You also want an ePaper? Increase the reach of your titles
YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.
RENCONTRE<br />
ANGÈLE<br />
JOURNAL<br />
INTIME<br />
Sa liste de concerts donne le vertige.<br />
Coup d’envoi en avril et conclusion<br />
en apothéose avec quatre dates à<br />
Forest National en décembre. Angèle<br />
marque un retour triomphal avec<br />
un second album d’où émergent<br />
ses doutes et ses angoisses face à<br />
un statut vertigineux. Elle apparaît<br />
pourtant plus affirmée que jamais.<br />
Par Gilda Benjamin<br />
En quatre ans, la jeune artiste belge aura connu un<br />
succès soudain et colossal, un premier album 'Brol' porté par<br />
toute une génération, une tournée de folie, un confinement<br />
propice au questionnement, un documentaire-vérité sur Netflix,<br />
un adoubement par la Maison Chanel et un second album<br />
'Nonante-cinq' qui, comme son titre l’indique, référence à sa<br />
date de naissance, révèle qu’à 26 ans, Angèle est bien décidée<br />
à mener sa barque comme elle l’entend. Elle aime Bruxelles<br />
mais il n’y a pas que Bruxelles qui l’aime.<br />
<strong>Paris</strong> <strong>Match</strong>. Vous semblez être dans un mouvement perpétuel. Vous<br />
arrive-t-il de connaître des moments de non-création ?<br />
Angèle. Je pense être quelqu’un d’assez hyperactif, j’ai besoin<br />
d’être tout le temps occupée. Si le confinement m’a permis de<br />
me recentrer sur d’autres priorités, j’ai hâte de remonter sur<br />
scène. Je comprends que je peux donner l’impression de ne<br />
jamais m’arrêter mais je suis jeune et en bonne santé, autant<br />
vivre mon rêve à fond. Je ne dis pas que c’est facile mais le<br />
résultat est tellement génial qu’il mérite bien quelques sacrifices.<br />
J’ai toujours fait de la musique, elle fait partie de mon<br />
univers depuis l’enfance puisque mon papa est Marka. Et avec<br />
une maman (Laurence Bibot) comédienne, j’ai beaucoup vu<br />
mes parents créer et se pro<strong>du</strong>ire sur scène. Mais il n’y a pas que<br />
ça. Enfant, je dessinais énormément, je cousais. Cette créativité<br />
est en moi et, au fil des années, j’ai compris qu’elle ne se limitait<br />
pas à la musique qui pourtant me vient comme le simple<br />
fait de respirer, j’en écoute tout le temps, en réfléchissant, en<br />
mangeant, en cuisinant, en rangeant…. Et toute créativité qui<br />
se greffe autour me permet de jouer sur tous les fronts.<br />
Dans le titre « Libre » vous évoquez vote souci de « rester debout ».<br />
Encore heureux, vous n’avez que 26 ans !<br />
L’album aurait pu s’appeler 'Libre' car la liberté a été ma quête<br />
prioritaire ces dernières années et une valeur essentielle dans<br />
ma vie. Rien que par rapport au métier, j’ai décidé d’emblée<br />
d’être libre avec une idée très précise des concessions à ne pas<br />
faire, des contrats à ne pas signer. Je voulais créer mon label, ma<br />
boîte d’édition. Mais la liberté entraîne aussi des contraintes, il<br />
faut travailler, d’autant plus avec une petite équipe. J’ai grandi<br />
en comprenant l’importance d’ajuster les choses, de trouver<br />
l’équilibre. Personne, je crois, ne peut s’estimer libre à <strong>10</strong>0%.<br />
Mais il faut s’en rapprocher le plus possible, que ce soit dans<br />
notre vie professionnelle, amoureuse, amicale. Surtout ne pas<br />
se laisser enfermer.<br />
Comment, vu votre notoriété, se protéger et donner à la fois ? Le<br />
documentaire sur Netflix n’a-t-il pas représenté une mise en danger ?<br />
Cela reste un éternel questionnement. 'Brol' a été un ouragan<br />
dans ma vie, positif et négatif, mais la tournée était ma zone<br />
de confort, me permettant de m’exprimer comme je le désirais,<br />
avec tous les soirs un public qui me donnait énormément<br />
d’amour. Un amour que je leur rendais à travers ma musique. Le<br />
lancement de ce second album, avec une tournée ne débutant<br />
qu’en avril, m’a permis de me poser davantage. On apprend de<br />
ses erreurs et je ne veux pas revivre ce rythme effréné de mes<br />
débuts, à tout vivre en même temps. Mais il faut pouvoir aussi<br />
gérer ce manque de public, en ne pouvant me référer qu’aux<br />
réseaux sociaux et à la presse. Je dois donc faire gaffe et ne pas<br />
me sentir affectée par certaines réactions car le public n’est pas<br />
encore face à moi pour me porter.<br />
Comment arrivez-vous à garder votre capacité d’émerveillement ?<br />
Je suis quelqu’un de plutôt joyeux, à voir le verre à moitié<br />
plein plutôt que vide. J’aime m’entourer de gens solaires. Ma<br />
manageuse Sylvie, que je connais depuis que je suis enfant, est<br />
une femme tellement joviale et enthousiaste, à toujours déceler<br />
le meilleur dans chaque situation. Or, je fais un métier intense<br />
et exigeant, qui accentue facilement ma propension au doute<br />
PARIS MATCH DU <strong>10</strong> AU 16 MARS 20<strong>22</strong><br />
4