Contes et légendes Ursalamanu_extrait

• INTRODUCTION
châtaignes à Cantuli, par exemple, où l’air paraissait bien lourd comparé à celui infiniment
léger de l’Asinau, puis on rejoignait la plaine en octobre et novembre.
Dans tout le Sartenais, le terme u vaghjimu, qui désigne la saison correspondant
approximativement à l’automne, dérive du terme vaghjimà qui signifie « faire
paître les troupeaux à mi-hauteur à partir de la mi-août ». Ces deux termes sont issus
d’une forme germanique *waidanjan passée en latin tardif, qui signifiait « se déplacer
pour faire paître les troupeaux » et qui a pris ensuite dans les langues romanes, une
signification agricole, avant d’assumer une valeur économique au sens de « gagner ».
Dans l’Alta Rocca, les villages se sont installés sur des replats, entourés de
terrasses pour la plupart abandonnées aujourd’hui, i ricciati, qui témoignent encore
de la peine séculaire prise par les hommes et les femmes pour remonter sur leur tête,
du bas de la pente, les pierres nécessaires aux murettes de soutien, i ribbi.
Avec leurs clochers élancés et leurs hautes maisons en pierre de taille, ces
villages émergent d’une végétation de pins, de châtaigniers, de hêtres et de chênes
verts qui dégringole vers la mer et fait place, à l’approche des plaines, aux forêts de
chênes-lièges, aux oliveraies, tandis que le sous-bois de mousse épaisse, de fougère
et d’hellébore se transforme en maquis de bruyères, de cistes, d’arbousiers, de
myrtes, de genévriers, de lentisques et d’ajoncs.
Certains villages ont parfois quitté des habitats primitifs à mi-pente pour
s’installer sur le plateau : ainsi Carbini a retrouvé l’emplacement qui était le sien
avant son extermination pour cause d’hérésie (cf. la légende I Giovannali). Ces
villages occupent pour la plupart le versant ensoleillé, a sulìa. Rares sont les villages
qui occupent le fond d’une cuvette, comme Zoza :
Zoza, Zoza,
Zoza, Zoza,
Di la mala furtuna, La mal destinée,
D’inguernu mai soli, En hiver jamais de soleil,
D’istati mai luna ! En été jamais de lune !
Mais le village de Zonza aussi est réputé pour avoir une orientation peu
favorable sur le versant à l’ombre, umbricciu ou invirsiu, au point qu’un sgiò, mécontent
des habitants, les apostropha en ce terme :
Populu minutu, natu à l’invirsiu !
Gens de peu, nés sur le versant à l’ombre !
Rocca ed Alta Rocca – Rocca et Alta Rocca
Ces villages de montagne appartiennent à la région appelée historiquement
La Rocca qui correspond à l’arrondissement de Sartène, c’est-à-dire toute la région
méridionale de la Corse à partir de la rive gauche du Taravu. Mais le terme s’est
progressivement restreint au Nord de cette zone, appelée aussi Haut Sartenais tandis
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