Lien n°76
Yad Vashem, le lien francophone n°76. Retour sur Yom Hashoah 2022.
Yad Vashem, le lien francophone n°76.
Retour sur Yom Hashoah 2022.
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YAD VASHEM<br />
LE LIEN FRANCOPHONE<br />
Jérusalem, mai 2022, no 76<br />
Cérémonie d’ouverture de Yom Hashoah 2022<br />
Retour sur Yom Hashoah 2022<br />
Thème annuel : La déportation - Transports vers la mort (p. 2-3)
YOM HASHOAH 2022<br />
UNE JOURNÉE DU SOUVENIR SOUS<br />
LE COUP DE L’ÉMOTION<br />
Flambeaux de la mémoire<br />
En Israël, la Journée du souvenir<br />
de la Shoah et de l’héroïsme<br />
(Yom Hashoah) est un jour<br />
solennel, qui débute le 27 du mois<br />
hébraïque de Nissan au coucher<br />
du soleil et s’achève le lendemain<br />
soir, selon la tradition juive. Dans<br />
tout le pays, des cérémonies<br />
commémoratives sont organisées<br />
et les lieux de divertissement<br />
sont fermés. Yad Vashem, en tant<br />
que centre international pour la<br />
mémoire de la Shoah ancré dans<br />
le droit israélien, accueille chaque<br />
année les cérémonies officielles.<br />
Cette année, après deux ans de<br />
fermeture au public pour cause de<br />
crise sanitaire, la place du ghetto<br />
de Varsovie, à Yad Vashem, a à<br />
nouveau accueilli ses dignitaires<br />
et visiteurs, le mercredi 27 avril au<br />
soir, et le jeudi 28 avril. Le Bureau<br />
français a eu l’honneur et la fierté<br />
de recevoir une trentaine de ses<br />
amis, venus de France, d’Israël, de<br />
Suisse et de Suède.<br />
Le thème annuel choisi pour<br />
commémorer Yom Hashoah 2022<br />
s’articulait autour de la déportation :<br />
transports vers l’extermination. Plus<br />
de la moitié des victimes de la Shoah<br />
ont été conduites à la mort par un<br />
système de déportation complexe,<br />
faisant appel aux trains, mais aussi<br />
aux autobus, camions, bateaux,<br />
jusqu’à la marche forcée. Tout au<br />
long de la Shoah, la déportation<br />
des Juifs dans des wagons plombés<br />
s’est poursuivie, sans cesse et sans<br />
relâche. Pour réduire le nombre de<br />
voyages et par conséquent leurs<br />
coûts, les autorités de déportation<br />
n’ont pas hésité à utiliser des trains<br />
vétustes, à augmenter le nombre de<br />
wagons par transport et à y entasser<br />
autant de Juifs - hommes, femmes<br />
et enfants – que possible. Le wagon<br />
Helena Rusk et son fils David, accueillis par Nathalie<br />
et Andy du Bureau francophone<br />
Joe et Claire Tugendhaft avec Dani Dayan président de Yad Vashem<br />
02<br />
LE LIEN FRANCOPHONE, MAI 2022, N°76
Dépôt de gerbe par Patricia<br />
et Willy Fazel<br />
Dépôt de gerbe par David Sztabholz et Francine<br />
Lévêque du Comite Francais<br />
Dépôt de gerbe par Béatrice Halpern<br />
Boukris<br />
à bestiaux, principal mode de<br />
déportation nazi, est devenu l’un des<br />
symboles les plus emblématiques<br />
de la Shoah. Soudain, le train qui<br />
incarnait jusque-là progrès et la<br />
mondialisation, marquait le recul de<br />
la civilisation, au service des plans<br />
génocidaires de l’Allemagne nazie.<br />
La cérémonie d’ouverture du 27<br />
avril au soir était retransmise en<br />
direct et en français à partir du site<br />
Internet de Yad Vashem. Parmi<br />
les officiels présents, le Premier<br />
ministre Naftali Bennett et le<br />
président de l’Etat, Isaac Herzog.<br />
Dans son allocution, le président<br />
Herzog a présenté une photo<br />
de soldats nazis et de miliciens<br />
ukrainiens exécutant une famille<br />
juive au bord d’une fosse à Miropol,<br />
Ukraine, en 1941. Sur le cliché,<br />
une mère tient la main de son fils,<br />
s’inclinant vers lui, au moment où<br />
des hommes lui tirent dans le dos.<br />
La fumée des coups de feu cache<br />
son visage derrière un nuage<br />
fantomatique. Dans ses bras, un<br />
autre enfant. Les tueurs semblent<br />
jouir de ce moment. « Qu’a-t-elle<br />
pu murmurer à l’oreille de son fils ?<br />
L’a-t-elle supplié de ne pas pleurer ?<br />
Et lui ? A-t-il pleuré ? A-t-il gardé le<br />
silence ? A-t-il compris ce qui était<br />
en train d’arriver ? A-t-il eu peur ? »,<br />
s’est interrogé Isaac Herzog. « La<br />
photographie est silencieuse –<br />
mais ce cliché est un hurlement.<br />
Il nous secoue. Il nous impose le<br />
silence. » Israël est « un phare »<br />
pour tous les Juifs du monde,<br />
Lecture des noms par Béatrice Halpern Boukris<br />
dans la Crypte du souvenir<br />
LE LIEN FRANCOPHONE, MAI 2022, N°76 03
YOM HASHOAH 2022<br />
a précisé le président de l’Etat,<br />
pour qui, les discours contestant<br />
le droit à l’existence d’Israël<br />
ne relèvent pas « de questions<br />
diplomatiques légitimes, mais bien<br />
d’un antisémitisme pur, qui doit<br />
être déraciné ».<br />
Le Premier ministre Naftali Bennett,<br />
a lui, montré au public une Feuille<br />
de témoignage de Yad Vashem,<br />
(Daf Ed), formulaire qui compile les<br />
détails biographiques des victimes<br />
de la Shoah) du nom d’une fillette.<br />
« Nom de famille : Reich. Prénom :<br />
non précisé. La seule chose que<br />
l’on sait c’est qu’elle est née et<br />
morte à Auschwitz », a rapporté<br />
Bennett. « Circonstances de la<br />
mort : prise immédiatement à sa<br />
mère. Age à sa mort : 30 minutes<br />
». Le formulaire a été rempli par la<br />
mère, Irène Reich.<br />
Le moment fort de cette cérémonie<br />
reste sans conteste l’allumage<br />
des six Flambeaux de la mémoire<br />
par six rescapés israéliens de la<br />
Shoah. Chaque année, une courte<br />
vidéo retrace le destin de ces<br />
femmes et ces hommes revenus<br />
de l’enfer, qui ont laissé derrière<br />
eux la majorité ou la totalité de<br />
leur famille, mais ont pourtant<br />
trouvé la force de reconstruire<br />
une vie et un foyer en Israël. Leur<br />
contribution à la création et au<br />
développement de l’Etat est un<br />
exemple d’espoir et d’optimisme.<br />
Premier rang : Béatrice Boukris, Patricia Fazel, Ilana Fayon, Willy Fazel<br />
Deuxième rang : Claire Tugendhaft, Franck Ettouati, Laurence Ettouati, Stéphanie Michaeli<br />
Troisième rang : Joe Tugendhaft, Guy Boukris, David Sztabholz, Pierre-Louis Michel Leveque, Francine Theodore-Leveque, Nathalie Blau<br />
Dernier rang : Charlotte Segal Rawet, Tommy Ringart, Zsuzsanna Reisch, Tobias Rawet, Valérie Groman, Andy Verreth<br />
04<br />
LE LIEN FRANCOPHONE, MAI 2022, N°76
FLAMBEAUX DE LA MÉMOIRE 2022<br />
Zvi Gill<br />
Zvi Glazer-<br />
Gill voit le<br />
jour en 1928<br />
en Pologne<br />
dans un foyer<br />
juif ultraorthodoxe.<br />
Au printemps 1940, un<br />
ghetto est créé dans sa ville, qui<br />
sera liquidé en août 1942. “Ils nous<br />
ont emmenés au cimetière, et là,<br />
ils nous ont séparés. Mon père<br />
et mes frères sont partis dans les<br />
camions à gaz de Chelmno. Je n’ai<br />
pas lâché la main de grand-père,<br />
mais un Allemand l’a frappé et<br />
nous avons été séparés de force”,<br />
se souvient Zvi.<br />
Zvi retrouve sa mère. Tous deux<br />
sont transportés par wagons à<br />
bestiaux au ghetto de Lodz où Zvi<br />
devient membre du Mouvement<br />
de jeunesse sioniste. “Une bulle<br />
humaine au milieu de l’enfer.<br />
Mais quand nous quittions cette<br />
bulle, nous tombions sur des<br />
cadavres étendus sur les trottoirs<br />
en attente d’être ramassés dans<br />
des charrettes ou des brouettes.”<br />
Pendant l’Aktion, sa mère le cache<br />
dans un placard. “J’étais persuadé<br />
que j’allais mourir”, note Zvi. “La<br />
question n’était pas si, mais quand.”<br />
En août 1944, ils espèrent la<br />
Libération. Mais les Allemands<br />
liquident le ghetto de Lodz avant<br />
l’arrivée de l’Armée rouge. Les Juifs<br />
survivants, dont Zvi et sa mère,<br />
sont déportés à Auschwitz. Zvi est<br />
transféré dans un camp de travaux<br />
forcés et affecté dans une usine<br />
de réparation d’avions. De là, il<br />
est transféré à Dachau, puis dans<br />
un autre camp d’Allemagne, avant<br />
d’être jeté dans un train pour une<br />
destination inconnue. Zvi réussit<br />
à s’échapper. Les gardes tentent<br />
de le poursuivre, sans y parvenir.<br />
“Je savais qu’ils allaient me tuer.<br />
De temps en temps, quand je<br />
suis assis avec mes enfants, je<br />
me demande comment j’ai réussi.<br />
Tout ma vie repose sur ces deux<br />
minutes d’évasion.”<br />
Il trouve refuge chez un fermier<br />
allemand, se faisant passer<br />
pour un Polonais, jusqu’à la<br />
Libération. En 1945, il arrive en<br />
Terre d’Israël et combat lors de la<br />
guerre d’Indépendance. Il est l’un<br />
des fondateurs de la télévision<br />
israélienne.<br />
Arie Shilansky<br />
Arie Shilansky<br />
voit le jour<br />
en 1928, en<br />
Lituanie, le<br />
plus jeune de 4<br />
enfants d’une<br />
famille sioniste. En juin 1941, les<br />
Allemands envahissent le pays.<br />
Arie et sa famille sont emprisonnés<br />
dans un ghetto. “Là, nous avons<br />
vécu la faim et l’humiliation”,<br />
raconte-t-il. Le 5 novembre 1943,<br />
commence l’Aktion des enfants.<br />
“ Le contremaître juif de l’usine<br />
nous a cachés dans un entrepôt et<br />
a camouflé la porte derrière une<br />
armoire en fer.”<br />
En juillet 1944, à l’approche<br />
de l’Armée rouge, le ghetto est<br />
évacué et ses prisonniers envoyés<br />
vers l’ouest. Au terme de plusieurs<br />
jours de surpeuplement terrible<br />
dans un wagon à bestiaux, Arie<br />
arrive au camp de Stutthof, dans<br />
le nord-est de la Pologne. “En<br />
une minute, j’ai été séparé de ma<br />
famille et laissé seul. Nous avons<br />
été forcés de nous déshabiller.<br />
Tout le monde a été rasé.”<br />
La nourriture était rare et les<br />
prisonniers, régulièrement battus.<br />
Arie réussit à se faufiler dans un<br />
groupe envoyé dans l’un des souscamps<br />
de Dachau en Allemagne,<br />
où il est affecté aux travaux forcés.<br />
Début 1945, il est transféré au<br />
camp de Landsberg, où il retrouve<br />
son frère, Dov. A l’approche des<br />
Alliés, ils sont contraints à une<br />
Marche de la mort. Le 1er mai, ils<br />
sont libérés par les Américains.<br />
Après la Shoah, Arie retrouve sa<br />
mère, Lea, et ses sœurs, Chana et<br />
Chaya. En février 1948, il immigre en<br />
Eretz Israël (Palestine mandataire)<br />
et prend part aux combats de la<br />
guerre d’Indépendance.<br />
LE LIEN FRANCOPHONE, MAI 2022, N°76 05
FLAMBEAUX DE LA MÉMOIRE 2022<br />
Olga Kay<br />
Olga Kay (née<br />
Czik) voit le<br />
jour en 1926,<br />
en Hongrie,<br />
la neuvième<br />
d’une fratrie<br />
de 10 enfants. Le 15 avril 1944,<br />
la famille est déportée au village<br />
de Simapuszta. “Nous n’étions<br />
pas riches”, raconte Olga. “J’ai pris<br />
un petit paquet : des vêtements<br />
et des bijoux.” Le 22 mai 1944,<br />
ils partent en wagons à bestiaux<br />
pour Auschwitz. Un voyage de<br />
trois jours. “Quand nous avons<br />
passé la frontière, mon père a<br />
dit : ‘Mes amours, nous allons<br />
mourir.’ Il a pris les bijoux que nous<br />
avions et les a jetés dans un seau<br />
plein d’excréments pour que les<br />
Allemands ne les trouvent pas.”<br />
Une fois à Auschwitz, une partie<br />
de la famille est emmenée dans<br />
les chambres à gaz. Olga et sa<br />
sœur Eva passent la sélection :<br />
“On nous a déshabillées et rasées<br />
de la tête aux pieds”. Elles sont<br />
ensuite envoyées au travail<br />
forcé. En juillet 1944, elles sont<br />
transférées au camp de Kaufering<br />
en Allemagne, puis en novembre,<br />
au camp de Bergen-Belsen. “Nous<br />
étions criblées de poux. Nous<br />
dormions sur un sol bondé. Tout<br />
le monde était malade et souffrait<br />
de diarrhée. Les gens mouraient<br />
les uns après les autres. Nous<br />
ne nous parlions pas de ce qui<br />
pouvait arriver. La mort était<br />
devenue banale. Aujourd’hui, c’est<br />
toi, et demain, celui d’à côté.” Elles<br />
sont libérées le 15 avril 1945.<br />
“Nous n’avons pas sauté de joie…<br />
Nous étions libres. Et maintenant ?<br />
J’étais si faible. Je pesais 25 kilos.<br />
Je suis tombée et j’ai rampé sur les<br />
genoux.”<br />
Après la guerre, Olga immigre<br />
à New York, où elle fonde une<br />
famille. “Quand ma fille Evelyn est<br />
née, ma première pensée a été :<br />
c’est ma victoire sur Hitler. Nous<br />
avons ressuscité de nos cendres.”<br />
Elle s’installe en Israël en 1985.<br />
Rebecca Elizur<br />
Rebecca-<br />
B r a n c a<br />
Lissauer<br />
(épouse Elizur)<br />
naît en 1934<br />
à Amsterdam.<br />
Elle a 6 ans en mai 1940, quand<br />
l’Allemagne nazie envahit les Pays-<br />
Bas. A l’été 1942, sa famille est<br />
arrêtée, conduite successivement<br />
aux camps d’Amersfoort, de<br />
Westerbork, puis de Bergen-<br />
Belsen. “On a été déportés comme<br />
des bêtes. Nous étions les uns<br />
sur les autres, sans endroit pour<br />
respirer. Les gens se soulageaient<br />
sur eux-mêmes. Des fenêtres, on<br />
voyait des gens dans les gares,<br />
des gens ordinaires, bien habillés.<br />
Cela n’avait aucun sens… Dans le<br />
camp, nous devions nous tenir<br />
debout pendant l’appel. Ils nous<br />
comptaient encore et encore,<br />
comme si quelqu’un pouvait<br />
s’enfuir. Nous dansions dans le<br />
froid pour nous réchauffer.”<br />
En avril 1945, Rebecca et sa famille<br />
sont poussés à bord d’un train<br />
pour une destination inconnue.<br />
Pendant le voyage, le convoi est<br />
bombardé ; les passagers sautent<br />
du train et s’allongent sur le sol.<br />
Quelques jours plus tard, ils sont<br />
libérés par l’Armée rouge. “Mes<br />
parents sont allés chercher de<br />
la nourriture. Père est revenu<br />
avec un violon et Mère, avec<br />
une poupée, parce que j’aimais<br />
tellement les poupées.”<br />
Après la libération, la famille rentre<br />
à Amsterdam. La plupart de leurs<br />
proches ont été assassinés dans<br />
la Shoah. Rebecca a immigré en<br />
Israël en 1959 et travaille, entre<br />
autres, en aidant les immigrants<br />
néerlandais.<br />
06<br />
LE LIEN FRANCOPHONE, MAI 2022, N°76
Shmuel<br />
Blumenfeld<br />
S h m u e l<br />
Blumenfeld<br />
naît en 1926<br />
à Cracovie,<br />
Pologne, au<br />
sein d’une famille de rabbins et<br />
de scribes. En septembre 1939,<br />
quelques jours après l’invasion de<br />
la Pologne, leur ville de Proszowice<br />
est occupée par les Allemands.<br />
Shmuel est envoyé à Plaszow,<br />
un camp de travaux forcés des<br />
environs de Cracovie. En juin<br />
1942, après avoir été témoin de la<br />
déportation de Juifs, il fait le voyage<br />
retour de 40 kilomètres à pied,<br />
jusqu’à Proszowice. En août 1942,<br />
la ville est encerclée. Sa mère<br />
l’exhorte à fuir. Et lui donne la<br />
moitié de l’argent qu’elle possède.<br />
“Je n’aurais jamais imaginé que ce<br />
serait la dernière fois que je verrais<br />
ma famille.”<br />
Shmuel s’échappe vers le ghetto<br />
de Cracovie, d’où il sera déporté,<br />
en mars 1943, pour Auschwitz.<br />
À son arrivée, il est sélectionné<br />
pour le travail forcé et envoyé<br />
dans une mine de charbon. Le<br />
18 janvier 1945, à l’approche de<br />
l’Armée rouge, il est contraint<br />
à une Marche de la mort avec<br />
d’autres prisonniers. Arrivé à<br />
Buchenwald, il est transféré au<br />
camp de Reimsdorf. En avril 1945,<br />
nouvelle Marche de la mort - cette<br />
fois vers le ghetto de Terezin.<br />
Enfin, en mai 1945, Shmuel est<br />
libéré par l’Armée rouge. A sa<br />
grande désolation, il découvre<br />
que tous ses proches ont été<br />
assassinés. Il rejoint un kibboutz<br />
du mouvement de jeunesse Dror<br />
puis immigre en Israël en 1948 où il<br />
s’enrôle dans les rangs de l’armée.<br />
A sa démobilisation, il intègre<br />
l’administration pénitentiaire. Il est<br />
l’un des gardes d’Adolf Eichmann<br />
lors de son procès. “Je lui ai montré<br />
le numéro sur mon bras et lui ai<br />
dit : ‘Vous voyez, c’est un numéro<br />
authentique. J’étais à Auschwitz<br />
pendant deux ans et j’ai survécu.’”<br />
Très actif dans la commémoration<br />
des Juifs de Proszowice morts dans<br />
la Shoah, il a soumis des centaines<br />
de Feuilles de témoignage à la<br />
mémoire des membres de sa<br />
communauté.<br />
Shaul<br />
Spielmann<br />
S h a u l<br />
Spielmann<br />
naît à Vienne,<br />
Autriche,<br />
en 1931. Au<br />
lendemain de l’Anschluss, en mars<br />
1938, il est chassé de son école. Ce<br />
même jour, son père est licencié.<br />
Les Allemands confisquent<br />
alors l’appartement et l’épicerie<br />
familiale. La famille subsiste grâce<br />
au travail trouvé par son père<br />
au sein de la communauté juive.<br />
Une nuit de septembre 1942,<br />
Shaul et sa famille sont envoyés<br />
dans une école juive convertie en<br />
centre de détention, puis dans<br />
le ghetto de Terezin. Un an plus<br />
tard, en novembre 1943, ils sont<br />
déportés à Auschwitz. “J’aimerais<br />
pouvoir oublier la rampe de<br />
Birkenau. Là, les portes de l’enfer<br />
se sont ouvertes. Les personnes<br />
âgées, tombées sur la rampe à la<br />
descente du train, sont piétinées<br />
à mort par ceux qui les suivent.<br />
C’était glacial. Même le sang versé<br />
était gelé.”<br />
Un matin, dans le camp, il voit le<br />
corps de sa mère quitter le bloc<br />
de l’infirmerie sur un chariot. Puis,<br />
son père est envoyé dans un autre<br />
camp de travail. “Je l’ai vu parmi<br />
les prisonniers qui partaient. J’ai<br />
réussi à lui lancer un sac pardessus<br />
la clôture électrifiée. Il a<br />
levé son poing : ‘Tiens bon’. C’est la<br />
dernière fois que je l’ai vu.”<br />
En janvier 1945, il est contraint<br />
à une Marche de la mort. “Nous<br />
avons marché dans les forêts, sur<br />
des chemins jonchés de cadavres.<br />
La nuit, les prisonniers gisaient<br />
par terre dans le givre ; le matin,<br />
certains étaient morts de froid.”<br />
Libéré par l’Armée américaine<br />
dans le camp de Gunskirchen, il<br />
immigre en Eretz Israël (Palestine<br />
mandataire) et se porte volontaire<br />
dans les rangs du Palmah. Il<br />
participe aux combats de la<br />
guerre d’Indépendance dont il<br />
ressort blessé, mais prendra part<br />
à toutes les guerres israéliennes<br />
ultérieures, jusqu’à celle de Yom<br />
Kippour, en 1973. Il a travaillé<br />
pour Magen David Adom dans<br />
la région du Néguev, sauvant de<br />
nombreuses vies et formant les<br />
jeunes générations.<br />
LE LIEN FRANCOPHONE, MAI 2022, N°76 07
HISTOIRE<br />
CHARLES<br />
DLUTO : UN DES<br />
PASSAGERS DU<br />
PREMIER CONVOI<br />
DE DÉPORTATION<br />
PARTI DE FRANCE<br />
Le 27 mars 1942, le premier<br />
convoi de déportation partait de<br />
France. A son bord : 1 112 Juifs,<br />
raflés en août ou décembre 1941 et<br />
internés à Compiègne ou Drancy.<br />
Ils s’appelaient Mathieu Alter, Motel<br />
Reznik ou Philippe Dzialowski. Leurs<br />
histoires et quelques autres, ont<br />
été racontées dans le cadre d’une<br />
exposition en ligne sur le site de Yad<br />
Vashem, à l’occasion des 80 ans du<br />
premier convoi parti de France. Le<br />
<strong>Lien</strong> a choisi de retracer le parcours<br />
de Charles Dluto, né à Paris en 1918<br />
et déporté le 27 mars 1942.<br />
Léon (Leibish) Dluto et Esther<br />
(Guessa) née Zelty se marient en<br />
Pologne avant de s’installer en<br />
France en 1907. Leurs trois enfants<br />
naissent sur le sol français. Charles<br />
(Shaoul) voit le jour à Paris le 6 avril<br />
1918, il est le troisième de la fratrie<br />
après une sœur et un frère aînés. La<br />
famille réside au 55 de la rue Saint-<br />
Antoine, dans le 4è arrondissement<br />
de Paris.<br />
Léon travaille comme brocanteur :<br />
il achète et revend des meubles<br />
sur les marchés, bien souvent aux<br />
puces de Saint-Ouen. Esther est<br />
mère au foyer. Les revenus sont<br />
modestes : ils vivent à cinq dans un<br />
petit appartement en location de 32<br />
m2 avec chambre, salle-à-manger,<br />
coin cuisine et toilettes sur le palier.<br />
Mais la famille ne manque de rien.<br />
Le foyer est uni et soudé. Fidèles<br />
à leurs racines culturelles juives<br />
polonaises, Léon et Esther font<br />
fi du manque de place et aiment<br />
recevoir, quitte à faire dormir les<br />
amis ou les proches, « sous la table<br />
ou par terre ».<br />
Les Dluto, naturalisés français<br />
grâce à la loi de 1927, ont renoncé<br />
au mode de vie religieux et se<br />
revendiquent sans pratique. Chez<br />
eux, la langue d’expression reste<br />
le yiddish. Pour Esther, le français<br />
ne se lit pas et ne se parle qu’avec<br />
un fort accent. Alors on célèbre<br />
avec fierté le certificat d’études<br />
de Charles.<br />
Charles Dluto, 20 ans, et Marguerite<br />
Flayszaker, 17 ans, en 1938.<br />
En 1938, Charles Dluto épouse<br />
Marguerite Flayszaker. Il a 20<br />
ans, elle en a 17. Ils deviennent<br />
parents l’année suivante avec<br />
la naissance de Michel, le 6 juin<br />
1939. Le jeune couple habite au<br />
52 rue d’Angoulême, dans le 11è<br />
arrondissement de Paris. Charles<br />
travaille avec son père et Marguerite<br />
tient le foyer.<br />
“L’ouverture de Drancy”<br />
En septembre 1939, quand la<br />
guerre éclate, le jeune couple<br />
continue sa routine quotidienne. Ils<br />
ont pris pour habitude de passer<br />
les fins de semaine à Villeparisis,<br />
en région parisienne, où la famille<br />
Dluto détient une propriété. C’est<br />
d’ailleurs là qu’ils se trouvent en ce<br />
mois d’août 1941, pour des vacances<br />
en famille. Mais las des disputes<br />
entre les deux belles-mères,<br />
Charles demande à Marguerite de<br />
08<br />
LE LIEN FRANCOPHONE, MAI 2022, N°76
Dernière lettre de Charles Dluto,<br />
envoyé de Drancy le 26 mars 1942.<br />
Livret de famille de<br />
Charles et Michel Dluto.<br />
Photo de mariage de Charles Dluto et<br />
Marguerite Flayszaker, le 9 juin 1938<br />
rentrer à Paris. Quelques jours plus<br />
tard, le 20 août 1941, il est seul à<br />
son domicile avec son fils. La police<br />
française qui traque les Juifs du 11è<br />
arrondissement, frappe chez lui.<br />
Charles est arrêté sur le champ et<br />
envoyé directement à Drancy “dont<br />
il fait l’ouverture”. Il y restera 7 mois.<br />
Quand elle le peut, Marguerite<br />
se rend sur place et cherche son<br />
mari à travers les grilles du camp<br />
de transit. Elle l’aperçoit de loin,<br />
à plusieurs reprises. Des avocats<br />
véreux lui promettent de le libérer<br />
en échange d’une somme d’argent<br />
conséquente : Charles ne sortira<br />
jamais de Drancy, et Marguerite<br />
aura perdu toutes ses économies.<br />
Ils s’écrivent. Michel, leur fils, a pu<br />
conserver deux de leurs cartes :<br />
26 mars 1942 : Ma chérie, par cette<br />
carte je te fais savoir mon départ<br />
d’ici pour un camp de travail dont<br />
j’ignore la destination. J’espère<br />
pouvoir t’aviser du lieu de mon<br />
arrivée, mais de toutes façons, je te<br />
recommande de ne pas t’inquiéter<br />
si je reste quelques temps sans<br />
t’écrire… Je garde un moral excellent<br />
et le travail ne saurait me faire peur<br />
après sept mois d’inaction… J’espère<br />
que Michel va toujours bien. Je ne<br />
manque de rien pour mon départ,<br />
aussi je te prie encore une fois ma<br />
chérie de ne pas t’en faire. »<br />
Il rédigera une autre carte le<br />
lendemain, le 27 mars 1942, jour<br />
de son départ à Auschwitz, par<br />
le convoi numéro 1. Ce sera son<br />
dernier signe de vie.<br />
En phase avec les lois françaises<br />
Pour Michel et sa mère, commence<br />
une vie d’errance, de cache en cache,<br />
le plus souvent à Paris. Ils réussiront<br />
à survivre et à traverser la Shoah.<br />
A la fin de la guerre, ils ont encore<br />
l’espoir de retrouver Charles. Esther<br />
se rend au Lutétia, munie d’une<br />
photo de leur mariage et tente de<br />
prendre contact avec les quelques<br />
rares rescapés du convoi 1. Charles<br />
Dluto n’est jamais revenu. Il s’est<br />
éteint à Auschwitz le 19 juin 1942,<br />
mort du typhus.<br />
Esther se remarie en 1946 avec<br />
Emile Eckmann, engagé dans l’armée<br />
d’Afrique et rescapé de la Shoah,<br />
père d’une fillette de 4 ans, dont la<br />
compagne est morte en déportation.<br />
Ensemble, ils auront deux filles.<br />
Michel a 7 ans quand sa mère refait<br />
sa vie. Il garde le souvenir d’une<br />
enfance heureuse, toutefois ternie<br />
par le poids d’avoir perdu son père<br />
et d’être une pupille de la Nation.<br />
Il grandit en devant se confronter<br />
à un difficile sentiment d’injustice :<br />
pour être en phase avec les lois<br />
françaises, Charles Dluto a fait<br />
partie de ces Juifs qui, confiants,<br />
ont accepté de se faire recenser,<br />
et seront par la suite arrêtés. Wolf<br />
Georges, le frère aîné de Charles,<br />
a lui refusé de se déclarer au<br />
commissariat. Il échappera à la<br />
déportation, sera fait prisonnier de<br />
guerre en Allemagne, mais survivra,<br />
sans jamais être inquiété. Antiquaire<br />
expert dans les meubles anciens,<br />
Wolf Georges est décédé en 1999.<br />
Michel est le père de deux enfants,<br />
un fils et une fille. Depuis plus de<br />
20 ans, il dirige la communauté<br />
juive de La-Varenne-Saint-Maur, en<br />
région parisienne et s’inscrit dans<br />
l’effort de mémoire de la Shoah à<br />
travers un groupe associatif qu’il<br />
a créé, avec des amis juifs et nonjuifs<br />
: “Le groupe saint-maurien<br />
contre l’oubli”. En 1999, il a rempli<br />
une Feuille de témoignage au nom<br />
de son père, Charles Dluto. C’est à<br />
partir de son récit que nous avons<br />
pu reconstituer l’histoire de sa<br />
famille.<br />
LE LIEN FRANCOPHONE, MAI 2022, N°76<br />
09
FRANCE JUSTES PARMI LES<br />
UNE REMISE DE<br />
MÉDAILLE<br />
UN PEU<br />
PARTICULIÈRE<br />
L’hiver dernier, les salons d’honneur<br />
de l’Hôtel de Ville de Levallois-<br />
Perret accueillaient l’exposition «<br />
The Sixties », autour des œuvres<br />
d’Henri Dauman. Et dans ce cadre,<br />
s’est déroulée le 14 février la remise<br />
de médaille de Justes parmi les<br />
Nations à titre posthume à Aurélien<br />
et Julienne Morin. Ce couple des<br />
Yvelines a sauvé de la Shoah ce<br />
photographe juif franco-américain,<br />
né à Paris en 1933.<br />
Henri Dauman est encore un<br />
enfant en 1942 quand sa vie<br />
bascule. Il vit avec sa mère Chana<br />
dans son quartier de naissance,<br />
Montmartre à Paris, et porte l’étoile<br />
jaune, comme tous les Juifs. Son<br />
père Isaja, a déjà été arrêté et<br />
interné depuis quelques mois au<br />
camp de Pithiviers.<br />
Le 16 juillet 1942, dans un<br />
bruit assourdissant, des policiers<br />
pénètrent les maisons pour<br />
arrêter des Juifs. On entend des<br />
pleurs, des cris, des hurlements,<br />
des portes claquées… Henri et<br />
sa mère se terrent dans un coin<br />
de l’appartement - par chance,<br />
les policiers ne réussissent pas à<br />
défoncer la porte. Ils échappent<br />
ainsi de peu à la rafle du Vel d’Hiv.<br />
Après avoir rassemblé quelques<br />
affaires, ils prennent le train pour la<br />
grande banlieue parisienne, à Limay<br />
dans les Yvelines, où vivent Aurélien<br />
et Julienne Morin qu’ils connaissent<br />
d’avant la guerre. Henri Dauman y<br />
restera de l’été 1942 à mai 1944,<br />
tandis que sa mère trouve refuge<br />
dans une autre cache. Malgré la<br />
guerre, Henri va vivre une vie assez<br />
paisible jusqu’au printemps 1944,<br />
quand la situation se dégrade et<br />
devient trop dangereuse. Sa mère<br />
vient alors le chercher et ensemble<br />
ils iront se cacher ailleurs jusqu’à la<br />
libération.<br />
Après leur retour à Paris et la<br />
découverte de l’anéantissement<br />
de la quasi-totalité de leur famille<br />
dans les camps d’extermination, la<br />
vie bascule encore une fois dans<br />
l’horreur : sa mère décède d’un<br />
empoisonnement médicamenteux<br />
dû à l’achat de cachets au marché<br />
noir, qui se trouvaient en fait être<br />
un poison mortel. A l’âge de 13 ans,<br />
Henri se retrouve orphelin et pupille<br />
de la nation.<br />
« N’ayant plus mes parents, j’avais<br />
le sentiment profond que les nazis<br />
et la police française que j’avais<br />
vu retenir mon père prisonnier<br />
à Pithiviers ou venir nous arrêter<br />
en juillet 1942, m’avaient volé ma<br />
jeunesse et mon identité ! »<br />
A 17 ans en 1950, Henri part<br />
s’installer chez un oncle à New-<br />
York. Pour autant, il n’oublie pas la<br />
famille Morin, leur honnêteté, leur<br />
générosité, et leur dévouement<br />
pour aider une famille juive en<br />
détresse. Il sait que pour lui, ils ont<br />
pris des risques inconsidérés.<br />
« Qui sauve une vie, sauve l’univers<br />
tout entier », cette phrase gravée<br />
sur la médaille des Juste revêt toute<br />
son importance quand on sait<br />
qu’Henri, aujourd’hui âgé de 88 ans,<br />
a 2 enfants, 6 petits-enfants et 2<br />
arrières petit-enfants.<br />
Lors de cette cérémonie,<br />
en visioconférence de son<br />
appartement newyorkais, Henri a<br />
ponctué son discours par ses mots :<br />
« Pour moi, chaque heure est<br />
10<br />
LE LIEN FRANCOPHONE, MAI 2022, N°76
NATIONS<br />
une bénédiction. Et je sens de la<br />
gratitude dans mon cœur chaque<br />
fois que je peux rencontrer<br />
quelqu’un et regarder son sourire.<br />
On ne souffre pas seul, on souffre<br />
toujours avec ceux qui souffrent à<br />
cause de votre souffrance. »<br />
L’arrivée aux Etats-Unis est le<br />
symbole d’un renouveau pour<br />
lui, une revanche sur son passé.<br />
Passionné de photographies, il se<br />
spécialise au fil du temps dans les<br />
portraits de personnalités comme<br />
Marilyn Monroe, Elvis Presley,<br />
Jackie Kennedy, mais aussi Yves-<br />
Saint-Laurent. Il signe ses premiers<br />
reportages photos d’un pan de<br />
l’histoire américaine des années 60.<br />
Ses clichés font le tour du monde.<br />
Et ce mois de février 2022, ce sont<br />
eux qui ont servi de décor pour<br />
rendre hommage à titre posthume<br />
à ses sauveurs de la Shoah.<br />
SÉMINAIRE POUR<br />
ENSEIGNANTS<br />
Le 20 février 2022, 23<br />
professeurs du secondaire de<br />
7 académies et 3 représentants<br />
du Comité français, arrivaient<br />
à l’école internationale de<br />
Yad Vashem pour participer<br />
au premier séminaire postpandémie,<br />
organisé par le<br />
Comité français. Cette session<br />
de haut niveau par le choix<br />
des sujets et des intervenants,<br />
a permis aux enseignants<br />
d’approfondir l’histoire juive<br />
et l’étude des communautés<br />
juives disparues, d’identifier<br />
les mécanismes de la<br />
Shoah, et enfin, d’étudier les<br />
mécanismes de construction<br />
de l’antisémitisme. Nous<br />
avons été frappés par le<br />
sérieux avec lequel ces<br />
enseignants s’étaient préparés<br />
et avaient déjà pensé aux<br />
projets pédagogiques qu’ils<br />
pourraient conduire dans leurs<br />
classes, à leur retour. Outre<br />
des connaissances dispensées<br />
par d’éminents conférenciers, ces<br />
enseignants venaient chercher<br />
comment aborder l’histoire de<br />
la Shoah et l’histoire des Juifs<br />
d’Europe. Cela a donné lieu à<br />
une réflexion philosophique sur<br />
le respect de l’être humain et du<br />
danger permanent d’un retour<br />
à la barbarie. Les participants<br />
ont visité le site de Yad Vashem,<br />
ainsi que les lieux emblématiques<br />
de Jérusalem. Puis une journée<br />
entière a été consacrée à la visite<br />
de Massada près de la Mer Morte.<br />
Des excursions pleine de sens,<br />
qui ont permis de découvrir Israël<br />
et de revenir sur la création de<br />
l’Etat, pour des participants avides<br />
d’outils qui les aideront à dépasser<br />
les préjugés des élèves. Autre<br />
moment marquant de ce séjour :<br />
la rencontre avec l’Ambassadeur<br />
de France en Israël. Le Comité<br />
français pour Yad Vashem, réunira<br />
plus tard un post-séminaire, afin<br />
d’approfondir les bénéfices de ces<br />
huit jours d’études.<br />
LE LIEN FRANCOPHONE, MAI 2022, N°76<br />
11
FRANCE<br />
HOMMAGE<br />
IL Y A 15 ANS, LES JUSTES<br />
PARMI LES NATIONS<br />
ENTRAIENT AU PANTHÉON<br />
Voilà quinze ans, en 2007, sur<br />
proposition de Simone Veil,<br />
le président Jacques Chirac<br />
faisait entrer au Panthéon, ce temple<br />
des grandes figures de la Nations<br />
française, les Justes parmi les Nations<br />
de France. Le dix-huit janvier 2022,<br />
le Comité français pour Yad Vashem<br />
célébrait cet anniversaire. Bravant le<br />
froid, de nombreux représentants<br />
d’institutions françaises, officiels<br />
de l’Education et de l’UNESCO,<br />
membres d’associations et des<br />
médias, dignitaires cultuels, se sont<br />
réunis au Panthéon, répondant à<br />
l’invitation de Pierre-François Veil,<br />
président du Comité français. On<br />
remarquait, entre autres, la présence<br />
de Ronit Ben Dor, chargée d’affaires,<br />
ministre plénipotentiaire auprès de<br />
l’Ambassade d’Israël en France.<br />
La cérémonie a été ponctuée<br />
des discours forts et empreints<br />
d’humanisme de Pierre-François Veil,<br />
Serge Klarsfeld, David de Rothschild,<br />
le président de la Fondation pour la<br />
Mémoire de la Shoah et de Frédéric<br />
Salat-Baroux, ancien Secrétaire<br />
général de la présidence de la<br />
République auprès de Jacques Chirac.<br />
L’hommage aux Justes parmi les<br />
Nations de France n’allait pas sans le<br />
rappel des persécutions subies par<br />
les Juifs et de la mise en œuvre en<br />
1942, sur le territoire français, de la<br />
« Solution finale », avec la collaboration<br />
active de l’Etat français. Les orateurs,<br />
évoquant « ce réseau informel de<br />
bonté et de compassion » que furent<br />
les Justes, ont insisté sur le décalage<br />
qui a existé entre le comportement<br />
salvateur de la population et celui du<br />
gouvernement de Pétain.<br />
Le Comité français avait invité<br />
des élèves du lycée professionnel<br />
Théodore Monod de Noisy le Sec<br />
(93), qui préparent des baccalauréats<br />
professionnels, à participer à cette<br />
cérémonie. Ils ont ainsi inauguré<br />
un nouveau parcours pédagogique<br />
« Les Justes parmi les Nations de<br />
France », fruit de la collaboration du<br />
Comité français et du service éducatif<br />
du Panthéon. Ce parcours fait<br />
désormais partie de l’offre éducative<br />
du Panthéon pour les classes de<br />
collèges et de lycées. Par un passage<br />
à travers les siècles, les jeunes<br />
découvrent les figures successives<br />
du héros apparues dans l’histoire de<br />
France, et s’attardent sur ces héros<br />
ordinaires que furent les Justes, ceux<br />
qui ont opposé la résistance civile à<br />
la barbarie nazie, et sont porteurs<br />
des plus hautes valeurs de courage<br />
et d’humanité.<br />
Les lycéens ont clôturé cette<br />
cérémonie par un hommage aux Juifs<br />
persécutés en donnant lecture de<br />
lettres d’enfants cachés et d’extraits<br />
du livre-témoignage de Berthe<br />
Badehi, une figure de Yad Vashem.<br />
Ces lycéens, qui découvraient le<br />
Panthéon, nous ont dit s’être sentis<br />
très honorés et très fiers d’avoir<br />
pris part à une telle cérémonie. Ils<br />
ont surtout compris l’importance<br />
de la transmission de la mémoire<br />
de la Shoah et du rôle de chacun<br />
dans la lutte contre le racisme et<br />
l’antisémitisme.<br />
12<br />
LE LIEN FRANCOPHONE, MAI 2022, N°76
TEMOINS SILENCIEUX<br />
DES ASSIETTES DE PESSAH<br />
RACONTENT LE PILLAGE<br />
DES BIENS JUIFS PENDANT<br />
LA SHOAH<br />
En 1942, en France, les<br />
Allemands ont mis en place<br />
une politique d’aryanisation<br />
qui passe par une dépossession<br />
totale des Juifs. Ce programme nazi<br />
pour le pillage des biens juifs et<br />
intitulé “Opération Meuble” (Möbel<br />
Aktion)”, s’applique également en<br />
Belgique et aux Pays-Bas, mais se<br />
révèle particulièrement efficace à<br />
Paris, grâce à la coopération des<br />
autorités françaises.<br />
A l’époque, de vastes entrepôts<br />
voient le jour dans le centre de la<br />
capitale française, essentiellement<br />
à proximité des gares. Ils sont<br />
établis dans des immeubles qui<br />
appartenaient à des Juifs avant la<br />
guerre, et ont été réquisitionnés<br />
avec l’occupation de Paris. Ces<br />
sites fonctionnent comme des<br />
camps de travail : on y trie et<br />
entrepose les biens volés aux<br />
Juifs contraints à la fuite ou à la<br />
déportation. Sur place, la maind’œuvre<br />
est juive. Les équipes de<br />
travailleurs sont des prisonniers<br />
du camp de Drancy “préservés<br />
contre les envois vers l’Est”, soit<br />
pour être issu de mariages mixtes,<br />
soit pour être ressortissant d’un<br />
pays neutre, comme les citoyens<br />
turcs.<br />
Dans une maison des<br />
Rothschild<br />
Parmi ces derniers, Albert Samuel.<br />
Originaire de Turquie, il s’installe<br />
en France avec sa femme Esther,<br />
où naissent leurs deux fils, Michel<br />
(en 1932) et Maurice (en 1937).<br />
En juillet 1942, dans le cadre<br />
des arrestations massives de<br />
Juifs à Paris, Albert est arrêté<br />
et emprisonné à Drancy. Il sera<br />
détaché du camp, pour le compte<br />
des Allemands, et réquisitionné<br />
pour le programme de pillage nazi.<br />
Son équipe opère dans différents<br />
lieux parisiens. Un jour, Albert et<br />
ses camarades d’infortune sont<br />
envoyés vider le contenu d’un<br />
domicile particulier - une propriété<br />
de la famille Rothschild. Sur place,<br />
Albert réussit à dissimuler trois<br />
assiettes sous ses vêtements.<br />
Deux d’entre elles ont été remises<br />
aux collections de Yad Vashem.<br />
Ces assiettes faisaient partie d’un<br />
service utilisé pour Pessah (la<br />
pâque juive). Au centre de chacune,<br />
on peut lire le mot en hébreu<br />
“Matsa” (pain azyme), entouré<br />
de scènes représentant la sortie<br />
d’Egypte, des illustrations tirées<br />
de la “Haggadah d’Amsterdam”. De<br />
telles assiettes ont été fabriquées<br />
et vendues dans les années 1920<br />
à Londres, puis à Paris.<br />
Ces objets, qui reviennent sur<br />
le parcours personnel d’Albert<br />
Samuel, permettent également de<br />
mieux comprendre la façon dont le<br />
projet de pillage était organisé en<br />
France. Ces activités de spoliation<br />
et de stockage sont un exemple de<br />
la collaboration étroite qui unissait<br />
le gouvernement de Vichy et les<br />
forces d’occupation nazies. Un<br />
comité avait été créé qui faisait le<br />
lien entre les services de transport<br />
français et le bureau du dignitaire<br />
nazi en charge des opérations.<br />
Pendant plus de deux ans, des<br />
camions ont parcouru les rues de<br />
Paris pour transporter l’ensemble<br />
des biens volés dans des maisons<br />
juives. Tous les chauffeurs et<br />
ouvriers mobilisés étaient français.<br />
Puis, les fonctionnaires nazis se<br />
rendaient sur place, procédaient<br />
à un inventaire, le signaient, et<br />
mettaient les appartements sous<br />
scellés. Les domiciles juifs ont<br />
ainsi été complètement vidés<br />
de leurs meubles et de leur<br />
contenu, jusqu’aux plus petits<br />
des objets qu’ils contenaient. Le<br />
fruit des pillages était destiné<br />
aux Allemands relogés dans les<br />
régions d’Europe occupées par les<br />
nazis.<br />
LE LIEN FRANCOPHONE, MAI 2022, N°76<br />
13
OPINION<br />
RÉFLEXIONS SUR L’ANTISÉMITISME<br />
Il existe une tendance<br />
problématique qui ne cesse de<br />
croître : pour beaucoup, on ne<br />
peut débattre de l’antisémitisme<br />
que si on le lie à d’autres formes de<br />
préjugés et de haine. En d’autres<br />
termes, l’antisémitisme, seul, ne<br />
justifie pas d’être abordé.<br />
Toutes les formes de haine,<br />
quelles qu’elles soient, méritent<br />
d’être condamnées. Beaucoup<br />
comportent des points communs<br />
avec l’antisémitisme, et les<br />
comparer ou les opposer permet<br />
d’augmenter nos connaissances.<br />
Mais, il n’est pas moins légitime<br />
de se focaliser sur un phénomène<br />
précis, entre autres, lorsque<br />
l’actualité le demande. Le meurtre<br />
de George Floyd, le 25 mai 2020<br />
(homme afro-américain) par<br />
exemple, a permis de discuter,<br />
enquêter et condamner cet<br />
attentat spécifique, mais aussi<br />
le phénomène plus large, et<br />
directement lié, du racisme<br />
contre la communauté noire aux<br />
États-Unis. Idem après la vague<br />
d’agressions qui a touché les<br />
Américains d’origine asiatique : se<br />
concentrer sur les préjugés antiasiatiques<br />
était alors absolument<br />
nécessaire. Dans les deux cas, les<br />
débats avaient du sens, et je ne me<br />
souviens pas que des individus ou<br />
des groupes aient protesté contre<br />
ces discussions. Alors pourquoi<br />
cela se produit-il quand il est<br />
question d’antisémitisme ?<br />
Dans une large mesure, la réponse<br />
semble résider dans le discours<br />
public actuel. Comme l’a montré<br />
Mooc de Yad Vashem (cours en ligne) sur l’antisémitisme :<br />
https://www.coursera.org/learn/antisemitisme<br />
la discussion parfois houleuse sur<br />
la définition de l’antisémitisme<br />
de l’IHRA, nombreux sont ceux<br />
qui ont du mal à reconnaître que<br />
certaines des critiques - mais en<br />
aucun cas la totalité - formulées à<br />
l’encontre d’Israël et du sionisme<br />
soient de nature antisémite. La<br />
difficulté consiste d’ailleurs à<br />
déterminer quand tel est le cas<br />
ou non. Pour beaucoup, toute<br />
discussion sur l’antisémitisme est<br />
devenue controversée, car elle<br />
soulève ostensiblement le spectre<br />
de la critique d’Israël.<br />
Un second problème concerne<br />
l’affirmation de plus en plus<br />
populaire, selon laquelle en<br />
tant que « blancs », les Juifs<br />
appartiennent à un groupe<br />
privilégié et ne peuvent donc être<br />
l’objet de véritables discriminations<br />
et préjugés. Selon ce point de<br />
vue, l’antisémitisme n’est pas un<br />
problème grave et les plaintes à<br />
ce sujet doivent être considérées<br />
comme insignifiantes. Ainsi,<br />
lorsqu’on cherche à dénoncer<br />
l’antisémitisme, on ne peut bien<br />
souvent le faire que si on élargit le<br />
débat au racisme.<br />
Il ne fait aucun doute que<br />
l’antisémitisme reste une<br />
haine profondément ancrée et<br />
persistante. Les attaques envers<br />
les Juifs, en Europe et en Amérique<br />
du Nord, liées aux tensions entre<br />
Israël et Gaza, sont des actes<br />
d’une violence antijuive tangible,<br />
de la part d’individus qui semblent<br />
14<br />
LE LIEN FRANCOPHONE, MAI 2022, N°76
adhérer à la vision erronée<br />
présentant les Juifs du monde<br />
entier comme responsables<br />
des actions du gouvernement<br />
israélien, ou, peu importe où ils<br />
vivent, ce qu’ils pensent ou ce<br />
qu’ils font, comme des agents<br />
d’Israël, et donc les cibles légitimes<br />
de leur colère. Ce préjugé tenace<br />
découle également de l’idée<br />
qu’Israël est seul responsable<br />
du conflit israélo-palestinien,<br />
notion qui ignore la complexité<br />
de la situation au Moyen-Orient et<br />
adopte une formule simpliste qui<br />
diabolise Israël.<br />
Lorsqu’il y a violence antisémite<br />
– physique ou verbale – nous<br />
devons tous admettre que la<br />
Condoléances<br />
condamner sans qualification,<br />
justification ou enchaînement,<br />
est non seulement légitime, mais<br />
aussi nécessaire. En parallèle, une<br />
compréhension en profondeur de<br />
l’antisémitisme exige de l’analyser<br />
en tant que tel, mais aussi à la<br />
lumière des haines qui y sont<br />
liées. Et ces deux démarches sont<br />
profondément complémentaires<br />
et surtout indispensables.<br />
A propos de l’auteur - Le Dr<br />
Robert Rozett est un ancien élève<br />
du Rutgers College, historien<br />
au centre de recherche de<br />
Yad Vashem et membre de la<br />
délégation israélienne à l’Alliance<br />
internationale pour la mémoire de<br />
l’Holocauste (IHRA).<br />
L’équipe de Yad Vashem adresse toutes ses<br />
condoléances à Joël Herzog, président des Amis<br />
suisses de Yad Vashem, à son épouse Marguerite<br />
et à leurs familles, pour les décès<br />
D’AURA HERZOG ET DE<br />
NESSIM GAON z”l.<br />
Que les Cieux vous apportent consolation et vous<br />
Président du Comité Directeur : Dani Dayan<br />
Directeur Général : Tzvika Fayirizen<br />
Président du Conseil : Rav Israel Meir Lau<br />
Vice-Présidents du Conseil : Dr. Ytzhak Arad z”l,<br />
Dr. Moshé Kantor, Prof. Elie Wiesel z"l<br />
Historiens : Prof. Dan Michman, Prof. Dina Porat<br />
Conseillers scientifiques : Prof. Yéhuda Bauer<br />
Editrice du Magazine Yad Vashem : Iris Rosenberg<br />
Directeur des Relations Internationales :<br />
Haim Gertner<br />
Directrice du Bureau francophone et Editrice<br />
du <strong>Lien</strong> Francophone : Miry Gross<br />
Editrice associée : Nathalie Blau<br />
Participations : Corinne Melloul, David<br />
Stabholz<br />
Photographies : Itzhik Harari, Erez Lichtfeld<br />
Conception graphique : Studio Yad Vashem<br />
Publication : Yohanan Lutfi<br />
Photo de couverture : Photo de la cérémonie<br />
officielle d’ouverture de Yom Hashoah 2022.<br />
(Yad Vashem)<br />
Miry Gross, Directrice des Relations avec<br />
les pays francophones, la Grèce et le Benelux<br />
POB 3477 – 91034 Jérusalem – Israël<br />
Tel : +972.2.6443424, Fax : +972.2.6443429<br />
Email : miry.gross@yadvashem.org.il<br />
Comité Français pour Yad Vashem<br />
6 avenue de la Motte Motte-Picquet - 75007 Paris –<br />
France<br />
Tel : +33.1.47209957<br />
Email : yadvashem.france@wanadoo.fr<br />
Association des Amis Suisses<br />
de Yad Vashem<br />
CIG- 21 Avenue Dumas - 1208 Genève -<br />
Switzerland | Tel : +41.22.8173688,<br />
Fax : +41.22.8173606 | Email : jhg@noga.ch<br />
épargnent toutes autres nouvelles difficiles.<br />
LE LIEN FRANCOPHONE, MAI 2022, N°76<br />
15
SE SOUVENIR<br />
DU PASSÉ<br />
POUR FORGER<br />
L’AVENIR<br />
Depuis son institution par le droit israélien en<br />
1953, Yad Vashem répond aux missions qui lui<br />
ont été fixées. A savoir, la commémoration et<br />
l’enseignement de la Shoah. Mais sans vous, son<br />
travail ne peut s’accomplir. Ce n’est qu’avec votre<br />
soutien que Yad Vashem peut perpétuer les leçons<br />
de la Shoah, faire office de boussole morale pour<br />
l’humanité et ainsi lutter contre l’obscurantisme et<br />
les dérives raciales.<br />
FAIRE UN DON<br />
Aidez-nous à préserver la mémoire de la<br />
Shoah en nous apportant votre contribution.<br />
Tous les dons sont les bienvenus.<br />
Ci-dessous, nos coordonnées bancaires :<br />
Nom du compte : Yad Vashem<br />
Agence : 685<br />
Numéro du compte : 20500/86<br />
Banque : Bank Leumi<br />
SWIFT BIC CODE (8 or 11 unités) :<br />
L U M I I L I T X X X<br />
IBAN : IL550106850000002050086<br />
Vous êtes également invités à contacter Miry<br />
Gross, directrice du Bureau francophone<br />
des Relations internationales :<br />
miry.gross@yadvashem.org.il<br />
FAIRE UN LEGS<br />
Pour ceux qui ne peuvent nous aider de leur<br />
vivant, il existe également la formule des dons<br />
posthumes. Le service dons et legs de l’Etat<br />
d’Israël repose sur la convention bilatérale<br />
conclue entre les gouvernements français<br />
et israéliens, qui accorde l’exonération<br />
totale à l’Etat d’Israël en matière d’impôt<br />
sur les dons et successions. Lorsqu’un<br />
testament est attribué à Yad Vashem par le<br />
biais de l’ambassade d’Israël à Paris, l’Etat<br />
ne se rémunère pas, mais a en charge le<br />
versement des fonds, contrôle les projets<br />
mis en place et vérifie qu’ils sont conformes<br />
à la volonté du testateur. Les donateurs,<br />
souvent sollicités de leur vivant, savent ainsi<br />
que leurs legs qui reviendront à Yad Vashem<br />
après leur « 120 ans » contribueront avec<br />
efficacité à pérenniser les missions clés et<br />
primordiales de l’institution.<br />
Vous pouvez prendre contact avec Miry<br />
Gross, directrice du Bureau francophone<br />
des Relations internationales de Yad<br />
Vashem : miry.gross@yadvashem.org.il,<br />
ou avec le service des legs de l’ambassade<br />
d’Israël à Paris :<br />
Apotropous4@PARIS.MFA.GOV.IL<br />
Le devoir de mémoire de Yad Vashem repose sur des travaux de recherche, la collecte, la restauration et la conservation d’objets<br />
d’époque, la gestion de fonds d’archives (documents, photographies), la maintenance de musées d’art et d’histoire, de sites de<br />
mémoire comme la Crypte du souvenir, le jardin des Justes ou la Vallée des communautés, et le travail pédagogique de son Ecole<br />
internationale pour l’enseignement de la Shoah. Tout un panel d’activités qui nécessitent des ressources humaines, techniques<br />
et financières.<br />
Yad Vashem s’emploie à honorer le souvenir des disparus. Le regard que l’institution porte sur le passé constitue la clé pour le<br />
monde tolérant et humaniste qu’elle souhaite laisser aux générations de demain. Aidez-nous, dès aujourd’hui.<br />
˝L’oubli, c’est l’exil, mais la mémoire est le secret de la délivrance˝ (Baal Shem Tov)