DH/Les Sports+ - ExtraSpoort - Ed. 27 novembre 2023

La vie belge du transfert
le plus cher de l'histoire
de la Premier League
Noël chez l’intendant, spleen de quitter la Belgique :
quand Moisés Caicedo, le médian équatorien que Chelsea
a acheté à prix d’or à Brighton, jouait au Beerschot...
Du Beerschot à Chelsea: l’incroyable parcours de Moisés Caicedo. BELGA
8Par Julien Parcinski7
C’est un écart gigantesque à faire rompre les
adducteurs d’un footballeur. Le 27 octobre 2021
sur le pré du champêtre stade Robert Urbain des
Francs Borains, quand il marque l’un des quatre
buts de la qualification anversoise en Coupe de
Belgique, Moisés Caicedo est
loin d’imaginer qu’il étrennera
ses crampons trois mois
plus tard sur la pelouse du
Tottenham Hotspur Stadium.
La magie du foot peut vous
empêtrer dans le bourbon du pire Beerschot de
l’histoire puis vous rappeler pour faire de vous l’un
des acteurs des joutes du plus grand championnat
du monde.
Malgré un bilan désastreux où le Beerschot ne
prendra que huit points en quatorze matchs, le
natif de San Domingo garde son sourire dans un
groupe dont l’humeur ne se disperse pas. Que
retenir de cette courte aventure de quatre mois à
Anvers ponctué par de maigrelettes statistiques
(un but, une passe décisive en Jupiler Pro League)
mais des souvenirs gravés dans les mémoires par
les dribbles d’un tel joyau ?
”C’est un très bon garçon mais s’il s’exprimait
aisément avec ses pieds sur le terrain, ce n’était pas
toujours facile de parler avec lui à cause de la
barrière de la langue, nous confie Thibault De
Smet, son ancien partenaire au Kiel, aujourd’hui
au Stade de Reims. Il passait son temps avec
Ramiro Vaca (NdlR : ancien médian bolivien du
Seba Rodriguez:
“À Noël, il m'a offert
des pantoufles... roses.”
Beerschot), et notre intendant, Seba Rodriguez, l’a
aidé énormément car il parlait Espagnol. Il a été
précieux dans son intégration car Moisés vivait seul
en Belgique. Il était comme un père pour lui.”
Celui qui s’occupe des équipements du Beerschot
incarne un rôle essentiel dans le parcours du
Sud-Américain à tel point
que les deux hommes entretiennent
encore des contacts
réguliers. “Je devais aller voir
Chelsea – Arsenal en octobre,
sourit Seba Rodriguez. Moisés
m’avait dit que je devais dormir dans sa maison.
Finalement, ça ne s’est pas fait à cause de mon
agenda mais ce n’est que partie remise. Je l’ai
encore eu au téléphone récemment.”
Un professionnalisme à toute
épreuve malgré 24 heures d’avion
Dès le premier jour, le Belgo-Espagnol a été indispensable
dans les premiers pas anversois de la
pépite équatorienne qui avait quitté son pays pour
la première fois début 2021, transféré d’Independiente
del Valle à Brighton, à dix-neuf ans, puis
prêté au Beerschot par le club anglais durant l’été
suivant. “J’ai été le chercher à l’aéroport et l’Espagnol
est ma langue maternelle. Quand tu es dans
cette situation, tu as déjà gagné 60 % de sa confiance.”
À l’entraînement, Rodriguez voit directement que
Caicedo ne fera pas des vieux os au Kiel.
“C’est un magicien. Il avait quelque chose d’excep-
16 ; La Dernière Heure-Les Sports Novembre 2023