Schweizerische Schachzeitung Revue Suisse des Echecs Rivista ...

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Suite à notre dernier article qui
imaginait un mano à mano entre
Anand et Kramnik, les événements
se sont décantés assez
rapidement et c’est finalement à
une course en solitaire que nous
avons assisté. En effet, le champion
indien fut irrésistible dans
ce tournoi, démontrant une classe
supérieure, une envie et une prise
de risques à la hauteur des circonstances,
une préparation quasi
parfaite et un art de la défense
adéquat quand il le fallait.
En d’autres termes, Vishy a
été plus complet que ses adversaires,
et c’est pour cela qu’il a gagné.
Kramnik avait certainement
une préparation tout aussi acérée,
mais l’instinct du tueur lui a manqué
– il aurait pu plus essayer en
tout cas contre Svidler et Leko.
Par ailleurs, il n’a pas réussi à défendre
contre Morozevitch comme
Anand l’a fait contre Grishuk.
Du point de vue des ouvertures,
même si Anand n’a pas gagné
contre e4, il a eu plus de chances
avec son Marshall que Kramnik
avec sa Russe.
Gelfand est peut-être celui
qui a le plus résisté, mais à aucun
moment il n’y semblé véritablement
en mesure de prendre les
devants – certes, s’il avait gagné
avec les Noirs contre Kramnik, ce
qui était tout-à-fait possible au vu
de la position, cela aurait été une
autre chanson.
Cependant, Gelfand respecte
bien trop Anand pour le défier directement.
Ainsi, il n’a pas vraiment
essayé dans leurs confrontations
directes.
Pour ce qui est des joueurs
restants, il n’y a rien de spécial à
signaler. Aronian a un peu déçu
ceux qui avaient parié sur lui,
mais c’était son premier tournoi
de cette envergure et il n’a
pas réussi à complètement gérer.
Quant aux autres, ils ont eu leurs
bons et leurs mauvais moments
Championnat du monde à Mexico
Une victoire méritée pour Anand
sans jamais participer vraiment à
la course.
Mexico est le dernier tournoi
(à moins que la Fide ne change
pour la quinzième fois en trois ans
ses planifications...) à se disputer
sur ce format. Très honnêtement,
on n’a pas vécu l’intensité dramatique
de San Luis, car Kramnik
et Gelfand ne sont pas Topalov
et Polgar. En outre, le nombre
d’ouvertures fut limité - ce n’est
que sur la fin qu’on a enfin vu
une ou deux Siciliennes et sinon
c’était surtout des Marshall, des
Russes et des Slaves. Néanmoins,
le spectacle fut intéressant pour
les amateurs que nous sommes et
les parties suivies en ligne par des
milliers de spectateurs.
Désormais, Anand va jouer un
match contre Kramnik et Topalov
un contre le vainqueur de la
prochaine coupe du monde de
Khanty-Mansiysk en décembre.
Enfin, les vainqueurs de ces deux
matches en découdront pour le
titre définitivement réunifié. A
ce petit jeu-là, on peut volontiers
imaginer voir une revanche
d’Elista... Quoi qu’il en soit, prenons
le temps de savourer ce titre
du gentleman Anand en rejouant
son dernier gain du tournoi contre
Morozevitch.
Viswanathan Anand (Ind) –
Alexander Morozevitch (Rus)
Défense Sicilienne,
attaque anglaise (B90)
1. e4 c5. Heureusement que Moro
était là pour pimenter un peu le
tournoi, car l’éventail d’ouvertures
jouées était bien trop ténu.
Ainsi, il n’y a que cinq parties
où les Noirs n’ont pas répondu
de façon symétrique sur e4, et
on retrouve 3 fois Morozevitch.
Pour être complètement honnête,
il faut relever que les Blancs ont
scoré 4 points sur ces 5 parties
alors qu’ils ont atteint tout juste
12,5 points sur 21 parties avec
e5.
2. Hf3 d6 3. d4 cxd4 4. Hxd4
Hf6 5. Hc3 a6 6. f3. Notre bonne
vieille attaque anglaise!
6. ... e5 7. Hb3 Ie6 8. Ie3
Hbd7 9. g4 Hb6. De nos jours,
les Top GM ne se risquent plus à
jouer b5, car ce coup affaiblit le
pion b et la case c6, que l’on peut
occuper après une recapture en
d5 avec un pion par la manoeuvre
Ha5-c6. L’idée des Noirs est
donc ici plutôt de jouer à l’aile-
Roi en attaquant sur la colonne f.
10. g5 Hh5 11. Kd2 Jc8 12. 0-
0-0 Ie7 13. Jg1 0-0 14. Lb1
Kc7 15. Kf2. Les Blancs doivent
jouer ce coup pour forcer le
Cavalier à quitter le contrôle de la
case d5, afin qu’ils puissent euxmêmes
y installer leur Cavalier.
15. ... Hc4. 15. ... Id8 est également
jouable, afin de forcer
les Blancs à jouer h4. En effet,
il n’y a là plus de coup d’attente
utile et les Blancs, en situation de
semi-zugzwang, comme dit Leko,
doivent se résoudre à pousser le
pion h. Ils le font avec réserve car
après f6 des Noirs ce pion h4 sera
faible.
16. Ixc4 Ixc4 17. Hd5. Nouveauté
au top niveau. Dans cette
position, Leko avait joué 17. Ha4
b5 18. Hb6 Jb8 19. Hd5 Ixd5
20. Jxd5 pour forcer les Noirs à
jouer l’affaiblissant b5 avant de
devoir prendre en d5. Svidler, dans
cette partie du Dortmund 2004,
avait malgré tout tenu la nulle.
17. ... Ixd5 18. Jxd5 f5 19.
gxf6 Jxf6 20. Ke2 Hf4 21.
Ixf4 Jxf4. Voici une position
typique de l’attaque anglaise telle
qu’elle est jouée aujourd’hui au
top niveau. Objectivement, les
Blancs sont un poil mieux car
leur Cavalier a plus de perspectives
de s’activer que la Fou de
cases noires. Toutefois, il n’y a