L'INCORONAZIONE DI POPPEA - CD Baroque - K617
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Néron et Poppée<br />
De la réalité historique au mythe monteverdien<br />
Selon Tacite<br />
“Il y avait à Rome une femme nommée Sabina Poppéa: elle était fille de Titus Ollius; mais comme son père,<br />
enveloppé dans la disgrâce de Séjan, était mort avant d'être parvenu aux honneurs, elle avait pris le nom de son aïeul<br />
maternel, Poppéus Sabinus, dont le consulat et le triomphe illustraient la mémoire. Rien ne manquait à Poppéa qu'une<br />
âme honnête. Sa mère, la plus belle femme de son temps, lui avait donné la beauté et la noblesse; ses richesses étaient<br />
assorties à sa naissance, sa conversation aimable, son esprit distingué. Modeste dans son air, débauchée dans ses moeurs,<br />
elle sortait peu, et toujours le visage à demi voilé, pour laisser quelque chose à désirer aux yeux, et peut-être parce qu'elle<br />
était mieux ainsi. Jamais elle ne ménagea sa réputation, et ne fit de<br />
différence entre un amant et un mari: incapable d'attachement, insensible<br />
à celui des autres, là où elle voyait son intérêt, elle portait sa passion. Par ce<br />
motif, quoique mariée à Crispinus, chevalier romain, dont elle avait eu un<br />
fils, elle céda aux séductions d'Othon, jeune et fastueux, et qui passait pour<br />
le favori le plus cher de Néron. Le mariage suivit de près l'adultère.<br />
Othon, c'était peut-être une indiscrétion de son amour, ne cessait<br />
de vanter au prince la beauté et la grâce de sa femme. Peut-être aussi<br />
voulait-il exciter la passion de Néron, dans l'espoir qu'en possédant avec lui<br />
la même femme il affermirait son crédit comme par un nouveau lien. On<br />
l'entendit souvent s'écrier, en quittant la table de César, qu'il allait revoir<br />
celle qui était à lui, la noblesse, la beauté même, l'objet de tous les voeux,<br />
la joie des heureux. Ces paroles excitantes eurent bientôt produit leur effet.<br />
Poppéa fut introduite auprès de Néron, et elle l'enchaîna d'abord par des<br />
séductions caressantes et par sa coquetterie, en feignant, pour la beauté<br />
du prince, une irrésistible passion. Bientôt, quand Néron fut vivement épris,<br />
elle eut recours aux rigueurs. Lorsqu'il voulait la retenir plus d'une nuit ou<br />
de deux, elle disait "qu'elle était mariée, qu'elle ne pouvait renoncer à son<br />
mariage, et que, d'ailleurs, Othon l'avait attachée par les délices d'une vie<br />
sans égale. Son âme est grande comme ses manières; tout ce qu'elle voit en<br />
lui est digne du rang suprême; tandis que Néron, en prenant une affranchie<br />
pour maîtresse, en se laissant dominer par Acté, n'a rien tiré que de bas et<br />
d'abject de cette liaison dégradante". Othon fut banni d'abord du<br />
commerce intime du prince, puis de sa cour et de sa suite; et, en dernier<br />
lieu, Néron, qui voulait éloigner son rival de Rome, l'appela au<br />
gouvernement de la Lusitanie. Il y resta jusqu'à la guerre civile, et, corrigé<br />
des vices de sa jeunesse, il se conduisit sévèrement et en honnête homme,<br />
débauché dans ses loisirs, modéré lorsqu'il fut au pouvoir.”<br />
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