SCHWERPUNKT – ROTARY
SCHWERPUNKT – ROTARY SUISSE LIECHTENSTEIN – MAI 2019 ROTARY PORTRAIT UNE ARMÉE AU SERVICE DE LA PAIX 24 Le rotarien Yannick Buttet (1977), membre du Rotary Club Monthey depuis 2013, préside la commune valaisanne de Collombey-Muraz qui regroupe cinq villages totalisant près de 9500 habitants. Lieutenant-colonel EMG et officier d’instruction auprès de l’Etat-major des Forces terrestres de l’Armée suisse, la notion de paix le concerne au premier chef, car elle fait partie des enseignements reçus et qu’il dispense à ses troupes subordonnées. La locution latine Si vis pacem para bellum, c’est-à-dire « Si tu veux la paix, prépare la guerre » , a-t-elle un sens bien réel à tes yeux ? Oui, je m’accorde avec cette locution. D’aucuns estiment que le maintien de la paix passe par la démilitarisation. Cependant, ils ne tiennent nullement compte de la nature humaine qui se révèle belliqueuse. Comme il est préoccupé par sa survie, l’humain développe des réflexes plutôt agressifs ou guerriers qu’altruistes. Aujourd’hui, il existe – hélas ! – de nombreux conflits armés sur la planète. Par conséquent, oui, être prêt à riposter, à se défendre, à lutter, et le faire savoir, permet de protéger le pays, tout en maintenant une situation de paix. en matière de défense s’avèrent donc impératives en termes de prévention, surtout que personne ne peut prévoir la situation de l’Europe et du monde dans trente ou cinquante ans. Cette prévention est d’autant plus importante que la guerre tend à prendre d’autres visages sous les formes d’éventuelles attaques chimiques, biologiques, à l’aide de drones, mais surtout économiques et plus encore cybernétiques par le biais de virus informatiques qui peuvent complètement paralyser le fonctionnement d’un Etat. L’une des missions de l’Armée suisse concerne aussi le renforcement et la promotion de la paix, notamment en garantissant la sécurité et la stabilité à l’intérieur du pays. Quelles opérations mène-t-elle pour atteindre son objectif ? Elles sont protéiformes, à commencer notamment par le renseignement, la surveillance des frontières et des individus suspects ou encore la protection des ambassades étrangères, des organisations internationales et des conférences internationales comme celle de Davos. L’Armée suisse applique en plus une stratégie efficace dans la cybersécurité, en particulier pour toutes les activités liées à nos autorités fédérales et à leurs départements. Aussi, elle se montre prospective et investit massivement pour être à la pointe des mesures sécuritaires à mettre en œuvre, ne serait-ce que pour protéger les serveurs informatiques de la Confédération. La composition de l’Armée suisse, avec des recrues helvétiques de tous les cantons et L’Armée suisse fait-elle sienne cette vision prospective, autrement dit se prépare-t-elle à la guerre au quotidien ? Oui, c’est le cas, mais elle se prépare également à toute tension et affrontement intérieurs. En Suisse, comme en Europe, la menace terroriste représente une réalité, surtout que notre pays a servi, voire sert encore, de base logistique et financière à certaines mouvances subversives. Dans ce domaine précis, l’Armée suisse collabore étroitement avec les autorités civiles en charge de la sécurité. En outre, notre pays ne se trouve pas à l’abri des mouvements séditieux de sa population. Les compétences de l’Armée suisse Rotarien Yannick Buttet, président de Collombey-Muraz, membre du Rotary Club Monthey : « Le Rotarien a cette qualité de considérer l’autre comme son alter ego »
SCHWERPUNKT – ROTARY SUISSE LIECHTENSTEIN – MAI 2019 d’origine étrangère naturalisées, favorise également la sécurité et la stabilité du pays grâce aux liens indéfectibles qu’elles ont tissés entre elles à travers des épreuves et des moments de vie inoubliables. Sa diversité socioculturelle et professionnelle constitue vraiment une richesse humaine. Et puis, n’oublions pas que notre armée sert en priorité la paix en cherchant toujours des solutions pacifiques, compte tenu du statut de neutralité de la Suisse. D’ailleurs, ses missions à l’étranger pour assurer la paix font rayonner l’image de notre pays à l’international. LE RISQUE CYBERNÉTIQUE Selon Kant, le système républicain constitue un rempart à la guerre. Dès lors, l’émergence des nationalismes en Europe et dans le monde, susceptibles de déboucher sur des systèmes autocratiques, voire totalitaires, représente-t-elle un risque pour la paix ? Les nationalismes croissants constituent à l’évidence un danger pour la paix et la démocratie, surtout qu’ils développent une vision engendrant des tensions en particulier avec ceux qui pensent différemment. Leur manière d’agir se révèle destructrice, conflictuelle, mais aucunement constructive et pacifique. Je tiens à préciser qu’il ne faut pas confondre nationaliste et patriotique, car un patriote aime profondément son pays tout en respectant les autres nations et les avis divergents. D’aucuns évoquent une probable Troisième Guerre mondiale dont la cible serait l’Europe. Crois-tu à cette éventualité ? Le développement du terrorisme peut être considéré comme une sorte de Troisième Guerre mondiale qui ne devrait pas épargner la Suisse et risquerait de la déstabiliser sur le plan intérieur. Cette éventualité existe. En revanche, une guerre mondiale comme les deux que nous avons connues me semble improbable, d’autant plus que l’Europe unifiée se lèverait comme un seul homme pour se défendre et que les instances internationales veillent à la prévention des conflits, même si leur efficacité est parfois mise à mal, comme nous le constatons dans certaines situations. Hormis le terrorisme, une guerre cybernétique visant un pays en particulier pour anéantir son fonctionnement ne relève pas non plus de l’imaginaire. Les questions environnementales comme le réchauffement climatique qui se répercute sur les ressources en eau pourraient donner naissance à des affrontements entre pays et zones géographiques. Elles pourraient aussi amplifier les flux migratoires et autres déplacements de populations avec toutes les tensions inhérentes. Il convient, dès lors, de redoubler d’attention à l’évolution géopolitique. Rotarien Yannick Buttet, lieutenant-colonel EMG et officier d’instruction auprès de l’Etat-major des Forces terrestres de l’Armée suisse : « L’Armée suisse applique une stratégie efficiente dans la cybersécurité, en particulier pour toutes les activités liées à nos autorités fédérales et à leurs départements. » Des organisations mondiales à caractère philanthropique comme le Rotary International, qui compte près de 1,3 million de membres à travers 200 pays et régions géographiques, servent-elles la cause de la paix et concourent-elles à la maintenir ? Absolument. Le Rotary International comme d’autres organisations mondiales défend des valeurs d’entraide, de respect et d’amitié qui sont autant de vecteurs de paix sur la planète. Fort de ses nombreux membres à travers le monde, il favorise l’échange, le dialogue et la compréhension entre les peuples. Or, lorsque l’on discute, se côtoie, s’apprécie mutuellement, partage des valeurs communes et que les différences culturelles forment une source d’enrichissement humain, on évite les conflits et les guerres. Le Rotarien a cette qualité de considérer l’autre comme son alter ego. Rot. Didier Planche 25
