17.12.2012 Views

concourS d'idéeS « cLoS deS FrèS » à grimentZ - Commune d ...

concourS d'idéeS « cLoS deS FrèS » à grimentZ - Commune d ...

concourS d'idéeS « cLoS deS FrèS » à grimentZ - Commune d ...

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

ces montagnards sur le <strong>«</strong> droit chemin <strong>»</strong>.<br />

En dépit de toutes ces hypothèses sur<br />

l’origine des habitants du Val d’Anniviers,<br />

il est possible d’élaborer une<br />

ébauche de théorie sur l’ethnogenèse<br />

de cette vallée, et ceci malgré l’absence<br />

de traces écrites.<br />

Le Val d’Anniviers a hérité d’un trésor<br />

que la nature a su préserver durant<br />

3500 ans et peut-être plus, qui peut,<br />

si on l’interroge, nous raconter une<br />

histoire disparue depuis longtemps. Ce<br />

trésor, se sont la vingtaine de pierres<br />

<strong>à</strong> cupules ou écuelles que les premiers<br />

habitants de la vallée nous ont léguées<br />

et qui sont un témoignage datant probablement<br />

de la fin de l’ère du Néolithique<br />

et du début de l’Âge de Bronze.<br />

Il est possible de construire une histoire<br />

hypothétique sur l’origine des<br />

Anniviards. Pour cela, il faut ajouter<br />

<strong>à</strong> ce trésor les légendes se rapportant<br />

aux pierres, le nom des lieux, le nouvel<br />

essor de l’archéologie valaisanne<br />

qui depuis 50 ans a perfectionné ses<br />

méthodes d’investigations sur la préhistoire<br />

de nos vallées alpestres, les<br />

traditions préservées par la mémoire<br />

collective, mais également les rites<br />

qui seront plus tard remplacés lors<br />

de la christianisation par des cultes<br />

dédiés aux saints. Il faut préciser que<br />

ces êtres primitifs n’adoraient pas des<br />

divinités, mais que leurs rites étaient<br />

dédiés aux montagnes, aux sources,<br />

aux arbres, <strong>à</strong> la Terre-Mère, au soleil<br />

et <strong>à</strong> la lune qui étaient une <strong>«</strong> Bible<br />

naturelle <strong>»</strong>, un mode d’enseignement,<br />

d’initiation <strong>à</strong> la vie de tous les jours<br />

et <strong>à</strong> la survie face <strong>à</strong> la mort inévitable.<br />

Ces pierres <strong>à</strong> cupules sont en quelque<br />

sorte le premier média que nous ont<br />

transmis les premiers habitants du Val<br />

d’Anniviers.<br />

Les pierres <strong>à</strong> cupules ne sont pas une<br />

spécificité du Val d’Anniviers. On les<br />

trouve dans beaucoup de vallées de<br />

l’arc alpin, en France, en Allemagne, en<br />

Italie du Nord, dans les pays nordiques,<br />

en Afrique du Nord, en Palestine et sur<br />

le continent asiatique.<br />

Lors d’un voyage en octobre 2010, je<br />

me trouvais en Inde du Nord, au pied<br />

de la chaîne himalayenne, dans la val-<br />

lée de Kulu Manali ; je fus stupéfait de<br />

découvrir dans des villages de montagne<br />

des pierres <strong>à</strong> cupules identiques<br />

<strong>à</strong> celles que j’avais étudiées en Anniviers.<br />

Constituée d’un petit trou de forme circulaire<br />

ou ovale, creusée dans la roche<br />

d’un diamètre de 3 <strong>à</strong> 20 cm et de 2 <strong>à</strong><br />

5 cm de profondeur, la cupule est l’un<br />

des motifs les plus représentés dans<br />

l’art pariétal. Dans la grande majorité,<br />

ces petites coupelles se trouvent sur<br />

des blocs erratiques qui ont été choisis<br />

pour leur poli naturel ou glaciaire de<br />

leurs surfaces. Les cupules sont souvent<br />

associées <strong>à</strong> d’autres signes non<br />

explicables qui, dans le Val d’Anniviers,<br />

sont représentés sur plusieurs de ces<br />

pierres mystérieuses.<br />

Il y a les pierres <strong>à</strong> écuelles isolées,<br />

c’est-<strong>à</strong>-dire des rochers composés<br />

uniquement de cupules ; comme les<br />

pierres du Pichiou, du Rawuyres, de Pra<br />

Ferwen <strong>à</strong> Ayer, du Pralic <strong>à</strong> St Luc, du<br />

Scex de Roua <strong>à</strong> Grimentz. Il y a celles<br />

qui possèdent des cupules isolées et<br />

des cupules reliées par des rigoles,<br />

comme la <strong>«</strong> Pierre des Sauvages <strong>»</strong> <strong>à</strong> St<br />

Luc, du Boccard <strong>à</strong> Grimentz, du Dewen<br />

du Sché <strong>à</strong> Ayer. Il y a aussi des rochers<br />

avec des cupules et des empreintes<br />

pédiformes, comme la remarquable<br />

pierre du Boccard <strong>à</strong> Grimentz, le pied<br />

unique de la pierre du Gillioux <strong>à</strong> St<br />

Luc et une autre qui se trouvait près<br />

de la <strong>«</strong> Pierre des Sauvages <strong>»</strong> qui possédait<br />

3 pieds et qui a disparu. Des<br />

cupules ovales sont aussi gravées sur<br />

des rochers comme celles des pierres<br />

de Côta de Maya <strong>à</strong> Zinal et du Scex<br />

de Roua <strong>à</strong> Grimentz. La dalle du Séj<strong>à</strong><br />

<strong>à</strong> Cuimey est une stèle unique découverte<br />

dans le Val d’Anniviers avec des<br />

cupules et les gravures d’une croix,<br />

d’un orant et d’une hache. Une autre<br />

pierre, découverte non loin de Mission,<br />

et qui devait faire partie d’une<br />

stèle, nous montre un cercle avec une<br />

croix <strong>à</strong> l’intérieur dont les extrémités<br />

sont différentes. Une dizaine d’autres<br />

pierres <strong>à</strong> écuelles ont malheureusement<br />

disparu. Nous en avons connaissance<br />

grâce aux recherches débutées<br />

au XIX e siècle par Reber, Kraft, Spahni<br />

35<br />

et les curés Mariétan et Erasme Zufferey<br />

qui les ont répertoriées.<br />

De tous temps la tradition populaire<br />

attribue <strong>à</strong> ces pierres portant des<br />

cupules ou des gravures des origines<br />

maléfiques où l’on exerçait des sacrifices<br />

humains, répandant le sang de la<br />

victime dans le creux de ces rochers.<br />

L’Eglise n’est pas étrangère <strong>à</strong> cette<br />

excitation de l’imagination étant<br />

donné l’enracinement des cultes indigènes<br />

dans le sol et l’âme des habitants<br />

des Alpes. Les populations de<br />

nos vallées mirent beaucoup plus de<br />

temps <strong>à</strong> se christianiser que les populations<br />

citadines. L’Eglise dut employer<br />

les grands moyens en supprimant ou<br />

en diabolisant certains lieux de cultes<br />

afin de convertir ces peuples montagnards<br />

et d’éradiquer les croyances<br />

païennes. Pour nous en convaincre,<br />

il suffit de prendre des extraits du<br />

sermon de saint Eloi contre le paganisme<br />

: <strong>«</strong> …que nul <strong>à</strong> la St Jean, aux<br />

autres fêtes de saints, aux solstices,<br />

ne pratique les danses, les sauteries et<br />

les chants diaboliques… Que nul n’allume<br />

des flambeaux, ni ne fasse des<br />

vœux aux pieds temples, auprès des<br />

pierres, des fontaines, des arbres, des<br />

enclos ou dans les carrefours… que nul<br />

n’invoque le soleil et la lune comme<br />

des dieux et ne jure par eux, car ce<br />

sont des créatures de Dieu… Ne rendez<br />

de culte qu’<strong>à</strong> Dieu et aux saints ;<br />

laissez l<strong>à</strong> les fontaines et coupez les<br />

arbres qu’on appelle sacrés… <strong>»</strong> L’Eglise<br />

dut pendant des siècles, composer<br />

avec les anciennes croyances, et les<br />

assimiler, faute de pouvoir les détruire<br />

complètement.<br />

Il est important de spécifier qu’une<br />

grande partie des sites mégalithiques<br />

du Val d’Anniviers n’étaient<br />

pas des lieux de cultes où les anciens<br />

se livraient <strong>à</strong> leurs croyances dites<br />

<strong>«</strong> païennes <strong>»</strong>. Pour la majorité de ces<br />

pierres <strong>à</strong> cupules d’autres fonctions<br />

leur étaient attribuées, fonctions que<br />

nous découvrirons dans les prochains<br />

numéros des <strong>«</strong> 4 saisons <strong>»</strong>.<br />

(À suivre : LA GENESE ANNIVIARDE )<br />

Jean-Louis cLaude<br />

Zinal

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!