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Points de vue
« Je ne suis pas locavore,
je travaille avec les gars
autour de moi »
Par Amélie Riberolle
Photo Romain Guittet
C’est quoi pour vous être locavore ?
Florent Ladeyn On parle d’un rayon de
250 kilomètres, mais est-ce que c’est vraiment
une question d’échelle ? Ce qui est
sûr, c’est que ce n’est pas juste se prendre
en photo avec son producteur pour s’afficher
sur les réseaux sociaux parce que
ça fait bien. C’est le faire vivre ! Parce que
derrière un produit, il y a un tissu économique.
Les clients ne sont pas cons, tu ne
les dupes pas.
Romain Pouzadoux J’ai une parcelle réservée
chez un producteur, à qui je prends
tout. Sinon je travaille avec un grossiste,
mais je lui achète des légumes bretons.
C’est un choix que j’ai fait dès le début, en
le prévenant que je serai un client pénible.
J’achète du café, mais à un petit torréfacteur
d’enfer que j’ai la chance d’avoir à
Brest, La Brûlerie du Léon. C’est avant
tout une logique de bon sens.
Qu’est-ce que ça implique ?
FL De ne pas trop écouter les clients, sinon
on servirait toujours du coca ! Mais surtout
de désapprendre. D’abord, il faut admettre
que le temps est un gaillard un peu plus
costaud que toi, et en faire un allié. Mon
maraîcher, Dries Delanote, s’est structuré
pour pouvoir nous vendre des produits en
plein hiver. Et moi je lui achète trois fois le
même brocoli, la tête, les repousses, et le
tronc. En fait, la période la plus compliquée,
c’est le tout début du printemps, avant l’arrivée
des asperges. On a tiré sur les salsifis,
déshydratés à la compote de poire cuite au
feu de bois, comme des carambars pour attendre
le printemps. Ça pousse à l’humilité !
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6 / T #09 LA REVUE TRANSGOURMET CULTIVÉE PAR OMNIVORE