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S'engager contre la pauvreté Working poor en Suisse ... - Caritas Vaud

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se marier, mais le sort semble s’acharner:<br />

Eduardo est victime d’un traumatisme<br />

crâni<strong>en</strong> <strong>en</strong> jouant au football. «J’ai perdu<br />

<strong>la</strong> mémoire. J’ai dû tout réappr<strong>en</strong>dre.» Le<br />

couple ne r<strong>en</strong>once pas pour autant à son<br />

rêve amoureux. «Mais nous n’avons pas<br />

dépassé les 2500 euros pour notre mariage.<br />

J’ai dessiné ma robe moi-même...»<br />

Peu après, Manue<strong>la</strong> est <strong>en</strong>ceinte. «Nous<br />

avions trouvé du travail dans <strong>la</strong> même <strong>en</strong>treprise,<br />

moi comme secrétaire, lui comme<br />

cariste. Quand mon patron a appris que<br />

j’étais <strong>en</strong>ceinte, il m’a lic<strong>en</strong>ciée.» Eduardo<br />

connaîtra le même sort. Sans travail, dans<br />

une société portugaise qui connaît sa pire<br />

crise depuis 20 ans, le jeune couple ne voit<br />

pas d’av<strong>en</strong>ir. «Nous avons décidé de rev<strong>en</strong>ir<br />

<strong>en</strong> <strong>Suisse</strong> où ma mère m’avait déniché<br />

un travail dans un magasin de meubles,<br />

raconte Manue<strong>la</strong>. Eduardo lui est <strong>en</strong>gagé<br />

comme intérim. Ils trouv<strong>en</strong>t un appartem<strong>en</strong>t<br />

et font un crédit de 25 000 fr. pour<br />

se meubler. «Enfi n, tout al<strong>la</strong>it bi<strong>en</strong>. Nous<br />

remboursions petit à petit», se souvi<strong>en</strong>t<br />

Manue<strong>la</strong> nostalgique.<br />

Quand les soucis s’accumul<strong>en</strong>t<br />

Les <strong>en</strong>nuis recomm<strong>en</strong>c<strong>en</strong>t quand Manue<strong>la</strong><br />

refuse d’être corvéable à merci. Elle se retrouve<br />

à nouveau sans travail. Très vite<br />

<strong>en</strong>gagée par <strong>la</strong> Coop (toptip) à La Chauxde-Fonds,<br />

elle y travaillera deux ans avant<br />

que le magasin ne ferme. La jeune femme<br />

n’acceptera pas de se r<strong>en</strong>dre à Fribourg<br />

dans un autre magasin. Elle se retrouve<br />

au chômage. «Je ne peux pas faire autant<br />

de kilomètres par jour <strong>en</strong> <strong>la</strong>issant mes <strong>en</strong>fants.»<br />

A nouveau <strong>en</strong>ceinte, Manue<strong>la</strong> connaît<br />

une grossesse diffi cile. Quand Francisco<br />

naît, elle souff re des reins. Les frais médicaux<br />

s’accumul<strong>en</strong>t… «C’est moi qui<br />

m’occupais des factures, mais je n’ai pas<br />

pu le faire p<strong>en</strong>dant plusieurs mois.» Endettée,<br />

au bord du gouff re, <strong>la</strong> famille décide<br />

de faire appel à <strong>Caritas</strong>. «J’y ai croisé<br />

une anci<strong>en</strong>ne copine d’école qui était <strong>en</strong><br />

stage d’assistante sociale. Je me suis s<strong>en</strong>tie<br />

comme une ratée, une «looseuse». J’ai<br />

eu <strong>en</strong>vie d’<strong>en</strong> fi nir… puis je me suis révoltée»,<br />

relève Manue<strong>la</strong>.<br />

Aujourd’hui, <strong>la</strong> famille a retrouvé un<br />

peu d’espoir grâce au projet de formation<br />

de Manue<strong>la</strong>. «Je caresse le rêve que ce<strong>la</strong><br />

ira mieux. Notre force, c’est notre amour<br />

et celui que nous donnons à nos <strong>en</strong>fants!»<br />

TÉMoIGNAGe<br />

«Il faut se battre,<br />

se battre sans cesse»<br />

Mère de famille <strong>en</strong> solo, Martine von<br />

Dach ne parvi<strong>en</strong>t plus à boucler les fi ns<br />

de mois. elle rêvait d’une vie simple,<br />

elle a atteint le seuil de <strong>pauvreté</strong>.<br />

«Il y a tellem<strong>en</strong>t de misère <strong>en</strong> <strong>Suisse</strong>. Ceux<br />

qui <strong>en</strong> souffr<strong>en</strong>t, se cach<strong>en</strong>t. J’<strong>en</strong> fait partie.»<br />

A 41 ans, Martine von Dach, mère<br />

d’une fi lle de 12 ans, est une réc<strong>en</strong>te «working<br />

<strong>poor</strong>». Employée de bureau à 70%<br />

dans une école professionnelle à Morges,<br />

elle t<strong>en</strong>ait <strong>la</strong> tête hors de l’eau <strong>en</strong> réalisant<br />

des travaux de secrétariat dans une école<br />

de danse <strong>contre</strong> des cours pour ma fi lle et<br />

<strong>en</strong> t<strong>en</strong>ant un stand de légumes au marché,<br />

tous les samedis matins <strong>en</strong> échange de<br />

produits frais. «Ce<strong>la</strong> m’a épuisée! J’ai dû arrêter<br />

pour raisons de santé.» Elle compte<br />

ses cigarettes – sa seule addiction et son<br />

seul p<strong>la</strong>isir –, se prive de viande et de fruits<br />

pour que sa fi lle, elle, puisse <strong>en</strong> manger.<br />

Boit du café lyophilisé. Une bonne âme lui<br />

a offert une machine à espresso, oubliant<br />

qu’elle ne pourrait pas se payer les capsules<br />

qui vont avec…<br />

En août dernier, elle fait appel à <strong>Caritas</strong><br />

pour t<strong>en</strong>ter d’assainir son budget car chaque<br />

mois, il lui manque près de 300 fr. pour ses<br />

dép<strong>en</strong>ses courantes. «Je gagne 50 fr. de<br />

trop pour bénéfi cier de l’aide sociale. J’ai<br />

lutté seule p<strong>en</strong>dant longtemps par fi erté,<br />

mais j’avais vraim<strong>en</strong>t trop de factures <strong>en</strong> retard.»<br />

Sa «desc<strong>en</strong>te aux <strong>en</strong>fers» a comm<strong>en</strong>cé<br />

au l<strong>en</strong>demain de <strong>la</strong> mort de son père, il y a<br />

deux ans. Pour cette mère divorcée, un pilier<br />

disparaissait. Alors qu’elle surmontait depuis<br />

des années des problèmes psychiques<br />

liés à l’agoraphobie, l’angoisse du l<strong>en</strong>demain<br />

pèse désormais lourdem<strong>en</strong>t sur sa santé.<br />

«J’ai subi cinq lic<strong>en</strong>ciem<strong>en</strong>ts économiques<br />

coup sur coup. Je travail<strong>la</strong>is dans des<br />

ag<strong>en</strong>ces de voyages. Après le 11 septembre<br />

(att<strong>en</strong>tats à New York), le secteur était sinistré.<br />

Psychologiquem<strong>en</strong>t, c’était dur, mais à<br />

chaque fois, je me suis débrouillée pour retrouver<br />

tout de suite du travail!»<br />

Employée temporairem<strong>en</strong>t dans une société<br />

électrique de <strong>la</strong> région, Martine von Dach<br />

se croit <strong>en</strong>fi n à l’abri. «Je gagnais bi<strong>en</strong> ma vie,<br />

j’étais heureuse. J’étais sûre que j’al<strong>la</strong>is être<br />

<strong>en</strong>gagée défi nitivem<strong>en</strong>t, mais fi nalem<strong>en</strong>t, ce<strong>la</strong><br />

n’a pas été le cas, je ne sais toujours pas pourquoi...<br />

Cette fois-ci, je me suis demandée ce<br />

que j’avais fait pour mériter ça?»<br />

Depuis, Martine a retrouvé un travail à<br />

l’Etat de <strong>Vaud</strong>. Elle a parfois <strong>en</strong>vie de baisser<br />

les bras, mais pour sa fi lle, elle se bat<br />

toujours, même <strong>contre</strong> <strong>la</strong> ma<strong>la</strong>die. Elle lit<br />

beaucoup, des livres qu’elle emprunte à <strong>la</strong><br />

bibliothèque. Un moy<strong>en</strong> de s’évader à bon<br />

marché…<br />

Le petit Francisco et sa sæur Inês sont les rayons de soleil de <strong>la</strong> maison des M.<br />

1/10 <strong>Caritas</strong>.mag<br />

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