Un sonnet, des sonnets de Shakespeare - Maison de la Poésie

Un sonnet,
des sonnets
de Shakespeare
Afin d’appréhender la multiplicité des traductions existantes
des sonnets de Shakespeare, la Maison de la Poésie vous
propose une fiche mettant en regard la version anglaise et une
dizaine de traductions différentes du sonnet 63.
Sonnet 63
Against my love shall be as I am now,
With time’s injurious hand crushed and o’erworn ;
When hours have drained his blood and filled his brow
With lines and wrinkles ; when his youthful morn
Hath travelled on to age’s steepy night,
And all those beauties whereof now he’s king
Are vanishing, or vanished out of sight,
Stealing away the treasure of his spring :
For such a time do I now fortify
Against confounding age’s cruel knife,
That he shall never cut from memory
My sweet love’s beauty, though my lover’s life.
His beauty shall in these black lines be seen,
And they shall live, and he in them still green.
Maison de la Poésie – 157 rue Saint-Martin 75003 Paris
Tel. 01 44 54 53 00 / www.maisondelapoesieparis.com

Yves Bonnefoy
Yves Bonnefoyest un poète, critique et traducteur français. Né
en 1923, il a notamment publié L'arrière-pays (1972), L'Ordalie
(1975) ou des traduction comme Quarante-cinq poèmes de
Yeats (1989).
Pour quand mon cher amour sera devenu
Proie comme moi des insultes du temps,
Usé, brisé, exsangue, le front couvert
De rides et de taches ; pour quand cette aube
Aura sombré dans la nuit du vieil âge
Et qu’auront disparu ou disparaîtront
Tous ces charmes dont pour l’instant il est le prince,
Et avec eux l’or de l’instant vernal.
Pour ce temps-là je m’arme, contre la faux
Cruelle du vieillir, qui nivelle tout,
De façon que jamais, de ma mémoire,
Ne tombe sa beauté, même tranchée sa vie.
Sa beauté paraître dans les vers que j’écris.
Ce signes, noirs, vivront, ils le garderont jeune.
William Shakespeare, Les Sonnets précédé de Vénus et Adonis et du Viol
de Lucrèce, présentation et traduction d’ Yves Bonnefoy, Poésie/Gallimard,
n° 437, 2007, p. 221.
Against my love shall be as I am now,
With time’s injurious hand crushed and o’erworn ;
When hours have drained his blood and filled his brow
With lines and wrinkles ; when his youthful morn
Hath travelled on to age’s steepy night,
And all those beauties whereof now he’s king
Are vanishing, or vanished out of sight,
Stealing away the treasure of his spring :
For such a time do I now fortify
Against confounding age’s cruel knife,
That he shall never cut from memory
My sweet love’s beauty, though my lover’s life.
His beauty shall in these black lines be seen,
And they shall live, and he in them still green.

Pierre Jean Jouve
Pierre Jean Jouve (1887 – 1976) est un écrivain, poète,
romancier et critique français. Il est notamment l'auteur de
Paulina 1880 (1925), Le Paradis perdu (1929) ou de traductions
comme Macbeth de Shakespeare (1959).
Par contre mon aimé sera, comme je suis, par l'injurieuse
main du Temps écrasé usé; quand les heures auront épuisé
son sang, couvert son front, avec des signes et rides;
quand son jeune matin
Aura voyagé vers la verticale nuit de la vieillesse; et
toutes ces beautés dont il règne aujourd'hui iraont
disparaissant, disparues hors de vue, en dérobant tout le
trésor de son printemps.
Et contre ce temps-là maintenant je combats, contre
les destructeur cruel couteau de l'âge, pour qu'il ne puisse
retrancher à la mémoire la beauté de mon cher amour, s'il
prend la vie de mon amour.
Dans ces lignes noircies sa beauté sera vue, en elles
toujours vert il aura survécu.
William Shakespeare, Shakespeare's Sonnets , version française de Pierre
Jean Jouve, Mercure de France, 1969, p. 154-155.
Against my love shall be as I am now,
With time’s injurious hand crushed and o’erworn ;
When hours have drained his blood and filled his brow
With lines and wrinkles ; when his youthful morn
Hath travelled on to age’s steepy night,
And all those beauties whereof now he’s king
Are vanishing, or vanished out of sight,
Stealing away the treasure of his spring :
For such a time do I now fortify
Against confounding age’s cruel knife,
That he shall never cut from memory
My sweet love’s beauty, though my lover’s life.
His beauty shall in these black lines be seen,
And they shall live, and he in them still green.

William Cliff
William Cliff est un poète blege de langue française né en
1940. Il est notamment l'auteur de L'Etat belge (2001) ou
Immense existence (2007).
Contre mon aimé les mêmes outrages
agiront comme ils ont agi sur moi
quand le temps aura de ses raturages
abimé son beau front, quand son charroi
assaillant les vertus de son printemps
renversera ses beautés les plus fières
et que la nuit aura marqué d'autant
le tissu velouté de ses paupières.
Alors contre ces destructions futures
je me fortifie aujourd'hui afin
d'exorciser avec ces écritures
sa vie et que ces ravages soient vains
car sa beauté durera dans ces vers
chatoyants de ses charmes toujours vers.
William Shakespeare, Sonnets, traduits par William Cliff, Les Éditions du
Hasard, 2010, p. 133.
Against my love shall be as I am now,
With time’s injurious hand crushed and o’erworn ;
When hours have drained his blood and filled his brow
With lines and wrinkles ; when his youthful morn
Hath travelled on to age’s steepy night,
And all those beauties whereof now he’s king
Are vanishing, or vanished out of sight,
Stealing away the treasure of his spring :
For such a time do I now fortify
Against confounding age’s cruel knife,
That he shall never cut from memory
My sweet love’s beauty, though my lover’s life.
His beauty shall in these black lines be seen,
And they shall live, and he in them still green.

Robert Ellrodt
Robert Ellrodt est un angliciste français (né en 1922),
professeur émérite à l'Université Sorbonne Nouvelle – Paris 3.
Ses domaines de recherche sont la littérature anglaise des XVIe
et XVIIe siècles ; poésie romantique, théâtre de la Renaissance
en Angleterre ; ainsi que l’histoire des idées.
Pour le jour où, comme moi déjà, mon amour
Sera broyé, usé par la main destructrice
Du Temps ; où les heures auront drainé son sang.
Barré son front de lignes, où sa jeune aube aura
Cheminé jusqu’à la nuit escarpée de l’âge ;
Où toutes les beautés dont se pare son règne
Disparaîtront, ou auront disparu déjà,
Lui dérobant tout le trésor de son printemps :
En vue de ce temps-là, je m’arme maintenant
Contre la faux cruelle du Temps dévastateur
Pour que jamais la beauté de mon doux amour,
Sa vie tranchée, ne soit tranchée de la mémoire.
Sa beauté se verra dans le noir de ces lignes
Qui vivront, et en elles il vivra toujours vert.
William Shakespeare, Œuvres complètes, Tragicomédies II, Poésies,
Traduction de Robert Ellrodt, Laffont, Bouquins, p. 823.
Against my love shall be as I am now,
With time’s injurious hand crushed and o’erworn ;
When hours have drained his blood and filled his brow
With lines and wrinkles ; when his youthful morn
Hath travelled on to age’s steepy night,
And all those beauties whereof now he’s king
Are vanishing, or vanished out of sight,
Stealing away the treasure of his spring :
For such a time do I now fortify
Against confounding age’s cruel knife,
That he shall never cut from memory
My sweet love’s beauty, though my lover’s life.
His beauty shall in these black lines be seen,
And they shall live, and he in them still green.

Frédéric Boyer
Frédéric Boyer est un écrivain français né en 1961. Il est
l'auteur notamment de Des choses idiotes et douces (1993) et
Techniques de l'amour (2010).
quand mon amour sera comme je suis
écrasé usé sous la main meurtrière du temps
les heures l’auront vidé de son sang auront
strié ridé son front son jeune matin aura
fait le voyage jusqu’à la nuit escarpée de l’âge
toutes ces beautés dont il est aujourd’hui le roi
évanouies ou s’évanouiront sous son regard
emportant avec elles le trésor de son printemps
en attendant ce temps je rassemble des forces
contre le couteau cruel décevant du temps
pour qu’il ne coupe jamais de ma mémoire
ma beauté mon amour si mon amant n’est plus
on verra sa beauté dans ces lignes noires
vivantes où lui restera toujours vivant
William Shakespeare, Sonnets, traduction par Frédéric Boyer, P.O.L, 2010,
p. 77.
Against my love shall be as I am now,
With time’s injurious hand crushed and o’erworn ;
When hours have drained his blood and filled his brow
With lines and wrinkles ; when his youthful morn
Hath travelled on to age’s steepy night,
And all those beauties whereof now he’s king
Are vanishing, or vanished out of sight,
Stealing away the treasure of his spring :
For such a time do I now fortify
Against confounding age’s cruel knife,
That he shall never cut from memory
My sweet love’s beauty, though my lover’s life.
His beauty shall in these black lines be seen,
And they shall live, and he in them still green.

Claude Mourthé
Réalisateur radio, critique et écrivain, Claude Mouthé a écrit
une dizaine d'ouvrages et recueils.
Contre ce que sera l’aimé, tel que moi maintenant
Écrasé et détruit par la main pernicieuse du Temps,
Lorsque les heures auront vidé son sang et sillonné son
front
De lignes et de rides, quand son jeune matin
Aura fait son chemin jusqu’à la plein nuit de l’âge,
Et qu’aura disparu, échappant à la vue,
Chacune des beautés où pour l’instant il règne,
Lui dérobant tout le trésor de son printemps,
C’est contre ce temps-là qu’aujourd’hui je m’efforce
En repoussant de l’âge le couteau destructeur,
Pour que du souvenir il ne retranche pas,
En lui prenant la vie, cette beauté de mon amour.
C’est dans ces noirs sonnets qu’il faut la contempler,
Car ils lui survivront, et lui en eux, éternelle jeunesse
William Shakespeare, Sonnets, Traduction nouvelle de Claude Mourthé,
1609-2009, Éditions de l’Atlantique, 2009, p. 77
Against my love shall be as I am now,
With time’s injurious hand crushed and o’erworn ;
When hours have drained his blood and filled his brow
With lines and wrinkles ; when his youthful morn
Hath travelled on to age’s steepy night,
And all those beauties whereof now he’s king
Are vanishing, or vanished out of sight,
Stealing away the treasure of his spring :
For such a time do I now fortify
Against confounding age’s cruel knife,
That he shall never cut from memory
My sweet love’s beauty, though my lover’s life.
His beauty shall in these black lines be seen,
And they shall live, and he in them still green.

Bertrand Degott
Ecrivain (Eboulements et taillis, 1996) et poète, Bertrand
Degott a également publié un ouvrage sur la ballade médiévale.
Pour l'heure où mon amour sera tel que je suis
usé, fripé par le temps aux méchantes mains
– les jours auront drainé son sang, et obscurci
son front de lignes et de rides, son matin
de jeunesse rejoint l'abrupt nuit de l'Âge
et toutes ces beautés dont pour l'heure il est Roi
s'en iront, s'en seront allées, à son image
dérobant le trésor du seul Printemps qui soit
– pour ce temps-là maintenant je me fortifie
contre l'Âge au couteau cruel, pour éviter
qu'il ne tranche du souvenir, malgé la vie
de mon aimé, mon doux amour dans sa beauté
sa beauté dans ces lignes noires se verra
elles vivront, et lui toujours verdira.
William Shakespeare, Sonnets, mis en vers français par Bertrand Degott,
La Table Ronde, 2007, p. 83.
Against my love shall be as I am now,
With time’s injurious hand crushed and o’erworn ;
When hours have drained his blood and filled his brow
With lines and wrinkles ; when his youthful morn
Hath travelled on to age’s steepy night,
And all those beauties whereof now he’s king
Are vanishing, or vanished out of sight,
Stealing away the treasure of his spring :
For such a time do I now fortify
Against confounding age’s cruel knife,
That he shall never cut from memory
My sweet love’s beauty, though my lover’s life.
His beauty shall in these black lines be seen,
And they shall live, and he in them still green.

Frédéric Langer
Frédéric Langer est traducteur
Pour quand mon amour sera comme moi maintenant
par l'injure du Temps écrasé et usé,
quand les heures auront drainé son sang,empli son front
de rides et de sillons, quand le matin de sa jeunesse
aura couru sa course jusqu'à la nuit abrupte du grand âge
et que toutes ces beautés dont il est aujourd'hui couronné
s'évanouiront ou auront déjà disparu,
emportant avec elles le trésor de son printemps;
envers ce temps je contruis mes défenses,
contre le couteau cruel de l'âge impitoyable,
pour qu'il ne puisse retrancher de la mémoire
la beauté de mon amour même s'il coupe le fil de sa vie.
Sa beauté brillera dans l'encre noire de ces lignes.
Elles survivront et lui, en elles, sera jeune à jamais.
Shakespeare, Sonnets, choisis et traduits par Frédérique Langer, Éditions
La Découverte, 1985, p. 37.
Against my love shall be as I am now,
With time’s injurious hand crushed and o’erworn ;
When hours have drained his blood and filled his brow
With lines and wrinkles ; when his youthful morn
Hath travelled on to age’s steepy night,
And all those beauties whereof now he’s king
Are vanishing, or vanished out of sight,
Stealing away the treasure of his spring :
For such a time do I now fortify
Against confounding age’s cruel knife,
That he shall never cut from memory
My sweet love’s beauty, though my lover’s life.
His beauty shall in these black lines be seen,
And they shall live, and he in them still green.

Joël Hillion
Enseignant d'anglais, Joël Hillion est également traducteur.
Mon amour sera-t-il jamais ce que je suis -
Écrasé, fatigué par l'outrage du Temps ?
Quand son sang sera affaibli, son front rempli
De rides, quand les lumières de sa jeunesse
Auront atteint les tourbières sombres de l'âge,
Quand toutes ces beautés dont il est encor roi
Viendront à expirer, ou seront invisibles,
Effaçant à jamais son merveilleux printemps !
Devant ce pronostic, je dois me fortifier
Contre la cruauté incisive de l'âge
Qui ne doit pas broyer le parfait souvenir
De mon splendide amour, sinon de mon amant.
Sa beauté sera vue dans l'encre de ces lignes,
Et tant qu'elles vivront, lui vivra avec elles.
Non-publié
Against my love shall be as I am now,
With time’s injurious hand crushed and o’erworn ;
When hours have drained his blood and filled his brow
With lines and wrinkles ; when his youthful morn
Hath travelled on to age’s steepy night,
And all those beauties whereof now he’s king
Are vanishing, or vanished out of sight,
Stealing away the treasure of his spring :
For such a time do I now fortify
Against confounding age’s cruel knife,
That he shall never cut from memory
My sweet love’s beauty, though my lover’s life.
His beauty shall in these black lines be seen,
And they shall live, and he in them still green.

A la Maison de la Poésie
La Table des traducteurs
Les sonnets de Shakespeare et l'oeuvre d'Edgar Allan Poe
Samedi 2 avril à partir de 15h
Il s'agit de réunir spécialistes, artistes, enseignants, élèves,
étudiants et néophytes pour travailler en atelier et discuter des
enjeux de la traduction. Pour ce premier rendez-vous, ce sont
les Sonnets de Shakespeare, poèmes régulièrement traduits et
par les plus grands poètes, et l'oeuvre d'Edgar Allan Poe, pour
laquelle les traductions de Baudelaire et Mallarmé font autorité,
qui seront convoqués.
Lecture des Sonnets de Shakespeare par William Cliff
Fous dans la forêt
Texte de William Shakespeare
Traductions Pierre Jean Jouve et Jean-Michel Déprats
Conception Cécile Garcia Fogel
Du 8 au 26 juin 2011
La Chute de la Maison Usher
Texte de Edgar Allan Poe
Librement inspiré de la traduction de Charles Baudelaire
Mise en scène Sylvain Maurice
Du 27 avril au 22 mai 2011
Renseignements et réservations
01 44 54 53 00 / www.maisondelapoesieparis.com