Echo de la Réhab - N°23 - Soigner l'âme - Septembre 2018

L'écho de la réhab-N°23
Recherche et
Transmission
en Psychiatrie
55
recherche
Privas : une architecture urbaine qui favorise le vivre-ensemble
(suite du travail d'enquête entrepris
avec Olivier Riou au sein de la cité).
Nous évoluons dans une société où l'on est coupé des choses de l'esprit, de la dimension spirituelle,
ou philosophique.
Pourtant, la découverte de l'inconscient par Freud est relativement récente.
La maladie psychique a longtemps été associée à une possession par le démon. Il existe d'ailleurs un prêtre
exorciseur par diocèse en France. C'est une manière de dire que la souffrance psychique fait partie du
quotidien et pourrait être traitée par la religion.
Ainsi, avant l'apparition des médicaments, il y avait la parole qui guérissait. La psychanalyse est l'héritière
de la religion dans le sens où la maladie est considérée comme endogène :
elle doit sortir et la parole est une manière de la faire sortir.
En Afrique les rituels de guérison sont une façon de prendre en charge la souffrance psychique
en conservant le lien social.
En Occident, la religion est passé du lien social au refoulé. Peu ont une culture religieuse.
Le manque de culture ne favorise pas le lien social.
C'est la science qui vient remplacer la religion : le mystère, ce qui échappe, est du côté de la vérité
scientifique qui fera la lumière sur ce qui est encore inconnu.
A l'image des droites parallèles qui se croisent au bout du compte contre toute attente, la foi et la science
se rejoignent. L'important n'est-il pas de cultiver le doute tant en ce qui concerne la foi que la science ?
Une objectivation de la souffrance psychique ne favorise pas forcément le lien social si elle n'est
pas réinterrogée.
En effet, la société ne contribue-t-elle pas à donner les limites de ce qu'on considère comme la norme
et l'habituel ?
Une première analyse des données recueillies par l'enquête auprès des Privadois (cf « l'écho de la réhab »
n°22) qui concerne les représentations que chacun peut avoir de la psychiatrie, montre déjà que
l'implantation de l'hôpital psychiatrique dans la ville, multiplie les possibilités de rencontres
entre la population hospitalisée et celle qui ne l'est pas.
Si à Privas comme ailleurs, chacun est enfermé, plus ou moins, dans son milieu d'origine et celui dans
lequel il évolue, l'enquête révèle que la plupart des Privadois a un lien avec la psychiatrie, que cela soit
personnellement, familialement, ou professionnellement.
Cet état de fait associé à cette architecture urbaine singulière de la ville serait au bout du compte
plus favorable à un vivre-ensemble peu empreint de préjugés que l'inverse.
Nous vous donnons rendez-vous à la deuxième édition du mois en folie en Novembre 2018,
lors d'une table ronde, afin d'échanger avec les chercheurs enquêteurs.
Collectif