Contes et légendes Ursalamanu_extrait

CONTES, LÉGENDES DE LA TRADITION ORALE CORSE
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voulait prendre pour femme la fille de Giacomo, qu’il ne voulait pas faire la noce en
dehors de sa présence, conformément à la loi qu’il avait établie et qu’il lui demandait
de ne pas s’offenser de la soudaineté du mariage.
Orsolamano répondit qu’il avait eu tort de ne pas l’aviser plus tôt et le
dimanche matin, il partit au galop en direction de Foce di Pruno avec quelques cavaliers
et Piobitto se tenait à ce col, en compagnie de quelques cavaliers, dans l’attente
de la réponse. Quand Orsolamano arriva, ils l’accueillirent et Piobitto commença à
parler avec lui tout en faisant courir son cheval d’un côté et de l’autre, de façon à
convaincre Orsolamano. Il lui dit :
– C’est le meilleur cheval de Fretto : je crois que demain, vous serez heureux
de l’avoir devant la mariée : et si vous voulez une demi-course de cheval, je viendrai
au-devant de vous et vous verrez le galop de ce cheval dans cette plaine. Et tandis
qu’Orsolamano allait se placer au bout du trajet qu’il devait parcourir avec le cheval,
Piobitto, derrière lui, jeta le lasso qu’il portait sur l’arçon, couvert d’une pelisse, il
attrapa Orsolamano et donna des coups d’éperon au cheval qui courait de tous côtés,
de manière à le déchiqueter en ces lieux. Les hommes d’Orsolamano commencèrent
à crier puis se turent aussitôt. Personne ne prit les armes, n’osa parler ni esquisser le
moindre geste de vengeance et chacun s’en alla de son côté.
Aussitôt, la nouvelle se répandit dans la région de Fretto, pour la plus
grande joie de tous. Ceux qui trouvaient des gens de sa maison les massacraient tant
la colère du peuple était grande : on s’empara aussitôt du château de Monte Alto où
il habitait, on le détruisit et on tua tous les hommes de sa famille ; quant aux femmes,
elles furent violemment maltraitées et déshonorées, tous les hommes abusant d’elles
charnellement et publiquement. Orsolamano fut enterré à l’endroit où il avait été
tué, dans la campagne, en dehors des lieux sacrés, comme le méritait un homme qui
donnait tellement le mauvais exemple en chacune de ses actions. Une telle sépulture
fut conforme à sa vie, à sa réputation et à sa mort.
Alors, toutes les femmes de Fretto tinrent une assemblée dans une église où
se trouvait la femme de Piobitto, elles lui rendirent hommage et honneur comme
à la femme de celui qui leur avait à toutes rendu honneur et elles lui mirent sur la
tête une parure en guise de couronne : on adopta à Fretto un édit ou règlement qui
voulait que partout où se trouvait la femme de Piobitto, aucune autre femme n’eût le
droit de porter sur la tête un ornement en guise de couronne ni de poser sur sa tête
une guirlande semblable à une couronne ; elle seule avait le droit de la porter comme
elle voulait, toutes les autres femmes devraient l’appeler Madonna et aucune autre
en sa présence ne pourrait être appelée Madonna.
Orsalamano ayant été tué comme il a été dit, le peuple de toutes les localités
de Fretto s’assembla pour décider de la façon dont il se gouvernerait désormais en
matière de justice. Il fut décidé que toute la région s’administrerait en peuple et
commune, le nom de seigneur serait aboli. Leurs querelles se développèrent de mal
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