S'engager contre la pauvreté Working poor en Suisse ... - Caritas Vaud

N° 1 / AVRIL 2010
Caritas.mag
S’engager contre la pauvreté
Working poor en Suisse romande
Caritas Vaud sur le terrain
Nous sommes solidaires Vaud

2
Sommaire
Working poor En Suisse romande, les travailleurs pauvres représentent
une misère sociale souvent cachée. Manuela, Martine
et Eduardo témoignent de cette réalité.
.10 .
Caritas.mag 1/10
.4
Jeunes et formation Une bonne formation aboutie est l’outil
de prévention à long terme contre la pauvreté. Les jeunes en
di� cultés doivent faire l’objet d’une attention particulière. Des
bénévoles de Caritas Vaud s’engagent aux côtés des jeunes.
.12
Conseiller et soutenir Le service social et de consultation
de Caritas Vaud soutient et conseille les personnes en situation
de précarité. Ecoute, compréhension et respect sont les trois
piliers d’un bon conseil global personnalisé.
Editorial .
Pierre-Alain Praz, directeur de Caritas Vaud
La pauvreté dans le monde du travail .
Travailleurs et pauvres 4
Working poor en Suisse romande, survivre en
travaillant.
Tous ensemble contre la pauvreté 8
Hugo Fasel, directeur de Caritas Suisse encourage
l’Etat et l’économie à s’engager concrètement dans
la lutte contre la pauvreté.
Alain Morisod, témoignage 9
Le pianiste et compositeur genevois se dit toujours
aux côtés des plus démunis.
Caritas Vaud .
Prévenir la pauvreté 10
La formation des jeunes est un bon moyen de lutte
contre la pauvreté.
Atténuer les effets de la pauvreté 11
Les épiceries Caritas permettent d’améliorer le
quotidien des 25 000 familles pauvres du canton
de Vaud.
Conseil et soutien 12
Agir, une formation qui met l’accent sur l’autoapprentissage.
Retrouver son autonomie et devenir acteur
de son développement 13
Quand pauvreté rime avec ruptures, exclusion
sociale ou dépendances, on peut reconquérir une
nouvelle autonomie avec l’aide du centre d’appui social
et d’insertion.
Redonner du travail! 14
Caritas Vaud veut créer une première entreprise sociale
avec Pro Travail.
Appels à votre soutien 15
Caritas Vaud compte sur votre générosité pour
donner un coup de pouce à des personnes ou des
familles en di� culté.
Photo couverture © Sedrik Nemeth

Editorial
Pauvreté, faisons-là
disparaître!
L’Union européenne a décrété 2010 année
européenne de la pauvreté. Pour lui faire
écho dans notre pays, le réseau Caritas
lance la décennie de lutte contre la pauvreté.
Jusqu’en 2020, la pauvreté en Suisse
doit être réduite de moitié! Dans un manifeste
engagé, Caritas invite nos autorités
fédérales et cantonales, nos partenaires
institutionnels ainsi que les hommes et
les femmes de ce pays à s’unir pour lutter
contre ce � éau.
Dans notre Suisse riche, la pauvreté est
encore un tabou. Or, près d’une personne
sur dix est pauvre et chacune ou chacun
d’entre nous peut être touché un jour. Le
reportage de notre magazine est là pour
montrer combien le quotidien des familles
confrontées à la pauvreté est di� cile! Et
pour les enfants de ces familles, pire qu’un
accident de parcours, la pauvreté deviendrait
aujourd’hui héréditaire: pauvre un
jour, pauvre toujours!
Pour lutter contre la pauvreté, il faut pouvoir
l’identi� er, la nommer, la rendre visible
et examiner son évolution. Or, la
Impressum
Caritas.mag – Le magazine des Caritas romandes (Vaud, Jura, Neuchâtel)
paraît deux fois par an.
Tirage global: 21850 ex. / Tirage Caritas Vaud: 14500 ex.
Responsable d’édition: Pierre-Alain Praz, directeur Caritas Vaud
Rédactrice en cheffe: Corinne Jaquiéry / Rédaction: Françoise Crausaz
Maquette: Christoph Bigler / Impression: Stämpfl i Publications SA
Caritas Vaud
César-Roux 8 / 1005 Lausanne / Tél. 021 320 34 61 / Fax 021 320 34 01
www.caritas-vaud.ch
Suisse manque cruellement de données
objectives pour analyser cette problématique
que notre démocratie moderne
ne parvient pas à résoudre. Le 24 avril
prochain, le réseau Caritas – et c’est une
première – manifestera dans toutes les
grandes villes de notre pays pour dénoncer
la pauvreté dans notre Suisse riche
et demander à nos gouvernements Organisation can- XY ist seit
tonaux et à la Confédération 19XX d’établir ZEWO-zertifiziert. Pierre-Alain Praz
chaque année un rapport sur un phéno-
Directeur Caritas Vaud
«Lutter contre la pauvreté, c’est avant tout agir. C’est la mission que c’est
donnée Caritas Vaud.»
Photo © ARC, J.-B.Sieber
L’organisation XY est certifiée
par ZEWO depuis 19XX.
mène qui ne doit pas devenir une fatalité. L’union fait la force! Elle nous sera néces-
Lutter contre la pauvreté, c’est avant tout saire si nous voulons réduire la pauvreté
agir! Agir dans notre canton «aux côtés de moitié ces dix prochaines années. Fruit
des pauvres», c’est la mission que s’est don- d’un investissement commun avec Caritas
née Caritas Vaud. Les pages régionales té- Jura et Caritas Neuchâtel, notre nouveau
moignent des multiples engagements sur Caritas.mag vous informera sur notre en-
le terrain: prévenir les risques de pauvreté gagement concret aux côtés des plus dé-
tout au long du cycle de l’existence, attémunis. Il remplace Le Journal et continuer
les vécus de pauvreté des familles, nuera de paraître deux fois par année, en
conseiller et aider les personnes à surmon- avril et octobre.
ter leurs di� cultés, faire des exclus des
Organisation XY ist seit 19XX
inclus, redonner de la dignité aux sans-
ZEWO-zertifiziert.
Bonne lecture à toutes et tous!
emploi en créant des places de travail dans
une future entreprise sociale.
■
Caritas Vaud est certifiée
par ZEWO.
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La pauvreté dans le monde du travail
Working poor en
Suisse romande,
survivre en travaillant
Misère sociale souvent cachée, le statut de travailleur
pauvre est une réalité qui prend de l’ampleur. A Neuchâtel,
dans le Jura ou dans le canton de Vaud, beaucoup vivent
sous le seuil de pauvreté. Deux familles en témoignent.
Texte: Corinne Jaquiéry, photos: Sedrik Nemeth
Voir le monde avec des yeux d’enfant. Retrouver
son innocence, rêver que la vie sera
belle. Imaginer des lendemains qui chantent…
4 Caritas.mag 1/10
Manuela, Eduardo ou Martine veulent
y croire de toutes leurs forces. Les circonstances
de leurs vies en ont toutefois décidé
autrement. Nouveaux travailleurs pauvres,
ils font partie de ces groupes de la population
suisse (couples avec deux enfants, personnes
élevant seules des enfants) qui ont le taux
le plus élevé de «working poor» en Suisse,
entre 7,6 et 9,9%. Tous les trois travaillent ou
sont provisoirement au chômage. Leurs revenus
ne sont pas suffisants pour vivre correctement,
sans accumuler les dettes. Leurs
salaires, très bas, sont à peine trop élevés
pour bénéficier de l’aide sociale. Depuis des
mois, ils ont tout tenté pour essayer de garder
la tête hors de l’eau. Ce couple neuchâtelois
et cette mère célibataire vaudoise ont
finalement dû se résoudre à demander l’aide
de Caritas. «C’était très dur de faire cette
démarche. En revanche, cela m’a permis de

me rendre compte qu’une partie de la population
suisse vit comme nous. Je ne le savais
pas», raconte Manuela, encore effarée.
Et Martine de confirmer. «C’est une misère
cachée. En Suisse, beaucoup en souffrent.»
Leurs témoignages sont édifiants. Voir cidessous.
Les inégalités en constante
augmentation
Les inégalités se creusent en Suisse comme
dans la plupart des pays développés. Depuis
une vingtaine d'années, la pauvreté
La Suisse compte des milliers
de «working poor»
Emprunté de l'anglais, le terme de «working
poor» désigne un groupe de personnes actives
qui, malgré leur emploi, ne parviennent
pas à obtenir un revenu suffisant à les préserver
de la pauvreté. Ce sont des travailleurs
pauvres.
En Suisse, selon les chiffres de l’Office
fédéral de la statistique (OFS), près de
150 000 personnes se trouvaient dans cette
situation en 2007. Avec la crise, ce nombre
est en augmentation et pourrait facilement
être doublé.
D'après les critères de l'OFS, les travailleurs
pauvres sont des personnes âgées
de 20 à 59 ans qui, malgré une activité lucrative
à plein temps, vivent au-dessous du seuil
de pauvreté. En Suisse, le seuil statistique de
pauvreté se monte à 2200 fr. par mois pour
les personnes vivant seules, et à 3800 fr.
pour les ménages monoparentaux avec
deux enfants de moins de 16 ans. Il est de
4000 fr pour les couples avec deux enfants.
Les ménages monoparentaux et les familles
nombreuses sont les plus concernés.
n’épargne plus la population. En Suisse,
selon l’Office fédérale de la statistique
(OFS), un bon quart (28,2%) des personnes
pauvres ne recoivent pas de prestations publiques
de soutien. Il semble d’ailleurs que
la majorité des bénéficiaires de l’aide sociale
n’ont pas de partenaire, alors que la majorité
des personnes pauvres font partie d’un
ménage de couple avec enfants. Le nombre
de working poor réagit à la conjoncture
avec un certain décalage, explique l’OFS.
Grâce à un contexte économique favorable
et à une baisse du chômage, le taux était
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La pauvreté dans le monde du travail
Pour Eduardo et Manuela M. le réglement des factures est devenu une épreuve.
retombé de 5 à 3,9% entre 2000 et 2002.
Mais la progression a ensuite repris pour
atteindre 4,4% en 2007.
Tant d’amour, si peu d’argent
«On regarde beaucoup la télé et on s’aime
très fort!» A 25 ans, Manuela M. a la
«niaque». Cette ravissante jeune femme
portugaise aimerait mieux faire du cheval,
galoper cheveux au vent pour oublier ses
perpétuels soucis d’argent, mais elle n’en a
évidemment pas du tout les moyens! Alors
elle se contente d’essayer de résoudre les
énigmes policières qu’elle suit à la télévision
ou de regarder les poissons de l’aquarium
qu’elle a déniché d’occasion. Malgré un revenu
qui frôle à peine les 4500 fr. pour une
6 Caritas.mag 1/10
famille de quatre personnes, Manuela ne renoncera
pas à prendre la vie de son meilleur
côté. Depuis qu’elle sait qu’elle aura l’allocation
de formation qu’elle avait sollicitée,
elle est radieuse. Elle aimerait reprendre un
jour les études d’infirmière qu’elle avait entamées
au Portugal. «Je regrette beaucoup
de ne pas avoir pu les terminer…» En attendant,
elle espère commencer un apprentissage
d’Assistante en soins communautaires
dans la région de Neuchâtel.
Intérimaire rime souvent avec
précaire
Son mari Eduardo, plus discret, le reconnaît:
le caractère de vif-argent de sa
femme, son intelligence et sa volonté sans
faille aident leur jeune couple à surmonter
l’épreuve de la pauvreté. Régulièrement
mis au chômage par l’entreprise de câbles
électriques qui l’emploie en intérimaire, il
ne peut pas assumer, comme il le voudrait,
son rôle de chef de famille. A trente ans, il
ne bénéficie d’aucune formation reconnue
en Suisse. «J’aime mon travail. Je suis très
à l’aise avec les machines. J’ai même parfois
l’impression de pouvoir leur parler. Je veux
me former, mais mes employeurs préfèrent
me garder comme intérimaire.»
Comme beaucoup de travailleurs précaires,
Eduardo est en effet régulièrement
mis au chômage par l’entreprise qui l’engage
en intérim. Cela permet aux employeurs
de réguler le travail en temps de
crise et de ne pas être obligés d’engager un
travailleur qui aurait été intérimaire plus
d’une année. «C’est un système très médiéval,
constate Manuela. Mon mari est payé
à l’heure. Il ne sait jamais avant la fin du
mois, combien il va recevoir.»
Parents de deux enfants, Inês, 4 ans et
Francisco, 1 an, le couple veut tout mettre
en œuvre pour que leurs bouts de choux
aient une vie meilleure que la leur. Ce n’est
pas gagné: Manuela et Eduardo n’ont même
pas les moyens d’acheter quatre sécurités
(20 fr.) afin que leur petit Francisco ne se
penche pas dangereusement aux fenêtres
de leur appartement de Cortaillod!
L’art comme source de vie
Artiste à ses heures, Eduardo médite en peignant.
Une fois de plus, le manque d’argent
ne lui permet pas de s’y consacrer autant
qu’il l’aimerait. «J’adore la peinture. J’entre
dans un autre monde. Cela m’apaise et me
repose.» Son souhait? Organiser une exposition
et utiliser la recette de la vente de ses
tableaux pour soutenir la recherche contre
la leucémie dont son père est décédé.
Elevée en Suisse depuis l’âge de trois
mois, Manuela en est repartie avec sa mère,
malade bipolaire, à l’âge de quinze ans. «Le
divorce a été douloureux. Pendant quelque
temps, j’ai coupé les ponts avec mon père
resté en Suisse. Aujourd’hui, ça va mieux.
C’est même lui qui a trouvé la place de travail
pour Eduardo.»
Son mari, Manuela l’a rencontré au
Portugal. Il sortait d’une expérience difficile
après avoir perdu le snack-bar qu’il
venait d’acquérir. «Eduardo se reconstruisait
et cherchait du travail.» Ils décident de

se marier, mais le sort semble s’acharner:
Eduardo est victime d’un traumatisme
crânien en jouant au football. «J’ai perdu
la mémoire. J’ai dû tout réapprendre.» Le
couple ne renonce pas pour autant à son
rêve amoureux. «Mais nous n’avons pas
dépassé les 2500 euros pour notre mariage.
J’ai dessiné ma robe moi-même...»
Peu après, Manuela est enceinte. «Nous
avions trouvé du travail dans la même entreprise,
moi comme secrétaire, lui comme
cariste. Quand mon patron a appris que
j’étais enceinte, il m’a licenciée.» Eduardo
connaîtra le même sort. Sans travail, dans
une société portugaise qui connaît sa pire
crise depuis 20 ans, le jeune couple ne voit
pas d’avenir. «Nous avons décidé de revenir
en Suisse où ma mère m’avait déniché
un travail dans un magasin de meubles,
raconte Manuela. Eduardo lui est engagé
comme intérim. Ils trouvent un appartement
et font un crédit de 25 000 fr. pour
se meubler. «Enfi n, tout allait bien. Nous
remboursions petit à petit», se souvient
Manuela nostalgique.
Quand les soucis s’accumulent
Les ennuis recommencent quand Manuela
refuse d’être corvéable à merci. Elle se retrouve
à nouveau sans travail. Très vite
engagée par la Coop (toptip) à La Chauxde-Fonds,
elle y travaillera deux ans avant
que le magasin ne ferme. La jeune femme
n’acceptera pas de se rendre à Fribourg
dans un autre magasin. Elle se retrouve
au chômage. «Je ne peux pas faire autant
de kilomètres par jour en laissant mes enfants.»
A nouveau enceinte, Manuela connaît
une grossesse diffi cile. Quand Francisco
naît, elle souff re des reins. Les frais médicaux
s’accumulent… «C’est moi qui
m’occupais des factures, mais je n’ai pas
pu le faire pendant plusieurs mois.» Endettée,
au bord du gouff re, la famille décide
de faire appel à Caritas. «J’y ai croisé
une ancienne copine d’école qui était en
stage d’assistante sociale. Je me suis sentie
comme une ratée, une «looseuse». J’ai
eu envie d’en fi nir… puis je me suis révoltée»,
relève Manuela.
Aujourd’hui, la famille a retrouvé un
peu d’espoir grâce au projet de formation
de Manuela. «Je caresse le rêve que cela
ira mieux. Notre force, c’est notre amour
et celui que nous donnons à nos enfants!»
TÉMoIGNAGe
«Il faut se battre,
se battre sans cesse»
Mère de famille en solo, Martine von
Dach ne parvient plus à boucler les fi ns
de mois. elle rêvait d’une vie simple,
elle a atteint le seuil de pauvreté.
«Il y a tellement de misère en Suisse. Ceux
qui en souffrent, se cachent. J’en fait partie.»
A 41 ans, Martine von Dach, mère
d’une fi lle de 12 ans, est une récente «working
poor». Employée de bureau à 70%
dans une école professionnelle à Morges,
elle tenait la tête hors de l’eau en réalisant
des travaux de secrétariat dans une école
de danse contre des cours pour ma fi lle et
en tenant un stand de légumes au marché,
tous les samedis matins en échange de
produits frais. «Cela m’a épuisée! J’ai dû arrêter
pour raisons de santé.» Elle compte
ses cigarettes – sa seule addiction et son
seul plaisir –, se prive de viande et de fruits
pour que sa fi lle, elle, puisse en manger.
Boit du café lyophilisé. Une bonne âme lui
a offert une machine à espresso, oubliant
qu’elle ne pourrait pas se payer les capsules
qui vont avec…
En août dernier, elle fait appel à Caritas
pour tenter d’assainir son budget car chaque
mois, il lui manque près de 300 fr. pour ses
dépenses courantes. «Je gagne 50 fr. de
trop pour bénéfi cier de l’aide sociale. J’ai
lutté seule pendant longtemps par fi erté,
mais j’avais vraiment trop de factures en retard.»
Sa «descente aux enfers» a commencé
au lendemain de la mort de son père, il y a
deux ans. Pour cette mère divorcée, un pilier
disparaissait. Alors qu’elle surmontait depuis
des années des problèmes psychiques
liés à l’agoraphobie, l’angoisse du lendemain
pèse désormais lourdement sur sa santé.
«J’ai subi cinq licenciements économiques
coup sur coup. Je travaillais dans des
agences de voyages. Après le 11 septembre
(attentats à New York), le secteur était sinistré.
Psychologiquement, c’était dur, mais à
chaque fois, je me suis débrouillée pour retrouver
tout de suite du travail!»
Employée temporairement dans une société
électrique de la région, Martine von Dach
se croit enfi n à l’abri. «Je gagnais bien ma vie,
j’étais heureuse. J’étais sûre que j’allais être
engagée défi nitivement, mais fi nalement, cela
n’a pas été le cas, je ne sais toujours pas pourquoi...
Cette fois-ci, je me suis demandée ce
que j’avais fait pour mériter ça?»
Depuis, Martine a retrouvé un travail à
l’Etat de Vaud. Elle a parfois envie de baisser
les bras, mais pour sa fi lle, elle se bat
toujours, même contre la maladie. Elle lit
beaucoup, des livres qu’elle emprunte à la
bibliothèque. Un moyen de s’évader à bon
marché…
Le petit Francisco et sa sæur Inês sont les rayons de soleil de la maison des M.
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Point fort
Tous ensemble
contre la pauvreté
Dans notre Suisse riche, la pauvreté
est un tabou. Nous savons
exactement combien de voitures et
de motos circulent sur nos routes,
mais nous ne savons pas exactement
combien de personnes sont
pauvres dans notre pays.
Une personne sur dix est
pauvre. La pauvreté peut toucher
chacune et chacun d’entre nous: les
personnes sans travail, celles qui
tombent malades, celles et ceux qui
sont insuffisamment formés, les familles
de trois enfants et plus, les divorcés
ou les victimes de la crise
économique, toutes et tous sont menacés
de tomber dans la pauvreté.
La pauvreté est héréditaire.
Les enfants nés dans une famille
pauvre courent un plus grand
risque d’être pauvres, une fois devenus
adultes. Pauvre une fois, pauvre pour toujours!
La force d’une société se mesure au
bien-être des plus faibles. La Suisse doit entreprendre
tout ce qui est possible pour
combattre la pauvreté à la racine.
C’est pourquoi Caritas lance la décennie
de lutte contre la pauvreté. Jusqu’en 2020, la
pauvreté en Suisse doit être réduite de moitié.
Tous ensemble contre la pauvreté.
La politique et l’économie sont devant
un défi.
Quatre domaines sont prioritaires dans la
lutte contre la pauvreté:
• La Confédération et les cantons doivent
rendre compte chaque année de ce qu’ils
entreprennent pour éradiquer la pauvreté.
• L’aide sociale doit être inscrite au niveau
national sur des bases unifiées.
• Confédération, cantons et économie
doivent encourager la formation d’entreprises
sociales. Les personnes qui ne
peuvent plus accéder au marché du travail
doivent tout de même trouver du
8 Caritas.mag 1/10
travail et des possibilités d’intégration.
• Confédération et cantons doivent veiller
à ce que toutes et tous puissent bénéficier
d’une formation professionnelle
achevée.
Caritas s’engage également de la
manière suivante:
• Nous observons et supervisons les efforts
de la Confédération et des cantons
en matière de politique de la pauvreté. La
pauvreté doit être un thème politique!
• Nous renforçons notre consultation sociale
pour les familles qui tombent dans
la pauvreté.
• Nous doublons le nombre d’Epiceries
Caritas dans lesquelles les personnes en
situation de pauvreté peuvent se procurer
des biens de consommation à
moindre prix.
• Nous créons des entreprises sociales
offrant quelque 1000 places de travail.
Vous en saurez plus sur notre campagne
en consultant le site: www.caritas-pauvrete.ch.
Aidez-nous à concrétiser nos
projets! ■
CoMMeNTAIre
L'etat et l'économie
doivent combattre la
pauvreté
La déclaration de Caritas «Réduisons de
moitié la pauvreté!» demande des actes
concrets. Caritas attend donc de la Confédération,
des cantons et des communes,
mais aussi de l’économie, qu’ils s’engagent
concrètement dans la lutte contre la pauvreté.
Nous attendons notamment de la
Confédération qu’elle aille dans la direction
d’une loi-cadre fédérale réglant le minimum
social d’existence. Il s’agit de savoir comment
évaluer le revenu de chacun, et de la
même manière dans tous les cantons.
Une rémunération insuffisante est souvent
à l’origine de la pauvreté. Les salaires
versés par certaines entreprises n’assurent
pas la subsistance des employés. Pour nous,
il est exclu de bâtir une société dans laquelle
des personnes ne peuvent pas vivre d’un travail
à plein temps. C’est pourquoi nous aimerions
que toutes les branches concluent
des conventions collectives avec des salaires
minimaux assurant la subsistance des
employés. C’est aussi dans l’intérêt de l’économie.
Car lorsque des personnes ne peuvent
pas vivre de leur travail, elles ont besoin
de l’aide sociale qui doit finalement être financée
par les impôts.
Caritas elle aussi a un rôle à jouer. Elle a
donc mis sur pied un programme d’actions
concrètes qu’il s’agira d’appliquer de manière
conséquente ces prochaines années.
Pour pouvoir atteindre le but qu’elle s’est fixé
– réduire de moitié la pauvreté – Caritas va
étendre son engagement en Suisse en suivant
quatre axes prioritaires:
1. Une observation systématique de la politique
de lutte contre la pauvreté en exigeant
des rapports cantonaux sur la pauvreté.
2. Un renforcement de la consultation sociale
de Caritas avec 25 000 consultations
par année.
3. Un élargissement du nombre d’Epiceries
Caritas à 30 points de vente dans toute
la Suisse.
4. La création de 1000 emplois dans des entreprises
sociales.
Mais seuls, nous ne réussirons pas à briser
la progression de la pauvreté en Suisse. Pour
ce faire, nous avons notamment besoin du
soutien de la politique et de l’économie!
Hugo Fasel, directeur de Caritas Suisse
Photo © Caritas Suisse/Franca Pedrazzetti

ALAIN MorISoD:
« Je suis toujours du
côté des cabossés »
Populaire, le musicien genevois aime partager sa
joie de vivre avec son public. Il ajoute volontiers un
supplément d’âme et d’aide pour les plus démunis.
Je viens d’écrire «La vie, c’est comme une
boîte de chocolat », un livre où je raconte
les diff érentes étapes de mon parcours.
Soixante ans pendant lesquels la vie s’est
montrée plutôt généreuse avec moi. La
route a été belle, mais je sais que beaucoup
d’autres ont moins de chance. Je veux renvoyer
un peu du bonheur que j’ai reçu.
Je n’ai pas connu la pauvreté. Mon père
était boucher et les aff aires marchaient plutôt
«en Suisse, la pauvreté est
un tabou.»
bien. Il donnait volontiers de la viande à ceux
qui ne pouvaient pas se la payer. Plus tard, j’ai
rapidement connu le succès en tant que compositeur.
Je n’ai jamais galéré comme on dit
dans le métier. Cela ne m’empêche pas d’être
lucide. Je sais qu’il y a de plus en plus de gens
dans la précarité en Suisse.
Par principe, je suis toujours du côté
des cabossés. Je les aide à ma manière. Je
donne des concerts, notamment pour Caritas,
où toute la recette va à des personnes
en situation de détresse. Pour une association,
j’ai fait un disque qui a été envoyé à
PeTITe BIo D’ALAIN MorISoD
1949 Naît le 23 juin 1949 à Genève.
1967 Débute comme accompagnateur
d’artistes (le grand Fernand Reynaud,
Henri Dès, Arlette Zola, etc.)
1971 Il compose Concerto pour un été.
Le disque se vend à plus de 2 millions
d’exemplaires.
1977 Crée son groupe Sweet People qui
écume les bals de la région. Aujourd’hui,
l’ensemble s’est assagi et se rend réguliè-
Photo © LDD
des donateurs potentiels.
J’essaie de m’engager à tous
les niveaux, sauf politiquement
même si beaucoup,
à droite ou à gauche, ont
essayé de me récupérer.
J’aide à ma mesure par
des dons, par des actions,
en off rant des places
pour mes spectacles.
En Suisse, la pauvreté
est un tabou! Dans un
pays opulent ou considéré
comme tel, il est
très diffi cile de s’avouer
pauvre, de tendre la
main vers les institutions
sociales. Les petites
mamies qui constituent
une bonne partie de
mon public viennent pudiquement A soixante ans, le pianiste reste attentif aux autres.
me parler de leurs soucis fi nanciers.
Elles n’osent pas vraiment dire qu’elles sont viennent encore à se priver pour aider leurs
au-dessous du seuil de pauvreté avec leurs petits-enfants qui se sont endettés pour
misérables retraites et leurs toutes petites acheter le dernier truc à la mode: autrefois,
rentes AVS. Elles ont droit à des aides pu- c’était les enfants qui soutenaient leurs pabliques,
mais pensent qu’on leur fait la charents devenus vieux, aujourd’hui c’est le
rité. Je constate que ces vieilles dames par- contraire. Notre société de consommation
est un piège. On donne à voir des vitrines
alléchantes et la plupart des gens n’ont pas
le moyen de se payer plus que le strict minirement
dans les églises. Mady Rudaz, mum, alors ils s’endettent pour être comme
sa compagne depuis près de quarante tout le monde.
ans, y est déjà chanteuse.
On redécouvre des problèmes que la
1978 Avec la mélodie Le Lac de Côme, Suisse avait cru voir disparaître. Je n’ai pas
il devient n°1 au Canada.
de solution à proposer sinon que l’on doit
1986 Produit un groupe gitan alors in- renouer avec certaines règles qui ont à voir
connu: les Gipsy Kings.
avec la civilité, le respect, la lutte contre
l’inégalité et la justice. Il faut un soutien
1998 Lance l’émission Les coups de
accru aux gens d’ici. Instaurer un contrôle
cœurs d’Alain Morisod à la télévision
Suisse romande.
sévère des banques car ce sont elles qui ont
suscité la crise que l’on connaît. ■
1/10 Caritas.mag
9

Caritas Vaud
Prévenir la pauvreté:
soutenir la formation des jeunes
Une bonne formation aboutie est l’outil de prévention à long
terme de la pauvreté. Il faut que le maximum de jeunes
terminant la scolarité obligatoire suive une formation secondaire
adaptée à leurs inclinations et à leurs aptitudes.
Textes: Françoise Crausaz
Pour cela, les jeunes en proie à des diffi cultés
scolaires, sociales ou linguistiques doivent
faire l’objet d’une attention particulière.
Avec les mesures DUO, Caritas Vaud
s’engage concrètement à soutenir les jeunes
en diffi culté et les aide à traverser avec succès
ces années charnières et déterminantes
pour leur avenir.
DUO 15–18 ans et DUO 18–25 ans sont
deux services destinés à l’intégration sociale
et professionnelle des jeunes. Ils offrent
aux jeunes (femmes et hommes,
suisses et étrangers) des conseillers bénévoles
qui les accompagnent durant un bout
de chemin diffi cile.
Une mesure pour les 18–25 ans a
d’abord été créée afi n d’aider les jeunes
10 Caritas.mag 1/10
adultes dans leur recherche identitaire sur
le plan professionnel et social.
Néanmoins, les jeunes adultes (18–25
ans) sont toujours plus nombreux à être au
bénéfi ce du Revenu d’Insertion, le plus souvent
sans formation qualifi ante et sans perspective
d’emploi. Il est apparu nécessaire
d’agir en amont, soit auprès d’adolescents
durant la période de transition entre la scolarité
et la formation professionnelle. C’est
pourquoi Caritas Vaud a lancé, en étroite
collaboration avec les 29 communes qui
constituent l’association Lausanne Région,
le projet-pilote de prévention adressé aux
adolescents entre 15 et 18 ans (DUO 15–18).
Caritas Vaud recrute et forme des
conseillers bénévoles appelés à devenir des
personnes de référence pour les jeunes,
avec pour mission de les accompagner et de
les soutenir, que ce soit pour suivre leur
apprentissage, ou pour les aider à se projeter
dans la vie professionnelle, à construire
un projet réaliste et réalisable, voire prévenir
une rupture de formation en actionnant
les ressources personnelles du jeune.
Les «mentors» assurent une relation de
confi ance construite avec le jeune. Ils offrent
un espace d’écoute et d’aide diff érent,
dans la discrétion et la confi dentialité, un
espace entre les structures scolaires ou professionnelles
et la cellule familiale. ■
INFO
Les prestations du
secteur «Bénévolat»
• Recrutement et formation des bénévoles
• Accompagner … la vie
• DUO 18–25 et DUO 15–18
• Programme «Tout compte fait»: accompagnement
individuel pour la prévention
de l’endettement
• Cours d’alphabétisation et de français
à Nyon, Yverdon, Gland et Orbe
Photo © Caritas Vaud

Atténuer les effets de la pauvreté:
les Epiceries Caritas!
Les restrictions dues à la pauvreté touchent des domaines
fondamentaux de l’existence comme l’alimentation, l’habillement,
le logement, la culture, les loisirs. Avec ses cinq
Epiceries, Caritas Vaud s’engage concrètement à améliorer
le quotidien des 25 000 familles pauvres de notre canton.
Sur les 19 magasins qui existent en Suisse,
Caritas Vaud gère les Epiceries de Lausanne,
Morges, Renens, Vevey et Yverdon-les-Bains.
On y trouve une palette de 150 produits et elle
garantit 10 produits de première nécessité aux
prix les plus bas du marché.
Les produits qui se trouvent dans les Epiceries
proviennent essentiellement d’excédents
de production, de séries endommagées,
d’erreurs de livraison ou de liquidations. La
marchandise est néanmoins toujours de qualité
irréprochable. On y trouve de quoi s'alimenter
de façon équilibrée et diversifiée (légumes,
fruits, lait, œufs, céréales, produits
laitiers, etc.).
Seules les personnes défavorisées sont autorisées
à faire leurs achats dans les Epiceries:
il peut s’agir de personnes n’ayant que le minimum
vital, de personnes percevant une aide
Photo @ Caritas Vaud
sociale ou des prestations complémentaires à
l’AVS/AI, ou encore de personnes qui se trouvent
en situation d’assainissement de dettes.
Quoi qu’il en soit, toutes doivent faire valider
leur carte d’achats auprès des services sociaux
ou d’institutions reconnues. Ce contrôle est
nécessaire, les fournisseurs tenant à ce que les
marchandises qu’ils cèdent gratuitement (ou
à bon marché) parviennent à ceux qui en ont
véritablement besoin.
Afin d’offrir ces prix, les structures des
Epiceries fonctionnent avec un responsable
professionnel qui s’entoure de bénévoles.
Nous retrouvons dans le fonctionnement
des Epiceries tout ce qui singularise Caritas
Vaud: offrir une aide proche de nous en bénéficiant
de la générosité des grandes institutions
(distributeurs) et des individus (bénévoles).
■
INFO
Les prestations du secteur
«Ateliers d’insertion
et Magasins (AIM)»
• Centrale alimentaire de la région
lausannoise (CARL)
• Atelier Joker, Lausanne
Mesures d’insertion
• Initiation aux métiers de la distribution
et de la vente
• Initiation aux métiers de l’informatique
Epiceries Caritas
• Lausanne, Couvaloup 13
• Morges, rue des Fossés 5
• Renens, rue de l'Avenir 9
• Vevey, rue du Simplon 14
• Yverdon, rue des Philosophes 13
Boutiques NiouLoukes
• Lausanne, rue de la Tour 10
du Tunnel 15 et av. de Morges 33
• Clarens, rue des Vergers 14
• Nyon, rue de la Combe 9
• Yverdon, rue de la Maison-Rouge 11
1/10 Caritas.mag
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Caritas Vaud
Conseiller et soutenir
pour quitter la spirale
de la pauvreté!
Les personnes vivant dans la précarité attendent
de l’aide sociale non seulement une aide matérielle,
mais aussi un conseil global personnalisé leur permettant
d’améliorer leur situation. Elles souhaitent
également être conseillées et soutenues dans leurs
initiatives.
Les intervenantes du Service social et consultation
de Caritas Vaud sont convaincues
qu’un conseil de qualité passe par une écoute
des personnes, une compréhension de leurs
vécus de pauvreté et le respect de leur dignité.
A l’exemple de la mesure «AGIR», véritable
formation d’aide à la gestion, Caritas
Vaud s’eff orce d’aider les personnes pauvres
à se passer durablement de son aide et à subvenir
elles-mêmes à leurs besoins.
Toujours attentives à débusquer tout
ce qui entraîne ou maintient les personnes
dans la précarité, les assistantes sociales du
secteur Service social et consultation de Caritas
Vaud ont constaté que la maîtrise fi -
nancière et la mauvaise compréhension des
fonctionnements administratifs font partie
de ces cercles vicieux desquels il est diffi cile
de se sortir. Le manque de connaissances
entraîne des «non-actions» qui peuvent
avoir des conséquences dramatiques, entraînant
parfois la personne jusqu’à la mise
en poursuite.
Créée en 2007, la mesure «AGIR» a été
mise sur pied pour permettre à chacun de
reprendre confi ance dans ses propres capacités.
Le cours couvre l’ensemble des
problématiques liées à la gestion de la vie
quotidienne. Il comprend six modules de
formation de trois heures, une fois par semaine.
Ces six semaines de cours couvrent
12 Caritas.mag 1/10
l’ensemble des problématiques liées à la gestion
de la vie quotidienne (paiements, recommandés,
caisse-maladie, budget mensuel,
leasing, crédit, poursuites, etc.). Un
accompagnement personnalisé pendant la
durée des cours, se poursuivant encore un
mois, complète l’apprentissage en groupe.
«AGIR» est une formation qui met l'accent sur
l'auto-apprentissage.
«AGIR» est une formation qui met l’accent
sur l'auto-apprentissage. L’objectif de
Caritas Vaud, au travers de cette mesure,
est de restaurer et consolider l’autonomie
des personnes confrontées à une situation
sociale ou fi nancière diffi cile, ceci pour
éviter qu’elles ne retombent dans la dépendance.
INFO
Les prestations du
secteur «Service social
et consultation (SSC)»
• Service social polyvalent à Lausanne,
Morges, Nyon et Vevey
• Service de consultation pour migrants
en situation irrégulière à Lausanne
• Service spécialisé en gestion de dettes
à Nyon, Morges, Vevey-Riviera et
Aigle-Bex
• Permanence téléphonique Info-Budget:
0840 432 100
• AGIR (cours d’aide à la gestion individuelle
des ressources)
• Consultation de couple et de guidance
parentale à Lausanne, Echallens et
Orbe. Permanence téléphonique au
0840 860 860
Photo © Silvia Voser

Retrouver son autonomie
et devenir acteur de son
développement
Diffi cile de se remettre debout
quand pauvreté rime
avec ruptures familiales,
exclusion sociale ou encore
dépendances! Reprendre
confi ance en soi, se reconstruire,
redevenir quelqu’un
à ses yeux et dans le regard
des autres sont des étapes
indispensables à la reconquête
d’une nouvelle autonomie.
Les Centres d’appui social et d’insertion
de Caritas Vaud off rent aux exclus de notre
canton une chance de se reconstruire. Les
équipes de professionnels et de bénévoles
se donnent pour but de ne pas considérer
les personnes en diffi culté comme des assistés,
mais des acteurs de leur propre développement.
Dans nos villes et communes, nous
constatons aujourd’hui une augmentation
sensible des personnes en situation
précaire: chômeurs de longue durée, personnes
en rupture glissant au travers du fi -
let de l’aide sociale, personnes souff rant de
troubles psychiques ou de problèmes liés à
la dépendance, hommes ou femmes isolés
ayant perdu tout lien social.
Pour freiner ce processus d’exclusion
et proposer aux personnes une alternative
à l’isolement et la marginalisation,
Caritas Vaud gère dans les villes de Lausanne,
Vevey, Yverdon-les-Bains et Nyon,
quatre Centres d’appui social et d’insertion
(CASI). La mission première des CASI est
Photo @ Caritas Vaud
d’off rir, sur le plan local, un accueil immédiat
à toute personne en diffi culté. Des repas
communautaires off rent aux participants,
en sus d’une alimentation saine et
équilibrée, l’occasion de se retrouver de manière
conviviale, de renouer avec des gestes
simples de la vie quotidienne, de recréer des
liens, bref, de reprendre peu à peu contact
avec le monde et la vie en société.
Chaque CASI propose du travail en
atelier dans des domaines variés comme la
cuisine, l’intendance, la menuiserie, la petite
mécanique, l’artisanat. On y apprend
ou réapprend à mobiliser ses ressources,
à rythmer son quotidien, à reprendre ou
exercer une activité et à se confronter à ses
exigences, à évaluer sa capacité et sa motivation.
Une fois que nos participants retrouvent
rythme et sécurité dans leur quotidien,
nous leur proposons, en partenariat
avec les services de l’assistance sociale, du
chômage ou de l’AI, de dessiner un projet
de vie leur permettant de regagner leur autonomie
propre.
Deux de nos centres (Yverdon-les-Bains
et Vevey) off rent, en plus de cet accueil de
jour, un hébergement de nuit d’urgence qui
s’adresse aux personnes sans domicile fi xe
ou faisant face à des diffi cultés momentanées
de logement.
INFO
Prestations du secteur
«Centre d’appui social
et d’insertion (CASI)»
• CASI de Lausanne
• CASI d’Yverdon, Nord vaudois
• CASI de Nyon, Point-Virgule
• CASI de Vevey
• Mesure d’insertion sociale «Essor»
• La Lucarne, lieu d’hébergement de nuit
d’urgence, Yverdon
• Le Hublot, lieu d’hébergement de nuit
d’urgence, Vevey
1/10 Caritas.mag
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Caritas Vaud
Redonner du travail, le meilleur
remède contre la pauvreté!
Le travail rémunéré reste la meilleure des protections contre la pauvreté et l’exclusion.
Si les aides sociales permettent aujourd’hui de survivre, la reconnaissance sociale offerte
par l’exercice d’un travail rémunéré permet, elle, de vivre!
En créant la fondation Pro Travail, Caritas
Vaud milite pour la mise en place d’entreprises
sociales offrant aux personnes
faiblement qualifiées des places de travail
d’une durée limitée, en prévision de leur
retour sur le marché primaire du travail,
ou des emplois adaptés et durables pour
celles et ceux qui en seraient irrémédiablement
exclus.
Pro Travail est une entreprise sociale
qui a été créée en 2009. Comme n’importe
quelle entreprise, elle doit acquérir des
contrats ou des mandats, assurer un travail
de qualité, au prix du marché, avec
des délais de livraison garantis. Dans ses
négociations avec ses partenaires étatiques,
Pro Travail a décidé de mettre l’accent
sur le retour vers l’emploi de personnes
éloignées depuis longtemps du
marché du travail. Pour ce faire, elle a mis
en place le programme ES24 correspondant
à la création de places de travail limitées
à 24 mois, permettant aux personnes
concernées de trouver un emploi
et un rythme de travail adapté, de renouer
avec une expérience professionnelle combinée
avec des soutiens externes qui les aideront
à décrocher un poste de travail
stable.
Pro Travail exécutera ses mandats avec
des employés qui sont principalement des
bénéficiaires du Revenu minimum d’insertion
(RI). Ils seront encadrés sur leur
place de travail par des professionnels des
métiers provenant de la branche dans laquelle
Pro Travail réalisera ses premiers
mandats. La particularité d’une entreprise
sociale est qu’elle ne peut véritablement
concurrencer les entreprises commerciales,
son financement étant constitué
tant par ses recettes d’exploitation que par
des subventions publiques lui permettant
d’atténuer la plus faible productivité de
14 Caritas.mag 1/10
ses employés. Elle doit donc chercher ses
activités dans des créneaux particuliers.
Aujourd’hui, Pro Travail envisage de lancer
sa première entreprise sociale par la
création d’une première bourse vaudoise
aux matériaux de construction en partenariat
avec l’association suisse BTN.
Ainsi, Pro Travail fera du développement
durable et de la lutte contre la pauvreté un
même combat!
Photo © BTN Suisse

Appels à votre soutien
Appel N° 324
SITUATIONS
Seule Seule avec avec sa sa fi fi lle… lle… et et une une grosse grosse
facture de dentiste
Yvette, 42 ans, vit seule avec sa fi lle de
12 ans. Elle travaille en tant qu’employée
de commerce et son revenu ne lui per-
met pas de couvrir ses charges ordi-
naires. Ainsi, chaque frais supplémen-
taire déséquilibre son budget. Or, Yvette
a de gros frais de dentiste qu’elle n’ar-
rive rive pas pas à à régler. régler. Fr. 1500.– aideront
cette cette maman. maman.
Appel N° 326
Aidons-la Aidons-la à à reprendre reprendre pied pied après après sa sa sésé- paration!
Mme Ika, 50 ans, a tout perdu et s’est retrouvée
dans d’énormes diffi cultés après
sa séparation d'avec son mari. Elle loge
chez des amis à cause du manque de re-
venus. Les démarches administratives
prennent du temps. Cependant, dans l’intervalle,
elle a déjà réussi à améliorer le niveau
de son revenu et pourra emménager
dans un petit appartement. Il lui reste néan-
moins 2 factures en retard: un loyer et un
mois mois de de prime prime de de caisse-maladie. caisse-maladie. Fr. 1173.–
pour pour éviter éviter la la procédure procédure des des poursuites! poursuites!
MERCI POUR VOS DONS!
Appel N° 325
Maladie Maladie – – chômage… chômage… coup coup de de pouce pouce pour pour
une une reconversion reconversion professionnelle
professionnelle
Bernadette Bernadette est est au au chômage chômage depuis depuis quelques quelques
mois, mois, après après une une période période de de maladie. maladie. Elle Elle sousouhaitehaite se se reconvertir reconvertir dans dans un un métier métier moins moins dur dur
physiquement.
physiquement.
Depuis Depuis des des années, années, elle elle se se prive prive pour pour joindre joindre
«les «les deux deux bouts» bouts» mais, mais, aujourd’hui, aujourd’hui, elle elle n’arn’arriverive plus plus à à faire faire face face à à toutes toutes ses ses charges. charges.
Fr. Fr. 1000.– 1000.– pour payer des factures urgentes
et et avancer avancer l’argent l’argent d’un d’un abonnement abonnement de de
train train pour pour aller aller en en stage stage l’aiderait. l’aiderait.
Appel Appel N° N° 327 327
Reprise Reprise Reprise d’une d’une d’une formation formation formation pour pour pour de de de meilleures meilleures meilleures
chances chances
Divorcée, Divorcée, Hellen Hellen élève élève seule seule ses ses 2 ados. ados. Ce Ce
début début d’année d’année est est très très diffi diffi cile cile pour pour elle, elle, les les
pensions pensions qu’elle qu’elle touche touche pour pour ses ses enfants enfants doidoi- ventvent être être réévaluées réévaluées et et elle elle est est en en attente attente
d’une d’une bourse. bourse. Hellen Hellen ayant ayant décidé décidé de de rereprendreprendre ses ses études études au au sein sein d’une d’une haute haute
école, école, nous nous aimerions aimerions l’aider l’aider ponctuelleponctuelle- mentment pour pour ses ses frais frais d’inscription d’inscription et et
quelques quelques factures. factures. Elle Elle aurait aurait besoin besoin de de
Fr. Fr. 1240.– 1240.–.
Appels No° 328
Les Les meilleures meilleures chances chances de de décrocher décrocher un un
emploi stable
A la fi n de sa scolarité, ce jeune n’a pas trouvé de place
d’apprentissage. Comme il ne remplissait pas les
conditions pour suivre une formation dans une école
publique, il s’est vu obligé d’emprunter une fi lière privée.
Or, les bourses n’interviennent pas dans ce cas
de fi gure. Merci de nous aider à soutenir ce jeune pour
lui offrir le maximum de chances dans son avenir professionnel
grâce à un montant de Fr. 2200.–.
Coup de pouce pour des soins dentaires… N° 320 CHF 120.–
Un trou dans la bourse… N° 321 CHF 500.–
Aide pour la rentrée scolaire N° 322 CHF 180.–
Facture de crèche non payée N° 323 CHF 200.–
Libre choix CHF 1490.–
CCP 10-10936-3 Total CHF 2490.–
ADRESSES
Centres d’appui social et d’insertion (CASI)
Lausanne et région
Ch. de la Colline 6, Lausanne, tél. 021 625 46 76
Nyon, la Côte
Point-Virgule, rte de l’Etraz 20, Nyon, Tél. 022 361 03 84
Vevey, Riviera
Rue du Clos 8, Vevey, tél. 021 923 78 50. Le Hublot
(accueil de nuit d’urgence): Tél. 021 921 49 00
Yverdon, Nord vaudois
Curtil-Maillet 23, Yverdon, tél. 024 420 33 62
La Lucarne (accueil de nuit d’urgence).
Toutes les nuits de 19h00 à 9h00
Service social et consultation
Service social et assainissement de dettes
sur rendez-vous:
- Lausanne, tél. 021 320 34 61 (service social seul.)
- Morges, tél. 021 811 04 20.
- Nyon, tél. 022 365 77 00 (locaux CSR)
- Bex, lundi, jeudi, vendredi (assainiss. dettes seul.)
Tél. 024 557 27 27 (locaux CSR)
- Vevey, tél. 021 923 78 52
Permanence tél. Info-Budget: 0840 432 100
Consultation de couple / Guidance parentale
Sur rendez-vous à Echallens, Grand-Rue 7
à Lausanne, César-Roux 8
et Orbe, rue de la Poste 3, tél. 021 320 34 61
Ateliers d’insertion et Magasins (AIM)
Centrale alimentaire de la région lausannoise (CARL),
av. Sévelin 15, tél. 021 622 06 22
Epiceries Caritas
- Lausanne, Couvaloup 13
- Morges, rue des Fossés 5
- Renens, rue de l’Avenir 9
- Vevey, rue du Simplon 14
- Yverdon, rue des Philosophes 13
Boutiques NiouLouke
Tél. 021 622 06 22
- Lausanne, rue de la Tour 10, rue du Tunnel 15
et av. de Morges 33
- Clarens, rue des Vergers 14
- Nyon, rue de la Combe 9
-Yverdon, rue de la Maison-Rouge 11
Secteur Bénévolat
César-Roux 8, Lausanne, tél. 021 320 34 61
- Accompagner… la vie, coord. des groupes
(sur appel)
- DUO
- Cours d’alphabétisation et de français:
Nyon, tél. 079 621 43 93
Yverdon, tél. 079 614 19 21
Gland, tél. 079 621 43 93
Orbe, tél. 079 289 10 88
- Tout compte fait, tél. 079 342 23 99
Administration
César-Roux 8, Lausanne, tél. 021 320 34 61
Services en partenariat
SAJE – aide juridique aux exilés
Rue Enning 4, Lausanne, tél. 021 351 25 51
Association JOKER
Tél. 021 566 71 73
Fondation Pro Travail
Tél. 021 317 59 94
1/10 Caritas.mag
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Journée d’action nationale
le 24 avril 2010
Dans notre riche Suisse, la pauvreté
est un tabou. Pourtant, elle peut toucher
chacune et chacun d’entre nous:
les personnes sans travail, celles qui
tombent malades, celles et ceux qui
sont insuffisamment formés, les familles
de trois enfants et plus, les divorcés
ou les victimes de la crise économique.
Combattre la pauvreté se fait selon
quatre axes centraux:
• reconnaître et documenter la pauvreté;
• réglementer l’aide sociale au niveau
national;
• promouvoir les entreprises sociales;
• permettre à toutes et tous un accès à
la formation.
Le 24 avril, Caritas organise une journée
d’action dans toute la Suisse pour
attirer l’attention sur ces questions.
Informez-vous sur cette action dans
votre région en consultant le site
www. caritas-aargau.ch
www.caritas-pauvrete.ch
Rendez-vous aux marchés de Lausanne, Nyon, Vevey et Yverdon
ou courez avec Caritas Vaud aux 20 km de Lausanne pour lutter
contre la pauvreté.
Renseignements et programme complet: www.caritas-vaud.ch