28.01.2013 Views

Ingestion de produit caustique chez l'enfant

Ingestion de produit caustique chez l'enfant

Ingestion de produit caustique chez l'enfant

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

Journal <strong>de</strong> pédiatrie et <strong>de</strong> puériculture (2010) 23, 179—184<br />

ARTICLE ORIGINAL<br />

<strong>Ingestion</strong> <strong>de</strong> <strong>produit</strong> <strong>caustique</strong> <strong>chez</strong> l’enfant<br />

Caustic product ingestion in child<br />

MOTS CLÉS<br />

<strong>Ingestion</strong> ;<br />

Produit <strong>caustique</strong> ;<br />

Enfant ;<br />

Acci<strong>de</strong>nt<br />

domestique ;<br />

Gestion<br />

∗ Auteur correspondant.<br />

Adresse e-mail : sroida@gmail.com (S. Roida).<br />

S. Roida ∗ , I. Ait Sab, M. Sbihi<br />

Service <strong>de</strong> pédiatrie B, CHU Mohamed VI, Marrakech, Maroc<br />

Résumé L’ingestion <strong>de</strong> <strong>produit</strong> <strong>caustique</strong> reste un acci<strong>de</strong>nt fréquent <strong>chez</strong> l’enfant dont le<br />

problème majeur est le risque d’évolution sténosante <strong>de</strong>s lésions. L’objectif <strong>de</strong> cette étu<strong>de</strong> est<br />

<strong>de</strong> mettre le point sur les aspects cliniques, endoscopiques, thérapeutiques et évolutifs <strong>de</strong> ces<br />

enfants. Vingt-quatre cas ont été colligés sur une pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> quatre ans entre janvier 2005 et<br />

décembre 2008. Le sexe masculin était le prédominant et 75 % étaient âgés entre un et trois ans.<br />

L’aci<strong>de</strong> chlorhydrique représentait presque la moitié <strong>de</strong>s cas (11 cas), suivi par l’eau <strong>de</strong> Javel<br />

(huit cas). La symptomatologie initiale était <strong>de</strong>s vomissements <strong>chez</strong> huit cas, une dysphagie<br />

<strong>chez</strong> six cas, <strong>de</strong>s douleurs thoraco-abdominales <strong>chez</strong> cinq cas, <strong>de</strong>s hématémèses <strong>chez</strong> <strong>de</strong>ux cas,<br />

une détresse respiratoire <strong>chez</strong> un cas et sept cas étaient asymptomatiques. Des lésions oropharyngées<br />

ont été notées <strong>chez</strong> huit enfants. Le délai d’exploration endoscopique n’était réalisé<br />

dans les premières 48 heures que dans 13 cas avec un délai maximal <strong>de</strong> 46 jours. L’endoscopie<br />

avait objectivé <strong>de</strong>s lésions sta<strong>de</strong> I dans un cas ; sta<strong>de</strong> II dans cinq cas ; <strong>de</strong>s lésions <strong>de</strong> sténose<br />

dans huit cas. Une atteinte gastrique a été notée <strong>chez</strong> <strong>de</strong>ux cas. L’évolution immédiate n’avait<br />

noté aucun cas <strong>de</strong> décès, ni aucune perforation. Tous les patients ont été mis sous corticothérapie<br />

et sous IPP avec antibiothérapie pour les sta<strong>de</strong>s II et III et arrêt <strong>de</strong> toute alimentation orale.<br />

L’évolution à long terme avait noté une rémission sans séquelles <strong>de</strong> tous les sta<strong>de</strong>s I ainsi que<br />

<strong>de</strong>ux <strong>de</strong>s cinq cas <strong>de</strong> sta<strong>de</strong> II. Tous les cas <strong>de</strong> sténose ont nécessité <strong>de</strong>s dilatations dont trois<br />

endoscopiques sauf un seul cas <strong>chez</strong> qui l’œsophagoplastie a été indiquée. La meilleure prise en<br />

charge <strong>de</strong> l’ingestion <strong>de</strong> <strong>caustique</strong> reste la prévention et donc l’intérêt d’établir <strong>de</strong>ux gran<strong>de</strong>s<br />

mesures préventives. La législation <strong>de</strong>s <strong>produit</strong>s commercialisés et l’éducation sanitaire <strong>de</strong> la<br />

population.<br />

© 2010 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.<br />

0987-7983/$ — see front matter © 2010 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.<br />

doi:10.1016/j.jpp.2010.03.001


180 S. Roida et al.<br />

KEYWORDS<br />

<strong>Ingestion</strong>;<br />

Corrosive agent;<br />

Household acci<strong>de</strong>nt;<br />

Child;<br />

Management<br />

Introduction<br />

L’ingestion <strong>de</strong> <strong>produit</strong> <strong>caustique</strong> fait partie <strong>de</strong>s acci<strong>de</strong>nts<br />

domestiques qui <strong>de</strong>meurent fréquents <strong>chez</strong> l’enfant. Elle est<br />

souvent involontaire.<br />

Les complications dépen<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> la nature et <strong>de</strong> la quantité<br />

du <strong>produit</strong> ingéré, pouvant engager le pronostic vital<br />

avec le risque majeur d’évolution vers la sténose sévère.<br />

Le principal volet <strong>de</strong> la prise en charge est le traitement<br />

préventif qui consiste en l’information et l’éducation <strong>de</strong> la<br />

population.<br />

L’objectif <strong>de</strong> cette étu<strong>de</strong> rétrospective est <strong>de</strong> mettre le<br />

point sur l’aspect clinique, endoscopique, thérapeutique et<br />

évolutif <strong>de</strong> ces enfants ayant présenté une ingestion acci<strong>de</strong>ntelle<br />

<strong>de</strong> <strong>produit</strong> <strong>caustique</strong>.<br />

Métho<strong>de</strong>s<br />

Il s’agit d’une étu<strong>de</strong> rétrospective <strong>de</strong> 24 cas d’ingestion<br />

<strong>de</strong> <strong>produit</strong> <strong>caustique</strong> colligés au service <strong>de</strong> pédiatrie B <strong>de</strong><br />

l’hôpital d’enfant du CHU <strong>de</strong> Marrakech sur une pério<strong>de</strong><br />

<strong>de</strong> quatre ans s’étalant entre janvier 2005 et décembre<br />

2008.<br />

Tous les dossiers <strong>de</strong>s mala<strong>de</strong>s ayant été pris en charge<br />

pour ingestion <strong>de</strong> <strong>caustique</strong> pendant cette pério<strong>de</strong> ont été<br />

exploités.<br />

Le type <strong>de</strong> <strong>produit</strong>, le délai <strong>de</strong> consultation, les symptômes<br />

observés, les données cliniques, endoscopiques,<br />

thérapeutiques et évolutives ont été analysées.<br />

Résultats<br />

La majorité <strong>de</strong>s enfants (75 %) étaient âgés entre un et trois<br />

ans avec une moyenne d’âge <strong>de</strong> 2,5 ans. Les garçons étaient<br />

les plus touchés : 18 garçons et six filles (sex-ratio = 3). La<br />

nature du <strong>produit</strong> ingéré était liqui<strong>de</strong> dans 22 cas (92 %),<br />

dont l’aci<strong>de</strong> chlorhydrique représentait presque la moitié<br />

(11 cas) (45,8 %), l’eau <strong>de</strong> Javel (huit cas) (33 %), détergents<br />

(trois cas), détartrant ménager (un cas) et piles alcalines<br />

(un cas). La symptomatologie était à type <strong>de</strong> vomissements<br />

<strong>chez</strong> huit cas, <strong>de</strong> dysphagie <strong>chez</strong> six cas vus tardivement<br />

et <strong>de</strong> douleurs thoraco-abdominales <strong>chez</strong> cinq cas, hématé-<br />

Summary Caustic ingestion is a frequent acci<strong>de</strong>nt in children that the major problem is the<br />

oesophageal strictures. The aim of this study was to present our patients with corrosive ingestion<br />

retrospectively. The authors consi<strong>de</strong>red all children admitted after corrosive ingestion, from<br />

January 2005 to December 2008. Eighteen of 24 patients were males and the most aged from 1<br />

to 3 years. The most common corrosive agent was the hydrochloric acid (11 cases); the second<br />

was the bleaching water (eight cases). The initial symptomatology was the vomiting in eight<br />

cases, dysphagia in six cases, thoracic pain in five cases, hematemesis in two cases. Three of the<br />

five cases in stage II are progressed at the strictures injury. All the stricture injuries are treated<br />

by dilatation, endoscopic in three cases, except for one previous case for oesophagoplasty.<br />

The best management of pediatric caustic ingestion was the prevention that concerns both the<br />

industrials and the parents.<br />

© 2010 Elsevier Masson SAS. All rights reserved.<br />

mèses <strong>chez</strong> <strong>de</strong>ux cas, détresse respiratoire <strong>chez</strong> un cas et<br />

sept cas étaient asymptomatiques tous après une ingestion<br />

d’eau <strong>de</strong> Javel. Des lésions buccopharyngées ont été notées<br />

<strong>chez</strong> huit cas.<br />

L’exploration endoscopique était faite dans les 24 heures<br />

après ingestion <strong>chez</strong> 13 cas, avec un délai maximal <strong>de</strong><br />

46 jours. L’endoscopie avait objectivé un sta<strong>de</strong> I dans un cas,<br />

un sta<strong>de</strong> II dans cinq cas, d’emblée une sténose <strong>chez</strong> huit<br />

cas vus tardivement (Fig. 1) et elle était normale <strong>chez</strong> dix<br />

cas. Une atteinte gastrique a été notée <strong>chez</strong> <strong>de</strong>ux cas.<br />

La corrélation entre la symptomatologie, la clinique et<br />

les résultats endoscopiques a été étudiée notant :<br />

• les sept patients asymptomatiques ont tous une endoscopie<br />

normale sauf un cas sta<strong>de</strong> II ;<br />

• les six cas <strong>de</strong> dysphagie ont tous <strong>de</strong>s lésions <strong>de</strong> sténose<br />

séquellaires sur <strong>de</strong>s lésions évoluées, sauf un cas sta<strong>de</strong> II ;<br />

• pour les <strong>de</strong>ux cas d’hématémèse, il s’agissait d’un cas <strong>de</strong><br />

sténose et dans l’autre cas une œsophagite sta<strong>de</strong> II ;<br />

• dans le cas <strong>de</strong> détresse respiratoire on a noté une œsophagite<br />

sta<strong>de</strong> II ;<br />

• dans les huit cas <strong>de</strong> lésions buccopharyngées, <strong>de</strong>ux cas <strong>de</strong><br />

sténose ont été notés, <strong>de</strong>ux sta<strong>de</strong> II, un sta<strong>de</strong> I et trois<br />

normales.<br />

Figure 1. Image endoscopique d’une sténose <strong>caustique</strong> serrée.


<strong>Ingestion</strong> <strong>de</strong> <strong>produit</strong> <strong>caustique</strong> <strong>chez</strong> l’enfant 181<br />

Tous nos patients ont été mis sous corticothérapie à la<br />

dose <strong>de</strong> 2 mg/kg par jour et sous IPP, avec en plus une antibiothérapie<br />

pour les sta<strong>de</strong>s II et III avec un arrêt <strong>de</strong> toute<br />

alimentation orale.<br />

L’évolution immédiate n’a noté aucun décès, ni aucune<br />

perforation ou autre complication aiguë.<br />

L’évolution à long terme avait noté une rémission sans<br />

séquelles <strong>de</strong> tous les sta<strong>de</strong>s I. Deux <strong>de</strong>s cinq cas <strong>de</strong> sta<strong>de</strong> II<br />

ont évolué vers la cicatrisation mais les trois autres vers la<br />

sténose. Tous les cas <strong>de</strong> sténose œsophagienne ont nécessité<br />

<strong>de</strong>s dilatations dont trois endoscopiques, sauf un seul cas<br />

<strong>chez</strong> qui une œsophagoplastie a été indiquée vu l’étendue<br />

<strong>de</strong> la sténose.<br />

Discussion<br />

Les acci<strong>de</strong>nts domestiques <strong>chez</strong> l’enfant constituent un<br />

vrai problème <strong>de</strong> santé publique. En France, on estime<br />

que 1,2 millions d’enfants par an sont victimes d’acci<strong>de</strong>nts<br />

domestiques [1]. Dans les pays du Maghreb, l’inci<strong>de</strong>nce<br />

est également élevée : 381 cas en l’an 2000 en Algérie et<br />

1800 cas en un an à l’hôpital <strong>de</strong> Sfax en Tunisie [2,3].<br />

L’inci<strong>de</strong>nce <strong>de</strong>s brûlures <strong>caustique</strong>s <strong>de</strong> l’œsophage varie<br />

considérablement d’un pays à l’autre. La fréquence <strong>de</strong>s<br />

ingestions <strong>de</strong> <strong>caustique</strong>s <strong>chez</strong> les enfants est <strong>de</strong> 5000 cas<br />

par an aux États-Unis et entre 1000 et 1500 par an en France<br />

[4,5].<br />

Dans les pays en voie <strong>de</strong> développement, la fréquence<br />

semble en augmentation puisqu’elle représentait en Turquie<br />

2,2 % <strong>de</strong> tous les patients du service <strong>de</strong> chirurgie infantile<br />

en 1997, 5,9 % en 2003 et 8,1 % en 2004 [6]. Dans une série<br />

sierra-léonaise réalisée dans un service <strong>de</strong> chirurgie pédiatrique,<br />

40 cas ont été colligés entre 2001 et 2005 [7]. Au sud<br />

<strong>de</strong> l’Arabie saoudite, 72 cas ont été notés en une pério<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />

cinq ans entre 1990 et 1995 [8].<br />

Dans les pays du Maghreb, l’ingestion <strong>de</strong> <strong>caustique</strong>s reste<br />

particulièrement fréquente. Elle représente une <strong>de</strong>s indications<br />

principales <strong>de</strong> la fibroscopie digestive en urgence<br />

[9].<br />

Dans la nôtre, le nombre <strong>de</strong> cas ne reflète pas la réalité<br />

puisque les mala<strong>de</strong>s ne sont pas adressés systématiquement<br />

pour fibroscopie après ingestion <strong>de</strong> <strong>caustique</strong> : problème<br />

d’éloignement et d’information.<br />

Le siège, l’étendue et la gravité <strong>de</strong>s brûlures <strong>caustique</strong>s<br />

varient en fonction <strong>de</strong> la nature, du conditionnement et<br />

du volume <strong>caustique</strong> ingéré. Les <strong>produit</strong>s <strong>caustique</strong>s sont<br />

le plus souvent liqui<strong>de</strong>s. Les <strong>caustique</strong>s soli<strong>de</strong>s sont plus<br />

rares mais leurs lésions sont alors maximales au niveau ORL<br />

et <strong>de</strong> l’œsophage supérieur. Les liqui<strong>de</strong>s alcalins sont plus<br />

visqueux et responsables <strong>de</strong> lésions étendues. Les liqui<strong>de</strong>s<br />

aci<strong>de</strong>s passent rapi<strong>de</strong>ment dans l’estomac et, l’œsophage<br />

étant relativement résistant aux aci<strong>de</strong>s, les lésions sont<br />

essentiellement gastriques [10,11].<br />

Les <strong>produit</strong>s alcalins sont <strong>de</strong> loin les plus fréquents dans<br />

plusieurs séries [7,10,12]. Dans la nôtre, l’HCL prédomine<br />

car cela dépend <strong>de</strong>s <strong>produit</strong>s utilisés dans chaque pays et<br />

chaque région. L’eau <strong>de</strong> Javel est très souvent responsable<br />

<strong>de</strong>s acci<strong>de</strong>nts et représente plus <strong>de</strong> 50 % <strong>de</strong>s consultations<br />

pour ingestion <strong>caustique</strong> [4,10,13]. Avec les <strong>produit</strong>s pour<br />

lave-vaisselle, ils n’entraînent heureusement que peu <strong>de</strong><br />

lésions [4,11].<br />

La sou<strong>de</strong> est certainement l’agent le plus agressif, induisant<br />

<strong>de</strong> fréquentes sténoses secondaires. C’est une base<br />

forte, à concentration variable. Elle existe sous forme<br />

liqui<strong>de</strong> ou sous forme <strong>de</strong> paillettes, entraînant alors un<br />

contact plus important avec les muqueuses.<br />

L’aci<strong>de</strong> chlorhydrique est très corrosif et flui<strong>de</strong>,<br />

entraînant volontiers <strong>de</strong>s brûlures œsophagiennes et gastroduodénales.<br />

Dans notre série, il est responsable <strong>de</strong> la moitié<br />

<strong>de</strong>s cas d’ingestion. L’aci<strong>de</strong> sulfurique est un aci<strong>de</strong> fort et<br />

un <strong>caustique</strong> redoutable. Il entraîne <strong>de</strong> plus <strong>de</strong>s vapeurs<br />

irritantes.<br />

Le permanganate <strong>de</strong> potassium est une base forte,<br />

qui entraîne <strong>de</strong>s gastrites hémorragiques et, sous forme<br />

<strong>de</strong> comprimés, peut s’enchâsser dans la muqueuse<br />

œsophagienne et entraîner <strong>de</strong>s perforations redoutables.<br />

De nombreux autres <strong>produit</strong>s peuvent être incriminés :<br />

ammoniaque (<strong>caustique</strong> redoutable émettant <strong>de</strong>s vapeurs<br />

volatiles), détartrant WC (composé <strong>de</strong> quatre aci<strong>de</strong>s, dont<br />

l’aci<strong>de</strong> phosphorique), le White Spirit (peu <strong>caustique</strong> mais<br />

entraînant un œdème lésionnel) [4,11].<br />

L’ingestion se <strong>produit</strong> dans 76 à 94 % <strong>de</strong>s cas à domicile<br />

et dans 37 % à la cuisine [5,11]. Dans notre série, tous les<br />

acci<strong>de</strong>nts se sont déroulés à domicile.<br />

Les lésions secondaires à l’ingestion <strong>de</strong> <strong>caustique</strong> évoluent<br />

en trois phases :<br />

• la phase aiguë avec <strong>de</strong>s lésions <strong>de</strong> type ulcéré, nécrosées<br />

et hémorragiques pouvant être profon<strong>de</strong>s jusqu’à la<br />

perforation ;<br />

• la phase subaiguë où la cicatrisation débute dès la première<br />

semaine avec une activation <strong>de</strong>s fibroblastes ;<br />

• la phase chronique avec l’apparition d’une sclérose pouvant<br />

aboutir en quatre à six semaines à une sténose<br />

fibreuse, annulaire ou longue ; c’est ce qui explique<br />

l’intérêt <strong>de</strong> la surveillance à long terme <strong>de</strong> ces enfants.<br />

L’âge moyen <strong>de</strong>s enfants varie entre un et 4,5 ans dans<br />

les différentes séries avec une prédominance <strong>de</strong>s enfants <strong>de</strong><br />

moins <strong>de</strong> trois ans et une forte prédominance <strong>de</strong>s garçons<br />

[4,5,11—14].<br />

Comme la nature du <strong>produit</strong> ingéré, le bilan clinique est<br />

également important pour apprécier la gravité potentielle<br />

<strong>de</strong> l’ingestion. Ces enfants peuvent être asymptomatiques<br />

dans la moitié <strong>de</strong>s cas [15]. Les vomissements et les douleurs<br />

thoraco-abdominales sont les symptômes les plus fréquents.<br />

La présence d’hématémèse ou <strong>de</strong> détresse respiratoire est<br />

rare et elle est toujours le témoin <strong>de</strong> l’existence <strong>de</strong> lésions<br />

œsophagiennes sévères [4,13,14,16]. Dans notre contexte,<br />

la dysphagie est un motif assez fréquent <strong>de</strong> consultation<br />

retardée après ingestion <strong>de</strong> <strong>produit</strong> <strong>caustique</strong> négligée (six<br />

cas dans notre série).<br />

Les lésions oropharyngées sont retrouvées entre 17 et<br />

54 % <strong>de</strong>s cas [4,8,12] ; leur existence n’est pas corrélée à<br />

la sévérité <strong>de</strong>s lésions œsogastriques puisque 35 % <strong>de</strong> ces<br />

enfants avec lésions ORL ont une endoscopie normale et 41 %<br />

<strong>de</strong>s enfants avec lésions endoscopiques sévères n’ont pas <strong>de</strong><br />

lésions oropharyngées [6,14,16]. De plus, lors d’un examen<br />

buccal normal, l’endoscopie retrouve <strong>de</strong>s lésions dans 8 à<br />

25 % selon les séries [4,14].<br />

La corrélation entre la symptomatologie et les lésions<br />

endoscopiques est un sujet <strong>de</strong> controverse, les uns rapportent<br />

que l’absence <strong>de</strong> symptomatologie n’élimine guère<br />

l’existence <strong>de</strong> lésions endoscopiques. Dans une étu<strong>de</strong>


182 S. Roida et al.<br />

tchèque, l’endoscopie était positive <strong>chez</strong> 44 % <strong>de</strong>s enfants<br />

asymptomatiques et concluent donc à une indication <strong>de</strong><br />

la fibroscopie <strong>de</strong>vant toute ingestion <strong>de</strong> <strong>produit</strong> <strong>caustique</strong><br />

même en l’absence <strong>de</strong> toute symptomatologie [13]. D’autres<br />

auteurs concluent en l’inutilité <strong>de</strong> l’endoscopie <strong>chez</strong> les<br />

patients asymptomatiques puisque le risque <strong>de</strong> lésions<br />

sévères sans symptômes s’est avéré très faible dans différentes<br />

séries et que le risque <strong>de</strong> lésions œsophagiennes<br />

augmente proportionnellement aux nombre <strong>de</strong> symptômes<br />

[14—17].<br />

Malgré ce débat, l’endoscopie reste indiquée systématiquement<br />

<strong>chez</strong> tout enfant ayant ingéré un <strong>produit</strong><br />

<strong>caustique</strong> même en l’absence <strong>de</strong> toute symptomatologie<br />

ou d’anomalie à l’examen clinique [13,14]. Elle doit être<br />

effectuée si possible dans les 24 à 48 heures, par un opérateur<br />

entraîné à l’endoscopie pédiatrique, avec un fibroscope<br />

souple, adapté à l’âge <strong>de</strong> l’enfant. En cas <strong>de</strong> lésions nécrotiques<br />

évolutives, il faut savoir se limiter aux premiers<br />

centimètres d’œsophage en raison du risque <strong>de</strong> perforation,<br />

surtout si l’examen est tardif, après 48 heures. Les lésions<br />

endoscopiques retrouvées sont classées en quatre sta<strong>de</strong>s :<br />

• le sta<strong>de</strong> I : érythème, pétéchies ;<br />

• le sta<strong>de</strong> II : ulcération, fausse membrane ;<br />

• le sta<strong>de</strong> III : ulcération profon<strong>de</strong>, circonférentielle<br />

(lésions espacées et lésions continues) ;<br />

• le sta<strong>de</strong> IV : nécrose.<br />

L’aspect circulaire <strong>de</strong>s lésions doit être noté pour son<br />

risque sténosant.<br />

Dans 50 à 75 % <strong>de</strong>s cas, l’endoscopie est normale ou<br />

n’objectivant que <strong>de</strong>s lésions minimes. Les lésions sévères<br />

sont mises en évi<strong>de</strong>nce dans 4 à 37 % selon les séries avec<br />

une fréquence élevée (52,6 %) <strong>chez</strong> les nourrissons <strong>de</strong> 25 à<br />

36 mois [4,8,12,14,15,18,19].<br />

Les lésions gastriques peuvent être isolées en cas d’aci<strong>de</strong><br />

fort ou associées à <strong>de</strong>s lésions œsophagiennes. Elles sont<br />

retrouvées entre 5,5 et 17 % dans les différentes séries<br />

[4,14,15,18].<br />

L’opacification permet une bonne analyse <strong>de</strong>s sténoses.<br />

Elle précise le nombre, la localisation, l’étendue et<br />

l’évolution <strong>de</strong>s sténoses. Le plus souvent, celle-ci est centrée,<br />

filiforme avec une dilatation sus-jacente, au niveau du<br />

tiers inférieur <strong>de</strong> l’œsophage. Plus rarement, elle apparaît<br />

annulaire ou excentrée (Fig. 2).<br />

Traitement<br />

Le traitement <strong>de</strong>s œsophagites <strong>caustique</strong>s dépend du sta<strong>de</strong>.<br />

Les lésions <strong>de</strong> sta<strong>de</strong> I ont toutes une bonne évolution et<br />

l’enfant peut d’emblée regagner son domicile. Pour les<br />

lésions <strong>de</strong> sta<strong>de</strong> II et III, le problème essentiel est la prévention<br />

<strong>de</strong> la sténose <strong>de</strong> l’œsophage qui est <strong>de</strong> 20 % pour le<br />

sta<strong>de</strong> II et <strong>de</strong> 100 % pour le sta<strong>de</strong> III [11,12,19,20]. Une antibiothérapie<br />

centrée, en particulier sur les anti-anaérobies,<br />

est indiquée d’autant plus que les antibiotiques semblent<br />

réduire l’inci<strong>de</strong>nce <strong>de</strong>s lésions sténosantes [12].<br />

Les effets secondaires aux reflux peuvent jouer un rôle<br />

significatif dans la formation <strong>de</strong>s sténoses d’où l’indication<br />

<strong>de</strong>s inhibiteurs <strong>de</strong> la pompe à proton (IPP) [12].<br />

La corticothérapie, bien que largement discutée, est préconisée<br />

par <strong>de</strong> nombreux auteurs en raison <strong>de</strong> son action<br />

Figure 2. Transit œsogastroduodénal : sténose filiforme serrée du<br />

tiers supérieur et inférieur <strong>de</strong> l’œsophage.<br />

anti-inflammatoire et anti-granulomateuse. Son effet dans<br />

la prévention <strong>de</strong>s sténoses œsophagiennes a été largement<br />

discuté. Certaines étu<strong>de</strong>s n’ont pas démontré l’efficacité<br />

<strong>de</strong>s corticoï<strong>de</strong>s dans la prévention <strong>de</strong>s sténoses, au contraire<br />

le risque accru <strong>de</strong> perforation dans les sta<strong>de</strong>s III sous corticothérapie<br />

[12,21]. D’autres ont prouvé la supériorité <strong>de</strong> la<br />

corticothérapie à forte dose (1 g/l, 73 m 2 /j) surtout si elle a<br />

été donnée précocement [9,22]. Chez le lapin, Bautista et<br />

al. [23] ont démontré la supériorité <strong>de</strong> la <strong>de</strong>xaméthasone<br />

par rapport à la prednisone dans la prévention <strong>de</strong>s sténoses<br />

<strong>caustique</strong>s.<br />

Le traitement <strong>de</strong>s sténoses <strong>caustique</strong>s séquellaires<br />

repose essentiellement sur les dilatations et les interventions<br />

<strong>de</strong> remplacement œsophagien.<br />

Les interventions les plus utilisées sont celles qui<br />

consistent en un remplacement complet <strong>de</strong> l’œsophage<br />

ou œsophagoplastie. La plupart <strong>de</strong>s équipes considèrent<br />

que les risques liés à la persistance <strong>de</strong> l’œsophage natif<br />

brûlé (abcès, dilatations kystiques, ulcérations peptiques,<br />

fistule œso-aortique, éventuelle dégénérescence) justifient<br />

l’exérèse <strong>de</strong> celui-ci au moment du remplacement [13,20].<br />

L’œsophago-coloplastie est essentiellement assurée par<br />

l’utilisation <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux greffons : le greffon gastrique (technique<br />

<strong>de</strong> Gavriliu) et le greffon colique.<br />

Le greffon gastrique est prélevé aux dépends <strong>de</strong> la gran<strong>de</strong><br />

courbure avec une vascularisation qui reste souvent satisfaisante<br />

et <strong>de</strong> bons résultats cliniques. C’est la métho<strong>de</strong><br />

<strong>de</strong> choix avec moins <strong>de</strong> complications [12,24]. Les inconvénients<br />

tiennent surtout au risque <strong>de</strong> sténose <strong>de</strong> l’anastomose<br />

supérieure et au reflux entre le greffon et le carrefour<br />

laryngé. Le greffon colique est prélevé le plus souvent aux<br />

dépens <strong>de</strong> l’angle gauche et est monté dans le sens isopéristaltique<br />

soit en rétrosternal, soit dans le lit œsophagien afin<br />

d’éviter <strong>de</strong>s chicanes. Cette technique peut être pratiquée<br />

à thorax fermé. Le risque majeur <strong>de</strong> cette intervention est<br />

la nécrose du greffon qui impose l’ablation <strong>de</strong> celui-ci et la<br />

mise en œsophagostomie [20].


<strong>Ingestion</strong> <strong>de</strong> <strong>produit</strong> <strong>caustique</strong> <strong>chez</strong> l’enfant 183<br />

Les résultats à long terme sont satisfaisants mais la surveillance<br />

au long cours est nécessaire du fait <strong>de</strong> la croissance<br />

du greffon qui <strong>de</strong>vient parfois redondant [13,20].<br />

Les dilatations endoscopiques ont prouvé leur efficacité<br />

dans <strong>de</strong> nombreuses séries avec un taux <strong>de</strong> succès variant<br />

entre 27 et 100 % car dépendant du <strong>de</strong>gré <strong>de</strong> la sténose<br />

[7,20,23—25]. Elles doivent débuter après la cicatrisation<br />

<strong>de</strong> la muqueuse œsophagienne. En pratique, elles sont rarement<br />

débutées avant le 45 e jour post-ingestion du <strong>caustique</strong>.<br />

Elles se font sous anesthésie générale. Le rythme dépend<br />

bien sûr du calibre œsophagien et <strong>de</strong> la tolérance clinique,<br />

notamment <strong>de</strong> la dysphagie. Les complications plus<br />

graves à type <strong>de</strong> perforation surviennent dans 0,47 à32 %<br />

<strong>de</strong>s cas dans les différentes séries [7,20,23—26]. Ses principales<br />

contre-indications sont : sténoses longues (supérieure<br />

à 5 cm), multiples sténoses (supérieures à 3 cm), sténose<br />

tortueuse et fistule trachéo-œsophagienne.<br />

II faut prendre en compte et traiter un reflux gastroœsophagien<br />

qui apparaît au cours <strong>de</strong> ce traitement,<br />

favorisé probablement par les dilatations et la rétraction<br />

<strong>de</strong> l’œsophage cicatriciel.<br />

En effet, chaque cas a ses propres particularités et la<br />

réponse à une dilatation varie considérablement d’un individu<br />

à l’autre, voire <strong>chez</strong> un même individu. Le taux <strong>de</strong><br />

succès <strong>de</strong>s dilatations est élevé <strong>chez</strong> les patients vus dans<br />

les premières 48 heures, alors que le taux <strong>de</strong> perforation<br />

après dilatation est élevé <strong>chez</strong> ceux vus six à 12 semaines<br />

après l’ingestion [26,27]. Malgré son taux élevé <strong>de</strong> réussite,<br />

la dilatation endoscopique pose le problème <strong>de</strong> récidive qui<br />

peut être élevé atteignant 91 % après un recul <strong>de</strong> 35 mois<br />

dans l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> Doo et al. [28].<br />

Conclusion<br />

Si la meilleure prise en charge <strong>de</strong> ces pathologies <strong>caustique</strong>s<br />

passe par la prévention, elle concerne aussi bien les industriels<br />

(mise aux normes <strong>de</strong>s emballages <strong>de</strong> <strong>produit</strong>s toxiques)<br />

que les parents en les informant <strong>de</strong>s dangers <strong>de</strong> ces <strong>produit</strong>s<br />

et l’intérêt dans notre contexte d’une consultation immédiate<br />

lors <strong>de</strong> toute ingestion <strong>de</strong> <strong>produit</strong> <strong>caustique</strong> même en<br />

l’absence <strong>de</strong> toute symptomatologie. Le traitement initial à<br />

la phase aiguë ainsi que les dilatations précoces réduisent<br />

le recours à la chirurgie.<br />

Conflit d’intérêt<br />

Aucun.<br />

Références<br />

[1] Felix M, Tursz A. Les acci<strong>de</strong>nts domestiques <strong>de</strong> l’enfant : un<br />

problème majeur <strong>de</strong> santé public. Paris: Ed. Syros-alternatives;<br />

1991. p. 101—8.<br />

[2] Ministère <strong>de</strong> la Santé publique et <strong>de</strong> la Réforme hospitalière.<br />

Coopération internationale <strong>de</strong> prévention <strong>de</strong>s traumatismes :<br />

une approche globale <strong>de</strong>s stratégies locales. VI e séminaire<br />

international <strong>de</strong> prévention <strong>de</strong>s traumatismes et <strong>de</strong> la promotion<br />

<strong>de</strong> sécurité. Annaba, Algérie, novembre 2005.<br />

[3] Rekik A, Zouari A, Khaldi O, Gargouri A, Triki A. Profil épidémiologique<br />

<strong>de</strong>s acci<strong>de</strong>nts <strong>de</strong> l’enfant en Tunisie. Pediatrie<br />

1989;44:721—4.<br />

[4] Lamireau T, Llanas B, Deprez C, el Hammar F, Vergnes P, Demarquez<br />

JL, et al. Gravité <strong>de</strong>s ingestions <strong>de</strong> <strong>produit</strong>s <strong>caustique</strong>s<br />

<strong>chez</strong> l’enfant. Arch Pediatr 1997;4:529—34.<br />

[5] Sarioglu-BukeA, Corduk N, Atesci F. A different aspect of corrosive<br />

ingestion in children: Socio-<strong>de</strong>mographic characteristics<br />

and effect of family functioning. Int J Pediatr Otorhinolaryngol<br />

2006;70:1791—8.<br />

[6] Atabek C, Surer I, Demirbag S, Caliskan B, Ozturk H, Cetinkursun<br />

S. Increasing ten<strong>de</strong>ncy in caustic esophageal burns<br />

and long-term polytetraflourethylene stenting in severe cases:<br />

10 years experience. J Pediatr Surg 2007;42:636—40.<br />

[7] Contini S, Tesfaye M, Picone P. Corrosive esophageal injuries in<br />

children: A shortlived experience in Sierra Leone. Int J Pediatr<br />

Otorhinolaryngol 2007;71:1597—604.<br />

[8] Al-Binali AM, Al-Shehri MA, Ab<strong>de</strong>lmoneim I, Shomrani AS, Al-<br />

Fifi SH. Pattern of corrosive ingestion in southwestern Saudi<br />

Arabia. Saudi J Gastroenterol 2009;15:15—7.<br />

[9] Boukthir S, Fetni I, Mrad SM, Mongalgi MA, Debbabi A, Barsaoui<br />

S. Corticothérapie à forte dose dans le traitement <strong>de</strong>s<br />

oesophagites <strong>caustique</strong>s sévères <strong>chez</strong> l’enfant. Arch Pediatr<br />

2004;11:13—7.<br />

[10] Riffat F, Cheng A. Pediatric caustic ingestion: 50 consecutive<br />

cases and a review of the literature. Dis Esophagus<br />

2009;22:89—94.<br />

[11] Dabadie A, Donnars F. Prise en charge <strong>de</strong>s ingestions <strong>de</strong> <strong>caustique</strong>s<br />

<strong>chez</strong> l’enfant. Arch Pediatr 1997;4:150—1.<br />

[12] <strong>de</strong> Jong AL, Macdonald R, Ein S, Forte V, Turner A. Corrosive<br />

esophagitis in children: a 30-year review. Int J Pediatr Otorhinolaryngol<br />

2001;57:203—17.<br />

[13] Janousek P, Kabelka Z, Rygl M, Lesn´y P, Grabec P, Fajstavr J, et<br />

al. Corrosive injury of the oesophagus in children. Int J Pediatr<br />

Otorhinolaryngol 2006;70:1103—7.<br />

[14] Betalli P, Falchetti D, Giuliani S, Pane A, Dall’Oglio L, <strong>de</strong> Angelis<br />

GL, et al. Caustic ingestion in children: Is endoscopy always<br />

indicated? The results of an Italian multicenter observational<br />

study. Gastrointestinal Endoscopy 2008;68:434—9.<br />

[15] Lamireau T, Rebouissoux L, Denis D, Lancelin F, Vergnes P,<br />

Fayon M. Acci<strong>de</strong>ntal caustic ingestion in children: Is endoscopy<br />

always mandatory? J Pediatr Gastroenterol Nutr 2001;33:<br />

81—4.<br />

[16] Lamireau T, Lancelin F, Lianas B. Chez l’enfant : l’endoscopie<br />

digestive est-elle indispensable dans tous les cas? Arch Pediatr<br />

1997;4:S238.<br />

[17] Gupta SK, Croffie JM, Fitzgerald JF. Is esophagogastroduo<strong>de</strong>noscopy<br />

necessary in all caustic ingestions? J Pediatr<br />

Gastroenterol Nutr 2001;32:50—3.<br />

[18] Do˘gan Y, Erkan T, Coku˘gras¸ FC, Kutlu T. Caustic gastroesophageal<br />

lesions in childhood: An analysis of 473 cases. Clin Pediatr<br />

(Phila) 2006;45:435—8.<br />

[19] Marzaro M, Mancinelli P, Giuliani S, Perrino G. Esophageal stenosis<br />

consequent to caustic ingestion: Still useful the balloon<br />

dilatation. J Pediatr Gastroenterol Nutr 2004;39:S448.<br />

[20] Hamza AF, Ab<strong>de</strong>lhay S, Sherif H, Hasan T, Soliman H, Kabesh<br />

A, et al. Caustic esophageal strictures in children: 30 years’<br />

experience. J Pediatr Surg 2003;38:828—33.<br />

[21] Pelclová D, Navrátil T. Do corticosteroids prevent oesophageal<br />

stricture after corrosive ingestion? Toxicol Rev 2005;24:125—9.<br />

[22] Breton A, Olives JP, Cadranel S, Dabadie A, Bor<strong>de</strong>ron C, Luzzani<br />

S, et al. Management of severe caustic oesophageal burns in<br />

children with very high doses of steroid. J Pediatr Gastroenterol<br />

Nutr 2004;39:S458.<br />

[23] Bautista A, Varela R, Villanueva A, Estevez E, Tojo R, Cadranel<br />

S. Effects of prednisolone and <strong>de</strong>xamethasone in children<br />

with alkali burns of the oesophagus. Eur J Pediatr Surg<br />

1996;6:198—203.<br />

[24] Huet F, Mougenot JF, Saleh T, Vannerom Y. Les dilatations œsophagiennes<br />

en pédiatrie : étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> 33 patients. Arch Pediatr<br />

1995;2:423—30.


184 S. Roida et al.<br />

[25] Mekki M, Said M, Belghith M, Krichène I, Chelly S, Jouini<br />

R, et al. Dilatation pneumatique <strong>de</strong>s sténoses <strong>caustique</strong>s <strong>de</strong><br />

l’œsophage <strong>chez</strong> l’enfant. À propos <strong>de</strong> cinq cas. Arch Pediatr<br />

2001;8:489—92.<br />

[26] Contini S, Garatti M, Swarray-Deen A, Depetris N, Cecchini S,<br />

Scarpignato C. Corrosive oesophageal strictures in children:<br />

Outcomes after timely or <strong>de</strong>layed dilatation. Dig Liver Dis<br />

2009;41:263—8.<br />

[27] Gün F, Abbaso˘glu L, Celik A, Salman ET. Early and late term<br />

management in caustic ingestion in children: a 16-year experience.<br />

Acta Chir Belg 2007;107:49—52.<br />

[28] Doo EY, Shin JH, Kim JH, Song HY. Oesophageal strictures<br />

caused by the ingestion of corrosive agents: effectiveness<br />

of balloon dilatation in children. Clin Radiol 2009;64:<br />

265—71.

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!