A ctivités Rendez-vous - Milan Accueil
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C ulture<br />
Ciné citta’m tam<br />
Pourquoi le cinéma italien joue-t-il toujours<br />
dans la cour des grands ? Réponse<br />
dans ces quatre films, plus vert-blancrouge<br />
que jamais.<br />
Ricordati di me de Grabriele Muccino<br />
Carlo et Giulia sont beaux,<br />
sont mariés, ont deux enfants<br />
et la bonne quarantaine.<br />
Giulia a renoncé à<br />
une carrière de comédienne<br />
et est devenue prof. Carlo<br />
se rêvait romancier et est<br />
courtier en assurances. A<br />
la faveur d’une soirée, leur<br />
couple au bord de l’essoufflement<br />
va plonger dans<br />
une cascade de traîtrises<br />
et de ruptures en chaîne. Carlo et Giulia<br />
vont alors faire un point douloureux sur<br />
leurs renoncements, leurs amours passés,<br />
leurs déceptions alors que leurs enfants se<br />
cherchent et finissent par se trouver. On<br />
attend un cri du cœur légitime alors que<br />
“Ricordati di me” n’est que l’instantané<br />
sans surprise d’une histoire simple. Le<br />
message de départ du “qu’as-tu fait de<br />
tes rêves” se dilue dans un scénario un<br />
peu mince. Muccino tente de l’épaissir<br />
avec quelques digressions qui tiennent<br />
du remplissage : un pointage du doigt<br />
des promotions canapé de la TV italienne,<br />
les dérives des jeunes dans la drogue et<br />
l’alcool…On attend un message et on se<br />
heurte aux vociférations exagérées de<br />
la très belle Laura Morante qui hurle sa<br />
douleur sans vraiment nous convaincre. Il<br />
n’en sort qu’un synopsis, trop consensuel,<br />
qui gomme la possible vraie émotion. Il en<br />
reste un opus en demi-teinte à voir quand<br />
on a fait le tour de sa DVD thèque.<br />
Année : 2003<br />
Avec : Laura Morante, Fabrizio Bentivoglio,<br />
Monica Bellucci…<br />
Mediterraneo de Gabriele Salvatores<br />
Pendant le printemps<br />
1941, un détachement de<br />
huit soldats italiens reçoit<br />
l’ordre d’investir une<br />
petite île grecque de la<br />
mer Egée. Ils débarquent<br />
et la pensent d’abord<br />
inhabitée. Leur mission<br />
tient plus d’un séjour au<br />
club med que de la garde<br />
d’un avant-poste stratégique<br />
en temps de guerre. On va suivre<br />
cette bande de bras cassés pour lesquels<br />
les coups de gueule font plus partie du<br />
folklore que de la discipline militaire. Le<br />
22<br />
DVD : La sélection de Marianne<br />
temps passe et la petite troupe désormais<br />
intégrée à la population insulaire va être…<br />
oubliée de ses supérieurs. Ils n’apprendront<br />
la fin de la guerre que grâce à l’arrivée<br />
impromptue d’un compatriote aviateur<br />
contraint d’atterrir quelques heures sur<br />
l’île à cause d’une avarie.<br />
Au-delà du côté farce et mascarade qui fait<br />
toute la légèreté de “Méditerraneo”, il faut<br />
gratter un peu pour retrouver la réflexion<br />
de Salvatores sur le thème de la “fugue”. Il<br />
transmet à travers les codes de la comédie<br />
un message de liberté pour répondre à<br />
l’interrogation des trentenaires des années<br />
90 “Comment faire pour trouver notre voie<br />
car on étouffe ?”. Et les protagonistes du<br />
film vont aller à la rencontre de leurs vrais<br />
rêves dans une situation incongrue et rendue<br />
volontairement burlesque. Salvatores<br />
nous laisse méditer avec une dernière<br />
signature en fin de film “A notre époque,<br />
la fuite est le seul moyen de rester vivant<br />
et de continuer à rêver”. Toute une philosophie<br />
!! Mediterraneo est un film culte<br />
en Italie, un film générationnel, oscarisé<br />
en 1992 dans la catégorie “meilleur film<br />
étranger”.<br />
Année : 1991<br />
Avec : Diego Abatantuono, Claudio Bigagli,<br />
Ugo Conti…<br />
Tutta la vita davanti de Paolo Virzi<br />
Marta est fraîchement diplômée<br />
de philosophie.<br />
Elle cherche un travail<br />
mais se heurte à des refus<br />
à répétition. Par dépit<br />
autant que par nécessité,<br />
elle finit par postuler à<br />
mi-temps dans un gros<br />
call center qui vend par<br />
téléphone des équipements<br />
électroménager.<br />
En parallèle, elle complète son emploi du<br />
temps avec la garde de Lara, la petite fille<br />
d’une collègue de travail. Tous les matins<br />
le rituel du call center est immuable :<br />
toute l’équipe exécute en musique une<br />
chorégraphie destinée à les “souder” et à<br />
créer un vrai esprit d’équipe. Les messages<br />
subliminaux de team building cimentent<br />
les journées, tout comme les remises de<br />
diplôme mensuel aux plus méritantes.<br />
Marta rentrera-t-elle dans le rang ?<br />
“Tutta la vita davanti” n’est pas un réquisitoire<br />
contre les méthodes de travail<br />
abusives. C’est la photo pleine d’humour<br />
autant que d’amertume d’une société qui<br />
vit dans la nécessité de survivre par tous<br />
les moyens, y compris par des excès et<br />
des abus. Marta y figure le capitaine qui<br />
Tous les DVD sont disponibles à la FNAC, Mondadori, Feltrinelli....<br />
garde le cap sur les valeurs essentielles de<br />
dignité, d’entre-aide, d’écoute et de liens<br />
familiaux. Les acteurs sont magnifiques et<br />
portent “cette vie devant soi” avec brio et<br />
légèreté. Un très bon film de société, qui<br />
fait écho à “impiegati” de Pupi Avati, mais<br />
en version 2008 ! (à noter : La jaquette<br />
du DVD est un clin d’œil au tableau “le<br />
quart état” de Pelizza da Volpedo qui se<br />
trouve au musée d’art moderne de <strong>Milan</strong>).<br />
Année : 2008<br />
Avec : Isabella Ragonese, Massimo Ghini,<br />
Micaela Ramazzotti,…<br />
Si puo fare de Giulio Manfredonia<br />
Nello, syndicaliste actif,<br />
se voit débarqué<br />
de son poste de dirigeant<br />
commercial et<br />
mis au placard. Il est<br />
affecté à la direction<br />
d’une “coopérative”,<br />
sorte d’atelier protégé<br />
à l’italienne, qui donne<br />
à des aliénés mentaux<br />
des tâches répétitives,<br />
simulacre de travail.<br />
Nello va vite se prendre au jeu et faire<br />
le pari qu’en traitant le groupe dont il a<br />
la charge comme de vrais travailleurs,<br />
il pourra diminuer les doses des traitements<br />
médicaux abrutissants et guider<br />
son groupe sur les voies de la réinsertion<br />
sociale par le travail. Après des débuts<br />
catastrophiques, le pari est tenu sous la<br />
forme d’une petite entreprise de parquet<br />
qui va voir le jour et même avoir un succès<br />
inattendu. Nello mettra entre parenthèse<br />
sa vie privée et sa vie tout court pour faire<br />
éclore les bases d’un équilibre dans ce<br />
groupe de onze “fous” .<br />
“Si puo fare” traite d’un sujet tabou avec<br />
un humour et une légèreté qui donne<br />
envie d’y croire. Le réalisateur évite tous<br />
les écueils de la moralisation et de la<br />
caricature. Il n’est jamais sur la corde lacrymale<br />
ni sur celle du jugement péremptoire.<br />
Les acteurs sont tout simplement<br />
exceptionnels et font vibrer ce scénario<br />
inspiré de plusieurs expériences réelles<br />
de coopératives existantes. C’est une<br />
fantastique bouffée d’optimisme, avec un<br />
subtil mélange d’émotions et de réflexions.<br />
On en sort touché, léger, heureux. A voir<br />
et revoir sans restriction.<br />
Année : 2008<br />
Avec : Claudio Bisio, Anita Caprioli, Giusseppe<br />
Batiston,…<br />
Marianne Granier