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Magazine 2022 du Capitalisme Responsable

Le 27 janvier 2022, l’Institut du Capitalisme Responsable (ICR) célèbre ses cinq ans. A cette occasion, l’ICR publie une nouvelle édition du Magazine du Capitalisme Responsable. Plus de 50 dirigeantes et dirigeants d’entreprises, politiques, universitaires, étudiants, ONG, et experts se projettent et imaginent le capitalisme qui vient : création et partage de la valeur, intégration des parties prenantes, raison d’être et engagements ESG pour installer l’extra-financier au cœur de la stratégie, mixité, diversité, investissement responsable, démocratie actionnariale et inclusion pour une plus grande égalité des chances…

Le 27 janvier 2022, l’Institut du Capitalisme Responsable (ICR) célèbre ses cinq ans. A cette occasion, l’ICR publie une nouvelle édition du Magazine du Capitalisme Responsable. Plus de 50 dirigeantes et dirigeants d’entreprises, politiques, universitaires, étudiants, ONG, et experts se projettent et imaginent le capitalisme qui vient : création et partage de la valeur, intégration des parties prenantes, raison d’être et engagements ESG pour installer l’extra-financier au cœur de la stratégie, mixité, diversité, investissement responsable, démocratie actionnariale et inclusion pour une plus grande égalité des chances…

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Méfions-nous des utopies,

donnons du sens

« Deux dangers menacent le monde : le premier c’est le désordre et le

deuxième c’est l’ordre » disait Paul Valéry. On sait que, dans une société

chaotique on donne le pouvoir à un processus de socialisation archaïque : la

loi du plus fort. On sait que dans une société désespérée on donne le pouvoir

à un vendeur d’espoir, un gourou qui nous escroque. Nous avons donc besoin

d’un ordre économique, culturel et même spirituel sacré ou laïque. Une société

ne peut pas se passer d’une tête capitale qui ordonne le corps social.

Cette nécessité a organisé, au XIXe siècle, en Europe, un

capitalisme irresponsable où les mineurs de fond travaillaient

quinze heures par jour avant de mourir de silicose

à 50 ans. Encore aujourd’hui, sur d’autres continents, des

enfants sans famille et sans école travaillent dix à douze

heures par jour.

Aujourd’hui, on envisage plutôt de coordonner le capital

et le corps social. Quand un employé se sent responsable

dans son entreprise, il s’y investit et améliore son efficacité

pour le bonheur de tous. Quand il donne sens à son travail, en place quand

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il modifie la manière dont il ressent ses efforts. « Ça vaut

la peine » dit-il.

Le virage vers un capitalisme responsable se mettait déjà

en place quand le virus a frappé. Le choc économique et psychologique a

mis en lumière la nécessité de mettre en place des facteurs de protection

avant un trauma : estime de soi et aisance dans les relations professionnelles

qui aident à mieux affronter l’impact. Quand il faudra se remettre à

vivre, les deux mots clés de la résilience seront le soutien et le sens donné à

l’épreuve. L’évolution reprendra, mais elle aura nécessité des changements

qui passionnent certains et angoissent d’autres.

En Europe, on ne fabrique plus du social avec sa force physique et sa violence,

qui n’ont plus de valeur adaptative. C’est notre art de la relation qui

fait fonctionner le groupe et c’est l’école qui la hiérarchise. Mais le virus a

désorganisé l’université et les écoles professionnelles assouplissent l’ordre

des entreprises.

Est-ce une nouvelle société qui se met en place ? Méfions-nous des utopies,

qui sont souvent criminelles en voulant imposer leur ordre et espérons que

l’évolution récente sera efficace et passionnante.

Le virage vers

un capitalisme

responsable

se mettait déjà

le virus a frappé.

Boris Cyrulnik

Neuropsychiatre et expert de la résilience

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