Ami de la Nature 3 | 2017

EN ROUTE | ZERMATT
des os cassés, et appeler à l’aide – mais il n’y
aurait personne! Personne ne nous entendrait.
La couronne de la morène se rétrécit progressivement.
C’est très raide des deux côtés. Va-t-on
à présent sur un pergélisol? A quoi ressemblera
ce paysage dans 30 ans? La glace du glacier
dégage de la fraîcheur. Mais que faire s’il n’y a
plus de glace? Quand elle aura également fondu
au Gornergrat, au Breithorn, au Mont Rose?
Rien n’est éternel. La vieille cabane du Rothorn
ne sera elle aussi bientôt plus qu’un souvenir. La
demande de permis de construire a été déposée
pour y bâtir un nouvel immeuble. Lorsque le
projet aura été achevé d’ici deux à trois ans, l’œil
devra s’habituer à ce nouvel entendement de
l’esthétique.
Au pied du Cervin: forêt de
mélèzes près de Zmutt, à
l’ouest de Zermatt.
Nuits gratuites à Zermatt?
Voir concours AN page 39.
Journées données
Automne à Zermatt. Les mélèzes ont un habit
jaune et or. Les soirées sont fraîches. Dans les
potagers communs, derrière la gare, les jardiniers
amateurs couvrent précautionneusement
leurs platebandes de légumes de toiles en plastic.
Rosée du matin, ciel bleu sans nuages, air
clair. Des journées données en cadeau, les dernières
de l’automne. De combien
allons-nous encore
pouvoir profiter? Tout
pourrait basculer dès demain.
Changement brusque de la météo avec
neige ou pluie continue, humidité et brouillard.
Le charme automnal se serait évaporé, les montagnes
seraient voilées, on ne verrait rien – le
meilleur, ce serait de rester chez soi.
Revenons-en à la Trift et dirigeons-nous vers
la cabane du Rothorn. Des cours de ruisseaux
traversent en méandres la cuvette du pâturage.
L’eau glacée surprenant nos vieilles dents nous
fait tressaillir. Le chemin devant nous se dirige
vers une large morène de glacier légèrement
courbée qui n’est pas dénuée d’une certaine
élégance. Mais ceci n’est pas une piste de danse.
Personne ne regarde, personne loin à la ronde.
Comment était-ce autrefois? Quand les gens
n’avaient pas encore de téléphone ni d’appareil
radio? On s’imagine se retrouver ici blessé, avec
Nous faisons à nouveau une halte sur le
pâturage en écoutant les murmures, gargouillements
et bouillonnements de l’eau. Tantôt
le bruit enfle, tantôt il diminue, selon le vent.
Parfois, il vient de la gauche, d’autres fois de la
droite. Nous sommes surpris. Le souffle du vent
est à peine perceptible sur la peau ce qui ne
l’empêche pas d’avoir beaucoup d’effet.
Au revoir…
Peu avant 19 heures, nous nous retrouvons
devant l’église paroissiale du village. Le petit
groupe de personnes qui prient s’est retrouvé,
environ une douzaine, pour la plupart des
femmes. La disposition des places est la même
que celle d’hier et d’avant-hier. Elle restera probablement
inchangée demain. Sauf si quelqu’un
est tombé malade. Soit dit en passant, Zermatt
compte également une église anglaise, St. Peter’s
Church, dans le haut du village. A partir de la
mi-octobre (jusque peu avant Noël), elle est
cependant orpheline, le dernier volontaire étant
retourné en Angleterre. Pourtant, en octobre,
soit pendant l’entre-saison, des gens se rassemblent
chaque soir dans l’église catholique pour
prier. Le visiteur peut se joindre à eux et trouver
l’harmonie. Les mots donnent la cadence.
Le fidèle se souvient du rosaire, ce collier de 55,
respectivement 59 perles. Les rosaires pour les
hommes étaient le plus souvent bruns ou noirs,
en tout cas foncés, tandis que ceux destinés
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