UEFA Direct n°166 Français

AU CŒUR DU JEU
À TRAVERS LE REGARD D’UN
STYLISTE EN ÉQUIPEMENTS
adidas
Jürgen Rank
adidas
« J’ai eu l’honneur de concevoir le maillot
de l’Allemagne pour la Coupe du monde
2014. De nombreuses personnes de différents
départements ont été intégrées dans cette
opération et il y a eu plusieurs discussions.
Nous avons préalablement voyagé dans
toute l’Allemagne pour nous entretenir avec
de jeunes joueurs et de jeunes supporters.
Nous leur avons demandé ce que l’Allemagne
signifiait pour eux. Des joueurs tels que
Mesut Özil et Lukas Podolski, issus de
différentes origines, ont dit qu’ils étaient fiers
de leur pays et de la manière dont s’était
opérée leur intégration. Comme symbole
de cette confiance, nous avions le chevron
sur le recto du maillot et de petites lignes pour
symboliser les différentes origines des joueurs.
Nous avons décidé de ne pas avoir du noir,
du rouge et de l’or, mais des tons dans le
rouge pour rendre ce maillot plein d’énergie,
l’énergie de la nouvelle génération allemande.
Nous avions aussi pour la première fois des
shorts blancs comme couleur officielle. Je
connais assez bien l’histoire du football et
nous avons vérifié que l’Allemagne n’avait
jamais perdu un match de Coupe du monde
quand elle avait porté des shorts blancs, plutôt
que le traditionnel noir, avec ses maillots
blancs à domicile. C’était de bon augure.
En raison des conditions météorologiques
au Brésil – pluie, chaleur et taux d’humidité
élevé – nous avons eu l’idée de produire
le maillot le plus léger qu’on ait jamais vu.
Ce fut l’Adizero. Durant la phase de test,
il y a eu des moments où nous sommes allés
trop loin – le maillot était trop léger et trop
fragile, tant et si bien que nous avons dû
renforcer à nouveau certains éléments du
Getty Images
Mesut Özil en quarts de finale
de la Coupe du monde 2014,
face à la France.
maillot de manière à ce qu’il soit résistant
et qu’il ne se déchire pas.
Dans l’histoire des équipements de football,
on avait les maillots en coton, qui étaient assez
lourds. Puis, dans les années 1970 et 1980,
on a commencé avec un mélange de fibres.
Maintenant les maillots sont dix fois plus
légers. Quand on donne un nouveau maillot
à d’anciens joueurs, ils sont surpris de
constater que les maillots sont si légers,
respirants et qu’ils sèchent aussi rapidement.
Adidas a toujours cherché à innover. Il y a
environ une décennie, nous avions prévu des
zones sur le recto puis au verso des maillots
afin de garantir que de l’air frais y pénètre et
que l’air chaud venant du corps soit évacué
du maillot – c’est ce qu’on a appelé Flow
Mapping/Formotion. Nous avons eu ensuite
le TechFit, un maillot vraiment léger que nous
avons offert aux joueurs pour la Coupe du
monde 2010 et pour la saison interclubs
suivante. Nous avons laissé aux joueurs le
choix entre le TechFit ou un maillot offrant
plus d’espace. Certains joueurs l’appréciaient
– Arjen Robben l’aimait et Podolski aussi.
Au sein de l’équipe de France, presque tous
les joueurs portaient un maillot TechFit.
D’autres joueurs choisirent de le porter dans
une taille supérieure de manière à se sentir
plus à l’aise. Des joueurs comme Robben
l’appréciaient dans la mesure où il était plus
difficile pour les défenseurs d’agripper son
maillot. Et l’Espagne a remporté la Coupe
du monde en l’ayant sur elle.
Quand on se penche sur l’histoire du
style des maillots, les trucs bizarres des années
1990 avec des impressions tape-à-l’œil sont
moins faciles à produire de nos jours en raison
des nombreuses nouvelles règles et dispositions
réglementaires en matière d’équipement.
Celles-ci ne permettent pas les trucs bizarres.
Pourtant, nous innovons toujours et le
développement durable est un élément de
plus en plus important pour nous.
Récemment, nous avons fabriqué des maillots
adidas/Parley pour Real Madrid et Bayern
durant la période de Noël. Nous sommes
convenus d’un formidable partenariat avec
Parley, une société qui entend faire disparaître
les déchets plastiques des océans. Nombre de
nos maillots sont de toute façon fabriqués
à partir de polyester recyclé, mais c’était
quelque chose de différent – il s’est agi de
maillots fabriqués à partir de bouteilles
récupérées dans les océans, en l’occurrence
aux Maldives. »
Shutterstock
UN CYCLE
DE « BLANCS »
Le choix de Real Madrid pour son
équipement d’un blanc immaculé
s’est inspiré de la célèbre équipe anglaise
en tournée à la fin du 19 e et au
début du 20 e siècle, Corinthians – qui évolue encore de
nos jours à un échelon inférieur, mais dans une catégorie
de jeu non professionnelle sous le nom de Corinthians-Casuals.
Six décennies plus tard, la renommée
et l’attrait de Real Madrid fut tel qu’en 1961, l’entraîneur
de Leeds United, Don Revie, changea de couleurs
pour passer du bleu et jaune au blanc intégral afin de
prendre exemple sur le club champion d’Europe.
Getty Images
JEU DE NUMÉROS
Aussi bien Arsenal que Chelsea firent l’expérience de
maillots numérotés lors de leurs matches de championnat
contre des adversaires n’ayant pas de numéros un week-end
d’août 1928, bien que le premier cas enregistré de deux
équipes les arborant dans le même match remonte à la finale
de la Coupe d’Angleterre de 1933 entre Everton et Manchester City, les joueurs
d’Everton portant les numéros 1 à 11 et ceux de City de 12 à 22. Les numéros
furent officiellement introduits dans la Ligue anglaise de football en 1939.
Jusqu’en 1996, les équipes disputant les compétitions interclubs de l’UEFA
portaient les numéros de 1 à 11 au dos de leurs maillots mais cela changea pour
la saison 1996-97, car les clubs purent déclarer un effectif de joueurs numérotés
de 1 à 25. À partir de 1998-99, les clubs furent autorisés à choisir librement des
numéros allant de 1 à 99.
UEFA DIRECT • Avril 2017 – 11