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Haiti Liberte 13 Septembre 2017

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Suite de la page (4)<br />

l’amélioration des infrastructures»,<br />

explique pour sa part l’expert en Electricité<br />

Jean Edouard Pauyo, dans un<br />

rapport publié en mars <strong>2017</strong>.<br />

Haïti serait le premier pays des<br />

Caraïbes à avoir été électrifié en 1912<br />

avec la Centrale Hydroélectrique de<br />

Gaillard à Jacmel dans le Sud-Est du<br />

pays. Pourtant aujourd’hui, il est le<br />

plus sous-alimenté en électricité en<br />

Amérique Latine et dans les Caraïbes,<br />

avec 7.5 millions de ses habitants<br />

n’ayant pas accès à l’énergie électrique,<br />

selon une étude de la Banque<br />

interaméricaine de développement<br />

(BID) sortie en 2016.<br />

Selon le MTPTC, il n’existe pas<br />

de réseau national de transport d’électricité<br />

dans le pays. Evaluée à 21 kwh/<br />

année, la consommation haïtienne per<br />

capita est plus de 80 fois inférieure à<br />

la moyenne de la région Amérique Latine<br />

et Caraïbes. D’ailleurs, un quart<br />

des 30 millions de personnes vivant<br />

dans cette région qui n’ont pas accès<br />

à l’électricité, se retrouvent en Haïti,<br />

où le marché énergétique se limite à<br />

une production électrique d’environ<br />

300 mégawatts permettant l’accès à<br />

l’électricité à 30% de la population en<br />

milieu urbain et de moins de 6% en<br />

zone rurale, estime la BID.<br />

Pour Andrew Morton, chef de<br />

programme d’ingénierie et énergie au<br />

Programme des Nations Unies pour<br />

l’Environnement (PNUE)/ Energy<br />

and Engineering Programme Manager<br />

du UNEP, le principal obstacle<br />

à la résolution du manque d’accès à<br />

l’électricité est le caractère peu attrayant<br />

du marché d’Haïti pour l’investissement<br />

énergétique du secteur<br />

privé, par rapport aux nombreux<br />

autres pays en concurrence pour l’investissement<br />

étranger direct à grande<br />

échelle.<br />

«Ce manque de compétitivité<br />

résulte d›une combinaison de<br />

nombreux facteurs, y compris:<br />

l›instabilité, la législation et les lacunes<br />

dans les politiques, la capacité limitée<br />

de la fonction publique, la capacité<br />

de payer limitée des consommateurs,<br />

la corruption réelle et perçue, le vol<br />

d’électricité et la fraude. », explique-til.<br />

Un cadre qui pour Morton, indique<br />

un niveau très élevé de risque commercial,<br />

qui n’est pas équilibré par un<br />

taux de rendement prévu élevé.<br />

«Pour résoudre ce problème,<br />

le nouveau gouvernement d›Haïti<br />

et ses partenaires internationaux de<br />

développement doivent prendre toute<br />

une série de mesures concrètes pour<br />

réduire le risque pour les investisseurs<br />

et souscrit partiellement le taux de<br />

rendement».<br />

De son côté, l’ancien ministre<br />

haïtien de l’Environnement Joseph<br />

Ronald Toussaint fustige les contrats<br />

de l’EDH avec des acteurs privés qui,<br />

selon lui, ne sont pas avantageux<br />

pour l’Etat. Il ne ménage pas ses<br />

propos. « EDH est un gouffre pour<br />

l’Etat. L’énergie/ l’électricité est un<br />

secteur stratégique. Je suis contre la<br />

privatisation de l’EDH, mais elle doit<br />

évoluer vers un partenariat publicprivé.<br />

Ce qui se fait actuellement,<br />

n’est pas intéressant. Par exemple,<br />

E-Power et Sogener [des compagnies<br />

qui vendent de l’électricité à EDH]<br />

sont en train de faire leur beurre!»,<br />

tranche-t-il.<br />

«Ce sont des contrats à revisiter.<br />

A l’avenir si nous aurons à signer des<br />

contrats et entamer des partenariats<br />

public-privé, ils doivent être mieux<br />

négociés, raisonnés et mieux orientés,<br />

ajoute Toussaint qui assure que le<br />

pays dispose d’une administration qui<br />

ne peut assurer le suivi des dossiers.<br />

On a des faiblesses institutionnelles<br />

et structurelles énormes et l’absence<br />

de la continuité de l’Etat, qui rejaillissent<br />

sur la question d’énergie».<br />

Haïti serait le premier pays des Caraïbes à avoir été électrifié en 1912<br />

avec la Centrale Hydroélectrique de Gaillard à Jacmel dans le Sud-Est du<br />

pays. Pourtant aujourd’hui, il est le plus sous-alimenté en électricité en<br />

Amérique Latine et dans les Caraïbes. Photo Milo MILFORT<br />

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Gestion irrationnelle des détritus<br />

Si l’électricité fait l’objet d’une gestion<br />

catastrophique, les déchets ne sont<br />

pas mieux lotis. Toutes les grandes<br />

villes y compris Port-au-Prince sont<br />

envahies par des montagnes de déchets.<br />

En Haïti, le tri de déchets n’est<br />

appliqué ni par les ménages ni au<br />

niveau de la décharge. La masse de<br />

déchets accumulés dans les villes croît<br />

davantage que la création d’installations<br />

capables de les traiter, les collecter<br />

et les éliminer. «On les ramasse<br />

aujourd’hui et demain on les revoit à<br />

nouveau», constate un riverain de Gérald<br />

Bataille dans la commune de Tabarre,<br />

qui habite non loin d’une montagne<br />

d’immondices incinérée tous les<br />

soirs par des mains inconnues. L’Haïtien<br />

s’habitue à vivre dans un milieu<br />

où le déchet s’impose.<br />

La décharge accueille quotidiennement<br />

entre 1500 à 2000 m 3 de<br />

déchets dépendamment de l’époque<br />

selon sa directrice Sophia Seignon,<br />

soit environ 60-75% des déchets<br />

produits dans la région de Port-au-<br />

Prince. Une partie est incinérée et le<br />

reste est déversé dans les rues, les<br />

ravins, canaux, les bords de mer et<br />

les égouts. Les conséquences sont<br />

l’omniprésence de la saleté, la multiplication<br />

des vermines et des fumées<br />

intempestives. «La gestion inadéquate<br />

des déchets constitue un problème<br />

majeur en Haïti. Elle contribue à<br />

la propagation des rongeurs et des<br />

maladies, bloque les routes, les voies<br />

piétonnières, les canaux et les cours<br />

d›eau, endommage les écosystèmes,<br />

dégrade les quartiers et augmente<br />

le risque d›inondation», révèle Solid<br />

Waste Association of North America<br />

dans un rapport publié en 2010.<br />

Les principaux problèmes<br />

concernant les déchets solides auxquels<br />

est confrontée la région de Portau-Prince<br />

sont le faible taux de collecte,<br />

l’inadéquation des installations<br />

d’élimination et les problèmes sociaux<br />

qui touchent les recycleurs officieux<br />

du site de Truitier, note de son côté<br />

le Département d’État américain, la<br />

Banque Mondiale (BM) et de la BID,<br />

dans une déclaration conjointe de ces<br />

bailleurs de fonds relative au projet<br />

Phoenix en 20<strong>13</strong>.<br />

A en croire l’agronome Jean<br />

François Thomas, ex-ministre haïtien<br />

de l’Environnement et aussi<br />

ex-ministre de l’Agriculture et des<br />

ressources naturelles et du développement<br />

rural (MARNDR), il existe<br />

chez nous des types de détritus très<br />

intéressants contrairement à des<br />

pays étrangers où l’on trouve des<br />

déchets nucléaires et très dangereux.<br />

«La question des déchets dans<br />

le pays est très délicate et souvent<br />

approchée avec beaucoup d’émotions.<br />

Ils constituent véritablement un<br />

problème parce qu’ils sont source<br />

d’infection, véhiculent de plusieurs<br />

maladies, mais en même temps,<br />

quand ils sont valorisés, ils peuvent<br />

devenir une source de revenus et de<br />

richesses», explique Thomas.<br />

Pouvoir des déchets haïtiens<br />

Ce pays des Caraïbes ne manque<br />

pas d’études théoriques et de plans<br />

faits sur papier très bien élaborés qui<br />

valorisent les déchets et disent comment<br />

les gérer. Ainsi, disposerait-il<br />

de ressources pour produire toutes<br />

les formes d’énergie dont il a besoin,<br />

mais aussi de déchets organiques en<br />

quantité qui peuvent servir comme<br />

engrais, fabriquer des briquettes, de<br />

l’énergie et pouvant servir à plusieurs<br />

types de transformation. Pourtant, ici,<br />

on ne fait ni l’un, ni l’autre.<br />

Vidéo à insérer : Incinération<br />

des déchets en Haïti, un danger majeur<br />

pour la santé et l’environnement<br />

! https://www.youtube.com/<br />

watch?v=METNZLp98-s<br />

«On peut donner à la décharge<br />

une certaine autonomie financière<br />

et la rendre productive de façon<br />

à ce qu’elle permette à l’Etat de<br />

rentrer des fonds. Avec elle, on peut<br />

faire beaucoup de choses comme<br />

la production de gaz, d’électricité,<br />

du compost, etc. La technique, la<br />

connaissance et l’expérience sont là.<br />

C’est une question de moyens», reconnait<br />

Carl Henry Vielot qui a dirigé<br />

la décharge nationale pendant plus de<br />

quatre ans.<br />

Durant ses années de mandat, il<br />

affirme avoir eu le projet de monter une<br />

usine qui produirait de l’électricité à<br />

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Le Directeur Général de l'EDH,<br />

l’ingénieur Hervé Pierre-Louis…<br />

Crédit Milo MILFORT<br />

partir des déchets. «Quoique le déchet<br />

haïtien est très humide, contenant<br />

beaucoup d’eau, on trouverait quand<br />

même un certain rendement. On ferait<br />

le nécessaire pour trouver des déchets<br />

en qualité pour y parvenir. Et aussi, à<br />

partir de là, on aurait une production<br />

d’eau potable qui proviendrait de cette<br />

usine qui fabriquerait de l’électricité et<br />

même de l’asphalte», ajoute-t-il.<br />

L’agronome Jean François Thomas<br />

affirme que nous n’avons pas assez<br />

de déchets pour produire de l’énergie<br />

électrique pour tout le pays, mais<br />

il peut y avoir des zones alimentées<br />

à l’électricité produite à base de déchets.<br />

«L’Etat utilise les combustibles<br />

pour produire de l’électricité, alors<br />

que nous avons des déchets pouvant<br />

nous aider à produire de l’électricité<br />

tout comme le vent, l’eau (hydro) et<br />

les combustibles fossiles. Avec une<br />

combinaison de tout ça, les déchets<br />

peuvent être un apport très intéressant».<br />

A la question, est-ce qu’un<br />

projet visant à produire de l’énergie<br />

est possible en Haïti, l’ingénieur<br />

Donald Paraison répond oui et non.<br />

« Non, ça va dépendre de la quantité<br />

de mégawatt recherchée. Un projet<br />

visant à produire entre 50 et 100 MW<br />

d’énergie à partir de déchets peut avoir<br />

de grandes difficultés pour atteindre<br />

son objectif. Après des études qui ont<br />

eu lieu, nous faisons la conclusion<br />

qu’en Haïti nous pouvons produire<br />

entre 5 jusqu’à 30 MW d’énergie à<br />

partir de déchets. Pour produire de<br />

l’énergie électrique, vous avez besoin<br />

d’une bonne quantité de déchets.<br />

Cette quantité-là n’existe pas. Même<br />

quand nous avons un problème de<br />

déchets».<br />

Autre problème avec les déchets<br />

haïtiens, c’est leur manque<br />

de capacité calorifique.<br />

Pour Andrew Morton, chef du<br />

programme d’ingénierie et énergie au<br />

PNUE (Energy and Engineering<br />

Programme Manager-UNEP), les<br />

déchets aux centrales énergétiques<br />

délivrent à grande échelle de l’électricité<br />

et respectent des normes environnementales<br />

élevées dans de<br />

nombreux pays, mais les politiques<br />

sous-jacentes et la composition des<br />

déchets sont différentes de celle d’Haïti<br />

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«Le profil général des déchets<br />

urbains haïtiens est marginal pour<br />

la production d›électricité soit par<br />

combustion soit par digestion<br />

anaérobie combinée à la combustion<br />

du gaz. Ceci est dû à sa teneur<br />

élevée en humidité et à ses niveaux<br />

marginaux de plastique et de papier<br />

hautement inflammable », a-t-il fait<br />

savoir.<br />

Pour Morton, selon des analyses<br />

économiques, la production de<br />

l’énergie à partir des déchets n’est pas<br />

techniquement compétitive par rapport<br />

à d’autres options moins complexes<br />

telles que l’énergie éolienne<br />

et solaire combinée avec le diesel, le<br />

mazout lourd ou les générateurs alimentés<br />

au gaz (. Et que « rares sont »<br />

les projets visant à produire de l’électricité<br />

à partir de déchets qui sont<br />

réalisés dans d’autres pays pauvres<br />

comme Haïti.<br />

Joseph Ronald Toussaint, ancien<br />

ministre haïtien de l’Environnement,<br />

informe que les ordures<br />

ménagères sont des matières organiques<br />

très propices au compostage.<br />

«Les déchets capables de produire du<br />

courant doivent contenir beaucoup<br />

de caoutchoucs et des plastiques qui<br />

ont un pouvoir calorifique. Je ne crois<br />

pas que nous avons des caoutchoucs<br />

en quantité. Nous n’avons pas de<br />

déchets en quantité comportant de<br />

fort pouvoir calorifique, si l’on tient<br />

compte de la composition des déchets<br />

d’un ménage urbain type», entonnet-il.<br />

Pour sa part, René Jean-Jumeau,<br />

ex-ministre haïtien délégué à la sécurité<br />

énergétique estime que les caractéristiques<br />

des déchets dépendent de<br />

leur provenance : industrielle, municipaux,<br />

agricoles, etc. Ainsi, s’avèret-il<br />

plus rentable de faire autre chose<br />

avec les déchets municipaux qui ont<br />

souvent une forte composante organique<br />

et humide. On peut en faire du<br />

compost pour l’agriculture et produire<br />

du méthane (un gaz combustible qui<br />

peut être utilisé dans des moteurs de<br />

véhicule ou de génératrice).<br />

«Cependant, le fait d’avoir<br />

un projet qui a besoin des déchets<br />

comme intrant, est une incitation à sa<br />

collecte», nuance celui qui est actuellement<br />

directeur exécutif de l’Institut<br />

haïtien de l’Energie (IHE). Pour lui,<br />

un projet visant l’incinération des<br />

déchets est possible théoriquement.<br />

Toutefois, il note certaines contraintes<br />

importantes qui sont souvent ignorées.<br />

«Il n’est pas rentable de collecter<br />

et brûler les déchets municipaux,<br />

même si on produit de l’électricité à<br />

partir de la combustion. Aussi, il existe<br />

un risque d’émission de gaz et de<br />

cendres toxiques avec la combustion<br />

des déchets. Différentes technologies<br />

de combustion produisent différents<br />

niveaux d’émissions, mais il y a<br />

un coût supérieur associé à une<br />

production moindre d’émissions»,<br />

conclut Jean-Jumeau. A Suivre!<br />

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Vol 11 # 10 • Du <strong>13</strong> au 19 <strong>Septembre</strong> <strong>2017</strong>

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