LUX 306 - L'art de la lumière en muséographie
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DOSSIER / MUSÉES
MUSÉES / DOSSIER
Feuerle Collection, Berlin.
Occupant l’intérieur d’un ancien bunker, cette
exposition permanente s’appuie sur l’absence de
lumière naturelle inhérente à l’architecture du
lieu. L’ambiance sombre, créée par le propriétaire
accompagné par Erco, dans laquelle les visiteurs sont
plongés est rompue par l’utilisation de projecteurs
classiques ou cadreurs.
en compte, quant à elle, les données spatiales
du lieu et le positionnement du
visiteur, ces facteurs étant totalement
différents par rapport à ceux du théâtre
par exemple. Au niveau de la conception
des éclairages, ces facteurs sont à considérer
pour assurer une visite sereine,
évitant :
- l’éblouissement dû à des sources mal positionnées
le long du parcours du visiteur ;
- les reflets, tant des sources de lumière
elles-mêmes que celui du visage du visiteur
ou de son environnement ;
- des ombres portées.
Il ne s’agit plus là de la subjectivité du
concepteur, mais de son savoir-faire pour
respecter les besoins de l’ergonomie visuelle
du visiteur.
© ERCO GmbH / www.erco.com / photographie : Sebastian Mayer
DALI : aujourd’hui pour demain ?
Encore en 2017, préconiser l’usage du protocole DALI, dans des applications muséographiques,
ne faisait aucun doute ! Qu’en est-il aujourd’hui alors que se développent bon nombre de protocoles
de communication ? Avant de répondre à cette interrogation, il convient de préciser trois points :
définir les besoins au niveau d’un projet ; estimer sa durée, de sa conception à sa réalisation ;
appréhender les avancées technologiques jusqu’à sa mise en œuvre effective.
En muséographie, aux besoins de qualité,
de fiabilité et de maniabilité du matériel
proposé, il faut y ajouter une facilité de mise
en œuvre en raison des changements répétés
des expositions. Rappelons que, dans un
espace muséal, l’éclairage d’exposition participe
à la mise en espace tout en répondant
Musée Rodin, Paris.
La rénovation achevée en 2015 du musée consacré au
sculpteur a nécessité le développement spécifique
d’un système électronique de pilotage et d’indexation
via le protocole Dali des sources d’éclairage, notamment
des projecteurs LED IYon Tunable White développé
par Zumtobel, à température de couleur dynamique.
Signée Stéphanie Daniel, cette conception repose
sur la variation de l’intensité et de la température
de couleur selon les conditions extérieures.
à des exigences de confort visuel et à un niveau
d’éclairement permettant une bonne
perception. Sans omettre la protection des
œuvres sensibles aux rayonnements optiques
en assurant une exposition lumineuse
la plus faible possible. En conséquence, il ne
convient d’exposer les objets à la lumière que
s’ils sont admirés car il est inutile de les éclairer
s’il n’y a personne pour les apprécier !
Aussi, importe-t-il de créer divers scénarios
d’éclairage incluant la détection de présence
ou l’interaction directe du visiteur.
DALI AUJOURD’HUI CONCURRENCÉ
Dans ce contexte, un protocole de gestion de
l’éclairage s’avère indispensable. Le protocole
filaire DALI (Digital Addressable Lighting Interface),
avec ses 64 adresses de base, dont
8 dédiés aux capteurs, ses 16 groupes de ballasts
d’éclairage assurant la programmation
de 16 scènes scénarii, correspond largement
aux besoins muséographiques, bon nombre
de fabricants de matériel le proposant.
Toutefois, de la phase du concours portant
sur un projet jusqu’à sa réalisation, il peut
facilement s’écouler deux ou trois ans, durée
suffisamment longue pour qu’émergent
de toutes nouvelles technologies dont l’évaluation
nécessite de deux à trois nouvelles
années supplémentaires. Aussi, lorsque le
projet sort, la technologie choisie date au
minimum de quatre à cinq ans. Ce qui est largement
le cas pour des protocoles tels DMX
(1990) 1 et DALI (2001). Tandis que, depuis
ÉLÉMENT DE LA MUSÉOGRAPHIE
Dans le cadre spécifique de l’exposition, la
muséographie se définit, comme une expographie
prenant en compte la sensibilité
des objets présentés aux radiations optiques
(ultraviolet visible et infrarouge). Chaque matériau
dont est constitué l’objet exposé, est
représenté par une classe de sensibilité pour
laquelle des recommandations déterminent
une dose totale d’exposition lumineuse annuelle
à respecter (voir tableau ci-dessous).
À ce niveau, également, cette notion de
« dose totale d’exposition annuelle » demande à
l’éclairagiste un véritable savoir-faire dans la
maîtrise des ambiances et des moyens techniques
à mettre en œuvre. Pour y parvenir,
Emplacement d’un projecteur pour l’éclairage
d’une vitrine
il dispose d’un choix de sources, par l’élimination
des rayonnements de fortes énergies
angle ± 60°
(de l’ultraviolet au rayonnement visible de
courte longueur d’onde), de films et de filtres
Environ 1,60m
angle ± 60°
Éclairage sous un angle correct d’une peinture.
à utiliser. Importe, également, la gestion du
temps d’éclairage des œuvres, qui résulte,
enfin, d’un savoir-faire éloigné de la subjectivité
du concepteur. J-JE
Classes de sensibilité Description des matériaux Dose totale d’exposition*
Insensible
Sensible
Très sensible
Extrêmement sensible
Métaux, pierres, verres, céramiques,
émail, minéraux…
Peintures à l’huile, cuir, bois, corne,
ivoire, laques…
Aquarelles, pastels, textiles,
papiers peints, fourrures…
Environ 1,60m
La soie, la plupart des documents
graphiques et photos…
-
600 Klx.h/an**
150 Klx.h/an**
15 Klx.h/an
* DTE = Dose totale d’exposition :
Éclairement en lux par le nombre d’heures
de fonctionnement sur un an, soit 3 000 heures.
** Ces valeurs sont indiquées sous des lumières
d’une température de couleur proche de
3 000 K pour des lumières de températures
de couleurs supérieures, ces valeurs devront
être revues à la baisse. Suivant les tableaux
de la CIE 157/2004 et AFNOR XP CEN/TS 16163.
© Patrick Tourneboeuf / OPPIC / Tendance Floue
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