OH LIFE CLASSIC CARS
Supplément Classic de Oh Life Magazine. Ce magazine informe les amateurs de voitures anciennes .
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AVRIL<br />
2024<br />
Les SPA <strong>CLASSIC</strong> du 17 au 19 mai 2024<br />
Circuit de Spa - Francorchamps<br />
La Golf fête<br />
ses 50 ans<br />
à Autoworld
Sommaire<br />
Mars 2024 ver. 1<br />
Cliquez sur les boutons pour accéder directement aux sujets<br />
LA VW GOLF A 50 ANS (2024)<br />
JAMES BOND A BRUXELLES<br />
SUPER<strong>CARS</strong> AUTOWORLD<br />
VW COCCINELLE<br />
SON HISTOIRE AU FIL<br />
DES HITS PARADES<br />
VW K70<br />
ELECTRIFICATION DES CLASSIQUES<br />
CLIQUEZ SUR LES BOUTONS<br />
BACK TO THE ROOTS<br />
Spa Classic 2024<br />
100 ANS LE MANS (INTER<strong>CLASSIC</strong>)<br />
BUGATTI AU MANS<br />
100 ANS MG (coming soon)<br />
20 ANS BENTLEY CONTINENTAL GT<br />
100 ANS BENTLEY<br />
MEAN REVIVAL<br />
SUPER<strong>CARS</strong> AUTOWORLD (2022-2023)<br />
MEAN REVIVAL (2022)<br />
ETTORE BUGATTI LE GENIE<br />
BUGATTI AUX 24 H DU MANS<br />
FEMMES PILOTES !<br />
CLIQUEZ SUR LES BOUTONS<br />
LA BMW Z8<br />
MG MORRIS GARAGE<br />
JAGUAR XK 150S<br />
Un lien ne fonctionne pas, ou renvoie ailleurs, dites le nous, on corrige. Merci.<br />
3
23 mars 2024 Editorial<br />
Le printemps<br />
C’est le réveil<br />
des anciennes<br />
Bonheur<br />
Total<br />
LA SEMAINE AUTOMOBILE<br />
EST-CE UN C AUCHE M ARD<br />
OU<br />
Eric HEIDEBROEK<br />
Journaliste AGJPB F05749<br />
UN RÊVE<br />
ÉVEILLÉ ?<br />
Après un hivernage tranquille, les anciennes<br />
sortent de leur léthargie, pour celles qui se<br />
sont assoupies.<br />
Les bâches tombent, un coup de loque<br />
à poussière, un peu de lustrage et on les<br />
remet en marche en prenant les précautions<br />
d’usage. Pression des pneus adaptée et<br />
premiers tours de roues, c’est parti.<br />
Avec nos hiver doux, pas mal d’anciennes<br />
n’ont pas dormi beaucoup, car dès que le<br />
ciel s’éclaircit la tentation de les faire rouler,<br />
est grande et ce n’est qu’excellent pour leur<br />
santé. Une auto qui ne roule pas s’abîme,<br />
c’est bien connu.<br />
Pendant cet hiver, les politiques ont bien<br />
tenté de légiférer afin de limiter la liberté de<br />
circuler des anciennes. Mais il semble que<br />
leurs velléités se soient calmées, notamment<br />
avec le report de la législation sur les zones<br />
à basses émissions. La ministre Tellier s’est<br />
rendu compte que la Wallonie est totalement<br />
inadaptée aux zones LEZ. La BEHVA ajoute<br />
: «La ministre se base aujourd’hui sur une<br />
étude menée par l’Institut Scientifique<br />
de Service public (ISSeP) qui la pousse à<br />
demander prochainement au gouvernement<br />
wallon d’abroger l’interdiction généralisée et<br />
progressive de circuler des véhicules anciens.<br />
Selon Céline Tellier, la mesure d’une immense<br />
LEZ (la plus grande d’Europe en fait) n’est pas<br />
tenable et il est préférable de travailler par<br />
grandes villes. Pour la ministre, la mesure<br />
initiale est donc disproportionnée et, par sa<br />
globalité, elle ne constitue pas une réponse<br />
adéquate pour améliorer la qualité de l’air.»<br />
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5
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Zoom<br />
SPA <strong>CLASSIC</strong><br />
100 ANS 24 H DU MANS<br />
BUGATTI AU MANS<br />
100 ANS MG (coming soon)<br />
100 ANS BENTLEY<br />
20 ANS BENTLEY CONTINENTAL GT<br />
JAMES BOND A BRUXELLES<br />
SUPER<strong>CARS</strong> AUTOWORLD (2023)<br />
MEAN REVIVAL (2022)<br />
ETTORE BUGATTI LE GENIE<br />
FEMMES PILOTES !<br />
LA BMW Z8<br />
JAGUAR XK 150S<br />
MG MORRIS GARAGE<br />
«A NOUS LES PETITES ANGLAISES»<br />
EXCLUSIF - UNIQUE<br />
VW COCCINELLE<br />
SON HISTOIRE AU FIL<br />
DES HITS PARADES DE 1933 À 1975<br />
VW K70<br />
VW GOLF (50 ANS)<br />
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Spa-Classic<br />
célèbre sa<br />
12ème édition !<br />
Créé en 2011 à l’initiative<br />
du Royal Motor Union de<br />
Liège, sur le circuit préféré<br />
des pilotes, Spa-Classic a<br />
grandi progressivement<br />
pour figurer parmi les<br />
grands événements<br />
européens de courses<br />
historiques.<br />
En 2023, le meeting belge a rassemblé<br />
plus de 22 000 spectateurs,<br />
faisant de cet événement<br />
l’une des épreuves les plus populaires<br />
de la saison. Un tracé de<br />
renom, serpentant au cœur du<br />
massif de l’Ardenne, considéré<br />
par les pilotes comme le plus<br />
beau du monde.<br />
Dans la saison «Historic<br />
Racing by Peter Auto»,<br />
Spa-Classic tient à coup<br />
sûr une place à part.<br />
Le tracé du circuit est<br />
sans doute le plus<br />
confrontant de tous et<br />
la météo de ce magnifique<br />
coin des Ardennes,<br />
souvent capricieuse,<br />
oblige les pilotes et leur<br />
équipe à se remettre en<br />
permanence en question. Cette<br />
année, à côté des incontournables<br />
plateaux plébiscités par<br />
10 11
le public, deux nouveaux plateaux<br />
rejoignent les Series by<br />
Peter Auto : The Gentlemen<br />
Challenge, regroupant les anciens<br />
plateaux The Greatest’s<br />
Trophy et Fifties’ Legends;<br />
et le tout nouveau Classic Touring<br />
Challenge, élargissant la<br />
diversité des modèles en piste.<br />
Spa-Classic proposera donc<br />
cette année les grilles suivantes :<br />
* 2.0L Cup – Porsche 911 2<br />
litres châssis court pré-1966<br />
* Classic Endurance Racing 1<br />
– GT 1966 / 1975 & Protos 1966<br />
/ 1971<br />
* Classic Endurance Racing 2<br />
– GT 1975 / 1981 & Protos 1972<br />
/ 1981<br />
* Classic Touring Challenge –<br />
Voitures de Tourisme pré-66<br />
* Endurance Racing Legends<br />
– GT & Protos 1990 / 2000<br />
* Group C Racing – Protos de<br />
1982 à 1993<br />
* Heritage Touring Cup – Voitures<br />
de Tourisme de 1966 à<br />
1984<br />
* Sixties’ Endurance – Voitures<br />
de sport pré-63 & GT pré-66<br />
* The Gentlemen Challenge –<br />
GT & Protos 1950 / 1960<br />
FOCUS SUR…<br />
HERITAGE TOURING CUP<br />
ET <strong>CLASSIC</strong> TOURING<br />
CHALLENGE<br />
Spa-Classic fait la part belle<br />
aux autos de tourisme des années<br />
50 à 80 ! L’Heritage Touring Cup<br />
(HTC pour les plus habitués) fera<br />
revivre la grande époque des 24h<br />
de Spa et des 1000km de Spa.<br />
En mettant en scène des voitures<br />
qui ont concouru entre 1966 et<br />
1984 de jour comme de nuit.<br />
Des véhicules comme les Ford<br />
Capri 2600 RS et la BMW 3.0 CSL<br />
seront de la partie, rappelant les<br />
luttes intenses et les compétitions<br />
acharnées de cette époque.<br />
Nouveauté en 2024, le plateau<br />
Classic Touring Challenge<br />
rendra hommage aux voitures<br />
des 500km de Spa. Une course<br />
moins longue mais tout aussi<br />
emblématique, qui a contribué à<br />
l’histoire des courses de tourisme.<br />
Ce plateau offre une variété de<br />
voitures de tourisme classiques,<br />
recréant la diversité et l’intensité<br />
de cette époque, avant 1966,<br />
qui vit d’impressionnantes et<br />
étonnantes batailles, opposant<br />
les courageuses et agiles Mini<br />
Cooper ou Lotus Cortina aux<br />
puissantes et imposantes Jaguar<br />
Mk2 ou Ford Falcon.<br />
12 13
A NE PAS MANQUER<br />
• Exposition exceptionnelle<br />
de Porsche 917<br />
Une exposition inédite de Porsche<br />
917 lors de l’événement<br />
promet d’être une expérience<br />
inoubliable pour les passionnés<br />
de sports mécaniques.<br />
Parmi les joyaux exposés, on<br />
trouvera la 917-043 à la longue<br />
queue, arborant une peinture<br />
psychédélique vert et violet, captivant<br />
le regard des visiteurs.<br />
La légendaire 917-023, célèbre<br />
pour sa victoire au Mans en 1970<br />
avec sa livrée rouge et blanche,<br />
sera également présente, rappelant<br />
les moments glorieux de l’histoire<br />
de la course automobile. Les<br />
amateurs auront également l’occasion<br />
d’admirer la 917-021/12,<br />
et la 917-025 ainsi que la 917/10-<br />
002, un Spyder Can-Am rouge, et<br />
une 917 Spyder Interserie blanc,<br />
dont le numéro de châssis reste à<br />
dévoiler, ajoutent une touche de<br />
mystère à cette exposition exceptionnelle.<br />
Cependant, l’attrait ne se limite<br />
pas seulement aux voitures légendaires,<br />
car l’exposition accueillera<br />
également des pilotes<br />
de renom. La présence de Brian<br />
Redman, Gérard Larrousse, Richard<br />
Attwood, Jürgen Barth,<br />
Rainhold Joest, Mario Casoni et<br />
Philippe Siffert Jr., qui représentera<br />
son défunt père, promet une<br />
rencontre unique avec des figures<br />
emblématiques du monde<br />
de la course automobile. Ces<br />
pilotes chevronnés apporteront<br />
non seulement leur expertise,<br />
mais aussi des anecdotes fascinantes,<br />
offrant aux visiteurs une<br />
immersion totale dans l’histoire<br />
vibrante de la Porsche 917.<br />
• Village Exposants<br />
Confirmant également l’ampleur<br />
prise lors des éditions précédentes,<br />
le Village Exposants restera<br />
au cœur du paddock à proximité<br />
de l’Eau Rouge. Il offrira aux<br />
artistes, habilleurs, libraires et<br />
autres boutiquiers l’occasion de<br />
faire profiter de leurs merveilles<br />
un public de passionnés.<br />
• Des animations tout au<br />
long du week-end<br />
Spa-Classic proposera de nombreuses<br />
animations adaptées<br />
à tous les âges : concerts, exposition<br />
et parade de scooters<br />
anciens, danseurs des années<br />
40’s, 50’s et 60’s, maquilleuses<br />
vintage, tatoo éphémère, mini<br />
fête foraine, photocall… Le tout<br />
dans une ambiance festive et<br />
musicale entretenue par un Disc<br />
Jockey’s Vinyle.<br />
LES CLUBS<br />
Les clubs et collectionneurs seront<br />
une fois de plus attendues<br />
en nombre. Après la présence<br />
d’environ 1 400 voitures et près<br />
de 45 clubs lors des dernières<br />
éditions, l’objectif sera cette année<br />
encore de réunir toujours<br />
plus d’automobiles de collection.<br />
16 17
Parmi les attendus, le Club 914<br />
et ses centaines de voitures deviendra<br />
le rendez-vous européen<br />
de l’année.<br />
Sept sessions de piste, de 15 à<br />
20 minutes chacune, leur seront<br />
proposées durant le week-end<br />
pour découvrir et profiter du fabuleux<br />
tracé de Francorchamps.<br />
La billetterie est d’ores et déjà<br />
disponible sur le site officiel de<br />
Peter Auto : peterauto.fr<br />
18 19
The<br />
BENTLEY<br />
STORY<br />
En 1919, Walter Owen<br />
(W.O.) Bentley a créé<br />
une entreprise avec<br />
un objectif simple :<br />
construire «une voiture<br />
rapide, une bonne<br />
voiture, la meilleure de<br />
sa catégorie». Ce principe<br />
directeur a guidé Bentley<br />
depuis lors, poussant la<br />
marque vers l’avant et<br />
faisant d’elle le leader du<br />
luxe automobile dans le<br />
monde entier aujourd’hui.<br />
Le 10 juillet 2019 a marqué le<br />
100e anniversaire de Bentley et<br />
cette étape extraordinaire - atteinte<br />
par seulement quelques<br />
entreprises spéciales - est une<br />
raison de célébrer l’histoire de<br />
l’entreprise, son succès mondial<br />
aujourd’hui et son avenir<br />
passionnant.<br />
Après des débuts modestes,<br />
Bentley a progressé dans une<br />
quête incessante de luxe et de<br />
performance. Gagnant sa place<br />
dans le monde de la course<br />
automobile, les victoires de<br />
Bentley au Mans dans les années<br />
1920 ont fait écho dans le<br />
monde entier, et sont revenues<br />
une fois de plus au 21e siècle.<br />
La vision de W.O. continue<br />
de guider les convictions, les<br />
actions et les ambitions de<br />
chaque collaborateurs de la<br />
prestigieuse marque britanique.<br />
Situé à Crewe, en Angleterre,<br />
et propriété de Volkswagen AG<br />
depuis 1998, Bentley Motors<br />
reste le constructeur britannique<br />
de voitures de luxe par<br />
excellence, fabriquant les voitures<br />
de grand tourisme haute<br />
performance les plus recherchées<br />
au monde. L’entretien de<br />
l‘image est solide, les Bentley<br />
Boys brillent sur tous les circuits<br />
du monde.<br />
1910 - 1919<br />
Né en 1888, W.O. Bentley a<br />
grandi en tant que passionné<br />
d’ingénierie. Il méprisait les<br />
voitures de la fin du XIXe et<br />
du début du XXe siècle, qu’il<br />
considérait comme dangereuses,<br />
peu sophistiquées et<br />
bruyantes.<br />
Walter Owen Bentley<br />
n’aimait pas son<br />
prénom, il préférait<br />
qu’on l’appelle WO !<br />
Son entourage n’a donc pas été<br />
surpris de voir W.O. se consacrer<br />
à la construction de voitures qui<br />
répondraient à ses propres attentes<br />
extraordinairement élevées<br />
en tant que conducteur,<br />
ingénieur et gentleman.<br />
En octobre 1919, Bentley Motors<br />
est créé et en septembre<br />
1921, la première Bentley de<br />
20 21
Blower Speed Six Continuation<br />
12 exemplaires produits et tous vendus<br />
Bentley est un extraordinaire artisan. Capable de produire en séries limitées<br />
des voitures luxueuses, sportives et utilisables au quotidien, le constructeur<br />
britanique ne peut s’empêcher de reproduire les voitures de son passé, celles<br />
qui ont auréolé de gloire les principes de W.O Bentley.<br />
C’est pourquoi Bentley a construit cette Speed Six, réplique exacte des<br />
voitures originales qui ont participé aux 24 heures du Mans en 1930.<br />
Cette Blower est construite avec les mêmes<br />
matériaux que ceux utilisés en 1930,<br />
avec les même exigences de finitions, de<br />
réglages et spécifications que celles de la<br />
numéro 3 qui a gagné le Mans. Même<br />
la couleur «Parsons Napier Green»<br />
d’époque a été recréée, comme les<br />
cuirs «Tan» de l’habitacle. Ces<br />
douze exemplaires<br />
sont de vrais bijoux.<br />
22 23
série quitte l’usine et est fièrement<br />
livrée à son propriétaire,<br />
Noel van Raalte, pour la<br />
somme de 1.050 livres sterling.<br />
La voiture porte le cachet du<br />
radiateur de Bentley et l’insigne<br />
«B» volant.<br />
1920 - 1929<br />
Les Bentley des années 1920<br />
comptent parmi les voitures<br />
les plus caractéristiques de<br />
l’époque. W.O. Bentley se passionne<br />
pour le développement<br />
d’un moteur de course :<br />
1929 et 1930, où la domination<br />
de Bentley sur les courses<br />
fait écho dans le monde de<br />
l’automobile.<br />
1930 - 1939<br />
Les années 1930 sont synonymes<br />
de nombreux défis pour<br />
la marque Bentley. Malgré les<br />
records de course de Bentley<br />
et la nouvelle reconnaissance<br />
du public, Bentley Motors est<br />
en proie à des difficultés financières,<br />
le crash boursier de<br />
1929 fait très mal à Bentley.<br />
«Je voulais faire une voiture<br />
rapide, une bonne voiture : la<br />
meilleure de sa catégorie...»,<br />
ce qui aboutit à la création<br />
du premier moteur Bentley<br />
de 3,0 litres et 85 ch, qui permet<br />
d’atteindre une vitesse de<br />
128 km/h.<br />
En 1931, Rolls-Royce intervient<br />
pour racheter Bentley Motors.<br />
La production est transférée à<br />
Derby où une nouvelle «voiture<br />
de sport silencieuse» de<br />
3,5 litres est produite, mélangeant<br />
les meilleurs attributs<br />
des deux marques - agilité et<br />
luxe, puissance et silence.<br />
1<br />
2 -><br />
4<br />
1924, 1927,1928, 1929 et<br />
1930, les BENTLEY BOYS<br />
GAGNENT les 24 heures<br />
DU MANS !<br />
L’histoire s’écrit en<br />
LETTRES D’OR<br />
De nombreux records de vitesse<br />
et d’endurance ont été établis<br />
avec succès à Indianapolis, à<br />
l’île de Man et à Brooklands.<br />
Sans oublier les exploits légendaires<br />
des Bentley Boys.<br />
Ils remportent des victoires au<br />
Mans en 1924, 1927, 1928,<br />
En 1930, Woolf Barnato (photo<br />
2) - Directeur Général de<br />
Bentley de 1926 à 1931 et<br />
vainqueur du Mans en 1928 et<br />
1929) a parié 100 livres sterling<br />
qu’il pourrait atteindre Londres<br />
depuis Cannes avant que le<br />
Train Bleu (photo 4) ne se rende<br />
de Cannes à Calais.<br />
Il réussit son pari, devançant le<br />
train de quatre minutes grâce<br />
à sa berline Speed Six de 6½<br />
litres (Photo 1et 3). Avec son<br />
toit bas et la ligne dominante<br />
de son capot, la Speed Six incarne<br />
la puissance, l’endurance<br />
et la musculature de la Bentley<br />
3<br />
24 25
grand tourisme d’avant-guerre.<br />
Le bureau d’études de Crewe<br />
la considère comme une influence<br />
majeure sur les Bentley<br />
d’aujourd’hui.<br />
1940 - 1949<br />
CREWE est le centre<br />
du renouvellement de la<br />
marque Bentley, de ses<br />
origines de son savoir<br />
«être», de sa réelle<br />
personnalité!<br />
Le déménagement à Crewe en<br />
1946, après la Seconde Guerre<br />
mondiale, a permis d’accéder à<br />
une communauté d’ingénieurs<br />
et de mécaniciens hautement<br />
qualifiés qui avaient migré pendant<br />
la guerre vers ce centre<br />
industriel très actif. Grâce à<br />
des technologies avancées et<br />
à une nouvelle approche de la<br />
fabrication, Bentley est pour<br />
la première fois en mesure de<br />
construire une voiture complète<br />
et prête à être conduite<br />
jusqu’à ses limites.<br />
La Mark VI fut l’une des premières<br />
à être construite non<br />
seulement en tant que châssis<br />
standard et carrosserie base,<br />
mais aussi en tant que véritable<br />
Bentley.<br />
L’usine de Crewe est aujourd’hui<br />
un lieu où la précision<br />
du présent rencontre la<br />
passion du passé.<br />
1950 - 1959<br />
Les progrès qui ont accompagné<br />
le déménagement à Crewe<br />
dans les années 40 ont permis<br />
à Bentley Motors de transformer<br />
de bonnes voitures en<br />
voitures de grand tourisme<br />
luxueuses et performantes.<br />
En 1952, la Bentley R-Type<br />
Continental fait ses débuts. Il<br />
s’agit d’un coupé carrossé par<br />
Mulliner, dont la vitesse de<br />
pointe atteint tout juste 120<br />
miles/h. (192 km/h).<br />
La berline 4 places<br />
la plus rapide<br />
du Monde !<br />
Cela en fait la voiture à quatre<br />
places la plus rapide du monde<br />
et lui vaut très vite la réputation<br />
d’être le nec plus<br />
ultra en matière de luxe à<br />
grande vitesse.<br />
C’est la dernière Bentley<br />
à être construite, aucun<br />
modèle équivalent de<br />
Rolls-Royce n’ayant été<br />
construit pendant 30 ans.<br />
Trois ans plus tard, des versions<br />
coupé et berline de sport sont<br />
disponibles.<br />
En 1957, Bentley a lancé la<br />
nouvelle Bentley Continental<br />
Flying Spur à quatre portes,<br />
très attendue, et la Bentley S2<br />
a été annoncée en 1959. Elle<br />
utilise un tout nouveau moteur<br />
V8 en aluminium de 6,2 litres,<br />
Bentleyc R-Type continental 1954<br />
Bentleyc Flying Spur 1957<br />
26 27
qui remplace le six cylindres<br />
développé à l’origine pour les<br />
modèles Rolls-Royce dans les<br />
années 1920.<br />
1960 - 1969<br />
Les années 1960 ont été marquées<br />
par un développement<br />
continu de la famille Bentley<br />
Motors. En 1965, la série T<br />
berline sera déclinée en un superbe<br />
coupé qui sera ouvert en<br />
un cabriolet est lancée et présentée<br />
pour la première fois au<br />
salon de l’automobile de<br />
Paris, avant d’être rebaptisée<br />
en 1971 Bentley Corniche, puis<br />
en 1984. En fait la Continental,<br />
telle que nous la connaissons<br />
aujourd’hui. Connue pour son<br />
design gracieux et ses performances<br />
douces, la série T a été<br />
considérée par les amateurs de<br />
Bentley comme une révolution<br />
dans l’héritage sportif de la<br />
marque.<br />
La Bentley T née Rolls<br />
Royce sera une jolie<br />
berline déclinée en<br />
coupé et en cabriolet<br />
pour le plus grand<br />
plaisir de ses fans.<br />
1970 - 1979<br />
Les années 1970 constituent<br />
une décennie charnière dans<br />
l’histoire de Bentley Motors.<br />
W.O. Bentley, fondateur, passionné<br />
d’automobile et créateur<br />
de l’une des voitures de<br />
grand tourisme les plus recherchées<br />
au monde, meurt à l’âge<br />
de 82 ans en août 1971.<br />
Pendant ces années difficiles,<br />
l’association avec Rolls-Royce<br />
et les partenaires constructeurs<br />
de carrosseries tels que Mulliner<br />
allait laisser une marque<br />
indélébile de luxe raffiné dans<br />
l’ADN de Bentley, une marque<br />
que W.O. lui-même aurait approuvée.<br />
Au cours des années 70, le célèbre<br />
moteur V8 a été remanié<br />
pour augmenter sa cylindrée<br />
à 6,75 litres - une taille qu’il<br />
conservera jusqu’à la fin de la<br />
production de la Mulsanne en<br />
2020.<br />
1980 - 1989<br />
Les années 1980 voient le<br />
développement de l’identité<br />
Bentley et le début de la<br />
gamme Bentley que nous<br />
connaissons aujourd’hui. L’héritage<br />
du Mans de Bentley<br />
est repris dans le nom de la<br />
nouvelle série T, la Mulsanne,<br />
qui bénéficie d’une nouvelle<br />
suspension arrière. En 1982,<br />
une Mulsanne «Turbo» haute<br />
performance est lancée, capable<br />
de passer de 0 à 60 mph<br />
(96km/h) en sept secondes. En<br />
1985, la Mulsanne est à nouveau<br />
développée pour devenir<br />
la Turbo R, la Bentley de route<br />
la plus rapide de l’époque. La<br />
Bentley Corniche est rebaptisée<br />
Continental en 1984 et devient<br />
l’un des modèles les plus<br />
vendus à ce jour.<br />
Bentley Arnage<br />
Bentley Azure<br />
28 29
En 1989, la moitié des voitures<br />
sortant de Crewe étaient des<br />
Bentley. Dix ans après l’introduction<br />
de la Mulsanne Turbo,<br />
Bentley commence à vendre<br />
deux fois plus que Rolls-Royce.<br />
1990 - 1999<br />
L’acquisition de Bentley par le<br />
groupe Volkswagen en 1998<br />
a apporté des ressources, de<br />
nouvelles technologies et un<br />
élan encore plus important<br />
à la renaissance de Bentley.<br />
Il est annoncé que Bentley et<br />
Rolls-Royce redeviendront des<br />
sociétés distinctes, après 67<br />
ans de collaboration.<br />
Volkswagen AG annonce<br />
qu’elle investira 500 millions de<br />
livres sterling dans la marque<br />
Bentley, dans son usine de<br />
Crewe et dans la construction<br />
d’une toute nouvelle Bentley.<br />
Cette annonce confirme également<br />
l’intention de Bentley<br />
de maintenir une lignée britannique<br />
à part entière.<br />
Dans les années 1930, sous la<br />
direction de Rolls-Royce, les<br />
ailes de Bentley ont été rationalisées,<br />
redressées et dotées<br />
d’un nombre égal de plumes<br />
de chaque côté.<br />
L’asymétrie du logo a été rétablie<br />
en 1990 et a de nouveau<br />
été révisée en permanence afin<br />
de garantir la contemporanéité<br />
de l’identité de Bentley. Le logo<br />
Bentley incarne les nouvelles valeurs<br />
tout en respectant le passé.<br />
2000 - 2009<br />
En 2001, Bentley renoue avec<br />
son héritage en revenant à la<br />
compétition au Mans, en engageant<br />
deux EXP Speed 8.<br />
L’équipe termine troisième,<br />
permettant à Bentley de remonter<br />
sur le podium pour la<br />
première fois depuis 71 ans.<br />
En 2001, Bentley a annoncé<br />
qu’elle construirait la première<br />
limousine d’État Bentley sur<br />
mesure, commandée à Bentley<br />
Mulliner, pour Sa Majesté la<br />
Reine à l’occasion de son jubilé<br />
d’or et la première Bentley<br />
à être utilisée pour des événements<br />
d’État.<br />
En 2003, la Continental GT a<br />
été lancée - la première voiture<br />
de l’ère moderne de Bentley.<br />
Inspirée par la Type R, la première<br />
Continental GT a créé un<br />
segment de marché entièrement<br />
nouveau - le Grand Tourer<br />
de luxe moderne.<br />
L’année 2009 a également<br />
marqué une étape importante<br />
dans l’histoire de Bentley. Pour<br />
célébrer les 90 ans de Bentley<br />
Motors, la toute nouvelle<br />
Bentley Mulsanne, formidable<br />
accumulation de 90 ans d’expérience,<br />
rejoint la gamme. La<br />
Bentley Mulsanne adopte les<br />
normes les plus élevées de la<br />
technologie moderne, tout en<br />
restant fidèle aux ambitions de<br />
W.O. Bentley, en perpétuant les<br />
traditions d’artisanat et de luxe<br />
ultime dans l’avenir de Bentley.<br />
Continental GT<br />
Continental GTC<br />
30 31
2010 - 2019<br />
En 2015, Bentley a lancé le Bentayga,<br />
le premier SUV de luxe et<br />
la quatrième ligne de modèles<br />
de Bentley. Le Bentyaga était le<br />
SUV le plus rapide, le plus puissant,<br />
le plus luxueux et le plus<br />
exclusif au monde.<br />
2018 a vu le lancement de la<br />
toute nouvelle troisième génération<br />
de Continental GT. Plus<br />
nette, plus légère, plus rapide et<br />
plus raffinée que son prédécesseur,<br />
la Continental GT de troisième<br />
génération est le Grand<br />
Tourer définitif.<br />
La nouvelle Bentley Flying Spur<br />
a été présentée en 2019, suivie<br />
début 2020 par la Bentley à<br />
deux portes la plus rare de l’ère<br />
moderne, et l’expression ultime<br />
du luxe à deux places et en plein<br />
air, la Bacalar. Avec seulement 12<br />
exemplaires de ce modèle saisissant<br />
en édition limitée, la Bacalar<br />
a été le fer de lance d’un retour<br />
à la carrosserie par Bentley Mulliner<br />
- le plus ancien carrossier au<br />
monde. C’est également en 2020,<br />
dans un contexte de pandémie<br />
mondiale, que l’entreprise a enregistré<br />
les chiffres de vente les<br />
plus élevés de son histoire. C’est<br />
également l’année où Bentley a<br />
annoncé sa stratégie Beyond 100<br />
visant à atteindre la neutralité<br />
carbone d’ici à 2030, avec l’adoption<br />
de véhicules électriques à<br />
batterie pour l’ensemble de sa<br />
gamme de modèles.<br />
Flying Spur Hybride2023<br />
32 33
WO<br />
BENTLEY<br />
Aurait fêté les 20 ans<br />
de la Continental GT avec<br />
un sourire de satisfaction !<br />
34 35
1998<br />
Le Groupe Volkswagen a pris<br />
les commandes de Bentley Motors<br />
après un épique combat<br />
avec son rival Munichois, BMW<br />
qui acquiert Rolls-Royce Motors<br />
cars. Dès lors les Bentley et les<br />
Rolls-Royce mariées en 1931,<br />
n’auront plus rien de commun.<br />
Chacun poursuivant sa route<br />
vers de nouvelles destinées. Et<br />
pour Bentley, la voie sportive<br />
se voit toute tracée. Le Groupe<br />
Volkswagen annonce une toute<br />
nouvelle voiture. Ce sera un coupé<br />
sportif à quatre vraies places<br />
et quatre roues motrices.<br />
La base structurelle est la prestigieuse<br />
Phaeton, d’où un indice<br />
de fiabilité rarement atteint<br />
dans ce créneau puisque les<br />
éléments les plus performants<br />
tant en fiabilité qu’en structures<br />
ou en exclusivité peuvent être<br />
puisés dans l’énorme banque<br />
d’organes du Groupe. La Continental<br />
GT apparaît et dès sa présentation,<br />
elle se vend comme<br />
des petits pains.<br />
Non seulement elle est belle,<br />
mais elle a un 12 cylindres de<br />
6,0 litres qui développe 560 chevaux.<br />
De plus Bentley, dès 2001,<br />
se réengage en compétition avec<br />
les Speed 8 basées sur les Audi<br />
R8. La numéro 8 terminera sur<br />
le podium à la troisième place,<br />
et l’année suivante si les Audi<br />
prennent les trois premières<br />
places, la Bentley termine quatrième,<br />
une sacrée performances<br />
pour une nouvelle venue sur la<br />
piste manselle.. En 2003, les<br />
Bentley rafflent les deux premières<br />
places, Une victoir qui,<br />
renoue avec celles des années<br />
‘20 à ‘30.<br />
Forte de ces prestations qui replacent<br />
Bentley au coeur de son<br />
ADN, les ventes s’envolent, et le<br />
modèle évolue. En 2010, plus de<br />
66.000 Conti GT ont été vendues<br />
et il est temps de rafraîchir un<br />
peu son look. Des détails légers<br />
car les designers Belges Dirk van<br />
Braeckel (en 1999) et Luc Donckervolke<br />
en 2010 vont perpétuer<br />
le style et lui confirmer son statut<br />
légendaire. Avec ce restylage,<br />
la GT reçoit des LED qui accentuent<br />
son regard, elle perd aussi<br />
65 kg et la W12 de la version<br />
Speed, offre 610 chevaux. Elle<br />
se voit alors assitée par une<br />
version 8 cylindres de 4,0 litres<br />
développant 507 chevaux, c’est<br />
la GT V8. Une version plus poussée<br />
suivra en s’appelant GTV8S<br />
et offrant 528 chevaux. Les versions<br />
cabriolet apportent une<br />
touche d’exotisme bienvenue et<br />
les clients en raffolent, notamment<br />
en Californie. Elles existent<br />
en W12 et V8.<br />
Mais la W12 marque un pas de<br />
plus avec sa version Supersport<br />
qui elle affiche 630 chevaux et<br />
800 Nm. Pour faire passer tout<br />
ça, les voies sont élargies de<br />
5 cm, et les roues passent aux<br />
20 pouces, c’est grand !<br />
Pour marquer son caractère<br />
sportif les sièges arrière disparaissent<br />
offrant ainsi un gain de<br />
Bentley Speed 8 - 2003<br />
Continental GT 1999<br />
36 37
poids d’une centaine de kilos.<br />
Résultat le 0 à 100 est expédié<br />
en 4 secondes... Nous sommes<br />
en 2011. Et sans turbo...<br />
Bentley Continental GT3 R vs Bentley Blower Speed<br />
Six 1926<br />
En 2015, passage à la phase 3 et<br />
aux Conti GT de course qui s’attaquent<br />
aux Championnat des<br />
GT. Et là Bentley annonce l’arrivée<br />
de l’artillerie lourde. Ça ne<br />
plaisante pas. Les autos ont de<br />
la gueule et sont monstrueuses<br />
tant en look qu’en puissances et<br />
performances.<br />
Ces grosses Bentley sont mues<br />
par un nouveau développement<br />
du V8 biturbo Bentley de<br />
4,0 litres qui a fait ses preuves<br />
en course, avec un carter sec<br />
redessiné et de tout nouveaux<br />
systèmes d’admission et<br />
d’échappement.<br />
La puissance sans restriction dépasse<br />
550 ch. Cela peut paraître<br />
peu, mais ils sont exploités autrement<br />
que sur une version civile.<br />
La GT3 de course ne pèse<br />
que 1.300 kg contre les 2.320 kg<br />
de la GT3 R de route.<br />
La Continental GT3 est équipée<br />
de refroidisseurs intermédiaires<br />
hautement optimisés pour les<br />
voitures de route afin d’optimiser<br />
les performances du moteur.<br />
Les surfaces aérodynamiques<br />
extérieures, basées sur les lignes<br />
élégantes et raffinées de la voiture<br />
de route, fournissent une<br />
force d’abaissement supplémentaire.<br />
De nouveaux systèmes de<br />
suspension et de freinage sont<br />
également conçus sur mesure<br />
pour la voiture. La GT3 a remporté<br />
de nombreux podiums,<br />
126 au total, et 5 victoires absolues<br />
dans le monde entier.<br />
La Continental GT d’aujourd’hui<br />
conserve les lignes lancées par<br />
les designers belges qui les ont<br />
dessinées.<br />
Le style intérieur a quitté les<br />
doubles arcades pour une<br />
planche de bord plus simple.<br />
Vous trouverez l’essai de la dernière<br />
Conti GT V8 dans notre<br />
édition <strong>OH</strong> ! <strong>LIFE</strong> Automobiles.<br />
Continental GT V8 2023<br />
38 39
40 41
Plume :<br />
Christine BECKERS<br />
Pilote<br />
Une petite fille qui<br />
rêvait de devenir pilote.<br />
Quelle idée farfelue, pensait-on<br />
autour de moi !<br />
Etudie tes mathématiques<br />
(son cauchemar), on verra plus tard.<br />
La petite fille est devenue grande et<br />
elle n’a pas changé d’avis, malgré<br />
son papa qui lui serinait «Dans la<br />
vie, on ne fait pas ce qu’on veut !».<br />
La petite fille est devenue « Christine », c’est-à-dire moi, et elle a fait<br />
exactement ce qu’elle voulait, c’est-à-dire réaliser ses rêves !<br />
Avant les 24 Heures du Mans, il y a eu celles de Francorchamps<br />
(et après, celles de Daytona). Et entre les deux, des rallyes, des courses<br />
de côte et même des slaloms. Et aussi des accidents, des drames,<br />
mais surtout beaucoup de plaisir, de rencontres, de voyages.<br />
42 43
Prête à tout !<br />
Finalement,<br />
les maths à<br />
la poubelle, je<br />
commence<br />
des études de<br />
journalisme.<br />
La Callas ou Le Mans<br />
Le choix sera vite fait !<br />
Un stage obligatoire<br />
m’amène à Paris, à<br />
France Soir.<br />
Mais mon patron<br />
de la rubrique<br />
Spectacles me mène<br />
la vie dure, et il<br />
m’impose un récital<br />
de La Callas –je dois<br />
juste constater si elle<br />
a un malaise- pour<br />
m’empêcher d’aller<br />
aux 24 Heures du<br />
Mans.<br />
Je refile mes places à<br />
un copain qui doit me<br />
laisser un message au<br />
Bistrot de la Gare du Mans où je débarque. Il<br />
n’y en a pas, mais comment aller au circuit ?<br />
8 ans après…<br />
Une Alfa Giulietta arrive, je lève le pouce,<br />
elle s’arrête et me voilà avec une bande de<br />
jeunes. Puis dans le stand de Claude Dubois<br />
qui court cette année-là (1965) en Triumph<br />
Spitfire avec Christian Piot.<br />
C’est le bonheur absolu, le paradis, le nirvana.<br />
Les odeurs, l’ambiance me font frissonner,<br />
c’est là que je veux un jour arriver, plus<br />
aucun doute ! La preuve : j’ai des places pour<br />
le concert des Beetles le lendemain à Paris,<br />
mais je reste au Mans, je rate mon train, tant<br />
pis, le stop fera l’affaire !<br />
J’y suis ! En Chevron B 21, avec mon fiancé<br />
(ça se faisait officiellement à cette époque)<br />
Roger Dubos, mon champion, aussi champion<br />
de France MEP.<br />
Notre engagement a été validé grâce à notre<br />
victoire en classe 2L lors de la course préliminaire<br />
des 4 Heures quelques semaines plus<br />
tôt. Roger prend le départ, mais après 45 minutes<br />
il abandonne : meetering unit out. Il va<br />
jusqu’à pisser dessus pour tenter de le débloquer<br />
! Frustrés, nous décidons de revenir<br />
coûte que coûte l’année suivante, Roger aussi<br />
a le «virus des 24 Heures du Mans» ! Mais en<br />
1973, comme l’annonce la Une de France Soir<br />
«La mort a séparé les fiancés du Mans», Roger<br />
se tue à Francorchamps.<br />
«La mort a séparé<br />
les fiancés du Mans»<br />
Ma vie coupée en deux, je me bats pour honorer<br />
cette promesse. Et je forme, avec le soutien<br />
des montres Seiko, un équipage féminin qui<br />
gagne sa classe en Chevron B 23. Après les<br />
larmes, l’émotion de l’arrivée, un coup d’œil<br />
là-haut (Tu vois, je l’ai fait !), les autographes,<br />
la fête se termine, et la recherche de sponsors<br />
pour l’année suivante reprend. Sans succès<br />
pour 1975…<br />
Un moteur de F1 ?<br />
Une suite de circonstances heureuses<br />
– on peut aussi appeler ça le destin,<br />
ou le hasard -, amène la rencontre<br />
déterminante de trois hommes :<br />
44 45
Jean Rondeau, Vic Elford et Charles James.<br />
Dans son livre «La Preuve par 24 Heures»,<br />
Charles raconte la naissance et l’épopée<br />
d’une voiture construite en 100 jours, l’Inaltéra.<br />
Inaltéra qui deviendra Rondeau et gagnera<br />
les 24 Heures en 1980 avec son constructeur<br />
manceau et Jean-Pierre Jaussaud. Une<br />
victoire unique !<br />
Revenons en 1976, année où avec ces 2<br />
mêmes pilotes je me retrouve au volant d’un<br />
proto avec un V8 de plus de 400 CV, là, ça déménage<br />
! Mais je m’adapte, je m’émerveille,<br />
je savoure, chaque minute au volant est un<br />
cadeau. Comme l’autre voiture pilotée par<br />
Beltoise et Pescarolo (je fais vraiment partie<br />
d’un team prestigieux !), nous sommes à l’arrivée.<br />
Et on parle immédiatement de 1976 où<br />
un équipage féminin est prévu.<br />
Mon choix est évident : Lella Lombardi, qui<br />
en 1975 devient (et reste jusqu’à ce jour) la<br />
seule femme à avoir «scoré» au championnat<br />
du monde de F1.<br />
Terriblement rapide, metteuse au point émérite,<br />
elle reste modeste et passionnée par 2<br />
choses seulement : la course automobile…et<br />
la pêche à la ligne.<br />
Je le constate lorsque nous découvrons l’Amérique<br />
lors des 24 Heures de Daytona. Lella préfère<br />
rester auprès des mécaniciens que visiter<br />
les curiosités de Floride comme moi !<br />
Elle veille à tout, me donne des conseils éclairés,<br />
me met en confiance au point que j’attaque<br />
avec enthousiasme le fameux banking<br />
à fond. Du coup je manque de percuter Jean<br />
Rondeau qui, lui, freine avant de l’enquiller.<br />
Je me fais malheureusement percuter par<br />
une Porsche en perdition à plus de 300 km/h<br />
alors que nous étions 3èmes. L’autre Inaltéra<br />
abandonne sur ennui mécanique…<br />
325 km/h<br />
dans les Hunaudières<br />
PUIS ! SOUDAIN !<br />
Je pars en toupie !<br />
Oui, je viens d’être flashée à cette vitesse<br />
quand mes phares et le moteur me lâchent,<br />
les roues se bloquent et je pars dans une série<br />
de tête à queues interminables se terminant<br />
miraculeusement le long du rail de droite, à<br />
peine effleuré.<br />
Personne ne me suivait, sinon c’était fini.<br />
Même accident que celui qui coûta la vie à<br />
Joisten et Roger Dubos à Francorchamps, et<br />
plus récemment à ce très jeune espoir hollandais<br />
sur le circuit ardennais.<br />
Le miracle se poursuit pour moi par la découverte<br />
de la panne, après le changement vain<br />
de la boîte à transistor, seule pièce scotchée<br />
dans l’auto avec les outils ad hoc.<br />
Une faiblesse devait avoir été détectée,<br />
puisque j’avais répété cette réparation en<br />
atelier. La logique m’amène à diagnostiquer<br />
un court-circuit dans le coupe circuit.<br />
Il faut donc le neutraliser en coupant les fils et<br />
en les joignant après les avoir dénudés. Mais<br />
la pince neuve raccourcit les fils au point que<br />
je dois employer mes dents, jusque-là utilisées<br />
pour tenir la lampe de poche….<br />
Eh !oui, le règlement interdit formellement<br />
toute aide extérieure, même un éclairage de<br />
fortune ! Quand le moteur rugit, je remets<br />
mon casque, mes gants et ma ceinture, et<br />
près de deux heures après mes pirouettes, je<br />
© RUDY PICKÉ<br />
46 47
suis accueillie en héroïne au stand, personne<br />
- ni moi - ne me croyait capable de réparer !<br />
Nous finissons 11èmes.<br />
Le film officiel du Centenaire a voulu faire un<br />
«remake» de cet épisode. Mais la prise de<br />
vue se déroulait en février, par un froid de canard…<br />
mon nez rouge et le pare-brise gelé<br />
de l’Inaltéra en témoignent. Il semble (c’est<br />
Fabrice Bourrigaud qui le dit) qu’en réparant<br />
cette panne en bord de piste je fasse partie de<br />
la légende des 24 Heures !<br />
2023, enfin !<br />
Départ de Bruxelles différé pour ce Centenaire<br />
des 24 Heures avec mon frangin Lucien : je dois<br />
récupérer ma veste chez une amie chère et spéciale<br />
depuis plus de 60 ans, Martine FRÈRE.<br />
Oui, la fille de Paul, vainqueur des 24 Heures<br />
en 1960 avec Olivier Gendebien. Ado, j’avais<br />
écrit à Paul pour lui demander comment devenir<br />
pilote, il m’avait gentiment conseillé la<br />
patience. Nous étions devenus amis lors d’une<br />
rencontre à Zolder, avec Martine, dite Martin…pas<br />
par déception comme le sous-entend<br />
un certain Antoine Seyler qui se proclame son<br />
fils spirituel.<br />
Reconnu de tous, ce terme revient, évidemment<br />
à Pierre Dieudonné, pilote et journaliste émérite.<br />
Fin de la parenthèse, nous partons pour Le<br />
Mans, Lucien et moi. Un parking à perpète ne<br />
nous décourage pas, le total de la marche du<br />
week-end s’élèvera à 11 km ! Depuis la passerelle<br />
Dunlop, les casquettes de couleurs différentes<br />
convergent vers la ligne de départ. Sur le<br />
toit d’un camion, Bruno le speaker interviewe<br />
Jacky Ickx et Tom Christensen. Dans cette marée<br />
humaine, je retrouve Sébastien Bourdais,<br />
Nigel Bailly et son ami Frédéric Sausset.<br />
48 49
Frédéric, qui a participé en 2016 à la course,<br />
amputé des bras et des jambes, me raconte<br />
qu’après une interview, un journaliste lui a souhaité<br />
un bon rétablissement ! Son humour le<br />
sauve, encore et toujours.<br />
L’ambiance festive continue au Club des Pilotes<br />
avec un buffet et du champagne. Depuis notre<br />
tribune, le départ en épis des ancêtres victorieux<br />
a vraiment de la gueule, la foule ovationne<br />
leurs propriétaires qui les ont conservés<br />
en état de marche et les ont prêtés au Musée.<br />
Une rencontre avec Fabrice Bourrigaud, patron<br />
du Musée et organisateur de cette exposition<br />
fabuleuse nous confie la somme<br />
pharamineuse qu’elle représente, et les<br />
nuits blanches qu’elle lui a occasionnées. Il<br />
lui tarde autant d’être le 1er juillet qu’il lui<br />
a tardé de l’inaugurer !<br />
Départ lancé<br />
Moins spectaculaire que le départ en épis<br />
mais tellement plus sûr, grâce à notre<br />
Jacky national, le départ lancé est aussi<br />
bruyant que le vol en basse altitude de<br />
la Patrouille de France, puis des 3 Rafale<br />
(mon avion préféré testé en simulateur<br />
à la base voisine de Mont de Marsan…<br />
mais ceci est une autre histoire !).<br />
Le drapeau tricolore est descendu<br />
en rappel d’un hélico, et agité par le<br />
quadruple champion NBA de basket<br />
James LeBron, clin d’œil à l’amitié<br />
Franco-américaine particulièrement<br />
étonnant vu de la différence de taille<br />
entre James (2m06) et Pierre Fillon !<br />
Les USA sont bien représentés, notamment<br />
par une Nascar au rugissement<br />
caractéristique que personne<br />
ne voit à l’arrivée…mais qui y sera pourtant.<br />
Christine<br />
Danielle et<br />
Lucien Beckers<br />
Avec Thierry Boutsen<br />
Avec Christophe Gaacht -<br />
Journaliste belge et auteur<br />
de livres sur le sport auto<br />
Avec Fabrice Bourrigaud -<br />
Avec<br />
Bruno<br />
Vanderstick<br />
50 51
Les dames du Mans<br />
Il y en a 5 au départ, dont «notre» Sarah Bovy<br />
et ses Iron Dames que j’irai saluer. Je suis impressionnée<br />
par Doriane Pin, si jeune et si<br />
naturelle… interviewée avec moi par Bruno<br />
Vandestick. Et une sixième, Margie Smith-<br />
Haas, venue spécialement du Minnesota avec<br />
le représentant américain de l’ACO, en tant<br />
que première femme d’Outre-Atlantique à<br />
avoir participé, en 1985 et 86 aux 24 Heures.<br />
On me la confie, vu qu’elle ne parle pas un<br />
mot de français et se déplace difficilement<br />
suite à un accident récent. Je l’accompagne<br />
donc à Mulsanne pour le repas Rolex des pilotes<br />
où nous mène une navette.<br />
Navette qui se fait attendre, et est à son arrivée<br />
prise d’assaut par les plus impatients.<br />
Dont Franz Hummel, organisateur du Driver’sRaly<br />
Chamonix. Calmement, je l’interpelle<br />
: «Franz, si tu es un gentleman, cède ta<br />
place à Margie». Il descend, et me lance : «Tu<br />
m’as injurié en me disant «SI tu es un gentleman,»<br />
je SUIS un gentleman». Il me tirera la<br />
gueule toute la soirée ! Dommage pour lui.<br />
Mulsanne<br />
Le clubhouse du golf, face au virage mythique,<br />
permet une vue du freinage violent et de sa<br />
sortie, parfois chaotique. Mais plus du tout<br />
dramatique, puisqu’une grue remet en piste<br />
les englués dans l’épais gravier, comme dans<br />
les jeux vidéos !<br />
La photo traditionnelle des pilotes sur les<br />
marches est retardée par Anny-Charlotte Verney,<br />
seule membre féminine du club, avec Margie<br />
et moi. Margie qui, plutôt que de s’éclipser<br />
avec moi vers 23 heures, continue à regarder,<br />
fascinée, les disques de freins rougis, tout en<br />
se servant généreusement de desserts. Je rejoins<br />
mon frère au salon Paul Frère, d’où les<br />
grandes baies offrent une vue panoramique<br />
sur le gigantesque feu d’artifice et les images<br />
incroyables gérées par des drones. C’est<br />
géant ! Encore une demi-heure de marche zig<br />
zaguante au milieu d’une foule compacte prenant<br />
d’assaut les boutiques et les animations<br />
du village, la traversée du Pont Dunlop et ses<br />
escaliers éprouvants et nous prenons la route<br />
vers…Caen, et pas Bruxelles !<br />
Déjeuner de l’Amitié<br />
Une courte nuit dans la chambre bleue de<br />
Jacques (ACO Belgium) et Marie-Claude Figuette<br />
plus tard, nous retrouvons avec émotion Fanchon<br />
Jaussaud, toujours souriante malgré la<br />
tristesse du départ de son cher mari.<br />
Cette amitié débutait timidement en 1976<br />
avec «Papy» : quand il descendait de l’Inaltéra,<br />
j’y montais, pas le temps de faire vraiment<br />
connaissance !<br />
Ses problèmes de santé nous amenaient,<br />
après que j’aie repiloté notre Inaltéra numéro<br />
2 au Mans Classic, à lui rendre visite à Caen.<br />
Prétexte un peu fallacieux pour essayer une<br />
Jaguar ! Puis Fanchon et lui firent un séjour en<br />
Gascogne où nous avons fêté son 70ème anniversaire<br />
sur le circuit de Pau, avec Eric Nève.<br />
Un tour de circuit en Chevrolet lui rappelait sa<br />
victoire en F3 en 1964 et nous montrait l’endroit<br />
spectaculaire où il risquait d’y avoir du<br />
grabuge (effectivement, Farfus s’y mettait sur<br />
le toit !).<br />
Plus récemment, Jean-Pierre zappait une dialyse<br />
–hélas quotidienne- pour célébrer mes 60<br />
ans…de passion à Bruxelles. La boucle bouclée,<br />
ce cher Papy s’éteignait le 21 juillet 2021.<br />
Avec Sarah Bovy<br />
52 53
Avec Fanchon, nous regardons l’arrivée des<br />
24 Heures, revivant évidemment l’euphorie<br />
des 2 victoires de son cher et tendre en Rondeau<br />
puis en Renault.<br />
Les témoins de cette époque révolue disparaissent,<br />
les souvenirs restent. Nous-nous<br />
désolons de l’absence des Iron Dames sur<br />
le podium, alors qu’elles furent en tête 22<br />
heures.<br />
Elles héritent de la 4ème place, la médaille<br />
en chocolat, pour 8 secondes d’écart !<br />
Mais la victoire de Ferrari, 58 ans après, nous<br />
fait bondir de joie, la passion vrillée au cœur<br />
pour toujours.<br />
54 55
AUTOWORLD<br />
LA GOLF A 50 ANS (2024)<br />
SUPER <strong>CARS</strong> (2022)<br />
EXPOSITIONS<br />
BOND IN MOTION (HEYSEL 2023)<br />
56 Un lien ne fonctionne pas, ou renvoie ailleurs, dites le nous, on corrige. Merci. 57
RÉTROSPECTIVE A AUTOWORLD<br />
LA GOLF A 50 ANS<br />
DU 1er MARS - 28 AVRIL 2024<br />
C’est le 1ier mars dernier que l’exposition temporaire «VW Golf : 50e anniversaire» a ouvert<br />
ses portes. Autour d’une quinzaine de voitures, l’exposition retrace l’évolution de la voiture<br />
qui a redressé la marque Volkswagen qui produisait essentiellement la Coccinelle et<br />
ses dérivées à moteur 4 cylindres à plat posé derrière les roues postérieures. redécouverte<br />
de celle qui a crée le segment «Golf».<br />
58 59
Giugiaro<br />
En 1974, le concept de la Coccinelle<br />
Volkswagen ne répondait plus aux<br />
normes du moment.<br />
Sa remplaçante est dotée d’une traction<br />
avant et, c’est désormais une évidence,<br />
d’un moteur refroidi à l’eau et<br />
monté à l’avant.<br />
Un grand hayon et une banquette<br />
arrière rabattable témoignent d’un<br />
agencement de l’habitacle davantage<br />
tourné vers la fonctionnalité.<br />
Giorgetto Giugiaro est nommé responsable<br />
de son design.<br />
Le résultat se traduit par une voiture<br />
très compacte, proposée à la fois en<br />
versions deux et quatre portes. S<br />
on poids est inférieur de 165 kilos à<br />
celui de la Coccinelle VW.<br />
Ses motorisations (1,1 litre – 50 ch ou<br />
1,5 litre – 70 ch) suffisent donc amplement<br />
pour lui assurer d’excellentes<br />
performances.<br />
Grâce aux techniques de production<br />
optimisées et à un prix de vente supérieur<br />
de 600 DM à celui de la Coccinelle<br />
en Allemagne, la nouvelle Volkswagen<br />
a tout pour réussir.<br />
Mais le public allait-il suivre ?<br />
60 61
Giugiaro<br />
En 1974, le concept de la Coccinelle<br />
Volkswagen ne répond plus aux normes<br />
du moment. Sa remplaçante est dotée<br />
d’une traction avant et d’un moteur refroidi<br />
à l’eau monté à l’avant. Un grand<br />
hayon et une banquette arrière rabattable<br />
témoignent d’un agencement de<br />
l’habitacle tourné vers la fonctionnalité.<br />
Giorgetto Giugiaro est nommé<br />
responsable de son design.<br />
Le résultat se traduit par une voiture très<br />
compacte, proposéeavec trois ou cinq<br />
portes. Son poids est inférieur de 165 kilos<br />
à celui de la Coccinelle. Ses moteurs<br />
4 cylindres cubent soit 1,1 litre – 50 ch<br />
ou 1,5 litre – 70 ch. Ils suffisent amplement<br />
pour assurer d’excellentes prestations.<br />
Le style est novateur, les structures<br />
aussi... Mais le public allait-il suivre ?<br />
GOLF 1<br />
Volkswagen n’a pas besoin d’attendre<br />
longtemps pour connaître la réponse.<br />
Les ventes de la nouvelle Golf, qui emprunte<br />
son nom au Gulf Stream, s’envolent.<br />
À la clôture de la production en<br />
1983, 6,9 millions de Golf auront été assemblées.<br />
En Afrique du Sud, la production<br />
se poursuivra jusqu’en 2009 !<br />
Aucun autre modèle de voiture ne<br />
connaît un tel nombre de variantes.Que<br />
ce soit les versions américaine (Rabbit)<br />
et mexicaine (Caribe), tout comme, bien<br />
sûr, des mythiques GTI, des diesels, des<br />
pick-up et des cabriolets.<br />
62 63
GOLF 2<br />
Il en va de même pour la Golf II, qui succède<br />
à la Golf I en 1983.<br />
La deuxième génération est plus spacieuse,<br />
pour satisfaire la demande d’un<br />
confort accru.<br />
Le concept de base lui reste inchangé.<br />
Le nouveau modèle est dessiné directement<br />
à Wolfsburg et pour la première<br />
fois, la production est entièrement automatisée.<br />
Viendront ensuite les niveaux d’équipement<br />
C, CL et GL.<br />
Cela tombe sous le sens : la Golf II sort<br />
aussi en version GTI et est dotée d’un<br />
modèle de 160 ch avec transmission<br />
intégrale, spécialement homologuée<br />
pour les rallyes, ainsi que d’une version<br />
Country tout-terrain.<br />
La gendarmerie belge se tourne également<br />
les Golf GTI pour damer le pion<br />
aux gangs et réagir aux braquages courants<br />
en cette époque troublée.<br />
Visionnaire, Volkswagen lançe la CityS-<br />
TROMer II, une variante électrique qui<br />
sera produite à 70 exemplaires dès 1985.<br />
En 1987, un prototype hybride voit déjà<br />
le jour. Et une fois de plus, Volkswagen<br />
frise les records de ventes.<br />
En 1988, la 10 millionième Golf sort de<br />
la chaîne de production.<br />
64 65
GOLF 3<br />
La Golf III est dévoilée en 1991.<br />
Ce modèle se caractérise par des dispositifs<br />
de sécurité nettement plus efficaces<br />
pour le conducteur comme pour<br />
les passagers.<br />
Ses courbes ont pris un net arrondi et<br />
elle arbore un design plus moderne,<br />
plus aérodynamique, mais aussi plus intemporel.<br />
Cette troisième mouture bénéficie, elle<br />
aussi, de versions CL, GL, GT, GT Special<br />
et GTI, ainsi que d’une première variante<br />
break et d’un cabriolet, un développement<br />
que n’a jamais connu la Golf II.<br />
La version la plus spectaculaire est la<br />
VR6, dotée d’un six cylindres de 174 ch<br />
sous le capot.<br />
En 1997, c’est la 4 805 000e Golf III qui<br />
quitte la chaîne de production, ponctuant<br />
de nouveau la réussite du modèle.<br />
66<br />
67
GOLF 4<br />
La Golf IV mise sur la qualité de construction<br />
et, une fois de plus, sur un confort<br />
revu à la hausse. Plus longue de 13 centimètres<br />
et plus large de 4, la Golf voit à<br />
nouveau son volume intérieur légèrement<br />
augmenté, au bénéfice de ses occupants.<br />
Le design est largement plébiscité<br />
et fait désormais œuvre de<br />
précurseur dans sa catégorie.<br />
Là encore, d’innombrables variantes<br />
sont construites, la R32 étant cette fois<br />
la version la plus aboutie avec ses 241ch,<br />
sa transmission aux 4 roues et sa boîte<br />
de vitesses DSG à six rapports proposée<br />
en option. En 2003, le compteur de la<br />
chaîne Golf IV affiche 4,9 millions d’unités<br />
produites.<br />
GOLF 5<br />
La Golf V parie en plein sur la démocratisation<br />
des systèmes d’aide à la conduite<br />
et des dispositifs de sécurité.<br />
Quatre freins à disque, contrôle électronique<br />
de la stabilité (ESP), antipatinage<br />
(ASR), différentiel électronique à glissement<br />
limité (EDS), ABS, airbags multiples:<br />
aucune voiture de sa catégorie<br />
n’offre autant de systèmes de sécurité.<br />
Outre les variantes sportives, on dénombre<br />
aussi un van compact (Golf Plus),<br />
un petit SUV (CrossGolf) et un nouveau<br />
break (Golf Variant), sans oublier la Blue-<br />
Motion. Une fois de plus, 3,4 millions de<br />
Golf sortent des chaînes de montage.<br />
Le succès continue !<br />
68 69
GOLF 6<br />
La Golf VI est présentée en 2008, dans<br />
un concept dessiné par Walter de Silva.<br />
Comme de coutume, ce modèle<br />
va au-delà des normes habituelles en<br />
termes d’équipements de sécurité.<br />
Parmi d’autres dispositifs, l’airbag pour<br />
les genoux du conducteur, le régulateur<br />
de vitesse adaptatif, l’aide au stationnement,<br />
la caméra de recul, le contrôle<br />
adaptatif du châssis DCC, les capteurs de<br />
pression des pneus, les phares bi-xénon,<br />
les feux de virage dynamiques en courbe<br />
et les feux arrière à LED sont inédits dans<br />
cette catégorie. Une fois encore, 3,6 millions<br />
de Golf sortent des concessions.<br />
Quant à la septième génération, elle apparaît<br />
au grand jour en 2012.<br />
GOLF 7<br />
La Golf VII gagne à nouveau quelques<br />
centimètres par rapport à sa devancière,<br />
tout en étant allégée d’une centaine de<br />
kilos. Une nouvelle version électrique,<br />
la e-Golf, succède aux CitySTROMer de<br />
première et de deuxième génération,<br />
tandis qu’une hybride rechargeable figure<br />
également au programme.<br />
En 2016, la version GTI Clubsport bat le<br />
record du tour pour les voitures à traction<br />
avant sur le mythique circuit du Nürburgring.<br />
Cette même année, la Golf<br />
7.5 fait l’objet d’un facelift, avant que<br />
ne vienne le tour de la Golf VIII en 2019.<br />
Pour la première fois, le modèle ne propose<br />
plus de version trois portes. L’e-Golf<br />
est ensuite remplacée par l’ID.3.<br />
70 71
GOLF 8<br />
La Golf 8 est sortie en 2019, et bien que la<br />
nouvelle Golf semble plus plate, plus allongée<br />
et plus dynamique, elle conserve<br />
des dimensions compactes. Elle a déjà 5<br />
ans, l’heure de son face-lift et de ses versions<br />
spéciales, comme la nouvelle Golf<br />
R présentée au «Ice Race in Zell am See»<br />
qui confime clairement sa puissance de<br />
333 chevaux et 420 Nm à 2.100 tours<br />
seulement. Elle a 4 roues motrices...<br />
Aujourd’hui, le compteur du nombre de<br />
Golf produites atteint les 37 millions, ce<br />
qui en fait – et de loin ! – la voiture européenne<br />
la plus vendue de tous les temps.<br />
GOLF 9... ou iD.2<br />
Découverte lors<br />
d’un événement<br />
D’Ieteren<br />
à Vilvorde, la<br />
iD.2 All ressemble<br />
terriblement<br />
à une<br />
GOLF...<br />
Elle est Full<br />
électrique et<br />
serait proposée<br />
sopus le seuil<br />
des 25.000 €.<br />
Annoncée par<br />
certain comme<br />
la nouvelle Polo,<br />
elle a quand<br />
même la taille<br />
d’un Golf... Elle<br />
n’est pas à<br />
Autoworld.<br />
72 73
Who Touched Our Cars ?<br />
Bond in Motion du 9 décembre au 14 mai<br />
Pour la toute première fois, l’exposition officielle Bond In Motion arrive en Belgique<br />
et à cette occasion 6000 m 2 de Brussels Expo vont se transformer en une véritable<br />
expérience immersive 007. De la véritable Aston Martin DB5 de “Mourir peut attendre”<br />
au mythique Q Boat du film “Le monde ne suffit pas”<br />
L’exposition présente plus de 45 pièces<br />
de collection qui font la légende de<br />
James Bond depuis plus de 60 ans.<br />
Pratique : du 9/12/2022 au 14/05/2023<br />
Brussels Expo, Hall 1, place de Belgique 1<br />
Ouvert les lundis, mercredis, vendredis<br />
et dimanches de 11h à 18h<br />
(dernière entrée à 17h)<br />
-les samedis de 11h à 21h<br />
(dernière entrée à 20h)<br />
007 and related James Bond Indicia © 1962-2021 Danjaq, LLC and Metro-Goldwyn-Mayer Studios Inc.<br />
007 and related James Bond Trademarks are trademarks of Danjaq, LLC. All Rights Reserved. Privacy Policy<br />
74 75
Bond<br />
in motion<br />
James Bond a déjà 63 ans et,<br />
les anglais, pour ses 50 ans<br />
on créé Bond in Motion à<br />
Londres, c’était déjà en 2012.<br />
Plume @ Eric HEIDEBROEK<br />
Images @ Caminter 2022<br />
76 77
Quand la Covid a du Bond !<br />
Ça a fait gamberger Stéphane<br />
PISANE et Pierre LALLEMAND<br />
qui ont transporté l’expo à<br />
Bruxelles en indentifiant 4 zones<br />
thématiques selon les 4 éléments :<br />
la terre, l’eau, l’air et le feu !<br />
78 79
NO TIME TO DIE<br />
80 81
OCTOPUSSY<br />
Des avions des bateaux,<br />
des motos, des hélicoptères,<br />
mais aussi les armes secrètes<br />
comme ce rouge à lèvres...<br />
82 83
DYE ANOTHER DAY<br />
Jaguar XKR<br />
(2002)<br />
Cylindrée :<br />
4.196 cc<br />
Vitesse maxi :<br />
250 km/h<br />
Accélération :<br />
0 à 100 km/h<br />
en 5,2 secondes<br />
84 85
ARSENAL INTÉGRÉ :<br />
Système d’imagerie thermique<br />
Mitraillette Gatling montée à l’arrière<br />
Système de propulsion de mortier dans le coffre<br />
18 missiles à tête chercheuse montés à l’avant<br />
Système de missiles latéral<br />
Bélier hydraulique<br />
50 véhicules réellement utilisés dans les films, comme la<br />
traditionnelle Aston Martin signant chaque époque !<br />
Pneu à crampons :<br />
Aston Martin a livré<br />
sept V12 Vanquish avec ces pneus<br />
pour assurer une meilleure traction<br />
lors de la conduite sur glace<br />
86 87
BMW Z8<br />
(1999)<br />
SPECTRE<br />
THE WORLS IS NOT ENOUGH<br />
Superbe atmosphère que<br />
celles dégagée par cette<br />
exposition empreinte de la<br />
magie des aventures du plus<br />
célèbre agent secret de sa<br />
gracieuse majesté. Les idées<br />
des concepteurs de cette<br />
exposition permettent aux<br />
visiteurs de se sentir au coeur<br />
des films, c’est magique !<br />
88 89
THE WORLD IS NOT ENOUGH<br />
GOLDFINGER<br />
90 91
NO TIME TO DIE<br />
Triumph Scrambler<br />
1200 XE fut conduite<br />
dans les rues de<br />
Matera en Italie.<br />
92 93
THE SPY WHO LOVED ME<br />
Des scènes de décors de films, des<br />
motos qui bondissent dans l’air, un<br />
Land Rover defender, meurtri par<br />
les balles des méchants, cabossés<br />
par la folle poursuite, il n’y manque<br />
même pas les bruits de l’action !<br />
On est dans le film, et ce n’est pas<br />
étonnant quand on sait que les<br />
organisateurs se sont rendus dans<br />
le Norfolk et y ont découvert une<br />
véritable caverne d’Ali baba<br />
contenant tout le matériel utilisé<br />
par les films de 007. Et c’est là que<br />
Pierre LALLEMAND et son équipe<br />
ont choisi les pièces dont ils avaient<br />
besoin pour réaliser l’expo.<br />
Honda CRF250R<br />
(2012)<br />
Et donc même si «Bond in Motion»<br />
est né à Londres, s’est arrêté à Los<br />
Angeles, 50% des éléments sont<br />
exclusifs à Bruxelles et certains<br />
sont carrément uniques !<br />
SKYFALL<br />
Bond en 1976, va rouler en Lotus Esprit, car l’attaché de presse de Lotus, Don McLauchlan, l’a proposée,<br />
au culot, et a remporté le marché, il confiera deux Lotus Esprit et sept carrosseries (elles sont en polyester),<br />
ainsi qu’un stock de pièces de rechange. La version sous-marin, «Wet Nellie», et a été construite par<br />
Perry Oceanographics, en Floride. Le film... «L’espion qui m’aimait».<br />
94 95
C’est au Heysel que se tient<br />
«Bond in Motion» après Londres<br />
et San Francisco, un palais entier<br />
est cosacré à l’exposition sur<br />
6.000 m 2 , jusqu’au 14 mai 2023 !<br />
Jusqu’à présent, Bond in Motion<br />
a déjà accueilli plus de 30.000 visiteurs.<br />
Si c’est un véritable succès<br />
pour les organisateurs, ça<br />
l’est également pour les visiteurs<br />
qui tombent sous le charme !<br />
En fin du parcours découverte, on<br />
arrive dans un espace bar cosy,<br />
où l’on peut déguster le fameux<br />
Martini 007 «shaken, not stirret».<br />
À la sortie, il est prévu une boutique,<br />
histoire de ne pas rentrer<br />
les mains vides...<br />
Les lundis, mercredis et<br />
dimanches : de 11h15 à 18h<br />
Les vendredis et samedis :<br />
de 11h15 à 20h<br />
Ouverture exceptionnelle certains<br />
mardis et jeudis.<br />
Ouvert tous les jours pendant<br />
les vacances scolaires.<br />
Durée : entre 1h30 et 2h<br />
Lieu : Brussels Expo, Hall 1 -<br />
Avenue Impératrice Charlotte<br />
Réservations :<br />
96<br />
https://007brussels.com/<br />
97
SUPER<strong>CARS</strong> rien que pour vos yeux<br />
Plume @ Eric HEIDEBROEK - Images @ Caminter 2022<br />
98 99
L’Automobile est<br />
omniprésente dans nos<br />
vies. Où que l’on regarde,<br />
elle est là ! Qu’elle soit<br />
d’hier, d’aujourd’hui ou de<br />
demain, il n’y a rien à faire,<br />
elle attire irrésistiblement<br />
le regard, fait tourner les<br />
têtes, suscite des émotions<br />
intenses, de joies, de plaisirs,<br />
de bonheur.<br />
Que l’on soit fille ou garçon, une<br />
belle auto fait toujours briller les<br />
yeux, battre le coeur, incite au<br />
commentaires.<br />
AUTOWORLD est incontestablement<br />
un musée dynamique.<br />
On ne compte plus le nombre<br />
d’expositions à thèmes développées<br />
pour faire vivre le musée et<br />
c’est toujours très bien réalisé.<br />
Comme à chaque fin d’année,<br />
Autoworld saisit l’occasion des<br />
fêtes et congés de l’an neuf<br />
pour remplir les yeux de chacun<br />
des lignes d’avant-hier, d’hier et<br />
d’aujourd’hui.<br />
Cette année, ce sont les supercars<br />
qui font battre les coeurs.<br />
Une exposition impressionnante,<br />
posée de façon aussi claire qu’in-<br />
100 101
telligente. On est vraiment tout près des<br />
bolides exclusifs. On peut bien voir tous les<br />
détails, il n’y a pas de barrière pour vous<br />
tenir à distance, seule zone interdite, la<br />
surface légèrement relevée pour certaines<br />
voitures, où l’on vous demande de ne pas<br />
marcher. L’idée de faire circuler les visiteurs<br />
le long des rangées par des allées très<br />
larges offre une vue totalement ouverte<br />
sur les bolides et permet de bien visualiser<br />
chaque modèle avec recul et proximité.<br />
KTM GT-XR... 2,5kg/ch !<br />
1130 kg / 500 ch<br />
Déclinée de la GT2 de<br />
course et homologuée<br />
pour la route : 285.000 €<br />
Le passage dans cette exposition supercars<br />
est un moment unique, un moment intemporel<br />
dans un monde exclusif que l’on nepeut<br />
jamais approcher d’aussi près et pendant<br />
le temps que l’on a envie de consacrer<br />
à des voitures qui ont marqué leur époque<br />
et pour certaines, si elles reflètent les années<br />
de leur naissance, elle n’en conservent<br />
pas moins un style indémodable, comme<br />
cette Maserati Quatroporte II, née en 1974<br />
et arrêtée en …1975.<br />
Dessinée par Marcello Gandini travaillant<br />
alors chez Bertone, elle est conçue sur la<br />
plateforme de la Citroën SM, allongée de<br />
12 cm et elle reçoit aussi la suspension hydropneumatique<br />
Citroën. La mécanique est<br />
un V6 Maserati et deux boîtes de vitesses<br />
sont proposées, une «5» mécaniques ou<br />
une «3» automatiques. Il n’y aura que 13<br />
exemplaires produits et cette auto ne sera<br />
jamais commercialisée car le process d’homologation<br />
ne sera jamais finalisé.<br />
102 103
La fête pour Ferrari à<br />
Autoworld, avec quelques<br />
exemplaires extraordinaires<br />
qui reflêtent la passion !<br />
104 105
Louis de Fabribeckers est un<br />
poulain de feu Roland D’Ieteren<br />
un passionné de carrosseries et<br />
de vraies voitures. Louis de Fabribeckers<br />
souligne les traits de<br />
sa création basée sur l’esprit<br />
Maserati. «Les proportions déjà<br />
très marquées du coupé Sciàdipersia<br />
sont encore accentuées<br />
dans la version Cabriolet. L’avant<br />
plus tranché les hanches puissantes<br />
et l’arrière en forme de<br />
queue de Kamm (arrière tronqué)<br />
sont exagérés volontairement<br />
par les lignes fluides et douces,<br />
ce qui donne une impression de<br />
tension et de dynamisme, encore<br />
plus marquée lorsque le toit est<br />
abaissé. Cette voiture existe en<br />
série limitée à un prix que seul<br />
son propriétaire aura accepté.»<br />
L’Iso Rivolta Fidia a été produite<br />
entre 1967 et 1975. Dessinée<br />
par Giorgetto Giugiaro<br />
elle est équipée d’un V8 Chevrolet<br />
jusqu’en 1973 ou elle<br />
sera proposée avec un V8 Ford.<br />
Quelques propriétaires célèbres<br />
ont possédé cette auto, comme<br />
John Lennon ou Bono...<br />
106 107
AUTOWORLD est incontestablement le Palais de l’Automobile<br />
Lumineux, majestueux et surtout admirablement géré.<br />
On sent partout cette passion automobile. Vivez y les moments<br />
les plus intenses, les retrouvailles avec la voiture de papa et<br />
maman, celle de papy et mamie, mais aussi celles d’aujourd’hui<br />
ou d’avant-hier. Découvrez cet univers magique.<br />
108 109
110 111
Autoworld c’est aussi la confrontation<br />
des époques automobiles.<br />
Comme cette 300 SL cabriolet dotée<br />
d’un Hard Top. Cette voiture<br />
mythique a fait les beaux jours de<br />
la marque à l’étoile, comme cette<br />
C111 orange de 1970 dont nous<br />
avons utilisé un des rares exemplaires<br />
lors du Knokke Grand Prix,<br />
reportage que vous pouvez lire<br />
dans les pages suivantes. Et qui<br />
révèle bien des aspects de l’Automobile<br />
d’aujourd’hui. Cette<br />
300 SL Roadster nous avons pu<br />
la conduire comme nous le voulions,<br />
lors de la présentation de la<br />
SL (il y a déjà quelques années)<br />
et ce qui surprend le plus chez<br />
Mercedes-Benz c’est la facilité<br />
de conduite de ces voitures exceptionnelles.<br />
Certes, elles ne<br />
disposent d’aucune aide à la<br />
conduite, parfois les freins sont à<br />
tambours, elles sont alimentées<br />
par carburateurs ou injections<br />
mécaniques oui mais dans l’ensemble<br />
ce qui est épattant c’est<br />
que l’on doit les conduire vraiment<br />
et qu’elles sont souvent<br />
dociles. Profitez donc de cette exposition,<br />
elle est vraiment fantastique,<br />
sans oublier que vous pouvez<br />
vister l’ensemble du musée.<br />
112 113
Supercars 2 à Autoworld<br />
Jusqu’au 29 janvier 2023<br />
Parc du Cinquantenaire 11<br />
1000 Bruxelles<br />
114 115
MEAN<br />
REVIVAL<br />
PREMIERE !<br />
Le rêve de<br />
Bernard Carlier<br />
enfin exaucé !<br />
Le 31 mars dernier, la toute première Mean Revival® était présentée<br />
à un public d’initiés et aux passionnés de la marque.<br />
Les acteurs de cette résurection étaient bien présents aussi.<br />
Grâce à eux, Bernard Carlier a enfin pu exaucer son rêve, celui de<br />
construire à l’identique sa voiture de course des années ‘69/’70<br />
avec laquelle il a roulé en compétitions pendant deux ans<br />
comme pilote officiel de la marque Mean.<br />
Quelle jolie voiture !<br />
C’est l’exclamation qui a accueilli d’emblée<br />
la présentation de cette première MEAN<br />
REVIVAL ! Le moteur de Formule 3, un<br />
quatre cylindres Renault Williams de deux<br />
litres qui développe 235 chevaux a donné<br />
de la voix en pénétrant dans la salle de<br />
réception de SPA-RACING à Francorchamps.<br />
Un tonnerre d’applaudissements, et des<br />
yeux émerveillés ont accompagné cette<br />
première apparition. Trois châssis sont<br />
dores et déjà fabriqués et prêt à recevoir<br />
la magnifique carrosserie reproduite grâce<br />
aux talents en matière de CAO de «iD cas».<br />
C’est au départ de six photos de qualité<br />
116 117
médiocre que iDcas a réussi à restaurer le<br />
dessin de la barquette créée par Jacques D’Heur.<br />
A l’époque, cette auto était déjà considérée<br />
comme étant d’avant garde.<br />
Il faut savoir que la vie de Jacques D’Heur est<br />
parsemée d’expériences extraordinaires.<br />
Un parcours pratiquement<br />
impossibles à imaginer<br />
aujourd’hui.<br />
Au culot, il est parvenu à entrer chez<br />
Maserati où il apprendra les métiers Automobiles. Il fera même partie du team<br />
des mécaniciens Maserati au Mans ! Il passera chez Scaglietti, alors carrossier de Ferrari. Il n’aura pas de salaire, mais,<br />
Scaglietti lui offrira la première carrosserie que Jacques D’Heur aura construite pendant son stage, une copie de Ferrari 500<br />
TRC. En 1958, Jacques D’Heur la montera sur un châssis de sa conception ! Mais, ces expériences vécues, cet apprentissage<br />
«sur le tas» ne suffira pas à Jacques d’Heur qui s’inscrira au Collège Of Automobile Engineering de Chelsea. Il y restera trois<br />
années, et, à chaque retour au pays, il construira un prototype.<br />
118 119
Le vers était déjà bien<br />
ancré dans la pomme!<br />
En Angleterre, en fréquentant<br />
le milieu de la compétition<br />
automobile, il rencontre<br />
Jack Brabham, pour l’assister,<br />
entre-autres, sur les F1.<br />
Pour le remercier, Brabham<br />
lui donnera des éléments<br />
de suspensions, de freins et<br />
autres trains roulants. Il ira<br />
aussi chez Ligier F1 où il apprendra<br />
encore et encore les<br />
techniques de conception<br />
de châssis, d’implantations<br />
mécaniques et de réglages.<br />
Avec une telle quantité de<br />
formations de qualités acquises,<br />
auprès de magiciens<br />
et, conjuguées au formidable<br />
esprit créatif de Jacques<br />
D’Heur, il ne faudra pas longtemps<br />
pour que commence<br />
la grande aventure Mean.<br />
Jacques D’Heur restera peu<br />
de temps chez Ford France,<br />
tout au plus l’année 1963.<br />
1964, Jacques va construire<br />
un premier moule de carrosserie.<br />
Il va habiller un châssis<br />
tubulaire, de sa conception,<br />
équipé d’un moteur quatre<br />
cylindres de Ford Cortina<br />
GT. C’est aussi en 1964, que<br />
la société Mean Motor Engineering<br />
verra le jour.<br />
En 1966, un coupé Aquila<br />
sortira suivit par un spider<br />
Jacques d’Heur portant<br />
le châssis tubulaire de la Sonora<br />
Le Spider Mean Sonora<br />
Sonora. Les châssis sont à<br />
moteur central arrière...<br />
Comme les F1 !<br />
A l’époque, la compétition<br />
continuait à marquer les esprits<br />
et à générer de l’image<br />
de marque. Des principes indispensables<br />
au développements<br />
commerciaux.<br />
Jacques D’Heur a développé<br />
en Belgique la production de<br />
kit-cars, c’est à dire des voitures<br />
à monter soi même...<br />
Un peu l’Ikéa de l’automobile<br />
avant l’aire du suédois.<br />
Donc dès 1967, d’Heur va<br />
créer une barquette capable<br />
de recevoir plusieurs mécaniques,<br />
on cite d’ailleurs,<br />
des moteurs Peugeot, VW,<br />
Renault, NSU, Porsche et<br />
même un V6 Ford !<br />
En 1969, Jacques D’Heur va<br />
créer une barquette dite<br />
«can-am», plus légère mais<br />
surtout très jolie, et équilibrée.<br />
C’est avec cette auto<br />
que Bernard CARLIER va<br />
s’illustrer malgré une mécanique<br />
Alfa Romeo «Bialbero»<br />
à compresseur... particulièrement<br />
capricieux qui<br />
handicapera considérablement<br />
le travail de pilotage<br />
de Bernard CARLIER.<br />
Ce moteur avait un temps<br />
de réponse épouvantable<br />
120 121
et des réactions intempestives,<br />
malgré tout, CARLIER<br />
prendra des podiums et des<br />
places de choix. On peut<br />
comprendre que cinquante<br />
ans plus tard, ce rêve de retrouver<br />
celle avec laquelle<br />
il a passé tant de moments<br />
passionnants devienne une<br />
obsession. Une obsession<br />
telle qu’en plus, sa voiture<br />
est un exemplaire unique<br />
et qu’il est, aujourd’hui, introuvable.<br />
Bernard CARLIER raconte:<br />
«j’étais pilote officiel chez Renault<br />
quand Jacques D’Heur<br />
a demandé si quelqu’un était<br />
intéressé à piloter une de ses<br />
voitures. J’ai relevé le défi et<br />
Renault m’a prêté des moteurs<br />
Gordini. Je me suis engagé au<br />
Grand National à Zolder, contre<br />
des Porsche, des Abarth, et<br />
...j’ai gagné !»<br />
«Ce fut le début d’une grande<br />
aventure, d’une belle amitié. Pilote<br />
d’usine pour Mean, j’ai gagné<br />
de nombreuses courses au<br />
volant de ces voitures légères<br />
et performantes. Les châssis<br />
étaient d’une telle rigueur que<br />
les piloter était un vrai régal.<br />
Alors, quand Jacques D’Heur<br />
a créé la barquette «Can-Am»<br />
j’étais subjugué !<br />
Malgré le compresseur capricieux,<br />
j’ai gagné des courses,<br />
je suis monté sur le podium<br />
Jacques d’Heur et son épouse<br />
Bernard CARLIER au volant<br />
plusieurs fois et souvent classé<br />
dans le top 5. C’était un tellement<br />
grand moment que j’en<br />
ai gardé un souvenir impérissable<br />
et une terrible envie de<br />
faire revivre cette auto. J’avais<br />
tellement besoin de retrouver<br />
les sensations exceptionnelles<br />
du châssis, de lui donner une<br />
mécanique digne de ses performances<br />
que c’en est devenu<br />
une obsession.<br />
J’ai gagné des courses devant<br />
des stars équipées de voitures<br />
souvent plus performantes et<br />
prestigieuses. Aussi, il m’est<br />
venu l’idée de reconstruire<br />
la dernière barquette que<br />
Jacques avait construite en<br />
un seul exemplaire. Il n’existe<br />
aucun plan de cet auto.<br />
Six photos sont à la base de ce<br />
projet. Des photos d’époque,<br />
prises retrouvées dans des<br />
journaux et de très mauvaise<br />
qualité...<br />
Quelques amis, se sont embarqués<br />
avec moi dans cette<br />
aventure. Grace à Antoine<br />
Dardenne, j’ai pu rencontrer<br />
des designers issu de Renault<br />
Sport et établi en Belgique depuis<br />
peu. Ils ont tout de suite<br />
accepté ce défi avec un rare<br />
enthousiasme.<br />
La société iDcas avec ses ingénieurs<br />
en CAO (conception<br />
assistée par ordinateur) on<br />
122 123
ecréé la carrosserie en trois<br />
dimensions. Ils ont préparé<br />
le dessin en 3D de toutes les<br />
pièces et calculé tous les algorythmes.<br />
Ensuite, la société Design<br />
Stone de Libramont, managée<br />
par son super patron Anthony<br />
Cognaux, a commencé à fraiser<br />
les gabarits en polyuréthane.<br />
Ceux-ci sont ensuite partis<br />
chez Technifutur au campus<br />
de Francorchamps où ils ont<br />
été complètement préparés<br />
pour servir de moules aux carrosseries<br />
des premières Mean<br />
Revival.<br />
Jean-Michel Pirlot avait accepté<br />
le challenge de ré-édition d’une<br />
une voiture née dans la région.<br />
Relais repris par Sébastien<br />
Petithan et le professeur bien<br />
connu, super spécialiste des<br />
matériaux composites,<br />
Lillo Trovato qui a mis<br />
ses élèves à l’ouvrage<br />
sur la réalisation<br />
de la carrosserie<br />
composite.<br />
Lillo Trovato et ses<br />
élèves ont offert une<br />
magnifique finition à<br />
la carrosserie de la toute<br />
première Mean Revival.<br />
peinture pour revenir dans sa<br />
superbe livrée jaune Vif.<br />
Elle fut présentée le 31 mars<br />
dernier chez Spa Racing à un<br />
public exhaustif parmis lesquels<br />
les membres du Club<br />
Mean Revival, tous les passionnés<br />
qui ont mis la main à<br />
la pâte et qui suivent avec passions<br />
et anecdotes la génèse de<br />
cette fabuleuse aventure.<br />
Entre temps, afin de péréniser<br />
l’opération, Bernard CARLIER et<br />
ses associés, Jean-Marc JACOB<br />
et Paul KUMPEN ont acquis<br />
officiellement les marques<br />
Mean® et Mean Revival®.<br />
Des éléments qui permettent<br />
de développer encore les produits<br />
de la marque, de restaurer<br />
les anciennes, et pourquoi<br />
pas en développer d’autres.<br />
On chuchote<br />
d’ailleurs qu’une<br />
Sonora pourrait<br />
revoir le jour, avec<br />
une finition très<br />
haut de gamme,<br />
des équipements de<br />
confort et une mécanique<br />
noble.<br />
Wait and see !<br />
Ensuite cette sportive<br />
carrosserie est partie en<br />
124 125
1 - dessin réaliste en CAO de<br />
la barquette Mean Revival<br />
effectué chez iDcas, on sent<br />
l’amour du travail bien fait et<br />
méticuleux.<br />
2 - Impression 3D chez Design<br />
Stone à Libramont.<br />
Les nouvelles technologies<br />
sont vraiment extraordinaires.<br />
3 et 4 - Les élèves de Lillo<br />
Trovatto se sont donnés à<br />
fond dans ce projet !<br />
Le Campus de Francorchamps<br />
est un creuset où l’on forge<br />
de réels talents enthousiastes,<br />
passionnés et très soigneux<br />
<br />
<br />
<br />
126 127
MOTEUR !<br />
Le 31 mars dernier, le moteur<br />
Renault Williams de la Mean<br />
Revival s’éveille et dans son<br />
vrombissement de voiture de<br />
course, la Mean Revival première<br />
du nom accède au coeur<br />
de la salle de réception !<br />
Conduite par un Bernard<br />
CARLIER galvanisé par<br />
cette toute première, et la<br />
réalisation de son rêve, il est<br />
heureux et cela se voit.<br />
Le public présent ouvre de<br />
grands yeux, un seul mot est<br />
sur toutes les lèvres, WAOU H !<br />
Deux sont déjà acquis par Jean-<br />
Marc JACOB (à gauche derrière<br />
Bernard Carlier) qui la choisie<br />
en rouge et le troisième est<br />
réservé à Paul KUMPEN qui la<br />
prend en noir avec des roues<br />
dorées ! Le dernier châssis fait<br />
l’objet de bien de convoitises.<br />
A droite sur la photo, Michel<br />
CARDON est l’ingénieur motoriste.<br />
Un gros travail de mise<br />
au point a été nécessaire afin<br />
de modéliser l’électronique<br />
d’époque aux besoins de la<br />
voiture. C’est à lui que l’on doit<br />
les premiers rugissement du<br />
quatre cylindres Renault Williams<br />
de 2 litres et 235 chevaux.<br />
La suite est : «qu’elle est belle»<br />
tout le monde veut la voir l’approcher,<br />
nombreux sont ceux<br />
qui s’attardent sur les détails,<br />
le travail est particulièrement<br />
apprécié, montré, ausculté.<br />
Rares sont les restaurations<br />
aussi bien menées, surtout en<br />
partant de seulement six photos<br />
de faible qualité et de souvenirs<br />
d’il y a 50 ans !<br />
On sait aussi que Bernard a<br />
construit quatre châssis, le premier<br />
est dans la numéro 1. Elle<br />
servira de modèle étalon par<br />
lequel les résultats des mises<br />
au point viendront peaufiner<br />
les trois châssis suivants.<br />
128 129
METTET...<br />
PREMIERS<br />
TOURS<br />
DE ROUES<br />
Véritable mécanique de<br />
Formule 3, le quatre cylindres<br />
Renault Williams a besoin de<br />
réglages précis, Michel Cardon<br />
se bat avec une électronique<br />
d’un autre âge. On découvre<br />
au fil des tours de nouveaux<br />
paramètres, mais dans<br />
l’ensemble on est dans le bon.<br />
La Mean Revival roule et très<br />
bien. La mécanique doit subir<br />
de nouveaux réglages.<br />
Luciano Arcangeli passe par le<br />
stand, et s’exclame !<br />
«Qu’elle est belle et en plus<br />
c’est du Belge !»<br />
«Et ce moteur ! Un des<br />
meilleurs !» Il fait part de son<br />
expertise, montre la batterie:<br />
«pas assez puissante pour le<br />
Williams, il en faut une plus<br />
forte, donc plus stable. Il lui<br />
faut aussi une arrivée d’air<br />
plus efficace, et plus fraiche.»<br />
Les ingénieurs discutent,<br />
concluent. La séance d’essai est<br />
une mine de renseignements,<br />
et donc retour à l’atelier pour<br />
peaufiner les réglages !<br />
La prochaine sera fantastique<br />
et on sortira les chronos !<br />
130 131
LE GÉNIE<br />
D’ETTORE<br />
BUGATTI<br />
Avec ses hypersportives d’avant-garde, des voitures de course<br />
parmi les plus célèbres au monde et près de 1000 brevets à<br />
son nom, Ettore Bugatti a établi la quête incessante de la perfection<br />
par l’innovation qui fait l’essence de la marque Bugatti,<br />
défiant la norme à chaque instant.<br />
Cette philosophie perdure encore aujourd’hui et dans cette<br />
nouvelle ère pour Bugatti.<br />
Dès son plus jeune âge, Ettore Bugatti s’avère être un ingénieur né,<br />
si doué qu’il est capable de maîtriser des concepts complexes sans<br />
formation professionnelle. Son père, Carlo Bugatti, a su reconnaître<br />
ses talents en le regardant réparer un tricycle motorisé. En 1898, il<br />
convainc Ettore, qui est encore mineur, de commencer un apprentissage<br />
à l’usine Prinetti & Stucchi.<br />
Le jeune homme y révèle son ambition d’innovation inébranlable et<br />
sa fascination pour la puissance et la vitesse. Un an plus tard, il crée<br />
son propre tricycle motorisé avec lequel il participera lui-même à la<br />
course Paris-Bordeaux. L’année suivante, il quitte Prinetti et Stucchi<br />
pour créer sa propre voiture grâce au financement du comte Gulinelli.<br />
C’est ainsi que le jeune Ettore Bugatti construit sa première voiture<br />
dont il dessine chaque détail, du moteur à la carrosserie, et supervise<br />
la création des pièces avant de l’assembler de ses propres mains.<br />
Son design novateur, qui remet en question les archétypes établis, lui vaut<br />
de nombreuses récompenses et attire l’attention de la société De Dietrich<br />
qui finira par l’embaucher pour concevoir et construire des véhicules.<br />
132 133
Ettore était à l’époque si jeune<br />
que son père a dû co-signer le<br />
contrat avec lui.<br />
Des idées visionnaires<br />
Véritable passionné d’automobile,<br />
Ettore était très en avance<br />
sur son temps. Au tout début<br />
du 20e siècle, l’automobile était<br />
bien loin d’être un moyen de<br />
transport de masse établi et ne<br />
consistait pas une solution à long<br />
terme. Beaucoup la considérait<br />
comme réservée à la bourgeoisie<br />
européenne, et notamment française,<br />
pour profiter de l’activité<br />
la plus prestigieuse de l’époque:<br />
les courses. Mais l’avenir allait<br />
s’avérer bien différent.<br />
C’est en travaillant chez<br />
De Dietrich qu’Ettore a<br />
développé cette<br />
propension aux idées<br />
avant-gardistes.<br />
En 1903, il construit une voiture<br />
pour la course Paris-Madrid en<br />
plaçant le conducteur et la mécanique<br />
tout en bas du châssis,<br />
idéal pour le centre de gravité et<br />
l’aérodynamisme. Cette solution<br />
révolutionnaire était si innovante<br />
que la voiture n’a pas pu<br />
courir; les organisateurs considéraient<br />
que les sièges devaient<br />
être plus hauts.<br />
En 1907, alors qu’il travaille<br />
officiellement comme chef de<br />
production pour le fabricant de<br />
moteurs Deutz, Ettore continue<br />
à développer ses propres idées.<br />
Pendant qu’il créait pour son<br />
employeur des véhicules de plus<br />
grande taille, plus lourds et équipés<br />
de moteurs à forte capacité,<br />
il était également occupé à élaborer<br />
une voiture à la fois petite<br />
et légère, en contradiction directe<br />
avec les tendances de l’époque.<br />
C’est ainsi qu’en 1909, la Type<br />
10 ou «Pur Sang» apparaît. Un<br />
moteur 1,2 litre à 4 cylindres 10<br />
CV propulse cette voiture à deux<br />
places de seulement 365 kg et capable<br />
de monter jusqu’à 80 km/h.<br />
L’arbre à cames en tête actionne<br />
deux soupapes par cylindre suspendues<br />
dans un bloc en fonte.<br />
Une invention d’Ettore.<br />
L’arbre à cames est relié au vilebrequin<br />
par un arbre conique<br />
vertical, tandis que la puissance<br />
passe du moteur aux roues arrière<br />
via un embrayage multidisque<br />
et un arbre d’entraînement<br />
– très inhabituel à l’époque<br />
où la plupart des automobiles<br />
étaient équipées d’un entraînement<br />
à chaîne.<br />
Ettore a fait partie des premiers<br />
à utiliser la course comme plateforme<br />
pour démontrer la véritable<br />
grandeur de ses voitures<br />
en les exposant devant des<br />
foules de spectateurs captivés.<br />
Ses prouesses d’ingénierie et sa<br />
passion pour la vitesse et la puissance<br />
transparaissaient dans les<br />
performances de ses créations<br />
qui bouleversaient ce que beaucoup<br />
croyaient être une formule<br />
gagnante. Cette philosophie<br />
durable allait bientôt être adoptée<br />
par les rivaux de Bugatti qui<br />
134 135
tenteront d’imiter Ettore en utilisant la course comme scène pour leurs<br />
propres automobiles. À l’occasion du Grand Prix de France de 1911, Bugatti<br />
présente une Type 10 modifiée, connue sous le nom de Type 13,<br />
avec Ernest Friedrich au volant. Le véhicule se retrouve face à des voitures<br />
faisant presque deux fois son poids et dotées de moteurs trois fois<br />
plus gros. Mais la vision et la détermination d’Ettore paient, et sa création<br />
réalise l’exploit de terminer deuxième.<br />
La perfection à portée de main<br />
La fascination d’Ettore Bugatti pour ses créations lui permet d’obtenir un<br />
certain nombre de brevets pour sa nouvelle voiture de course baptisée<br />
Type 35. L’automobile est la toute première à utiliser un vilebrequin à<br />
double roulement à rouleaux et à triple roulement à billes, ce qui permet<br />
au moteur et à ses huit pistons de monter jusqu’à 6000 tr/min. Autre innovation<br />
brevetée par Ettore Bugatti, les roues en alliage contribuent à créer<br />
une voiture plus légère et agile. Désireux de créer des machines toujours<br />
plus rapides et puissantes, Ettore permet à sa Type 35 d’atteindre plus de 190<br />
km/h, dépassant facilement toutes ses concurrentes. Doté d’un moteur 2,3<br />
litres 8 cylindres et d’un compresseur, le modèle ultérieur appelé Type 35 B<br />
voit sa puissance passer à 140 CV et sa vitesse de pointe à plus de 215 km/h.<br />
En 1925, la Type 35 participe pour la première fois à la course Targa<br />
Florio de Sicile et décroche la victoire. Quatre autres modèles de la Type<br />
35 remporteront cette course longue distance très prestigieuse sur des<br />
routes de montagne publiques. C’était à l’époque la course de rue la plus<br />
difficile et la plus célèbre au monde. Au début des années 30, la Type 35<br />
aura remporté au total près de 2000 courses, ce qui en fait la voiture de<br />
course la plus couronnée de succès de tous les temps.<br />
Maître dans tous les domaines<br />
Le génie d’Ettore Bugatti réside notamment dans le fait que sa maîtrise<br />
technique s’étend à tout le spectre du développement automobile, allant<br />
même au-delà. Après avoir créé la légère Type 35, Bugatti décide de<br />
construire la Type 41 « Royale », voiture la plus longue et la plus luxueuse<br />
de son époque. Très sélectif avec sa clientèle, Ettore ne propose sa Type<br />
41 qu’aux clients les plus distingués de l’époque. Parmi eux, beaucoup de<br />
souverains et d’aristocrates.<br />
C’est ainsi que la Type 41 a pris le nom de «Royale».<br />
Son long capot abritait un moteur 8 cylindres en ligne de 12,8 litres<br />
capable de fournir environ 300 CV et de faire monter ce véhicule qui<br />
pouvait peser jusqu’à 3,5 tonnes, selon la carrosserie, jusqu’à près de<br />
200 km/h. Discret, le moteur restait à l’arrière-plan. Il atteignait sa puissance<br />
maximale à seulement 1800 tours et pouvait passer de 2 km/h à<br />
200 km/h, sa vitesse de pointe. Un système de lubrification à carter sec<br />
136 137<br />
136
pompait 23 litres d’huile aux endroits nécessaires et 43 litres de liquide<br />
de refroidissement qui permettaient de maintenir une température équilibrée.<br />
Le vilebrequin et l’arbre à cames étaient reliés par un arbre vertical<br />
et le vilebrequin long reposait sur neuf paliers lisses. Un embrayage<br />
sec multidisque, commandé par une boîte de vitesses à trois rapports,<br />
transmettait la puissance aux roues arrière. Pour plus de confort, Bugatti<br />
avait également décidé de doubler le quart elliptique de suspension sur<br />
les essieux. Les roues en alliage massif dotées de fentes permettaient<br />
d’éviter la surchauffe des grands tambours de frein.<br />
Quand le suffisant ne suffit pas<br />
Les extraordinaires inventions d’Ettore Bugatti sont le fruit de son désir<br />
incessant d’amélioration. Mécontent de la liqueur qu’il achète, il a décidé<br />
d’ouvrir sa propre distillerie. Estimant que les meilleures bicyclettes du<br />
marché ne sont pas d’assez bonne qualité, il décide de créer les siennes. Et<br />
lorsqu’aucune voiture à roulettes ne trouve grâce à ses yeux pour son fils<br />
Roland, il décide d’en construire une lui-même : la célèbre Bugatti Type 52.<br />
Mais Ettore a aussi fait breveter un rasoir cylindrique, un cadre ultra léger<br />
pour bicyclettes et motos, ainsi que des serrures de sécurité. Cet inventeur<br />
ingénieux a même créé une canne à lancer pour pêcheurs à la ligne. Il a<br />
également créé d’innombrables objets du quotidien qui n’ont jamais été<br />
brevetés : portails, portes, luminaires, fauteuils, étaux, instruments chirurgicaux,<br />
harnais pour chevaux, ou encore stores pour fenêtres.<br />
138 139
L’HISTOIRE DE<br />
BUGATTI<br />
AUX<br />
En 1923, année d’inauguration des 24 Heures du Mans,<br />
deux Bugatti Brescia 16S ont participé à la course.<br />
24 HEURES<br />
DU MANS<br />
Cette année, la course des 24 Heures du Mans, réputée<br />
comme l’épreuve automobile la plus prestigieuse<br />
au monde pour ses voitures et ses pilotes,<br />
célèbre son centenaire.<br />
Au cours de ces 100 années d’histoire, la légende de<br />
Bugatti est étroitement liée depuis la toute première<br />
course en 1923.<br />
Lors de cette année d’inauguration, Bugatti a inscrit deux Brescia<br />
16S, dont l’une était pilotée par Max de Pourtalès et Sosthène de<br />
La Rochefoucauld. La Brescia était réputée pour sa légèreté et sa<br />
fiabilité sans compromis, se distinguant à une époque où de nombreuses<br />
voitures de course étaient encombrantes et peu maniables.<br />
Malgré des conditions météorologiques pluvieuses tout au long des<br />
24 heures de la course, la Brescia pilotée par de Pourtalès et de La<br />
Rochefoucauld se classe parmi les dix premiers. Ce début prometteur<br />
révèle ainsi le formidable potentiel de Bugatti dans le domaine<br />
des courses d’endurance.<br />
L’histoire de Bugatti est étroitement<br />
liée aux 24 Heures du Mans, qui<br />
célèbrent cette année leur centenaire.<br />
140 141
En 1930, Bugatti fait son retour sur le circuit de la Sarthe, où se<br />
déroulent encore aujourd’hui les 24 Heures du Mans, avec une Type<br />
40 engagée par la propriétaire privée Odette Siko.<br />
Ce qui rend cet événement remarquable est le duo exclusivement<br />
féminin qu’Odette Siko et sa coéquipière Marguerite Mareuse formaient,<br />
à une époque où beaucoup doutaient des capacités des<br />
femmes à accomplir une course automobile aussi exigeante.<br />
Cependant, grâce à leur détermination et leur talent, ces deux pionnières<br />
ont été propulsées par leur Bugatti Type 40 et ont obtenu<br />
une honorable septième place.<br />
En 1930, Bugatti revient sur le circuit<br />
de la Sarthe, lieu emblématique<br />
des 24 Heures du Mans encore<br />
aujourd’hui, avec une Type 40.<br />
Leurs exploits au Mans ne font qu’illustrer les nombreuses femmes<br />
audacieuses qui ont participé au plus haut niveau du sport automobile<br />
au volant de véhicules Bugatti ainsi qu’aux côtés d’icônes<br />
telles que Hellé Nice et Eliška Junkov.<br />
Au fil des années, Bugatti connaît des résultats contrastés lors des<br />
24 Heures du Mans. Malgré une série de performances solides –<br />
une sixième place en 1932, une neuvième en 1934 et une quatorzième<br />
en 1935 – tous les éléments nécessaires pour monter sur<br />
le podium du Mans ne se sont jamais alignés. Cependant, tout va<br />
changer de façon spectaculaire en 1937.<br />
Odette Siko et sa copilote Marguerite<br />
Mareuse, un duo exclusivement<br />
féminin, ont été propulsées par<br />
leur Bugatti Type 40 obtenant une<br />
honorable septième place.<br />
Suite aux nouvelles règles établies par les organisateurs des 24<br />
Heures du Mans en 1936, Bugatti entreprend rapidement la construction<br />
d’un nouveau véhicule de course, la Type 57 Grand Prix. Cette<br />
voiture, spécialement conçue pour les compétitions automobiles de<br />
haut niveau, est propulsée par un moteur huit cylindres en ligne de 3<br />
266 cm³, développant une puissance de 170 chevaux.<br />
Le châssis a été méticuleusement conçu avec des perforations afin<br />
de réduire son poids de manière cruciale. Elle était également dotée<br />
d’une large carrosserie aérodynamique, en alliage de magnésium<br />
qui enveloppait les roues. Cette forme distinctive lui a valu le surnom<br />
affectueux de « Tank ». Sur la légendaire ligne droite du circuit<br />
de la Sarthe, elle a atteint une vitesse de pointe impressionnante de<br />
près de 220 km/h (135 mph).<br />
Grâce au talent exceptionnel du pilote français Jean-Pierre Wimille,<br />
la puissance de la Type 57G Tank est pleinement exploitée.<br />
En 1937, associé à Robert Benoist, l’un des meilleurs pilotes français<br />
de l’entre-deux-guerres, Wimille a conduit la voiture vers une<br />
142 143
victoire éclatante. Ils franchissent la ligne d’arrivée après avoir parcouru<br />
près de 100 kilomètres de plus que la voiture classée deuxième,<br />
témoignant ainsi du génie technique et de l’esprit pionnier<br />
de Bugatti. Cette victoire ne représente pas seulement la première<br />
pour Bugatti au Mans, mais marque l’établissement d’un nouveau<br />
record de distance par Wimille et Benoist, qui ont parcouru 3 287<br />
kilomètres lors de cette course, laissant une empreinte indéniable<br />
dans l’histoire.<br />
La maîtrise de la Type 57G par Wimille est loin d’être épuisée. Bien<br />
que Bugatti doive se retirer de la course de 1938 en raison de problèmes<br />
techniques, le pilote Wimille et la marque de Molsheim font<br />
leur retour sur le circuit du Mans en 1939, cette fois avec Pierre Veyron<br />
comme copilote, au volant de la Type 57C, une version évoluée<br />
de la Type 57G.<br />
En 1937, Jean-Pierre Wimille et<br />
Robert Benoist, au volant d’une<br />
Bugatti Type 57G, remportent la<br />
première victoire tant attendue de<br />
Bugatti aux 24 Heures du Mans.<br />
Sous la carrosserie aérodynamique de la Type 57C se cache cette année<br />
un moteur huit cylindres amélioré développant environ 200 chevaux.<br />
Ce moteur permet d’atteindre des vitesses supérieures à<br />
255 km/h en ligne droite. De plus, grâce à diverses améliorations,<br />
Bugatti est parvenu à réduire le poids du capot rond. L’essieu arrière,<br />
le vilebrequin et d’autres pièces ont également été optimisés.<br />
Dès le début de la course, la Bugatti est confrontée à une forte<br />
concurrence de la part de Raymond Sommer, au volant d’une nouvelle<br />
Alfa Romeo.<br />
Ce dernier prend rapidement la tête de la course, mais le pilote<br />
Bugatti fait preuve d’un talent exceptionnel en adoptant des trajectoires<br />
précises dans les virages, tout en préservant ses pneus et<br />
ses freins.<br />
Durant la nuit, les voitures ne cessent d’accélérer. La lutte intense<br />
entre Sommer et Wimille pour la première place est bientôt rejointe<br />
par Louis Gérad et Georges Monnert, pilotes de Delage.<br />
Malheureusement, leur voiture de course ne résiste pas à l’effort.<br />
Le lendemain matin, un problème moteur les contraint à s’arrêter<br />
dans les stands. Pendant ce temps, Pierre Veyron continue sa<br />
course, poussant la Type 57C Tank à chaque tour de piste.<br />
La Type 57G, surnommée affectueusement « Tank »,<br />
était dotée d’une large carrosserie aérodynamique<br />
en alliage de magnésium.<br />
Avec une distance de piste de près de 13,5 kilomètres par tour,<br />
Wimille et Veyron ont parcouru 3 354 kilomètres, soit 247 tours<br />
en 24 heures, ce qui leur a valu une victoire impressionnante. La<br />
Bugatti a atteint une vitesse moyenne de 139 km/h, la deuxième<br />
144 145
voiture de course a été distancée de trois tours et la troisième de<br />
neufs tours. Sur les 42 véhicules ayant pris le départ, seulement 20<br />
ont franchi la ligne d’arrivée.<br />
En 1939, Jean-Pierre Wimille et son<br />
copilote Pierre Veyron remportent à<br />
nouveau la victoire au volant de la<br />
Type 57C.<br />
Ettore Bugatti a déclaré plus tard que les mécaniciens n’ont jamais<br />
eu besoin d’ouvrir le capot pendant la course, témoignant de la<br />
fiabilité du moteur à huit cylindres.<br />
Le début de la Seconde Guerre Mondiale marque le début d’une<br />
interruption de dix ans pour les 24 Heures du Mans.<br />
Ce n’est qu’en 1994, exactement 55 ans après la dernière victoire<br />
de la marque de Molsheim, qu’une Bugatti a été de nouveau présente<br />
dans cette course mondialement connue.<br />
Il s’agit de la EB 110 Super Sport qui a malheureusement rencontré<br />
un problème technique et n’a pu terminer la course.<br />
En cette année de célébration du centenaire des 24 Heures du<br />
Mans, Bugatti a fait retour sur le circuit de la Sarthe.<br />
Le samedi 10 juin 2023, la Bolide a effectué un tour de piste dynamique<br />
dans l’après-midi, marquant ainsi ses débuts officiels d’une<br />
course palpitante.<br />
En 1994, exactement 55 ans après<br />
la dernière victoire, Bugatti participe<br />
aux 24 Heures du Mans avec une<br />
EB 110 Super Sport.<br />
À l’occasion du centenaire de l’une<br />
des compétitions automobiles les<br />
plus renommées au monde, Bugatti<br />
est retourné au Mans pour dévoiler la<br />
Bolide au public pour la première fois.<br />
© RÉMI DARGEGEN<br />
146 147
FEMME<br />
PILOTES<br />
Christine<br />
BECKERS<br />
Pour célébrer la<br />
«Journée internationale de la Femme»,<br />
Alfa Romeo tient à saluer ses femmes pilotes<br />
de course, qui se sont démarquées dans<br />
l’histoire de la marque au trèfle à quatre<br />
feuilles.<br />
Pour la Belgique, la marque d’Arese celèbre<br />
la pilote, Christine Beckers, qui a défendu les<br />
couleurs d’Alfa Romeo dans de nombreuses<br />
compétitions internationales.<br />
Depuis l’aube de l’automobile, les femmes ont joué un<br />
rôle décisif aux côté des hommes. Certes, affublées de<br />
l’image «sexe faible» elles ont du s’imposer par diverses<br />
attitudes, passant de la passion à l’expertise, la ténacité,<br />
et toujours, une force de caractère indestructible.<br />
Voilà, en quelques mots, ce qui caractérise les femmes<br />
qui ont piloté des Alfa Romeo en course en montrant à<br />
de gros bras matchos qu’elles sont loin d’être de faibles<br />
femmes.<br />
De toutes les époques, dans tous les pays et encore<br />
aujourd’hui les femmes aiment la compétition<br />
automobile, les défis. Elles s’y préparent comme leurs<br />
homologues masculins qui ne peuvent s’empêcher des<br />
les toiser, mais dovent se rendre à l’évidence qu’elles<br />
sont très coriaces et ne lâchent pas le morceau.<br />
148<br />
Dans les pages qui suivent, vous découvrirez leur<br />
contribution au succès de la marque Alfa Romeo, avec<br />
un rapide tour d’horizon qui part de nos jours - avec<br />
l’inévitable parenthèse des média sociaux, et remonte<br />
au début du XXe siècle.<br />
149
Christine Beckers<br />
Les années 1960 étaient l’époque de l’Alfa<br />
Romeo Giulia Sprint GTA. Ses résultats, ses<br />
victoires et son importance dans l’histoire<br />
d’Alfa Romeo sont bien connus.<br />
Moins connus, cependant, sont les péripéties<br />
de l’Alfa Romeo GTA-SA (suralimentée).<br />
Préparé en dix unités pour<br />
le Groupe 5, ce modèle était équipé de<br />
deux compresseurs centrifuges à commande<br />
hydraulique qui augmentaient la<br />
puissance à 220 ch, ce qui se traduisait<br />
par une vitesse de pointe de 240 km/h.<br />
Toujours aussi passionnée de belles mécaniques,<br />
Christine Beckers s’adonne<br />
toujours – dès que les circonstances<br />
sanitaires le permettront<br />
– au pilotage automobile lors de<br />
manifestations internationales.<br />
Christine n’était d’ailleurs pas la<br />
seule pilote à se distinguer au volant<br />
de la GTA. La pilote hollandaise<br />
Liane Engeman, ultra-rapide sera,<br />
plus tard, choisie par Alfa Romeo<br />
comme modèle, s’est surpassée dans<br />
l’Alfa Romeo 1300 Junior de l’équipe<br />
Toine Hezemans.<br />
Ce fabuleux quatre cylindres en ligne,<br />
double arbres à cames en tête, dénommé<br />
«bialbero» a atteint des performances<br />
optimales, mais comme l’a expliqué le<br />
pilote d’essai historique d’Autodelta<br />
Teodoro Zeccoli, la GTA-SA avait «une<br />
augmentation imprévisible de la puissance<br />
qui se déclenchait soudainement<br />
sans préavis, faisant de la SA un véhicule<br />
imprévisible, difficile à maîtriser dans les<br />
courbes ou lors des manœuvres».<br />
Christine Beckers a gagné à Houyet en<br />
1968, et obtenu d’excellents résultats<br />
l’année suivante. Très vite, Christine a su<br />
mieux que quiconque dompter la hargne<br />
de la GTA-SA : au Condroz, à «Trois-<br />
Ponts», à Herbeumont et à Zandvoort.<br />
Jointe<br />
par téléphone,<br />
Christine Beckers raconte :<br />
«Je me souviens avec beaucoup d’émotion<br />
et d’enthousiasme de mes années<br />
de compétitions automobiles. Nous pratiquions<br />
tous ce sport avec beaucoup de<br />
passion et d’innocence!»<br />
Celle qui se définit aujourd’hui et avec<br />
beaucoup d’humour comme une «pilotessa<br />
belga de l’ancien temps» aime se souvenir<br />
de ces moments : «J’apprécie beaucoup la<br />
remarque de mon co-équiper et ami Zeccoli<br />
au sujet de la GTA-SA. C’était vraiment un<br />
monstre automobile qu’il fallait dompter !<br />
Mais, bon, j’y suis arrivée !»<br />
Christine n’a pas uniquement<br />
piloté ce modèle. Elle se<br />
souvient :<br />
«J’ai également piloté la 33/2 en<br />
Angola. Pour Alfa Romeo South<br />
Africa, j’ai aussi conduit la GTV<br />
pour prendre part à quatre courses<br />
de la Spingbok Series, avec le pilote<br />
de F1 Basil Van Rooyen. Nous<br />
avons gagné la classe au Mozambique,<br />
à Cape Towm et en Rhodésie,<br />
où j’ai eu l’honneur de dîner<br />
en compagnie du Président de la<br />
République !»<br />
150 151
Maria Antonietta<br />
d’Avanzo<br />
L’une des premières pilote d’Alfa<br />
Romeo, est la baronne Maria<br />
Antonietta d’Avanzo. Elle a fait<br />
ses débuts dans l’entre-deuxguerres,<br />
dans cette période<br />
magique appellée aussi les<br />
«années folles».<br />
Pionnière du sport automobile<br />
italien, elle est aussi de toutes<br />
les aventures novatrices du<br />
début du siècle.<br />
Aviatrice et journaliste, la<br />
pilote de course d’Avanzo a<br />
remporté la troisième place<br />
à bord de l’Alfa Romeo G1 à<br />
Brescia en 1921 et a fait ses preuves<br />
dans de nombreuses compétitions<br />
en tant qu’adversaire redoutable des<br />
meilleurs pilotes de l’époque, dont le<br />
jeune Enzo Ferrari.<br />
La baronne d’Avanzo a couru jusque<br />
dans les années 1940 dans une<br />
variété de véhicules et de courses,<br />
voyageant dans le monde entier.<br />
Anna Maria<br />
Peduzzi<br />
Les années de la Scuderia Ferrari<br />
ont marqué un chapitre crucial de<br />
l’histoire d’Alfa Romeo. Parmi les<br />
pilotes du «Cheval cabré» figurait<br />
Anna Maria Peduzzi, née à Côme,<br />
l’épouse du pilote Franco<br />
Comotti, surnommé<br />
le «Marocain».<br />
Après ses débuts à<br />
bord de sa propre<br />
Alfa Romeo 6C 1500<br />
Super Sport, qu’elle<br />
avait achetée à Ferrari<br />
lui-même, Anna Maria<br />
Peduzzi a presque<br />
toujours couru seule et<br />
parfois avec son mari.<br />
En 1934, elle remporte<br />
la classe 1500 aux Mille<br />
Miglia et, dans la période<br />
d’après-guerre, participe à<br />
l’Alfa Romeo 1900 Sprint et<br />
à l’Alfa Romeo Giulietta.<br />
Odette Siko<br />
Dans les années 30, Alfa Romeo est l’une des équipe<br />
de référence du sport automobile. Les Alfa sont<br />
synonymes de victoires et de sports. Il faut<br />
dire que l’image portée par des<br />
pilotes comme Nuvolari, Varzi,<br />
Caracciola et Sommer, qui, en<br />
1932, remporte le Mans avec<br />
une 8C/2300, avec dans ses<br />
échappements, la 6C1750SS<br />
pilotée par la tenace Odette<br />
Siko qui termine quatrième<br />
au général et remporte la<br />
catégorie 2,0 litres.<br />
Jeune parisienne, Siko est<br />
rapidement devenue l’une<br />
des stars de la piste, affichant<br />
son élégance tant<br />
dans le paddock que<br />
dans ses performances<br />
souvent accompagnée<br />
d’une autre française dont<br />
le chemin a également croisé plusieurs<br />
fois celui d’Alfa Romeo: Hellé Nice.<br />
152 153
Hellé Nice<br />
Mannequin, acrobate et danseuse,<br />
Mariette Hélène Delangle était<br />
plus connue sous le nom de Hellé<br />
Nice. Réputée pour sa personnalité<br />
extravertie, Nice était très amie<br />
avec les Rothschild et les Bugattis.<br />
Elle a couru en Europe et en<br />
Amérique et est devenue l’une<br />
des premières pilotes à afficher<br />
les logos de ses sponsors sur la<br />
carrosserie d’une monoplace de<br />
course.<br />
Elle a participé au Grand Prix<br />
d’Italie 1933 à Monza dans sa<br />
propre 8C 2300 Monza. Dans<br />
la même course, Campari,<br />
Borzacchini et Czaikowski ont perdu<br />
la vie. En 1936, elle remporte<br />
la Ladies Cup à Monte Carlo et<br />
participe au Grand Prix de São<br />
Paulo au Brésil, où elle est victime<br />
d’un terrible accident, puis sort<br />
miraculeusement de son coma de<br />
trois jours.<br />
Ada Pace<br />
«Sayonara»<br />
Ada PACE «Sayonara»<br />
d’immatriculation. Ses succès les plus prestigieux ont été<br />
remportés à bord de l’Alfa Romeo Giulietta Sprint Veloce<br />
et de l’Alfa Romeo Giulietta SZ, dans laquelle elle a<br />
également a remporté la course Trieste-Opicina en 1958.<br />
Susanna «Susy» Raganelli<br />
La seule femme à avoir remporté un championnat du<br />
monde sur quatre roues est Susanna«Susy» Raganelli.<br />
Susy Raganelli, originaire de Rome, remporte, en 1966, le<br />
championnat du monde de karting 100cc en battant Leif<br />
Engstrom et... Ronnie Peterson!<br />
Raganelli a pour toujours lié son nom à Alfa Romeo<br />
lorsqu’elle a terminé sa carrière au volant d’une Alfa Romeo<br />
GTA, mais elle a également été le premier acheteur italien<br />
de la légendaire Alfa Romeo 33 Stradale 1967, produite<br />
dans une série de seulement 12 unités.<br />
Dans les années 50, Ada Pace, originaire<br />
de Turin a, pendant 10 ans, remporté<br />
jusqu’à 11 courses de vitesse nationales,<br />
6 en Turismo et 5 en catégorie Sport.<br />
Presque toujours inscrite à des courses<br />
sous son pseudonyme «Sayonara»<br />
qu’elle a souvent affichée sur sa plaque<br />
154 155
Maria Grazia<br />
Lombardi et<br />
Anna Cambiaghi<br />
Pour suivre Maria Teresa de Filippis<br />
dans les années 1950, la deuxième<br />
Italienne à avoir participé à une<br />
course de Formule 1 - dans pas<br />
moins de 13 GP - était Maria Grazia<br />
Lombardi, connue sous le nom de<br />
«Lella». Entre 1982 et 1984, elle a<br />
participé au Championnat d’Europe<br />
de tourisme avec l’Alfa Romeo GTV6<br />
2.5, aux côtés d’Anna Cambiaghi,<br />
Giancarlo Naddeo, Giorgio Francia<br />
et Rinaldo Drovandi, et a contribué à<br />
remporter plusieurs titres. Elle reste la<br />
seule femme pilote italienne à avoir<br />
amélioré sa position dans une course<br />
de Formule 1.<br />
Tamara Vidali<br />
En 1992, Tamara Vidali a remporté<br />
le championnat italien de tourisme<br />
(Groupe N) sur une Alfa Romeo 33<br />
1.7 Quadrifoglio Verde, préparée par<br />
le nouveau département des courses<br />
de la marque. La livrée entièrement<br />
jaune de l’Alfa Romeo 155 qu’elle a<br />
pilotée lors du Championnat d’Italie<br />
de Superturismo (CIS) en 1994 est<br />
tout aussi inoubliable.<br />
Tatiana Calderon<br />
Née en 1993 à Bogotá, en Colombie,<br />
Tatiana Calderon a fait ses premiers<br />
pas dans le sport automobile en<br />
2005, remportant un championnat<br />
national dans la série pré-junior<br />
Easy Kart. À peine trois ans plus<br />
tard, elle deviendra la première femme à<br />
remporter la classe JICA de la division Est<br />
du championnat « Stars of Karting » aux<br />
États-Unis.<br />
En 2017, Calderon est devenue un pilote<br />
de développement pour l’équipe Sauber<br />
Formula One. Un an plus tard, Sauber l’a<br />
promue de pilote de développement F1 à<br />
pilote d’essai F1 pour Alfa Romeo Racing.<br />
156 157
BMW<br />
Z8 indémodable<br />
par Eric HEIDEBROEK<br />
Reprendre aujourd’hui le volant<br />
d’une BMW Z8, après l’avoir essayée<br />
dans la région parisienne<br />
en septembre 2000...<br />
Ça fait un drôle d’effet !<br />
Et le sourire est le même...<br />
Déjà à l’époque, cette auto est moderne,<br />
élégante, et pourvue d’une<br />
mécanique envoutante.<br />
En 2000, j’écrivais «On glisse la clé<br />
dans le contacteur et on appuie sur le<br />
bouton «Start», le gros 5 litres s’ébroue<br />
dans un bruit sourd qui vous fait frissonner...»,<br />
ça, ça n’a pas changé !<br />
Je soulignais le bon comportement<br />
routier de ce gros roadster pour<br />
l’époque, et, toujours bien, dans les<br />
normes actuelles. ABS, Airbags, pneus<br />
Run-Flat, la Z8 est indémodable et si<br />
elle était en avance sur son temps elle<br />
est encore très actuelle. Le V8 gronde<br />
en permanence, donnant à son<br />
158 159
volant un sentiment d’allégresse et<br />
de puissance. Et c’est en appuyant<br />
sur le bouton «Sport» que l’on transforme<br />
ce «paisible roadster» en véritable<br />
sprinter. Je relatais en 2000 :<br />
«Le bruit déjà palpitant du V8 en<br />
mode normal se fait plus rageur et<br />
violent. Les réactions deviennent instantanées,<br />
la réponse à l’accélérateur<br />
est immédiate et facile à doser !<br />
Les six rapports de la boîte au parfait<br />
guidage s’égrènent à une vitesse folle<br />
tandis que la Z8 bondit d’une courbe<br />
à l’autre dans des accélérations ahurissantes,<br />
un freinage parfait dans le<br />
dosage de la décélération. Les freins<br />
sont capables d’arrêter la Z8 roulant<br />
à 100 à l’heure en seulement 35 m !»<br />
La Z8 présente toutefois quelques<br />
regrets comme le fait de présenter<br />
des turbulences en cabriolet dès 100<br />
à l’heure ou que le compte tours est<br />
trop à droite que pour être directement<br />
sous le regard du conducteur.<br />
Mais c’est le prix à payer pour un monument<br />
aussi beau que prestigieux.<br />
En 2000, une Z8 de 5 litres proposait<br />
400 ch et 500 Nm à 3800 t/min. Capable<br />
de passer de 0 à 100 en 4’’7 et<br />
de pointer à 250 à l’heure auto limité,<br />
elle demeure une reine de l’asphalte.<br />
Elle était fabriquée à Munich, à la<br />
main. Sa structure «Space Frame»<br />
en aluminium comme ses trains roulants<br />
en fonte d’aluminium en font<br />
une youngtimer vraiment très moderne.<br />
A l’époque, il fallait 125.000<br />
euros pour l’acquérir. Aujourd’hui<br />
un exemplaire en qualité concours se<br />
négocie au bas mot à 220.000 euros.<br />
Il faut de la patience pour en trouver<br />
une. BMW n’en n’a produit que 5.703<br />
exemplaires entre 2000 et 2003.<br />
Si mécaniquement, la Z8 bénéficie<br />
d’éléments sûrs et bien construits,<br />
utilisés dans la gamme, il demeure<br />
que les éléments de carrosserie sont<br />
rares et exigent des aptitudes en tôlerie<br />
de haut niveau.<br />
La Z8 est une auto sans soucis, si elle<br />
est bien entretenue. On fera le changement<br />
d’huile tous les 20.000 km<br />
ou tous les ans, l’huile de boîte tous<br />
les 40.000 ou tous les 2 ans. On surveillera<br />
la sonde Lambda, qui si elle<br />
est défectueuse créera une consommation<br />
plus importante et par voie<br />
de conséquence une pollution plus<br />
forte. L’embrayage tient bien le coup,<br />
il se change vers 100.000 km si on n’a<br />
pas trop exagéré... Les pneus sont<br />
des Run-Flat de 245/45/18 à l’avant<br />
et 275/40/18 à l’arrière. A l’origine ce<br />
sont des Bridgestone.<br />
Le réseau BMW est parfaitement compétent<br />
pour suivre la maintenance<br />
d’une Z8. Le meilleur des entretiens<br />
est la conduite régulière afin que tous<br />
les composants travaillent, demeurent<br />
souples et résistent au temps.<br />
160 161
FICHE TECHNIQUE BMW Z8 TYPE S62 - 2000-2003<br />
Vitesse maximum : 250km/h limitée électroniquement - Accélération 0-100km/h en 4,7 sec.<br />
Consommation normalisée:15,9l/100km<br />
Carrosserie<br />
Roadster<br />
2 portes 2 places<br />
Hard top amovible<br />
Structure monocoque et<br />
carrosserie autoporteuse<br />
en aluminium<br />
(space frame)<br />
Dimensions et Poids<br />
Poids (kg) : 1585kg<br />
Empattement : 2505 mm<br />
Longueur : 4400 mm<br />
Largeur : 1830 mm<br />
Hauteur : 1320 mm<br />
Trains roulants<br />
En aluminium<br />
Suspension AV :<br />
Roues indépendantes<br />
Jambes multibras<br />
Ressorts hélicoïdaux<br />
Barre antiroulis<br />
Suspension AR :<br />
Roues indépendantes<br />
Essieu multibras<br />
Ressorts hélicoïdaux<br />
Barre antiroulis<br />
Freins<br />
Disques Ventilés AV & AR<br />
ABS et système de<br />
contrôle de freinage dynamique,<br />
en courbe<br />
(DBC + CBC)<br />
Direction<br />
Crémaillère assistée avec<br />
démultiplication variable<br />
MOTEUR<br />
V8 à 90° longitudinal AV<br />
Type Essence<br />
Cylindrée :<br />
Puissance :<br />
4941cc<br />
400ch<br />
à 6600tr/mn<br />
Taux de compression<br />
11,0:1<br />
Distribution : 2×2 ACT<br />
4 soupapes par cylindre<br />
Alimentation MPI<br />
Boîte de vitesses<br />
M6 Getrag<br />
Matériaux :<br />
bloc et culasses<br />
en aluminium<br />
Vilebrequin à 5 paliers<br />
Distribution :<br />
arbres à cames entraînés<br />
par chaîne et calage<br />
variable double VANOS<br />
Refroidissement par eau<br />
radiateur d’huile<br />
gestion électronique<br />
intégrale BMW-M<br />
Siemens MSS52 avec<br />
accélérateur électronique<br />
et commande individuelle<br />
des huit conduits<br />
d’admission<br />
Roues motrices arrière<br />
Contrôle dynamique de<br />
comportement DSC<br />
Pas de différentiel<br />
autobloquant.<br />
Valeur actuelle :<br />
150.000 à 230.000 €<br />
162 163
MORRIS GARAGE<br />
A NOUS, LES PETITES ANGLAISES<br />
FABULOUS MG & SISTERS par feu Philippe de Barsy<br />
Notre très regretté chroniqueur et<br />
ami, monsieur Philippe de Barsy a<br />
un talent fou et une expérience de<br />
toute une vie consacrée à l’automobile.<br />
Nous reprendrons ses articles<br />
et ses pensées afin que ses connaissances<br />
ne sombrent dans l’oubli.<br />
Philippe a toujours eu son franc parlé,<br />
et le respect de ses pairs pour ses<br />
points de vues et son expertise.<br />
SOUVENIR DE L’ÂGE D’OR<br />
DE L’AUTOMOBILE<br />
SPORTIVE ANGLAISE...<br />
Il écrivait déjà en 2016 des faits et<br />
perspectives particulièrement clairvoyants.<br />
«Etrange n’est-ce pas de réaliser que<br />
le Brexit voulu par une toute petite<br />
minorité - et certainement pas la<br />
plus représentative du pays - rejette<br />
l’industrie automobile britannique<br />
dans le passé. Sauf un éventuel compromis<br />
historique avec l’Europe.<br />
C’est le moment de se souvenir que<br />
sans l’appétit insatiable du marché<br />
américain pour toutes les petites anglaises,<br />
souvent mythiques, parfois<br />
modestes, mais toujours sportives,<br />
l’industrie britannique n’au rait tout<br />
simplement pas existé.»<br />
Les connaisseurs<br />
en conservent la mémoire.<br />
Au lendemain de la Seconde Guerre<br />
mondiale, l’Angleterre n’avait vraiment<br />
pas un marché susceptible de<br />
justifier la production d’une Jaguar<br />
XK 120 en 1948, d’une Austin-Healey<br />
100 ou d’une Triumph TR2 en 1953.<br />
Qu’aurait été MG sans le marché<br />
US, qui dès 1945 et jusqu’en 1955, à<br />
l’apparition de la MGA, a «avalé» la<br />
164 165
majorité des TC**. L’Angleterre a véritablement<br />
été le magasin de jouets des<br />
sportsmen américains. Il en a été de<br />
même pour les Européeens mais dans<br />
un volume plus limité. L’avantage décisif<br />
des Anglais a été la tradition<br />
sportive pré-existante, certes, mais<br />
bien plus encore d’avoir retrouvé<br />
rapidement une capacité industrielle<br />
après 1945. Alors que sur<br />
le continent, les bombardements<br />
avaient rasé toutes les usines. Voilà<br />
pourquoi dans les années ‘50, leur pays<br />
était le second producteur de voitures<br />
dans le monde après les États-Unis et le<br />
premier exportateur.<br />
Mais cet avantage a fondu comme<br />
neige au soleil ensuite parce que les<br />
Allemands, les Italiens, les Français et<br />
les Japonais ont travaillé comme des<br />
fous pour reconstrui re leur industrie.<br />
De fait, l’industrie automobile<br />
en Grande Bretagne s’est carrément<br />
effondrée ensuite pour terminer<br />
le 20e siècle dans une toute autre<br />
configuration.<br />
Si l’industrie automobile a repris de<br />
l’importance grâce au statut européen<br />
des Anglais, c’est principalement sous<br />
l’égide d’acteurs industriels japonais<br />
(Honda UK, Nissan Motor UK ou Toyota<br />
UK) ou allemands (Vauxhall Motor UK,<br />
Bentley, Rolls Royce et Mini). Jaguar et<br />
Land Rover sont propriété de Tata Motors<br />
(Inde), MG est chinois (SAIC Motor),<br />
Aston Martin italien avec Andrea<br />
Bonomi (s’il est toujours actionnaire!).<br />
Même les célèbres taxis londoniens sont<br />
chinois (London Taxis International est<br />
propriété de Geely). Lotus créé en 1952<br />
par Colin Chapman (1928-1982) appartient<br />
- pour l’ins- tant encore ! - à<br />
Proton en Malai- sie.<br />
Des marques<br />
historiques<br />
comme<br />
Austin,<br />
166 167
Riley ou Rover sont la propriété de<br />
Chinois. Triumph, Wolseley (peut-être)<br />
demeure dans le portefeuille BMW.<br />
Tout le Groupe Rootes (Hillman, Singer,<br />
Sunbeam, Talbot et Humber) a<br />
littéralement explosé en 1978 dans<br />
l’échec de l’aventure européenne de<br />
Chrysler (vente de Chrysler Europe à<br />
PSA pour 1 $ US).<br />
Rien d’un long fleuve tranquille.<br />
Sauf que Morgan demeure, que<br />
Bristol vivote, Frazer-Nash aussi et<br />
que d’autres marques ont été créées<br />
comme McLaren.<br />
Il est bon de se souvenir de tout cela<br />
parce qu’il sera hyper intéressant de<br />
voir quelle direction prendront les<br />
négociations du divorce avec l’Union<br />
Européenne dans le domaine de l’automobile.<br />
Le gros de l’effort créatif<br />
est allemand (Groupe VW, Mercedes-Benz,<br />
Smart, BMW, Mini), japonais<br />
(Mazda MX-5, la reine, la référence !)<br />
ou anglais (Jaguar, Land Rover, Aston<br />
Martin) ou marginalement italien avec<br />
Ferrari, Fiat et Maserati. Il est aussi inimaginable<br />
de voir se répéter les records<br />
de vente du passé (le sommet a<br />
été atteint en 2004) tout simplement<br />
parce que les nouveaux Eldorado<br />
comme la Chine ne sont guère portés<br />
sur la voiture ouverte sauf, les clients<br />
hyper riches pour lesquels ce sont des<br />
jouets. Sous nos cieux le cadre de l’automobilisme<br />
s’est détérioré. Heureusement,<br />
on peut encore prendre plaisir à<br />
rouler en voitures ouvertes à condition<br />
de «s’exiler» sur les petites routes, loin<br />
de la cohue des camions ou des SUV!<br />
L’Allemagne et l’Angleterre résistent.<br />
La culture du cabriolet est préservée sur<br />
ces deux marchés. Il faut rendre un hommage<br />
appuyé à Mercedes-Benz pour sa<br />
contribution exceptionnelle au prestige<br />
du genre, de la Smart Fortwo à la Classe<br />
S. C’est un fait indiscutable : les marques<br />
de «luxe» supportent l’essentiel (60 %<br />
au minimum) du marché! On est bien à<br />
des années lumière du temps des Triumph<br />
(TR2 ou Spitfire), des Austin-Healey<br />
Sprite, des MG Midget... Dommage,<br />
mais heureusement que Mazda produit<br />
toujours sa MX-5 comme résiste encore<br />
Lotus avec l’Elise !<br />
C’est en 1925 que nait la première MG<br />
la fameuse «Old Number One» mue par<br />
un quatre cylindres à soupapes en tête<br />
de 1500 cc dérivé du moteur de la Morris<br />
Bullnose. En 1928, c’est la naissance<br />
officielle du fameux Morris Garage.<br />
L’usine était alors à Cowley, Edmund<br />
Road. Dans la foulée de la création de<br />
l’entreprise, naissent deux modèles, la<br />
18/80 et la première Midget.<br />
La Morris Minor, une star de la route<br />
et des familles va donner naissance<br />
à la première Midget de type M8/33.<br />
C’est un châssis coque retouché qui<br />
équipé d’un quatre cylindres d’origne<br />
Wolseley cubant 847 cc avec 20 ch qui<br />
un peu plus tard grimpera à 27 et donnera<br />
naissance à la type M en roadster<br />
puis en coupé. Ce sera la MG la plus<br />
populaire des années ‘30 et ‘40. Ce<br />
modèle eut tellement de succès que<br />
Morris Garage du s’agrandir et s’installer<br />
à Abingdon.<br />
168 169
MG<br />
: un point faible de Jean-Paul Decorty<br />
Notre collaborateur, Jean Paul Decorty est un passionné de MG et de TVR...<br />
Lancée en 1962 pour remplacer la MGA<br />
(1955), la MGB est le fruit du styliste maison<br />
Don Hayter. A la différence des modèles<br />
précédents, la MGB adopte une<br />
structure monocoque qui assure une bien<br />
meilleure rigidité que les châssis/coque. La<br />
direction à vis utilisée sur les modèles précédents<br />
est remplacée par une crémaillère<br />
bien plus précise.<br />
Coté suspension, on retrouve un essieu arrière<br />
rigide avec ressorts à lames et amortisseurs<br />
à bras. Pour sa part, le train avant est<br />
doté de ressorts hélicoïdaux, amortisseurs<br />
a bras et une barre anti-roulis. Le système<br />
de freinage est classi que pour l’époque,<br />
disques à l’avant et tambours à l’arrière et<br />
le servo apparaîtra seu lement en 1975.<br />
Côté mécanique, les premiè res versions<br />
sont équipées d’un bloc 1.800 cc à trois<br />
paliers qui est, en fait, une évolution du<br />
moteur de la MGA. Le bloc 5 paliers apparaîtra<br />
à partir de 1965. Alimenté par deux<br />
carburateurs SU, ce moteur affiche une<br />
puissance de 94 ch à 5.400 t/m et un couple<br />
de 150 Nm. Dès 1963, la boite 4 vitesses recevra<br />
en option un overdrive agissant sur<br />
les troisième et quatrième rapports, ce qui<br />
permettra d’attein dre une vitesse de 120<br />
km/h à 3.000 t/m.<br />
En 1965, l’élégant coupé GT apparaît et<br />
fera le bonheur des amateurs de conduite<br />
intérieure. En 1974, les Etats-Unis imposeront<br />
de gros pare-chocs noirs et un relèvement<br />
de la caisse afin de mettre les<br />
voitures en conformité avec la nouvelle<br />
réglementation. Cette première modification<br />
sera suivie par l’entrée en vigueur des<br />
premières normes de dépollution qui auront<br />
pour conséquence une perte de puissance<br />
du moteur.<br />
A l’intérieur<br />
Malgré la faible garde au sol, l’installation<br />
au volant est aisée pour un conducteur de<br />
taille moyenne. La position de conduite<br />
est très bonne avec, le siège, le volant et<br />
le pédalier dans le même axe. Le levier de<br />
vitesse tombant bien en main. Le tableau<br />
de bord est doté de toute l’instrumentation<br />
nécessaire, compteur, compte-tours<br />
dans l’axe du volant avec jauge à essence<br />
et combiné pression d’huile/température<br />
d’eau de part et d’autre. Les commandes<br />
de phares, essuie glace, chauffage sont regroupées<br />
au centre du tableau de bord. Le<br />
passager pour sa part dispose d’une petite<br />
liseuse.<br />
Au volant<br />
Contact, et le moteur démarre en émettant<br />
une sonorité grave très charmante. Grâce<br />
à l’embrayage très doux, le démarrage se<br />
fait sans problème. Avec son moteur très<br />
coupleux, elle est très à l’aise dans la circulation.<br />
Pas besoin de flirter avec la zone<br />
rouge du compte-tours, elle se conduit<br />
au couple dans un vrombissement viril et<br />
tranquille.<br />
La commande de boîte est très agréable et<br />
l’over drive peut être enclenché sur le troisième<br />
et le quatrième rapport ce qui permet<br />
une conduite «sportive» ou alors une<br />
conduite économi que quand il est enclenché<br />
après la quatriè me. Avec l’adoption de<br />
la structure monocoque, le comportement<br />
est très sain et fort proche des voitures<br />
d’aujourd’hui et on roulerait longtemps<br />
les cheveux au vent.<br />
Un bémol cependant pour le système de<br />
freinage qui ralentit plus qu’il ne freine surtout<br />
sur les premières séries qui n’étaient<br />
pas équipées de servo.<br />
Bien que voiture sage, la MGB s’est illustrée<br />
en compétition tant en rallye qu’en circuit<br />
en y trustant de nombreuses victoires<br />
de classe (Sebring, Le Mans, Targa Florio,<br />
Monte Carlo, RAC,....) et elle fait encore<br />
aujourd’hui les beaux jours des amateurs<br />
de compétitions de voitures anciennes.<br />
Avec 386.961 exemplaires cons truits, toutes<br />
versions con fondues entre 1962 et 1980, la<br />
MGB a été le roadster le plus produit de<br />
l’histoire.<br />
Et si on ajoute les modèles GT, le chiffre de<br />
production atteint 512.243.<br />
Seule la Mazda MX5 a fait mieux.<br />
170 171
JAGUAR<br />
XK 150S<br />
L’héritière<br />
des victoires<br />
au Mans<br />
1927<br />
La passion de Sir William Lyons pour les biplaces sportives s’est manifestée<br />
dès ses premières créations. Dès 1927 pour être précis avec une modeste<br />
Austin-Swallow, une interprétation de la géniale mais modeste Austin Seven.<br />
Huit ans plus tard, sous la marque SS – une appellation née de l’association de<br />
mécanique Standard et de Swallow – la passion se précise sous forme des roadsters<br />
SS90 puis SS100 à moteur six cylindres en ligne. Après la 2e guerre mondiale,<br />
Sir William fait de Jaguar (déjà utilisé pour désigner la SS Jaguar 1.5 l dès<br />
1938) sa marque et crée ses propres moteurs à quatre et six cylindres. Le premier<br />
est abandonné illico au bénéfice du second, un 3.5 l (119,3 kW/160 ch) qui se<br />
retrouve en 1948 sous le capot des prototypes (à carrosserie en aluminium)<br />
de l’élégant roadster XK120. Ce moteur s’illustra ensuite – et progressa aussi<br />
- sous le capot des XK120C (C-Type) et D-Type, des voitures dites de «compétition-client»<br />
et partant fabriquées en petite série.<br />
par Philippe de Barsy<br />
172 173
Jaguar XK SS 1956-1957 Jaguar C-TYPE 1951-1953<br />
Entre la XK120, véritable ambassadrice<br />
de la marque à l’exportation, et la plus<br />
mythique des Jaguar biplace de série,<br />
la E-Type lancée en 1961 au Salon de<br />
Genève, Jaguar a créé successivement<br />
l’XK120 coupé (1951), une évolution<br />
des deux en 1953 (134 kW/180 ch ou<br />
141,7 kW/190 ch pour la version Special<br />
Equipment dite aussi Modified<br />
Type), XK140 roadster (1954), XK140<br />
(1954) dont le moteur était avancé<br />
dans le châssis pour agrandir l’habitacle<br />
et in fine l’XK150 (1957).<br />
L’évolution du modèle accordant à<br />
chaque étape de plus en plus d’importance<br />
au confort, l’XK150 était logiquement<br />
la plus lourde mais néanmoins<br />
toujours sous la barre des 1.400<br />
kg. A ce stade il est bon de préciser<br />
la taille de l’engin. Dessinées sur un<br />
empattement de 2.590 mm et des<br />
voies de moins d’un mètre trente<br />
(1.295 mm / 1270 mm), les XK 120 mesuraient<br />
4.440 mm de long (pare-chocs<br />
inclus), seulement 1.574 mm de large<br />
et 1.332 mm de haut.<br />
Conservant le même empattement<br />
avec des voies élargies, l’XK150 était à<br />
peine plus longue (4.500 mm) - la différence<br />
se marquant essentiellement au<br />
niveau du porte-à-faux arrière -, mais<br />
plus large (1.640 mm) et plus haute<br />
(cabriolet 1.370 mm/coupé 1.400 mm).<br />
De l’XK120 originelle, l’XK150 conservait<br />
l’architecture du châssis (dont la<br />
suspension avant à barres de torsion<br />
longitudinales et l’essieu arrière rigide<br />
monté sur lames semi-elliptiques), la<br />
direction à crémaillère apparue avec<br />
174 175
l’XK140, le moteur XK de 190 ch (ou<br />
210 ch en version SE), la boîte manuelle<br />
à 4 rapports complétée d’un overdrive<br />
(en option) ou une Borg Warner automatique<br />
à trois rapports…<br />
Héritage de l’activité en compétition:<br />
les freins à disque. Le tout souligné par<br />
le médaillon porteur des victoires au<br />
Mans. Mais sportive, l’XK150 ne l’était<br />
plus vraiment. La correction est apportée<br />
en 1958 par l’XK150 S roadster<br />
proposée dans deux configurations.<br />
Dans la plus puissante le moteur XK<br />
3.4 l développait 186,4 kW/250 ch. Il<br />
était accouplé à la boîte manuelle à 4<br />
rapports complétée d’un overdrive de<br />
série. La direction à crémaillère était<br />
apparue avec l’XK140.<br />
Les formes de la carrosserie s’étaient<br />
«remplies» avec les années, permettant<br />
à l’habitacle d’offrir plus de largeur<br />
aux épaules et l’intégration de<br />
vitres latérales commandées par lèvevitre<br />
manuel. Le pare-brise est maintenant<br />
en un seul élément bombé<br />
sur les bords… Elégant mais pas idéal<br />
sous la pluie, les bords étant inaccessibles<br />
aux balais d’essuie-glace.<br />
Un an plus tard, le six cylindres XK 3.8 l<br />
(197,6 kW/265 ch) de la future E-Type<br />
est glissé sous le capot. Il apporte du<br />
punch et de la vitesse (212 km/h). A<br />
peu de chose près celle de l’XK120 carénée<br />
et dotée d’un mini saute-vent à<br />
Jabbeke le 30 mai 1949.<br />
L’évolution de la lignée XK120-140-<br />
150 a été dictée par le souci de répondre<br />
au principal marché d’exportation<br />
: les USA. Sans ce marché-là,<br />
l’XK120 n’aurait été qu’un modèle<br />
produit en toute petite série pour<br />
renforcer l’image de la marque et …<br />
vendre des berlines Mark VII !<br />
Comme projeté initialement…<br />
176 177
VOLKSWAGEN COCCINELLE<br />
Avec la Ford T, elle est la deuxième<br />
à avoir démocratisé la mobilité de tous !<br />
par Philippe CASSE<br />
Volkswagen,<br />
une marque anglaise ?<br />
Plus de deux milliards de voitures réparties<br />
en neuf mille marques n’ont<br />
pas pu se construire en 127 ans sans<br />
que quelques génies de la mécanique<br />
et de la perception des besoins des<br />
gens ne s’en soient activement mêlés.<br />
Les noms de beaucoup d’entre eux<br />
ont traversé l’histoire, et certains sont<br />
même devenus des marques mondialement<br />
connues.<br />
L’une des plus célèbres parmi elles, curieusement,<br />
est un nom commun de la<br />
langue de Goethe : Volkswagen !<br />
Et, qui plus est, cette marque doit son<br />
existence à trois personnages incon-<br />
tournables: dans l’ordre successif, un<br />
Autrichien, un Allemand et un Anglais.<br />
Avec le recul du temps et la bénédiction<br />
d’historiens comme le Dr Bernd<br />
Wiersch et Chris Barber, on peut affirmer<br />
que si l’un des trois n’avait pas<br />
été au rendez-vous de cette histoire,<br />
la Volkswagen n’aurait sans doute pas<br />
pu naître et il n’y aurait pas eu 21,5<br />
millions de Coccinelle.<br />
L’Autrichien : le Dr Ferdinand Porsche<br />
Le premier des trois personnages est<br />
l’un des esprits les plus prolifiques de<br />
la liste évoquée ci-dessus et, pour certains,<br />
peut-être même le plus génial :<br />
Ferdinand Porsche.<br />
C’est à lui que l’on doit l’idée initiale<br />
de la Volkswagen. Un jour de 1928,<br />
Ferdinand Porsche se promène dans<br />
178 179
une rue commerçante de Vienne<br />
et découvre dans une vitrine la<br />
«Volksradio» : un poste de radio<br />
de qualité fabriqué en grande série<br />
afin que, pour un prix raisonnable,<br />
tous les ménages puissent<br />
écouter ce que l’on appelait à<br />
l’époque la T.S.F.<br />
Falling in love again<br />
Never wanted to<br />
What’s a gal to do<br />
I can’t help it<br />
Love’s always been my game<br />
Play it how I may<br />
I was made that way<br />
I can’t help it<br />
Hit Parade<br />
1930<br />
Volksradio = Volkswagen<br />
C’est à ce moment précis que naît dans<br />
son esprit, jamais au repos, l’idée d’une<br />
Volkswagen, dont la traduction littérale<br />
en français est «voiture pour tout<br />
le monde (dans le peuple)», et plus<br />
élégamment «voiture universelle». Un<br />
parfait nom commun, générique de<br />
surcroît.<br />
En 1928, Ferdinand Porsche est le directeur<br />
du développement des nouveaux<br />
produits chez Daimler-Benz à<br />
Stuttgart. Sa créativité dépasse de très<br />
loin la capacité de l’usine à adopter les<br />
modèles et solutions techniques qu’il<br />
n’arrête pas de coucher sur le papier,<br />
voire de breveter, et il pense déjà à<br />
quitter cette entreprise, comme il l’a<br />
déjà fait plusieurs fois depuis le début<br />
de sa carrière, en 1894.<br />
Il s’installe enfin à son propre compte<br />
en janvier 1931, à Stuttgart précisément,<br />
et y ouvre un bureau d’études<br />
pour le développement de tous engins<br />
mobiles sur terre, sur l’eau et dans les<br />
airs.<br />
Le département Porsche Engineering<br />
Services de Weissach en est le successeur<br />
direct. Avec aujourd’hui plus de<br />
2.000 personnes, il est loin de l’équipe<br />
des 12 collaborateurs du départ.<br />
Projets 12 et 32<br />
Au début des années 1930, Ferdinand<br />
Porsche est plus que jamais convaincu<br />
qu’il peut – et même qu’il doit – développer<br />
la motorisation du peuple<br />
allemand. Le projet de la Volkswagen<br />
semble le hanter, car le 12e projet de<br />
son bureau d’études est précisément<br />
celui d’une Volkswagen !<br />
Ce projet est proposé au constructeur<br />
de motos Zündapp, qui le refuse. Il est<br />
vrai que l’Allemagne compte alors plus<br />
de 7 millions de chômeurs et que le<br />
nombre de voitures neuves y est passé<br />
de 100.000 en 1928 à 89.000 en 1929<br />
et à 73.000 en 1930.<br />
180 Marlène Dietrich : «Falling In Love Again» by Connelly - 1930<br />
181
Hit Parade<br />
1935<br />
«Nur Eine Stünde» By Erwin Hartung<br />
1935<br />
Nur eine Stunde,<br />
die dank´ ich dir<br />
An deinem Munde,<br />
die gehörte nur mir<br />
Du sprachst von Liebe,<br />
ich sah dich an<br />
Du sagtest «ewig»,<br />
und wir glaubten daran<br />
Daß uns das Leben<br />
So viel schönes wird geben<br />
Wolltem allem entschweben,<br />
ganz selig sein<br />
Sans se laisser abattre, Porsche se remet<br />
à l’ouvrage et, à la fin de 1931,<br />
présente à NSU son 32e projet.<br />
Un prototype est même construit avec<br />
NSU, mais la marque n’ose pas se lancer<br />
dans l’aventure, tant le début des<br />
années 1930 est incertain en raison de<br />
la crise financière de l’époque. On peut<br />
donc dire que l’idée et la conception<br />
de base de la Volkswagen sont nées in<br />
tempore non suspecto avant l’arrivée<br />
au pouvoir du national-socialisme.<br />
Le fameux «Exposé»<br />
Porsche ne se décourage pas de ses<br />
deux échecs à trouver un partenaire<br />
industriel pour lancer «sa» Volkswagen<br />
et achève le 17 janvier 1934 la rédaction<br />
de ce qu’il intitule lui-même<br />
«Exposé» en français ! Cet exposé,<br />
qui tient en six pages, est une sorte<br />
de cahier des charges des principes<br />
et de la réalisation de la Volkswagen,<br />
une limousine à cinq places. Le 1er février<br />
suivant, il le présente lui-même<br />
au ministère du Transport devant de<br />
nombreuses personnalités, dont les dirigeants<br />
de la Reichsverband der Automobilindustrie<br />
(RDA), la fédération<br />
des constructeurs allemands d’automobiles.<br />
Ce projet moderne est résolument<br />
tourné vers l’avenir et, de ce fait, bien<br />
attirant. Craignant la concurrence<br />
d’une nouvelle usine avec les principales<br />
marques allemandes existantes<br />
1935 à Tübingen, Prototype V2 au volant Ferry Porsche<br />
à sa droite sa fiancée Dorethea Reitz, à l’arrière un ami, Hellmuth Zarges<br />
(Adler, Auto Union, Daimler-Benz et<br />
Opel), d’aucuns proposent néanmoins<br />
que la RDA finance le développement<br />
technique de la Volkswagen, confié<br />
à son créateur, Ferdinand Porsche, et<br />
que celle-ci puisse ensuite être mise<br />
en production par chacune de ces<br />
marques comme une sorte de produit<br />
générique. Le pouvoir politique encourage<br />
le développement de la Volkswagen,<br />
et Porsche se lance à corps perdu<br />
dans cette aventure d’exception. Une<br />
182 183
première série de trois prototypes (V3)<br />
sont construits dans le garage de Porsche<br />
et présentés le 3 juillet 1935.<br />
L’épure de base est déjà clairement<br />
définie dans l’esprit de Ferdinand Porsche<br />
: deux portes, quatre roues indépendantes,<br />
suspension à barres de torsion<br />
et moteur en porte-à-faux arrière.<br />
L’objectif de l’Autrichien est maintenant<br />
d’optimiser les éléments essentiels<br />
que sont le choix de la motorisation,<br />
la lutte contre le poids superflu,<br />
les principes de la construction et tout<br />
ce qui est nécessaire pour atteindre le<br />
prix de 1.000 Reichmarks. Un objectif<br />
qui paraît utopique, sauf pour Ferdinand<br />
Porsche!<br />
Plusieurs moteurs sont envisagés et<br />
testés – à 2 et 4 temps, à 2, 3, 4 et 5 cylindres<br />
horizontaux, verticaux et même<br />
en étoile – avant que ne soit opéré le<br />
choix définitif du boxer à 4 cylindres refroidi<br />
par air. En 1938, Porsche dessine<br />
même un V10 à 4 arbres à cames en<br />
tête pour la fameuse version sport de<br />
la Volkswagen (projet 64), qui aurait<br />
dû participer à la course Berlin-Rome,<br />
annulée à cause de la guerre. Différents<br />
types de construction de la caisse<br />
sont considérés et panachés sur les<br />
trois voitures : avec structure plus ou<br />
moins portante et plancher en bois ou<br />
tout acier autoportante. Divers types<br />
de transmission sont également analysés<br />
avec grand soin: boîte mécanique<br />
à 3 ou 4, voire 5, rapports, boîte automatique,<br />
4 roues motrices, embrayage<br />
automatique…<br />
Le 11 juillet 1936, les trois voitures font<br />
leur première sortie et, le 12 octobre,<br />
elles entament une série de tests de<br />
50.000 km qui sont atteints à la mi- décembre.<br />
Les précieux enseignements<br />
tirés de cette expérience minutieusement<br />
documentée permettent à Porsche<br />
et à son équipe de concevoir une<br />
version plus aboutie de prototypes.<br />
2.000.000 de km à fond !<br />
Ce sont cette fois rien moins que trente<br />
modèles qui sont construits : les W30.<br />
Dès le début du mois d’avril 1937, les<br />
pilotes d’essai roulent presque jour<br />
et nuit afin de tester dans toutes les<br />
conditions chacun des 1.548 éléments<br />
qui les composent.<br />
C’est ici que l’on mesure le mieux le<br />
génie de Ferdinand Porsche, qui ne<br />
laisse rien au hasard, à commencer par<br />
la gestion de ces essais, qu’il confie à<br />
son autodidacte de fils, Ferry.<br />
Le 9 juillet, les prototypes totalisent<br />
déjà 570.000 km et, malgré de nombreux<br />
accidents et de multiples avatars,<br />
ils atteignent 2.000.000 de km en<br />
janvier 1938. Certains affichent même<br />
120.000 km au compteur, une longévité<br />
hors du commun pour l’époque. Jamais<br />
encore, dans l’histoire de l’automobile,<br />
un modèle n’a été testé à une<br />
telle échelle avant même la construction<br />
de l’usine qui doit le fabriquer !<br />
Avec la simplicité du concept général,<br />
c’est LA raison essentielle de la longévité<br />
record de la production de cette<br />
voiture : plus de 60 ans!<br />
L’Allemand : le Dr Robert Ley<br />
Dès le mois de juillet 1936, l’idée<br />
d’une «voiture générique» produite<br />
par plusieurs constructeurs différents<br />
commence à avouer ses faiblesses, et<br />
le Dr Robert Ley, directeur du syndicat<br />
unique des travailleurs allemands,<br />
propose d’intéresser le syndicat dans<br />
la constitution d’une usine qui serait<br />
seule à produire cette voiture.<br />
184 185
Lale Andersen :<br />
«Lili Marleen» by Hans Leip<br />
Unsere beide Schatten<br />
Sah’n wie einer aus<br />
Daß wir so lieb<br />
uns hatten<br />
Das sah man<br />
gleich daraus<br />
Und alle Leute<br />
soll’n es seh’n<br />
Wenn wir bei<br />
der Laterne steh’n<br />
Wie einst<br />
Lili Marleen.<br />
Il y a 70 ans<br />
La Gesellschaft zur Vorbereitung des<br />
Deutschen Volkswagen mbH, en abrégé<br />
Gezuvor, est créée le 18 mai 1937.<br />
Ce n’est peut-être pas tout à fait un<br />
hasard si «Gezuvor» veut dire «en<br />
avant» en allemand. On peut vraiment<br />
affirmer que ce n’est qu’à ce moment<br />
que le projet Volkswagen est devenu<br />
national. Et il est alors demandé à Ferdinand<br />
Porsche d’imaginer également<br />
l’usine qui produira la Volkswagen.<br />
Après de soigneuses comparaisons,<br />
un site est choisi le long du Mittelland<br />
Kanal, à mi-chemin entre Hanovre et<br />
Magdebourg, à quelques centaines<br />
de mètres du château de Wolfsburg<br />
(propriété du comte von der Schulenburg)<br />
et des quelques maisons qui<br />
l’entourent.<br />
De cette usine gigantesque, la première<br />
pierre est posée le jeudi 26 mai<br />
1938, et c’est là qu’à la surprise générale,<br />
le chancelier Hitler décide de rebaptiser<br />
la Volkswagen «Kraft durch<br />
Freude», ou «KdF», c’est-à-dire «la<br />
Puissance par la Joie». C’est également<br />
à cette occasion que sont présentés les<br />
trois premiers modèles définitifs de la<br />
future Volkswagen : une berline, une<br />
découvrable et un cabriolet.<br />
Au total, quelque 120 véhicules seront<br />
produits pour les recherches, les essais<br />
et la propagande, mais aucune voiture<br />
ne sera livrée à un client avant la<br />
guerre.<br />
La production démarre<br />
Le 3 août 1940, la première Volkswagen<br />
de série sort de la chaîne de montage,<br />
mais, entre-temps, la guerre a<br />
éclaté et modifié les besoins : ce seront<br />
désormais des versions militaires qui<br />
sortiront de l’usine. On comptera ainsi<br />
50.788 Kübelwagen, 14.276 Schwimmwagen<br />
et seulement 1.224 Volkswagen.<br />
Les 20 juin et 5 août 1944, l’usine<br />
est bombardée par les Alliés. Le 14<br />
avril 1945, les troupes américaines atteignent<br />
la Volkswagenwerk. Avec les<br />
stocks de pièces trouvés dans l’usine,<br />
138 Kübelwagen seront encore produites<br />
avant que l’armée britannique<br />
ne se voie confier l’occupation militaire<br />
de la région, le 1er juin.<br />
L’Anglais : le major Ivan Hirst<br />
Par représailles, les Alliés avaient décidé<br />
de détruire toutes les usines allemandes<br />
construites à partir de 1938,<br />
parce qu’elles l’avaient certainement<br />
été dans le cadre de l’effort de guerre.<br />
L’histoire de la Volkswagen allait donc<br />
s’arrêter ici et ne plus former, soixante<br />
ans plus tard, que quelques pages<br />
dans le grand livre d’histoire de l’automobile.<br />
C’était compter sans le sens de<br />
l’observation, la force de persuasion,<br />
le génie de l’organisation et la persévérance<br />
d’un groupe d’officiers de<br />
l’armée britannique, et en particulier<br />
du major Ivan Hirst.<br />
Hirst fait une série de constatations<br />
qui, avec le recul, paraissent limpides,<br />
mais qui, à l’époque, ont quasiment<br />
exigé des qualités d’extralucide :<br />
• Il doit mettre au travail les chômeurs<br />
de la région est de la Basse-Saxe.<br />
• La gigantesque usine qui produisait<br />
la Volkswagen n’a plus de propriétaire<br />
légitime et, en plus, doit être démolie…<br />
• …mais elle renferme un stock énorme<br />
de pièces et de composants.<br />
• Les Alliés ont un besoin pressant de<br />
voitures pour la gestion de l’Europe pacifiée.<br />
• Les autres usines d’automobiles européennes<br />
sont en très mauvais état,<br />
voire complètement détruites.<br />
• La demande de voitures civiles reprend<br />
dans une économie renaissante<br />
qui ne va pas tarder à être dopée par<br />
le plan Marshall.<br />
• La grande majorité des voitures ont<br />
été détruites pendant la guerre et<br />
n’ont pas pu être remplacées (pour<br />
mémoire, en Belgique, le parc automobile<br />
est passé de 167.000 à environ<br />
10.000 unités en cinq ans de conflit).<br />
• Conclusion: il doit sauver<br />
Volkswagen !<br />
Voilà donc ce à quoi Ivan Hirst et ses<br />
collègues vont s’employer avec autant<br />
d’énergie que de rigueur et de persévérance.<br />
Il faut successivement:<br />
• convaincre l’état-major des Alliés<br />
de surseoir à la décision de détruire<br />
l’usine… pour des raisons évidentes,<br />
voire de force majeure ;<br />
• retrouver des fournisseurs pour les<br />
matières premières et les compo- sants<br />
186 187
nécessaires à la fabrication des 1.548<br />
pièces d’une Volkswagen<br />
• reconstituer les équipes d’ouvriers,<br />
mais également la direction, de l’entreprise<br />
;<br />
• monter un réseau de concessionnaires<br />
allemands, chose qui n’avait été<br />
faite qu’en pure théorie par la direction<br />
précédente ;<br />
• poser les bases d’une gestion moderne<br />
et, enfin, …chercher un nouveau<br />
propriétaire-exploitant pour<br />
cette usine, dont l’administration ne<br />
fait pas partie des missions à long<br />
terme d’une armée d’occupation !<br />
Tout cela paraît simple, mais il s’agit<br />
là d’une tâche colossale que seuls rendront<br />
possible l’enthousiasme de la<br />
liberté retrouvée, l’envie d’effacer les<br />
traces du désastre de la guerre et ce<br />
qu’il faut bien appeler le génie pragmatique<br />
d’Ivan Hirst et de sa poignée<br />
de collègues.<br />
Il y aura aussi une lutte entre les pouvoirs<br />
politiques français et anglais pour<br />
prendre possession de l’usine et s’assurer<br />
les services du vieux Dr Ferdinand<br />
Porsche. Les Français l’emprisonneront<br />
un temps et le contraindront à aider<br />
à la mise au point de la 4CV Renault,<br />
mais, faute de charges sérieuses contre<br />
lui, ils seront contraints de le relâcher.<br />
Cela permettra à Porsche de lancer avec<br />
son fils, Ferry, la production d’une petite<br />
voiture de sport portant son nom.<br />
Couronnement d’une carrière exceptionnelle<br />
dont près de la moitié aura<br />
été consacrée au perfectionnement de<br />
la Volkswagen.<br />
Toutes les étapes du raisonnement<br />
d’Ivan Hirst se réaliseront et la machine<br />
industrielle se remettra en marche.<br />
Certes lentement au début, car il faudra<br />
tout réinventer dans un tissu industriel<br />
quasiment détruit, mais en<br />
1945 déjà, 1.785 voitures sortiront de<br />
l’usine.<br />
Au début de la relance, chaque fois<br />
qu’il manque des pièces et que le fabricant<br />
initial fait défaut, l’imagination<br />
de cet ingénieur en optique fait<br />
merveille. À telle enseigne qu’il trouve<br />
toujours une entreprise capable de<br />
l’aider, comme par miracle !<br />
Dès 1947, les premières exportations<br />
débutent, vers la Hollande et même les<br />
Etats-Unis. L’entreprise belge D’Ieteren<br />
devient le deuxième importateur<br />
de la Volkswagen, le 16 mars 1948.<br />
Hit Parade<br />
The Andrews Sisters<br />
«Rum and Coca Cola» 1949<br />
by Rupert W. Grant & Lionel Belasco<br />
Drinkin’ Rum and Coca-Cola<br />
Go down Point Koomahnah<br />
Both mother and daughter<br />
Workin’ for the Yankee dollar<br />
Un nouveau produit voit même le<br />
jour, réclamé par l’économie en re-<br />
188 189
naissance: la Volkswagen Typ 2, familièrement<br />
appelée le Combi, qui commence<br />
en 1950 sa carrière de premier<br />
«monovolume» de l’histoire.<br />
Une Ivan Hirst Strasse !<br />
Grâce à Ivan Hirst, quelques principes<br />
nouveaux font leur apparition dans la<br />
distribution d’automobiles et feront<br />
même école auprès de la quasi-totalité<br />
des constructeurs européens. Ils<br />
découlent directement des principes<br />
énoncés dans les manuels de l’armée<br />
britannique :<br />
• Aucune voiture n’est mise en production<br />
avant qu’un distributeur ne se<br />
soit engagé à l’acheter.<br />
• Aucune voiture n’est livrée à un<br />
concessionnaire avant qu’il n’ait suivi<br />
la formation technique et constitué le<br />
stock de pièces de rechange indispensables<br />
à son entretien.<br />
Une usine de recyclage est même<br />
construite à Kassel en 1947 pour y lancer<br />
cette nouveauté qu’est la gamme<br />
des éléments mécaniques révisés et<br />
garantis : les fameux «échanges standards».<br />
Toutes les étapes du raisonnement résumé<br />
ci-dessus se succéderont jusqu’au<br />
moment où, le 6 septembre 1949, après<br />
avoir déjà produit plus de 86.000 véhicules,<br />
l’usine verra son pouvoir officiellement<br />
confié par l’administration<br />
militaire britannique à la République<br />
fédérale allemande, qui chargera le<br />
land de Basse-Saxe d’y défendre ses<br />
droits fiduciaires sous la houlette d’un<br />
successeur de grand talent nommé<br />
Heinz Nordhoff. La reconnaissance de<br />
la population locale, des mandataires<br />
politiques et de la direction de l’entreprise<br />
pour notre troisième homme est<br />
tellement grande que l’une des voies<br />
d’accès à l’usine de Wolfsburg a été<br />
baptisée «Major Ivan Hirst Strasse».<br />
Question<br />
Sans Ivan Hirst, plus de 100 millions<br />
de Volkswagen n’auraient pas pu être<br />
produites à ce jour et le groupe qui<br />
porte maintenant ce nom n’aurait pu<br />
se hisser à la quatrième place mondiale<br />
de cette industrie.<br />
La sortie d’usine de 21.529.464 Coccinelle<br />
lui donne autant de fois raison<br />
d’avoir relancé sa production contre<br />
vents et marées.<br />
Et les quelque 125 millions de personnes<br />
qui ont été à un moment ou<br />
l’autre les propriétaires de cette voiture<br />
vraiment universelle sont devenues<br />
les gardiens d’une légende depuis<br />
le 30 juillet 2003, jour où la dernière<br />
«Cox» est sortie de la chaîne à Puebla,<br />
au Mexique, sous le nom d’«Ultima<br />
Edicion».<br />
Alors, Volkswagen,<br />
une marque anglaise ?<br />
La question fait peut-être sourire, mais<br />
elle méritait d’être posée.<br />
Bibliographie :<br />
- Dr Bernd WIERSCH –<br />
Die Käfer-Chronik, Die Geschichte<br />
einer Autolegende – Delius Klasing<br />
Verlag – ISBN 3-7688-1695-8<br />
Chris BARBER – Birth of the Beetle –<br />
Haynes Publishing<br />
– ISBN 1-85960-959-7<br />
190 191
VOLKSWAGEN :<br />
La Coccinelle a marqué<br />
l’inconscient collectif !<br />
par Philippe CASSE<br />
Le bruit typique de la Coccinelle<br />
Encore aujourd’hui, il fait dresser<br />
l’oreille à tous les gens de la génération<br />
Coccinelle. Ce bruit les remue et<br />
fait remonter en eux une vague de<br />
nostalgie, comme le souvenir d’un être<br />
cher. Un bruit aussi reconnaissable que<br />
la silhouette de la Coccinelle : il bourdonne,<br />
vibre, chante, il est émaillé des<br />
pulsations rassurantes de la soufflerie<br />
– c’est une euphonie qui pendant<br />
des décennies a servi de fond sonore à<br />
notre mobilité, une musique qui a accompagné<br />
nos désirs d’indépendance<br />
et l’élévation de notre niveau de vie.<br />
Depuis la fin des années ‘40 jusqu’au<br />
début des années ‘80 du siècle passé, le<br />
son inimitable de la Coccinelle constituait<br />
une composante essentielle de<br />
la trame sonore des rues allemandes.<br />
Mais ailleurs aussi, le boxer refroidi<br />
par air de la Coccinelle a été un ténor<br />
dans le bruyant concert de la circulation<br />
des métropoles. «Ce que l’on<br />
aime de l’Allemagne dans le monde»<br />
titrait à la fin des années soixante une<br />
publicité Volkswagen aujourd’hui légendaire<br />
réalisée par l’agence Doyle<br />
Dane Bernbach (DDB) au-dessus d’un<br />
montage bariolé d’images disparates<br />
représentant Heidelberg, un coucou,<br />
de la choucroute avec des «knödel»*,<br />
Goethe, un teckel, la Lorelei – et une<br />
Coccinelle. Et effectivement, la Coccinelle<br />
jouait dans le monde entier le<br />
rôle d’ambassadeur d’Allemagne – reconnaissable<br />
entre mille, parlant haut<br />
et clair et extraordinairement sympathique.<br />
Pendant des décennies, la Coccinelle<br />
a été la voiture d’importation<br />
favorite aux Etats-Unis. En 1967, ses<br />
actions étaient à la hausse jusque sur<br />
l’île de Nauru dans le Pacifique Sud.<br />
Là-bas, concluait hardiment la publicité<br />
«Ce que l’on aime de l’Allemagne<br />
dans le monde», la vente de Volkswagen<br />
avait progressé de 200 pour cent,<br />
192 193<br />
* boulettes de féculents pochés dans l’eau bouillante jouant le rôle de pommes de terre
Personne<br />
n’est<br />
parfait !<br />
en passant «d’une à trois Coccinelle.»<br />
Il y eu même une Coccinelle immatriculée<br />
en Antarctique.<br />
L’humour typique<br />
autour de la Coccinelle<br />
Bien que tout le monde jusqu’au plus<br />
ignare sût que le moteur de la Coccinelle<br />
était refroidi par air, Volkswagen<br />
fit paraître au milieu des années ‘60, à<br />
l’arrivée de l’hiver, des annonces pleine<br />
page avec le conseil : «N’oubliez pas<br />
d’ajouter de l’antigel dans votre Volkswagen».<br />
L’antigel n’était pas destiné<br />
au moteur mais au réservoir du laveglace<br />
monté à l’avant sous la roue de<br />
secours – «Parce que nous savons comment<br />
faire pour refroidir un moteur<br />
par air. Mais que nous ne savons pas<br />
encore comment utiliser l’air pour nettoyer<br />
le pare-brise.»<br />
Le texte de la publicité ne disait pas si<br />
les ingénieurs de Wolfsburg étaient en<br />
train de plancher sur une méthode de<br />
lavage à l’air – cela n’aurait d’ailleurs<br />
pas étonné les contemporains de la<br />
Coccinelle. A chaque époque, la Coccinelle<br />
a fait passer ses bons mots dans<br />
le vocabulaire de toutes les langues :<br />
«L’air ne gèle pas. L’air ne bout pas.»<br />
Une Volkswagen refroidie par eau ?<br />
A l’époque, cette idée était aussi inconcevable<br />
qu’une modification du<br />
design de la Coccinelle - même si celui-ci<br />
était considéré depuis longtemps<br />
comme conservateur, voire même dépassé.<br />
The Beatles : Love Me Do<br />
by John Lennon & Paul McCartney<br />
1962<br />
Love, love me do.<br />
You know I love you,<br />
I’ll always be true,<br />
So please, love me do.<br />
Whoa, love me do.<br />
Dans sa publicité, Volkswagen jouait<br />
avec les railleurs progressistes - et gagnait<br />
par là l’approbation de tous<br />
ceux qui aimaient la Coccinelle pour<br />
ce qu’elle était et comme elle était - et<br />
demeurait. «Déjà en 1948, beaucoup<br />
étaient d’avis que nous devions la changer»<br />
figurait en légende d’une photo<br />
d’une ancienne Coccinelle «Binocle»<br />
sur une publicité de 1965. Dans les<br />
faits, Volkswagen a rendu justice à cet<br />
avis en changeant ou en améliorant<br />
depuis lors 5.002 pièces des 5.008<br />
que compte la Coccinelle (en comptant<br />
toutes les pièces, y compris les vis,<br />
écrous et rondelles). Seule la forme de<br />
la Coccinelle – et sa silhouette typique,<br />
ont été préservées.<br />
Une autre publicité Volkswagen du<br />
début des années 60 annonçait : «Il<br />
existe des formes que l’on ne peut pas<br />
améliorer». Le texte illustrait un œuf<br />
sur lequel était peint l’arrière d’une<br />
194 195
Coccinelle. Une bonne quinzaine<br />
d’années plus tard, à l’ère<br />
de la Golf déjà, les publicitaires<br />
Volkswagen reprenaient le<br />
thème de l’œuf mais cette foisci<br />
pour marquer un événement<br />
plus triste aux yeux des amoureux<br />
de ses galbes.<br />
En 1978 en effet, les dernières<br />
Coccinelle construites en Allemagne<br />
quittaient la chaîne de<br />
montage de l’usine de Emden<br />
et le slogan illustrant l’image de<br />
l’œuf peint délivrait le message<br />
suivant : «Nous avons préservé la<br />
forme. Jusqu’à la fin.»<br />
Et - avec une note d’opiniâtreté:<br />
«Près de 21 millions d’acheteurs<br />
de Coccinelle dans le monde entier<br />
n’ont rien trouvé à y redire.»<br />
L’odeur typique<br />
à l’intérieur<br />
de la Coccinelle,<br />
une madeleine<br />
de Proust moderne !<br />
Le conducteur ne trouvait rien<br />
non plus à redire à son odeur :<br />
respirer à l’intérieur de la Coccinelle<br />
c’était inhaler un bouquet<br />
de parfums où l’odeur de<br />
la méca- nique brûlante se mêlait<br />
à celle de l’échauffement<br />
des tapis de sol. «Un chauffage<br />
sans odeur» promettaient<br />
les concurrents de la Coccinelle<br />
pour mettre en valeur leurs produits,<br />
ignorants qu’ils étaient<br />
que ce fumet d’air chaud était<br />
préci- sément un élément de l’aura<br />
envoûtante de la Coccinelle.<br />
Produit dans les boîtes à chauffage<br />
du moteur et soufflé par les<br />
diffuseurs des marchepieds, ce<br />
flux d’air chaud faisait partie intégrante<br />
de la personnalité de la<br />
Coccinelle comme un parfum de<br />
marque peut l’être d’une femme<br />
aimée. Cette petite brise souvent<br />
à peine tiède quand on roulait au<br />
ralenti - dont ne peuvent se faire<br />
une idée aujourd’hui que ceux<br />
qui appartiennent à la génération<br />
Coccinelle - était considérée<br />
comme un privilège au début de<br />
la carrière de la bête à Bon Dieu<br />
- un véritable luxe à une époque<br />
où les autres automobiles étaient<br />
souvent dépourvues d’un chauffage<br />
qui ne commença sa carrière<br />
d’accessoire qu’en option !<br />
Les chauffeurs devaient s’emmitoufler<br />
dans d’amples manteaux<br />
matelassés et se munir de gants<br />
avant de s’installer au volant. Les<br />
premiers propriétaires de Coccinelle<br />
quant à eux pouvaient se<br />
contenter d’enfiler un pullover<br />
chaud pour rouler en hiver.<br />
Et c’était très bien ainsi. A bord<br />
de la Coccinelle, en effet, tous<br />
ceux qui étaient du voyage bénéficiaient<br />
également de la chaleur<br />
que leur procurait le contact<br />
étroit avec leur voisin. On pouvait<br />
certes garder son chapeau<br />
sur la tête grâce à une garde au<br />
196 197
toit généreuse. Les fumeurs de pipe<br />
en revanche avaient intérêt à ranger<br />
leur Dunhill avant le départ. Sinon, ils<br />
risquaient quasi immanquablement la<br />
collision de leur appendice contre le<br />
pare-brise.<br />
L’habitacle de la Coccinelle était étroit,<br />
intime. Son étanchéité était à ce point<br />
soignée qu’il fallait beaucoup de force<br />
et de doigté pour refermer les portes<br />
si on ne voulait pas que l’air comprimé<br />
ne les rouvre comme des ressorts - un<br />
air chargé d’odeurs de mécanique, de<br />
tapis de sol et parfois de tabac.<br />
Les sensations typiques<br />
à bord de la Coccinelle<br />
Pour son propriétaire comme pour sa<br />
progéniture, la Coccinelle a été un cocon<br />
douillet et protecteur. Les enfants<br />
en bas âge de la génération<br />
Coccinelle voyageaient<br />
bien protégés<br />
dans le creux du coffre ménagé<br />
derrière le dossier de la banquette arrière.<br />
La musique entêtante du boxer<br />
et les mélodies de l’époque ont bercé<br />
le sommeil de générations d’entre<br />
eux. Ces générations Coccinelle ont<br />
grandi avec et dans la Coccinelle. Avec<br />
les années, les enfants ont émigré du<br />
poste situé sous la lunette ovale du<br />
modèle ‘53 vers la banquette arrière<br />
du modèle ‘57, déjà plus lumineux. De<br />
la banquette arrière du début des années<br />
soixante, ils sont passés au siège<br />
du passager avant.<br />
Ils ont fait leurs premiers exercices de<br />
conduite en famille sur les chemins forestiers<br />
ou le dimanche sur les parkings<br />
déserts des supermarchés dans la Coccinelle<br />
1500 modèle ‘66, avant de vivre<br />
des heures palpitantes aux côtés d’un<br />
moniteur d’auto-école – toujours dans<br />
une Coccinelle bien entendu, à l’arrière<br />
de laquelle l’examinateur allait<br />
devoir se contorsionner avant d’être<br />
en me-<br />
sure de rendre le<br />
verdict final.<br />
«Pour quelle raison des milliers de<br />
personnes décident-elles chaque année<br />
d’apprendre à conduire au volant<br />
d’une Volkswagen?» s’interrogeait<br />
Volkswagen dans une annonce de<br />
1967, pour donner aussitôt la réponse:<br />
«Parce qu’elle est si facile à conduire.<br />
Demandez à votre moniteur.<br />
Son exemple a fait (auto)école.»<br />
La maniabilité typique<br />
de la Coccinelle<br />
Conduire une Coccinelle communique<br />
une impression d’agilité qui tient<br />
moins au tempo qu’à l’aisance avec laquelle<br />
on exécute les manœuvres. Dans<br />
les années ‘50 et ‘60, les qualités telles<br />
qu’une direction extraordinairement<br />
précise et légère, des manœuvres aux<br />
pédales et des changements de vitesse<br />
sans heurts grâce aux fameux synchros<br />
Porsche, une bonne réactivité aux<br />
commandes du conducteur étaient<br />
encore loin d’avoir le caractère d’évidence<br />
qu’elles ont acquis plus tard à<br />
partir du milieu des années ‘70, à l’ère<br />
de la Volkswagen Golf. A son époque,<br />
la Coccinelle était une référence<br />
dans sa catégorie - comme le<br />
fut plus tard la Golf.<br />
Des qualités tout particulièrement<br />
appréciées<br />
des Américains,<br />
contraints à<br />
des débauches de<br />
gestes pour «barrer»<br />
des paquebots<br />
peu manœuvrables.<br />
Arthur Railton, journaliste<br />
et membre du comité<br />
directeur de Volkswagen of<br />
America, décrivait en ces termes le<br />
David allemand face au Goliath améri-<br />
198 199
cain : «Elle s’intercale et déboîte en se<br />
jouant dans les files de voitures de la<br />
circulation, juste devant vous. Elle se<br />
glisse en deux temps trois mouvements<br />
dans la place de stationnement que<br />
vous convoitiez. Sur les routes enneigées,<br />
ses prises d’air arrière semblent<br />
se gausser des autres véhicules immobilisés<br />
qu’elle dépasse allègrement,<br />
tant sa motricité est exemplaire.»<br />
Le numéro de novembre 1952 de la<br />
revue américaine des consommateurs<br />
«Consumer Reports» résumait en ces<br />
termes l’impact de la Coccinelle : «Si<br />
vous êtes las des automobiles ordinaires,<br />
la Volkswagen vous fera l’effet<br />
d’un grand bol d’air frais.» Deux ans<br />
plus tard, Lawrence Brooks, consultant<br />
et conducteur d’essai pour le même<br />
magazine, partageait l’euphorie que<br />
lui avait communiquée la Coccinelle :<br />
«...une des très rares automobiles capables…<br />
de susciter une authentique<br />
fascination, par le vrai plaisir que l’on<br />
prend à la conduire…»<br />
Ces avis produisirent leur effet.<br />
Dès novembre 1955, Leo Donovan,<br />
dans la revue américaine «Popular<br />
Mechanics», s’étonnait : «... une voiture<br />
minuscule et sous-motorisée. Les<br />
concessionnaires peinent pourtant<br />
à se la faire livrer en quantités suffisantes<br />
tant tout le monde se l’arrache.<br />
Et tout ceci sans offrir de voyages à<br />
Paris… ni de remises. Mais quelle est<br />
donc cette automobile incroyable ?<br />
C’est la petite Coccinelle Volkswagen.<br />
Ses revendeurs ont même des délais de<br />
livraison pour les modèles d’occasion.»<br />
L’image typique de la Coccinelle<br />
«Aucune autre automobile n’a eu un<br />
impact social aussi fort»,<br />
écrit Arthur Railton<br />
dans «The Beetle»,<br />
hymne à la gloire<br />
de la Coccinelle.<br />
«Elle fait partie de<br />
notre folklore. Elle<br />
possède sa propre<br />
mythologie. On<br />
écrit des livres sur<br />
elle, on édite des<br />
revues qui lui sont<br />
exclusivement<br />
consacrées, on<br />
tourne des films<br />
dont elle tient la<br />
vedette au même titre qu’une star<br />
en chair et en os. La Coccinelle a servi<br />
d’argument central à des centaines de<br />
traits d’esprit et a été adoptée par les<br />
caricaturistes comme symbole… de la<br />
rébellion contre l’Establishment.»<br />
La Coccinelle symbolisait des valeurs à<br />
l’opposé du luxe ostentatoire. Sans se<br />
faire pour autant le héraut d’un caractère<br />
purement fonctionnel. Comme<br />
aucun autre modèle avant elle, la Coccinelle<br />
était précisément une automobile<br />
qui refu- sait de conférer à son<br />
propriétaire un statut social qu’il ne<br />
revendiquait pas.<br />
La Coccinelle était davantage le symbole<br />
d’une non-appartenance à<br />
quelque classe que ce soit, matérielle<br />
ou intellectuelle. Dès le milieu des années<br />
‘60 les publicitaires allaient jouer<br />
sur cette particularité de la Coccinelle,<br />
dans le cadre de ce que les stratèges<br />
de vente appellent aujourd’hui l’argument<br />
publicitaire unique ou «USP»<br />
(Unique Sales Proposition).<br />
«Elle ne dit rien de son conducteur.<br />
Elle ne révèle pas s’il a du succès auprès<br />
des femmes ou en bourse. Ou les<br />
deux. S’il possède des terres dans le<br />
Tessin. S’il fait partie des personnalités<br />
qui comptent à Bonn.<br />
S’il lit Platon dans le texte.»<br />
Tout juste dix ans plus tard, en juillet<br />
1971, la revue automobile allemande<br />
«auto motor und sport» dressait cette<br />
analyse à l’unisson :<br />
«Alors que presque chaque modèle est<br />
catégorisé par sa cylindrée, son niveau<br />
de performances et son prix, permettant<br />
ainsi dans une certaine mesure de<br />
tirer des conclusions sur le statut social<br />
de son propriétaire, la Coccinelle est<br />
parvenue à se donner une image totalement<br />
asexuée du point de vue social.<br />
Chacun peut y prendre place sans<br />
craindre de donner prise à des spéculations<br />
du public sur sa vie privée.» Ce<br />
qui était parfaitement vrai.<br />
La voiture pour tout le monde, pour<br />
toutes les fonctions,… universelle !<br />
Hit Parade<br />
1970<br />
The Beatles : Let it be<br />
by John Lennon & Paul McCartney<br />
6 mars 1970<br />
Let it be, let it be<br />
Let it be, let it be<br />
Whisper words of wisdom, let it be<br />
Let it be, let it be<br />
Let it be, yeah let it be<br />
There will be an answer, let it be<br />
Dans un autre point de vue sur la Coccinelle,<br />
le Stuttgarter Blatt se trompait<br />
en revanche en affirmant sous la<br />
200 201
plume de Reinhard Seiffert, en conclusion<br />
d’un test effectué en novembre<br />
1969: «Il n’y aura jamais d’anti-Coccinelle<br />
et il ne peut y en avoir.<br />
Personne n’est capable de concevoir ni<br />
de réaliser une telle voiture - pas même<br />
les établissements Volkswagen.»<br />
la Coccinelle, mais sans ses défauts,<br />
conçue par la génération Coccinelle,<br />
mais construite pour la génération<br />
Golf à venir. En 2024 elle sera toujours<br />
là, celle qui a créé le Segment Golf et<br />
elle aura 50 ans !<br />
Tout juste cinq ans plus tard, en mai<br />
1974, les ingénieurs de Wolfsburg faisaient<br />
la démonstration du contraire.<br />
Elle était soudain là, «l’anti-Coccinelle»,<br />
avec toutes les qualités de<br />
202 203
VOLKSWAGEN :<br />
La Ligne du Temps<br />
de la VW Coccinelle par<br />
Philippe CASSE<br />
64 ans et 3 mois<br />
de production<br />
d’un seul modèle :<br />
un record<br />
sans doute définitif.<br />
1936<br />
Les trois prototypes reçoivent l’appellation<br />
Série V3. Le 24 février a lieu à<br />
Berlin la présentation aux membres<br />
du RDA d’une version berline et d’une<br />
version cabriolet.<br />
1934<br />
Le 22 juin, le «Reichsverband der Automobilindrustrie»<br />
(RDA)* charge<br />
Ferdinand Porsche de la construction<br />
d’une «Volkswagen».<br />
* Fédération de l’industrie automobile<br />
1935<br />
Le premier prototype équipé d’un<br />
moteur boxer de 700 cc refroidi par<br />
air, développant 22,5 ch, sort des ateliers.<br />
Deux autres exemplaires sont<br />
construits.<br />
Du 22 octobre au 22 décembre, chacune<br />
des trois voitures est soumise à<br />
des essais de grande envergure sur<br />
50.000 kilomètres.<br />
1937<br />
Le RDA passe commande pour la<br />
construction, en sous-traitance chez<br />
Mercedes, de 30 exemplaires, sous la<br />
direction de Ferdinand Porsche, afin<br />
d’effectuer des essais d’endurance.<br />
Ces voitures parcourent ensemble 2,4<br />
millions de kilomètres d’essais.<br />
1938<br />
Après de nouvelles améliorations, la<br />
Serie 38 sort des ateliers. Elle possède,<br />
pour la première fois, une lunette arrière<br />
du type binocle, des marchepieds<br />
et des pare-chocs. L’auto, avec moteur<br />
boxer quatre cylindres refroidi par air<br />
de 985 cc et 24 ch, pèse 750 kilos. Trois<br />
variantes du modèle sont présentées<br />
: la berline, le cabriolet et la berline<br />
avec toit ouvrant enroulable.<br />
1939<br />
En avril, la production de série commence<br />
mais elle est interrompue par<br />
la guerre après seulement quelques<br />
centaines d’exemplaires.<br />
1945<br />
Au mois d’août, le gouvernement militaire<br />
britannique passe commande<br />
de 20.000 berlines à l’usine Volkswagen,<br />
alors sous la direction du major<br />
204 205
anglais Ivan Hirst. La production en<br />
série de la Volkswagen Coccinelle<br />
démarre en décembre 1945.<br />
55 voitures sont assemblées.<br />
1946<br />
Le 14 octobre, la 10.000e Volkswagen<br />
quitte les chaînes d’assemblage.<br />
1947<br />
Sur les 8.987 berlines produites cette<br />
année-là, les premières voitures sont<br />
exportées aux Pays-Bas.<br />
1948<br />
16 mars : D’Ieteren devient le second<br />
importateur de Volkswagen de l’histoire.<br />
En mai, la 25.000e Volkswagen<br />
quitte les chaînes de montage.<br />
La production mensuelle grimpe de<br />
1.185 voitures en mai à 2.306 voitures<br />
en décembre.<br />
1949<br />
Le 8 janvier, les deux premières Volkswagen<br />
sont transportées par bateau<br />
des Pays-Bas aux Etats-Unis d’Amérique.<br />
Le 13 mai, la 50.000e Volkswagen<br />
construite depuis la fin de la<br />
guerre quitte les chaînes de montage.<br />
1951<br />
La Volkswagen est dès à présent exportée<br />
dans 29 pays. En octobre, la<br />
barre des 250.000 ex. est franchie.<br />
1953<br />
Le 3 juillet, la 500.000e Volkswagen<br />
quitte les chaînes de production.<br />
Volkswagen exporte maintenant ses<br />
voitures vers 86 pays.<br />
1955<br />
Le 8 août, le million de Volkswagen<br />
produites est atteint.<br />
1962<br />
La 5.000.000e Volkswagen sort des<br />
chaînes de montage.<br />
1964<br />
En fondant Volkswagen de Mexico, S.A.<br />
de C.V. à Mexico, Volkswagen passe du<br />
simple assemblage de véhicules à une<br />
production locale. Le 1er décembre,<br />
début de la production en série dans<br />
l’usine Volkswagen de Emden.<br />
1967<br />
La 10.000.000e Coccinelle sort des<br />
chaînes de production.<br />
1968<br />
La Volkswagen apparaît officiellement<br />
dans la publicité sous l’appellation<br />
Coccinelle.<br />
1972<br />
Le 17 février, la 15.007.034e Coccinelle<br />
quitte les chaînes de production, battant<br />
ainsi l’ancien record détenu par<br />
la Ford T.<br />
1974<br />
Le 1er juin à 11h19, la dernière Coccinelle<br />
sort des chaînes de montage de<br />
l’usine mère à Wolfsburg.<br />
35 ans et 2 mois après son lancement<br />
en cet endroit, en août, la production<br />
de la VW 1303 A est arrêtée.<br />
1975<br />
En juillet, la dernière VW 1303 est<br />
produite.<br />
1978<br />
Le 19 janvier, la dernière Coccinelle<br />
construite en Allemagne sort des<br />
chaînes d’assemblage de l’usine de<br />
Emden. Au total, 16.255.500 Coccinelle<br />
auront été construites en Allemagne.<br />
Chaque jour, plus de 1.000<br />
Coccinelle sont produites outre-mer.<br />
La Coccinelle de Mexico est<br />
une VW 1200 L avec<br />
moteur de 34 CV.<br />
1980<br />
Le 10 janvier, le<br />
dernier cabriolet<br />
produit par Karmann<br />
sort des<br />
chaînes d’assemblage<br />
d’Osnabrück.<br />
Au<br />
total,<br />
330.281<br />
cabriolets<br />
ont été construits (A l’époque, le<br />
record de production d’un cabriolet<br />
issu d’une berline).<br />
1981<br />
Le 15 mai, la 20.000.000e Coccinelle<br />
est produite par la «Volkswagen de<br />
Mexico», à Puebla.<br />
1984<br />
La 100.000e Coccinelle «Export» est<br />
produite au Mexique.<br />
1985<br />
Le 12 août, le dernier bateau avec un<br />
chargement de Coccinelle pour l’Europe<br />
entre au port d’Emden.<br />
1992<br />
Le 23 mai, la 21.000.000e Coccinelle<br />
est produite au Mexique.<br />
2003<br />
La dernière Coccinelle construite<br />
par Volkswagen quitte les chaînes<br />
d’assemblage de «Volkswagen de<br />
Mexico» en juillet à<br />
Puebla.<br />
206 207
VOLKSWAGEN :<br />
La révolutionnaire K70 augure des années fastes<br />
La Coccinelle a servi de base à<br />
bien des modèles comme le fameux<br />
«Bully», la Karman Ghia<br />
en coupé et en roadster, des<br />
modèles familiaux, les T3 en<br />
1500, 1600, sedan 2 portes,<br />
cabriolets et breaks et puis<br />
les dernières, les 411 et 412<br />
produites en berlines, coupés,<br />
break et même en break à trois<br />
portes. Et ceci sans oublier les Porsche<br />
qui garderont le refroidissement à air<br />
jusqu’a la «993» de 1992 à …1997 !<br />
.<br />
E n<br />
208 209
Karl-Günter Queißer<br />
1965, Volkswagen est au bout du chemin<br />
avec la Coccinelle et ses dérivés.<br />
Le Boxer à quatre cylindres refroidi<br />
par air a fait son temps et il faut absolument<br />
un successeur à la 411. Tenant<br />
compte que VW vient d’acheter Audi<br />
en 1965 et NSU en 1970, la solution<br />
la plus rentable était de prendre un<br />
modèle dans l’une des deux marques<br />
pour l’adapter à son image rajeunie.<br />
Ce fut chez NSU.<br />
Ainsi naquit en quelques mois la voiture<br />
qui allait bouleverser le monde!<br />
Vous tomberez<br />
amoureux de<br />
la K70, parce que<br />
VW entame un<br />
tout nouveau<br />
chapitre avec elle.<br />
Tel était le slogan qui accompagnait la<br />
commercialisation de la Volkswagen<br />
K70 il y a 50 ans. Alliant traction, refroidissement<br />
par eau et design moderne,<br />
la berline de classe moyenne<br />
annonçait une ère nouvelle chez VW.<br />
Le 20 octobre 1970, Volkswagen tenait<br />
une conférence de presse à Salzgitter<br />
pour présenter la nouvelle<br />
K70 et l’usine érigée spécialement<br />
pour sa construction. Le dossier de<br />
presse de l’époque commençait ainsi:<br />
«Une nouvelle Volkswagen, à nulle<br />
autre pareille : la VW K70». En fait,<br />
de nombreux éléments de cette berline<br />
à trois volumes ont ouvert de<br />
nouveaux horizons. Avec ce modèle,<br />
Volkswagen était à l’aube d’une nouvelle<br />
ère de succès.<br />
Aspects techniques.<br />
Avec le moteur refroidi par eau et la<br />
transmission aux roues avant de la K70,<br />
Volkswagen a fait la transition vers un<br />
concept de propulsion inédit pour la<br />
210 211
Karl-Günter Queißer<br />
marque, qui s’imposera ensuite avec<br />
succès avec la Passat et la Golf. La K70<br />
reposait sur un châssis à suspension indépendante<br />
qui répondait aux normes<br />
les plus récentes. L’empattement exceptionnellement<br />
long dégageait un<br />
espace intérieur particulièrement généreux<br />
et offrait une expérience de<br />
conduite très agréable.<br />
Sécurité.<br />
En plus du confort de haut niveau,<br />
l’accent était mis sur la sécurité active<br />
et passive. Des caractéristiques telles<br />
que la cellule renforcée pour les passagers,<br />
les zones de déformation à<br />
l’avant et à l’arrière, le réservoir de<br />
carburant logé à l’arrière dans un espace<br />
protégé et le prééquipement de<br />
série pour les ceintures de sécurité sur<br />
tous les sièges ont établi de nouvelles<br />
références.<br />
Design.<br />
Dernier élément et non des moindres,<br />
le design fonctionnel et épuré était<br />
résolument tourné vers l’avenir et<br />
semble encore moderne aujourd’hui.<br />
Cette berline à trois volumes a été<br />
créée par Claus Luthe, l’un des plus<br />
importants designers automobiles de<br />
son époque. Des éléments de sa signature<br />
stylistique se retrouveront également<br />
dans des modèles Volkswagen<br />
ultérieurs tels que la Golf et la Polo.<br />
Convaincu d’entrée de jeu Karl-Günter<br />
Queißer fait partie de ceux qui ont<br />
vécu les premières heures de la K70 et<br />
l’époque du grand changement chez<br />
Volkswagen. Âgé aujourd’hui de 79<br />
ans, il a commencé sa carrière chez<br />
Volkswagen en 1970 dans la nouvelle<br />
usine de Salzgitter en tant que<br />
peintre et vernisseur. Il se souvient<br />
encore bien des premières années<br />
qui s’inscrivaient dans une phase de<br />
bouleversement et de nouveaux départs.<br />
«C’était quelque chose de très<br />
spécial» : c’est en ces termes qu’il résume<br />
l’époque de la K70. Il a rapidement<br />
été convaincu par cette traction<br />
212 213
à moteur refroidi par eau, ses quatre<br />
portes et surtout son habitabilité et<br />
son volume de coffre sensationnels.<br />
Dès l’automne 1971, il a acheté sa<br />
première K70.<br />
Jusqu’alors, il avait conduit une Coccinelle,<br />
et le changement de modèle<br />
s’apparentait à un saut quantique.<br />
Après trois K70, il est devenu propriétaire<br />
d’une Volkswagen Golf. «L’évolution<br />
ne s’arrête jamais», confie cet<br />
homme qui accueille le changement<br />
par principe et le vit avec joie.<br />
De la K70 à l’ID.3<br />
Aujourd’hui, il conduit deux véhicules:<br />
une K70 LS et une Golf 8. Avec<br />
la K70, il a réalisé un rêve : il participe<br />
avec succès à des rallyes et des balades<br />
de voitures anciennes.<br />
En septembre, une excursion à Salzgitter<br />
l’a conduit sur son ancien lieu<br />
de travail. En fait, il aurait voulu célébrer<br />
le cinquantenaire de la K70 avec<br />
son fan-club en organisant une sortie<br />
et une fête, mais les circonstances ne<br />
l’ont malheureusement pas permis<br />
cette année. Cet anniversaire<br />
a donc été célébré en «cercle restreint»<br />
à Salzgitter, ravivant des<br />
souvenirs d’une époque très particulière.<br />
Ce véhicule inhabituel attire toujours<br />
autant les regards et suscite<br />
l’intérêt des collaborateurs.<br />
Quant à l’ancien collègue, Karl-Günter,<br />
il répond avec passion<br />
à toutes les questions.<br />
214 215
Les balades<br />
216 217
MERCEDES-BENZ<br />
Quand Koen Van Hout<br />
réalise son rêve d’enfant !<br />
Conduire la C111 de 1969<br />
par Eric HEIDEBROEK<br />
En octobre 2015, Koen Van Hout<br />
alors directeur du commerce chez<br />
Mercedes-Benz Belgique Luxembourg<br />
et actuellement en poste à<br />
l’international pour Daimler,<br />
m’invite au Zoute Grand Prix.<br />
Il m’explique alors : «Quand l’organisateur<br />
nous a présenté son projet,<br />
j’y ai cru immédiatement. Nous<br />
sommes présents depuis la première<br />
édition, et cette année 2015, nous<br />
sommes au Zoute Grand Prix avec<br />
trois joyaux sortis tout droit du musée<br />
de Stuttgart. Une 500K, merveilleuse<br />
de proportions et scintillant de<br />
tous ses chromes, une sportive 190 SL<br />
2,6 litres et enfin, la star du salon de<br />
Francfort 1969, la C111. Ici dans sa<br />
version à moteur V8 de 3,5 litres».<br />
«Ce qui est fou», dit-il, «c’est que<br />
quand j’étais gamin, j’avais cette<br />
C111, en poster, au mur de ma<br />
218 219
chambre, et jamais je n’aurais imaginé<br />
qu’un jour je conduirais ce rêve de<br />
gosse sur la route, sans aucune autre<br />
contrainte que celle de respecter le<br />
code de la route, c’est fabuleux.»<br />
Voiture d’hier<br />
à l’aise aujourd’hui !<br />
Ce qui est extraordinaire, c’est de<br />
voir combien Mercedes-Benz est en<br />
avance sur son temps et ce depuis<br />
longtemps. Ce prototype est d’une<br />
déconcertante facilité de conduite et<br />
d’usage. Pédalier souple, direction assistée<br />
aux remontées précises, freins<br />
ABS (les premiers au monde sur une<br />
voiture de route), boîte de vitesses à<br />
six rapports, banale aujourd’hui,<br />
certes, mais à l’époque c’était de la<br />
science fiction.<br />
En 1969, Mercedes-Benz dévoile un<br />
prototype tellement bien fini tant à<br />
l’intérieur qu’à l’extérieur que tout<br />
le monde pariait sur son arrivée en<br />
concessions. Mercedes-Benz renouerait<br />
alors avec les super-cars.<br />
Ce que démentit formellement la<br />
marque à l’étoile. La C111 est un laboratoire<br />
roulant qui devait tester,<br />
entre-autres, les nouveaux équipement<br />
de sécurité comme les airbags<br />
et les freins ABS. La carrosserie en<br />
polyester renforcé de fibre de verre<br />
est boulonnée sur un châssis en acier<br />
auquel sont attachées les suspensions<br />
multi-bras, indépendantes sur les 4<br />
roues de 14’’ avec des pneus de 205<br />
de large. Le tout affichant 1100 kg.<br />
De plus ce prototype était motorisé<br />
par un tri-rotors Wankel d’une cylindrée<br />
équivalente à un 3,6 litres qui<br />
offrait 280 ch. Côté performances,<br />
le 0 à 100 était enlevé en 5 sec et la<br />
C111 tapait les 270 à l’heure. L’année<br />
suivante, la version II est mue par un<br />
quadri-rotors Wankel en équivalent<br />
4.8 l qui développera 350 ch, gagnera<br />
0,2 sec sur le 0 à 100 (4,8’’) et pointera<br />
à 300 à l’heure. Malgré sa légèreté,<br />
la C111 Wankel consomme trop.<br />
Surtout qu’en 1973 arrive le premier<br />
choc pétrolier qui voit la circulation<br />
sur les autoroutes belges limitées à<br />
100 km/h !<br />
Un calvaire.<br />
Pas seulement pour les automobilistes,<br />
mais pour toute l’industrie automobile<br />
qui devait plancher sur de<br />
nouvelles technologies et mettre au<br />
placard ses plus beaux rêves. La C111<br />
livrera un dernier baroud d’honneur<br />
en recevant un V8 de 3,5 l développant<br />
200 ch qui sera comparé au<br />
moteur Wankel. Mais rien n’y a fait,<br />
malgré l’engouement et l’envie de<br />
réaliser une série limitée de la C111,<br />
220 221
le projet prit le chemin du musée.<br />
Pourtant dans un dernier sursaut, les<br />
ingénieurs réalisèrent une dernière<br />
variante équipée d’un V8 de 4,8 l,<br />
dopé par deux turbos KKK, fort de<br />
500 ch qui atteindra le seuil mythique<br />
des 400 km/h avec une moyenne de<br />
403,78 km/h. En 1976, Mercedes-Benz<br />
placera un groupe Diesel à 5 cylindres<br />
turbocompressé de 3 litres développant<br />
190 ch et capable de pointer à<br />
250 km/h sur la piste de Nardo<br />
La C111 a bien tenu ses promesses,<br />
c’est un laboratoire roulant qui en<br />
a fait rêver beaucoup, et inciter certains<br />
à laisser un chèque en blanc<br />
dans le vain espoir d’en acquérir une.<br />
Mercedes-Benz ne commercialisera<br />
jamais la C111 et n’en vendra aucune.<br />
La C111 sur la route<br />
Quand on découvre la C111 en vrai,<br />
et qu’on a la chance de l’utiliser dans<br />
la circulation, on s’aperçoit que cette<br />
auto est très actuelle. Mercedes-Benz<br />
avait déjà 45 ans d’avance...<br />
En effet, le grand volant typique de<br />
l’époque dont la jante est travaillées<br />
d’un lacet de cuir croisé, un peu<br />
comme celui des guidons de vélos de<br />
course, est assisté et offre non seulement<br />
une belle rigueur mais une<br />
souplesse de conduite très appréciée.<br />
La direction assistée était rare à cette<br />
époque, où les voitures de sport se<br />
devaient d’être viriles. Et la C111 se<br />
veut sportive, incisive et confortable.<br />
On est étonné du confort comme du<br />
maintien des sièges sports de la C111.<br />
A l’intérieur, le bruit de roulement<br />
est contenu comme celui de la mécanique.<br />
On ne se croirait jamais à<br />
bord d’un «ancêtre» tant les sensations,<br />
les impressions sont actuelles.<br />
Soit précises, efficaces, et d’une rigueur<br />
contemporaine. Au volant, on<br />
retrouve les commandes des Mercedes<br />
des années ‘70 y compris une<br />
commande d’allumage des feux de<br />
détresse. L’embrayage, la commande<br />
de boîte sont faciles d’usage, surtout<br />
le levier de vitesse qui ne présente<br />
pas l’impression «mayonnaise» des<br />
Mercedes de série de l’époque. Le levier<br />
dispose d’un bouton poussoir en<br />
son sommet qui permet de passer la<br />
marche arrière en haut à gauche, ou<br />
la première en bas à gauche.<br />
Côté comportement, rien de surprenant,<br />
tout semble couler de source,<br />
les gros pneus de 215 de large en série<br />
70 sont montés sur des roues alu<br />
de 15’’. La tenue de route est saine,<br />
malgré le moteur central, on ne<br />
craint pas les délestages intempestifs.<br />
La musique du V8 est vraiment<br />
belle, rauque et sourde, les vocalises<br />
se précisent quand on accélère franchement.<br />
Ce que cette C111 adore,<br />
manifestement. Nous n’avons pas hésité<br />
à écouter la radio d’origine, une<br />
fameuse Becker Pilot. Le son distillé<br />
dans les haut parleurs bien dimensionnés<br />
est tout à fait contemporain<br />
et se complait des airs à la mode aujourd’hui.<br />
222 223
Fabuleux, dans ce monde des voitures anciennes,<br />
cette C111 «museum» est un monument<br />
d’anthologie automobile et préfigurait<br />
déjà les voitures d’aujourdhui.<br />
Aux côtés de cette C111 une somptueuse<br />
Mercedes 500K (1936) avait fait le déplacement<br />
au Zoute Grand Prix, surtout pour rivaliser<br />
d’élégance avec la concurrence. Ses galbes<br />
onctueux, ses lignes élancées, sa banquette<br />
dans la malle arrière et ses échappements chromés<br />
sortant de ses flancs lui confèrent une allure<br />
unique.<br />
Sa mécanique en ligne sur huit cylindres est<br />
dopée par un compresseur Roots et développe<br />
de 100 à 160 ch. Avec une cylindrée de 4982<br />
cc et un poids de 2.170 kg dont 600 kg rien<br />
que pour le moteur (!) elle est donnée pour<br />
160 km/h en pointe. En 1936, elle coûtait déjà<br />
quelques 28.000 DM.<br />
Autre bijou présent au Zoute GP, la 190 CL<br />
Rennversion (W121 II) conduite pour l’occasion<br />
par Jochen Mass. « A nacked Roadster » racé et<br />
sportif à bord duquel, les lunettes et l’écharpe<br />
son recommandés.<br />
Construite en 1955, cette «twoo seater» est<br />
mue à l’origine par un quatre cylindres de<br />
1897 cc délivrant 115 ch pour environ 1000 kg.<br />
L’exemplaire présenté est équipé d’un 2,6 l de<br />
140 ch. Jochen Mass a pris beaucoup de plaisir<br />
à son volant...<br />
224 225
TECHNOLOGIE<br />
Quand l’électrification<br />
des ancêtres se pose en<br />
alternative...<br />
par Eric HEIDEBROEK<br />
Electrogenic est une boîte<br />
anglaise basée à Kidlington, pas<br />
loin d’Oxford. Et quand on va<br />
sur leur site ils accueillent<br />
l’internaute par ces mots :<br />
«Nos voitures suscitent la passion,<br />
elles font partie de notre vie. Mais si<br />
elles n’évoluent pas, elles prendront<br />
le même chemin que les dinosaures.<br />
L’avenir est électrique et il arrive plus<br />
tôt que vous ne le pensez.»<br />
Oui, mais, c’est un sacrilège de faire<br />
passer une voiture historique à l’électricité.<br />
Et perdre l’essence même de<br />
sa conception. Ceci est la première<br />
réflexion, - du type épidermique - de<br />
très nombreux passionnés pour lesquels<br />
la passion automobile ne s’arrête<br />
pas aux seules esthétiques extérieures<br />
et intérieures.<br />
Une voiture ancienne est un reflet de<br />
l’histoire, et le futur s’il est si sombre<br />
qu’annoncé pourrait faire souffrir les<br />
228 229
anciennes en les interdisant à la circulation<br />
dans un avenir rapproché.<br />
Ceci dit, il est probablement trop tôt<br />
pour s’amuser à électrifier les ancêtres<br />
mais il y a des gens qui achêtent des<br />
versions électrifiées. Et il semble que<br />
le demande pour ces véhicules augmente<br />
sensiblement. La motivation<br />
est «environnementale» parait-il.<br />
MÊME RENAULT<br />
S’EST LANCÉ DANS<br />
L’ÉLECTRIFICATION DES<br />
ANCIENNES AVEC LA<br />
SOCIÉTÉ RÉTROFIT.<br />
Pour faire simple, on enlève tout ce<br />
qui sert au thermique, et on remplace<br />
par une batterie et un moteur<br />
électrique, mais on doit rester dans<br />
la puissance d’origine. Et avec une<br />
demande aussi faible, les besoins en<br />
énergie sont aussi limités.<br />
Pour transformer une Renault Twingo<br />
ou une Renault 4, il faut compter<br />
sur un budget de 20 - 25.000 euros.<br />
Quand on voit le prix d’une 4L sur le<br />
marché, pour les plus chères en état<br />
concours on approche les 24.000 euros<br />
et pour les moins chères on peut<br />
en trouver à 3.000 euros mais avec<br />
300.000 km, on est en droit de se demander<br />
si ça en vaut la peine. Surtout<br />
que cet exemplaire aura perdu son<br />
coeur d’origine.<br />
POURRA-T-ON ENCORE<br />
DIRE QUE C’EST UN<br />
ANCÊTRE ?<br />
Pour défendre l’électrification des<br />
ancêtres les anglais ajoutent des remarques<br />
comme celles-ci :<br />
«Les voitures classiques sont souvent<br />
bruyantes, malodorantes et<br />
peu fiables dont les propriétaires de<br />
voitures classiques connaissent bien<br />
«l’angoisse de l’autonomie».<br />
Les anglais de RetroFit poursuivent...<br />
«Il est souvent effrayant de conduire<br />
dans le trafic moderne parce qu’elles<br />
sont trop lentes et, à moins que vous<br />
ne fassiez vous-même la mécanique,<br />
elles coûtent cher à maintenir en circulation.<br />
Lorsque vous convertissez<br />
votre voiture classique à l’électricité,<br />
vous savez qu’elle démarrera et vous<br />
savez aussi qu’elle vous ramènera<br />
chez vous.»<br />
Si cet argument semble plausible, en<br />
l’état du marché et avec les batteries<br />
actuelles, il est raisonnablement permis<br />
d’en douter.<br />
«CA DONNE<br />
À LA VIEILLE VOITURE<br />
UNE NOUVELLE VIE».<br />
MAIS EST-CE ENCORE UNE<br />
VIEILLE VOITURE ?<br />
Avec les zones LEV, les voitures thermiques<br />
sont de plus en plus bannies<br />
en ville. Les électriques non... Et avec<br />
la vitesse à laquelle le nombre de voitures<br />
électriques augmente, il n’est<br />
230 231
pas impossible de devoir parcourrir de<br />
plus en plus de kilomètres pour trouver<br />
de l’essence ou du mazout. Bon,<br />
c’est vrai ce n’est pas pour tout de<br />
suite, mais dans 50 ans ce sera clairement<br />
à l’ordre du jour ! Pour l’heure, les<br />
collectionneurs ne vont probablement<br />
pas embrayer dans le sens de l’électrification.<br />
Car aujourd’hui ce serait tout<br />
simplement idiot. Quoique?<br />
La fameuse DS de 1955<br />
Après 18 ans de développement secret<br />
en tant que successeur de la<br />
«Traction», la DS 19 est présentée le<br />
5 octobre 1955 au Salon de l’automobile<br />
de Paris. Dans les 45 premières<br />
minutes du salon, 750 commandes<br />
sont enregistrées, ensuite, on a totalisé<br />
12.000 commandes à la fin de cette<br />
première journée !<br />
UN RECORD QUI A TENU<br />
JUSQU’À CE QU’IL SOIT<br />
ÉCLIPSÉ PAR LA<br />
TESLA MODEL 3 !<br />
La DS19 est la première voiture de<br />
série équipée d’une suspension hydropneumatique,<br />
de freins à disque,<br />
d’un toit en fibre de verre destiné à<br />
abaisser le centre de gravité et d’une<br />
foule d’autres innovations.<br />
La série «3» de 1967 a également introduit<br />
les phares directionnels dans<br />
une voiture de grande série. L’étonnante<br />
innovation de la DS n’a pourtant<br />
jamais été égalée par son moteur<br />
thermique. Comme quoi, rien n’est<br />
parfait en ce bas monde. A l’époque,<br />
c’était déjà une révolution et c’est cet<br />
aspect là qui est important.<br />
LA DS20 ÉLECTRIFIÉE...<br />
«Cette DS 20 a été fabriquée en<br />
Afrique du Sud et est un bel exemple<br />
de la «déesse» Citroën. C’est une voiture<br />
de croisière et cette conversion<br />
électrique est l’une de nos préférées<br />
de tous les temps. Ce n’est pourtant<br />
pas facile : une traverse de châssis sépare<br />
le moteur de la boîte de vitesses<br />
et la fameuse suspension hydropneumatique<br />
doit être entraînée d’une<br />
manière ou d’une autre.<br />
Nous avons développé un nouveau<br />
système de pompage basé sur une<br />
pompe C5, qui est extrêmement efficace<br />
et crée une conduite légèrement<br />
plus ferme, ce qui est une amélioration<br />
significative par rapport à<br />
l’original.»<br />
Electrification en 52, 62 ou 78 kWh<br />
Haute tension ou basse tension ?<br />
On conserve la boîte de vitesse d’origine<br />
pour l’option basse tension qui<br />
utilise un moteur électrique Hyper9<br />
pour entraîner la boîte de vitesses<br />
manuelle ou automatique à embrayage<br />
d’origine. Les options de<br />
batterie sont 52 kWh (pas de batterie<br />
dans le coffre) ou 78 kWh et vous<br />
pouvez espérer environ 370 km.<br />
Haute tension<br />
avec boîte d’origine<br />
L’option haute tension utilise un moteur<br />
TorqX-310-350V pour entraîner<br />
232 233
la boîte de vitesses d’origine, la charge<br />
rapide CCS et des batteries de 62 kWh.<br />
Haute tension avec réducteur<br />
Le moteur électrique TorqX-310 350V<br />
est accouplé avec réducteur en ligne<br />
fixe 2:1 et une charge rapide CCS.<br />
On dispose de 62 kWh de batteries,<br />
mais il est possible d’en installer<br />
d’autres dans le «sous-bagage» pour<br />
augmenter l’autonomie. Cette dernière<br />
option fait de la DS ce qu’elle a<br />
toujours été censée être : douce, silencieuse<br />
et sans effort, flottant sur l’air.<br />
Le propriétaire de cette DS20 a choisi<br />
un système à basse tension pour faire<br />
rouler le véhicule via sa boîte de vitesses<br />
manuelle d’origine, mais avec une<br />
marche arrière électrique. Les batteries<br />
de 52 kWh offrent une autonomie de<br />
224 km et avec système de charge CA<br />
embarqué de 22 kWh, permettant une<br />
recharge complète en 2h.<br />
«Ainsi transformée, cette DS est ce<br />
dont j’ai toujours rêvé. C’est un rêve<br />
à conduire. Elle est si vive et silencieuse<br />
!»<br />
Voitures électriques<br />
et changement climatique<br />
Electrogenic s’inspire du design et de<br />
la beauté classique, mais l’une de ses<br />
principales motivations est le gaspillage<br />
que représente la création d’une<br />
flotte électrique (bien), tout en mettant<br />
au rebut un grand nombre de<br />
véhicules qui sont déjà en circulation<br />
(mal). Les décennies préférées d’Electrogenic<br />
pour la beauté des voitures<br />
classiques sont les années 1960 et<br />
1970 (mais voyez la Hudson Commodore<br />
1952...).<br />
La durée de vie moyenne d’une voiture<br />
au Royaume-Uni est de 7,8 ans<br />
(9,4 ans en Europe continentale).<br />
Donc Bertie, notre Coccinelle VW<br />
électrique de 1963 a déjà évité la production<br />
de sept nouvelles voitures.<br />
Pour être juste, Bertie n’a pas été utilisée<br />
autant qu’une nouvelle voiture<br />
ces dernières années....jusqu’à maintenant.<br />
Maintenant que Bertie est<br />
fiable et qu’elle peut se mêler facilement<br />
à la circulation moderne, elle<br />
est à nouveau un acteur de la mobilité<br />
quotidiene - donc une véritable<br />
alternative à l’achat d’un tout nouveau<br />
véhicule.<br />
L’ampleur exacte du bénéfice pour<br />
l’environnement est une chose difficile<br />
à calculer, mais Carbon Brief vient<br />
de s’y essayer en profondeur.<br />
Carbon Brief a publié un rapport<br />
contenant les détails<br />
de son analyse, que vous<br />
pouvez trouver ici :<br />
www.carbonbrief.org.<br />
Le rapport compare les émissions de<br />
gaz à effet de serre (carbone) associées<br />
à la fabrication des voitures à<br />
carburant fossile et des voitures électriques,<br />
ainsi que les émissions de carbone<br />
associées au carburant brûlé.<br />
Pour les véhicules à car-<br />
234 235
urant fossile, cela inclut les émissions de carbone<br />
provenant de la production du carburant<br />
ainsi que de sa combustion dans le moteur de<br />
la voiture, et pour l’électricité, cela inclut les<br />
émissions moyennes de carbone provenant de<br />
l’électricité produite pour le réseau national.<br />
C’est une analyse vraiment intéressante, et<br />
Electrogenic a reproduit et adapté une partie<br />
de ses conclusions dans le graphique ci-dessus.<br />
Il montre un certain nombre de choses. Les<br />
émissions liées à la conduite d’une Nissan Leaf,<br />
par exemple, sont plus élevées en Allemagne<br />
qu’au Royaume-Uni, car même si les Allemands<br />
ont beaucoup d’énergie renouvelable, ils ont<br />
aussi beaucoup de lignite et pas de nucléaire.<br />
Pour un véhicule électrique rétro, vous évitez la<br />
plupart des émissions associées à la fabrication<br />
d’un nouveau véhicule. À part les batteries, qui<br />
sont bien sûr les mêmes que celles d’une nouvelle<br />
voiture, nous ajoutons juste un moteur et<br />
quelques composants électroniques - le reste de<br />
la voiture est déjà là. Et si vous chargez votre<br />
Electrogenic à partir de votre toit solaire, ou si<br />
vous achetez de l’énergie verte, alors vos émissions<br />
automobiles tombent à zéro (ou presque).<br />
Ainsi, la création et l’utilisation d’une magnifique<br />
Electrogenic électrique classique émet<br />
moins de 20 % des gaz à effet de serre de cette<br />
ennuyeuse nouvelle voiture à essence que vous<br />
pensiez acheter...<br />
236 237
BERTIE<br />
CONVERSION ELECTRIQUE<br />
D’UNE BEETLE THERMIQUE<br />
La VolksWagen («voiture du peuple»)<br />
Type 1, connue dans le monde entier<br />
sous le nom de Coccinelle, est la voiture<br />
produite le plus longtemps de<br />
tous les temps, puisqu’elle a été produite<br />
de 1938 à 2003 (puis au Brésil<br />
et au Mexique). Mercedes et Porsche<br />
revendiquent toutes deux le concept<br />
original, mais le modèle de base de ce<br />
véhicule simple, à moteur arrière, refroidi<br />
par air et élégant a été adopté<br />
par toute la gamme VW et est apparu<br />
dans la Porsche 911 jusqu’en 1998.<br />
Etapes de la conversion de Bertie<br />
«Bertie», la coccinelle désormais entièrement<br />
électrique, a été construite<br />
en 1963 et conserve le pare-brise<br />
plat et le dossier haut de ses parents<br />
d’après-guerre.<br />
La transmission de la Coccinelle «classique»<br />
n’a pratiquement pas changé.<br />
Les conversions standards d’Electrogenic<br />
conviennent donc à toutes<br />
les Coccinelles classiques à partir des<br />
années 50.<br />
Basse tension avec boîte<br />
de vitesses manuelle de série<br />
On choisira le moteur Hyper9 boulonné<br />
directement sur la boîte de vitesses<br />
d’origine et entraînant les roues arrière<br />
à l’aide d’un embrayage et de<br />
toutes les vitesses, un plaisir fabuleux !<br />
Il existe en deux versions : 26 kWh à<br />
110V, ou 36 kWh à 144V. Dans une<br />
Coccinelle, vous pouvez espérer entre<br />
104 et 144 km d’autonomie.<br />
Haute tension<br />
avec réducteur fixe<br />
Ici on prendra le moteur électrique<br />
TorqX-300i 350V avec réducteur fixe<br />
9:1 et charge rapide CCS. Options de<br />
batterie de 21 ou 42 kWh.<br />
Aucun changement de vitesse n’est<br />
nécessaire pour conduire cette magnifique<br />
Coccinelle électrique rapide.<br />
Avec ces packs de batteries, l’autonomie<br />
passe de 84 à 168 km.<br />
Bertie the Beetle a été la première<br />
conversion électrique, d’Electrogenic<br />
en 2018, et l’objectif principal était<br />
de le rendre apte à la circulation moderne.<br />
Bertie est entraînée par un moteur<br />
électrique «Netgain Hyper9» refroidi<br />
par air comme au bon vieux temps,<br />
et fonctionnant à 144V.<br />
La transmission utilise la boîte de vitesses<br />
d’origine, mais réaménagée<br />
avec seulement deux vitesses : «accelerate»<br />
et «cruise» (la marche arrière<br />
est purement électrique).<br />
Bertie a 36 kWh de batteries donnant<br />
environ 224 kilomètres d’autonomie<br />
avec un système de charge AC multi-phase<br />
de 15 kW qui le rechargera<br />
en 2,4 heures sur un chargeur de<br />
22 kW.<br />
238 239
célèbre<br />
PORSCHE 911<br />
CONVERSION ELECTRIQUE<br />
D’UN COUPE<br />
Electrogenic fournit actuellement des<br />
kits à boulonner pour les variantes<br />
G-body et 964 de la célèbrissime Porsche<br />
911.<br />
Les kits de conversion électrique de la<br />
Porsche 911 sont un mélange parfait<br />
de moteur et de machine.<br />
Le poids du moteur et des batteries<br />
est placé bas dans la voiture, l’avant<br />
a une traction supplémentaire et le<br />
couple instantané montre la voiture<br />
sous son meilleur jour.<br />
Electrogenic fabrique deux kits de<br />
conversion : le modèle standard<br />
et le modèle sport.<br />
Les deux ont les mêmes batteries et<br />
la même architecture, mais le modèle<br />
sport a un moteur plus gros et plus<br />
puissant offrant le 0 à 100 km/h en<br />
3,8 secondes.<br />
Le moteur, le convertisseur, le chargeur,<br />
le système de refroidissement et<br />
le boîtier de batterie arrière sont montés<br />
sur un sous-châssis qui se boulonne<br />
directement à l’arrière de la voiture.<br />
Le kit est livré avec des arbres d’entraînement<br />
dédoublés sur mesure pour<br />
faciliter l’installation et l’entretien.<br />
Le système de commande prend en<br />
charge différents modes de conduite<br />
(par exemple, sport, éco et ville).<br />
UNE 911, PROPULSÉE<br />
PAR ELECTROGENIC, EST<br />
UNE EXPÉRIENCE À VIVRE<br />
Détails du kit<br />
Porsche 911 E62<br />
- Batterie de 62 kWh offrant une autonomie<br />
réelle de 288 à 320 km (tout dépend<br />
de la façon dont vous conduisez !)<br />
- Chargement rapide CCS<br />
- Moteur de 160 kW délivrant 3.200 Nm<br />
aux roues.<br />
- De 0 à 100 km/h en moins de 5 secondes<br />
Cette conversion standard n’est pas<br />
une mince affaire et n’exige pas que<br />
le reste du véhicule soit amélioré.<br />
Porsche 911 E62s<br />
- Batterie de 62 kWh offrant une autonomie<br />
de 288 à 320 km en conditions<br />
réelles (tout dépend de la façon<br />
dont vous conduisez).<br />
- Chargement rapide CCS<br />
- Moteur de 240 kW délivrant<br />
3.900 Nm aux roues.<br />
- De 0 à 100 km/h en 3,8 secondes<br />
Pour mettre cette puissance et ce<br />
couple sur la route, il faut bien ré-<br />
240 241
fléchir à la géométrie et au réglage<br />
de la suspension, mais si<br />
vous voulez pousser votre 911 à<br />
ses limites, c’est la voiture qu’il<br />
vous faut !<br />
Comment installer les kits ?<br />
Les kits de conversion Electrogenic<br />
sont conçus pour être montés<br />
par un spécialiste qualifié<br />
avec le moins d’efforts possible.<br />
Ils sont fournis à des entreprises<br />
partenaires dans le monde entier<br />
et le réseau se développe rapidement.<br />
Un nombre limité de kits peut<br />
être installé dans l’atelier de<br />
Kidlington.<br />
Vous êtes intéressé pour modifier<br />
votre 911 et en profiter<br />
même dans les zone LEV ?<br />
Plus d’infos, contactez les :<br />
242 243
PORSCHE 356<br />
QUEL BEAU TRAVAIL !<br />
La 356 a été la première voiture de<br />
série de la société Porsche, créée par<br />
Ferdinand «Ferry» Porsche (fils de Ferdinand<br />
Porsche, concepteur de la Coccinelle<br />
VW). Ferry Porsche a déclaré:<br />
«J’ai constaté que si une petite voiture<br />
est suffisamment puissante, elle<br />
est plus agréable à conduire qu’une<br />
grosse voiture qui est également surpuissante».<br />
La production de la 356 a<br />
débuté en 1948 et s’est terminée en<br />
1965, juste au moment de la naissance<br />
de son successeur, le coupé 911.<br />
En ce qui concerne le modèle électrifié,<br />
Il s’agit de l’un des derniers exemplaires<br />
de type «C» introduits en 1964.<br />
L’électrification...<br />
Le choix s’est posé sur la conservatiuon<br />
de la boîte manuelle et de la basse tension.<br />
Le moteur Hyper9 est boulonné<br />
directement sur la boîte de vitesses<br />
d’origine et entraîne les roues arrière<br />
à l’aide d’un embrayage et de toutes<br />
les vitesses - un plaisir fabuleux et soigneusement<br />
réglé pour garantir cette<br />
sensation de conduite «classique».<br />
Il existe en deux versions :<br />
Basse tension avec boîte manuelle:<br />
26 kWh à 110V, ou 36 kWh à 144V.<br />
ou<br />
Haute tension avec réducteur fixe<br />
Avec moteur électrique TorqX-300i<br />
350V et réducteur fixe 9:1 plus charge<br />
rapide CCS.<br />
Batterie de base avec 21 kWh ou<br />
42 kWh en option. Vitesse pure, sans<br />
changement de vitesse.<br />
244 245
célèbre<br />
Le pack de 42 kWh signifie<br />
que vous n’avez<br />
pas d’espace pour les<br />
bagages - mais l’espace<br />
pour les bagages estil<br />
vraiment nécessaire<br />
pour cette voiture ?<br />
La recharge CCS permet<br />
de recharger la voiture<br />
en moins d’une heure.<br />
Le propriétaire voulait<br />
simplement une petite<br />
voiture électrique<br />
agréable à conduire, qui donne l’impression<br />
de conduire une 356 - en<br />
passant allègrement les vitesses,<br />
mais avec l’approche détendue de la<br />
conduite qu’induit la 356. Et il voulait<br />
qu’elle ait un aspect original à tous<br />
égards. En somme il voulait le flacon<br />
plutôt que l’ivresse...<br />
La voiture dans ses lignes originales<br />
perd donc son boxer 4 cylindres pour<br />
être entraînée par un moteur électrique<br />
Netgain Hyper9HV refroidi par<br />
air et fonctionnant à 144V.<br />
La transmission utilise la boîte de vitesses<br />
d’origine remastérisée avec un<br />
nouvel embrayage léger. Le stockage<br />
246 247
célèbre<br />
total de la batterie est de 36 kWh, ce qui lui donne une autonomie<br />
de croisière d’environ 240 km entre les charges. Elle dispose<br />
d’un système de charge CA multiphase de 15kW qui permet de<br />
recharger la voiture en 2,4 heures sur un chargeur de 22kW ou<br />
plus. La finition et la mise en valeur du dispositif électrique est<br />
d’une grande beauté.<br />
«C’est la première voiture de<br />
mon mari que j’ai jamais voulu<br />
conduire. Il devrait toutes<br />
les convertir !»<br />
248 249