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<strong>Le</strong> café Anglais<br />
<strong>Le</strong> Café Anglais est un célèbre restaurant parisien de la Belle Epoque,<br />
anciennement situé à l’angle du boulevard des Italiens et de la rue de Marivaux<br />
et évoqué dans le fameux film danois <strong>Le</strong> Festin de Babette où l’héroïne est<br />
chef cuisinier à la fin du Second Empire.<br />
Marcel Proust cite le Café Anglais à plusieurs reprises dans la Recherche,<br />
ainsi quand la domestique Françoise, qui se veut un parfait cordon bleu et<br />
juge avec sévérité les cuisiniers célèbres, l’évoque comme un exemple de<br />
cuisine traditionnelle et excellente :<br />
«Nous sentîmes pourtant qu’elle avait un sentiment juste de son art et le<br />
respect des traditions, car elle ajouta : « Non, je veux dire un restaurant où<br />
c’est qu’il y avait l’air d’avoir une bien bonne petite cuisine bourgeoise. C’est<br />
une maison encore assez conséquente. Ça travaillait beaucoup. Ah ! on en<br />
ramassait des sous là-dedans (Françoise, économe, comptait par sous, non<br />
par louis comme les décavés.) Madame connaît bien là-bas à droite, sur les<br />
grands boulevards, un peu en arrière… » <strong>Le</strong> restaurant dont elle parlait avec<br />
cette équité mêlée d’orgueil et de bonhomie, c’était… le Café Anglais.»<br />
A l’ombre des jeunes filles en fleurs (Livre de Poche, p. 63)<br />
The Café Anglais was a famous Parisian restaurant during the Belle Epoque,<br />
formerly located at the angle of the Boulevard des Italiens and the Rue de<br />
Marivaux. It is featured in the famous Danish film <strong>Le</strong> Festin de Babette. In that<br />
film, the heroine is a culinary chef at the end of the Second Empire.<br />
Marcel Proust mentions the Café Anglais several times in Recherche, for<br />
example when the domestic Françoise, who wants a perfect cordon bleu and<br />
judges famous chefs harshly, talks about it as exemplary of traditional<br />
excellence in cooking:<br />
«Nous sentîmes pourtant qu’elle avait un sentiment juste de son art et le<br />
respect des traditions, car elle ajouta : « Non, je veux dire un restaurant où<br />
c’est qu’il y avait l’air d’avoir une bien bonne petite cuisine bourgeoise. C’est<br />
une maison encore assez conséquente. Ça travaillait beaucoup. Ah ! on en<br />
ramassait des sous là-dedans (Françoise, économe, comptait par sous, non<br />
par louis comme les décavés.) Madame connaît bien là-bas à droite, sur les<br />
grands boulevards, un peu en arrière… » <strong>Le</strong> restaurant dont elle parlait avec<br />
cette équité mêlée d’orgueil et de bonhomie, c’était… le Café Anglais.»<br />
A l’ombre des jeunes filles en fleurs (Livre de Poche, p. 63))<br />
Madame Cottard<br />
Léontine Cottard est la femme du docteur Cottard et comme lui une visiteuse<br />
assidue du salon des Verdurin.<br />
Plutôt discrète, elle ne craint pourtant pas de donner son avis lors des dîners<br />
sur les nouveautés littéraires et artistiques, croyant ainsi aider la carrière de<br />
son mari, mais ne parvient jamais à intéresser <strong>Swann</strong> à ces banalités.<br />
«Un jour, peu après le retour de ces trois voyageurs, <strong>Swann</strong> voyant passer<br />
un omnibus pour le Luxembourg où il avait à faire, avait sauté dedans, et s’y<br />
était trouvé assis en face de Mme Cottard qui faisait sa tournée de visites « de<br />
jours » en grande tenue, plumet au chapeau, robe de soie, manchon, en-toutcas,<br />
porte-cartes, et gants blancs nettoyés. Revêtue de ces insignes, quand<br />
il faisait sec elle allait à pied d’une maison à l’autre, dans un même quartier,<br />
mais pour passer ensuite dans un quartier différent usait de l’omnibus avec<br />
correspondance. (...) - Je ne vous demande pas, Monsieur, si un homme<br />
dans le mouvement comme vous a vu, aux Mirlitons, le portrait de Machard<br />
qui fait courir tout Paris. Eh bien ! qu’en dites-vous ?<br />
Êtes-vous dans le camp de ceux qui approuvent ou dans le camp de ceux<br />
qui blâment ? Dans tous les salons on ne parle que du portrait de Machard ;<br />
on n’est pas chic, on n’est pas pur, on n’est pas dans le train, si on ne donne<br />
pas son opinion sur le portrait de Machard.»<br />
Du côté de chez <strong>Swann</strong> (Livre de Poche, p. 447)<br />
Léontine Cottard is the wife of Doctor Cottard, and like her husband, she is a<br />
faithful visitor to the salons of the Verdurins.<br />
While she is rather reserved by nature, at these dinner parties she is however<br />
not afraid to speak her mind on literary and artistic topics because she believes<br />
it is beneficial to her husband’s career. Still, she never manages to get <strong>Swann</strong><br />
to take an interest in these banal topics.<br />
«Un jour, peu après le retour de ces trois voyageurs, <strong>Swann</strong> voyant passer<br />
un omnibus pour le Luxembourg où il avait à faire, avait sauté dedans, et s’y<br />
était trouvé assis en face de Mme Cottard qui faisait sa tournée de visites « de<br />
jours » en grande tenue, plumet au chapeau, robe de soie, manchon, en-toutcas,<br />
porte-cartes, et gants blancs nettoyés. Revêtue de ces insignes, quand<br />
il faisait sec elle allait à pied d’une maison à l’autre, dans un même quartier,<br />
mais pour passer ensuite dans un quartier différent usait de l’omnibus avec<br />
correspondance. (...) - Je ne vous demande pas, Monsieur, si un homme<br />
dans le mouvement comme vous a vu, aux Mirlitons, le portrait de Machard<br />
qui fait courir tout Paris. Eh bien ! qu’en dites-vous ?<br />
Êtes-vous dans le camp de ceux qui approuvent ou dans le camp de ceux<br />
qui blâment ? Dans tous les salons on ne parle que du portrait de Machard ;<br />
on n’est pas chic, on n’est pas pur, on n’est pas dans le train, si on ne donne<br />
pas son opinion sur le portrait de Machard.»<br />
Du côté de chez <strong>Swann</strong> (Livre de Poche, p. 447)<br />
Chambre 312<br />
Chambre 314<br />
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