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PEAU-OR-SOIE_WEB_FLO-LEG

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Textes :<br />

Bernard Dat<br />

Michel Piquet<br />

Stéphane Ceccaldi<br />

et François Rognon<br />

Photographies :<br />

Jean-Michel Gaillard<br />

La Peau,<br />

l’Or et la Soie<br />

Les décors maçonniques du 18 e au 21 e siècle<br />

Préfaces de<br />

Hubert Greven<br />

et Alain Graesel<br />

Co-édition<br />

Passeurs de Lune & Grande Loge de France


La Peau,<br />

l’Or et la Soie<br />

Les décors maçonniques du 18 e au 21 e siècle


Le R.E.A.A. en France<br />

50 50


Les trois<br />

premiers degrés


Les trois premiers degrés > Les tabliers<br />

Historique<br />

Le tablier, avec les gants, est l’un des attributs vestimentaires<br />

distinctifs les plus signifi catifs du Franc-Maçon : remis solennellement<br />

lors de la cérémonie d’Initiation, il ne cessera d’être porté en toute<br />

occasion lors de la pratique rituelle des trois premiers degrés, tous<br />

rites confondus. Sa remise est comme une sorte d’investiture et<br />

demeure un insigne démonstratif de l’engagement du Franc-Maçon<br />

dans la voie du perfectionnement. Le tablier et les gants sont<br />

couramment nommés décors mais ils sont en réalité de véritables<br />

insignes maçonniques, à la différence des cordons qui ne sont que<br />

des ornements.<br />

Si aucune codification de taille ou de forme n’est fixée avant le<br />

19 e siècle, la présence du tablier est déjà attestée (avec les gants)<br />

dans les registres de la Loge d’Aberdeen en 1670 pour les impétrants<br />

non opératifs (les opératifs ayant probablement leurs propres tabliers<br />

de travail) et on le retrouve aussi porté sur le bras avant remise sur<br />

le frontispice des Constitutions d’Anderson de 1723.<br />

Gravure dite de Gabanon illustrant la cérémonie d’Initiation - France, 18 e s.<br />

PA.002.1251<br />

Frontispice des Constitutions d’Anderson, 1723 - Collection particulière<br />

<br />

52 53


Les trois premiers degrés > Les tabliers<br />

Le tablier blanc<br />

Originellement en peau d’agneau, le tablier est censé évoquer<br />

celui porté anciennement par les tailleurs de pierre et<br />

ses dimensions ont pu au 18 e siècle être beaucoup plus<br />

importantes qu’elles ne le sont de nos jours car il était destiné<br />

à se plaquer sur le devant du corps depuis les genoux jusqu’à<br />

la poitrine pour rappeler la protection qu’il apportait au Maître<br />

Ouvrier Opératif.<br />

La couleur du tablier est toujours intégralement blanche<br />

aux grades d’Apprenti et de Compagnon, symbole de pureté,<br />

d’innocence et d’un état de virginité virtuellement recouvré<br />

par le nouvel Initié. La forme en est normalement rectangulaire<br />

avec une bavette triangulaire sur le dessus – relevée au<br />

grade d’Apprenti pour évoquer une protection plus grande à<br />

apporter aux « nouveaux » et parfois tournée vers son porteur<br />

pour souligner le travail d’introspection à faire sur soi même,<br />

et rabaissée sur le tablier au grade de Compagnon – mais<br />

il arrive que quelques modèles anciens soient entièrement<br />

triangulaires.<br />

<br />

Tablier d'Apprenti en peau<br />

Tablier de Compagnon en peau<br />

Tablier d'Apprenti en peau - TT.002.366<br />

<br />

54 54 55


Les trois premiers degrés > Les tabliers<br />

Le Maître<br />

<br />

Le tablier de Maître du Rite Écossais Ancien et Accepté est invariablement à fond blanc bordé<br />

d’une bande de moire rouge surpiquée pour les modèles standards.<br />

Sa forme est comme pour les deux premiers degrés – Apprenti et Compagnon – taillée dans<br />

une pièce de soie ou de peau rectangulaire mais la partie basse peut parfois être arrondie<br />

aux angles et la bavette est généralement triangulaire et de nos jours cousue directement sur<br />

la masse du tablier. La partie arrière est aujourd’hui neutre mais elle était encore récemment<br />

de couleur noire et ornée d’un crâne et de larmes pour la pratique des cérémonies funèbres<br />

(le tablier était alors retourné et porté à l’envers, comme c’est toujours le cas pour les<br />

cordons dans de telles cérémonies).<br />

L’alliance des couleurs blanches et rouges apparaît dès le 18 e siècle mais ne sera généralisée<br />

puis imposée pour la pratique du Rite Écossais Ancien et Accepté que dans les années<br />

1830-1850. En dehors du fond blanc, les couleurs distinctives des décors ont été aux débuts<br />

de la maçonnerie spéculative en grande partie inspirées des ordres nobiliaires prestigieux. Le<br />

rouge dit « Crimson » a put être repris de celui porté sur les décorations de l’Ordre anglais du<br />

Bain mais il peut aussi faire référence à la couleur impériale en raison d’une symbolique du<br />

Rite Écossais Ancien et Accepté en partie inspirée de celle du Saint-Empire.<br />

Les Grands Stewarts de la Grande Loge d’Angleterre ont porté des tabliers blancs bordés de<br />

rouge dès la Saint Jean d’été 1735 et les Stuarts, qui ont porté ce titre, ont peut être apporté<br />

ce type de décors dès le 18 e siècle en France durant leur exil.<br />

L’instauration offi cielle du Rite Écossais Ancien et Accepté par le Suprême Conseil de France<br />

en 1804 et la nécessité de se distinguer des autres puissances maçonniques ont achevé à la<br />

fi n du premier tiers du 19 e siècle la fi xation du code couleur des décors de ce rite.<br />

La tendance moderne tend à une simplifi cation, voire à une disparition, des motifs représentés<br />

sur le tablier mais on peut encore régulièrement retrouver sur la bavette la lettre G dans une<br />

étoile flamboyante ainsi que les lettres M et B – en clair ou en alphabet maçonnique – et enfi n<br />

des branchages d’acacia qui sont distinctifs du grade de Maître.<br />

<br />

Tablier en peau et textile, bijou en métal - TT.002.412<br />

Tablier en soie brodée et canetille - TT.002.453<br />

Tablier en soie brodée et canetille - TT.002.413<br />

56 56 57


Atypisme et personnalisations<br />

Certains modèles de tabliers de Maître<br />

peuvent représenter des ornementations<br />

atypiques, même si aujourd’hui l’uniformisation<br />

est de mise – notamment en raison de<br />

l’industrialisation des confections de décors.<br />

Les couleurs restent toujours invariablement<br />

blanches pour le fond et rouges pour les<br />

bordures, mais les motifs brodés ou peints<br />

peuvent être personnalisés ou faire référence<br />

à des pratiques anciennes ou extérieures au<br />

Rite Écossais Ancien et Accepté<br />

La présence de rosettes constituées de la<br />

même moire que la bordure est un archaïsme,<br />

décrit comme étant la norme dans le Précis du<br />

Rite de 1813 alors que les lettres M et B ont été<br />

préférées ensuite dans l’ouvrage de Vuillaume<br />

et imposées après 1830. Leur remplacement<br />

par des tau est en revanche une mauvaise<br />

assimilation de pratiques des Rites Écossais<br />

Rectifi é ou Émulation qui les sollicitent pour un<br />

Maître devenu Vénérable par la suite.<br />

On peut également rencontrer des personnalisations<br />

faisant référence à l’iconographie<br />

précise d’une Loge et certains Maîtres<br />

n’hésitent pas de nos jours encore à faire<br />

confectionner des décors avec des rappels<br />

de modèles anciens, tant par la forme que<br />

par les motifs pour tenter de retrouver des<br />

valeurs iconographiques originelles.<br />

<br />

<br />

Tablier de Maître en peau brodée - TT.002.418<br />

Tablier de Maître personnalisé en textile gros<br />

grain - TT.002.416<br />

Tablier de Maître en peau - TT.002.4<br />

Tablier de Maître en peau peinte - TT.002.411<br />

Tablier moderne brodé


Les trois premiers degrés > Les tabliers<br />

Couleurs et rites<br />

Les motifs et les codes couleurs permettent aujourd’hui de distinguer<br />

clairement les rites auxquels les décors portés sont affi liés mais<br />

cette facilité d’attribution n’est en fait possible que depuis la<br />

deuxième moitié du 19 e siècle, après la fi xation des divers rituels.<br />

Les premiers temps de la maçonnerie spéculative représentent une<br />

période de gestation dont les décors maçonniques sont les témoins<br />

manifestes. La codifi cation des symboles se met progressivement en<br />

place et il n’est pas rare de retrouver jusqu’au début du 19 e siècle<br />

des motifs similaires ordonnés selon des codes couleurs différents.<br />

C’est ainsi que les bordures peuvent varier d’un tablier à l’autre sans<br />

pour autant indiquer la pratique d’un rite précis. La légende d’Hiram<br />

et le Temple restent les sujets principaux de l’iconographie des trois<br />

premiers degrés – Apprenti, Compagnon et Maître – mais la mise en<br />

place des couleurs peut différer selon les tabliers car les motifs<br />

imprimés à partir d’un choix fait sur catalogue sont coloriés à la main<br />

selon la volonté du commanditaire du décor.<br />

Les deux tabliers à l’iconographie similaire conservés dans les<br />

collections du M.A.B. illustrent parfaitement cette problématique. L'un<br />

() est bordé de bleu, l'autre () de rouge. Ils représentent tous<br />

deux sur la bavette les deux colonnes J et B précédant un espace<br />

sacralisé constitué d’un pavé mosaïque surplombé d’un temple<br />

(alors que cet espace est d’ordinaire réservé à la lettre G dans une<br />

étoile flamboyante). La partie basse pour sa part comporte un dais<br />

mortuaire encadré d’une corde à nœuds et surmonté aux angles<br />

de branches d’acacia, et au centre duquel est disposé un cercueil<br />

dominé par un plateau de Vénérable Maître. Parfois faussement<br />

qualifi és de tabliers de grade de vengeance en raison du dais que<br />

l’on retrouve sur des tabliers de ce degré, ces deux pièces de<br />

peau peinte sont en fait réellement deux décors de Maître reprenant<br />

l’iconographie classique et non équivoque de la légende d’Hiram et de<br />

l’intérieur d’une loge au troisième degré.<br />

<br />

Tablier en peau peinte - Début du 19 e s. - TT.002.181<br />

Détail d'un tablier en peau peinte - Début du 19 e s. - TT.002.180<br />

60 61


Les trois premiers degrés > Les tabliers<br />

Bordures, motifs et attribution<br />

<br />

La bordure du tablier n’a que peu d’importance sur les pièces les<br />

plus anciennes sur lesquelles on retrouve en fait essentiellement la<br />

représentation du Temple et de nombreux symboles. Les rituels ne<br />

fi xent pas encore précisément l’iconographie et les commanditaires<br />

décident souvent eux-mêmes de l’agencement fi nal des motifs ainsi<br />

que les sujets représentés. C’est la qualité ainsi que la complexité du<br />

travail de broderie qui font des décors primitifs de véritables pièces<br />

uniques inspirées par les légendes maçonniques.<br />

Chaque commanditaire indique au fabricant ses propres désirs<br />

selon son vécu et son inspiration personnelle. Le cas du « tablier<br />

à la pagode chinoise » qui date de la fi n du 18 e siècle, est à ce titre<br />

unique par la présence de fleurs ou d’étoiles stylisées, de colonnes<br />

mosaïquées et encore plus par la forme arrondie en toit de pagode<br />

asiatique pour la couverture du Temple : le commanditaire était<br />

peut-être un Européen en relation ou vivant en Asie.<br />

Les autres broderies de cette époque sont toujours d’une grande<br />

qualité et allient différentes techniques : seuls les arrangements des<br />

motifs les différencient.<br />

<br />

Tablier en soie brodée et canetille - Début du 19 e s. - TT.002.460<br />

Tablier en soie brodée et canetille - Début du 19 e s. - TT.002.459<br />

Tablier en soie brodée et canetille - Fin du 18 e s. - TT.002.581<br />

62 62 63


Les trois premiers degrés > Les tabliers<br />

Les tabliers archaïques<br />

<br />

Le 18 e siècle est la période de création et de fi xation de la maçonnerie<br />

spéculative moderne. L’ensemble des symboles qui se trouvent utilisés<br />

jusqu’à nos jours est déjà présent mais leur mise en place hésitante et<br />

foisonnante sur les décors témoigne des réflexions nombreuses qui s’y<br />

rapportent. Les matières, techniques d’application des motifs – broderie<br />

ou peinture – et la forme des tabliers sont d’une telle diversité que le<br />

18 e siècle, prolongé jusqu’au premier tiers du 19 e , peut être considéré<br />

comme l’âge d’or du décor maçonnique.<br />

Certains tabliers, comme c’est le cas du modèle brodé archaïque d’une<br />

étonnante fraîcheur, sont totalement artisanaux et intégralement faits<br />

main par leurs propriétaires. La forme générale est approximative<br />

en raison d’une découpe hésitante et le tissage est aussi parfois<br />

asymétrique. Les symboles sont cependant déjà les colonnes J et B,<br />

la lune et le soleil, les pierres brutes et cubiques, le pavé mosaïque,<br />

le compas entrecroisé avec l’équerre, l’acacia, la lettre G dans l’étoile<br />

flamboyante, le delta rayonnant ainsi que la corde à nœuds et la<br />

mention Sagesse – Force et Beauté, soient tous les basiques d’une<br />

Franc-Maçonnerie intemporelle.<br />

On peut également rencontrer des tabliers peints sur soie ou peau,<br />

avec décors architecturaux ou symboles en nombre. Même si les mises<br />

en place peuvent sembler désordonnées au premier coup d’œil, comme<br />

c’est le cas sur le grand tablier de soie aux symboles imprimés (), les<br />

arrangements spatiaux semblent déjà se préciser de part et d’autre des<br />

colonnes J et B et aucun symbole n’est disposé sans arrière pensée.<br />

Certains motifs n’appartiennent cependant pas à un corpus reproduit<br />

par la suite, comme on peut le voir sur le modèle en peau peinte à<br />

la forme découpée évoquant la forme originelle de la peau animale sur<br />

lequel sont visibles les représentations d’un temple et de verdures<br />

qui sont des motifs uniques : l’architecture du bâtiment avec son toit<br />

en pointe et le fronton crénelé est clairement atypique et fait plutôt<br />

penser à un tombeau – celui d’Hiram – qu’à un temple. Les traditionnelles<br />

colonnes J et B ainsi que le classique pavé mosaïque sont absents.<br />

<br />

Tablier en peau peinte - TT.007.1705<br />

Tablier en soie peinte - TT.002.457<br />

Tablier en soie brodée - TT.002.183<br />

64 64 65


Les trois premiers degrés<br />

> Les tabliers<br />

Modèle compas équerre<br />

<br />

Le compas et l’équerre représentent deux<br />

des symboles les plus manifestes de la<br />

Franc-Maçonnerie et on les retrouve déjà<br />

chez les maçons opératifs au travers d’une<br />

inscription irlandaise de 1507 gravée sur un<br />

pont : « Je m’efforcerai de vivre avec amour<br />

et attention sur le niveau et par l’équerre ».<br />

Dans la Franc-Maçonnerie spéculative, les<br />

deux font référence à l’art de bâtir et il est<br />

donc normal de les retrouver sur les décors<br />

maçonniques portés par des hommes<br />

aspirant à la construction d’une société<br />

idéale.<br />

La position des deux symboles, l'un vis à<br />

vis de l'autre, est de nos jours parfaitement<br />

codifi ée selon le grade pratiqué – Apprenti,<br />

Compagnon, Maître – mais les débuts de la<br />

maçonnerie furent moins précis sur ce sujet.<br />

Le compas et l’équerre sont jusqu’à la fi n du<br />

19 e siècle presque toujours entrecroisés et<br />

non superposés comme aujourd’hui, et les<br />

deux outils peuvent même être enlacés par<br />

un cordage : l’allusion au grade de Maître<br />

est cependant indiscutable en raison de la<br />

présence de branches d’acacia et parfois<br />

des lettres M et B (le cas d’un tablier ()<br />

portant mention de ces lettres sur les deux<br />

colonnes étant plus rare).<br />

Tablier en soie brodée et canetille<br />

Début du 19 e s. (bordure moderne) - TT.002.559<br />

Tablier en soie brodée et canetille<br />

Début du 19 e s. - Dépôt du Musée Masséna de Nice<br />

(fonds Cappati)<br />

66 66 67


Les trois premiers degrés > Les tabliers<br />

Modèles temples brodés<br />

Le temple est le lieu géographique et mythique de réunion<br />

des Francs-Maçons et il est notoire de remarquer que le mot<br />

s’applique aujourd’hui par substitution à celui de loge qui était<br />

primitivement employé pour désigner ce même lieu. On peut<br />

aussi souligner que le temple maçonnique est une référence<br />

incontournable à celui érigé sur l’ordre de Salomon et dont<br />

l’architecture extérieure et intérieure inspire depuis ses débuts<br />

la maçonnerie spéculative dans la pratique de ses rituels. C’est<br />

pourquoi sa représentation depuis le 18 e siècle a entraîné la<br />

création d’un iconographie spécifi que et abondante.<br />

Les tabliers les plus simples se contentent d’une vue faciale<br />

géométrisante et schématique du temple formé d’un carré à deux<br />

colonnes surmontées d’un fronton triangulaire. Le nombre des<br />

marches du podium qui soutiennent l’édifi ce importe peu – trois,<br />

cinq ou sept – car les branches coupées d’acacia ou les arbres<br />

plantés de cette même espèce attestent du grade de Maître,<br />

tout comme la lettre G disposée dans l’étoile flamboyante qui fait<br />

référence à l’art de la géométrie.<br />

> Tablier en soie brodée et canetille - 19 e s. - TT.002.454<br />

68 68 69


Modèles temples brodés (suite)<br />

Les modèles de tabliers brodés au temple plus élaborés peuvent<br />

représenter des édifi ces à plusieurs colonnes et un nombre de portes<br />

variant de un à deux (et plus exceptionnellement trois). La forme même<br />

du temple semble alors être en rotonde et l’appellation de « modèle au<br />

kiosque » est couramment appliquée à ce type de décors.<br />

Les créations les plus luxueuses enfi n, peuvent allier les broderies<br />

métalliques et textiles vivement colorées et chatoyantes, tant pour les<br />

symboles que pour les parties architecturales et florales.<br />

La présence de deux colonnes évoquant celles qui se trouvaient<br />

sur le devant du Temple de Salomon est fréquente et délimite, même<br />

stylisé, un espace au sein duquel le bâtiment principal est situé. Leur<br />

représentation torsadée et surmontée de chapiteaux à enroulements<br />

est la plus artistiquement développée et typique du tout début<br />

du 19 e siècle. La présence d’une guirlande fl eurie tout autour des<br />

bordures est en revanche rare au grade de Maître.<br />

Tablier en soie brodée et canetille - Début du 19 e s. (bordure rapportée) - TT.002.455<br />

Tablier en soie brodée et canetille - 19 e s. - TT.002.452<br />

Tablier en soie brodée et canetille - Début du 19 e s. - TT.002.451<br />

70 70 71


Les trois premiers<br />

degrés > Les tabliers<br />

Modèles temples peints<br />

<br />

La construction du Temple de<br />

Salomon est évoquée dans<br />

le Livre des Rois et dans le<br />

Deuxième Livre des Chroniques,<br />

et Jean-Baptiste Willermoz<br />

écrit en 1780 à ce sujet : « La<br />

Franc-Maçonnerie symbolique<br />

a pour base fondamentale le<br />

Temple élevé à Jérusalem par<br />

le Roi Salomon… ». Les tabliers<br />

sur peau reprennent cette<br />

thématique et les modèles<br />

produits jusqu’au début du<br />

19 e siècle sont toujours d’un<br />

haut niveau de réalisation<br />

artistique. Si les tabliers brodés<br />

sont souvent schématiques<br />

en raison des techniques de<br />

fabrication, ceux qui sont peints<br />

offrent une grande abondance<br />

de détails et des coloris<br />

innombrables.<br />

Les modèles de la fi n du 18 e siècle<br />

représentent souvent des temples<br />

en forme de rotondes inspirés des<br />

constructions de Charles de Wailly<br />

ou de Nicolas Ledoux, comme<br />

on peut encore en voir au Parc<br />

Monceau à Paris. Les édifices<br />

sont toujours surélevés sur<br />

un ensemble de marches<br />

elles-mêmes disposées sur un<br />

pavé mosaïque et les colonnes J<br />

et B sont placées en avant pour<br />

délimiter l’espace sacré (qui<br />

est parfois souligné par une<br />

72 72 73


alustrade). Les outils habituels<br />

sont disposés au sol ou sur<br />

les colonnes et les coloris sont<br />

d’un grand raffi nement.<br />

La lettre G dans l’étoile flamboyante<br />

est fréquente sur la<br />

bavette mais elle peut parfois<br />

être remplacée par une ruche<br />

d’abeilles symbolisant le travail<br />

et l’union. Le beau tablier sur<br />

peau du MAB qui illustre cet<br />

exemple ( ) comporte aussi<br />

une banderole avec la devise<br />

« Labor omnia Vincit » inscrite<br />

en lettres maçonniques et<br />

les symboles de la partie<br />

basse du tablier sont répartis<br />

selon les grades d’Apprenti<br />

– Compagnon – Maître et selon<br />

les rituels de part et d’autre<br />

des colonnes B et J.<br />

<br />

Tablier en peau peinte<br />

Fin du 18 e –début du 19 e s. -<br />

TT.002.166<br />

Tablier en peau peinte<br />

Fin du 18 e –début du 19 e s. -<br />

TT.989.176<br />

Tablier en peau peinte<br />

Fin du 18 e –début du 19 e s. -<br />

TT.002.533


74 74 75


Modèles temples peints (suite)<br />

La période de l’Empire connaît le même type de représentation<br />

symbolique mais les bâtiments illustrés dénotent l’influence<br />

architecturale du moment : le style Retour d’Egypte par exemple se<br />

développe après la campagne napoléonienne au Moyen Orient avec la<br />

présence de colonnes isiaques ou tout simplement égyptisantes ainsi<br />

que de nombreux bâtiments annexes d’influence pharaonique dans le<br />

paysage, comme des pyramides ou des obélisques. Les tabliers de<br />

cette période sont toujours très élaborés et ne laissent aucune place<br />

au vide, y compris dans les fonds, et certaines bordures peuvent<br />

atteindre un luxe décoratif sans précédent qui n’existera plus par la<br />

suite.<br />

Les motifs sont souvent imprimés dans les ateliers des maisons<br />

Brun et Guérin choisis à partir de catalogues et seules les couleurs<br />

offrent une possibilité de variante : le modèle à bordure fleurie est par<br />

exemple également connu dans une autre version en camaïeu bleu.<br />

<br />

Tablier en peau peinte - Époque Empire - TT.004.1596.01/37<br />

Tablier en peau peinte - Époque Empire - TT.002.535<br />

Détails du tablier en peau peinte ( ) - Époque Empire - TT.002.535


Les trois premiers degrés > Les tabliers<br />

Les tabliers brodés<br />

Les tabliers des 18 e et début du 19 e siècles sont réputés pour le haut degré technique de<br />

leur réalisation. Ils représentent, avec l’ensemble des autres textiles identitaires de cette<br />

époque, l’âge d’or du décor maçonnique. Le développement de la Franc-Maçonnerie au Siècle<br />

des Lumières et l’adhésion rapide des plus hautes classes sociales ont automatiquement<br />

entraîné de nombreuses commandes ayant abouti pour certaines à la création de modèles<br />

exceptionnels dont ceux qui sont brodés excellent par leur richesse décorative et leur très<br />

grande qualité de réalisation.<br />

La broderie est d’ordinaire pratiquée pour l’agrémentation des plus beaux vêtements et il<br />

est normal de la retrouver comme l’une des principales techniques de mise en œuvre des<br />

décorations de tabliers. Spécialité habituellement réservée aux femmes, il est probable que<br />

les premiers modèles aient été réalisés par des hommes qui étaient alors seuls à pouvoir<br />

être initiés et par conséquent être à même d’appréhender pleinement la mise en forme des<br />

symboles maçonniques.<br />

Le support des tabliers brodés est toujours en textile, normalement de la soie, pour rendre<br />

aisé le passage de l’aiguille et du fi l destiné à fi xer les éléments décoratifs, ce que la peau<br />

animale ne permet pas ou diffi cilement en raison de son épaisseur.<br />

Les techniques peuvent être nombreuses pour la réalisation des décors qui sont dans un<br />

premier temps dessinés à même le textile. On peut trouver de simples broderies en fi ls de<br />

couleurs qui représentent essentiellement les éléments végétaux et les sols, et plus rarement<br />

les motifs architecturaux et les outils symboliques. On peut également rencontrer la technique<br />

de la canetille qui est largement utilisée pour la réalisation des symboles et de certains<br />

outils : désignée ainsi par dérivation de mots latins canna – le roseau, et espagnol canuto – le<br />

tuyau, la canetille est exécutée à partir de petits bouts de fi ls dorés découpés et fi xés par<br />

une aiguillée de fi l de coton.<br />

Les paillettes métalliques dorées sont pour leur part utilisées pour souligner les contours<br />

architecturaux (murs, colonnes, marches, …) et toutes sortes de motifs linéaires (contours,<br />

cordages, rayons lumineux, …).<br />

Les appliqués de tissus enfi n permettent d’affi rmer les contrastes et certains détails.<br />

Cette dernière technique est employée essentiellement pour évoquer les fonds de motifs<br />

architecturaux et les autres techniques pour permettre une meilleure compréhension de<br />

certains éléments précis, qu’ils soient architecturaux comme les portes du Temple ou<br />

symboliques comme la lune et le soleil.<br />

Tablier sur soie brodée, canetille et applications - Fin du 18 e - début du 19 e s. - TT.002.456<br />

(voir double-page suivante) Tablier sur soie brodée et canetille - 19 e s. - TT.002.447<br />

76 77


Pages de droite : photo pleine page. Desriptif du décor. Époque. Rite.


Les trois premiers degrés<br />

> Les tabliers<br />

Les tabliers brodés (suite)<br />

<br />

Les sujets évoqués sur les tabliers brodés, y<br />

compris sur les modèles techniquement les plus<br />

aboutis, sont souvent limités aux seuls motifs<br />

des symboles essentiels, des colonnes J et B, du<br />

Temple, et des compas – équerre entrecroisés.<br />

La complexité technique de la broderie et les<br />

limites de représentation des motifs induites par<br />

les matériaux employés ne permettent pas la<br />

richesse iconographique atteinte par les tabliers<br />

peints. Les tabliers brodés cependant offrent une<br />

variété quasi infi nie de mise en page et une liberté<br />

de choix dans ce domaine qui permet vraiment à<br />

chaque commanditaire de préciser ses propres<br />

désirs : les symboles sont individuellement choisis<br />

et diffèrent d’un tablier à l’autre. L’archaïsme est<br />

parfois de mise, comme avec l’évocation de l’Être<br />

Suprême par des lettre hébraïques au centre du<br />

Delta Rayonnant remplacé ensuite par le fameux<br />

œil du Grand Architecte de l’Univers dans ce même<br />

delta (afi n d’éviter toute confusion avec la religion).<br />

Certains modèles de la fi n du 18 e siècle et du tout<br />

début du 19 e , comme celui conservé dans les<br />

collections du Suprême Conseil de France (),<br />

atteignent les plus hauts niveaux de réalisation,<br />

mêlant toutes les techniques possibles en<br />

permettant la représentation d’un nombre quasi<br />

maximal de symboles et motifs architecturaux sur<br />

une surface de textile aussi réduite.<br />

<br />

Tablier sur soie brodée et canetille. Début du<br />

19 e s. Collection du Suprême Conseil de France<br />

Tablier sur soie brodée et canetille. Début du<br />

19 e s. - TT.002.449<br />

Tablier sur soie brodée et applications diverses.<br />

Fin du 18 e – début du 19 e s. - TT.002.450<br />

80 80 81


Les trois premiers degrés > Les tabliers<br />

Voir agrandissements double-page suivante<br />

<br />

<br />

Les tabliers peints (suite)<br />

Il est probable que certains tabliers peints anciens aient été réalisés non seulement au pochoir mais aussi au<br />

tampon avant la mise en place des couleurs et on peut aussi rappeler une fois de plus que les plus beaux<br />

modèles appartenant à l’âge d’or du décor maçonnique ont été créés à la fi n du 18 e siècle ou au début du 19 e<br />

et que l’Empire est une période où les tabliers sont les plus aboutis en matière iconographique et technique.<br />

Le M.A.B. possède depuis peu un superbe exemplaire du modèle dit de David d’Angers () – en raison de<br />

l’appartenance d’un même tablier au célèbre sculpteur – qui illustre le haut degré qualitatif alors atteint.<br />

Les classiques symboles ont presque tous disparu et sont seulement évoqués sur une véritable création<br />

picturale sur laquelle l’aspect narratif est clairement mis en avant. C’est encore la légende de l’architecte<br />

Hiram et de sa mort qui sont la source d’inspiration mais l’évocation est cette fois totalement mise en scène.<br />

Le sarcophage du Maître des Maîtres est placé au centre du tablier et d’un paysage qui comporte un chemin<br />

d’accès représenté par un escalier tournant – celui-là même que l’on retrouve dans le Temple de Salomon.<br />

L’acacia est toujours présent ainsi que le delta rayonnant qui ne comporte aucune mention intérieure mais<br />

le temple est repoussé dans un coin et non plus placé au centre de la composition, et on retrouve enfi n<br />

selon une imagerie inhabituelle les mentions du ternaire symbolique Sagesse–Force–Beauté peu représenté<br />

sur les tabliers et placées dans des bijoux suspendus. Ce modèle a bien été réalisé sous l’Empire, comme en<br />

témoignent le remplissage total de la partie peinte, les bâtiments égyptisants et la mention « Modèle déposé à<br />

la Bibliothèque Impériale » imprimée sous la bavette.<br />

D’autres modèles peuvent aussi être totalement artisanaux et intégralement peints à main levée sans<br />

poncif pré-établi, y compris ceux qui atteignent un bon niveau qualitatif et le M.A.B. possède deux beaux<br />

exemples de ce type. On peut voir sur le premier () un autel encadré d’acacias plantés et surmonté<br />

d’un dais : les motifs sont dans ce cas précis inédits et directement choisis par le commanditaire du<br />

tablier qui a pu réaliser lui-même son tablier ou faire appel à un professionnel en raison d’une très belle<br />

qualité technique de réalisation. Le second tablier () est pour sa part totalement artisanal en raison de la<br />

« gaucherie » d’exécution mais son iconographie est particulièrement étonnante car on peut y voir sur un<br />

sol en pavé mosaïque les deux colonnes entre lesquelles est placé un podium où est assise la déesse<br />

Athéna accompagnée de sa chouette et encadrée d’outils, d’une sphère céleste et d’éléments d’architecture.<br />

Les représentations des symboles répartis aux cotés des colonnes J et B sont reprises des inspirations<br />

anciennes avec les deux ensembles d’outils accompagnant les pierres brutes et cubiques disposées sur<br />

des montées respectivement de trois et cinq marches mais ces deux tabliers sont des cas atypiques des<br />

productions peintes en raison de leur spontanéité créative.<br />

Les traditions des tabliers peints se transmettent au cours des générations et les symboles perdurent,<br />

s’adaptant dans leurs représentations aux mentalités et aux modes de leur époque.<br />

Tablier peint sur soie dit modèle David d’Angers. Début du 19 e s. - TT.006.1682<br />

Tablier peint sur peau. Fin du 19 e s. - TT.002.5<br />

Tablier peint sur soie. 19 e s. - TT.002.518<br />

84 84 85


Les trois premiers degrés > Les tabliers<br />

Les motifs classiques<br />

Comme pour les tabliers du Rite Écossais Ancien et Accepté, les<br />

supports des tabliers du Rite Français peuvent être de soie ou<br />

de cuir et le fond est ici aussi de couleur blanche. La bordure<br />

est en revanche bleue depuis au moins les années 1850, couleur<br />

de référence du rite inspirée une fois encore des grands ordres<br />

nobiliaires du 18 e siècle – ici probablement celui de la Jarretière.<br />

Les techniques des décors sont à nouveau la broderie et/ou la<br />

peinture et les symboles quasi identiques à ceux du Rite Écossais<br />

Ancien et Accepté, du moins pour les périodes les plus anciennes. On<br />

retrouve la lettre G dans l’Étoile Flamboyante, les colonnes associées<br />

aux lettres B et J, les rameaux d’acacia, la lune et le soleil, …<br />

Les thématiques équerre-compas entrecroisés et du Temple se<br />

retrouvent telles qu’au Rite Écossais Ancien et Accepté avec ici aussi<br />

quelques variantes ordonnées par les commanditaires, comme on<br />

peut le voir avec la très belle représentation faciale du temple placé<br />

sur un haut podium sous le porche duquel est rendu visible le voile<br />

du Temple, grâce à un effet de perspective quasi unique dans son<br />

genre.<br />

<br />

Tablier sur soie brodé, canetille et applications - TT.002.444<br />

Tablier sur soie brodé, canetille et applications - TT.002.545<br />

90 90 91


Pages de droite : photo pleine page. Desriptif du décor. Époque. Rite.


Les trois premiers degrés > Les cordons<br />

Cordon de Maître Maçon du Rite Écossais Ancien et Accepté<br />

2 e moitié du XX e siècle.<br />

Dés l’origine de la Franc-Maçonnerie Française (1728-1732) les Francs-Maçons portent des « décors » pendant leurs travaux rituels : tablier,<br />

cordon et sautoir. Le sautoir est souvent le support de la représentation d’un offi ce ou d’une dignité, le tablier d’un degré. Le cordon quelquefois<br />

utilisé dans certains hauts grades, notamment ceux qui comportent une arme blanche, épée ou glaive, dans leur panoplie symbolique, indique la<br />

plupart du temps le Rite auquel appartient le maçon qui le porte.<br />

Symbole d’égalité au XVIII e siècle (le cordon suppose qu'une épée peut y être accrochée). Le port du cordon a toujours été en usage, peut être<br />

parfois « oublié » depuis la deuxième moitié du XX e siècle, lorsque le port du tablier est redevenu obligatoire.<br />

Le tablier est remis solennellement au nouveau Franc-maçon. Les rituels ne font quasiment jamais mention du cordon, uniquement cité dans les<br />

tuileurs 1 qui décrivent les décors des différents rites et des différents grades.<br />

L’une des premières divulgations 2 (« L’ordre des Francs-Maçon trahi et le secret de Mopses révélé » de l’abbé Perau, 1742) décrit l’attribution<br />

solennelle du tablier à la réception du nouveau Franc-Maçon.<br />

L’Astronome Jérôme Lalande, Vénérable Maître de la loge Les Neuf Sœurs a remis à Voltaire, lors de son initiation, le 7 avril 1778 le tablier qu’avait<br />

porté Helvétius.<br />

1. Tuileur : lorsque les rites se fi xent défi nitivement au début du XIX e siècle, les descriptions des mots, des gestes, de la décoration de la loge et l’habillement de chaque<br />

degré dans chaque rite, sont scrupuleusement consignés dans des ouvrages imprimés exclusivement réservés à cet effet. Les plus connus ont été écrits par Vuillaume<br />

(1815-1830) Delaunaye (1821) et Tessier (1860).<br />

2. Divulgations : ce terme désigne les premiers textes maçonniques imprimés. Jusqu’à la fi n du XVIII e siècle, fi dèles à leurs serments, les Franc-maçons, n’imprimaient<br />

pas les rituels qu’ils pratiquaient. Ceux-ci étaient recopiés à la main. Le prétexte de « révéler les secrets des Francs-maçons » permettaient aux rituels en vigueur de<br />

circuler.<br />

< Inv. TC.002.378


Cordon de Maître Maçon du Rite Écossais<br />

Ancien et Accepté<br />

XX e siècle.<br />

Dépouillé à l’extrême, ce cordon s’oppose au précédent (p. 96).<br />

Le choix du modèle tient peut-être simplement à son coût, peut-être<br />

aussi est-il l’expression d’un sentiment plus ou moins marqué de<br />

modestie ou de fi erté de l’appartenance.<br />

Jusqu’au début du XIX e siècle, le cordon était de couleur bleue unie.<br />

Le liseré rouge apparaît vers les années 1820 selon les tuileurs<br />

de l’époque (Vuillaume, Delaunaye, Tessier) sur les cordons du Rite<br />

Écossais Ancien et Accepté (voir le texte de Bernard DAT page 14).<br />

Est-ce pour rappeler le rouge des chapitres du Rose Croix, les<br />

couleurs propres du Rite Écossais Philosophique de Thory 1 , ou l’Orient<br />

des loges bleues, tendu de rouge ?<br />

1. Claude Antoine Thory (1757-1827), Avocat au parlement, maire adjoint du<br />

1 er arrondissement, botaniste distingué : on peut le considérer comme le premier<br />

historien de la Franc-Maçonnerie française. Il fut dignitaire de plusieurs systèmes<br />

maçonniques.<br />

<br />

Inv. TC.002.368


Cordon de Maître Maçon du Rite Écossais<br />

Ancien et Accepté<br />

Fin XIX e .<br />

Le rameau d’acacia est plus élaboré. Le compas s’écrase un peu sur<br />

l’équerre, il n’y a pas de lettre M. Les trois étoiles remplacent les trois<br />

points ou les trois rosettes mais n’ont plus le sens symbolique de<br />

l’étoile fl amboyante du cordon précédent (p. 98) qui portait en son<br />

centre la lettre G.<br />

Le compas « écrasé » : faible épaisseur par rapport à l’équerre,<br />

ouverture plus grande que sur les autres modèles, n’est représenté<br />

de cette façon que par souci esthétique, de composition de l’objet<br />

fi guré et non en vue de proposer une réflexion symbolique abstraite.<br />

Les lettres J et B sont inversées par rapport aux autres cordons.<br />

L’attribution des lettres J et B sur les deux colonnes de l’entrée<br />

du temple maçonnique a toujours été, depuis le XVIII e siècle, une<br />

référence au rite pratiqué. On peut dire, succinctement qu’au Rite<br />

Écossais Ancien et Accepté, lorsque l’on entre dans le temple et que<br />

l’on regarde l’Orient, la lettre B se trouve sur la colonne de gauche<br />

et la lettre J sur la colonne de droite. Le liseré rouge précise bien<br />

qu’il s’agit d’un cordon du Rite Écossais Ancien et Accepté. Erreur<br />

du fabricant ou vision intérieure des deux colonnes de l’Orient vers<br />

l’Occident ?<br />

<br />

Inv. TC.002.462


Les trois premiers degrés > Les cordons<br />

Cordon de Lowton<br />

Rite Écossais Ancien et Accepté<br />

Début XX e .<br />

Plus court et plus étroit que les cordons de Maître mais de même<br />

couleur : bleu moiré bordé de rouge, ce cordon était porté par les<br />

Lowtons lors de leur présentation à la loge. Le terme de Lowton est<br />

généralement traduit par Louveteau ou Louveton (d’où la lettre « L »<br />

sur le cordon). Il désigne au début du XX e siècle, en France, un<br />

fi ls de maçon, présenté à la loge lors d’une cérémonie particulière,<br />

à qui sont enseignés les rudiments moraux et symboliques de la<br />

Franc-Maçonnerie.<br />

Alors que la majorité requise, à l’époque était de 21 ans, un Lowton<br />

pouvait être initié à 18 ans selon un rituel adapté.<br />

Collection Suprême Conseil de France. ><br />

106 106 107


Le R.E.A.A. en France


Loges de<br />

perfection


Loges de perfection<br />

> Les tabliers<br />

Tablier de Maître<br />

Secret, 4 e degré du<br />

Rite Écossais Ancien<br />

et Accepté<br />

Canetille sur tissu (ottoman ?,<br />

coton ?). Bavette arrondie début<br />

XX e .<br />

La bordure noire rappelle l’attitude<br />

de deuil spécifi que au grade.<br />

Certains exégètes symboliques<br />

rapprochent la lettre Z du<br />

« trait de Jupiter », technique<br />

de charpentier pour assembler<br />

des pièces de bois et attribuent<br />

au 4 e et 5 e degrés, Maître Secret<br />

et Maître Parfait une origine<br />

opérative. Les représentations<br />

végétales de laurier et d’olivier,<br />

sont elles aussi directement<br />

issues du rituel.<br />

Tablier de Maître<br />

Secret<br />

Canetille sur soie. Bavette en<br />

triangle. Fin XX e .<br />

Les branches de laurier et<br />

d’olivier sont beaucoup plus<br />

finement et plus explicitement<br />

représentées.<br />

<br />

Inv. TT.002.363<br />

Inv. TT.002.362<br />

110 110 111


Loges de perfection<br />

> Les tabliers<br />

Tablier blanc bordé de noir avec trois<br />

larmes noires. Il s’agit d’un tablier artisanal<br />

soit primitif, soit plus vraisemblablement un<br />

travail de ponton (prisonnier de guerres<br />

napoléoniennes), de Maître Élu des Neuf<br />

(9 e degré du Rite Écossais Ancien et Accepté).<br />

Sur ce tablier en peau blanche brodé de<br />

soie noire sont peints différents symboles<br />

concernant les petits élus.<br />

En bas une tour (ou un mausolée) flanquée de<br />

deux squelettes, au-dessus une caverne avec<br />

trois animaux sauvages : tigre, lion et ours.<br />

Autour du tablier, à l’intérieur d’une chaîne<br />

d’union à deux lacs d'amour dans laquelle<br />

sont une plume et une branche d’acacia,<br />

cinq groupes de symboles sont représentés.<br />

Au milieu, liés par un ruban bleu, un compas,<br />

une équerre, un maillet, un Volume de la<br />

Loi Sacrée et un diplôme. De part et d’autre<br />

une colonne accompagnée à gauche d’une<br />

règle et d’un levier, à droite d’une règle et<br />

d’une épée. En dessous et respectivement,<br />

une lance (ou flèche) avec un crâne, un<br />

chandelier à trois étoiles et un sabre modèle<br />

« briquet » et à droite une balance avec<br />

deux clefs entrecroisées. Sur la bavette, une<br />

étoile flamboyante avec la lettre G. Tous ces<br />

matériaux évoquent le grade de Maître Élu des<br />

Quinze, futur 10 e degré du Rite Écossais Ancien<br />

et Accepté.<br />

Fin du XVIII e siècle.<br />

<br />

Peau avec applications de satin, 19 e s. -<br />

Inv. TT.002.364<br />

Peau peinte - Inv. TT.002.156<br />

112 112 113


Tablier en peau blanche peinte, bordé de soie noire. (Musée de la<br />

Grande Loge de France, XVIII e siècle).<br />

La légende d’Illustre Élu des Quinze précise que les deux autres<br />

assassins d’Hiram, une fois découverts et présentés à Salomon furent<br />

attachés pieds et poings liés à deux poteaux, ici disposés en croix de<br />

Saint André, leurs corps ouverts du pubis à la poitrine. Le manuscrit<br />

Francken (1783) précise : « les mouches venimeuses et les insectes<br />

dévorants suçant le sang de leurs entrailles ».<br />

Illustration très libre de la légende qui indique que les têtes<br />

des meurtriers furent exposées aux portes de la ville, ainsi que le<br />

représente avec plus d’exactitude le tablier actuel du grade. Ici, il s’agit<br />

peut-être de la tête d’Abiram, le premier meurtrier, dont le manuscrit<br />

Francken nous précise qu’elle fut placée à la porte de l’Orient de<br />

Jérusalem. Rappelons que c’est à la porte orientale du Temple<br />

qu’Abiram s’était posté et avait frappé Hiram.<br />

Les trois squelettes nous rappellent leur forfait. Ils portent les<br />

trois outils avec lesquels les meurtriers ont perpétué leur crime : le<br />

levier, le maillet et la règle.<br />

<br />

Inv. TT.002.155


Loges de perfection<br />

> Les tabliers<br />

Ces deux tabliers sont<br />

d’Écossais (ou Maître Écossais)<br />

ancêtre du grade qui s’est<br />

fi xé au Rite Écossais Ancien et<br />

Accepté sous le nom de Grand<br />

Élu Parfait et Sublime Maçon.<br />

Ce grade est très important car<br />

il clos une suite de développements<br />

de divers aspects de la<br />

légende d’Hiram. Il est considéré<br />

comme le dernier de la série<br />

concernant l’édification du<br />

Temple de Salomon.<br />

Sa bordure rouge, caractéristique,<br />

permettait à ses porteurs de<br />

se distinguer dans les ateliers<br />

« bleus » (bordure bleue). Et<br />

dans les systèmes primitifs du<br />

Rite Écossais, ce grade avait un<br />

devoir de surveillance vis-à-vis<br />

des loges symboliques.<br />

Ici le symbole primitif du grade :<br />

un triple triangle entrelacé au<br />

sein duquel est la lettre J. Sur<br />

la bavette l’étoile flamboyante<br />

avec la lettre G. Dans le 2 e ordre<br />

(5 e grade) du Rite Français<br />

Moderne, le bijou est un triple<br />

triangle « non entrelacé mais<br />

par graduation l’un dans l’autre ».<br />

<br />

Tablier du 6 e degré en peau peinte,<br />

début du 19 e s. - Inv. TT.002.558<br />

Tablier du 6 e degré en peau<br />

imprimée et peinte, époque<br />

Empire - Inv. TT.007.1711<br />

116 116 117


Loges de perfection > Les décors modernes<br />

Sautoir de Maître Secret<br />

4 e degré du Rite Écossais Ancien et Accepté, premier des « Hauts Grades » du Rite.<br />

La lettre Z et la clé d’ivoire sont des allusions directes au rituel. Le bord noir rappelle le deuil<br />

dans lequel est plongé le Maître Secret après la mort de l’Architecte Hiram.<br />

Lors de l’élaboration du Rite Écossais Ancien et Accepté, le Maître secret fut un moment placé<br />

au 5 e degré, après le Maître Parfait. L’inversion s’est pratiquée au début du XIX e siècle.<br />

L’iconographie de ces degrés est assez riche (tuileurs, rituels illustrés…) mais les pièces<br />

fabriquées sont quasiment inexistantes.<br />

Le Suprême Conseil de France instaura la pratique rituelle du Maître Secret à la fin du<br />

XIX e siècle.<br />

En 1904, le Suprême Conseil compte 10 Aréopages (30 e ), 25 chapitres (18 e ) et seulement 4 loges<br />

de perfection (4-14 e ).<br />

Canetille sur ottoman, bijou en ivoire, 20 e s. - Inv. TS.002.308 ><br />

120 120 121


Loges de perfection > Les décors modernes<br />

<br />

<br />

<br />

Sautoir de Grand Élu Parfait et Sublime Maçon (14 e degré)<br />

Sautoir de Président d'une Loge de Perfection<br />

Bijou de Grand Élu Parfait et Sublime Maçon (14 e degré)<br />

Tablier de Grand Élu Parfait et Sublime Maçon (14 e degré)<br />

Avec l'aimable autorisation de la maison Detrad.<br />

124 124 125


Le R.E.A.A. en France<br />

126 126


Chapitres


130 130 131


Ce cordon de Chevalier d'Orient dont la couleur<br />

originale était vert porte, cousu sur sa face<br />

extérieure, un morceau d’étoffe peint représentant<br />

un pont sous lequel coule un cours d’eau. Sur les<br />

arcs sont inscrits les lettres L.D.P., abréviations de<br />

la formule « Liberté de passer ».<br />

Ce tablier reprend sur un seul plan le déroulé<br />

de la légende du grade. Les scènes se lisent de<br />

gauche à droite. Dans son palais de Babylone, sous<br />

un dais et près de son trône, Cyrus, roi des Perses<br />

et des Mèdes, s’entretient avec Zorobabel, prince de<br />

Judée. Au milieu de la composition, le pont enjambant<br />

le fleuve Starbuzanaï sur lequel se livre une bataille,<br />

et une tour en flammes. En haut à droite une<br />

représentation allégorique du Temple de Jérusalem.<br />

Sur la bavette le bijou du grade : triple triangle avec<br />

deux épées en sautoir et une chaîne composée<br />

d’anneaux triangulaires rappelant la captivité.<br />

<br />

Cordon en soie avec application d'une scène peinte sur<br />

soie ajoutée - Collection Suprême Conseil de France<br />

Peau imprimée et peinte, début 19 e s. - Inv. TT.002.590


Chapitres<br />

> Les tabliers<br />

Décors de Chevalier<br />

Rose Croix<br />

<br />

Les décors de Chevalier Rose<br />

Croix (tabliers et sautoirs) sont<br />

réversibles. Jadis il y avait deux<br />

types de tabliers et de sautoirs,<br />

mais cette pratique fut rare car il<br />

n’existe que peu d’exemplaires des<br />

décors noirs. Ce que l’on trouve de<br />

façon usuelle, ce sont les tabliers<br />

blancs bordés de rouge avec<br />

sautoirs rouge vermillon et dont<br />

le revers constitue des tabliers et<br />

sautoirs noirs. Ces formes noires<br />

sont extrêmement sobres, ne sont<br />

pas bordées et portent comme<br />

seul symbole une croix rouge.<br />

La thématique des différents<br />

symboles que l’on retrouve<br />

sur les tabliers de Rose Croix<br />

rouge provient principalement<br />

de la Passion de Jésus, mais<br />

aussi du bijou de Rose Croix<br />

ou encore de la personne même<br />

de Jésus.<br />

Principal degré du Rite Écossais<br />

Ancien et Accepté de 1804 à 1890<br />

puisque l’on accédait directement<br />

du 3 e au 18 e degré puis au 31 e , 32 e ,<br />

33 e degré, il fut aussi le grade<br />

terminal des Ordres de Sagesse<br />

du Rite Français Moderne pendant<br />

la courte période où il fut pratiqué,<br />

mais à ce titre il se para de la<br />

titulature de « Nec Plus Ultra »,<br />

ce qui est fautif au Rite Écossais<br />

Ancien et Accepté.<br />

132 132 133


Sur ce sujet :<br />

Guillaume (Pierre) : « Sur les instruments de la Passion du Christ ornant d’anciens<br />

tabliers de Rose Croix » Renaissance Traditionnelle - n° 105 - Paris 1996<br />

Piquet (Michel) : « Les décors du Chevalier de Rose Croix » Catalogue de l’exposition<br />

« Le Franc-Maçon en habit de Lumière » - Tours - 1997<br />

Riche sautoir abondamment brodé de fi ls d’or et d’argent. Les décors<br />

comprennent comme motif central un pélican éployé nourrissant<br />

ses enfants devant une croix latine. De part et d’autre une bordure<br />

comprenant trois roses d’argent et un épi de blé. Le bijou est fautif et<br />

ne correspond pas à ce degré maçonnique.<br />

Le tablier comprend le même motif central du pélican nourrissant<br />

ses enfants au pied d’une croix latine. On remarque la différence<br />

de proportion entre la croix et le volatile de ce tablier et du sautoir<br />

précédent. La Croix fait partie d’un ensemble de trois croix dont deux,<br />

latérales, sortent de deux cornes d’abondance, et rappellent le mont<br />

Calvaire. En inscription dite « hiéroglyphique » les mots PAX VOBIS. Sur la<br />

bavette le delta divin rayonnant avec le tétragramme sacré.<br />

Dans cette composition le pélican, toujours sur une croix latine,<br />

repose sur un arc en quart de cercle duquel s’échappent de part et<br />

d’autre des feuillages (acacia, laurier, olivier ?). Le sujet central est<br />

surmonté d’un voile en dais suspendu à ce qui semble un joug sur<br />

lequel sont trois vases (rosiers ?). De part et d’autre deux motifs :<br />

à gauche une couronne d’épines au-dessus de PAX, à droite une<br />

branche entre une équerre et un compas entrecroisés inscrits dans un<br />

ouroboros au-dessus de VOBIS.<br />

Sur la bavette une étoile flamboyante à cinq branches.<br />

Ensemble sautoir et tablier présenté ici sur un costume d'Époque Empire.<br />

Sautoir en ottoman moiré, broderie et canetille, bijou en verre églomisé<br />

et strass, 19 e s. (TS.002.272) - Tablier en soie brodée et canetille, 19 e s.<br />

(TT.002.536) - Avec l'aimable autorisation de M. Guinhut, costumier.<br />

Soie brodée de fi ls métalliques et textiles, 19 e s. - Collection Suprême Conseil de<br />

France


Chapitres<br />

> Les tabliers<br />

Sur ce modèle comme sur le<br />

précédant, la bordure est doublée<br />

à l’intérieur d’un fil d’or ondulé<br />

dans les ventres duquel sont<br />

fi xées des canetilles et paillettes<br />

donnant ainsi l’impression de<br />

roses placées dans ces creux.<br />

On retrouve le pélican nourrissant<br />

ici cinq enfants (ce nombre varie<br />

entre trois, cinq et sept selon<br />

les compositions) posé sur un<br />

tumulus reposant sur l’ébauche<br />

d’un arc de cercle (qui ici ne fait<br />

pas un quart de cercle ce qui<br />

est fautif). La croix est excentrée<br />

et apparaît à gauche avec une<br />

branche d’acacia, suggérant une<br />

analogie entre Hiram et Jésus ;<br />

à droite une rose. Le tout sous<br />

un dais flanqué de la même<br />

inscription.<br />

Sur la bavette une couronne d’épine<br />

avec en son centre un calice.<br />

Motif central d’un tablier inachevé,<br />

ce pélican est remarquable par<br />

sa qualité de broderie et les<br />

nuances des couleurs. Très sobre<br />

il nourrit trois enfants et n’est mis<br />

en valeur que par deux branches<br />

de verdure. Il est impossible de<br />

prévoir ce qu'aurait été le tablier<br />

fi ni.<br />

Soie brodée, 19 e s. - Collection<br />

Suprême Conseil de France<br />

Collection Suprême Conseil de France<br />

<br />

134 134 135


Tablier du Rite Français<br />

Tablier imprimé représentant une<br />

scène de la légende du grade<br />

d’Élu des Neuf. Au centre de la<br />

composition un justicier arrive<br />

les bras écartés, poignard en<br />

main droite. Il est à l’air libre,<br />

vêtu de rouge et en contre-haut<br />

par rapport à sa future victime<br />

qui est dans une caverne, bras<br />

droit replié sur son cœur, vêtue<br />

de bleu et en contre bas.<br />

La présence du chien, de<br />

l’inscription « Vincere aut mori »<br />

sur la bavette ainsi que le<br />

poignard entouré de quinze<br />

(fantaisie du fabricant !) flammes<br />

rouges font attribuer ce tablier<br />

au quatrième grade (1 er ordre<br />

de sagesse) du Rite Français<br />

Moderne.<br />

< Tablier de la maison Guérin – fi n<br />

du XVIII e siècle, peau imprimée et<br />

peinte - Inv. TT.002.36


Le Rite Français et le G.O.D.F. > Les tabliers<br />

Tablier en peau imprimé, bordé de soie rouge, de la Maison Guérin. Les décors sont ceux d’un<br />

temple décoré au grade d’Écossais (2 e ordre du Rite Français Moderne) ou Grand Élu de la<br />

Voûte Sacrée (14 e degré du Rite Écossais Ancien et Accepté).<br />

La composition centrale offre de haut en bas : sur un autel lui-même posé sur une estrade<br />

de sept marches, un parallélépipède d’or surmonté de deux chérubins. L’artiste a dû vouloir<br />

représenter l’Arche d’Alliance mais il lui manque les anneaux et les bâtons de Sétim. La<br />

présence sur sa face antérieure d’un agneau reposant sur un livre à sept sceaux veut<br />

représenter la Shekinah. Devant cette arche sur le même autel un Volume de la Loi Sacrée<br />

ouvert. Au milieu du tablier un chandelier à sept branches, avec en dessous l’autel des<br />

sacrifi ces sur lequel brûle le Buisson Ardent que le récipiendaire ne peut regarder sans se<br />

protéger en rétrécissant son champ de vision à un triangle formé par les mains à la hauteur<br />

du front. Ce signe triangulaire rappelle que le triangle de la triple unité est le symbole central<br />

des Écossais, représenté sur le bijou, entouré d’un cercle rayonnant entre les branches d’un<br />

compas ouvert sur un quart de cercle (c.f. bavette).<br />

À gauche et en haut la table des pains de propositions puis, en dessous la « mer d’airain »,<br />

bassin soutenu par quatre groupes de trois bœufs, et sur laquelle est posée une auge<br />

contenant le « ciment mystique ».<br />

À droite et en haut, l’autel des parfums où brûle l’encens dans une cassolette puis en<br />

dessous la pierre cubique à pointe donnant en particulier, dans un carré des mots de<br />

81 lettres, les différents mots du grade.<br />

Pour l’essentiel, les décors de ce tablier sont conformes aux descriptions du « Recueil<br />

précieux de la Maçonnerie adhonhiramite » (1787) à l’exception de quelques déplacements<br />

spatiaux des symboles. Toutefois la présence, au tout premier plan en bas, d’un relevé<br />

du temple suggère qu’il s’agit d’un tablier du 2 e ordre (5 e grade) du Rite Français Moderne<br />

qui, comme on le voit rassemble les contenus symboliques de ce qui constitue les 12 e , 13 e<br />

et 14 e degrés du Rite Écossais Ancien et Accepté Cette hypothèse semble confi rmée par<br />

le contenu des mots de la pierre cubique qui commence par les mots d’Apprenti puis de<br />

Compagnon du Rite Français Moderne.<br />

Fin XVIII e - début XIX e siècle (G.L.D.F)<br />

> Inv. TT.002.212<br />

222 223


Le Suprême Conseil de France et<br />

la Grande Loge de France sont<br />

héritiers de près de trois siècles<br />

d’histoire et de culture, et les<br />

décors maçonniques, qu’ils soient<br />

d’hier ou d’aujourd’hui, portent<br />

témoignage de cette patiente<br />

construction. De la peau des<br />

tabliers des tailleurs de pierre, à<br />

la soie tissée d’or des sautoirs<br />

de grands dignitaires, toute la<br />

puissance symbolique de la<br />

Tradition maçonnique s’est exprimée<br />

à travers l’élaboration des décors<br />

propres aux rituels, selon les<br />

époques, les grades, les fonctions<br />

de ceux qui les ont portés.<br />

Pour la première fois, une recherche<br />

historique et symbolique fouillée<br />

éclaire la connaissance de la<br />

création du Rite Écossais Ancien<br />

et Accepté en s’appuyant sur un<br />

important travail muséographique<br />

réalisé à partir des documents<br />

et des objets conservés par<br />

l’obédience.<br />

Co-édition :<br />

Passeurs de Lune<br />

Grande Loge de France

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