Atypeek Mag N°1
Magazine collaboratif d'Atypeek (Musique - Mode - Design - Cinéma - Geek - Sub Culture - BD...) www.atypeek.fr
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DANS LES SALLES<br />
Date de sortie :<br />
29 juillet 2015<br />
(2 h 59 min)<br />
De : King Hu<br />
Avec : Feng Hsu,<br />
Shih Chun,<br />
Ying Bai plus<br />
Genre : Aventure<br />
Nationalité :<br />
Taïwanais<br />
Date de sortie vidéo Fin septembre<br />
17 novembre 1971 (version d’origine)<br />
A Touch of Zen est le film qui va révéler King Hu<br />
au public occidental grâce à un prix au Festival de<br />
Cannes où il est présenté en compétition en 1975.<br />
L’effet de sidération provoqué par la découverte<br />
simultanée des combats acrobatiques, de la splendeur<br />
des images et de la philosophie bouddhiste<br />
demeure aujourd’hui intact et A Touch of Zen n’a<br />
pas usurpé sa réputation de film mythique.<br />
Il faudra environ quatre ans de tournage et de<br />
montage pour accoucher d’un film sublime de<br />
près de trois heures, puisant sa source dans plusieurs<br />
textes littéraires et transcendant toutes les<br />
conventions du cinéma chinois et du wu xia pian<br />
classique, tant sur le plan de la narration que de<br />
la mise en scène. King Hu opte pour une forme<br />
maniériste, avec usage modéré du split screen, du<br />
ralenti et des jets d’hémoglobine.<br />
La virtuosité narrative de est aussi éblouissante que<br />
sa photographie (splendeur plastique des cadres<br />
et des images) et ses mouvements de caméra.<br />
Le film procède à plusieurs retours en arrière, dont<br />
le premier survient en son milieu pour éclairer les<br />
actions précédentes et les motivations des personnages,<br />
en particulier une mystérieuse jeune fille<br />
recherchée pour trahison par la police politique<br />
et dont le père a été assassiné par les sbires du<br />
grand eunuque Wei.<br />
Ce n’est pas un hasard si l’un des protagonistes<br />
principaux de A Touch of Zen est un artiste calligraphe<br />
et un lettré, en apparence naïf et maladroit – adulte,<br />
il vit encore avec sa mère qui se désespère de lui<br />
trouver une épouse – mais dont la connaissance<br />
de l’histoire des stratégies militaires lui permettra<br />
d’élaborer le plan de la longue bataille finale.<br />
Comme souvent chez King Hu, la précision et la<br />
virtuosité du trait de pinceau sur le papier rejoignent<br />
la souplesse des combattants capables<br />
de prouesses et d’une agilité surhumaine lors<br />
de combats aériens dans des décors naturels.<br />
Le corps devient signe, et la caméra pinceau. Le<br />
personnage du calligraphe devient une projection<br />
du metteur en scène à l’intérieur de son propre<br />
film, dépourvu des qualités martiales de ses héros<br />
mais capable de modifier le cours du récit grâce à<br />
son érudition et à son intelligence, en organisant<br />
des stratagèmes puisés dans l’art de la guerre pour<br />
déjouer les ennemis, et en inventant des histoires<br />
de fantômes et de citadelles hantées.<br />
Grand film de mise en scène donc, mais aussi grand<br />
film sur la mise en scène.<br />
A Touch of Zen est empreint de croyances et de<br />
philosophie bouddhistes. Les interventions régulières<br />
et salutaires de moines pèlerins, jusqu’au duel final<br />
avec un chef de la police particulièrement fourbe,<br />
apportent une dimension spirituelle et même<br />
surnaturelle à ce film immense aux ramifications<br />
riches et multiples.<br />
ATYPEEK MAG #01 OCT./NOV./DEC. 2016 123