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Ministère N°1590 La Lettre de l’économie du sport vendredi 19 janvier 2024 LA LETTRE DE L’ECONOMIE DU SPORT Un super ministère pour Amélie Oudéa-Castéra Quatrième dans l’ordre protocolaire, Amélie Oudéa-Castéra reste dans le gouvernement et se voit confier un portefeuille élargi. En plus des Sports et des Jeux olympiques, elle hérite de la responsabilité de l’Éducation nationale, priorité affichée par le nouveau premier ministre Gabriel Attal, mais aussi du portefeuille de la Jeunesse. Le super ministère de Jean-Michel Blanquer (2020-2022) est recréé en faisant, presque, l’unanimité contre lui. i le maintien d’Amélie Oudéa-Castéra aux Sports ne faisaient guère de doute à six mois et demi des Jeux Olympiques de Paris, cette fidèle d’Emmanuel Macron, camarade du président à l’ENA, dans la promotion Senghor, hérite d’un portefeuille surprise, même si cette éventualité l’avait effleurée, ces derniers mois, depuis que le président voulait faire du Sport une grande cause nationale, essentiellement orientée vers la jeunesse. Bombardée rue de Grenelle, elle se voit confier la responsabilité de l’Éducation nationale, priorité affichée par l’exécutif, mais aussi le portefeuille de la Jeunesse, en plus du Sport et des Jeux olympiques. Après avoir affronté plusieurs crises dans le monde du sport, cette ministre à la réputation « techno » va devoir se confronter à un monde enseignant qui lui est complètement inconnu et devra mettre en oeuvre les nombreux chantiers lancés par Gabriel Attal. Sa première sortie médiatique dans ses nouveaux habits et la controverse provoquée par la la scolarisation de son fils dans un établissement privé parisien prestigieux et visé par une inspection administrative pour des pratiques ultra-réactionnaires, en raison du trop grand nombre d’heures non remplacées dans le public a déjà mis les syndicats et l’opposition sur les nerfs. La bourde surpasse sa légendaire sortie devant les sénateurs à la suite du fiasco de la finale de la Ligue des champions 2022 au Stade de France entre Liverpool et le Real Madrid. Parmi les arguments avancés par la néoministre des Sports d’alors, elle indiquait qu’organiser une finale en trois mois (la Russie l'a perdu en raison de la guerre en Ukraine, ndlr) n’était pas simple, notamment par le fait de « ne connaître que le 4 mai l'identité des finalistes. Dont le club de Liverpool avec la spécificité très forte de ces supporters, de leurs techniques etc. Le temps d’adaptation à leur façon de faire, aux risques spécifiques qu’ils présentent, ce temps nous a été très compté ». Quatrième dans l’ordre protocolaire, Amélie Oudéa- Castéra devient de facto un élément stratégique du nouvel exécutif. « J’emmène avec moi la cause de l’école qui doit être la mère des bataille », a dit Gabriel Attal lors de son investiture. Avant même la polémique sur la scolarisation de son fils dans un établissement privé, la décision de confier à une Bernard Laporte : « Dans trois ans, plus personne ne parlera d’elle » seule personne un tel portefeuille a provoqué des remous. Cette nomination a provoqué la colère des syndicats enseignants inquiets de voir l’éducation reléguée au « second plan ». « On va avoir une ministre qui ne pourra pas traiter les questions liées à l’éducation à temps plein », a jugé Sophie Vénétitay, secrétaire générale du Snes-FSU, premier syndicat du second degré. Après avoir été rattaché au ministère de l’Éducation en 2020, au grand dam du monde du sport (avec Jean-Michel Blanquer à sa tête et Roxana Maracineanu en tant que « ministre déléguée » aux Sports), le ministère des Sports était redevenu de plein exercice en mai 2022 avec la nomination d’Amélie Oudéa- Castéra. En matière d’éducation, AOC a promis dans un message sur X (ex-twitter) de suivre le sillon tracé par Emmanuel Macron et Gabriel Attal tout en poursuivant « pleinement » son action sur les Jeux olympiques. C’était avant la promotion d’Amélie Oudéa-Castéra à la tête d’un portefeuille très élargi. L’actuel directeur du rugby de Montpellier et ancien président de la FFR Bernard Laporte a répondu sèchement aux déclarations Amélie Oudéa-Castéra. La ministre des Sports avait pointé du doigt sur RMC le manque d’éthique de le nommer à la tête du club de Top 14. Le directeur sportif du Montpellier Hérault Rugby lui a répondu devant les lecteurs du Midi Libre. « J’y étais avant elle (au ministère des Sports). Dans trois ans, plus personne ne parlera d’elle, je connais l’histoire (rires) », a-t-il lâché. « Ils oublient qu’ils sont de passage. Apparemment, elle est ambitieuse. Elle se verrait présidente de la République. Je ne voterai pas pour elle, je vous le dis de suite (rires). » « Quand j’entends la ministre dire qu’avec moi, on a dégringolé… Avant que j’arrive, on n’était rien », a encore estimé Bernard Laporte. « Je suis devenu vice-président du VI Nations, de la fédération internationale et du jour au lendemain, on n’est plus rien. » regrette l’entraîneur aux trois coupes d’Europe remportées avec Toulon (2013, 2014, 2015). « Il est capital d’avoir une influence au cœur des instances mondiales et européennes du sport. Je peux rappeler que c’est sous la présidence de Bernard Laporte que la présence française a reculé […] Florian Grill (actuel président de la FFR) s’est énormément mobilisé pour reconstruire des tas de liens de confiance qui avaient été écornés pendant ces mois de 2022 », avait déclaré Amélie Oudéa-Castéra rappelant ainsi l’affaire pour laquelle l’ancien président de la FFR a écopé d’une condamnation en première instance avec deux ans de prison avec sursis et plus 75.000 € d’amende pour corruption, trafic d’influence, prise illégale d’intérêts, abus de biens sociaux, recel d’abus de biens sociaux. AOC s’est également interrogée sur le côté éthique de l’arrivée du dirigeant à la tête du MHR : « Est-ce que Montpellier était le meilleur des choix ? Je n’en suis pas sûre. Dans la mesure où il y a, dans ses liens avec Altrad, des éléments qui ont été mis en avant par le juge avec des faits de corruption dans leur relation à tous les deux. » 2
Ministère N°1590 La Lettre de l’économie du sport vendredi 19 janvier 2024 Des missions « à mi-temps » pour Amélie Oudéa- Castéra ? Depuis l’annonce d’un ministère rassemblant l’Éducation, la Jeunesse, les Sports et les Jeux olympiques, les syndicats enseignants s’inquiètent d’avoir « une ministre à mi-temps ». Entre les nombreux chantiers lancés par son prédécesseur, Gabriel Attal, et l’organisation des JO de Paris 2024, Amélie Oudéa-Castéra aura, en effet, un emploi du temps bien chargé au cours des prochains mois. LA LETTRE DE L’ECONOMIE DU SPORT ne ministre à temps partiel. C’est la crainte exprimée depuis l’annonce du remaniement par plusieurs syndicats d’enseignants. Ces six prochains mois, il y aura effectivement peu de temps morts dans l’agenda d’Amélie Oudéa-Castéra. D’un côté, la ministre va devoir gérer la plus grosse administration de l’État, qui englobe douze millions d’élèves et 1,2 million de personnels. Et sur un autre front, l’ancienne joueuse de tennis continuera de préparer un événement attendu par le monde entier. En bref Un casse-tête ? « Des synergies existent entre l’école et les sports, répond la super ministre. Je vais être une ministre à fond. » Expérimentation de l’uniforme, harmonisation des programmes scolaires… Les dossiers ne manquent pas. Pour Sophie Vénétitay, secrétaire générale du Snes- FSU, c’est mission impossible : « La ministre ne pourra pas traiter les questions de l’éducation à temps plein », juge-t-elle. Le remaniement annoncé est également loin de séduire sa consœur Guislaine David, du Snuipp-FSU : « C’est du mépris pour les personnels de ce ministère en crise, peste celle qui porte la parole des professeurs des écoles. Les conditions de travail se dégradent, l’attractivité du métier est en berne, et on se retrouve avec une ministre qui va être énormément sollicitée par les JO. Mais aussi les jeux paralympiques, organisés… en pleine rentrée scolaire ! » Avant Amélie Oudéa- Castera, Jean-Michel Blanquer, ministre de l’Éducation de 2017 à 2022, s’était lui aussi vu attribuer un temps le portefeuille des Sports par Jean Castex, alors chef du gouvernement. Mais « le sport était passé un peu à la trappe », se souvient Benoît Hubert, du syndicat des professeurs d’EPS SNEP-FSU, qui espère un meilleur équilibre entre les deux portefeuilles à l’avenir. Ministre déléguée aux Sports, au sein d’un grand ministère réunissant Éducation nationale, Jeunesse et Sports de 2020 à 2022, Roxana Maracineanu voit au contraire du positif dans cet assemblage. « C’était à ma demande que Jean-Michel Blanquer avait rassemblé les Sports et les JO avec la Jeunesse et l’Éducation déjà en 2020, souligne-t-elle. Je trouvais que c’était le meilleur héritage que les Jeux pouvaient laisser pour l’école. On allait pouvoir y renforcer le sport à l’école, faire plus de liens entre les clubs sportifs sur et en dehors des temps scolaires, faire travailler ensemble les éducateurs et les professeurs. » Elle rappelle également que le rapprochement des ministères des Sports et de l’Éducation sous une seule et même entité date de janvier 2020. « L’organisation de l’administration a suivi une réforme que j’ai menée en 2020 durant laquelle les agents de la Jeunesse et des Sports ont fusionné et ont été rattachés à l’Éducation nationale, avec l’accord des syndicats, précise-t-elle. Ils travaillent déjà dans les rectorats de l’Éducation nationale. Depuis, effectivement, on a redonné une étiquette politique de ministre de plein exercice et non plus une délégation concernant le portefeuille des Sports, mais tout cela date d’Édouard Philippe. Et à mon départ, j’avais préconisé au président de la République de rapatrier les Jeux olympiques et paralympiques dans ce ministère. » « J’espère qu’Amélie Oudéa-Castéra maintiendra le cap pour que nous basculions vers une nation active en ancrant la pratique sportive à l’école. Mais il ne faut pas que les sports perdent leurs prérogatives d’État, leurs agents, etc. Il faudra impliquer les collectivités pour un sport propre, éthique et intègre, mais cela doit rester une prérogative d’État. » Elle se souvient, enfin, que la charge de travail d’un ministre des Sports est « énorme ». Celle du ministère de l’Éducation ne l’est pas moins. Gérald Darmanin remplacé après les JO de Paris 2024 ? Selon le patron de Beauvau lui-même, un « cycle » sera « atteint » au ministère de l’Intérieur après les Jeux Olympiques de Paris 2024. Dans un reportage du Figaro, le numéro 3 du gouvernement sous-entend qu’il ne restera donc pas à la tête du ministère, estimant notamment qu’une respiration politique, pour ses collègues comme pour lui, sera nécessaire une fois l’événement sportif terminé. En attendant, sa « mission » consiste d’abord à « réussir les Jeux olympiques ». Un « voyage de la mémoire des champions » à Auschwitz. Une vingtaine de sportifs français se sont rendus dimanche dernier au camp d’extermination d’Auschwitz-Birkenau, en Pologne, pour un « voyage de la mémoire des champions » chargé de contribuer à lutter, à six mois et demi des Jeux olympiques de Paris, contre l’antisémitisme et le racisme. La démarche se voulait « humaniste et pédagogique » et certainement « pas politique », selon Richard Dacoury, parrain du voyage organisé à l’initiative du Crif. 3
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