Le dilemme de Kompany : se réinventer ou persévérer Le coach de Burnley, sans perdre son identité, va devoir faire sa mue pour maintenir son club en Premier League. Vincent Kompany est en mission : sauver Burnley de la relégation, sans renier ses principes de jeu… AFP
La Premier League c’est une EXCLUSIVITÉ goals of the day Samedi 25/11 à 16:00 8Par GilleS Joinau7 C’est vieux comme le monde. Mais tout va très vite en football. Demandez donc à Vincent Kompany. Flash-back. Le 8 mai dernier, Burnley humilie Cardiff 3-0 pour clôturer une brillante saison à 101 points en Championship. Meilleure attaque, meilleure défense, un pressing haut et un jeu léché… les 22 000 supporters de Turf Moor avaient rarement assisté à un tel spectacle. Eux qui étaient plutôt habitués à un bon vieux kick and rush très british. <strong>Les</strong> suiveurs sont unanimes : Vincent Kompany est l’architecte et le garant de ce succès. Mais ça, c’était avant. 203 jours après cet étincelant succès, Vincent Kompany et ses joueurs sont dans le dur. Après douze journées de Premier League, les Clarets sont derniers de Premier League avec la plus mauvaise attaque et la deuxième défense la plus poreuse du championnat. Vincent Kompany est-il encore l’homme de la situation ? Telle est la question qui est posée dans le Lancashire. Le “Kompany-Ball” est toujours vivant Ce n’est un secret pour personne, Vincent Kompany n’a jamais été un adepte du kick and rush. Guardiola est son maître ultime avec un jeu de possession basé sur des combinaisons. Des préceptes qui ont fait ses preuves dans l’antichambre de la Premier League mais qui peine à convaincre dans l’épreuve reine. Si on se plonge dans les chiffres, on remarque que Burnley évolue encore dans ce qu’on appelle outre-Manche, le “Kompany-Ball”. Son équipe a une possession de balle moyenne évaluée à 49,9 %. À titre de comparaison, ses concurrents pour le maintien oscillent entre 37,9 % (Sheffield United) et 35,6 % (Luton Town). À ce petit jeu territorial, les Clarets se classent onzièmes de Premier League. Une autre statistique prouve que les joueurs de Kompany ne se font pas que des passes latérales entre défenseurs. Avec une moyenne de 23,3 passes dans la dernière partie du terrain par match, Burnley est à peine devancé par Liverpool (23,9), Chelsea (25,8) et l’armada de Manchester City (28,2). Pour autant, possession ne rime pas toujours avec domination. Qu’est-ce qui cloche alors ? En un mot : l’efficacité. Pas tellement dans le dernier geste puisqu’avec onze occasions franches créées en douze rencontres, l’équipe est à sa place et seul Sheffield fait pire. Avec une moyenne de neuf buts attendus pour dix buts effectifs (les fameux “expected goals”), on ne peut pas dire que les attaquants se soient montrés maladroits. Le problème réside donc dans la créativité des éléments offensifs. Et, forcément, le bilan du mercato est déjà beaucoup discuté. Malgré 111 millions de livres investis, l’équipe ne parvient pas à produire du jeu. Et très peu des recrues tirent leur épingle du jeu. Mike Trésor, Zeki Amdouni, Wilson Odobert, Sander Berge, Aaron Ramsey… tous ces joueurs ont coûté entre douze et dix-huit millions d’euros. Mais aucun d’entre eux ne s’est affirmé comme une véritable plus-value. Une efficacité défensive à (re)trouver Bien évidemment, il est facile d’incriminer les éléments offensifs. Défensivement aussi, les lacunes sont criantes. Pourtant, en termes de chiffres, Burnley n’est pas si catastrophique qu’il n’y paraît. Au niveau des “expected goals” encaissés, le ratio de l’équipe est de 22,7 buts. Si la logique avait été respectée, le club ne serait… pas relégable ! Ce chiffre signifie que ses adversaires ont réalisé des exploits individuels pour tromper la vigilance de Trafford. Et les chiffres sont cruels : avec 30 buts pris en douze journées, Burnley est l’une des pires équipes de Premier League, seul Sheffield United fait pire (31). Si impressionnés après cette première saison, les suiveurs de Premier League sont évidemment beaucoup plus perplexes aujourd’hui. Est-il possible de se maintenir en Premier League avec les mêmes principes de jeu ? Pour Alan Shearer, Vincent Kompany va devoir se réinventer s’il veut avoir une chance de rester en Premier League. “Contre cette équipe, si vous pressez au bon moment, vous obtiendrez ce que vous voulez, a-t-il expliqué dans Match Of The Day. Burnley n’est pas bon en reconversion défensive. Vu qu’ils jouent haut, si vous le récupérez rapidement et “Nous ne nous fixons pas des objectifs irréalistes.” JamesTrafford a déjà encaissé 30 goals en 12 matchs, c’est trop pour la deuxième pire défense de Premier League. D’autant que Burnley possède aussi la moins bonne attaque (9)… AP que vous pressez bien, Burnley aura des problèmes. Si rien ne change, cela va se produire encore cette saison. À ce niveau, lorsque vous pensez avoir le temps de tourner le ballon, vous n’obtiendrez rien. Si le bloc défensif adverse est bien en place et qu’il se projette rapidement vers l’avant, ils seront punis à chaque match.” Le manque d’efficacité dans les deux surfaces amène à un constat implacable : Burnley est son pire ennemi. Pas assez efficace et talentueux pour jouer un football dominant, il est aussi plombé par ses errements défensifs. À l’image de la défaite contre Crystal Palace. “Pour le moment, les erreurs nous coûtent cher et nous devons nous assurer d’arriver au niveau de la Premier League ; ce qui n’est pas si facile, avait expliqué Kompany devant la presse. Nous avons fait des erreurs et nous devons analyser les conséquences des erreurs individuelles.” Un “Trust The Process” bis ? Après sa première année féerique, Vincent Kompany avait bien conscience des problèmes qui l’attendaient. Pour autant, il n’a pas voulu déroger à ses principes de jeu. Une impression confirmée par Ameen Al-Dakhil dans La <strong>DH</strong> : “Le coach a dit : 'On joue comme l’année passée', a expliqué le défenseur des Diables. Nous savions que le niveau allait augmenter et qu’il faudrait s’adapter au niveau. Nous étions préparés à ce que ce ne soit pas simple. Il nous a dit : ‘Si nous avons un moment difficile, c’est là que vous verrez ce que c’est d’être une équipe. Elle en deviendra plus forte’.” Kompany a déjà un peu effectué sa mue en déplaçant son bloc équipe un peu plus bas. Preuve encore par les chiffres. Lors des cinq premières journées, seul Manchester United récupérait plus de ballons dans le dernier tiers du terrain. Le tout face à des adversaires costauds comme City, United, Aston Villa, Nottingham Forrest et Tottenham. Après avoir récolté un petit point, il a choisi de reculer sa ligne défensive. Objectif : éviter les transitions rapides qui lui ont fait si mal malgré de bonnes intentions. Désormais, elle se classe quatorzième des équipes qui récupèrent le plus de ballons dans le dernier tiers. Une tactique qui n’a pas eu l’effet escompté puisqu’il n’a gagné qu’une seule rencontre depuis lors. Pas question pour l’ancien capitaine des Mauves de baisser les bras ou de tout changer. “On communique beaucoup au sein du club. Que ce soit le président ou les entraîneurs envers les joueurs. Nous ne nous fixons pas des objectifs irréalistes. Et nous avons défini une vision de ce que nous voulons pour cette saison.” Le maintien donc. Pour cela, il faudra briser une certaine malédiction puisqu’aucun club avec quatre points en douze journées ne s’est maintenu depuis la création de la Premier League. <strong>Les</strong> joueurs sont derrière lui La bonne nouvelle est que le groupe ne semble pas abattu après ce début de saison chaotique. “Je continue à croire en notre équipe, a poursuivi Ameen Al-Dakhil dans La <strong>DH</strong>. On sent aussi que le coach continue de nous faire confiance. On ne ressent pas spécialement de stress à cause de nos résultats. Nous avons un plan bien défini et nous restons calés dans ce plan. Nous changeons de petits détails et analysons ce que nous n’avons pas bien fait.” Surtout, il est encore soutenu par l’ensemble de son groupe. “Nous aimons tous jouer pour le manager, a dit Dara O’Shea lors du break avec l’Irlande. Avec nous tous, il a été formidable. En particulier, les plus jeunes. Il exige beaucoup de vous et il y a tellement de choses à apprendre. Mais je sens que nous progressons.” Un sentiment partagé par Vincent Kompany. “J’ai vécu ce début de saison avec un groupe de personnes tellement fantastiques, a assuré le principal intéressé pendant la trêve internationale. Si je devais concevoir un groupe de personnes avec lequel je dois surmonter cette épreuve, je prendrais le même. Ce que je vois dans le vestiaire ou sur les terrains d’entraînements, c’est que nous travaillons dur. L’entièreté du staff croit en ce groupe. Je suis certain que nos efforts et ceux des joueurs seront récompensés.” Cela pourrait commencer contre West Ham ce week-end. Continuer sur les mêmes bases tout en retrouvant l’efficacité, voilà le défi de Vincent Kompany après ce premier tiers de championnat. Bien joué, c’est bien. <strong>Les</strong> résultats, c’est mieux.; Novembre <strong>2023</strong> La Dernière Heure-<strong>Les</strong> Sports ; 15