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BEST WESTERN PREMIER Le Swann

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Bergotte<br />

Bergotte est le modèle de l’écrivain imaginé par Proust dans «À la recherche<br />

du temps perdu», comme Elstir y figure le peintre et Vinteuil le compositeur.<br />

<strong>Le</strong> narrateur admire avec exaltation cet auteur reconnu et se passionne pour<br />

ses oeuvres avec une ferveur de jeune homme :<br />

«Car dans les livres qui suivirent, s’il avait rencontré quelque grande vérité, ou le<br />

nom d’une célèbre cathédrale, il interrompait son récit et dans une invocation,<br />

une apostrophe, une longue prière, il donnait un libre cours à ces effluves qui<br />

dans ses premiers ouvrages restaient intérieurs à sa prose, décelés seulement<br />

alors par les ondulations de la surface, plus douces peut-être encore, plus<br />

harmonieuses quand elles étaient ainsi voilées et qu’on n’aurait pu indiquer<br />

d’une manière précise où naissait, où expirait leur murmure. Ces morceaux<br />

auxquels il se complaisait étaient nos morceaux préférés. Pour moi, je les<br />

savais par coeur. J’étais déçu quand il reprenait le fil de son récit. Chaque<br />

fois qu’il parlait de quelque chose dont la beauté m’était restée jusque-là<br />

cachée, des forêts de pins, de la grêle, de Notre-Dame de Paris, d’Athalie ou<br />

de Phèdre, il faisait dans une image exploser cette beauté jusqu’à moi. Aussi<br />

sentant combien il y avait de parties de l’univers que ma perception infirme<br />

ne distinguerait pas s’il ne les rapprochait de moi, j’aurais voulu posséder une<br />

opinion de lui, une métaphore de lui, sur toutes choses.»<br />

Du côté de chez <strong>Swann</strong> (Livre de Poche, p. 115)<br />

Plusieurs écrivains ont inspiré Proust pour son personnage de Bergotte mais<br />

on a surtout parlé d’Anatole France, qui lui a préfacé <strong>Le</strong>s Plaisirs et les jours.<br />

<strong>Le</strong> <strong>Swann</strong> possède le tirage de tête de ce magnifique ouvrage qui date de<br />

1896 et fut le premier livre de Marcel Proust.<br />

Bergotte is the quintessential writer imagined by Proust in «À la recherche du<br />

temps perdu», like what Elstir is to painting and Vinteuil to composing.<br />

The narrator gushes with enthusiasm for this famous writer and displays a<br />

young man’s passion for his books:<br />

«Car dans les livres qui suivirent, s’il avait rencontré quelque grande vérité, ou le<br />

nom d’une célèbre cathédrale, il interrompait son récit et dans une invocation,<br />

une apostrophe, une longue prière, il donnait un libre cours à ces effluves qui<br />

dans ses premiers ouvrages restaient intérieurs à sa prose, décelés seulement<br />

alors par les ondulations de la surface, plus douces peut-être encore, plus<br />

harmonieuses quand elles étaient ainsi voilées et qu’on n’aurait pu indiquer<br />

d’une manière précise où naissait, où expirait leur murmure. Ces morceaux<br />

auxquels il se complaisait étaient nos morceaux préférés. Pour moi, je les<br />

savais par coeur. J’étais déçu quand il reprenait le fil de son récit. Chaque<br />

fois qu’il parlait de quelque chose dont la beauté m’était restée jusque-là<br />

cachée, des forêts de pins, de la grêle, de Notre-Dame de Paris, d’Athalie ou<br />

de Phèdre, il faisait dans une image exploser cette beauté jusqu’à moi. Aussi<br />

sentant combien il y avait de parties de l’univers que ma perception infirme<br />

ne distinguerait pas s’il ne les rapprochait de moi, j’aurais voulu posséder une<br />

opinion de lui, une métaphore de lui, sur toutes choses.»<br />

Du côté de chez <strong>Swann</strong> (Livre de Poche, p. 115)<br />

Several writers inspired Proust in creating the character of Bergotte, but most<br />

attention has been paid to Anatole France, who wrote the preface to <strong>Le</strong>s<br />

Plaisirs et les jours.<br />

<strong>Le</strong> <strong>Swann</strong> has an advance deluxe copy of this magnficent work which dates<br />

from 1896 and which is Marcel Proust’s first book.<br />

<strong>Le</strong>s catleyas<br />

<strong>Le</strong>s catleyas sont des fleurs de l’espèce des orchidées qui apparaissent<br />

dans «Un amour de <strong>Swann</strong>», portés par la ravissante Odette dont <strong>Swann</strong> est<br />

éperdument amoureux.<br />

Il la retrouve un soir en sortant du Café Anglais après une folle recherche dans<br />

Paris pour la retrouver :<br />

«Elle tenait à la main un bouquet de catleyas et <strong>Swann</strong> vit, sous sa fanchon<br />

de dentelle, qu’elle avait dans les cheveux des fleurs de cette même orchidée<br />

attachées à une aigrette en plumes de cygne. Elle était habillée, sous sa<br />

mantille, d’un flot de velours noir qui, par un rattrapé oblique, découvrait en un<br />

large triangle le bas d’une jupe de faille blanche et laissait voir un empiècement,<br />

également de faille blanche, à l’ouverture du corsage décolleté, où étaient<br />

enfoncées d’autres fleurs de catleyas.»<br />

Du côté de chez <strong>Swann</strong> (Livre de Poche, p. 277)<br />

C’est en commençant par arranger les catleyas de son corsage que <strong>Swann</strong><br />

devient l’amant d’Odette, et l’expression «faire catleya» signifiera tacitement<br />

entre eux l’acte de la possession physique.<br />

<strong>Le</strong> célèbre tableau peint par Jacques-Emile Blanche en 1892 représente<br />

Proust avec une fleur à la boutonnière. S’agit-il du traditionnel gardénia porté<br />

par les hommes en habits à cette époque ou de cette fleur de catleya qu’il<br />

affectionnait tant ? On pourra se reporter à l’excellent ouvrage de Jean-Paul<br />

et Raphaël Enthoven, Dictionnaire Amoureux de Marcel Proust, Plon/Grasset,<br />

2013.<br />

Cattleyas are orchids that appear in «<strong>Swann</strong> in Love», worn by the ravishing<br />

Odette for whom <strong>Swann</strong> falls hopelessly in love.<br />

One evening, after desperately looking for her all over Paris, he finds her<br />

leaving the Café Anglais:<br />

«Elle tenait à la main un bouquet de catleyas et <strong>Swann</strong> vit, sous sa fanchon<br />

de dentelle, qu’elle avait dans les cheveux des fleurs de cette même orchidée<br />

attachées à une aigrette en plumes de cygne. Elle était habillée, sous sa<br />

mantille, d’un flot de velours noir qui, par un rattrapé oblique, découvrait en un<br />

large triangle le bas d’une jupe de faille blanche et laissait voir un empiècement,<br />

également de faille blanche, à l’ouverture du corsage décolleté, où étaient<br />

enfoncées d’autres fleurs de catleyas.»<br />

Du côté de chez <strong>Swann</strong> (Livre de Poche, p. 277)<br />

<strong>Swann</strong> becomes Odette’s lover by beginning to arrange the cattleyas in her<br />

corsage, so the expression «tend to her cattleyas » will tacitly signify for them<br />

the act of carnal intimacy.<br />

Jacques-Emile Blanche’s famous 1892 painting represents Proust with a<br />

flower in his buttonhole. Is it a traditional gardenia like those men in suits<br />

wore at the time, or is it perhaps the cattleya he loved so dearly? Perhaps<br />

the excellent work, Dictionnaire Amoureux de Marcel Proust (Plon/Grasset,<br />

2013), by Jean-Paul and Raphaël Enthoven can shed some light on the issue.<br />

Chambre 310<br />

Chambre 311<br />

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