24.02.2022 Views

Magazine 2022 du Capitalisme Responsable

Le 27 janvier 2022, l’Institut du Capitalisme Responsable (ICR) célèbre ses cinq ans. A cette occasion, l’ICR publie une nouvelle édition du Magazine du Capitalisme Responsable. Plus de 50 dirigeantes et dirigeants d’entreprises, politiques, universitaires, étudiants, ONG, et experts se projettent et imaginent le capitalisme qui vient : création et partage de la valeur, intégration des parties prenantes, raison d’être et engagements ESG pour installer l’extra-financier au cœur de la stratégie, mixité, diversité, investissement responsable, démocratie actionnariale et inclusion pour une plus grande égalité des chances…

Le 27 janvier 2022, l’Institut du Capitalisme Responsable (ICR) célèbre ses cinq ans. A cette occasion, l’ICR publie une nouvelle édition du Magazine du Capitalisme Responsable. Plus de 50 dirigeantes et dirigeants d’entreprises, politiques, universitaires, étudiants, ONG, et experts se projettent et imaginent le capitalisme qui vient : création et partage de la valeur, intégration des parties prenantes, raison d’être et engagements ESG pour installer l’extra-financier au cœur de la stratégie, mixité, diversité, investissement responsable, démocratie actionnariale et inclusion pour une plus grande égalité des chances…

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

Quel est le juste

niveau de profit ?

Le nouveau capitalisme devra répondre.

Aujourd’hui, devant les nouvelles formes de

rareté et d’abondance que nous avons à gérer

collectivement (rareté de ressources naturelles,

rareté de prospérités communes, surabondance

de capitaux financiers), avec la taille et l’influence

grandissante des entreprises multinationales

dont certaines égalent voire dépassent certains

pays, compte tenu de la fulgurance de la nouvelle

économie digitale qui transforme l’équation de la

création de la valeur, de nouvelles lois du profit

doivent être écrites pour que la création cesse de

soupirer et que l’humanité invente les chemins qui

mènent vers une prospérité mutuelle.

Dans cette même veine, le prix Nobel de la paix

Muhammad Yunus écrivait «un dollar de charité

n’a qu’une seule vie, un dollar de business en a

plusieurs». Le temps où il suffisait à une entre-

Le nouvel horizon de l’économie n’est plus la

prise, pour être responsable, de maximiser son

20 maximisation du profit pour les actionnaires

20

(comme l’avait conçu Milton Friedman, fondateur

de l’École de Chicago, dans les années 1970)

mais la gestion de ces nouvelles formes de rareté

et la prise en compte de la responsabilité

nouvelle des entreprises, des investisseurs et des

gouvernements, qui devront administrer cette

nouvelle donne.

La création de valeur atteint une nouvelle frontière

: les externalités 1 d'hier (que ces dirigeants

ont contribué à créer) constituent le risque d'aujourd'hui

et les pertes (ou les profits) de demain.

Les stratégies que les entreprises, les investisseurs

et les gouvernements mettront en place

aujourd’hui pour répondre à ces enjeux déterminera

la création de valeur de demain et donc la

pérennité de leurs entreprises. Ce n'est plus une

question secondaire.

Ecoutons le prix Nobel d'économie Joseph Stiglitz :

"Comme ceux qui préfèrent tout faire pour perdre

du poids plutôt que de manger moins, notre élite

économique pense pouvoir sauver le monde au

travers de projets aux noms créatifs tels que

« social impact investing », « sustainable capitalism

», « philanthro-capitalism » , cette élite est

prête à financer un nombre infini de ces initiatives

plutôt que de remettre fondamentalement en

question les règles du jeu - ou même de modifier

son propre comportement afin de réduire les

effets néfastes des règles existantes, qui sont

inefficaces et injustes."

La RSE touche à sa fin

profit d’une part et de financer des programmes

caritatifs par le biais de fondations d’autre part

est révolu car insuffisamment efficace pour

régler les problèmes évoqués ci-dessus. De

même, le temps de la RSE 2 touche également

à sa fin - c’est-à-dire l'idée selon laquelle il serait

possible de conserver un modèle économique

fondé sur la maximisation du profit en l’associant

à quelques programmes périphériques ciblés

(bons pour l’environnement et la société mais à

petite échelle) et dont la finalité est plus la gestion

du risque et de la réputation que l’impact sociétal

à grande échelle. Ce modèle est non seulement

inefficace (comme le précédent) mais comporte,

et c’est plus grave, le risque de saper la crédibilité

des entreprises engagées à adopter un modèle

économique responsable. Il peut aussi ouvrir

la voie à une forme de « pyramide de Ponzi » 3

du développement durable dans laquelle les entreprises

qui prennent des engagements publics

ambitieux sont tentées de dissimuler leur incapacité

à les tenir derrière la prise de nouveaux

engagements publics encore plus ambitieux. Et

ainsi de suite.

1 Par externalités, nous entendons tous les impacts positifs et négatifs que les entreprises créent / ont créés dans la société et l'environnement.

2

La Responsabilité Sociale des Entreprises

3

Une Pyramide de Ponzi est un montage financier frauduleux qui consiste à rémunérer les investissements des clients essentiellement par les

fonds procurés par les nouveaux entrants. Si l'escroquerie n'est pas découverte, elle apparaît au grand jour au moment où elle s'écroule, c'est-àdire

quand les sommes procurées par les nouveaux entrants ne suffisent plus à couvrir les rémunérations des clients

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!