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Les tabliers peints (suite)
Il est probable que certains tabliers peints anciens aient été réalisés non seulement au pochoir mais aussi au
tampon avant la mise en place des couleurs et on peut aussi rappeler une fois de plus que les plus beaux
modèles appartenant à l’âge d’or du décor maçonnique ont été créés à la fi n du 18 e siècle ou au début du 19 e
et que l’Empire est une période où les tabliers sont les plus aboutis en matière iconographique et technique.
Le M.A.B. possède depuis peu un superbe exemplaire du modèle dit de David d’Angers () – en raison de
l’appartenance d’un même tablier au célèbre sculpteur – qui illustre le haut degré qualitatif alors atteint.
Les classiques symboles ont presque tous disparu et sont seulement évoqués sur une véritable création
picturale sur laquelle l’aspect narratif est clairement mis en avant. C’est encore la légende de l’architecte
Hiram et de sa mort qui sont la source d’inspiration mais l’évocation est cette fois totalement mise en scène.
Le sarcophage du Maître des Maîtres est placé au centre du tablier et d’un paysage qui comporte un chemin
d’accès représenté par un escalier tournant – celui-là même que l’on retrouve dans le Temple de Salomon.
L’acacia est toujours présent ainsi que le delta rayonnant qui ne comporte aucune mention intérieure mais
le temple est repoussé dans un coin et non plus placé au centre de la composition, et on retrouve enfi n
selon une imagerie inhabituelle les mentions du ternaire symbolique Sagesse–Force–Beauté peu représenté
sur les tabliers et placées dans des bijoux suspendus. Ce modèle a bien été réalisé sous l’Empire, comme en
témoignent le remplissage total de la partie peinte, les bâtiments égyptisants et la mention « Modèle déposé à
la Bibliothèque Impériale » imprimée sous la bavette.
D’autres modèles peuvent aussi être totalement artisanaux et intégralement peints à main levée sans
poncif pré-établi, y compris ceux qui atteignent un bon niveau qualitatif et le M.A.B. possède deux beaux
exemples de ce type. On peut voir sur le premier () un autel encadré d’acacias plantés et surmonté
d’un dais : les motifs sont dans ce cas précis inédits et directement choisis par le commanditaire du
tablier qui a pu réaliser lui-même son tablier ou faire appel à un professionnel en raison d’une très belle
qualité technique de réalisation. Le second tablier () est pour sa part totalement artisanal en raison de la
« gaucherie » d’exécution mais son iconographie est particulièrement étonnante car on peut y voir sur un
sol en pavé mosaïque les deux colonnes entre lesquelles est placé un podium où est assise la déesse
Athéna accompagnée de sa chouette et encadrée d’outils, d’une sphère céleste et d’éléments d’architecture.
Les représentations des symboles répartis aux cotés des colonnes J et B sont reprises des inspirations
anciennes avec les deux ensembles d’outils accompagnant les pierres brutes et cubiques disposées sur
des montées respectivement de trois et cinq marches mais ces deux tabliers sont des cas atypiques des
productions peintes en raison de leur spontanéité créative.
Les traditions des tabliers peints se transmettent au cours des générations et les symboles perdurent,
s’adaptant dans leurs représentations aux mentalités et aux modes de leur époque.
Tablier peint sur soie dit modèle David d’Angers. Début du 19 e s. - TT.006.1682
Tablier peint sur peau. Fin du 19 e s. - TT.002.5
Tablier peint sur soie. 19 e s. - TT.002.518
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