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DH/Les Sports+ - ExtraSpoort - Ed. 27 novembre 2023

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Man City – Liverpool & Everton – Man United<br />

Tempête<br />

sur le North<br />

West England<br />

N°39<br />

magazine gratuit<br />

Novembre <strong>2023</strong>


VOUS CONNECTER<br />

À VOS PASSIONS<br />

Profitez en exclusivité de la Premier League mais aussi de la<br />

Ligue 1, Bundesliga, Liga et Serie A. La compétition s’annonce<br />

enflammée aux sommets du football européen.


Édito<br />

Laurent Denuit<br />

Everton, premier<br />

monument en péril<br />

Pendant la trêve internationale, l’Angleterre a été secouée. Après une enquête longue de huit mois,<br />

Everton a été pénalisé de dix points pour avoir enfreint les règles financières de la Premier League,<br />

puni pour ses dépenses jugées excessives. Le club liverpuldien a perdu 124,5 millions £ (142 millions €)<br />

sur les trois dernières années, la limite étant fixée à 105 millions £ (120 millions €). <strong>Les</strong> dirigeants<br />

des Toffees, rachetés par le fonds d’investissement américain 777 Partners, également propriétaire du<br />

Standard (la Premier League doit encore donner son feu vert), arguent du paiement des intérêts<br />

pour la construction de leur nouveau stade, à Bramley-Moore Dock (qui va coûter 867 millions € !),<br />

dans le quartier de Vauxhall, pour expliquer leur catastrophique bilan financier. Et ils jugent la “sanction<br />

sportive injuste et disproportionnée”. Ils ont donc fait appel. Mais les équipes reléguées au cours<br />

des saisons pour lesquelles Everton a été reconnu coupable (Burnley, Leeds et Leicester) pourraient<br />

aussi poursuivre le club et alourdir encore la sanction !<br />

Conjuguée à leur mauvais début de saison, cette sanction a propulsé les élèves de Sean Dyche de la 14 e<br />

place à l’avant-dernière, avec quatre petits points, comme la lanterne rouge qu’ils laissent à Burnley<br />

grâce à une meilleure différence de buts (-3 pour -21 aux joueurs de Kompany).<br />

Après deux saisons à lutter contre la descente en Championship, les fans de Goodison Park vont à<br />

nouveau vivre une saison stressante. Frank Lampard avait sauvé le club de la relégation en 2021-22<br />

avec 39 points (16 e ). Et Sean Dyche lui avait permis d’échapper au purgatoire grâce à une courte<br />

victoire (1-0) sur Bournemouth lors du dernier match, la saison dernière, avec seulement 36 unités<br />

(17 e ). <strong>Les</strong> supporters devront à nouveau faire bloc pour pousser leurs Toffees vers l’exploit. Car, dans<br />

l’histoire de la PL, seuls deux autres clubs ont été punis d’une déduction de points – Middlesbrough (3)<br />

et Portsmouth (9) – et aucun n’a pu éviter la relégation ensuite.<br />

Une seule équipe depuis la création de la Premier League (1992) a échappé à la descente alors qu’elle<br />

avait quatre points après douze matchs. C’était… Everton, en 1994-95. Un exploit, d’autant qu’à<br />

l’époque il y avait quatre descendants dans une PL pour la dernière fois à 22. <strong>Les</strong> Toffees avaient<br />

finalement terminé la saison avec 50 unités (en 42 matchs), à la 15 e place. À la baguette, Joe Royle,<br />

qui avait succédé à Mike Walker avant un derby du Merseyside face aux Reds. À la percussion,<br />

un trio d’attaquants redoutables : Paul Rideout (14 buts), Duncan Ferguson (7) et Daniel Amokachi<br />

(4), arrivé du Club Bruges l’été précédent.<br />

Ne pas croire à la remontada serait donc une faute professionnelle. Car l’actuelle première équipe non<br />

relégable, Luton (17 e ), n’est qu’à deux petits points (6). Car c’était la première fois en PL qu’au soir<br />

de la 12 e journée, trois clubs n’avaient pas pris au moins sept points. Car les trois équipes installées<br />

sur les trois sièges éjectables étaient les trois promus (Luton, 6 points ; Sheffield United, 5 ; Burnley, 4).<br />

Et car après un 0 sur 9 d’entrée, les Toffees avaient bien redressé la barre, et restaient sur un sept sur<br />

neuf encourageant (victoires sur Palace et West Ham, partage contre Brighton).<br />

Everton est un monument : le club fut l’un des membres fondateurs du championnat anglais en 1888 ;<br />

il n’a passé que quatre saisons en dehors de la D1; il dispute sa 70 e campagne consécutive parmi l’élite ;<br />

il a été champion neuf fois, ce qui le place au quatrième rang de l’histoire (derrière Manchester United,<br />

Liverpool et Arsenal) ; il fait partie des six clubs qui n’ont jamais connu la relégation depuis la création<br />

de la Premier League (1992), avec ManU, Arsenal, Tottenham, Liverpool et Chelsea ; et il a gagné une<br />

Coupe d’Europe (la Coupe des Coupes 1985). Un monument en péril, cela émeut. Et quand on ose y<br />

toucher si brutalement, ça fait trembler tout l’establishment. Car le “Times” a rappelé que cette sanction<br />

pourrait faire tache d’huile parmi les gros moteurs de Premier League, consommateurs invétérés<br />

de livres sterling. Ce genre de punition pourrait prochainement s’appliquer à Manchester City, déjà dans<br />

le viseur de l’UEFA pour violation du fair-play financier, ou à Chelsea. Selon le très sérieux quotidien<br />

anglais, les deux clubs risqueraient, à moyen terme, un retrait de points ou pire, une relégation.<br />

Voire la perte de titres passés…<br />

En osant fragiliser l’un de ses monuments, la Premier League, si généreuse dans ses dotations,<br />

désire montrer qu’on ne peut pas dilapider sa richesse sans risquer l’infortune…<br />

04<br />

Kompany va-t-il réussir à sauver Burnley ? AFP<br />

04 PREMIER LEAGUE<br />

04 Man City – Liverpool Nouveau duel<br />

au sommet entre Pep Guardiola et Jürgen Klopp,<br />

les deux plus anciens coachs de PL. Loin encore<br />

du record actuel de l’Allemand Frank Schmidt.<br />

10 North West side story Double affrontement<br />

régional entre Manchester et Liverpool<br />

ce week-end. Le North West England va vibrer.<br />

12 Everton – Man Utd Mais où est donc passé<br />

Dele Alli ? Le médian offensif d’Everton<br />

n’a plus joué depuis février <strong>2023</strong>…<br />

14 Burnley – West Ham<br />

Vincent Kompany a une mission :<br />

sauver Burnley sans renier ses principes de jeu.<br />

16 Newcastle – Chelsea<br />

Moisés Caicedo, le médian de Chelsea,<br />

a passé quatre mois en Belgique, au Beerschot.<br />

Seba Rodriguez, son confident, se souvient.<br />

18 Brentford – Arsenal Takehiro Tomiyasu<br />

est mis à toutes les sauces chez les Gunners.<br />

Mais faut pas se faire de “sushi” pour lui…<br />

20 Tottenham – Aston Villa Son sourire fait<br />

mouche aussi souvent que Son fait mouche…<br />

22 Fulham – Wolves Willian,<br />

le plus Anglais des Brésiliens de Premier League.<br />

• Man City – Liverpool, ce samedi 13 h 30,<br />

direct VOOsport World 1 et Divertissez-VOO<br />

• Everton – Man Utd, ce dimanche 17 h 30,<br />

direct VOOsport World 1<br />

• Goals of the day, ce samedi 16 h, avec Newcastle –<br />

Chelsea ; Burnley – West Ham ; Luton – Crystal Palace,<br />

Nottigham Forest – Brighton ; Sheffield Utd – Bournemouth,<br />

direct VOOsport World 1<br />

• Brentford – Arsenal, ce samedi 18 h 30,<br />

direct VOOsport World 1<br />

• Tottenham – Aston Villa, ce dimanche 15 h,<br />

direct VOOsport World 1<br />

• Fulham – Wolverhampton, ce lundi 21 h,<br />

direct VOOsport World 1<br />

02/744.44.55 – CONTACT@IPMGROUP.BE<br />

Everton s’est vu retirer 10 points au classement de Premier League pour infractions aux règles financières. AP<br />

Vice-Président du conseil d’administration Patrice le Hodey<br />

Administrateur délégué et éditeur responsable François le Hodey<br />

Directeur général Sébastien Desclée Rédacteur en chef Alexis Carantonis<br />

Chef des sports Jonathan Lange Responsable du magazine Laurent Denuit<br />

Impression IPM Press Print – boulevard Industriel, 18 – 1070 Bruxelles.<br />

+32/476.49.49.59 Direction, administration, rédaction<br />

rue des Francs, 79, 1040 Bruxelles E-Mail dh.sports@dh.be<br />

Publicité IPM Advertising (02) 211.29.59 Crédits Une Belga/Shutterstock<br />

Novembre <strong>2023</strong> La Dernière Heure-<strong>Les</strong> Sports ; 3


quand l’enjeu tue<br />

rarement le jeu<br />

Un affrontement entre le Man City<br />

de Guardiola et le Liverpool de Klopp,<br />

c’est (presque) toujours l’assurance d’un<br />

festival de buts. <strong>Les</strong> deux entraîneurs<br />

savent exhiber leur richesse offensive.<br />

8Par Laurent Denuit7<br />

Sera-ce, déjà, un tournant ? Ce<br />

samedi, en ouverture de la 13e<br />

journée de Premier League, le Manchester<br />

City de Pep Guardiola reçoit<br />

le Liverpool de Jürgen Klopp. Leaders<br />

avec un petit point d’avance sur<br />

les Reds, les Citizens pourraient<br />

frapper fort s’ils venaient à battre<br />

les Reds. Et prendre ainsi l’ascendant<br />

moral sur leur rival, eux qui ambitionnent<br />

un quatre à la suite jamais<br />

réalisé dans le championnat d’Angleterre.<br />

Pour Liverpool, seul club à<br />

avoir privé City de titre depuis 2018<br />

(c’était en 2020), ce premier duel de<br />

la saison jaugera la capacité des<br />

Reds à redevenir le principal poil à<br />

gratter des Skyblues, eux qui n’ont<br />

fini que 5es la saison dernière. Afin<br />

que l’épicentre de la Premier League<br />

reste localisé dans la région du<br />

North West England, sans ouvrir une<br />

nouvelle faille vers Londres, de<br />

laquelle veulent jaillir les Gunners<br />

d’Arsenal, qui font désormais trembler<br />

les voisins du Nord.<br />

Ce choc automnal pourrait donc<br />

préjuger du verdict printanier, même<br />

si dans le jardin anglais, il faut se<br />

méfier des prévisions hâtives. Seule<br />

la promesse d’un beau bouquet de<br />

roses semble inéluctable, tant les<br />

paysagistes des deux clubs aiment<br />

une approche luxuriante, sans pour<br />

autant partir la fleur au fusil.<br />

Un seul 0-0<br />

entre Guardiola et Klopp<br />

Lors des vingt-huit précédents<br />

affrontements entre Pep Guardiola et<br />

Jürgen Klopp (lors des Bayern –<br />

Dortmund, puis lors des City –<br />

Liverpool), un seul 0-0 recensé : le<br />

7 octobre 2018, à Anfield (8e journée<br />

de Premier League). C’est clair :<br />

on s’amuse presque toujours quand<br />

les deux techniciens s’affrontent. La<br />

saison dernière, leurs quatre duels<br />

(deux en championnat, un en EFL<br />

Cup et un en Community Shield)<br />

nous ont offert 15 buts. Avec un feu<br />

d’artifice mancunien lors du dernier<br />

choc en PL à l’Etihad Stadium,<br />

quand, le 1er avril, le poison skyblue<br />

avait coulé quatre fois les Reds, des<br />

buts signés Álvarez, De Bruyne,<br />

Gündogan et Grealish en l’absence<br />

d’Haaland, après que Salah avait<br />

ouvert le score (4-1).<br />

Guardiola en Premier League, c’est<br />

691 buts marqués en <strong>27</strong>8 matchs,<br />

soit une moyenne de près de 2,5<br />

goals par rencontre.<br />

Klopp en D1 anglaise, c’est 655 buts<br />

marqués en 308 matchs, soit une<br />

moyenne de 2,13 goals par rencontre.<br />

Leurs quatorze affrontements en PL,<br />

c’est 47 buts inscrits, soit une<br />

moyenne de 3,4 goals par rencontre.<br />

Des matchs rarement fermés, où<br />

l’enjeu ne tue donc pas le jeu.<br />

”Le public vient chercher des sensations<br />

fortes et si le coach propose<br />

une partie d’échecs sur gazon, il y en<br />

a un des deux qui doit changer de<br />

stade…” avait sorti Klopp à sa<br />

grande époque de Dortmund, quand<br />

il enflammait le public passionné du<br />

Westfalenstadion, comme il charme<br />

désormais celui d’Anfield. L’Allemand<br />

n’a pas changé de philosophie.<br />

Mais sur les 47 buts recensés lors de<br />

leurs duels en Premier League, 29<br />

l’ont été par le City de Guardiola.<br />

Avantage Pep<br />

Léger avantage donc au Catalan (qui<br />

n’a jamais perdu à domicile face aux<br />

Reds). Si l’on excepte la première<br />

saison de Guardiola sur le banc, avec<br />

une 3 e place derrière le duo Chelsea<br />

(champion)-Tottenham (2 e ) en 2017,<br />

le City de Pep a d’ailleurs toujours<br />

été l’équipe qui a marqué le plus de<br />

buts en PL. Avec un record dès<br />

2018, 106 goals, puis des flirts<br />

assidus, et appuyés, avec la centaine<br />

: 95 en 2019, 102 en 2020,<br />

83 en 2021, 99 en 2022, et 94 en<br />

<strong>2023</strong>. Et si les Skyblues gardent le<br />

rythme de leurs douze premiers<br />

matchs <strong>2023</strong>-2024 (32 buts marqués,<br />

soit une moyenne 2,66 par<br />

rencontre), ils collectionneront 101<br />

roses dans leur panier en fin de<br />

championnat.<br />

Malgré la richesse offensive obtenue<br />

depuis son arrivée à Anfield (le<br />

diamant éternel Salah ; les anciens<br />

trésors Coutinho, Firmino, Sadio<br />

Mané, Origi… ; les joyaux actuels<br />

Diogo Jota, Darwin Núñez, Luis Díaz,<br />

Cody Gakpo…), Jürgen Klopp n’a<br />

jamais placé son artillerie en première<br />

ligne, perdant son perpétuel<br />

combat contre Guardiola. Même lors<br />

de la saison du titre : son dauphin<br />

avait dégainé dix-sept fois de plus<br />

que lui (102 buts contre 85 pour les<br />

Reds) !<br />

Mo Salah fond<br />

sur Michael Owen<br />

Avec Mo Salah, Klopp a pourtant un<br />

“Râ” des surfaces. L’attaquant de<br />

Liverpool, meilleur buteur des Reds<br />

chaque saison depuis 2018, n’est<br />

plus qu’à un but d’intégrer le top 10<br />

des meilleurs buteurs de l’histoire de<br />

la Premier League (depuis sa création,<br />

en 1992). L’Égyptien a déjà<br />

inscrit 149 goals (comme <strong>Les</strong> Ferdinand),<br />

tous pour les Reds. Le triple<br />

meilleur buteur du championnat<br />

anglais (2018, 2019 et 2022) a en<br />

ligne de mire Michael Owen, l’ancien<br />

Ballon d’or 2001 d’Anfield, 150 buts<br />

en PL, dont 118 sous le maillot<br />

liverpudien. Ensuite, Salah se fixera<br />

un nouveau palier : devenir le<br />

meilleur marqueur étranger de PL, en<br />

délogeant Sergio Agüero du top 5.<br />

Le buteur argentin a enfilé 184<br />

perles en PL avec Manchester City,<br />

dont 82 sous Guardiola. Permettant<br />

au coach catalan de collectionner<br />

les prix de meilleure attaque de la<br />

saison, comme Erling Haaland<br />

(49 buts en 47 matchs de Premier<br />

League !) aujourd’hui…;<br />

“Le public<br />

vient chercher<br />

des sensations fortes<br />

et si le coach<br />

propose une partie<br />

d’échecs sur gazon,<br />

il y en a un des deux<br />

qui doit changer<br />

de stade…”<br />

Jürgen Klopp<br />

Coach de Liverpool<br />

149<br />

Avec 149 buts déjà inscrits,<br />

Mo Salah va bientôt intégrer<br />

le top 10 des meilleurs buteurs<br />

de la Premier League.<br />

1. Alan Shearer (Ang) 260 buts<br />

2. Harry Kane (Ang) 213 buts<br />

3. Wayne Rooney (Ang) 208 buts<br />

4. Andrew Cole (Ang) 187 buts<br />

5. Sergio Agüero (Arg) 184 buts<br />

6. Frank Lampard (Ang) 177 buts<br />

7. Thierry Henry (Fra) 175 buts<br />

8. Robbie Fowler (Ang) 163 buts<br />

9. Jermain Defoe (Ang) 162 buts<br />

10. Michael Owen (Ang) 150 buts<br />

11. <strong>Les</strong> Ferdinand (Ang) 149 buts<br />

. Mo Salah (Égy) 149 buts<br />

AFP<br />

4 ; La Dernière Heure-<strong>Les</strong> Sports Novembre <strong>2023</strong>


Manchester City – Liverpool, un choc qui tient souvent ses promesses… Photo News<br />

Novembre <strong>2023</strong> La Dernière Heure-<strong>Les</strong> Sports ; 5


La fidélité prime pour<br />

réussir en premier League<br />

Plus de huit ans que Klopp dirige Liverpool.<br />

Plus de sept que Guardiola entraîne Man City.<br />

Leur longévité sur le banc de leur club<br />

est une référence dans un monde du foot…<br />

8Par Laurent Denuit7<br />

Dans quelques jours, juste avant le passage de<br />

saint Nicolas, Hein Vanhaezebrouck va fêter ses<br />

trois ans sur le banc de La Gantoise. C’est le plus<br />

ancien coach en poste dans un club de notre<br />

première division. Un<br />

éléphant dans un<br />

cimetière : cette saison,<br />

quatre clubs (RWDM,<br />

Courtrai, OHL et Malines)<br />

ont déjà changé<br />

d’entraîneur en JPL,<br />

soit 25 % de renouvellement.<br />

En Premier League,<br />

tous les T1 qui ont<br />

commencé le championnat<br />

sont, eux,<br />

toujours en poste.<br />

Ce samedi après-midi,<br />

lors du choc entre<br />

Manchester City et<br />

Liverpool, Pep Guardiola va diriger son 433 e<br />

match sur le banc des Skyblues, Jürgen Klopp<br />

son 450 e . L’Allemand est le plus ancien des<br />

managers de PL en poste, juste devant l’Espagnol<br />

: huit ans, un mois et dix-sept jours qu’il<br />

est fidèle à Anfield. Quand Klopp a dirigé son<br />

premier match avec Liverpool, un 0-0 à Tottenham<br />

le 17 octobre 2015, quelques jours après<br />

son arrivée, en Belgique, Mouscron, coaché par<br />

Cedomir Janevski, et Lokeren, avec Bob Peeters<br />

aux commandes, étaient encore en D1, Michel<br />

Preud’homme entraînait Bruges, et Besnik Hasi,<br />

Anderlecht… Un autre temps.<br />

Jurgen Klopp (Liverpool) et Pep Guardiola (Manchester City) aiment<br />

s’affronter. Depuis le temps, ils ont appris à s’apprécier… Belga<br />

100 millions le trophée<br />

pour Guardiola<br />

Pour durer, un entraîneur a l’obligation d’atteindre<br />

les objectifs fixés par sa direction. Même si<br />

on ne lui fournit pas toujours les armes pour<br />

combattre, constat fréquent en Belgique. Sur ce<br />

plan, tant Klopp que Guardiola ne peuvent pas<br />

se plaindre, tant les propriétaires de leur club<br />

ont dépensé sans compter pour les maintenir au<br />

sommet. Près de 1,5 milliard d’euros pour l’Espagnol<br />

depuis 2016, selon Transfermarkt ;<br />

933,5 millions pour l’Allemand. Le prix à payer<br />

pour une Ligue des champions ou des titres<br />

domestiques… Même si, sur le plan du palmarès,<br />

Pep a davantage rentabilisé la mise : quinze prix<br />

avec City, soit 100 millions déboursés en transferts<br />

par un trophée ! Sept récompenses pour<br />

Jürgen, soit 133 millions la prise…<br />

Guardiola et Klopp vont se défier pour la 29 e fois<br />

ce samedi, la 15 e fois en Premier League où les<br />

stats sont assez équilibrées : l’Espagnol a battu<br />

cinq fois son collègue allemand, qui lui a rendu<br />

la pareille à quatre reprises, pour cinq partages.<br />

Le manager des Reds aspire à rétablir une égalité<br />

parfaite dans un duel de tacticien devenu un<br />

grand classique du football moderne, entre deux<br />

monuments qui symbolisent<br />

à merveille les<br />

couleurs du club qu’ils<br />

ont enrichi. Eux, les<br />

deux plus anciens sur le<br />

même banc de Premier<br />

League. Même s’ils sont<br />

encore loin des vingtsept<br />

ans d’Alex Ferguson<br />

à Manchester United ou<br />

des vingt-deux ans<br />

passés à Arsenal par<br />

Arsène Wenger, la durabilité<br />

de Klopp et Guardiola<br />

mérite mention.<br />

Car, selon les chiffres<br />

diffusés lors du congrès organisé par la plateforme<br />

TransferRoom qui s’est tenu pendant la<br />

trêve internationale à Lisbonne, la moyenne de<br />

vie d’un entraîneur dans un club est de 235<br />

jours, soit moins d’une saison. Et seuls 34 %<br />

des coachs restent en place tout un championnat…<br />

Schmidt le fidèle<br />

Dans les cinq grandes compétitions<br />

européennes (Premier League, Liga,<br />

Serie A, Bundesliga et Ligue 1), seuls<br />

trois entraîneurs sont en poste depuis<br />

plus longtemps que le duo Klopp –<br />

Guardiola : deux en Allemagne, un en<br />

Espagne (Simeone). Le record du plus<br />

long bail sur un banc de D1 est détenu<br />

par un inconnu dans un club méconnu :<br />

et, pour cause, l’Allemand Frank Schmidt<br />

découvre seulement cette saison<br />

la Bundesliga avec Heidenheim,<br />

après… seize années comme T1 de ce<br />

club d’une petite ville de 15 000 habitants,<br />

qu’il a mené patiemment de la D5<br />

en D1 !<br />

Quand Schmidt a dirigé son premier<br />

match avec Heidenheim, un succès 1-2 à<br />

Normannia Gmünd le 22 septembre 2007,<br />

quelques jours après son arrivée, en<br />

Belgique, Mons, coaché par José Riga, et<br />

le Brussels, avec Albert Cartier aux<br />

commandes, étaient encore en D1,<br />

Michel Preud’homme entraînait le Standard,<br />

et Philippe Vande Walle, Charleroi…<br />

Un autre temps.;


La Premier League c’est une<br />

EXCLUSIVITÉ<br />

MAN. city - liverpool<br />

Samedi 25/11 à 13:30<br />

LE TOP 10 DES T1 "DURABLES" DU BIG 5<br />

Le top 10 des entraîneurs qui sont en poste depuis le plus longtemps<br />

au sein des cinq grands championnats européens<br />

(Premier League, Serie A, Liga, Bundesliga et Ligue 1)<br />

Au 25 <strong>novembre</strong><br />

Frank SCHMIDT (All) 49 ans<br />

Heidenheim (All)<br />

17 septembre 2007<br />

5 913 jours<br />

soit 16 ans,<br />

2 mois<br />

et 8 jours<br />

Club<br />

Diego Simeone (Arg) 53 ans<br />

En poste<br />

depuis<br />

Atlético Madrid (Esp)<br />

23 décembre 2011<br />

4 355 jours<br />

soit 11 ans,<br />

11 mois<br />

et 2 jours<br />

Christian Streich (All) 58 ans<br />

Fribourg (All)<br />

1 er janvier 2012<br />

4 346 jours<br />

soit 11 ans,<br />

10 mois<br />

et 24 jours<br />

Jürgen Klopp (All) 56 ans<br />

Liverpool (Ang)<br />

8 octobre 2015<br />

2 970 jours<br />

soit 8 ans,<br />

1 mois<br />

et 17 jours<br />

Gian Piero Gasperini (Ita) 65 ans<br />

Atalanta Bergame (Ita)<br />

14 juin 2016<br />

2 720 jours<br />

soit 7 ans,<br />

5 mois<br />

et 11 jours<br />

Pep Guardiola (Esp) 52 ans<br />

Man City (Ang)<br />

1 er juillet 2016<br />

2 703 jours<br />

soit 7 ans,<br />

4 mois<br />

et 24 jours<br />

Pascal Gastien (Fra) 59 ans<br />

Clermont (Fra)<br />

1 er septembre 2017<br />

2<strong>27</strong>6 jours<br />

soit 6 ans,<br />

2 mois<br />

et 24 jours<br />

Jagoba Arrasate (Esp) 45 ans<br />

Osasuna (Esp)<br />

1 er juillet 2018<br />

1 973 jours<br />

soit 5 ans,<br />

4 mois<br />

et 24 jours<br />

Thomas Frank (Dan) 50 ans<br />

Brentford (Ang)<br />

16 octobre 2018<br />

1 866 jours<br />

soit 5 ans,<br />

1 mois<br />

et 9 jours<br />

Imanol Alguaci (Esp) 52 ans<br />

Real Sociedad (Esp)<br />

<strong>27</strong> décembre 2018<br />

1794 jours<br />

soit 4 ans,<br />

10 mois<br />

et 29 jours<br />

Source : Belga et AP<br />

IPM GRAPHICS<br />

Novembre <strong>2023</strong> La Dernière Heure-<strong>Les</strong> Sports ; 7


Schmidt,<br />

en cuisine<br />

depuis 2007 !<br />

L’Allemand, coach de<br />

Heidenheim depuis seize ans,<br />

a mené son premier amour<br />

de D5 en Bundesliga…<br />

Au Bayern, le 11 <strong>novembre</strong>, Frank Schmidt a coaché Heidenheim pour la 600 e fois ! AP<br />

8Par Laurent Denuit7<br />

Ils ont fêté leurs noces de saphir le 17 septembre.<br />

Un record dans le Big 5 des championnats européens.<br />

Seize ans que Frank Schmidt s’est lié au<br />

1.FC Heidenheim 1846, club de la petite ville de<br />

Heidenheim an der Brenz à la frontière entre le<br />

Bade-Wurtemberg et la Bavière, au sud-ouest de<br />

l’Allemagne. En <strong>2023</strong>, l’entraîneur de 49 ans a<br />

offert à son équipe bien-aimée le plus beau des<br />

cadeaux en l’emmenant pour la première fois en<br />

Bundesliga. La fidélité récompensée, car ce couple<br />

atypique n’a jamais connu d’autre partenaire…<br />

En 2007, Frank Schmidt clôt sa modeste carrière de<br />

joueur professionnel, qui le mena notamment à<br />

Nuremberg, Greuther Fürth, Alemannia Aachen ou<br />

Mannheim avec un passage en Autriche, au Heidenheimer<br />

SB en Oberliga Baden-Württemberg<br />

(D5). Il est revenu dans sa ville natale en 2003, et<br />

le médian défensif remise ses crampons à 33 ans<br />

alors que le club est exsangue financièrement. Il<br />

va troquer short et chaussettes pour le costumecravate<br />

d’agent d’assurances, dans la société d’un<br />

de ses amis. Mais quand le président du 1.FC Heidenheim,<br />

qui vient d’être battu 1-4 à domicile par<br />

Ulm, lui propose un intérim de deux matchs sur le<br />

banc du nouveau club créé dans sa ville pour<br />

repartir sur des bases plus saines, il ne peut pas<br />

dire non. Frank Schmidt accepte le 17 septembre<br />

2007 d’enfiler le training d’entraîneur pour cette<br />

courte mission. Le 22 septembre, sur le terrain du<br />

1.FC Normannia Gmünd, un derby, il s’offre un<br />

premier succès 1-2, puis enchaîne avec une plantureuse<br />

victoire 9-1 face à VfL Kirchheim. “Dans<br />

l’euphorie, le président m’a alors lancé : ‘Allez, reste<br />

jusqu’à cet hiver !’ a rappelé Frank Schmidt, qui<br />

s’est ensuite pris au jeu de sa nouvelle fonction.<br />

C’est pendant cette période que j’ai compris ce que<br />

je voulais faire de ma nouvelle vie. Le football en<br />

faisait partie, et entraîner était ma vocation.”<br />

Et tant pis s’il mangeait les paroles prononcées à<br />

son épouse lorsqu’il prit sa retraite de joueur. “Je<br />

lui avais promis que je prendrais un job normal, du<br />

lundi et vendredi, pour passer les week-ends à la<br />

maison, avec elle…” Raté ! 16 ans, 2 mois et 8<br />

jours plus tard, Frank Schmidt est toujours l’heureux<br />

entraîneur du 1.FC Heidenheim. Contre le<br />

Bayern, le 11 <strong>novembre</strong>, il a<br />

dirigé son 600 e match sur le<br />

banc des Bleu et Rouge ! Une<br />

ascension fantastique…<br />

Dès sa première saison de<br />

coach, Heidenheim est promu<br />

en Regionalliga Süd (D4), puis<br />

enchaîne une deuxième montée<br />

d’affilée, en 3.Liga, premier<br />

niveau professionnel. En<br />

2014, un nouveau palier est<br />

franchi : champion, le club est<br />

promu en 2.Bundesliga. Après<br />

un premier échec en 2020, et<br />

une défaite en barrages contre<br />

le Werder Brême, le FC Heidenheim<br />

entre dans l’histoire en<br />

fin de saison dernière, lors<br />

d’une incroyable dernière<br />

journée : mené 2-1 à la fin du<br />

temps réglementaire sur la<br />

pelouse du Jahn Ratisbonne,<br />

Frank Schmidt et ses hommes<br />

inversent la tendance dans les<br />

arrêts de jeu, 2-3 au final,<br />

avec un but de Tim Kleindienst<br />

à la 99 e , synonyme de titre et de Bundesliga. Au<br />

même moment, à Sandhausen, les supporters de<br />

Hambourg avaient déjà envahi la pelouse, persuadés<br />

d’avoir mis fin à cinq saisons au purgatoire,<br />

mais obligés désormais de passer par un barrage…<br />

Et le 26 août dernier, la Voith-Arena, petit stade<br />

“Je dois aussi réussir,<br />

même si nous nous<br />

connaissons depuis<br />

longtemps, que nous<br />

nous embrassons<br />

chaque matin en<br />

nous disant que<br />

nous sommes<br />

formidables.”<br />

de 15 000 places, découvrait les joies de la première<br />

division, en recevant Hoffenheim, une<br />

semaine après les grands débuts de Heidenheim à<br />

Wolfsbourg. Avec 10 points en 11 matchs, le club<br />

sait qu’il luttera pour rester dans la cour des<br />

grands cette saison. Frank Schmidt espère une<br />

nouvelle fois trouver les bons mots pour réaliser<br />

des miracles. Il sait qu’il doit<br />

son extraordinaire longévité<br />

grâce à sa success story sur le<br />

banc de Heidenheim, un “club<br />

familial avec une structure et<br />

une vision professionnelles.”<br />

Et espère sans doute que<br />

quelle que soit l’issue de<br />

cette première saison en<br />

Bundesliga, on n’effacera pas<br />

seize ans d’amour et de prospérité.<br />

”Quand les choses deviennent<br />

tendues, de nombreux clubs<br />

deviennent rapidement nerveux.<br />

Et la solution la plus facile est<br />

de couper la tête du coach, dit<br />

Frank Schmidt. Au final, c’est<br />

pareil à Heidenheim, je dois<br />

aussi réussir, même si nous<br />

nous connaissons depuis longtemps,<br />

que nous nous embrassons<br />

chaque matin en nous<br />

disant que nous sommes formidables.<br />

Je me considère comme<br />

un employé du club, avec un<br />

objectif précis en fin de saison. Et si j’arrive à mes<br />

fins, je remplirai mon contrat…”<br />

Un contrat qui court jusqu’en 20<strong>27</strong>. La promesse<br />

de vingt ans de mariage, des noces de porcelaine.<br />

Et dans le football, la porcelaine cassée dure plus<br />

que la porcelaine intacte…;<br />

8 ; La Dernière Heure-<strong>Les</strong> Sports Novembre <strong>2023</strong>


VOS MATCHES DE PREMIER LEAGUE,<br />

C’EST CADEAU AVEC DIVERTISSEZ-VOO !<br />

<strong>Les</strong> rencontres à venir :<br />

Man. City - Liverpool<br />

le 25/11 à 13:30 (Canal 30)<br />

Crystal Palace - Liverpool<br />

le 09/12 à 13:30 (Canal 30)<br />

Nottingham - Tottenham<br />

le 15/12 à 21:00 (Canal 30)<br />

Aston Villa - Chelsea<br />

le 22/12 à 21:00 (Canal 30)


North West<br />

side story<br />

En Angleterre,<br />

c’est la région du<br />

Nord-Ouest qui dicte<br />

sa loi sur la planète foot.<br />

Et ce, depuis la création<br />

du championnat…<br />

À Liverpool, Anfield, le stade des Reds, et Goodison Park, le terrain d’Everton, sont distants de moins d’1,5 kilomètre.. Belga<br />

8Par Laurent Denuit7<br />

Le North West England est en ébullition ce week-end.<br />

La Premier League nous offre deux confrontations entre<br />

les deux clubs des deux principales villes de la région,<br />

Manchester et Liverpool. Samedi, City reçoit le LFC.<br />

Dimanche, Everton accueille United. Une cinquantaine<br />

de kilomètres seulement entre les deux cités, mais tout<br />

sépare leurs supporters.<br />

Histoire d’eau<br />

La rivalité entre les deux villes ne trouve pas sa source<br />

dans un ballon rond. Manchester et Liverpool s’opposent<br />

depuis la révolution industrielle du XIX e siècle,<br />

lorsque les deux cités, prospères, les deux premières<br />

reliées par une voie ferrée, bataillaient pour s’ériger en<br />

locomotive économique de la région du Nord-Ouest,<br />

fleuron de l’Angleterre. Situés à l’embouchure de la<br />

Mersey sur la mer d’Irlande, les docks de Liverpool<br />

étaient alors un port commercial incontournable,<br />

notamment pour Manchester, haut lieu de l’industrie du<br />

cotton. Mais les Mancuniens voulaient mieux maîtriser<br />

leur processus d’import-export de textiles et faire<br />

l’économie des taxes portuaires de leur voisin. Ils ont<br />

alors construit leur propre canal, dès 1887, avec accès<br />

direct à la mer d’Irlande. Un affront pour Liverpool…<br />

<strong>Les</strong> premiers champions<br />

Le football est né en Angleterre durant cette révolution<br />

industrielle, et la région du Nord-Ouest fut le berceau<br />

des premières équipes conquérantes, sous l’impulsion<br />

des riches patrons qui n’hésitent pas à défrayer leurs<br />

ouvriers pour qu’ils tapent la balle pendant leurs rares<br />

temps libres, au grand dam de la bourgeoise londonienne.<br />

L’affrontement entre ces deux mondes va se<br />

cristalliser autour de la question du professionnalisme,<br />

finalement instauré dès 1885 sous la pression des clubs<br />

du bassin industriel du nord. Le premier champion<br />

d’Angleterre est issu du North West England : Preston<br />

North End Football Club, du Comté de Lancashire, en<br />

1889. Il reconduira son titre en 1890. Avant de la<br />

laisser filer la saison suivante, au profit d’Everton !<br />

64<br />

<strong>Les</strong> 64 titres de champion<br />

des clubs de l’Angleterre du Nord-Ouest :<br />

Manchester United 20<br />

Liverpool FC 19<br />

Everton FC 9<br />

Manchester City 9<br />

Blackburn Rovers 3<br />

Burnley FC 2<br />

Preston North End 2<br />

29<br />

Grâce au sacre de City la saison dernière,<br />

le troisième d’affilée, le septième en onze<br />

ans, Manchester mène désormais 29 titres<br />

à 28 dans la bataille d’Angleterre des deux<br />

grandes villes de la région du Nord-Ouest.<br />

Manchester > 29<br />

grâce à United (20) et City (9)<br />

Liverpool > 28<br />

grâce à Liverpool FC (19) et Everton FC (9)<br />

Liverpool sera sacré pour la première fois en 1901.<br />

Manchester United attendra 1908. City 1937…<br />

Le tournant des années 60<br />

Mais la rivalité footballistique entre les deux villes a<br />

véritablement commencé au début des années 60.<br />

Quand les quatre clubs vont se succéder sur le trône<br />

d’Angleterre : Everton en 1963 ; Liverpool en 64 ;<br />

United en 65 ; les Reds en 66 ; les Red Devils en 67 ;<br />

City en 68… Le club d’Anfield Road déterra alors la<br />

hache de guerre en transférant Phil Chisnall, joueur de<br />

Manchester United. La détestation entre les deux clubs<br />

s’embrase, comme le hooliganisme qui gangrène de<br />

plus en plus le foot anglais, nourri par la crise économique<br />

qui assèche ce bassin industriel…<br />

Liverpool deviendra la capitale du foot anglais dans les<br />

années 80. <strong>Les</strong> Reds et les Toffees se partagent huit<br />

couronnes lors de cette décennie (six titres pour le<br />

LFC ; deux pour Everton). Manchester n’a plus voix au<br />

chapitre. Jusqu’à l’arrivée de Sir Alex Ferguson à Old<br />

Trafford. Dès sa prise de pouvoir, l’Écossais planta le<br />

décor, marquant son territoire par une promesse lancée<br />

aux supporters de United : “Nous allons faire descendre<br />

Liverpool de son putain de perchoir.” “Fergie” tint<br />

promesse, et sous sa conduite, ManU remporta treize<br />

titres de champion, battant le record du club anglais le<br />

plus sacré, détenu alors par… Liverpool (dix-huit), à<br />

vingt titres. Depuis la retraite de Sir Alex, c’est City qui<br />

a pris le relais et trusté les lauriers nationaux (sept en<br />

onze ans) dont certains convoités par Liverpool.<br />

Depuis la création de la Première League, en 1992, les<br />

Reds d’Anfield Road n’ont été champions qu’à une<br />

seule reprise, en 2020, pour treize fois à Man United et<br />

sept à Man City. Everton, lui, n’a plus gagné de titre<br />

depuis 1987. Manchester a pris l’ascendant…<br />

<strong>Les</strong> clubs du Nord-Ouest ont remporté 64 titres de<br />

champion d’Angleterre, répartis inéquitablement entre<br />

sept clubs. Trois fois plus que les équipes londoniennes<br />

(21), où seules trois formations ont été sacrées<br />

(Arsenal, treize fois ; Chelsea, six et Tottenham, deux).<br />

Au pays de Sa Majesté, le Nord en est pole…;<br />

10 ; La Dernière Heure-<strong>Les</strong> Sports Novembre <strong>2023</strong>


Novembre <strong>2023</strong> La Dernière Heure-<strong>Les</strong> Sports ; 11


Dele Alli,<br />

l’homme qui valait<br />

171 millions d’euros<br />

Il était l’un des joueurs les plus courtisés<br />

d’Europe en 2018 avant de disparaître<br />

totalement des radars. Le médian offensif<br />

d’Everton n’a plus joué depuis février <strong>2023</strong>.<br />

Mais où est donc passé Dele Alli ?<br />

8Par Laurent Lemoine7<br />

Je suis anglais, milieu de terrain, ma valeur marchande a atteint plus de<br />

150 millions d’euros. Également capable de marquer beaucoup de buts et de<br />

délivrer de nombreuses passes décisives, qui suis-je ? Jude Bellingham très<br />

probablement ? Raté. On parle ici de Dele Alli. Cet enfant né à Milton Keynes,<br />

un 11 avril 1996. Un joueur, un temps extraordinaire, qui a émerveillé l’Europe<br />

et la planète entière. Son Mondial 2018 a marqué la fin de son apogée et le<br />

début de sa chute. Cinq ans plus tard, Dele Alli est un footballeur chambranlant<br />

mais surtout un homme détruit par un passé dont le mot atrocité à des<br />

allures d’euphémisme. Aujourd’hui à Everton, le milieu de terrain britannique<br />

n’a plus foulé les pelouses depuis six mois, en raison d’une<br />

blessure. Récit d’un joueur et d’un être dont la vie a été<br />

rythmée uniquement de hauts et de bas.<br />

Né à Milton Keynes d’un papa nigérian et d’une maman<br />

anglaise, Dele Alli a connu une enfance ô combien difficile.<br />

À trois ans, ses parents ont divorcé et son paternel est parti<br />

vivre au Nigeria. Un moment compliqué mais presque anecdotique lorsqu’on le<br />

compare à la suite. Une suite composée d’atrocités sans nom. Comme il l’a<br />

révélé lors de son interview poignante à Gary Neville cet été. “À l’âge de six<br />

ans, j’ai été agressé par un ami de ma mère qui était souvent à la maison. Ma<br />

mère était alcoolique et j’ai été envoyé en Afrique pour apprendre la discipline.<br />

J’ai été renvoyé (en Angleterre) à sept ans ; j’ai commencé à fumer, à vendre de<br />

la drogue.” Mais le pire, l’épouvantable, était à venir. “À onze ans, j’ai été<br />

pendu à un pont par un homme du quartier.” Si ces épreuves horribles n’ont<br />

pas eu d’impact sur le début de sa carrière, elles ont<br />

laissé des cicatrices non refermées. On le constatera<br />

plus tard.<br />

La révélation<br />

Par bonheur, sa vie va changer à douze ans. Quand la<br />

famille de l’un de ses coéquipiers du club de Milton,<br />

Keys Dons, va l’accueillir chez lui. <strong>Les</strong> Hickorfd seront<br />

son nouveau foyer, en dépit du fait qu’ils n’aient<br />

jamais été légalement considérés comme ses parents<br />

adoptifs. Ce changement d’environnement familial va<br />

lui permettre de se concentrer sur la chose dans<br />

laquelle il est le plus doué : le football. Lors de ses<br />

premiers matchs en professionnel avec son club natal,<br />

Dele Alli rayonne. Il inscrit notamment 22 buts lors de<br />

ses deux premiers exercices complets dans le club de troisième division. Ce qui<br />

lui vaut d’attirer l’œil de toutes les plus grandes écuries du Royaume. À l’été<br />

2015, c’est Tottenham qui parvient à enrôler le nouveau joyau britannique,<br />

pour la famélique somme de cinq millions d’euros.<br />

L’ascension fulgurante<br />

Dès ses premières foulées sur le pré de White Hart Lane, Dele Alli impressionne.<br />

Sa première saison est une réussite totale. Avec dix buts et neuf<br />

passes décisives, il est élu meilleur jeune joueur de Premier League. Dans le<br />

même temps, le jeune Anglais effectue ses premiers pas avec la sélection aux<br />

Three Lions à dix-neuf ans seulement. Il ne lui faudra que trois matchs et une<br />

rencontre face à l’équipe de France, en <strong>novembre</strong> 2015, pour s’illustrer. D’une<br />

merveilleuse frappe en lucarne, il fait retentir son nom à travers l’Europe et le<br />

monde. La suite n’est que logique. Sa saison 2016-2017 est un récital à 22<br />

“À onze ans, j’ai été<br />

pendu à un pont par un<br />

homme du quartier.”<br />

<strong>Les</strong> supporters d’Everton ont affiché leur soutien à Dele Alli dans<br />

l’épreuve que traverse leur joueur. AP<br />

buts et 13 passes décisives. Des statistiques hors norme pour un milieu de<br />

terrain, qui ne sont pas sans rappeler celle de son cadet, Jude Bellingham. Qui<br />

explose dans des proportions similaires au Real Madrid, cette saison. Club<br />

contre lequel le natif de Milton Keynes va briller un soir d’automne 2017 à<br />

Wembley. Au sommet de son art, il inscrit un doublé face au grand Real. Sa<br />

valeur marchande explose. Début 2018, le CIES (centre international d’économie<br />

du sport) le valorise à 171 millions d’euros, faisant de lui le sixième joueur<br />

le plus côté de la planète juste devant Kevin De Bruyne.<br />

L’apogée russe<br />

Nous sommes le 7 juillet 2018 dans la touffeur de Samara, en Russie. La sélection<br />

britannique dispute ce jour-là son quart de finale de Coupe du monde face<br />

à la Suède. Un match important, évidemment, mais qui peut surtout devenir<br />

historique. Pour une Angleterre qui n’a plus goûté aux joies des demi-finales<br />

d’un Mondial depuis 1970. L’occasion est trop belle face à une modeste équipe<br />

suédoise. Alors, les Three Lions la saisissent. Dele Alli en premier lieu, qui<br />

glisse une délicieuse tête pour permettre à son équipe de l’emporter 2-0. Le<br />

milieu anglais de 22 ans alors, n’est plus qu’à quelques encablures de parvenir<br />

à décrocher le Graal. Mais la demi-finale perdue face à la Croatie va ramener<br />

les Anglais sur la terre ferme et Dele Alli avec. Il y aura un avant et un après<br />

pour le joyau britannique. Si l’après-midi du 7 juillet 2018 va marquer son<br />

apogée, la nuit moscovite, quatre jours plus tard, va amorcer le début de sa<br />

chute vers les abysses.<br />

Le déclin, ce moment tant redouté par le sportif qui semble toujours être à la<br />

recherche d’une jeunesse éternelle. Pour beaucoup, l’heure du déclassement<br />

intervient après la trentaine, pour Dele Alli, la chute aura lieu bien plus tôt, à<br />

23 ans seulement. Son année post-Coupe du monde semble être celle de la<br />

résurgence de ses problèmes antérieurs. Sur le terrain, il enchaîne les blessures<br />

et les contre-performances. Pire, lors de l’exercice 2019-2020, il n’est plus que<br />

l’ombre de lui-même et inscrit seulement huit buts, pour quatre passes décisives<br />

sous les ordres de José Mourinho. Leur relation semble être aux antipodes<br />

de celle, quasi-filiale, tissée avec Mauricio Pochetinno. Le technicien portugais<br />

lui déclare : “Tu dois juste savoir qu’aujourd’hui, j’ai 56 ans et, hier, j’en<br />

avais vingt. Le temps passe vite. Un jour, je pense que tu le<br />

regretteras si tu n’atteins pas ce que tu devrais atteindre.”<br />

La valeur marchande de Dele Alli dégringole au fil des<br />

matchs. En 2022, les Spurs s’en débarrassent, direction<br />

Everton. Sans indemnité de transfert, pour services rendus,<br />

si ce n’est liée à ses performances futures. Alors que l’Europe<br />

lui faisait les yeux doux quatre ans plus tôt.<br />

Depuis 2020, le bilan sportif de Dele Alli est accablant avec trois clubs différents<br />

(Everton le prêta à Besiktas, la saison dernière) pour seulement trois<br />

minuscules buts. Forcément une chute aussi soudaine, ça pose question.<br />

Observateurs et supporters n’ont compris que le 11 juillet dernier, les raisons<br />

d’un tel déclin. Lors de son interview déchirante à Gary Neville, Dele a déclaré<br />

être tombé dans une terrible dépression. “Un matin, je me suis réveillé, je<br />

devais aller m’entraîner et je me souviens m’être regardé dans le miroir. Cela<br />

peut paraître dramatique mais je me regardais littéralement<br />

dans le miroir et je me demandais si je pouvais<br />

prendre ma retraite maintenant. À 24 ans, vous savez,<br />

en faisant ce que j’aime. Pour moi, c’était un crève-cœur.”<br />

Une phase de sa vie apocalyptique agrémentée de<br />

dépendance toxique. “J’étais dans un mauvais cycle, je<br />

m’appuyais sur des choses qui me faisaient du mal.<br />

J’allais à l’entraînement, je feignais de gagner le combat,<br />

je souriais, je montrais que j’étais heureux mais, à<br />

l’intérieur, j’étais définitivement en train de perdre la<br />

bataille.” Il ajoute : “Je pense que sans m’en rendre<br />

compte, je faisais des choses pour m’endormir que ce<br />

soit l’alcool ou autre chose, je pense. Puis, j’ai développé<br />

une dépendance aux somnifères.”<br />

Sur le chemin de la résurrection<br />

Tombé dans les abysses, Dele Alli semble en sortir peu à peu. Son retour à<br />

Everton en provenance de son prêt au Besiktas a amorcé une prise de conscience.<br />

“Quand je suis revenu de Turquie, j’ai découvert que j’avais besoin d’un<br />

traitement car j’étais dans une mauvaise passe mentalement. J’ai donc décidé<br />

de faire une cure de désintoxication moderne pour la santé mentale et les<br />

traumatismes.”<br />

Blessé depuis mars dernier, le milieu anglais n’a plus disputé le moindre match<br />

depuis le 26 février <strong>2023</strong>. Sa valeur marchande actuelle ? Cinq millions<br />

d’euros…<br />

Le chemin vers la résurrection est long mais le gamin de Milton Keynes semble<br />

enfin voir le bout du tunnel. On espère le voir rejouer, dans ses prochaines<br />

semaines, de son meilleur instrument : ses pieds.;<br />

12 ; La Dernière Heure-<strong>Les</strong> Sports Novembre <strong>2023</strong>


La Premier League c’est une<br />

EXCLUSIVITÉ<br />

everton - man. united<br />

Dimanche 26/11 à 17:30<br />

20<br />

Reverra-t-on Dele Alli sous le maillot d’Everton,<br />

une fois sa blessure oubliée ? Une clause incluse<br />

lors de son transfert de Tottenham à Everton en<br />

janvier 2022 pourrait jouer en sa défaveur.<br />

Il était arrivé sans indemnités, mais avec des<br />

bonus liés à ses performances futures. Everton<br />

devra notamment payer 11,5 millions € aux<br />

Spurs si Dele Alli joue 20 matchs sous les<br />

couleurs des Toffees. Avant son prêt à Besiktas<br />

la saison dernière, le médian anglais avait<br />

disputé 13 rencontres. Pas certain qu’Everton,<br />

au vu de ses difficultés financières actuelles,<br />

a envie de grossir son passif pour un joueur<br />

qui aura inévitablement besoin de temps<br />

pour redevenir compétitif, sans certitude<br />

de retrouver son niveau d’antan…<br />

Dele Alli espère bientôt<br />

retrouver le chemin des<br />

terrains pour aider Everton<br />

dans sa mission sauvetage.<br />

AP


Le dilemme<br />

de Kompany :<br />

se réinventer<br />

ou persévérer<br />

Le coach de Burnley, sans<br />

perdre son identité, va devoir<br />

faire sa mue pour maintenir<br />

son club en Premier League.<br />

Vincent Kompany est en mission : sauver Burnley de la relégation, sans renier ses principes de jeu… AFP


La Premier League c’est une<br />

EXCLUSIVITÉ<br />

goals of the day<br />

Samedi 25/11 à 16:00<br />

8Par GilleS Joinau7<br />

C’est vieux comme le monde. Mais tout va très vite en football. Demandez donc à<br />

Vincent Kompany. Flash-back. Le 8 mai dernier, Burnley humilie Cardiff 3-0 pour<br />

clôturer une brillante saison à 101 points en Championship.<br />

Meilleure attaque, meilleure défense, un pressing haut et un jeu léché… les<br />

22 000 supporters de Turf Moor avaient rarement assisté à un tel spectacle. Eux<br />

qui étaient plutôt habitués à un bon vieux kick and rush très british. <strong>Les</strong> suiveurs<br />

sont unanimes : Vincent Kompany est l’architecte et le garant de ce succès.<br />

Mais ça, c’était avant. 203 jours après cet étincelant succès, Vincent Kompany et<br />

ses joueurs sont dans le dur.<br />

Après douze journées de Premier League, les Clarets sont derniers de Premier<br />

League avec la plus mauvaise attaque et la deuxième défense la plus poreuse du<br />

championnat. Vincent Kompany est-il encore l’homme de la situation ? Telle est la<br />

question qui est posée dans le Lancashire.<br />

Le “Kompany-Ball” est toujours vivant<br />

Ce n’est un secret pour personne, Vincent Kompany n’a jamais été un adepte du<br />

kick and rush. Guardiola est son maître ultime avec un jeu de possession basé sur<br />

des combinaisons. Des préceptes qui ont fait ses preuves dans l’antichambre de la<br />

Premier League mais qui peine à convaincre dans l’épreuve<br />

reine.<br />

Si on se plonge dans les chiffres, on remarque que Burnley<br />

évolue encore dans ce qu’on appelle outre-Manche, le “Kompany-Ball”.<br />

Son équipe a une possession de balle moyenne<br />

évaluée à 49,9 %. À titre de comparaison, ses concurrents pour le maintien<br />

oscillent entre 37,9 % (Sheffield United) et 35,6 % (Luton Town). À ce petit jeu<br />

territorial, les Clarets se classent onzièmes de Premier League. Une autre statistique<br />

prouve que les joueurs de Kompany ne se font pas que des passes latérales<br />

entre défenseurs. Avec une moyenne de 23,3 passes dans la dernière partie du<br />

terrain par match, Burnley est à peine devancé par Liverpool (23,9), Chelsea<br />

(25,8) et l’armada de Manchester City (28,2). Pour autant, possession ne rime pas<br />

toujours avec domination.<br />

Qu’est-ce qui cloche alors ? En un mot : l’efficacité. Pas tellement dans le dernier<br />

geste puisqu’avec onze occasions franches créées en douze rencontres, l’équipe<br />

est à sa place et seul Sheffield fait pire. Avec une<br />

moyenne de neuf buts attendus pour dix buts<br />

effectifs (les fameux “expected goals”), on ne peut<br />

pas dire que les attaquants se soient montrés<br />

maladroits. Le problème réside donc dans la créativité<br />

des éléments offensifs. Et, forcément, le bilan<br />

du mercato est déjà beaucoup discuté. Malgré<br />

111 millions de livres investis, l’équipe ne parvient<br />

pas à produire du jeu. Et très peu des recrues tirent<br />

leur épingle du jeu. Mike Trésor, Zeki Amdouni,<br />

Wilson Odobert, Sander Berge, Aaron Ramsey…<br />

tous ces joueurs ont coûté entre douze et dix-huit<br />

millions d’euros. Mais aucun d’entre eux ne s’est<br />

affirmé comme une véritable plus-value.<br />

Une efficacité défensive<br />

à (re)trouver<br />

Bien évidemment, il est facile d’incriminer les<br />

éléments offensifs. Défensivement aussi, les lacunes<br />

sont criantes. Pourtant, en termes de chiffres,<br />

Burnley n’est pas si catastrophique qu’il n’y paraît.<br />

Au niveau des “expected goals” encaissés, le ratio<br />

de l’équipe est de 22,7 buts. Si la logique avait été<br />

respectée, le club ne serait… pas relégable ! Ce<br />

chiffre signifie que ses adversaires ont réalisé des<br />

exploits individuels pour tromper la vigilance de<br />

Trafford. Et les chiffres sont cruels : avec 30 buts<br />

pris en douze journées, Burnley est l’une des pires équipes de Premier League,<br />

seul Sheffield United fait pire (31).<br />

Si impressionnés après cette première saison, les suiveurs de Premier League sont<br />

évidemment beaucoup plus perplexes aujourd’hui. Est-il possible de se maintenir<br />

en Premier League avec les mêmes principes de jeu ? Pour Alan Shearer, Vincent<br />

Kompany va devoir se réinventer s’il veut avoir une chance de rester en Premier<br />

League. “Contre cette équipe, si vous pressez au bon moment, vous obtiendrez ce<br />

que vous voulez, a-t-il expliqué dans Match Of The Day. Burnley n’est pas bon en<br />

reconversion défensive. Vu qu’ils jouent haut, si vous le récupérez rapidement et<br />

“Nous ne nous fixons pas<br />

des objectifs irréalistes.”<br />

JamesTrafford a déjà encaissé 30 goals en 12 matchs, c’est trop pour la deuxième pire défense<br />

de Premier League. D’autant que Burnley possède aussi la moins bonne attaque (9)… AP<br />

que vous pressez bien, Burnley aura des problèmes. Si rien ne change, cela va se<br />

produire encore cette saison. À ce niveau, lorsque vous pensez avoir le temps de<br />

tourner le ballon, vous n’obtiendrez rien. Si le bloc défensif adverse est bien en<br />

place et qu’il se projette rapidement vers l’avant, ils seront punis à chaque match.”<br />

Le manque d’efficacité dans les deux surfaces amène à un constat implacable :<br />

Burnley est son pire ennemi. Pas assez efficace et talentueux pour jouer un<br />

football dominant, il est aussi plombé par ses errements défensifs. À l’image de la<br />

défaite contre Crystal Palace. “Pour le moment, les erreurs nous coûtent cher et<br />

nous devons nous assurer d’arriver au niveau de la Premier League ; ce qui n’est pas<br />

si facile, avait expliqué Kompany devant la presse. Nous avons fait des erreurs et<br />

nous devons analyser les conséquences des erreurs individuelles.”<br />

Un “Trust The Process” bis ?<br />

Après sa première année féerique, Vincent Kompany avait bien conscience des<br />

problèmes qui l’attendaient. Pour autant, il n’a pas voulu déroger à ses principes<br />

de jeu. Une impression confirmée par Ameen Al-Dakhil dans La <strong>DH</strong> : “Le coach a<br />

dit : 'On joue comme l’année passée', a expliqué le défenseur des Diables. Nous<br />

savions que le niveau allait augmenter et qu’il faudrait s’adapter au niveau. Nous<br />

étions préparés à ce que ce ne soit pas simple. Il nous a dit : ‘Si nous avons un<br />

moment difficile, c’est là que vous verrez ce que c’est d’être<br />

une équipe. Elle en deviendra plus forte’.”<br />

Kompany a déjà un peu effectué sa mue en déplaçant son<br />

bloc équipe un peu plus bas. Preuve encore par les chiffres.<br />

Lors des cinq premières journées, seul Manchester United<br />

récupérait plus de ballons dans le dernier tiers du terrain. Le tout face à des<br />

adversaires costauds comme City, United, Aston Villa, Nottingham Forrest et<br />

Tottenham. Après avoir récolté un petit point, il a choisi de reculer sa ligne<br />

défensive. Objectif : éviter les transitions rapides qui lui ont fait si mal malgré de<br />

bonnes intentions. Désormais, elle se classe quatorzième des équipes qui récupèrent<br />

le plus de ballons dans le dernier tiers. Une tactique qui n’a pas eu l’effet<br />

escompté puisqu’il n’a gagné qu’une seule rencontre depuis lors.<br />

Pas question pour l’ancien capitaine des Mauves de baisser les bras ou de tout<br />

changer. “On communique beaucoup au sein du club. Que ce soit le président ou les<br />

entraîneurs envers les joueurs. Nous ne nous fixons pas des objectifs irréalistes. Et<br />

nous avons défini une vision de ce que nous voulons<br />

pour cette saison.” Le maintien donc. Pour cela, il<br />

faudra briser une certaine malédiction puisqu’aucun<br />

club avec quatre points en douze journées<br />

ne s’est maintenu depuis la création de la<br />

Premier League.<br />

<strong>Les</strong> joueurs sont derrière lui<br />

La bonne nouvelle est que le groupe ne semble pas<br />

abattu après ce début de saison chaotique.<br />

“Je continue à croire en notre équipe, a poursuivi<br />

Ameen Al-Dakhil dans La <strong>DH</strong>. On sent aussi que le<br />

coach continue de nous faire confiance. On ne<br />

ressent pas spécialement de stress à cause de nos<br />

résultats. Nous avons un plan bien défini et nous<br />

restons calés dans ce plan. Nous changeons de<br />

petits détails et analysons ce que nous n’avons pas<br />

bien fait.”<br />

Surtout, il est encore soutenu par l’ensemble de<br />

son groupe. “Nous aimons tous jouer pour le manager,<br />

a dit Dara O’Shea lors du break avec l’Irlande.<br />

Avec nous tous, il a été formidable. En particulier,<br />

les plus jeunes. Il exige beaucoup de vous et il y a<br />

tellement de choses à apprendre. Mais je sens que<br />

nous progressons.”<br />

Un sentiment partagé par Vincent Kompany.<br />

“J’ai vécu ce début de saison avec un groupe de<br />

personnes tellement fantastiques, a assuré le principal intéressé pendant la trêve<br />

internationale. Si je devais concevoir un groupe de personnes avec lequel je dois<br />

surmonter cette épreuve, je prendrais le même. Ce que je vois dans le vestiaire ou<br />

sur les terrains d’entraînements, c’est que nous travaillons dur. L’entièreté du staff<br />

croit en ce groupe. Je suis certain que nos efforts et ceux des joueurs seront récompensés.”<br />

Cela pourrait commencer contre West Ham ce week-end. Continuer sur les mêmes<br />

bases tout en retrouvant l’efficacité, voilà le défi de Vincent Kompany après ce<br />

premier tiers de championnat. Bien joué, c’est bien. <strong>Les</strong> résultats, c’est mieux.;<br />

Novembre <strong>2023</strong> La Dernière Heure-<strong>Les</strong> Sports ; 15


La vie belge du transfert<br />

le plus cher de l'histoire<br />

de la Premier League<br />

Noël chez l’intendant, spleen de quitter la Belgique :<br />

quand Moisés Caicedo, le médian équatorien que Chelsea<br />

a acheté à prix d’or à Brighton, jouait au Beerschot...<br />

Du Beerschot à Chelsea: l’incroyable parcours de Moisés Caicedo. BELGA<br />

8Par Julien Parcinski7<br />

C’est un écart gigantesque à faire rompre les<br />

adducteurs d’un footballeur. Le <strong>27</strong> octobre 2021<br />

sur le pré du champêtre stade Robert Urbain des<br />

Francs Borains, quand il marque l’un des quatre<br />

buts de la qualification anversoise en Coupe de<br />

Belgique, Moisés Caicedo est<br />

loin d’imaginer qu’il étrennera<br />

ses crampons trois mois<br />

plus tard sur la pelouse du<br />

Tottenham Hotspur Stadium.<br />

La magie du foot peut vous<br />

empêtrer dans le bourbon du pire Beerschot de<br />

l’histoire puis vous rappeler pour faire de vous l’un<br />

des acteurs des joutes du plus grand championnat<br />

du monde.<br />

Malgré un bilan désastreux où le Beerschot ne<br />

prendra que huit points en quatorze matchs, le<br />

natif de San Domingo garde son sourire dans un<br />

groupe dont l’humeur ne se disperse pas. Que<br />

retenir de cette courte aventure de quatre mois à<br />

Anvers ponctué par de maigrelettes statistiques<br />

(un but, une passe décisive en Jupiler Pro League)<br />

mais des souvenirs gravés dans les mémoires par<br />

les dribbles d’un tel joyau ?<br />

”C’est un très bon garçon mais s’il s’exprimait<br />

aisément avec ses pieds sur le terrain, ce n’était pas<br />

toujours facile de parler avec lui à cause de la<br />

barrière de la langue, nous confie Thibault De<br />

Smet, son ancien partenaire au Kiel, aujourd’hui<br />

au Stade de Reims. Il passait son temps avec<br />

Ramiro Vaca (NdlR : ancien médian bolivien du<br />

Seba Rodriguez:<br />

“À Noël, il m'a offert<br />

des pantoufles... roses.”<br />

Beerschot), et notre intendant, Seba Rodriguez, l’a<br />

aidé énormément car il parlait Espagnol. Il a été<br />

précieux dans son intégration car Moisés vivait seul<br />

en Belgique. Il était comme un père pour lui.”<br />

Celui qui s’occupe des équipements du Beerschot<br />

incarne un rôle essentiel dans le parcours du<br />

Sud-Américain à tel point<br />

que les deux hommes entretiennent<br />

encore des contacts<br />

réguliers. “Je devais aller voir<br />

Chelsea – Arsenal en octobre,<br />

sourit Seba Rodriguez. Moisés<br />

m’avait dit que je devais dormir dans sa maison.<br />

Finalement, ça ne s’est pas fait à cause de mon<br />

agenda mais ce n’est que partie remise. Je l’ai<br />

encore eu au téléphone récemment.”<br />

Un professionnalisme à toute<br />

épreuve malgré 24 heures d’avion<br />

Dès le premier jour, le Belgo-Espagnol a été indispensable<br />

dans les premiers pas anversois de la<br />

pépite équatorienne qui avait quitté son pays pour<br />

la première fois début 2021, transféré d’Independiente<br />

del Valle à Brighton, à dix-neuf ans, puis<br />

prêté au Beerschot par le club anglais durant l’été<br />

suivant. “J’ai été le chercher à l’aéroport et l’Espagnol<br />

est ma langue maternelle. Quand tu es dans<br />

cette situation, tu as déjà gagné 60 % de sa confiance.”<br />

À l’entraînement, Rodriguez voit directement que<br />

Caicedo ne fera pas des vieux os au Kiel.<br />

“C’est un magicien. Il avait quelque chose d’excep-<br />

16 ; La Dernière Heure-<strong>Les</strong> Sports Novembre <strong>2023</strong>


133<br />

tionnel. Son corps était déjà taillé pour le haut<br />

niveau.”<br />

Sa tête peut être un peu moins mais le médian des<br />

Blues se forge un mental en pouvant compter sur<br />

l’intendant. “Il pouvait me téléphoner même en<br />

pleine nuit s’il rencontrait un problème. Et c’était<br />

un bonheur car c’est un garçon bien éduqué alors<br />

qu’il a grandi dans la pauvreté. Moisés pouvait me<br />

remercier 50 fois pour quelque chose que j’avais<br />

fait pour lui.”<br />

Très vite, le professionnalisme<br />

du milieu de terrain<br />

saute aux yeux. En Belgique,<br />

le football constitue sa<br />

seule priorité.<br />

“Une fois, il est revenu de la<br />

sélection nationale. Son<br />

voyage en avion avait duré<br />

24 heures. On jouait le<br />

lendemain et Javier Torrente,<br />

le coach, me dit qu’on le<br />

laisse au repos. Quand je l’ai<br />

récupéré à l’aéroport, je l’ai<br />

informé de cette décision et<br />

il était au bord de la crise de<br />

nerfs et en pleurs. Il voulait absolument jouer. J’ai<br />

appelé Javier pour lui annoncer qu’il devait le<br />

prendre dans le groupe.”<br />

Malgré un bilan désastreux où le Beerschot ne<br />

prendra que huit points en quatorze matchs, le<br />

natif de San Domingo garde son sourire dans un<br />

groupe dont l’humeur ne se disperse pas malgré<br />

S'il a aussi été important pour Ramiro Vaca et Mauricio Lemos, Seba<br />

Rodriguez (en bleu) a noué un lien indéfectible avec Moisés Caicedo<br />

(à droite). D.R.<br />

Buteur avec le Beerschot, Moises Caicedo a éliminé les Francs Borains de Steven Crolet<br />

en Coupe de Belgique en octobre 2021 à Boussu. Belga<br />

une position de lanterne rouge bien ancrée. “On a<br />

changé trois fois de coach cette saison-là (NdlR :<br />

Javier Torrente succéda à Peter Maes en septembre,<br />

avant que Greg Vanderidt ne termine le championnat)<br />

mais l’ambiance à l’intérieur du groupe<br />

était top. Il y avait, certes, des disputes mais ce<br />

n’était pas comme en 2012 où, là, c’était grave. Et<br />

Moisés s’habituait de mieux en mieux parce qu’on<br />

allait dans des restos espagnols et je lui avais<br />

même trouvé un magasin qui vendait des produits<br />

alimentaires équatoriens."<br />

Si, à Anvers, sa famille lui manque, Caicedo peut<br />

compter sur Rodriguez pour le réconforter dans les<br />

moments pénibles comme lors des fêtes de fin<br />

d’année passées en Belgique à cause du Boxing<br />

Day. “À Noël, il était tout seul. Je l’ai invité, lui et<br />

Ramiro Vaca, à le passer avec ma famille. Chacun<br />

devait offrir un cadeau à la personne qu’il avait<br />

pioché lors d’un tirage au sort. Il avait tiré le<br />

carton ‘Seba’ mais avec l’écriture de ma femme,<br />

Moisés a lu ‘Cela’. Il a cru que c’était une femme.<br />

Du coup, il m’a offert des pantoufles… roses ! Tout<br />

le monde a eu un fou rire incontrôlable.”<br />

Son cœur lui disait<br />

de rester en Belgique<br />

Quelques jours après le 25 décembre 2021, celui<br />

qui appartient à l’époque à Brighton appelle<br />

Rodriguez. <strong>Les</strong> Seagulls veulent le rapatrier lors du<br />

mercato d’hiver. Étonnamment, le choix de rester<br />

dans la capitale du diamant le titille malgré une<br />

relégation quasiment déjà actée pour le matricule<br />

155.<br />

“Graham Potter voulait le rappeler. Il m’a dit :<br />

'Seba, qu’est-ce que je dois faire ? Je ne sais pas si<br />

je vais jouer, alors qu’en Belgique, j’ai du temps de<br />

jeu et je suis heureux'.”<br />

Le cinquantenaire éclaire l’Équatorien sur son<br />

choix à effectuer. “Le Beerschot, ce n’est pas la<br />

Premier League. Tu ne dois pas suivre ton cœur<br />

sinon je sais que tu resteras<br />

ici. C’est ton avenir qui<br />

compte.”<br />

Durant son premier mois en<br />

Angleterre, en janvier 2022,<br />

Caicedo appellera souvent<br />

son compère belge pour<br />

chercher du réconfort qu’il ne<br />

retrouve pas à Brighton où il<br />

ne décollera pas du banc<br />

jusqu’au 9 avril. Avant d’enchaîner<br />

huit titularisations<br />

pour clôturer la saison. Et<br />

s’envoler définitivement avec<br />

les Seagulls la saison dernière.<br />

Au point de pousser Todd Boehly, le propriétaire<br />

américain de Chelsea, à sortir de ses poches perméables<br />

133 millions l’été dernier. Avec pour<br />

Caicedo des réminiscences de la Belgique plein la<br />

tête. Et toujours des adducteurs imperméables aux<br />

grands écarts vertigineux.;<br />

Acheté 133 millions € par Chelsea<br />

à Brighton l’été dernier, Moisés Caicedo<br />

est devenu le transfert le plus cher<br />

de l’histoire de la Premier League.<br />

Le top 10 des transferts<br />

les plus chers de PL<br />

1. Moisés Caicedo (Équ) 133 millions €<br />

Brighton > Chelsea en <strong>2023</strong><br />

2. Enzo Fernández (Arg) 121 millions €<br />

Benfica > Chelsea en <strong>2023</strong><br />

3. Jack Grealish (Ang) 118 millions €<br />

Aston Villa > Man City en 2021<br />

4. Declan Rice (Ang) 117 millions €<br />

West Ham > Arsenal en <strong>2023</strong><br />

5. Romelu Lukaku (Bel) 113 millions €<br />

Inter Milan > Chelsea en 2021<br />

6. Paul Pogba (Fra) 105 millions €<br />

Juventus > Manchester Utd en 2016<br />

7. Antony (Bré) 95 millions €<br />

Ajax > Manchester Utd en 2022<br />

8. Joško Gvardiol (Cro) 90 millions €<br />

RB Leipzig > Manchester City en <strong>2023</strong><br />

9. Harry Maguire (Ang) 87 millions €<br />

Leicester > Manchester Utd en 2019)<br />

10. Jadon Sancho (Ang) 85 millions €<br />

Borussia Dortmund > Manchester Utd en 2021<br />

Novembre <strong>2023</strong> La Dernière Heure-<strong>Les</strong> Sports ; 17


L’indispensable couteau<br />

suisse d’Arsenal<br />

Arsenal, pas aidé par son infirmerie, peut de plus en<br />

plus compter sur Takehiro Tomiyasu. Au point de prendre<br />

régulièrement une place de titulaire à l’arrière gauche,<br />

une position qui n’est pourtant pas naturelle pour le<br />

Japonais. Pour le plus grand bonheur de Mikel Arteta.<br />

Takehiro Tomiyasu fait l’unanimité chez les Gunners. AFP<br />

8Par RAPHAëL DEBY7<br />

Arrivé il y a maintenant deux ans, Tomiyasu n’était<br />

pas du tout connu du grand public et, encore<br />

moins, des fans des Gunners, assez peu au fait de<br />

ce qu’il se passe à Bologne où jouait le Japonais.<br />

Défenseur central de formation mais capable de<br />

jouer comme arrière droit, il s’est directement<br />

imposé sur le côté de la défense londonienne au<br />

point de devenir un indiscutable.<br />

Malheureusement pour lui, le retour de prêt de<br />

William Saliba l’an dernier l’a régulièrement envoyé<br />

sur le banc, Mikel Arteta préférant glisser Ben<br />

White comme arrière droit. Pourtant, ses prestations<br />

de qualité lui permettaient de garder la<br />

confiance du technicien espagnol qui ne devait<br />

pas craindre une baisse de niveau lorsqu’il était<br />

aligné.<br />

Dans la folle course au titre qui l’opposait à Manchester<br />

City l’an dernier, Arsenal a été rattrapé par<br />

sa jeunesse, son inexpérience mais aussi par ses<br />

blessures.<br />

À gauche toute<br />

Si beaucoup d’observateurs ont pointé, à raison,<br />

l’absence de Saliba pour les onze derniers matchs<br />

de Premier League, peu ont appuyé sur le fait que<br />

Tomiyasu manquait également à l’appel durant<br />

cette période à cause d’une blessure au genou.<br />

Sans cela, Arteta l’aurait certainement aligné que<br />

ce soit dans l’axe ou à droite en remplaçant White<br />

aux côtés de Gabriel. À l’inverse, le Catalan devait<br />

se résoudre à faire confiance à Rob Holding, pas<br />

au niveau d’un concurrent au titre, et à Jakub<br />

Kiwior, encore bien trop tendre. Dire qu’Arsenal<br />

aurait été champion sans la blessure de Tomiyasu<br />

serait aller trop loin mais ce scénario paraît tout<br />

de même crédible.<br />

S’il avait déjà dépanné comme arrière gauche les<br />

deux dernières saisons, Tomiyasu semble désormais<br />

destiné à tenir cette position après la blessure de<br />

Jurriën Timber dès le premier match de championnat.<br />

Généralement titulaire à cette position,<br />

Oleksandr Zinchenko commence à sentir le souffle<br />

du Japonais dans son rétroviseur et est même en<br />

train de perdre la bataille dans les grands matchs<br />

puisque l’ancien joueur de Saint-Trond lui a été<br />

préféré lors des trois dernières grandes rencontres :<br />

la double confrontation face à Séville en Ligue des<br />

champions et le déplacement à Newcastle.<br />

Ces dernières rencontres montrent une tendance :<br />

Arteta semble privilégier le Japonais lorsque<br />

l’adversité est plus importante pour ses qualités<br />

défensives alors que l’Ukrainien a la préférence<br />

contre des équipes supposées plus faibles qui<br />

18 ; La Dernière Heure-<strong>Les</strong> Sports Novembre <strong>2023</strong>


La Premier League c’est une<br />

EXCLUSIVITÉ<br />

brentford - arsenal<br />

Samedi 25/11 à 18:30<br />

jouent plus bas avec un bloc regroupé. Cette<br />

concurrence nouvelle est clairement une bonne<br />

nouvelle pour tout le club. Même Zinchenko,<br />

pourtant pénalisé par cela, parle d’un “signe<br />

positif” pour les Gunners.<br />

”Je peux jouer à n’importe quelle position de la<br />

défense.” Ces mots de Tomiyasu lors de sa première<br />

interview pour le club résonnent encore plus<br />

actuellement.” C’est un atout formidable, explique<br />

le manager des Gunners. Nous n’avons pas de<br />

joueur comme lui. Défensivement, c’est probablement<br />

le meilleur que j’ai vu dans de nombreuses<br />

situations. Il lit le danger et résout des situations<br />

urgentes avec beaucoup de calme. Il est toujours<br />

alerte et très concentré.”<br />

Dans les faits, il faut bien reconnaître que s’il a<br />

des défauts, ils ne sont pas vraiment visibles.<br />

Rapide, fort dans les duels du haut de son mètre<br />

87, l’international japonais a tout ce qu’il faut<br />

pour prester à un très haut niveau. Face à Burnley,<br />

l’absence de White pour cause de maladie aurait<br />

pu causer des maux de tête à Arteta mais il n’a<br />

pas hésité longtemps avant de replacer Tomiyasu à<br />

droite qui a assuré le coup, sans broncher.<br />

En tout cas, ses performances marquent les esprits<br />

des observateurs mais aussi des supporters qui ont<br />

voté en majorité pour qu’il soit désigné meilleur<br />

joueur du mois d’octobre malgré seulement deux<br />

titularisations en cinq matchs. Qu’a-t-il fait pour<br />

être choisi ? Déjà, il a marqué son premier but<br />

sous le maillot londonien lors de l’écrasante victoire<br />

face à Sheffield. Un but qui a fait plaisir à<br />

toute l’équipe, heureuse de fêter la réalisation<br />

d’un joueur si apprécié et travailleur.<br />

Ensuite, il a brillamment su effacer le traumatisme<br />

de Manchester City. L’an dernier, lors du choc face<br />

aux Citizens, il avait offert le premier but à Kevin<br />

De Bruyne en ratant complètement sa passe en<br />

retrait.<br />

Cette année, sa montée au jeu a été décisive en<br />

offrant le pré-assist pour le but de Martinelli<br />

après une consigne explicite d’Arteta qui lui<br />

demandait de jouer plus haut, quasiment aux<br />

côtés de Kai Havertz qui occupait alors la pointe<br />

de l’attaque.<br />

Car, oui, à Arsenal, les backs ne sont pas des<br />

simples backs. Inspiré par Pep Guardiola, Arteta<br />

leur demande souvent de venir prêter main-forte<br />

dans le cœur du jeu, un apport loin d’être naturel<br />

mais que Tomiyasu a réussi à apprivoiser avec le<br />

temps. Capable de dépanner partout, le Japonais<br />

est un cadeau du ciel pour un entraîneur comme<br />

Arteta. Sa meilleure position ? “Je ne sais pas”,<br />

répond le manager. Le principal intéressé ne semble<br />

pas vraiment savoir répondre à cette question<br />

non plus. “Pour être honnête, je ne me suis pas<br />

entraîné pour être ambidextre, a-t-il déclaré. Quand<br />

j’étais enfant, si j’avais la balle sur mon pied droit,<br />

je jouais avec mon pied droit et s’il était sur mon<br />

pied gauche, je jouais avec mon pied gauche. Le<br />

plus important est de jouer. Si le coach me dit de<br />

jouer en attaque, je le ferai.”<br />

Le Japonais, semble, en tout cas, s’accommoder à<br />

cette situation qui n’est pourtant pas facile à<br />

dompter. “Mon rôle change à chaque match mais la<br />

chance la plus importante est la façon de se comporter<br />

sur le terrain, à quel point tu veux gagner le<br />

match et battre ton opposant. Cela ne change pas.<br />

Mon boulot est de me donner à 100 % sur le terrain,<br />

ma position n’a pas d’importance.”<br />

Tout donner sur le terrain, Tomiyasu sait le faire et<br />

ne peut presque pas s’en empêcher. Lorsqu’il était<br />

à Saint-Trond, des membres du staff devaient<br />

même lui demander d’arrêter de s’entraîner seul à<br />

la fin des séances.<br />

Arteta le sait bien et ne voulait absolument pas<br />

perdre un joueur si intelligent sur le terrain et si<br />

flexible. Cet été, l’Inter Milan s’était d’ailleurs<br />

manifesté pour rapatrier le défenseur en Italie<br />

mais le coach espagnol et <strong>Ed</strong>u Gaspar, le directeur<br />

sportif des Gunners, n’ont pas voulu donner suite<br />

à une telle offre, conscients qu’il pourrait être très<br />

utile même s’il n’avait pas énormément joué la<br />

saison dernière.<br />

Un signe ne trompe pas concernant son changement<br />

de statut : sa présence en conférence de<br />

presse avant le match retour face à Séville. Invité<br />

à réagir aux polémiques liées au VAR lors du match<br />

précédent face à Newcastle, Tomiyasu n’avait pas<br />

voulu rentrer dedans. “Pour être honnête, je ne sais<br />

pas mais c’est mieux de ne pas dire grand-chose car<br />

je suis un joueur. Mon rôle est de jouer et de performer<br />

sur le terrain, c’est tout.” Discret, le Japonais<br />

brille d’abord sur le terrain avant de s’exprimer à<br />

tort et à travers. Très humble, il sait aussi d’où il<br />

vient. “Il y a cinq ans, je jouais encore en<br />

deuxième division japonaise, avait-il expliqué au<br />

micro de TNT Sports. Je ne pouvais pas imaginer à<br />

l’époque que je jouerais pour Arsenal. Je suis si fier<br />

d’avoir de tels coéquipiers.”<br />

Sans faire de bruit, le Japonais s’affirme comme<br />

une arme redoutable d’abord par ses qualités<br />

défensives mais surtout une flexibilité tactique<br />

rare à ce niveau. Si son apport est souvent sousestimé,<br />

il pourrait bien s’affirmer comme l’un des<br />

pions importants pour Arsenal cette saison qui<br />

rêve de retrouver le titre qui lui échappe depuis<br />

2004.;<br />

41<br />

Takehiro Tomiyasu a disputé 41 matchs<br />

avec Saint-Trond, où il était arrivé<br />

en janvier 2018 d’Avispa Fukuoka<br />

pour 800 000 euros. Il avait dû attendre la fin<br />

de saison pour effectuer ses débuts en Jupiler<br />

Pro League, lors de l’avant-dernière journée<br />

des Europe playoffs, en jouant… une minute,<br />

sous Jonas De Roeck ! La saison suivante, avec<br />

Marc Brys, il a véritablement intégré l’équipe<br />

des Canaris (37 matchs de championnat joués).<br />

Tomiyasu a quitté le Staien l’été suivant,<br />

en 2019, acheté par Bologne 7 millions.<br />

“On peut<br />

utiliser Takehiro dans<br />

différentes positions,<br />

il est tellement fiable.”<br />

Mikel Arteta<br />

Son coach à Arsenal.<br />

Novembre <strong>2023</strong> La Dernière Heure-<strong>Les</strong> Sports ; 19<br />

ap


Pour “Oncle Sonny”,<br />

c’était Bob l’Éponge<br />

en allemand<br />

Le Sud-Coréen de Tottenham Heung-min Son,<br />

populaire, authentique, simple et diablement<br />

efficace, est considéré comme “le plus gentil<br />

de la planète.”<br />

20 ; La Dernière Heure-<strong>Les</strong> Sports Novembre <strong>2023</strong><br />

8Par Louis Janssen7<br />

La technique consiste à ne pas sourire. C’est vrai<br />

que la vie est vachement moins joyeuse mais au<br />

moins les rides sont moins creusées. La presse<br />

people pense que Kim Kardashian montre rarement<br />

ses dents pour cette seule et simple raison. Peutêtre<br />

que la star américaine se lâcherait un peu plus<br />

si elle se penchait sur le cas de Heung-min Son :<br />

pas une seule ride, le visage du Sud-Coréen de<br />

Tottenham ; malgré les innombrables sourires qu’il<br />

a pu afficher au fil des années.<br />

En plus, façon Benjamin Buton, il a officiellement<br />

un an de moins depuis juin. Tout ça grâce à ce bon<br />

vieux Yoon Suk Yeol. Plutôt qu’une histoire de<br />

voyage spatiotemporel, une simple question d’harmonisation.<br />

Le président de la Corée du Sud a enfin<br />

décidé de faire comme tout le monde en abolissant<br />

cette drôle de loi qui consistait à prendre la période<br />

de gestation en compte dans l’âge de chacun<br />

des ressortissants ; à sa naissance, un nouveau-né<br />

coréen avait donc un an.<br />

Du haut de ses 31 ans printemps (et plus 32,<br />

donc), Son retrouve une seconde jeunesse. Initialement<br />

annoncée difficile à la suite du départ de son<br />

“partner in crime” Harry Kane, elle le voit prospérer<br />

comme jamais à Tottenham. De quoi consolider son<br />

statut officieux de “joueur le plus apprécié” de<br />

Premier League.<br />

Huit ans qu’il y pense Ange<br />

Seuls Erling Haaland (13) et Mohamed Salah (10)<br />

en ont, pour l’instant, inscrit cinq et deux de plus<br />

respectivement en Premier League. Il faut dire que<br />

le compteur buts de Son reste bloqué à huit depuis<br />

la malheureuse blessure de James Maddison. Mais il<br />

ne va certainement pas attendre que le plus créatif<br />

des milieux du championnat revienne pour encore<br />

faire trembler les filets. Ce qui différencie le Coréen<br />

de la machine norvégienne et du phénomène égyptien<br />

? Sa précision de tir (73 % de ses frappes sont<br />

cadrées) et son impressionnant taux de conversion<br />

(36 % de ses frappes se transforment en but).<br />

L’œil pour le goal, il l’a toujours eu finalement.<br />

Si, aujourd’hui, il s’en réjouit, Ange Postecoglou l’a<br />

maudit huit ans plus tôt.<br />

“Il a marqué contre moi lors des Jeux asiatiques de<br />

2015, s’est souvenu l’actuel coach des Spurs,<br />

ancien sélectionneur de l’Australie. Ça a suffi pour<br />

que je me rende compte qu’il était plutôt un bon<br />

buteur. Je n’ai pas eu besoin de plus de preuves. Ce<br />

que tu te demandes au moment d’analyser tes<br />

joueurs offensifs, c’est s’ils constituent une véritable<br />

menace devant la cage adverse. Il l’a toujours été et<br />

il finit bien.”<br />

Des arguments qui ont poussé l’entraîneur à repositionner<br />

“Sonny” dans une position plus axiale<br />

maintenant que Kane a décidé de s’installer à<br />

Munich. Mais même le départ de son pote n’a pas<br />

affecté la productivité de celui qui a fraîchement<br />

hérité du brassard. L’incroyable forme qu’affichent<br />

les deux hommes loin de l’autre fait vite oublier à<br />

quel point ils s’entendaient bien. Citez n’importe<br />

quel duo qui a pu terroriser les défenses de Premier<br />

League : aucun n’a davantage combiné pour marquer<br />

que Kane et Son.<br />

L’autre moitié est partie à Munich<br />

La paire anglo-coréenne a tout de même célébré 47<br />

buts ensemble. Soit onze de plus que l’illustre


La Premier League c’est une<br />

EXCLUSIVITÉ<br />

toTtenham - ASTON villa<br />

Dimanche 26/11 à 15:00<br />

Erik Lamela ? Ou celle où il protège les mascottes<br />

qui l’accompagnent sur la pelouse de la pluie ?<br />

“Mon père le dit et je suis d’accord avec lui : quand<br />

tu te maries, la famille sera ta priorité absolue,<br />

a-t-il expliqué dans une interview accordée à The<br />

Guardian. Le football viendra après la femme et les<br />

enfants. Et là, je veux tout donner pour être au<br />

meilleur niveau.”<br />

Celui qui a effectué la première partie de son<br />

service militaire durant la pandémie est aussi le<br />

premier à aller vers les petits nouveaux à Tottenham.<br />

Quand il n’engage pas un chef coréen renommé<br />

pour faire plaisir aux employés de l’ombre<br />

du club, il est tout aussi souvent à la table des<br />

stars qu’à celle du petit jeune qui effectue ses<br />

premiers pas en équipe première. D’autant plus<br />

qu’il est bien placé pour savoir à quel point il est<br />

difficile de s’adapter dans un nouveau groupe :<br />

quand il a débarqué à Hambourg, en 2010, il a<br />

appris la langue en regardant des épisodes de Bob<br />

l’Éponge en allemand.<br />

tandem formé par Didier Drogba et Frank Lampard à<br />

Chelsea ou dix-huit de plus que ceux incarnés par<br />

David Silva et Sergio Aguero à Manchester City et<br />

Robert Pires et Thierry Henry à Arsenal. Le partage<br />

équitable est tout aussi étonnant : 24 buts et 23<br />

assists pour Son, l’inverse pour son ex-compagnon.<br />

Faute d’un point de repère devant lui, ce sont<br />

maintenant les entrées de la surface adverse que<br />

Son trouve les yeux fermés.<br />

Près d’une touche de balle<br />

sur cinq est effectuée dans<br />

le grand rectangle de l’opposition.<br />

Sans compter que sa<br />

position plus haute sur<br />

l’échiquier libère un espace<br />

d’expression bien plus vaste pour l’artiste qu’est<br />

Maddison. Autant dire que le repositionnement<br />

prend tout son sens. Tant à la vue des kilomètres<br />

que le trentenaire a déjà parcourus, qu’à celle de la<br />

composition de l’effectif ou de ses qualités intrinsèques.<br />

“Quand tu le déploies dans un tel rôle, il travaille si<br />

dur et le fait toujours au service du collectif, a<br />

À 31 ans, Son retrouve<br />

une seconde jeunesse<br />

avec Tottenham. AFP<br />

Gareth Bale : “S’il est le gars<br />

le plus gentil dans le football ?<br />

Je dirai que c’est le plus gentil<br />

du monde même…”<br />

analysé Postecoglou. Il a été exceptionnel en tant<br />

que leader et en tant que joueur.”<br />

Aussi décisif que touchant<br />

Plus encore que ses flopées d’actions décisives, Son<br />

brille par son authenticité et sa simplicité. Raisons<br />

pour lesquelles il est largement reconnu comme le<br />

joueur “le plus apprécié” ou “le plus gentil” d’Angleterre.<br />

Le Coréen est<br />

peut-être le seul dont les<br />

vidéos de ses moments<br />

touchants sont aussi nombreuses<br />

que celles compilant<br />

ses dribbles, buts et<br />

assists. Parce que rien qu’un<br />

million et demi de personnes ont fondu sur Youtube<br />

quand, à la fin d’une interview, il a “simplement”<br />

redéposé le micro sur la table avec une<br />

délicatesse traduisant un respect profond envers<br />

les journalistes.<br />

Que dire de ses séquences qui refont surface chaque<br />

année où “Oncle Sonny” amuse les enfants de<br />

ses (ex-)coéquipiers Christian Eriksen, Eric Dier et<br />

Aussi populaire que les stars de K-Pop<br />

“S’il est le gars le plus gentil dans le football ? Je<br />

dirai que c’est le plus gentil du monde même, a<br />

rigolé Gareth Bale. Je n’exagère pas. Peu importe ce<br />

qu’il se passe, il est toujours heureux… sauf peutêtre<br />

si on perd. Dans ce cas-là, il est triste pendant<br />

deux heures puis son sourire revient. C’est un gars<br />

incroyable et sans aucun doute le plus sympa de la<br />

planète. Il blague tout le temps et emporte tout le<br />

monde son sillage. Son sourire illumine une pièce.”<br />

Et les rues de “Little Seoul” à Londres, petit quartier<br />

de la capitale où l’attaquant est pratiquement<br />

vénéré. “<strong>Les</strong> enfants lisent les journaux juste pour<br />

voir si Son y figure, a raconté une habitante lors<br />

d’un reportage réalisé par CNN. <strong>Les</strong> parents me<br />

demandent comment inscrire leurs enfants au football.<br />

Ils voient à quel point il travaille dur sa discipline<br />

et c’est ce que les gens apprécient.”<br />

Que ce soit dans la capitale anglaise ou dans son<br />

pays natal. Philanthrope, il a effectué un don de<br />

120 000 € pour financer les opérations de sauvetage<br />

durant les feux de forêt du district de Goseong<br />

en 2019. “Je pense que c’est quelque chose que je<br />

dois faire quand il y a un tel désastre dans mon<br />

pays. À mes yeux, l’argent n’est pas important. Ce<br />

n’est rien comparé à ce que les victimes ont enduré.”<br />

Cette année, il a même été élu deuxième célébrité<br />

coréenne “la plus puissante” par le magazine<br />

Forbes juste derrière BTS, groupe de K-Pop qui<br />

présente l’avantage d’être composé de six membres.<br />

Donc en pondérant…<br />

Populaire auprès de ses coéquipiers, de sa nation,<br />

du staff, Son l’est même auprès de ses adversaires<br />

et… des arbitres. Au moment d’honorer sa 100 e cap<br />

avec la Corée, contre le Chili, il avait converti un<br />

coup franc durant le temps additionnel. Mais aussi<br />

joué les pacificateurs quand les deux défenseurs<br />

centraux adverses, Benjamin Kuscevic et Paulo<br />

Diaz, se sont frités. L’image de “Sonny” quittant le<br />

terrain de Goodison Park en larmes après avoir été<br />

exclu pour avoir malencontreusement disloqué la<br />

cheville d’André Gomes a fait le tour de la planète<br />

aussi. Si sa suspension a finalement été annulée en<br />

raison du caractère involontaire de son intervention,<br />

l’évènement n’a pas pour autant influencé ses<br />

relations avec l’arbitrage. La preuve : il ne manque<br />

pas de proposer une gorgée d’eau aux arbitres en<br />

plein match non plus.;<br />

Novembre <strong>2023</strong> La Dernière Heure-<strong>Les</strong> Sports ; 21


Willian (Fulham) contre Tottenham en octobre. AFP<br />

Willian, le Brasil à la sauce anglaise<br />

Le Brésilien, 35 ans, va bientôt disputer avec Fulham son 300 e match de Premier League.<br />

Un record. Pourtant, c’est en Arabie saoudite qu’il voulait disputer cette (dernière ?) saison…<br />

8Par Laurent Denuit7<br />

Il va bientôt disputer son 300 e match de Premier<br />

League. Un record pour un Brésilien. Dix ans après<br />

son arrivée en Premier League. Willian, c’est le<br />

Brasil à la sauce anglaise. Il a gagné tous les prix au<br />

Royaume-Uni : deux championnats (2015 et 2017),<br />

une Cup (2018) et une Coupe de la Ligue (2018).<br />

Quatre trophées remportés avec Chelsea. Quand il<br />

faisait les beaux jours des Blues, avec <strong>Ed</strong>en Hazard.<br />

À Stamford Bridge, Willian est devenu une star<br />

internationale. Lui qui avait quitté ses Corinthians<br />

et son Brésil natal pour… l’Ukraine, à dix-neuf ans.<br />

En 2007, il posa ses valises au Shakhtar Donetsk.<br />

Quatre ans et demi plus tard, avec onze récompenses<br />

en poche (cinq championnats, quatre coupes et<br />

deux supercoupes), il déménagea en Russie, au<br />

sulfureux club d’Anzhi Makhachkala, chasseur de<br />

stars. Dans la capitale du Daghestan, le Brésilien<br />

avait pour équipiers Samuel Eto’o, Mbark Boussoufa<br />

ou Mehdi Carcela. Mais le projet pharaonique d’Anzhi<br />

prit l’eau et les vedettes étrangères quittèrent le<br />

navire. Londres attend Willian…<br />

Tottenham a un accord avec le club russe et est prêt<br />

à lui offrir 35 millions € pour le Brésilien, la somme<br />

de transfert payée au Shakhtar quelques mois auparavant.<br />

Willian est d’accord, et débarque dans la<br />

capitale anglaise au mois d’août 2013 pour passer la<br />

traditionnelle visite médicale à White Hart Lane.<br />

Mais un autre club londonien va s’immiscer dans le<br />

deal : Chelsea chipe l’ailier chevelu à son voisin. Et<br />

ne le regrettera pas. Pendant sept saisons (2013-<br />

2020), l’Auriverde va briller chez les Blues. Et collectionner<br />

les titres. Avant de filer à l’anglaise, dans un<br />

autre quartier londonien, chez un rival. Arsenal lui<br />

propose ce que les dirigeants<br />

de Stamford Bridge lui refusaient<br />

: un nouveau contrat<br />

de trois ans.<br />

Mais c’est désormais dans un<br />

troisième club londonien<br />

que l’ancien international auriverde (70 matchs, 9<br />

buts avec la Seleção) continue de performer. Avec<br />

Fulham, dans le même quartier que Chelsea. Pour<br />

une deuxième saison moins brillante que la première.<br />

À 35 ans, Willian se voyait d’ailleurs plutôt<br />

évoluer dans une oasis de la péninsule arabique<br />

plutôt que dans ces sables mouvants de la Premier<br />

League dans lesquels se débattent les Cottagers<br />

pour ne pas s’enfoncer dans les profondeurs du<br />

classement.<br />

“L’Angleterre, Londres, c’est<br />

un peu chez moi. C’est ici que<br />

je vivrai après ma retraite.”<br />

La chance de… Yannick Carrasco<br />

Cet été, le natif de Ribeirão Pires, au sud-est de São<br />

Paulo, avait en effet, lui aussi, succombé aux pétrodollars.<br />

Deux semaines après avoir prolongé son<br />

contrat avec Fulham, malgré la cour de Nottingham<br />

Forest, Willian acceptait la proposition, alléchante,<br />

des Saoudiens d’Al-Shabab. Le club de Saudi Pro<br />

League devait alors encore convaincre les dirigeants<br />

londoniens de libérer le Brésilien d’un contrat dont<br />

l’encre n’était pas encore<br />

sèche ! Alors que ses paroles<br />

après sa signature résonnaient<br />

encore dans les<br />

couloirs de Craven Cottage :<br />

“Je suis heureux d’avoir signé<br />

une année de plus avec Fulham. Heureux de pouvoir<br />

continuer le travail entamé la saison dernière (NdlR :<br />

il avait marqué cinq buts et délivré six assists, et<br />

Fulham avait terminé à une belle dixième place). Je<br />

pense que le club peut encore mieux faire, donc je<br />

suis heureux de continuer cette incroyable aventure…”<br />

Ces belles paroles se sont envolées devant<br />

la perspective de doubler son salaire (près d’un<br />

million par mois) en déménageant à Riyad.<br />

Sauf que Marco Silva, l’entraîneur, n’envisageait pas<br />

22 ; La Dernière Heure-<strong>Les</strong> Sports Novembre <strong>2023</strong>


La Premier League c’est une<br />

EXCLUSIVITÉ<br />

297<br />

Le top 10 des Brésiliens qui ont joué<br />

le plus de matchs en Premier League<br />

Willian<br />

297 matchs<br />

Fernandinho 264 matchs<br />

Roberto Firmino 256 matchs<br />

Lucas Leiva 247 matchs<br />

<strong>Ed</strong>erson<br />

228 matchs<br />

David Luiz 213 matchs<br />

Richarlison 210 matchs<br />

Heurelho Gomes 195 matchs<br />

Philippe Coutinho 193 matchs<br />

Gabriel Jesus 192 matchs<br />

son départ, d’autant qu’au même moment, Aleksandar<br />

Mitrovic, le buteur, allait, lui, gagner son bras<br />

de fer pour rejoindre Al-Hilal, autre club saoudien.<br />

Avec le Mexicain Raúl Jiménez, arrivé de Wolverhampton,<br />

les dirigeants de Fulham pensaient avoir<br />

une bonne alternative. Et le chèque de plus de<br />

50 millions € pour l’ancien attaquant serbe d’Anderlecht<br />

ne se refusait pas. Ils jugèrent par contre<br />

l’offre d’Al Shabab pour Willian insuffisante. Tout<br />

profit pour… Yannick Carrasco, à qui les Saoudiens<br />

offrirent le contrat du Brésilien, l’Atlético Madrid<br />

acceptant, lui, les quinze millions €.<br />

Willian débuta donc la saison à Fulham, sa dixième en<br />

Premier League. Un démarrage en demi-teinte, pas à la<br />

hauteur des perspectives entrevues la saison dernière.<br />

<strong>Les</strong> Cottagers, seizièmes, doivent cette fois regarder<br />

derrière eux. Mitrogoal n’a pas été remplacé….<br />

Willian continue, lui, d’enchaîner les rencontres.<br />

Contre Aston Villa, le 12 <strong>novembre</strong>, il a disputé son<br />

297 e match de Premier League. Bientôt le clap 300 !<br />

Et dire que le Brésilien pensait avoir clos son chapitre<br />

PL quand il a quitté Arsenal en 2021, pour un<br />

retour aux sources dans le club de ses débuts, les<br />

Corinthians. Certain d’avoir bouclé la boucle, après<br />

une mauvaise saison chez les Gunners. “Je n’étais<br />

pas heureux à Arsenal, c’est pourquoi je n’ai pas été<br />

performant…” glissa-t-il.<br />

Mais son come-back au pays s’est transformé en<br />

cauchemar. Menaces sur les réseaux sociaux, projets<br />

d’enlèvement, Willian a dû embaucher des gardes du<br />

corps pour protéger sa famille. “J’ai quitté le Brésil<br />

en 2007, à l’âge de dix-huit ans. J’ai vécu la majeure<br />

partie de ma vie professionnelle en dehors du Brésil.<br />

Il est donc difficile de gérer ces situations. J’avais<br />

vraiment peur. Au Brésil, on ne sait jamais ce qui<br />

pourrait arriver”, a-t-il raconté à Sportsmail.<br />

Alors, quand Fulham lui offre de revenir au Royaume-Uni,<br />

à l’été 2022, il est rentré dans sa deuxième<br />

patrie. À 3 km de Stamford Bridge. “J’aime le Brésil<br />

et ses habitants mais pour vivre la vie que nous<br />

voulons vivre, il vaut mieux être ici, avait lancé<br />

Willian lors de son arrivée à Craven Cottage. L’Angleterre,<br />

Londres, c’est un peu chez moi. C’est ici que je<br />

vivrai après ma retraite.”<br />

Après une ultime traversée du désert ?;<br />

Fulham - Wolverhampton<br />

Lundi <strong>27</strong>/11 à 21:00<br />

Depuis Isaías, le pionnier en 1995,<br />

les Brésiliens ont envahi la Premier League<br />

Au XX e siècle, les stars de la Seleção préféraient l’Espagne ou l’Italie.<br />

Elles ont désormais élu domicile au Royaume-Uni. Aligné pour la première fois le<br />

6 octobre 2013 avec Chelsea, Willian est le plus ancien des Brésiliens actuels de Premier League. Cette saison-là,<br />

treize Auriverdes avaient foulé les pelouses anglaises. <strong>Les</strong> expats brésiliens n’étaient alors que le huitième<br />

contingent étranger de PL, loin derrière la France et l’Espagne, 32 chacun.<br />

L’Angleterre a mis du temps à faire rêver les stars de la Seleção. Au XX e siècle, elles préféraient les lires italiennes, les<br />

pesetas espagnoles ou même les francs français, sans oublier évidemment les escudos portugais de l’ancien<br />

colonisateur. Si Ronaldo, Ronaldinho, Rivaldo, Romário, Zico, Cafu… et bien d’autres ont brillé sur le Vieux Continent,<br />

ils n’ont pas fait la Manche pour palper des livres anglaises.<br />

Il fallut attendre 1995 pour voir un premier Brésilien aligné en Premier League, un certain Isaías. Pas le magicien<br />

sérésien, qui ambiançait le Pairay avec sa patte magique dans les années nonante, passé ensuite par Metz,<br />

Mouscron ou Saint-Trond. Mais un homonyme, ailier gauche carioca, jamais international, arrivé en Europe de<br />

l’Associação Despo à l’été 1987, d’abord au Portugal. Rio Ave pour commencer, Boavista ensuite et enfin Benfica. À<br />

Lisbonne, Isaías Marques Soares se révéla, notamment en Ligue des champions 1991/1992 face à Arsenal, lorsqu’il<br />

marqua trois des quatre buts des Águias qui éliminèrent les Gunners en barrages. Coventry City le transféra en<br />

juillet 1995. Et Ron Atkinson aligna Isaías, 31 ans, face à Manchester City le 23 août 1995. Enfin un Brésilien foulait<br />

une pelouse de Premier League. À cette époque, la Belgique avait déjà un représentant dans le championnat anglais<br />

depuis un an : Philippe Albert, à Newcastle. Et Marc Degryse allait faire ses grands débuts une semaine plus tard,<br />

avec Sheffield Wednesday…<br />

Douze matchs de PL et deux buts plus tard, sans avoir marqué de son empreinte le championnat anglais sauf par ses<br />

“premières” (contre Chelsea, le 30 août 1995, il devint aussi le premier Brésilien buteur en Premier League), Isaías<br />

refaisait le chemin inverse avec un<br />

retour au Portugal en 1997, à<br />

Campomaiorense, avant un<br />

rapatriement au pays de la samba,<br />

en 1999, à l’Associação Despo…<br />

Deux autres Brésiliens ont été<br />

alignés dans sa foulée en Premier<br />

League lors de la saison 1995-1996.<br />

Juninho Paulista (52 matchs avec la<br />

Seleção, futur champion du monde<br />

2002), arrivé du FC São Paulo à<br />

Middlesbrough en octobre 1995,<br />

débuta le 4 <strong>novembre</strong> face à Leeds.<br />

Et Boro prit ensuite Branco (72<br />

rencontres sous le maillot auriverde,<br />

vainqueur de la World Cup 1994), en<br />

février 1996, à l’Internacional Porto<br />

Alegre.<br />

Trois Brésiliens alignés donc en<br />

1995/1966 en Premier League. Il<br />

fallut attendre les années 2000 pour<br />

que les produits auriverdes<br />

envahissent de plus en plus le<br />

marché anglais. Avec un premier<br />

boost des importations après le<br />

sacre mondial de la Seleção en 2002.<br />

Ils étaient six en 2002-2003. Très loin<br />

derrière les Français, 37 à jouer en<br />

PL.<br />

C’est en 2007 que débute<br />

réellement l’invasion : quatorze<br />

Brésiliens recensés, dont Cláudio<br />

Caçapa (Newcastle), l’actuel<br />

entraîneur du RWDM. <strong>Les</strong> Français<br />

(25) étaient alors encore largement<br />

devant, dans le sillage des Irlandais<br />

(28).<br />

Mais les Brésiliens sont aujourd’hui<br />

majoritaires, et de loin : 31 ont déjà<br />

joué cette saison en Premier League.<br />

Contre dix-neuf Français. Et quinze<br />

Belges…;<br />

Willian et son équipier Andreas Pereira, né à Duffel mais qui a choisi la Selecão. Fulham a déjà utilisé quatre<br />

Brésiliens cette saiosn, avec Carlos Vinícius et Rodrigo Muniz. PHOTO NEWS<br />

Novembre <strong>2023</strong> La Dernière Heure-<strong>Les</strong> Sports ; 23


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