DH/Les Sports+ - ExtraSpoort - Ed. 12 août 2023
Numéro spécial Premier League 2023-24
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La Premier League c’est une<br />
EXCLUSIVITÉ<br />
chelsea - liverpool<br />
Dimanche 13/08 à 17:30<br />
8<br />
Steven Gerrard a porté le célèbre<br />
n°8 des Reds pendant onze saisons,<br />
de 2004/05 à 2014/15. Naby Keïta,<br />
arrivé du… RB Leipzig en 2018,<br />
avait osé accepter la lourde<br />
succession numérologique.<br />
Le milieu de terrain guinéen a<br />
soufflé le chaud et le froid à<br />
Liverpool. Non prolongé en raison<br />
de ses nombreux pépins physiques,<br />
il est parti libre, cet été,<br />
au Werder Brême.<br />
Laissant le n°8 vacant, une aubaine<br />
pour Dominik Szoboszlai, heureux<br />
de relever le défi et de succéder<br />
à Gerrard, “l’un des plus grands<br />
quand j’étais enfant.”<br />
Hamman, ancien de Liverpool et désormais consultant<br />
en Allemagne. Il pourrait atteindre le niveau de<br />
Kevin De Bruyne.”<br />
L’académie du père et pas de Légo<br />
Pour Dominik Szoboszlai, tout a commencé grâce à<br />
papa, Zsolt, ancien professionnel lui aussi. “Je n’ai<br />
jamais eu de Légo ou des jeux pour enfants de ce<br />
genre ; il n’y avait que le football, a confié le jeunot<br />
de 22 ans.<br />
Son père, qui a toujours eu l’ambition de se reconvertir<br />
comme coach après sa carrière pro en Hongrie,<br />
a pris son fils sous son aile. Il a même mis sur pied<br />
une académie pour superviser la formation de Dominik<br />
: l’académie Fönix Golf FC. “Excepté lors d’une<br />
saison (NdlR : celle qu’il a passée dans le centre de<br />
formation de MTK), il a toujours été mon entraîneur<br />
jusqu’à ce que je rejoigne l’académie Red Bull. Mon<br />
père était mon idole.”<br />
Durant son apprentissage, l’accent a toujours été<br />
mis sur la technique et les passes courtes. Avec<br />
parfois des méthodes particulières, comme l’obligation<br />
de s’entraîner avec des balles… de golf dans<br />
chaque main. L’idée était de tendre vers une technique<br />
parfaite, en contrôlant le ballon dans des conditions<br />
loin d’être idéales. Vu que les mains des<br />
joueurs étaient prises, ils ne pouvaient pas s’agripper<br />
ou pousser l’opposant. Sous la direction de<br />
Zsolt, l’objectif était toujours de trouver la “solution<br />
technique parfaite”, a expliqué le principal intéressé.<br />
Red Bull avec Tedesco<br />
et l’ami Haaland<br />
Son talent a rapidement attiré l’attention de Red<br />
Bull. Szoboszlai a quitté l’académie de son père à<br />
seize ans pour rejoindre Salzbourg. Qui, dans la<br />
foulée, l’a prêté à sa fameuse<br />
filiale, Liefering. Après 42<br />
matchs en D2 autrichienne, où<br />
il a empilé les actions décisives<br />
(seize buts et onze assists)<br />
le milieu était fin prêt à<br />
faire de même au sein de<br />
l’élite.<br />
De retour à Salzbourg, il a même trouvé le “partner<br />
in crime” idéal en la personne d’Erling Haaland. <strong>Les</strong><br />
deux hommes se sont profondément liés d’amitié, en<br />
l’espace de douze mois à peine. “Erling me disait<br />
souvent ce que je devais et comment je pouvais<br />
progresser, tel un leader, a détaillé Szoboszlai il y a<br />
deux ans, dans Kicker. Quand j’ai le temps, je lui<br />
rends visite et vice-versa.”<br />
Un peu plus de trois ans plus tard, le contact reste<br />
intact. Encore aujourd’hui, au moment où le Hongrois<br />
a rejoint son copain en Premier League. “Nous<br />
avons beaucoup parlé, a avoué Szoboszlai. Il me<br />
conseille dans ma quête pour acheter une maison et<br />
nous pourrions même devenir voisins. J’ai entendu<br />
que beaucoup de joueurs vivent entre Liverpool et<br />
Manchester où leur vie privée est préservée. Évidemment<br />
que notre amitié sera mise de côté quand nous<br />
nous affronterons (rires).”<br />
Vu l’immensité du talent et la relative faiblesse de<br />
championnat autrichien, le tour a vite été fait à<br />
Salzbourg, où il a remporté quatre titres consécutifs<br />
et trois coupes. Un transfert, qui figurerait forcément<br />
dans le manuel ‘La Galaxie Red Bull pour les<br />
nuls’, vers Leipzig a suivi. Sans pour autant qu’il soit<br />
déstabilisé ou moins productif en zone de vérité,<br />
malgré une vilaine blessure aux adducteurs. En<br />
Bundesliga, ses premiers matchs, il les dispute sous<br />
la houlette de Jesse Marsch. Vient ensuite Domenico<br />
Tedesco pour qui il est décisif toutes les 114 minutes<br />
jusqu’à ce que l’actuel sélectionneur des Diables<br />
ne prenne la porte.<br />
Comparé à Puskas<br />
et sélectionné par Leekens<br />
Tout le monde a déjà entendu parler des “Magyars<br />
magiques”, la génération dorée de l’équipe nationale<br />
hongroise. Guidée par les stars, Nandor Hidegkuti,<br />
Sandor Kocsis et, évidemment, Ferenc Puskas,<br />
la sélection a aligné 31 matchs sans défaites entre<br />
1950 et 1954, s’emparant même de l’or olympique<br />
en 1952.<br />
“Si je parvenais à accomplir<br />
autant que Puskas,<br />
je serais très fier et je<br />
vivrais une vie heureuse.”<br />
Depuis, la Hongrie a connu une longue traversée du<br />
désert. Et si elle s’est qualifiée pour l’Euro 2020, son<br />
deuxième tournoi majeur en 48 ans (après l’Euro<br />
2016, quand <strong>Ed</strong>en Hazard a brisé son cœur), c’est<br />
surtout grâce à Szoboszlai. En barrages, sa frappe<br />
enroulée a qualifié son pays aux dépens des Islandais,<br />
durant le temps additionnel. Seulement, le<br />
héros lui-même n’a pas pu participer au tournoi en<br />
raison d’une blessure.<br />
Le pays entier n’en demeure pas moins zinzin de son<br />
nouveau prodige, carrément comparé au légendaire<br />
Puska par l’ancien Ballon d’or, Lothar Matthaus.<br />
“C’est un sujet très sensible, a commenté Szoboszlai.<br />
C’est le meilleur joueur hongrois de tous les temps et<br />
je ne fais que commencer. C’est insensé de faire ce<br />
genre de comparaison. C’est un véritable héros et les<br />
enfants le prennent pour exemple. Je pense qu’il est<br />
tant admiré parce qu’il est parvenu a relancé sa<br />
carrière à un moment difficile. Il est devenu le<br />
meilleur joueur du monde au<br />
Real Madrid (qu’il a rejoint à<br />
31 ans). Si je parvenais à<br />
accomplir autant que lui, je<br />
serais très fier et je vivrais une<br />
vie heureuse.”<br />
Il faut dire que la “Szobomania”<br />
s’est vite emparée de la<br />
Hongrie. Le médian a été appelé en équipe nationale<br />
pour la première fois dès ses seize ans. Le<br />
sélectionneur de l’époque ? Un certain Bernd Storck,<br />
passé par Mouscron, Eupen, le Cercle Bruges ou<br />
encore Courtrai récemment. Mais l’Allemand, tout<br />
comme Georges Leekens (brièvement sélectionneur<br />
de la Hongrie), ne lui a jamais accordé du temps de<br />
jeu. Uniquement quelques places sur le banc ou la<br />
feuille de match. Histoire de le préparer pour ses<br />
véritables débuts sous Marco Rossi en mars 2019.<br />
Depuis, Szoboszlai est devenu le chouchou et même<br />
le capitaine des Magyars. La prochaine étape sera<br />
de disputer un grand tournoi, et de conquérir<br />
Anfield.;<br />
“Peut-être déjà un<br />
des meilleurs milieux<br />
de Premier League.<br />
Il pourrait atteindre<br />
le niveau de Kevin<br />
De Bruyne.””<br />
Dietmar Hamman<br />
Ancien joueur de Liverpool<br />
et désormais consultant en Allemagne.<br />
D. R.<br />
Août <strong>2023</strong> La Dernière Heure-<strong>Les</strong> Sports ; 17