br />

com’ chez les fachos.<br />

1° Torturer Abdeslam pour<br />

qu’il parle ?<br />

2° Torturer Benjamin Maréchal<br />

pour qu’il se taise ?<br />

3° Les mettre dans la même<br />

cellule ?<br />

Envoyez vos avis à… ben... C’est<br />

vous qui le dites...<br />

Entretien avec DIMITRIOS MASTOROS et NICOLAS WOUTERS. Propos recueillis par Benoit Doumont<br />

Dans Exarcheïa : l’orange amère,<br />

le dessinateur Dimitrios Mastoros<br />

(Schooligans) et le scénariste Nicolas<br />

Wouters (Les pieds dans le béton)<br />

suivent les errances de Nikos, un<br />

étudiant en mal de repères plongé<br />

un peu malgré lui dans la réalité<br />

quotidienne du quartier anarchiste<br />

d’Athènes. Extraits de la rencontre<br />

avec les deux auteurs bruxellois.<br />

L’interview complète se trouve<br />

sur le site de Même pas peur.<br />

Dans l’imaginaire collectif,<br />

Exarcheïa évoque un quartier<br />

autogéré et solidaire peuplé depuis<br />

plus de cent ans par des poètes, des<br />

artistes et des philosophes. C’est une<br />

dimension qu’on retrouve encore<br />

aujourd’hui ?<br />

Dimitrios : Un peu toujours, oui. De<br />

l’extérieur, si quelqu’un vient, c’est ça<br />

qu’il va entendre, ça qu’il va voir, c’est<br />

l’ambiance un peu partout. Exarcheïa<br />

a été et reste toujours un épicentre de<br />

culture : les universités, les imprimeries,<br />

les librairies sont très présentes. Et ça a<br />

toujours été un lieu contestataire. Mais<br />

mis à part ça, ce qu’on voulait montrer,<br />

tout en composant un hymne au quartier,<br />

c’est aussi le risque que quelque<br />

chose se soit perdu. Avec tous les enjeux<br />

d’Exarcheïa, ça peut être aussi une certaine<br />

façade.<br />

(…)<br />

EXARCHEÏA<br />

PLUS QU’UN BASTION ANARCHISTE,<br />

UN LIEU DE CROISEMENT DES TRAJECTOIRES<br />

Vous rendez également hommage<br />

aux pointures actuelles du street art<br />

athénien, comme WD, Lotek, Raiden<br />

ou Carpe Diem...<br />

Nicolas : C’est là, partout ; c’est vraiment<br />

en toile de fond. Sur chaque mur, il y a<br />

ces tags. C’était important d’incarner<br />

aussi le quartier et de faire une référence<br />

directe aux artistes qui sont derrière. Il<br />

n’y a pas un seul mur blanc.<br />

(…)<br />

Et puis il y a ce chien anar’ bouffeur<br />

de flics... Pure invention ?<br />

N. : Non, non, il existait ! C’était vraiment<br />

aussi une des bases du projet. En<br />

réalité, il y a eu plusieurs chiens anarchistes.<br />

Mais celui à roulettes nous<br />

paraissait être un personnage<br />

à part entière<br />

« Il n’y a pas<br />

un seul mur<br />

blanc . »<br />

(…)<br />

Pour autant, l’actualité<br />

que vous décrivez n’est<br />

pas vraiment enjolivée :<br />

hostos surpeuplés,<br />

toxicomanes attirés<br />

par une perspective<br />

d’impunité, immigrés squatteurs,<br />

descentes de flics,... C’est aussi ça, la<br />

réalité d’Exarcheïa ?<br />

N. : Ce qui est super intéressant avec<br />

Exarcheïa et qui est aussi un des<br />

moteurs du projet, c’est que, plus qu’un<br />

bastion anarchiste, c’est vraiment un<br />

lieu de croisement de plein de trajectoires<br />

différentes. C’est un point névralgique<br />

où des destinées très différentes<br />

se croisent. J’étais très impressionné<br />

d’apprendre, au début, que les junkies<br />

étaient un peu poussés vers Exarcheïa<br />

par les autorités pour que celles-ci<br />

puissent, après, stigmatiser le quartier<br />

en prétendant qu’il est livré en pâture à<br />

l’anarchie et, du coup, à la toxicomanie.<br />

C’est à la fois ça et à la fois aussi un lieu<br />

de protection où les immigrés peuvent<br />

aller sans être forcément aussi mal traités<br />

que dans un Athènes très impersonnel<br />

et très hostile. Et ces trajectoires-là<br />

sont très importantes<br />

(...)<br />

D. : On montre des choses assez dures<br />

ou choquantes, mais à Exarcheïa, cette<br />

violence visuelle est un quotidien. Pour<br />

les gens, ce n’est pas ça le plus choquant -<br />

des émeutes, il y en aura d’autres et des<br />

chiens errants qui meurent, il y en aura<br />

d’autres. Le problème, ce sont les enjeux<br />

qui ne sont pas relevés. C’est un combat<br />

continu. La BD se déroule plus ou moins<br />

sur un été ; c’est un été qui aurait pu être<br />

n’importe lequel et qui est perpétuel.<br />

(…)<br />

L’album évoque également certains<br />

épisodes tragiques de l’histoire<br />

grecque, comme les<br />

déportations d’opposants<br />

et dissidents vers le<br />

camp de concentration<br />

de Makronissos entre<br />

1946 et 1960. Le quartier<br />

d’Exarcheïa a été<br />

particulièrement touché<br />

par ces rafles ?<br />

D. : Non. Ce n’était pas ciblé, c’était vraiment<br />

dans toute la Grèce. Tout le monde<br />

a eu un proche déporté<br />

(…)<br />

À une seule exception près, les<br />

formes (non contourées) s’inscrivent<br />

dans un lavis sépia. Pourquoi ce<br />

choix (photo)graphique?<br />

N. : Ça participe d’une impression qu’on<br />

voulait donner. À partir du moment où<br />

on voulait ancrer le récit dans le quartier,<br />

il fallait une forme de réalisme,<br />

au moins au niveau des décors et du<br />

contexte. Le projet que Dimitri avait fait<br />

au début était à l’encre de Chine, en noir<br />

et blanc pur, sans lavis. Mais je pense<br />

que tu voulais relever le défi aussi de<br />

t’atteler à une technique que tu voulais<br />

approfondir ?<br />

D. : Oui, c’était plus intéressant d’aller<br />

justement dans les nuances et de jouer<br />

avec cette dualité<br />

(…)<br />

La BD s’ouvre sur ce proverbe grec :<br />

« Maintenant que la mer s’est changée<br />

en yaourt, on n’a plus de petite<br />

cuillère. » Cette résignation face à<br />

l’absurde, c’est un peu l’état d’esprit<br />

qui prévaut en Grèce actuellement ?<br />

N. : Comme pour tout bon proverbe, le<br />

sens nous échappe un peu...<br />

D. : C’est un truc que disait mon père,<br />

et qui n’est pas forcément super connu.<br />

C’est laissé à ton interprétation. Moi, à la<br />

base, je pense que ça veut dire...<br />

(…)<br />

Je ne vous ai pas parlé d’ « orange<br />

amère ». C’est volontaire. Laissons au<br />

lecteur le plaisir d’y goûter...<br />

ezarcheia l’orange amère de Dimitrios Mastoros<br />

et Nicolas Wouters, Futuropolis, 2016, 200<br />

pages (24€)<br />

Les concombres bientôt activés<br />

Beatrice Nérose (avec Bulga)<br />

L’Afsca promet aux légumes des<br />

contrôles aussi sévères que ceux<br />

visant les chômeurs. Le tour des<br />

fruits viendra ensuite.<br />

Ce matin en séance publique, Myrtille<br />

Gurken a mis le feu à la marmite. En<br />

interpellant le Ministre Willy Boursouflu,<br />

la députée verte a révélé en primeur<br />

les grandes lignes du plan Zootanique<br />

de l’Agence fédérale de sécurité alimentaire,<br />

plan concocté dans le plus grand<br />

secret mais dont la mise en oeuvre est<br />

imminente. Dans les faits, Zootanique<br />

imposera à tous les végétaux destinés à<br />

la consommation humaine des contrôles<br />

similaires à ceux qui s’appliquent, depuis<br />

la circulaire Botalogie de novembre 2019,<br />

aux animaux. Après les vaches, poulets<br />

et autres moutons, les légumes se voient<br />

astreints à un suivi personnalisé assorti<br />

de contraintes et pouvant, à terme, mener<br />

les fautifs à une suppression définitive de<br />

leur droit de cuisson.<br />

Formés par l’ONEm à la<br />

procédure<br />

C’est dans la plus grande discrétion que<br />

les agents fédéraux ont entamé la mise<br />

en place du premier volet de ce plan qui<br />

touchera, dans un premier temps, aux<br />

légumes uniquement. On se souvient des<br />

problèmes rencontrés par l’Afsca aux premiers<br />

temps du plan Botalogie. Les entretiens<br />

oraux s’étaient révélés extrêmement<br />

difficiles notamment avec les poissons,<br />

débouchant par ailleurs sur deux agres-<br />

sions de fonctionnaires par un taureau à<br />

Waremme et un coq à Havelange.<br />

Aussi, pour s’assurer du bon déroulement<br />

du plan Zootanique, les inspecteurs<br />

alimentaires ont été assistés par<br />

une équipe de <strong>12</strong> contrôleurs de l’ONEm,<br />

désormais exclusivement affectés à des<br />

actions de formation à la procédure,<br />

partout dans le pays et dans tous les secteurs.<br />

Au total, Zootanique mobilisera<br />

pas moins de 234 accompagnateurs de<br />

légumes appelés Éplucheurs, l’aide de<br />

l’armée de terre n’étant pas exclue lors<br />

d’opérations de grande envergure dans<br />

les champs.<br />

Risque de péremption<br />

irrévocable<br />

Concrètement, les légumes devront<br />

apporter la preuve qu’ils s’impliquent<br />

activement dans leur recherche d’une<br />

viande. Pour ce faire, ils devront rencontrer<br />

une fois par trimestre leur éplucheur<br />

individuel. Afin d’éviter tout risque de<br />

contamination, ils devront se soumettre<br />

à cet examen dûment lavés et dépourvus<br />

de racines, exception étant faite<br />

pour les carottes et les navets. Lors de<br />

l’épluchage, ils seront également tenus<br />

de présenter les photosynthèses de tous<br />

les documents attestant des démarches<br />

accomplies. Le légume pris en défaut<br />

encourt le risque de péremption irrévocable<br />

après trois évaluations négatives.<br />

Les réactions ne se sont pas fait attendre.<br />

Du côté des panais, c’est la panique, Zootanique<br />

ne leur accordant pas les mêmes<br />

avantages que leurs concurrents historiques,<br />

les navets. Les champignons, fortement<br />

choqués par la récente circulaire<br />

de l’Afsca sur l’interdiction du port du<br />

chapeau dans les espaces publics, ont<br />

promis de mobiliser dans leurs rangs<br />

et peuvent d’ores et déjà compter sur le<br />

soutien de cette alliée discrète qu’est<br />

la mérule. Les pommes de terre brandissent<br />

la menace d’un embargo sur la<br />

frite. Quant aux tomates, elles ont promis<br />

de se précipiter, pourries en tête, dans<br />

les rues aux côtés des humains, lors de la<br />

manifestation nationale du 29 septembre<br />

prochain.<br />

Procédures affinées<br />

Le second volet de Zootanique, concernant<br />

les fruits, n’entrera en vigueur<br />

qu’à une datte que le gouvernement<br />

doit encore avaliser. L’Afsca devra alors<br />

compter avec le noyau dur des cerises.<br />

Mais, à certains fruits très fragiles, les<br />

contrôleurs ont assuré qu’ils ne répéteraient<br />

pas les mêmes erreurs qu’avec les<br />

animaux, l’appui des experts de l’ONEm<br />

ayant permis d’affiner considérablement<br />

les procédures. Le Ministre Boursouflu<br />

l’assurait cet après-midi même : « Les<br />

raisins ne seront pas contraints de se<br />

présenter individuellement et les noix<br />

seront évidemment moins pressées que<br />

les citrons.»<br />

La question du mois<br />

Laurent d’Ursel, artiste président<br />

Belges communautaristes, juifs consentants, handicapés volontaires, SDF vaniteux, politiciens<br />

artistes, réfugiés heureux, terroristes mélomanes, psychanalystes idiots, prostituées végétariennes,<br />

garagistes érudits, diabétiques héréditaires, chômeurs nudistes, nègres militants, punks endimanchés,<br />

prolétaires apolitiques, humoristes musulmans, mères ménopausées, hackers corrompus,<br />

gays féministes, catholiques cool, milliardaires épanouis, écrivains véreux, alpinistes bavards,<br />

aristocrates envieuses, cambrioleurs analphabètes, syndicalistes retraités, dandys fauchés, policiers<br />

modèles, agriculteurs suicidaires, chirurgiens amateurs, bobos beaux, gauchers contrariés,<br />

touristes bipolaires, éboueurs roux : même combat ?<br />

L’association « Même pas peur » a été initiée par Cactus Inébranlable Éditions (www.cactusinebranlableeditions.e-monsite.com) et Les Éditions du Basson (www.editionsdubasson.com)<br />

Comité de rédaction Styvie Bourgeois, Thomas Burion, André Clette, Serge Delescaille, Benoit Doumont, Sylvie Kwaschin, Fabienne Lorant, Jean-Philippe Querton, Etienne Vanden Dooren Mise en page Etienne Vanden<br />

Dooren, Serge Delescaille Contributeurs dessins Cécile Bertrand, Bib’s, Thomas Burion, Yvan Carreyn, Serge Delescaille, Slobodan Diantalvic, Djony, Jacques Flamme, David Greuse, Kanar, Kurt, Pierre Laurentin,<br />

Marco Paulo, Jacques Sondron Contributeurs textes Cyril Bosc, André Clette, Benoit Doumont, Laurent d’Ursel, Louise Evenepoel, Florian Houdart, Sylvie Kwaschin, Dr Lichic, Mickomix, Béatrice Nérose, Jean-Philippe<br />

Querton, Sokolov, Brigitte Thiriart, Etienne Vanden Dooren, Dominique Watrin.<br />

Un grand merci à tous les contributeurs à qui nous n’avons pas pu offrir un espace dans ce numéro <strong>12</strong> de Même pas peur !<br />

Le site : http://www.memepaspeur-lejournal.net N° de compte BE 28 0017 5410 1520

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