Magazine 2022 du Capitalisme Responsable
Le 27 janvier 2022, l’Institut du Capitalisme Responsable (ICR) célèbre ses cinq ans. A cette occasion, l’ICR publie une nouvelle édition du Magazine du Capitalisme Responsable. Plus de 50 dirigeantes et dirigeants d’entreprises, politiques, universitaires, étudiants, ONG, et experts se projettent et imaginent le capitalisme qui vient : création et partage de la valeur, intégration des parties prenantes, raison d’être et engagements ESG pour installer l’extra-financier au cœur de la stratégie, mixité, diversité, investissement responsable, démocratie actionnariale et inclusion pour une plus grande égalité des chances…
Le 27 janvier 2022, l’Institut du Capitalisme Responsable (ICR) célèbre ses cinq ans. A cette occasion, l’ICR publie une nouvelle édition du Magazine du Capitalisme Responsable. Plus de 50 dirigeantes et dirigeants d’entreprises, politiques, universitaires, étudiants, ONG, et experts se projettent et imaginent le capitalisme qui vient : création et partage de la valeur, intégration des parties prenantes, raison d’être et engagements ESG pour installer l’extra-financier au cœur de la stratégie, mixité, diversité, investissement responsable, démocratie actionnariale et inclusion pour une plus grande égalité des chances…
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Quel est le juste
niveau de profit ?
Le nouveau capitalisme devra répondre.
Aujourd’hui, devant les nouvelles formes de
rareté et d’abondance que nous avons à gérer
collectivement (rareté de ressources naturelles,
rareté de prospérités communes, surabondance
de capitaux financiers), avec la taille et l’influence
grandissante des entreprises multinationales
dont certaines égalent voire dépassent certains
pays, compte tenu de la fulgurance de la nouvelle
économie digitale qui transforme l’équation de la
création de la valeur, de nouvelles lois du profit
doivent être écrites pour que la création cesse de
soupirer et que l’humanité invente les chemins qui
mènent vers une prospérité mutuelle.
Dans cette même veine, le prix Nobel de la paix
Muhammad Yunus écrivait «un dollar de charité
n’a qu’une seule vie, un dollar de business en a
plusieurs». Le temps où il suffisait à une entre-
Le nouvel horizon de l’économie n’est plus la
prise, pour être responsable, de maximiser son
20 maximisation du profit pour les actionnaires
20
(comme l’avait conçu Milton Friedman, fondateur
de l’École de Chicago, dans les années 1970)
mais la gestion de ces nouvelles formes de rareté
et la prise en compte de la responsabilité
nouvelle des entreprises, des investisseurs et des
gouvernements, qui devront administrer cette
nouvelle donne.
La création de valeur atteint une nouvelle frontière
: les externalités 1 d'hier (que ces dirigeants
ont contribué à créer) constituent le risque d'aujourd'hui
et les pertes (ou les profits) de demain.
Les stratégies que les entreprises, les investisseurs
et les gouvernements mettront en place
aujourd’hui pour répondre à ces enjeux déterminera
la création de valeur de demain et donc la
pérennité de leurs entreprises. Ce n'est plus une
question secondaire.
Ecoutons le prix Nobel d'économie Joseph Stiglitz :
"Comme ceux qui préfèrent tout faire pour perdre
du poids plutôt que de manger moins, notre élite
économique pense pouvoir sauver le monde au
travers de projets aux noms créatifs tels que
« social impact investing », « sustainable capitalism
», « philanthro-capitalism » , cette élite est
prête à financer un nombre infini de ces initiatives
plutôt que de remettre fondamentalement en
question les règles du jeu - ou même de modifier
son propre comportement afin de réduire les
effets néfastes des règles existantes, qui sont
inefficaces et injustes."
La RSE touche à sa fin
profit d’une part et de financer des programmes
caritatifs par le biais de fondations d’autre part
est révolu car insuffisamment efficace pour
régler les problèmes évoqués ci-dessus. De
même, le temps de la RSE 2 touche également
à sa fin - c’est-à-dire l'idée selon laquelle il serait
possible de conserver un modèle économique
fondé sur la maximisation du profit en l’associant
à quelques programmes périphériques ciblés
(bons pour l’environnement et la société mais à
petite échelle) et dont la finalité est plus la gestion
du risque et de la réputation que l’impact sociétal
à grande échelle. Ce modèle est non seulement
inefficace (comme le précédent) mais comporte,
et c’est plus grave, le risque de saper la crédibilité
des entreprises engagées à adopter un modèle
économique responsable. Il peut aussi ouvrir
la voie à une forme de « pyramide de Ponzi » 3
du développement durable dans laquelle les entreprises
qui prennent des engagements publics
ambitieux sont tentées de dissimuler leur incapacité
à les tenir derrière la prise de nouveaux
engagements publics encore plus ambitieux. Et
ainsi de suite.
1 Par externalités, nous entendons tous les impacts positifs et négatifs que les entreprises créent / ont créés dans la société et l'environnement.
2
La Responsabilité Sociale des Entreprises
3
Une Pyramide de Ponzi est un montage financier frauduleux qui consiste à rémunérer les investissements des clients essentiellement par les
fonds procurés par les nouveaux entrants. Si l'escroquerie n'est pas découverte, elle apparaît au grand jour au moment où elle s'écroule, c'est-àdire
quand les sommes procurées par les nouveaux entrants ne suffisent plus à couvrir les rémunérations des clients