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TOSCA<br />
GIACOMO PUCCINI<br />
dossier pédagogique<br />
TOSCA Dossier pédagogique / <strong>Angers</strong> <strong>Nantes</strong> <strong>Opéra</strong> 2008/09
En situant son action à Rome en 1800, après la bataille<br />
de Marengo et l’effondrement de la république romaine,<br />
Giacomo Puccini s’évite la mièvre romance d’une cantatrice<br />
passionnée et jalouse avec un peintre rêveur et généreux.<br />
A l’ombre des églises et des palais, dans les dédales de la<br />
religion et de la politique, il y a place pour un Scarpia, chef de<br />
la police maniant avec zèle abus de pouvoir et torture. Il veut<br />
posséder plus qu’aimer, détruire plus que dominer, et les<br />
deux jeunes amants, artistes aveuglés d’absolu, deviennent<br />
ainsi ses plus belles proies.<br />
Entre les cuivres de la victoire et un sombre Te Deum, le<br />
compositeur laisse le chant porter aux lèvres le désir, la rage,<br />
la haine, le désespoir. On pleure l’amour saccagé, on frémit à<br />
la violence et la lâcheté des hommes, on admire la force et<br />
la solitude d’une femme. Tosca, traversant son destin sans<br />
hésiter.<br />
« Je désire. La chose que je désire,<br />
Je la pourchasse, je m’en repais et je la jette…<br />
Courant déjà vers un nouvel appât. »<br />
Scarpia, Tosca<br />
Dans l’ombre de Tosca, il y a toujours le parfum de Sarah Bernhardt qui<br />
créa le rôle-titre de la pièce de Victorien Sardou au théâtre en 1887 et,<br />
bien sûr, celui de Maria Callas qui, en interprétant cinquante-cinq fois<br />
Floria Tosca entre 1942 et 1965, fit entrer l’opéra de Giacomo Puccini<br />
dans sa propre légende. Ce n’est pas un hasard, Victorien Sardou écrivit la<br />
Tosca sur mesure pour la mythique actrice française et c’est en la voyant<br />
en 1889 que Giacomo Puccini décida de composer sa Tosca. Plus que le<br />
succès de la pièce, c’était l’histoire de cette diva et donc artiste libérée<br />
des préoccupations du réel, cette femme aimante et donc exonérée<br />
des lois ordinaires, qui le fascinait. Avec elle se dessinait un certain idéal<br />
féminin, romantique puisque sacrifié par amour, dont les négociations<br />
financières avec l’auteur lui laissèrent le temps d’en faire une première<br />
approche avec Manon Lescaut en 1893.<br />
Ici, comme l’église Sant’Andrea della Valle du premier acte, le palais<br />
Farnèse du second ou l’esplanade du château Saint-Ange du troisième,<br />
l’Histoire n’est qu’un décor à laquelle Puccini s’intéresse moins que<br />
Sardou et bien moins que ce qu’en aurait fait un Giuseppe Verdi. Aidé de<br />
ses librettistes Giuseppe Giacosa et Luigi Illica, avec lesquels il signe une<br />
trilogie commencée avec la Bohème en 1896 — où l’art et la passion se<br />
protègent du monde, et achevée avec Madama Butterfy en 1904 — où un<br />
Japon de pacotille disparaît pour ne laisser voir que la solitude amoureuse<br />
de l’héroïne, il fait de Floria Tosca une femme hors du commun, moins<br />
insouciante que Mimi, pas encore résignée comme Cio-Cio-San.<br />
Car chez Puccini, c’est la nature d’un homme qui trace le destin d’une<br />
femme. Non les événements. C’est donc le principal mérite de la période<br />
choisie, celle du trouble et de l’intrigue d’une Rome ballotée entre libéraux<br />
et réactionnaires, que de pouvoir engendrer des êtres tels que Scarpia.<br />
Homme de l’ombre et des ténèbres, cynique, brutal, sans scrupule, il<br />
est celui dont la concupiscence peut métamorphoser une cantatrice<br />
jalousement amoureuse en un monstre de passion. Et c’est tout<br />
naturellement que la mise en scène de Patrice Caurier et Moshe<br />
Leiser dénudera l’histoire de ses ors et velours pour mieux laisser voir<br />
l’affrontement sanglant, la cause perdue, l’humain piétiné.<br />
TOSCA Dossier pédagogique / <strong>Angers</strong> <strong>Nantes</strong> <strong>Opéra</strong> 2008/09<br />
Introduction<br />
TOSCA
<strong>Opéra</strong> en trois actes.<br />
Livret de Giuseppe Giacosa et Luigi Illica<br />
d’après le drame la Tosca de Victorien Sardou.<br />
Créé au théâtre Costanzi de Rome, le 14 janvier 1900.<br />
Nouvelle production d’<strong>Angers</strong> <strong>Nantes</strong> <strong>Opéra</strong>.<br />
[<strong>Opéra</strong> en italien avec surtitres en français]<br />
Direction musicale JeAn-YveS OSSOnCe<br />
Mise en scène PATrICe CAurIer eT MOShe LeISer<br />
Décor Christian Fenouillat<br />
Costumes Agostino Cavalca<br />
Lumière Christophe Forey<br />
avec<br />
nicola Beller-Carbone, Floria Tosca<br />
Giancarlo Monsalve, Mario Cavaradossi<br />
Claudio Otelli, le baron Scarpia<br />
Frédéric Caton, Cesare Angelotti<br />
erick Freulon, le sacristain<br />
emanuele Giannino, Spoletta<br />
Guy-etienne Giot, Sciarrone<br />
eric vrain, un geôlier<br />
emmanuelle de negri, un berger<br />
Choeur d’<strong>Angers</strong> nantes <strong>Opéra</strong><br />
Direction Xavier ribes<br />
Maîtrise de la Perverie<br />
Direction gilles gérard<br />
Orchestre national des Pays de la Loire<br />
Nouvelle production <strong>Angers</strong> <strong>Nantes</strong> <strong>Opéra</strong><br />
NaNTes THeaTre grasLiN<br />
mardi 23, jeudi 25, dimanche 28, mardi 30 septembre,<br />
jeudi 2 octobre 2008<br />
aNgers Le quai<br />
vendredi 10, dimanche 12 octobre 2008<br />
En semaine à 20h, le dimanche à 14h30<br />
TOSCA Dossier pédagogique / <strong>Angers</strong> <strong>Nantes</strong> <strong>Opéra</strong> 2008/09<br />
Distribution
Acte 1 L’eglise de sant’ andrea della Valle<br />
Cesare Angelotti, Consul de l’ex-république romaine, évadé de la<br />
forteresse du château Saint-Ange, se réfugie à l’église Sant’ Andrea della<br />
Valle, où sa sœur, la marquise Attavanti, lui a laissé des vêtements dans<br />
la chapelle de famille. L’artiste Mario Cavaradossi est en train de peindre<br />
une image de Marie-Madeleine dans laquelle le sacristain croit reconnaître<br />
les traits d’un mystérieuse dévote qui fréquente assidûment l’église (il<br />
s’agit en réalité de la marquise Attavanti). Lorsque le peintre reste seul,<br />
Angelotti sort de sa cachette, car il a reconnu en lui un ami de longue date<br />
qui partage ses idées politiques. Mas une voix impérieuse résonne : c’est<br />
Tosca, une grande cantatrice, maîtresse de Mario. Angelotti se dissimule à<br />
nouveau. Tosca, jalouse, a entendu des chuchotements en entrant dans<br />
l’église et veut savoir avec qui parlait le peintre ; il affirme qu’il était tout<br />
seul et la tranquillise en lui donnant rendez-vous pour la nuit dans leur<br />
refuge habituel. Mais les soupçons de Tosca sont renforcés lorsqu’elle<br />
remarque que le visage de la sainte représente en fait la marquise<br />
Attavanti. Mario se disculpe encore et réussit à l’éloigner. Entre temps,<br />
la fuite d’Angelotti a été découverte et l’alarme est donnée par un coup<br />
de canon. Cavaradossi, sans hésitation, propose au fugitif de la cacher<br />
dans sa maison en dehors de Rome, et ils partent ensemble. Le sacristain<br />
vient annoncer la défaite de Napoléon. Les gens se rassemblent dans<br />
l’église pour chanter un Te deum. Scarpia, le chef de la police, découvre<br />
un éventail appartenant à la marquise d’Attavanti ; la disparition de<br />
Cavaradossi, signalée par le sacristain, le persuade que le peintre, dont<br />
il connaît les opinions républicaines et la liaison avec Tosca, est impliqué<br />
dans l’évasion. Tosca revient à ce moment pour décommander son<br />
rendez-vous avec Mario. Comme elle s’étonne de son absence, Scarpia<br />
attise sa jalousie en lui montrant l’éventail de la marquise. Furieuse, Tosca<br />
part pour la maison de son amant, sûre de le trouver en compagnie de<br />
sa rivale ; elle ne perçoit pas qu’elle est suivie par un homme de Scarpia,<br />
Spoletta. Tandis que s’élève le Te Deum, Scarpia, agenouillé, médite<br />
un plan diabolique : faire exécuter le peintre pour faire de Tosca sa<br />
maîtresse.<br />
Acte 2<br />
au palais Farnèse<br />
Le bureau de Scarpia. Attablé pour le repas, il savoure à l’avance la<br />
réussite de son plan. Par la fenêtre ouverte, on entend les rumeurs d’une<br />
fête donnée au palais Farnèse pour célébrer la victoire sur Napoléon, à<br />
laquelle Tosca participe. A ce moment on amène Cavaradossi, arrêté par<br />
Spoletta. Il nie toute relation avec Angelotti. Tosca fait irruption, avertie par<br />
un message que Scarpia lui a fait parvenir. Cavaradossi n’a que le temps<br />
de lui ordonner de se taire avant d’être trainé dans une pièce voisine et<br />
soumis à la torture. Tosca, incapable de supporter les hurlements de<br />
douleur de son amant, s’effondre et révèle la cachette d’Angelotti.<br />
A cet instant on apporte la nouvelle de la victoire de Napoléon à<br />
Marengo ; Cavaradossi, ramené devant Scarpia, entonne un hymne à la<br />
liberté. On l’emmène. Tosca supplie Scarpia de le sauver. Spoletta entre<br />
en annonçant qu’Angelotti s’est suicidé pour échapper à l’arrestation.<br />
Scarpia, implacabla, déclare à Tosca que son amant sera exécuté si elle<br />
ne se donne pas à lui. Déchirée, Tosca accepte. Scarpia ordonne alors que<br />
l’exécution du peintre soit simplement simulée ; en sous main, il annule<br />
toutefois cet ordre. Il signe un laisser-passer pour Tosca et Cavaradossi,<br />
puis s’approche de la jeune femme et cherche à l’embrasser. Tosca<br />
s’empare d’un couteau sur la table et le poignarde. Puis elle prend les<br />
sauf-conduits et s’enfuit.<br />
Acte 3 La plate forme du château saint-ange.<br />
A l’aube, Cavaradossi est tiré de sa cellule pour l’exécution. Ses dernières<br />
pensées sont pour Tosca. Mais celle-ci apparait et lui dit que l’exécution<br />
ne sera qu’un simulacre. Les amants envisagent déjà leur bonheur futur.<br />
Le peloton d’exécution se met en place, et Tosca recommande à Mario<br />
de tomber de façon convaincante. On le fusille. Mais lorsque la jeune<br />
femme soulève le manteau que les soldats ont jeté sur le corps, elle<br />
découvre un cadavre criblé de balles. A cet instant, on entend des cris :<br />
on a retrouvé Scarpia assassiné et Spoletta arrive avec ses soldats pour<br />
arrêter Tosca. La jeune femme enjambe le parapet et se jette dans le vide<br />
en criant « Scarpia, nous nous retrouverons devant Dieu ».<br />
TOSCA Dossier pédagogique / <strong>Angers</strong> <strong>Nantes</strong> <strong>Opéra</strong> 2008/09<br />
Argument<br />
TOSCA
Une nouvelle Tosca pour Graslin<br />
patrice Caurier et Moshe Leiser ouvrent la saison d’angers-<strong>Nantes</strong> opéra<br />
avec leur Tosca. un projet voulu par Jean-paul davois et accueilli avec passion<br />
par l’impeccable duo de metteurs en scène qui a réglé pour la scène nantaise<br />
quelques productions majeures, de Jenufa au châTeau de BarBe-Bleue. petite<br />
discussion avec les intéressés.<br />
Quelle a été votre première accroche avec Tosca ?<br />
Moshe Leiser : C’est Jean-Paul Davois qui nous a proposé de monter<br />
Tosca. Nous avions déjà travaillé sur un autre opéra de Puccini, Madama<br />
Butterfly, pour Covent Garden, cela avait constitué une expérience forte<br />
avec l’univers de ce compositeur. Mais rien ne nous prédestinait à monter<br />
Tosca, ni une passion particulière pour l’œuvre ni un souhait personnel.<br />
C’est simplement l’occasion, mais il en va souvent ainsi dans le travail des<br />
metteurs en scène.<br />
patrice Caurier : Par contre dans la perspective de cette mise en scène, la<br />
réécoute de Tosca, cela c’est tout autre chose. On écoute différemment<br />
une œuvre si l’on sait qu’on va la monter. On oublie le plaisir de l’audition<br />
pour chercher à pénétrer le cœur de l’ouvrage, on l’analyse pour trouver<br />
quel genre de théâtre cela peut produire. De ce côté là Tosca réserve<br />
beaucoup de surprises.<br />
Et justement, quel genre de théâtre ? Comment fonctionne Tosca selon<br />
vous ?<br />
patrice Caurier : Ce qui nous a d’abord arrêtés c’est le choix de Puccini et<br />
de ses librettistes d’avoir éliminé une grande partie de la pièce de Victorien<br />
Sardou. Ils ont parfois condensé plusieurs scènes en une seule, créant<br />
une tension dramatique quasiment shakespearienne et le personnage<br />
de Floria Tosca a été privé d’une grande partie de son histoire. Mais ce<br />
resserrement produit un langage théâtral particulièrement efficace, sinon<br />
lors du grand duo du troisième acte, qui vient soudain rompre le rythme.<br />
C’est une invraisemblance dans la dramaturgie, on ne laisse pas tout ce<br />
temps à un condamné à mort. Pour nous cela a été la vraie difficulté de<br />
cette œuvre. Nous espérons y avoir apporté une solution.<br />
Il y a un côté roman policier dans Tosca, dont Puccini était d’ailleurs<br />
conscient. L’assumez-vous ?<br />
patrice Caurier : Bien entendu, et puis il y a ce que vous souligniez avant<br />
que nous commencions notre conversation : Tosca est un drame intime,<br />
presque un drame de l’intimité pour chacun des trois personnages.<br />
Nous avons voulu recréer cette intimité que l’on entend sans cesse dans<br />
la musique, et en cela les dimensions du Théâtre Graslin ou du Quai à<br />
<strong>Angers</strong> ont été particulièrement propices. Même lors du Te Deum, nous<br />
sommes en face d’un moment d’intimité : le monologue où Scarpia révèle<br />
son désir de posséder Tosca et aussi toute la noirceur de son être.<br />
Au demeurant les opéras n’ont jamais été composés pour de très grandes<br />
salles, Puccini n’a jamais écrit avec dans la tête la jauge des théâtres que<br />
l’on construit aujourd’hui.<br />
Pour le côté roman policier, ce n’est pas tant l’intrigue que l’atmosphère.<br />
Cette sensation d’oppression qui parcourt tout l’opéra, cristallisée par le<br />
barone Scarpia, le chef de la police. Il y a une enquête dans Tosca, on veut<br />
retrouver Cesare Angelotti, mais il y a surtout la toute puissance d’un Etat<br />
policier.<br />
Moshe Leiser : Nous avons opté avec Christophe Fenouillat pour des<br />
décors intimistes, car cela n’a aucun sens de construire des décors qui<br />
de toute façon ne retrouveront jamais le caractère monumental de ceux<br />
où Puccini situe l’action. Pire, cela nuit à la force de l’œuvre, le drame n’est<br />
pas là. Lorsque l’on veut rendre compte d’une telle violence et que l’on<br />
doit donner à voir un meurtre, un mur blanc fait mieux voir le sang qu’un<br />
décor baroque. Il y a une ligne de force dans Tosca qui littéralement ne<br />
veut pas du décor pour le décor. Et les décors monumentaux deviennent<br />
vite de terribles embarras : ils font un effet, strictement décoratif bien<br />
entendu, qui disparaît au bout de quelques minutes. Puis après tout le<br />
monde doit faire avec cette structure asphyxiante, à vrai dire inutile.<br />
Combien de Tosca ont sombré dans la pompe romaine ? De plus<br />
l’orchestre de Puccini et son sens mélodique produisent une musique<br />
tellement flatteuse pour l’oreille qu’un décor en harmonie avec ces<br />
splendeurs serait redondant et achèverait de diluer l’action.<br />
De quoi parle cette histoire ? D’abus politique, tout simplement. Elle<br />
reproduit des situations classiques qui montrent des dictatures policières<br />
TOSCA Dossier pédagogique / <strong>Angers</strong> <strong>Nantes</strong> <strong>Opéra</strong> 2008/09<br />
entretien<br />
METTEURS EN SCèNE
oyant des individus. C’est ce qui donne à Tosca son intemporalité, on<br />
pourrait tout a fait inscrire cette histoire sous la poigne de Staline ou dans<br />
l’ombre de la Stasi. Le vrai sujet de Tosca c’est cela.<br />
Comment avez vous travaillé ?<br />
Mosh Leiser : Comme nous le faisons toujours, humblement et<br />
modestement, en lisant la partition et le livret, en nous posant les<br />
questions qui constituent la base de notre travail, qu’est ce qui se passe<br />
exactement dans cette scène, où en sont les rapports des personnages,<br />
que disent-ils vraiment.<br />
Le livret de Tosca fourmille d’indications précieuses et comme souvent<br />
à l’opéra il suffit d’être très attentif à ce qui est dit, et à comment cela<br />
est chanté, pour tirer les bons fils. Il est évident que l’on préfère une<br />
esthétique du vide à une surcharge. Nous avons fait le choix d’un mur de<br />
pierre scellé par un ciment rouge, qui est à la fois le rideau d’avant-scène et<br />
les murs des décors des trois actes. Au reste Tosca n’a besoin que de très<br />
peu d’accessoires, les toiles de Cavaradossi au premier acte, une table et<br />
deux chaises pour l’antre de Scarpia au second, quant au troisième, en<br />
quelque sorte il porte en lui même sa nudité par l’imminence de la mort<br />
de Cavaradossi. Cette volonté d’un décor en retrait est aussi une façon<br />
de valoriser les chanteurs.<br />
patrice Caurrier : C’est très important, il faut faire confiance aux<br />
chanteurs.<br />
Mais justement, les chanteurs se plient-ils toujours de bonne grâce à la<br />
direction d’acteur très soutenue que vous leur demandez ?<br />
Moshe Leiser : Nous n’avons jamais rencontré un chanteur qui ne veuille<br />
pas s’investir. Je crois que les chanteurs attendent des demandes<br />
précises des metteurs en scène, qu’ils veulent travailler. Leur pire<br />
cauchemar est en fait les non-mises en scène ; faites quatre pas à droite,<br />
tournez vous vers le mur, regardez la soprano, etc. Ils ont autant besoin<br />
des personnages et des ressorts dramatiques que nous. En fait nous<br />
n’imposons pas, nous suscitons.<br />
Quel est le personnage le plus important dans Tosca ?<br />
Moshe Leiser : Les trois protagonistes. Cavaradossi peut-être un peu<br />
moins…, nous avons justement essayé de faire en sorte que l’histoire<br />
d’amour entre le peintre et la cantatrice soit une véritable histoire<br />
d’amour. Le point d’équilibre de Tosca est là : il y a d’une part une intrigue<br />
sentimentale, avec le ressort de la jalousie que Scarpia presse jusqu’à<br />
l’horreur au deuxième acte, et d’autre part cette terrible machine<br />
infernale mêlant politique et police. Chacun des trois personnages est<br />
essentiel pour rendre compte de cette conjonction fatale. Scarpia n’est<br />
pas qu’un monstre politique, c’est aussi un damné…<br />
Tosca le dit, « Muori dannato »…<br />
Moshe Leiser : Il ne peut vivre une relation amoureuse et cette incapacité<br />
transforme chez lui l’amour en un désir de possession, il consomme et<br />
puis il jette. Durant son monologue du Te Deum on découvre un chasseur<br />
à l’affût. C’est un personnage d’une noirceur totale qui concentre une<br />
grande part de la modernité du livret. Puccini l’a cerné avec un grand sens<br />
psychologique.<br />
Et après Tosca ?<br />
patrice Caurier : Hänsel und GreTel de Humperdinck à Covent Garden,<br />
avec une distribution de rêve, Diana Damrau, Angelica Kirchschlager,<br />
Anja Silja en Sorcière, et Thomas Allen dans le rôle du Père. Allen est un<br />
artiste phénoménal, nous l’aimons infiniment. Puis <strong>Angers</strong> <strong>Nantes</strong> <strong>Opéra</strong><br />
reprend notre MaHaGonny en février et mars prochain.<br />
Entretien réalisé à Paris,<br />
le 15 septembre 2008<br />
par Jean-charles hoffelé<br />
www.concertclassic.com<br />
TOSCA Dossier pédagogique / <strong>Angers</strong> <strong>Nantes</strong> <strong>Opéra</strong> 2008/09<br />
entretien<br />
METTEURS EN SCèNE
Giacomo Puccini<br />
Giacomo Puccini<br />
Giacomo Puccini est un compositeur d’<strong>Opéra</strong> italien né à Lucques et 1858<br />
et décédé à Bruxelles en 1924. Issu d’une famille de musiciens depuis 5<br />
générations, sa vocation pour l’écriture d’opéras se révèle assez tard, en<br />
allant voir Aida de Verdi en 1876.<br />
Il réussit à entrer au conservatoire de Milan en 1880 où il a été l’élève<br />
de Bazzini et Ponchielli. Son œuvre de fin d’études au conservatoire :<br />
Capricio Sinfonico révèle tout autant son talent d’écriture symphonique.<br />
Son premier opéra, De Villi , n’a pas fait grand bruit mais fut spécialement<br />
apprécié par l’éditeur G. Ricordi avec qui il établit une précieuse<br />
collaboration.<br />
© D.R.<br />
C’est avec Manon lescauT que le succès arrive enfin, en 1893 à Turin. Cet<br />
opéra, à travers la prépondérance des envolées lyriques sur l’orchestre,<br />
traduit sa conception dramatique de l’amour dont la seule issue est<br />
la mort (sa vie sentimentale fut tout au long de sa vie très tourmentée,<br />
vivant une relation cachée avec Elvira, la femme de son meilleur ami). Il<br />
utilise aussi le leitmotiv obsessionnel wagnérien.<br />
Biographies<br />
la BoHèMe créé à Turin en 1893 ne reçoit pas un grand succès. Tosca, au<br />
contraire, sera joué dans de nombreuses villes d’Europe et aux Etats-<br />
Unis. Il aborda dans cet opéra pour la première fois les sujets de la<br />
politique et du patriotisme, mais l’amour tragique prend tout de même<br />
le dessus. Toujours d’après des livrets de Illica et Giacosa avec qui il<br />
collabore depuis la BoHèMe, Puccini composa MadaMa BuTTerfly en 1904<br />
à La Scala de Milan.<br />
Plus tard, il s’ouvre à l’exotisme harmonique (Debussy l’inspire) et tente<br />
l’opérette ( fanciulla del WesT, New-York 1910, et rondine, MonTe carlo,<br />
1917) sans franc succès, mais qui lui serviront pour composer une trilogie<br />
d’opéras en trois actes : il TriTTico, New York, 1918.<br />
Il travaille avec acharnement sur la composition de son dernier opéra :<br />
TurandoT sans pouvoir le terminer. Il meurt à la suite d’une opération à<br />
Bruxelles en 1924.<br />
Ce n’est que longtemps après sa mort que Puccini sera reconnu pour<br />
son écriture harmonique avant-garde et sa personnalité artiste très<br />
complexe.<br />
TOSCA Dossier pédagogique / <strong>Angers</strong> <strong>Nantes</strong> <strong>Opéra</strong> 2008/09
Giuseppe Giacosa<br />
Giuseppe Giacosa (21 octobre 1847 à Coloretto Parella, près de Turin - 1 er<br />
septembre 1906, Coloretto Parella) est un poète, un dramaturge et un<br />
librettiste italien de la fin du XIXème et du début du XXème siècle. Il est<br />
principalement connu pour son travail sur trois livrets d’opéra de Puccini :<br />
la BoHèMe, Tosca, MadaMa BuTTerfly, tous en collaboration avec Luigi Illica.<br />
Après avoir été mis en lumière avec des drames comme la parTiTa a<br />
scaccHi en 1871 (La Partie d’échecs) et il MariTo aManTe della MoGlie (1871)<br />
(Le mari amant de la femme), se situant dans une reconstitution<br />
historique singulière (un moyen-âge romanesque et rhétorique pour le<br />
premier, un XVIIème siècle maniéré pour l’autre), Giacosa, influencé par<br />
le naturalisme et par la comédie à la française s’attache à l’élaboration<br />
de drames bourgeois. Dans TrisTi aMori en1887 (Tristes amours), dans i<br />
diriTTi dell’aniMa en 1894 (Les Droits de l’âme), dans coMe le foGlie en 1900<br />
(Comme les feuilles), dans il più forTe en 1904 (Le plus fort), et non sans<br />
être retourné en direction d’une reconstitution historique et à tonalité<br />
post-romantique avec la siGnora di cHallanT en 1891 (La Dame de Challant,<br />
interprétée par Sarah Bernhardt), il se fait l’interprète des inquiétudes et<br />
du malaise moral du monde bourgeois.<br />
L’activité de librettiste de Giacosa se limite à l’adaptation de la parTie<br />
d’écHecs par Pietro Abbà Cornaglia et à la collaboration avec Luigi Illica<br />
pour les trois opéras que composa Giacomo Puccini entre 1893 et 1904:<br />
la BoHèMe, Tosca eT MadaMa BuTTerfly.<br />
Giacosa se réserve l’élaboration des passages proprement lyriques dans<br />
le cadre du développement dramatique de l’opéra, et la versification de<br />
la trame revient à Illica, certainement plus doué dans la connaissance<br />
des mécanismes particuliers du théâtre musical. Il ne fait pas de doutes<br />
que l’inclination de Giacosa pour un intimisme naturaliste, qui se traduit<br />
largement dans les analyses psychologiques et en particulier dans sa<br />
sensibilité vis-à-vis des figures féminines, convient à l’univers de Puccini.<br />
Alors, il ne faut pas s’étonner que Giacosa se sente à l’aise avec la<br />
BoHèMe et se trouve au contraire agacé par un “drame tout de gros<br />
faits émotionnels, sans poésie” comme Tosca, qu’il juge inadapté à la<br />
musique. Giacosa constitue un point de référence précis pour Puccini<br />
et Illica durant la difficile construction d’un livret. Son prestige et son bon<br />
caractère doivent souvent intervenir dans la composition pour régler les<br />
dissidents entre les plus jeunes et plus impulsifs collaborateurs. Puccini,<br />
pour plaisanter, l’appelait Bouddha, en raison de son calme mais aussi de<br />
sa corpulence.<br />
Ceci mis à part, le même Giacosa a plus d’une fois menacé de renoncer<br />
à sa charge de librettiste, fatigué qu’il était par les continuelles demandes<br />
de remaniement, par les cadences, et surtout par le fait de devoir négliger<br />
son propre travail de dramaturge en faveur d’une activité dans laquelle<br />
ses capacités d’homme de lettres étaient subordonnées aux nécessités<br />
du genre.<br />
La mort de Giacosa met fin à une heureuse période de création artistique.<br />
Sans lui, la collaboration entre Puccini et Illica se révèlera impossible. Et<br />
Illica, reconnaissant toujours en Giacosa un grand artiste, n’acceptera<br />
pas de se voir adjoindre d’autres auteurs.<br />
Luigi Illica<br />
(Castell’Arquato, près de Piacenza en Italie, 9 mai 1857 - Colombarone,<br />
en Italie, 16 décembre 1919)<br />
Luigi Illica est un librettiste célèbre qui écrivit, habituellement en<br />
collaboration avec Giuseppe Giacosa, pour Giacomo Puccini. Il travailla<br />
aussi pour Alfredo Catalani, Umberto Giordano et d’autres compositeurs<br />
italiens. Ses plus fameux livrets sont ceux de la BoHèMe, Tosca, MadaMa<br />
BuTTerfly et andrea cHénier.<br />
La vie personnelle d’Illica ressemblait parfois à ces livrets. La raison pour<br />
laquelle il est toujours photographié la tête légèrement de côté est qu’il<br />
perdit une oreille dans un duel concernant une femme.<br />
Lorsque des films muets reposant sur ses opéras furent tournés, son<br />
nom apparut en larges lettres sur les publicités parce que les distributeurs<br />
pouvaient seulement garantir que ses intrigues constitueraient le sujet,<br />
et non qu’elles seraient accompagnées par la musique appropriée du<br />
compositeur.<br />
TOSCA Dossier pédagogique / <strong>Angers</strong> <strong>Nantes</strong> <strong>Opéra</strong> 2008/09<br />
Giacomo Puccini en compagnie de<br />
Giuseppe Giacosa et Luigi Illica © D.R.<br />
Biographies
Patrice CAURIER, Moshe LEISER<br />
Mise en scène<br />
En 1983, ils réalisent leur première mise en scène le sonGe d’une nuiT d’éTé<br />
(Britten) à l’<strong>Opéra</strong> de Lyon. En 1984, ils sont à La Comédie Française pour<br />
rue de la folie-courTeline. Très rapidement, ils sont invités partout dans le<br />
monde, on les retrouve aux Festivals de Spolete et de Lyon, au Théâtre<br />
des Champs-Elysées, au Welsh Opera ou encore à Genève, Tel Aviv,<br />
Charleston, Covent Garden, Lausanne, Lyon, Glasgow…<br />
Parmi leurs nombreuses productions, citons : le couronneMenT de poppée<br />
(Monteverdi), rusalka (Dvorak), saloMé (Strauss), les Troyens (Berlioz),<br />
BenvenuTo cellini (Berlioz), dialoGues des carMéliTes (Poulenc), l’enfanT eT les<br />
sorTilèGes (Ravel) dont la réalisation cinématographique leur vaut le FIPA<br />
d’Or à Cannes en 1994, ipHiGénie en Tauride (Gluck), arMide (Lully), Jenufa<br />
(Janacek), ariane eT BarBe-Bleue (Dukas), la Belle Hélène (Offenbach),<br />
alcesTe (Glück), la cHauve-souris (Strauss), la cléMence de TiTus et la flûTe<br />
encHanTée (Mozart), léonore eT fidelio (Beethoven), carMen (Bizet), la<br />
cenerenTola (Rossini)… A Genève, ils mettent en scène successivement,<br />
Wozzeck (Berg), HaMleT (Thomas), les fiançailles au couvenT (Prokofiev),<br />
le cHevalier à la rose (Strauss), le rinG (Wagner), pelléas eT Mélisande<br />
(Debussy), don carlo (Verdi). Plus récemment, Patrice Caurier et Moshe<br />
Leiser ont mis en scène la TraviaTa (Verdi) à Lausanne et à Cardiff, MadaMe<br />
BuTTerfly (Puccini) à Covent Garden, HaMleT (Thomas) à Covent Garden<br />
et Barcelone (enregistrement DVD), lucia di laMMerMoor (Donizetti) à<br />
Lyon et au Châtelet, euGène onéGuine (Tchaïkovsky) au Théâtre Mariinsky<br />
à Saint-Pétersbourg, au Châtelet et à Marseille, l’aiGlon (Honegger / Ibert)<br />
à Marseille, la veuve Joyeuse (Lehar) au Welsh National Opera de Cardiff<br />
en octobre 2005 et le BarBier de séville (Rossini) à Covent Garden en<br />
décembre dernier.<br />
A <strong>Nantes</strong> et <strong>Angers</strong>, ils ont signé les mises en scène du nez (Chostakovitch)<br />
en 2004, de la flûTe encHanTée (Mozart) et de l’Enfant et les sortilèges<br />
(Ravel) en 2006, de Jenufa (Janacek) et du Château de Barbe-Bleue<br />
(Bartok) en 2007.<br />
Jean-Yves OSSONCE Direction musicale<br />
Depuis ses débuts en Angleterre en 1991, Jean-Yves Ossonce se produit<br />
fréquemment dans les opéras ou avec les orchestres nationaux de la BBC.<br />
Invité au festival d’Edimbourg dès 1994, il y dirige Briséis de Chabrier.<br />
Outre cet ouvrage, sa discographie comprend les intégrales des<br />
symphonies d’Albéric Magnard, des suiTes pour orcHesTre de Massenet, les<br />
concertos de Hahn et Massenet et un opéra de Ropartz, le pays, distingué<br />
par Classica parmi les meilleurs enregistrements 2002, et qui a reçu le<br />
Timbre de Platine d’<strong>Opéra</strong> International et le Grand Prix de la critique<br />
allemande (Deutschen Schallplaten Preis).<br />
Depuis sa nomination à l’<strong>Opéra</strong> de Tours en 1999, il concentre une grande<br />
partie de ses activités sur la vie musicale régionale, tout en poursuivant<br />
sa carrière de chef invité, en particulier à l’étranger : Welsh National<br />
Opera, English National Opera, Korean Symphony Orchestra, Festival<br />
d’Edimbourg, Orchestre National de Belgique, Philharmonie Slovaque,<br />
Deutsche Oper de Berlin, Amsterdam, Staatsoper de Hamburg, Holland<br />
Symfonia, la Philharmonie Nationale de Varsovie, Teatro Verdi de Trieste,<br />
Capitole de Toulouse, Orchestre de la Radio de Leipzig, <strong>Opéra</strong> de<br />
Lausanne, <strong>Angers</strong>-<strong>Nantes</strong> <strong>Opéra</strong>, <strong>Opéra</strong> National de Montpellier, <strong>Opéra</strong><br />
d’Avignon, Orchestre de la Monnaie de Bruxelles (concert avec Natalie<br />
Dessay).<br />
Il se produit dans un large éventail d’œuvres lyriques et symphoniques,<br />
mêlant le grand répertoire et les œuvres plus rares comme celles de<br />
Frank Martin ou d’Ambroise Thomas. En 2007, il se produit au Festival<br />
International d’Athènes (Théâtre Herodes- Atticus avec June Anderson et<br />
Béatrice Uria-Monzon) et au Théâtre de la Fenice de Venise. En septembre<br />
dernier, il était invité par le Festival de Prague (Orchestre de Chambre de<br />
Prague). Il vient de se produire avec grand succès à l’<strong>Opéra</strong> de Montréal<br />
(roMéo eT JulieTTe de Gounod), qui l’a immédiatement réinvité pour la<br />
saison 2009/2010. Il terminera la saison lyrique 2007/2008 à l’<strong>Opéra</strong> de<br />
San Francisco, en dirigeant lucia di laMMerMoor, avec Natalie Dessay. Ses<br />
projets comprennent entre autres, de nouvelles productions de Tosca<br />
pour <strong>Angers</strong> <strong>Nantes</strong> <strong>Opéra</strong>, de MadaMe BuTTerfly pour Lausanne, fausT de<br />
Gounod, au Minnesota Opera ainsi que Jeanne au BûcHer (d’Honegger) à<br />
l’<strong>Opéra</strong> de la Monnaie à Bruxelles.<br />
TOSCA Dossier pédagogique / <strong>Angers</strong> <strong>Nantes</strong> <strong>Opéra</strong> 2008/09<br />
Moshe Leiser & Patrice Caurier<br />
© D.R.<br />
Biographies<br />
Jean-Yves Ossonce<br />
© G. Proust
Christian FENOUILLAT<br />
Décors<br />
Christian Fenouillat travaille depuis 1975 en qualité de décorateur au<br />
cinéma, au théâtre et à l’opéra.<br />
Il a collaboré, entre autres, au théâtre avec Bruno Boëglin dans pinnoccHio<br />
d’après Collodi et sœur solanGe (Boëglin) au Théâtre de l’Odéon, avec<br />
Claudia Stavisky dans la locandiera (Goldoni) et MineTTi (Bernhard),<br />
avec Christophe Perton dans la cHair eMprisonnée (Kroetz) et les 14 isBas<br />
rouGes (Platonov), avec Patrice Caurier et Moshe Leiser dans HaMleT<br />
(Shakespeare).<br />
A l’<strong>Opéra</strong>, il a travaillé avec Patrice Caurier et Moshe Leiser pour euGène<br />
onéGuine (Tchaïkovski) au Théâtre du Châtelet, carMen (Bizet) à l’<strong>Opéra</strong><br />
de Marseille, l’aiGlon (Honegger / Ibert) à l’<strong>Opéra</strong> de Marseille, le nez<br />
(Chostakovitch) à l’<strong>Opéra</strong> de Lausanne, la veuve Joyeuse (Lehar) au Welsh<br />
National Opera de Cardiff en octobre 2005 et le BarBier de séville (Rossini)<br />
au Covent Garden de Londres en décembre 2005.<br />
Récemment il signait les décors des nouvelles productions de Mazeppa<br />
(Tchaïkovski) au Welsh National Opera de Cardiff, de l’aMour des Trois<br />
oranGes (Prokofiev) au Théâtre de Bâle et de MaHaGonny (Weill) au Festival<br />
de Spoleto / USA 2007, euGène onéGuine (Tchaïkovsky) à Saint Petersbourg<br />
et don carlo (Verdi) au Grand Théâtre de Genève dans des mises en<br />
scène de Patrice Caurier et Moshe Leiser.<br />
A <strong>Nantes</strong> et <strong>Angers</strong>, Christian Fenouillat a signé les décors du nez<br />
(Chostakovitch) en décembre 2004, de cuore (Carcano) en octobre<br />
2005, la flûTe encHanTée (Mozart) en janvier et février 2006 ainsi que Jenufa<br />
(Janacek) en février 2007, production récompensée par le Prix Claude<br />
Rostand 2007 décerné par le Syndicat professionnel de la critique et le<br />
cHâTeau de BarBe Bleue (Bartok) en septembre / octobre 2007.<br />
décor acte<br />
l’atelier du peintre<br />
Nous avons opté avec Christophe Fenouillat pour<br />
des décors intimistes, car cela n’a aucun sens<br />
de construire des décors qui de toute façon ne<br />
retrouveront jamais le caractère monumental de<br />
ceux où Puccini situe l’action.<br />
Moshe Leiser<br />
décor acte<br />
La prison et la cellule<br />
décor acte<br />
le bureau<br />
du chef de la police<br />
TOSCA 0 Dossier pédagogique / <strong>Angers</strong> <strong>Nantes</strong> <strong>Opéra</strong> 2008/09<br />
Christian Fenouillat<br />
© D.R.
scarpia - Claudio Otelli<br />
Costumes : Agostino Cavalca<br />
Personnages<br />
TOSCA Dossier pédagogique / <strong>Angers</strong> <strong>Nantes</strong> <strong>Opéra</strong> 2008/09<br />
Floria Tosca - Nicola Beller Carbone<br />
Costumes : Agostino Cavalca<br />
Mario Cavaradossi - Giancarlo Monsalve<br />
Costumes : Agostino Cavalca
Victorien Sardou<br />
Librettiste<br />
Né à Paris, le 5 septembre 1831.<br />
Auteur dramatique, il dut ses premiers succès à Virginie<br />
Déjazet ; il écrivit un grand nombre de pièces de théâtre qui<br />
furent jouées au Vaudeville, au Gymnase, à la Porte Saint-<br />
Martin, au Palais-Royal, à la Gaieté, à la Comédie-Française ;<br />
ses principales œuvres sont : nos inTiMes, la faMille BenoiTon,<br />
nos Bons villaGeois, paTrie, la Haine, raBaGas en 1872, daniel<br />
rocHaT en 1880, THerMidor en 1891 ; ces trois dernières<br />
soulevèrent, par les questions politiques qu’elles abordaient,<br />
de violentes protestations ; il écrivit en collaboration avec de<br />
Najac, divorçons qui fut jouée au Palais-Royal, et pour Mme<br />
Sarah Bernardt, qui en joua le rôle principal, fédora, THéodora,<br />
la Tosca, la sorcière.<br />
Victorien Sardou fut souvent accusé de copier d’autres<br />
auteurs, il défendit les droits de l’auteur dramatique dans<br />
une brochure intitulée Mes plagiats ; il écrivit peu en dehors<br />
du théâtre.<br />
Il fut élu à l’Académie après plusieurs tours de scrutin contre<br />
le duc d’Audiffret-Pasquier et Leconte de Lisle, le 7 juin 1877<br />
en remplacement de Joseph Autran, et reçu le 23 mai 1878<br />
par Charles Blanc. Mort le 8 novembre 1908.<br />
L’opéra vériste<br />
Source : carnet sur sol > http://operacritiques.free.fr<br />
Par DavidLeMarrec<br />
qu’appelle-t-on opéra vériste ? peut-on y rattacher Tosca ?<br />
Deux questions relevées aujourd’hui par les lutins, et auxquelles Carnets<br />
sur sol va s’employer à répondre pour tâcher de lever les ambiguïtés<br />
nombreuses qui pèsent sur cette notion.<br />
L’opéra vériste est spécifiquement italien, mais a connu des ramifications<br />
vers la France (et dans une moindre mesure l’Allemagne).<br />
Il prend place après l’époque verdienne (au cours de la fin du XIXe siècle),<br />
et constitue le versant musical du courant littéraire du vérisme, qui rend<br />
compte de la vie réelle des pauvres gens. Au départ, il s’agit donc de se<br />
désintéresser de la vie des princes pour se tourner du côté des gens<br />
simples, dont on va présenter la vie telle qu’elle est.<br />
On présente souvent, et avec quelque raison, i paGliacci de Leoncavallo<br />
et cavalleria rusTicana de Mascagni comme les manifestes du genre sur<br />
le plan musical.<br />
paGliacci à cause de son prologue et de son jeu du théâtre dans le théâtre.<br />
Dans son Prologue, l’un des personnages du drame vient sur le devant<br />
de la scène expliquer qu’il jouera le prologue (comme dans les comédies<br />
sur tréteaux qui sont le sujet de l’opéra...), et que cette fois-ci, le théâtre<br />
ne sera pas seulement fruit de l’imaginaire, ou même mimétique - il sera<br />
vrai, tout de bon. « Je ne viens pas pour vous dire, comme autrefois, que<br />
les larmes que nous versons sont fausses, qu’il ne faut pas s’alarmer de<br />
nos affres. »<br />
Le théâtre est censé devenir un modèle réduit du réel, même plus une<br />
imitation de celui-ci.<br />
Cependant le mouvement joue beaucoup de cet rapport ambigu à la<br />
fiction, puisque Paillasse (i paGliacci) joue précisément du théâtre dans le<br />
théâtre, un théâtre dans le théâtre perturbé par la vraie vie qui reprend ses<br />
droits. Ce qu’on appelle, sur le modèle héraldique, une mise en abyme.<br />
TOSCA Dossier pédagogique / <strong>Angers</strong> <strong>Nantes</strong> <strong>Opéra</strong> 2008/09<br />
Victorien Sardou © D.R.<br />
Biographie<br />
A propos
Cette histoire veut nous faire comprendre que sur scène, nous aussi<br />
voyons de véritables acteurs, et que la vie réelle pénètre jusque sur le<br />
théâtre, indépendamment de la fiction qu’on nous représente.<br />
... cela tout en nous représentant des fictions réalistes qui sont censées<br />
représenter le pur réel.<br />
Ces nuances sont sans doute difficiles à saisir sans avoir écouté Paillasse,<br />
mais on nage en plein paradoxe sur cette question de la vérité, qui est à la<br />
fois celle des gens sur scène et celle de la scène représentée (avec une<br />
tension insoluble entre les deux).<br />
Les compositeurs n’ont pas hésité à s’en amuser, puisque le titre de<br />
cavalleria rusTicana de Pietro Mascagni (“Chevalerie rustique”) fait<br />
explicitement référence à la transposition des codes de théâtre habituel<br />
dans un milieu modeste. Et de fait, on y retrouve en une heure tous les<br />
ingrédients habituels : adultère, jalousie, dévotion, délation, duel.<br />
Le compositeur ne se cache pas, de la sorte, d’exploiter sur un sujet<br />
nouveau les structures préexistantes.<br />
On pourrait dire de même pour fedora de Giordano, avec son récital de<br />
piano au milieu de l’acte II, qui pose la question du statut de ce qui est<br />
présenté sur scène.<br />
Le mouvement se répand en Italie, et l’on parle aussi de vérisme pour les<br />
drames historiques (tout ce qui imite le réel d’une façon ou d’une autre),<br />
ou tout simplement pour la période de composition postverdienne.<br />
Ce qui pousse les commentateurs à retirer leur compositeur favori de<br />
cette catégorie quasiment infamante.<br />
• Elle suppose un côté près du réel, avec des effets vocaux<br />
racoleurs pas toujours jugés de bon goût.<br />
• Elle met toute une période dans le même sac, aussi lorsque l’on<br />
veut distinguer un compositeur, on l’en ôte.<br />
• Il est vrai que l’étiquette est parfois attribuée abusivement. Par<br />
exemple pour Ponchielli, qui écrit la Gioconda d’après Hugo dans une<br />
couleur très verdienne.<br />
du coup, la différenciation est un peu épineuse.<br />
Le vérisme peut aussi bien désigner l’ensemble de la période qui succède<br />
à Verdi qu’un mouvement musical précis qui se définit à partir de ses<br />
sujets. Ou, de façon plus retorse, par sa musique.<br />
Si on le prend au sens le plus restreint, on peut y inclure Leoncavallo,<br />
Mascagni, Catalani, éventuellement Giordano.<br />
Ponchielli n’en est pas - et Montemezzi non plus bien évidemment<br />
(il appartient déjà à la période suivante de toute façon). On en retire<br />
généralement Puccini pour le distinguer, comme au-dessus de cette<br />
catégorie un peu honteuse.<br />
En réalité, on trouve du vérisme chez Puccini : il TaBarro, BoHèMe, voire<br />
BuTTerfly en sont. Manon lescauT, bien qu’adaptée du roman du XVIIIe<br />
que l’on sait, en a le ton (une grande attention à la vraisemblance, un<br />
enchaînement vif des scènes, sans grands airs, des foules bigarrées,<br />
un goût pour le misérabilisme). Mais la farce précisément datée mais<br />
intemporelle Gianni Schicchi ou le conte cruel Turandot n’en sont pas.<br />
Venons-en à la question telle qu’elle nous était posée, autour de Tosca.<br />
Tosca, par sa volonté de suivre au plus près une journée historique (beau<br />
comme l’antique), et sous un jour très concret (la torture, la cérémonie<br />
pendant l’interrogatoire, la fausse exécution) a quelque chose de<br />
vériste.<br />
Musicalement, ce style se repère par son goût pour les grandes phrases<br />
larmoyantes, souvent doublées aux cordes. On table sur la séduction<br />
mélodique et le pouvoir lacrymal de la musique.<br />
Les effets vocaux peuvent contenir le cri, du moins ainsi que le veut<br />
la tradition - d’où le reproche qui est fait lorsque ce style contamine<br />
l’esthétique beaucoup plus « classique », altière et épurée de Verdi. Les<br />
orchestres ont entendu Wagner, et il y a quelque chose de straussien<br />
(très simplifié) dans ces grands élans.<br />
Un drame très émotionnel, proche de ce qu’on appellerait un mélodrame,<br />
au sens non musical du terme.<br />
TOSCA Dossier pédagogique / <strong>Angers</strong> <strong>Nantes</strong> <strong>Opéra</strong> 2008/09<br />
A propos
cinéma<br />
livres<br />
disques<br />
TOSCA<br />
DE BENOIT JACQUOT<br />
[Drame]<br />
Film franco-germano-britano-italien en couleur, 2001, tous publics<br />
Lors de la bataille de Marengo, Floria Tosca, la fameuse cantatrice,<br />
amante du peintre Mario Caradossi, noble aux convictions libérales, est<br />
courtisée par le baron Scarpia, ministre de la police pontificale. Ce dernier,<br />
soupçonnant le peintre de donner l’hospitalité à son ami Angelotti,<br />
révolutionnaire évadé du château de Saint-Ange, attise la jalousie de<br />
Tosca à l’égard de la marquise Attavani, dont Caradossi fait le portrait,<br />
espérant qu’elle laissera échapper une parole imprudente.<br />
http://www.allocine.fr<br />
LE BAISER DE TOSCA<br />
DE DANIEL SCHMMID<br />
Réalisation : Daniel Schmid<br />
Titre original : Il Bacio di Tosca<br />
1984 - 87 min - 35 mm - couleur<br />
La “Casa Verdi” de Milan est à la fois le thème et le décor de ce film à<br />
caractère documentaire - une maison de retraite pour artistes, fondée<br />
par Giuseppe Verdi, où vivent environ 65 chanteurs, musiciens et<br />
compositeurs. Leur âge varie entre 80 et 96 ans : des stars des années<br />
30. “Ils vivent tous dans une dimension fictive, ou personne ne sait plus<br />
ce qui est vrai” dit Daniel Schmid, qui a fait de cette “réalité intermédiaire”<br />
un documentaire mélodramatique qui est aussi une parabole.<br />
Musique : Giuseppe Verdi, Giacomo Puccini<br />
Montage : Daniela Roderer / Son : Luc Yersin / Décors : Raul Gimenez<br />
Interprétation : Sara Scuderi, Giovanni Puligheddu, Leonida Bellon, Salvatore Locapo,<br />
Giuseppe Manacchini<br />
PUCCINI<br />
d’André Gauthier<br />
Editeur : Seuil / Publication :18/2/1998<br />
Monographie du célèbre et controversé compositeur de ‘Tosca’ et de ‘La<br />
Bohème’ par un musicologue reconnu de ses pairs et du public.<br />
TURANDOT<br />
GIACOMO PUCCINI,<br />
le livret de l’opéra dans une nouvelle édition.<br />
Collection Livret d’<strong>Opéra</strong>, Actes Sud, novembre 2000.<br />
TOSCA<br />
GIACOMO PUCCINI<br />
DECCA MCPS 414 597 (2 disques) 1986<br />
Tosca, Kiri Te Kanawa / Scarpia, Leo Nucci / Cavaradossi, Giacomo Aragall<br />
/ Sagrestano, Spiro Malas / Angelotti, Malcolm King / Spoletta, Piero de<br />
Palma / Sciarrone, Paul Hudson / Carceriere, Nicholas Folwell / Pastore,<br />
Ivo Martinez<br />
Welsh National Opera Chorus / Children of the Royal Opera, Covent<br />
Garden / ripetitore: John Fisher / National Philharmonie Orchestra /<br />
Georg Solti, dir<br />
MESSA DI GLORIA<br />
GIACOMO PUCCINI<br />
ERATO ECD 88022 1984<br />
José Carreras, ténor / Hermann Prey, Baryton / The Ambrosian singers /<br />
Philharmonia orchestra / Claudio Simone, dir.<br />
ARIAS<br />
GIACOMO PUCCINI<br />
ERATO 1997 0630 17071<br />
Kiri Te Kanawa / Roger Vignoles, piano / Orchestre de l’<strong>Opéra</strong> national de<br />
Lyon / Kent Nagano, dir.<br />
Enregistré à l’<strong>Opéra</strong> national de Lyon les14-22 mai 1996<br />
TOSCA Dossier pédagogique / <strong>Angers</strong> <strong>Nantes</strong> <strong>Opéra</strong> 2008/09<br />
ressources
disques<br />
liens<br />
TURANDOT<br />
GIACOMO PUCCINI<br />
RCA 1987 (2 disques)<br />
<strong>Opéra</strong> en 3 actes sur un livret de Giuseppe Adami et Renato Simoni. Créé le 25 avril 1926 à<br />
la Scala de Milan<br />
Turandot, Birgit Nilson / Liù, Renata Tibaldi / Timur, Giorgio Tozzi / Calaf,<br />
Jussi Bjoerling / Empereur Altoun, Alessio de Paoli / Oing, Mario Sereni /<br />
Pang, Piero de Palma / Pong, Tommaso Frascati / Un mandarin, Leonardo<br />
Monreale / Prince de Perse, Adelio Zagonara / Sernates de Turandot, Nelly<br />
Pücci et Myriam Funari / Choeur et orchestre de l’<strong>Opéra</strong> de Rome / Erich<br />
Leinsdorf dir.<br />
MADAMA BUTTERFLY<br />
GIACOMO PUCCINI<br />
CBS 1978 M2K 31181<br />
Madame Butterfly, Renata Scotto / B. F. Pinkerton, Placido Domingo :<br />
Suzuki, Gillia Knight / Sharples, Ingvar Wixell / Goro, Florindo Andreolli /<br />
Ambrosian Opera Chorus / Philharmonia Orchestra / Lorin Maazel, dir<br />
IL TRITTICO<br />
GIACOMO PUCCINI<br />
CBS, Victor AAD M3K 79312 / MK3 35912<br />
Disque 1 : Il Tabarro<br />
Renata scotto ; Placido Domingo ; Ingvar Wixell; Ambrosian Opera Chorus<br />
; New Philharmonia Orchestra.<br />
Disque 2 ; Suor Angelica<br />
Renata Scotto ; Marilyn Horne ; Lleana Cotrubas ; Ambrosian Opera<br />
Chorus ; Desborough School Choir ; Nex Philharmonia Orchestra<br />
Desque 3 : Gianno Schicchi<br />
Tito Gobbi ; Lleana Cotrubas ; Placido Domingo ; London symphony<br />
Orchestra<br />
Lorin Maazel, dir<br />
Centro Studi Giacomo Puccini (Lucca)<br />
http://www.puccini.it/ en italien et en anglais<br />
La Pleiade<br />
Quelques notes en français reprises d’Alain Fréron,<br />
http://pleiade.free.fr/puccini.htm<br />
Notice biographique<br />
En français<br />
on coupera le son à un horrible fichier MIDI,<br />
http://www.multimania.com/richynet/autres/html/puccini.htm<br />
Sur la Messa di Gloria<br />
En français<br />
http://www.festival-mozart.com/oeuvres/puccini-messegloria.htm<br />
Sur le site Opera Glass<br />
http://rick.stanford.edu/opera/Puccini/main.html<br />
Sur les Classical Music Pages<br />
http://w3.rz-berlin.mpg.de/cmp/puccini.html<br />
Sur le site Naxos<br />
http://www.naxos.com/composerinfo/Giacomo_Puccini/20991.htm<br />
Les pages du Festival Puccini<br />
http://www.puccinifestival.it/<br />
TOSCA Dossier pédagogique / <strong>Angers</strong> <strong>Nantes</strong> <strong>Opéra</strong> 2008/09
Service Action Culturelle - <strong>Angers</strong> <strong>Nantes</strong> <strong>Opéra</strong><br />
Camille Petitet, chargée d’action culutrelle<br />
c.petitet@angers-nantes-opera.com<br />
02 41 36 76 54<br />
TOSCA Dossier pédagogique / <strong>Angers</strong> <strong>Nantes</strong> <strong>Opéra</strong> 2008/09