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Suite de la page (4)<br />
l’amélioration des infrastructures»,<br />
explique pour sa part l’expert en Electricité<br />
Jean Edouard Pauyo, dans un<br />
rapport publié en mars <strong>2017</strong>.<br />
Haïti serait le premier pays des<br />
Caraïbes à avoir été électrifié en 1912<br />
avec la Centrale Hydroélectrique de<br />
Gaillard à Jacmel dans le Sud-Est du<br />
pays. Pourtant aujourd’hui, il est le<br />
plus sous-alimenté en électricité en<br />
Amérique Latine et dans les Caraïbes,<br />
avec 7.5 millions de ses habitants<br />
n’ayant pas accès à l’énergie électrique,<br />
selon une étude de la Banque<br />
interaméricaine de développement<br />
(BID) sortie en 2016.<br />
Selon le MTPTC, il n’existe pas<br />
de réseau national de transport d’électricité<br />
dans le pays. Evaluée à 21 kwh/<br />
année, la consommation haïtienne per<br />
capita est plus de 80 fois inférieure à<br />
la moyenne de la région Amérique Latine<br />
et Caraïbes. D’ailleurs, un quart<br />
des 30 millions de personnes vivant<br />
dans cette région qui n’ont pas accès<br />
à l’électricité, se retrouvent en Haïti,<br />
où le marché énergétique se limite à<br />
une production électrique d’environ<br />
300 mégawatts permettant l’accès à<br />
l’électricité à 30% de la population en<br />
milieu urbain et de moins de 6% en<br />
zone rurale, estime la BID.<br />
Pour Andrew Morton, chef de<br />
programme d’ingénierie et énergie au<br />
Programme des Nations Unies pour<br />
l’Environnement (PNUE)/ Energy<br />
and Engineering Programme Manager<br />
du UNEP, le principal obstacle<br />
à la résolution du manque d’accès à<br />
l’électricité est le caractère peu attrayant<br />
du marché d’Haïti pour l’investissement<br />
énergétique du secteur<br />
privé, par rapport aux nombreux<br />
autres pays en concurrence pour l’investissement<br />
étranger direct à grande<br />
échelle.<br />
«Ce manque de compétitivité<br />
résulte d›une combinaison de<br />
nombreux facteurs, y compris:<br />
l›instabilité, la législation et les lacunes<br />
dans les politiques, la capacité limitée<br />
de la fonction publique, la capacité<br />
de payer limitée des consommateurs,<br />
la corruption réelle et perçue, le vol<br />
d’électricité et la fraude. », explique-til.<br />
Un cadre qui pour Morton, indique<br />
un niveau très élevé de risque commercial,<br />
qui n’est pas équilibré par un<br />
taux de rendement prévu élevé.<br />
«Pour résoudre ce problème,<br />
le nouveau gouvernement d›Haïti<br />
et ses partenaires internationaux de<br />
développement doivent prendre toute<br />
une série de mesures concrètes pour<br />
réduire le risque pour les investisseurs<br />
et souscrit partiellement le taux de<br />
rendement».<br />
De son côté, l’ancien ministre<br />
haïtien de l’Environnement Joseph<br />
Ronald Toussaint fustige les contrats<br />
de l’EDH avec des acteurs privés qui,<br />
selon lui, ne sont pas avantageux<br />
pour l’Etat. Il ne ménage pas ses<br />
propos. « EDH est un gouffre pour<br />
l’Etat. L’énergie/ l’électricité est un<br />
secteur stratégique. Je suis contre la<br />
privatisation de l’EDH, mais elle doit<br />
évoluer vers un partenariat publicprivé.<br />
Ce qui se fait actuellement,<br />
n’est pas intéressant. Par exemple,<br />
E-Power et Sogener [des compagnies<br />
qui vendent de l’électricité à EDH]<br />
sont en train de faire leur beurre!»,<br />
tranche-t-il.<br />
«Ce sont des contrats à revisiter.<br />
A l’avenir si nous aurons à signer des<br />
contrats et entamer des partenariats<br />
public-privé, ils doivent être mieux<br />
négociés, raisonnés et mieux orientés,<br />
ajoute Toussaint qui assure que le<br />
pays dispose d’une administration qui<br />
ne peut assurer le suivi des dossiers.<br />
On a des faiblesses institutionnelles<br />
et structurelles énormes et l’absence<br />
de la continuité de l’Etat, qui rejaillissent<br />
sur la question d’énergie».<br />
Haïti serait le premier pays des Caraïbes à avoir été électrifié en 1912<br />
avec la Centrale Hydroélectrique de Gaillard à Jacmel dans le Sud-Est du<br />
pays. Pourtant aujourd’hui, il est le plus sous-alimenté en électricité en<br />
Amérique Latine et dans les Caraïbes. Photo Milo MILFORT<br />
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Gestion irrationnelle des détritus<br />
Si l’électricité fait l’objet d’une gestion<br />
catastrophique, les déchets ne sont<br />
pas mieux lotis. Toutes les grandes<br />
villes y compris Port-au-Prince sont<br />
envahies par des montagnes de déchets.<br />
En Haïti, le tri de déchets n’est<br />
appliqué ni par les ménages ni au<br />
niveau de la décharge. La masse de<br />
déchets accumulés dans les villes croît<br />
davantage que la création d’installations<br />
capables de les traiter, les collecter<br />
et les éliminer. «On les ramasse<br />
aujourd’hui et demain on les revoit à<br />
nouveau», constate un riverain de Gérald<br />
Bataille dans la commune de Tabarre,<br />
qui habite non loin d’une montagne<br />
d’immondices incinérée tous les<br />
soirs par des mains inconnues. L’Haïtien<br />
s’habitue à vivre dans un milieu<br />
où le déchet s’impose.<br />
La décharge accueille quotidiennement<br />
entre 1500 à 2000 m 3 de<br />
déchets dépendamment de l’époque<br />
selon sa directrice Sophia Seignon,<br />
soit environ 60-75% des déchets<br />
produits dans la région de Port-au-<br />
Prince. Une partie est incinérée et le<br />
reste est déversé dans les rues, les<br />
ravins, canaux, les bords de mer et<br />
les égouts. Les conséquences sont<br />
l’omniprésence de la saleté, la multiplication<br />
des vermines et des fumées<br />
intempestives. «La gestion inadéquate<br />
des déchets constitue un problème<br />
majeur en Haïti. Elle contribue à<br />
la propagation des rongeurs et des<br />
maladies, bloque les routes, les voies<br />
piétonnières, les canaux et les cours<br />
d›eau, endommage les écosystèmes,<br />
dégrade les quartiers et augmente<br />
le risque d›inondation», révèle Solid<br />
Waste Association of North America<br />
dans un rapport publié en 2010.<br />
Les principaux problèmes<br />
concernant les déchets solides auxquels<br />
est confrontée la région de Portau-Prince<br />
sont le faible taux de collecte,<br />
l’inadéquation des installations<br />
d’élimination et les problèmes sociaux<br />
qui touchent les recycleurs officieux<br />
du site de Truitier, note de son côté<br />
le Département d’État américain, la<br />
Banque Mondiale (BM) et de la BID,<br />
dans une déclaration conjointe de ces<br />
bailleurs de fonds relative au projet<br />
Phoenix en 20<strong>13</strong>.<br />
A en croire l’agronome Jean<br />
François Thomas, ex-ministre haïtien<br />
de l’Environnement et aussi<br />
ex-ministre de l’Agriculture et des<br />
ressources naturelles et du développement<br />
rural (MARNDR), il existe<br />
chez nous des types de détritus très<br />
intéressants contrairement à des<br />
pays étrangers où l’on trouve des<br />
déchets nucléaires et très dangereux.<br />
«La question des déchets dans<br />
le pays est très délicate et souvent<br />
approchée avec beaucoup d’émotions.<br />
Ils constituent véritablement un<br />
problème parce qu’ils sont source<br />
d’infection, véhiculent de plusieurs<br />
maladies, mais en même temps,<br />
quand ils sont valorisés, ils peuvent<br />
devenir une source de revenus et de<br />
richesses», explique Thomas.<br />
Pouvoir des déchets haïtiens<br />
Ce pays des Caraïbes ne manque<br />
pas d’études théoriques et de plans<br />
faits sur papier très bien élaborés qui<br />
valorisent les déchets et disent comment<br />
les gérer. Ainsi, disposerait-il<br />
de ressources pour produire toutes<br />
les formes d’énergie dont il a besoin,<br />
mais aussi de déchets organiques en<br />
quantité qui peuvent servir comme<br />
engrais, fabriquer des briquettes, de<br />
l’énergie et pouvant servir à plusieurs<br />
types de transformation. Pourtant, ici,<br />
on ne fait ni l’un, ni l’autre.<br />
Vidéo à insérer : Incinération<br />
des déchets en Haïti, un danger majeur<br />
pour la santé et l’environnement<br />
! https://www.youtube.com/<br />
watch?v=METNZLp98-s<br />
«On peut donner à la décharge<br />
une certaine autonomie financière<br />
et la rendre productive de façon<br />
à ce qu’elle permette à l’Etat de<br />
rentrer des fonds. Avec elle, on peut<br />
faire beaucoup de choses comme<br />
la production de gaz, d’électricité,<br />
du compost, etc. La technique, la<br />
connaissance et l’expérience sont là.<br />
C’est une question de moyens», reconnait<br />
Carl Henry Vielot qui a dirigé<br />
la décharge nationale pendant plus de<br />
quatre ans.<br />
Durant ses années de mandat, il<br />
affirme avoir eu le projet de monter une<br />
usine qui produirait de l’électricité à<br />
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Le Directeur Général de l'EDH,<br />
l’ingénieur Hervé Pierre-Louis…<br />
Crédit Milo MILFORT<br />
partir des déchets. «Quoique le déchet<br />
haïtien est très humide, contenant<br />
beaucoup d’eau, on trouverait quand<br />
même un certain rendement. On ferait<br />
le nécessaire pour trouver des déchets<br />
en qualité pour y parvenir. Et aussi, à<br />
partir de là, on aurait une production<br />
d’eau potable qui proviendrait de cette<br />
usine qui fabriquerait de l’électricité et<br />
même de l’asphalte», ajoute-t-il.<br />
L’agronome Jean François Thomas<br />
affirme que nous n’avons pas assez<br />
de déchets pour produire de l’énergie<br />
électrique pour tout le pays, mais<br />
il peut y avoir des zones alimentées<br />
à l’électricité produite à base de déchets.<br />
«L’Etat utilise les combustibles<br />
pour produire de l’électricité, alors<br />
que nous avons des déchets pouvant<br />
nous aider à produire de l’électricité<br />
tout comme le vent, l’eau (hydro) et<br />
les combustibles fossiles. Avec une<br />
combinaison de tout ça, les déchets<br />
peuvent être un apport très intéressant».<br />
A la question, est-ce qu’un<br />
projet visant à produire de l’énergie<br />
est possible en Haïti, l’ingénieur<br />
Donald Paraison répond oui et non.<br />
« Non, ça va dépendre de la quantité<br />
de mégawatt recherchée. Un projet<br />
visant à produire entre 50 et 100 MW<br />
d’énergie à partir de déchets peut avoir<br />
de grandes difficultés pour atteindre<br />
son objectif. Après des études qui ont<br />
eu lieu, nous faisons la conclusion<br />
qu’en Haïti nous pouvons produire<br />
entre 5 jusqu’à 30 MW d’énergie à<br />
partir de déchets. Pour produire de<br />
l’énergie électrique, vous avez besoin<br />
d’une bonne quantité de déchets.<br />
Cette quantité-là n’existe pas. Même<br />
quand nous avons un problème de<br />
déchets».<br />
Autre problème avec les déchets<br />
haïtiens, c’est leur manque<br />
de capacité calorifique.<br />
Pour Andrew Morton, chef du<br />
programme d’ingénierie et énergie au<br />
PNUE (Energy and Engineering<br />
Programme Manager-UNEP), les<br />
déchets aux centrales énergétiques<br />
délivrent à grande échelle de l’électricité<br />
et respectent des normes environnementales<br />
élevées dans de<br />
nombreux pays, mais les politiques<br />
sous-jacentes et la composition des<br />
déchets sont différentes de celle d’Haïti<br />
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«Le profil général des déchets<br />
urbains haïtiens est marginal pour<br />
la production d›électricité soit par<br />
combustion soit par digestion<br />
anaérobie combinée à la combustion<br />
du gaz. Ceci est dû à sa teneur<br />
élevée en humidité et à ses niveaux<br />
marginaux de plastique et de papier<br />
hautement inflammable », a-t-il fait<br />
savoir.<br />
Pour Morton, selon des analyses<br />
économiques, la production de<br />
l’énergie à partir des déchets n’est pas<br />
techniquement compétitive par rapport<br />
à d’autres options moins complexes<br />
telles que l’énergie éolienne<br />
et solaire combinée avec le diesel, le<br />
mazout lourd ou les générateurs alimentés<br />
au gaz (. Et que « rares sont »<br />
les projets visant à produire de l’électricité<br />
à partir de déchets qui sont<br />
réalisés dans d’autres pays pauvres<br />
comme Haïti.<br />
Joseph Ronald Toussaint, ancien<br />
ministre haïtien de l’Environnement,<br />
informe que les ordures<br />
ménagères sont des matières organiques<br />
très propices au compostage.<br />
«Les déchets capables de produire du<br />
courant doivent contenir beaucoup<br />
de caoutchoucs et des plastiques qui<br />
ont un pouvoir calorifique. Je ne crois<br />
pas que nous avons des caoutchoucs<br />
en quantité. Nous n’avons pas de<br />
déchets en quantité comportant de<br />
fort pouvoir calorifique, si l’on tient<br />
compte de la composition des déchets<br />
d’un ménage urbain type», entonnet-il.<br />
Pour sa part, René Jean-Jumeau,<br />
ex-ministre haïtien délégué à la sécurité<br />
énergétique estime que les caractéristiques<br />
des déchets dépendent de<br />
leur provenance : industrielle, municipaux,<br />
agricoles, etc. Ainsi, s’avèret-il<br />
plus rentable de faire autre chose<br />
avec les déchets municipaux qui ont<br />
souvent une forte composante organique<br />
et humide. On peut en faire du<br />
compost pour l’agriculture et produire<br />
du méthane (un gaz combustible qui<br />
peut être utilisé dans des moteurs de<br />
véhicule ou de génératrice).<br />
«Cependant, le fait d’avoir<br />
un projet qui a besoin des déchets<br />
comme intrant, est une incitation à sa<br />
collecte», nuance celui qui est actuellement<br />
directeur exécutif de l’Institut<br />
haïtien de l’Energie (IHE). Pour lui,<br />
un projet visant l’incinération des<br />
déchets est possible théoriquement.<br />
Toutefois, il note certaines contraintes<br />
importantes qui sont souvent ignorées.<br />
«Il n’est pas rentable de collecter<br />
et brûler les déchets municipaux,<br />
même si on produit de l’électricité à<br />
partir de la combustion. Aussi, il existe<br />
un risque d’émission de gaz et de<br />
cendres toxiques avec la combustion<br />
des déchets. Différentes technologies<br />
de combustion produisent différents<br />
niveaux d’émissions, mais il y a<br />
un coût supérieur associé à une<br />
production moindre d’émissions»,<br />
conclut Jean-Jumeau. A Suivre!<br />
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Vol 11 # 10 • Du <strong>13</strong> au 19 <strong>Septembre</strong> <strong>2017</strong>